WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Histoire du groupement de mukangala dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwanga de 1930-2019


par Alexandre Mukamba Mulungula
Institut supérieur pédagogique de Bukavu  - Graduat 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE TROISIEME. FONCTIONNEMENT DU GROUPEMENT DE MUKANGALA

Ce chapitre analyse le fonctionnement du groupement de Mukangala en rapport avec les évolutions récentes observées dans cette entité pour relancer son développement après les tristes événements des massacres de Kasika. En effet, ces massacres perpétrés en 2008 par les rebelles du RCD/Goma et leurs alliés Rwandais ont constitué comme un moment de rupture dans l'évolution normale de tous les secteurs de la vie, tant au niveau de la chefferie de Luindi, en général, qu'à celui du groupement de Mukangala, en particulier.

III.1. IMPACTS DE MASSACRES DE KASIKA SUR LE GROUPEMENT DE MUKANGALA

En 1998, la RDC fut attaquée par des envahisseurs regroupés au sein du RCD/Goma, en complicité avec le pays limitrophes dont le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda. Pour ce faire, ces pays avaient déployé un nombre important des militaires dans les provinces conquises du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema. Le samedi 22 août 1998, les militaires du RCD/Goma et leurs alliés quittaient Bukavu pour le Maniema  embarquées à bord de huit camions et une camionnette Toyota double cabine de marque « hilux » qui transportait neuf ingénieurs de guère venus des études aux Etats-Unis d'Amérique. Cette camionnette tomba dans une embuscade tendue par le colonel N'yikiriba Matebura Daniel au niveau de Kahulile situé à quelques mètres du marché de Kidasa60(*). Après avoir laissé passer les sept camions des troupes du RCD/Goma et ses alliées, les majors Asukulu et Munga firent descendre un jeune garçon de dix ans habillé en peau de léopard sur la route où il dansait pour distraire la cible. Arrivés sur le lieu, les officiers rwandais embarqués à bord de la camionnette s'arrêtèrent pour contempler le jeune danseur. Subitement, ils essuyèrent des tirs nourris d'armes lourdes des Mai-Mai du colonel N'yikiriba Daniel embusqués à environ vingt mètres de la route. En ce moment, le petit danseur disparut dans la brousse laissant les neuf membres de l'équipage tués sur le champ. Les militaires d'escorte embarqués à bord du 8ème et dernier camion, les trouvèrent déjà morts et leur camionnette renversée, criblée des balles. Ces derniers informèrent par motorola Talkie-Walkie leurs compagnons d'armes qui les attendaient à Kirungutwe, un village situé à la limite de la chefferie de Lwindi et celle de Burhinyi. Ils en informèrent également leurs autorités basées à Bukavu61(*).

Sur ordre des autorités de RCD/Goma et rwandaises, des renforts y furent déployés avec la consigne de « tirer sur tout ce qui bouge », en prétextant que la chefferie de Luindi était en connivence avec les Mai-Mai jusque-là présumés auteurs de cette tuerie.

Les premières victimes furent signalées le lundi matin du 24 Août 1998 dans le village Kilungutwe où même les gens qui venaient au marché furent ressemblés, puis massacrés sous des coups des marteaux, couteaux, haches et machettes. Les corps furent, soit incinérés, soit jetés dans les fosses de toilettes, soit encore dans la rivière Kilungutwe. Jusqu'à Kasika via les villages de Kalama et Muhimbili où les chrétiens, les prêtres et les religieuses de la congrégation des Soeurs de la Résurrection en prière matinale dans l'église de la paroisse catholique Saint Joseph à Kasika furent massacrés avant de décimer la population. Le Mwami François Mubeza III fut assassiné et son épouse, madame Yaya Nyange Maua Yvette enceinte de huit mois, éventrée. Plusieurs membres de la famille royale et d'autres gens trouvés dans la cour du mwami furent également passés sous l'épée.

A part les corps de deux ingénieurs de guerre incinérés par leurs bourreaux à Kahulile, les troupes du RCD/Goma rentrèrent à Bukavu avec les sept autres corps qui furent ramenés à Kigali pour l'inhumation62(*).

En termes d'impacts, ces événements infligèrent de lourdes pertes matérielles et en vies humaines à la chefferie de Lwindi, en général, et au groupement de Mukangala, en particulier.En ce qui concerne le nombre de personnes tuées dans le massacre du 24 août 1998, il y a toujours des imprécisions parce que beaucoup de cadavres ont été jetés dans les fosses de toilettes, dans la rivière Kilungutwe et d'autres incinérés. Néanmoins, certains auteurs ont avancé les chiffres suivants :

1. Bulambo Katambu Ambroise, plus 1200 personnes tuées dans cet évènement63(*) ;

2. Mubuto Kuzindamolo W., 450 personnes tuées64(*) ;

3. Jason Stearns K., plus de 2000 âmes disparues65(*) ;

4. Muhumba Kanga Oscar, 1973 personnes disparues66(*) ;

5. Enfin, la Cour Internationale de Justice, 786 personnes massacrées à Luindi sur un trajet de 12 Km, depuis Kilungutwe jusqu'à Kasika en précisant :

a. A Kilungutwe, plus de 127 personnes massacrées sans compter beaucoup de cadavres d'enfants, femmes, hommes et jeunes jetés dans les fosses communes, dans la rivière Kilungutwe et d'autres incinérés.

b. A Kalama, 16 personnes massacrées, membres de la famille Mutewa résidant à Bukavu, sur l'avenue Kasai en commune d'Ibanda.

c. A Kasika, plus de 633 personnes massacrées notamment le Mwami François Bwami Mubeza III et son épouse Yvette Nyange Yaya:

- Dans la parcelle royale : 37 cadavres découverts ;

- A la paroisse catholique de Saint Joseph : ont été victimes un Abbé, quatre religieuses et plusieurs personnes ;

- Au domicile de défunt Mupali Zotos alias Mbilizi un grec qui s'était installé depuis les années 1950 à Kasika, ainsi que quatre travailleurs dont une femme et trois hommes ;

- Dans la forêt avoisinant les villages de Kasika où les habitants avaient pris refuge dans les cachettes dites en kilega « Tupiengenge », plus de 400 personnes dont hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux.

Ainsi, la liste des victimes des massacres de Kasika est-elle très longue, car beaucoup d'autres commerçants ambulants Shi en provenance de territoires de Kabare et Walungu qui venaient vendre leurs produits à Kamituga ont été massacrés par les agresseurs sur la route de Kilungutwe, notamment entre Kasika et Kalama67(*). Ces événements ont provoqué des déplacements massifs de la population rescapée si bien que le groupement de Mukanagala s'est pratiquement vidé de ses habitants pendant une longue période. Le retour progressif au bercail a commencé à s'effectuer avec le rétablissement de la paix et de la sécurité dans le milieu après la réunification du pays au terme de l'Accord Global et inclusif de Sun City de 2002.

* 60Muhumba Kanga O, La guerre de 1998, une veritable hécatombe pour le Batwa Banyindu, devoir de mémoire pour les pygmées de Kasika, Bukavu, 2004, p.2. article sur le massacre de Kasika produit à l'USK

* 61 Bulambo Katambu, A., op. cit., p.88.

* 62 Zamukulu Milenge, H., op.cit., pp. 32-33.

* 63Bulambo Katambu, A., op.cit., p.86.

* 64Mubuto Kuzindamolo, W., op.cit., p.41.

* 65Jason Stearns, K., op. cit., p.263.

* 66 Muhumba Kanga Oscar, op. cit., 2004, p.7.

* 67 CIJ, Livre blanc (tome I et II), 1999, pp.18-19.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery