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La parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou Kourouma


par Théogène Hakuzimana Bizimana
ISP/Goma  - Licence 2017
  

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II.7. LA PARENTHÈSE COMME INCIDENTE

L'incidence, avons-nous dit précédemment, désigne une proposition insérée à l'intérieur ou placée à la fin d'une phrase pour introduire un commentaire sur un discours à l'intérieur de ce dernier. Ceci est une manifestation de la parenthèse dans le passage suivant :

« T'as pas de chance, petit Birahima, tu pourras jamais devenir un bon petit lycaon de la révolution, il faut d'abord tuer de tes propres mains (tu entends, de tes propres mains), tuer un de tes propres parents (père ou mère) et ensuite être initié. » (p.179)

Dans cette séquence, le locuteur insère dans son discours le segment « Tu entends, de tes propres mains» qui constitue une proposition incidente insérée dans les parenthèses. Celle-ci déstructure l'unité syntaxique où elle est insérée. Elle y garde une valeur emphatique et interpellative. Car le locuteur « je » sous-entendu comme interagissant avec le « tu » présent dans l'extrait qui désigne Birahima, est en train de donner des injonctions à son interlocuteur. Cette injonction s'observe à travers le modalisateur « il faut » suivi du verbe « tuer » qui matérialise ce devoir que Tieffi confie à Birahima pour qu'il devienne une des « chiens sauvages » ou lycaons. L'insistance se dégage aussi de l'usage du qualificatif « propres » en antéposition à « mains » pour montrer que la réussite de l'acte de Birahima est conditionnée par son auto-investigation.

II.8. LA PARENTHÈSE COMME INCISE

Les incises se rapportent aux activités dialogales où elles accompagnent la reproduction des paroles ou des pensées des personnages ou du locuteur au discours direct. Ainsi considérée, l'incise comme composante de la parenthèse se dégage de l'extrait suivant :

« Il ne nous a pas laissé aligner les salutations kilométriques que s'alignent les Dioulas, les Mandingos (Comme on le dit en pidgin) lorsqu'ils se rencontrent. » (p.208)

Ce passage renferme un élément qui souligne le contexte d'usage du lexème « Mandingos ». Cet élément considéré comme proposition incise est « Comme on le dit en pidgin ». Elle fait penser aux habituels locuteurs du mot dont se sert Birahima. En tant que tel, l'élément incisé introduit un commentaire sur le texte, une précision. Il rompt la linéarité de la structure syntaxique où il est inséré. Ici, l'effet qui en est tributaire est une précision sur la source de l'énonciation. Quoique les règles de la reproduction des paroles d'autrui ne soient pas respectées ici- les guillemets ou les tirets, les verbes introducteurs, etc.-, on peut penser que le patronage énonciatif reste le « on ». Cet indice devient véritablement flottant. Il peut non seulement renvoyer à « Monsieur -Tout-le -Monde », à « nous », à « ce peuple », mais également au locuteur « je » lui-même, qui refuse la responsabilité énonciative :

« Mais ce `'on'' indique le `'je'' qui efface son identité, car il se trouve inclus dans ce `'tout le monde'' par ce fait d'intemporalité. Cette dimension subjective induit deux sortes de distance : la valeur de `' tout le monde'' accordée à `'on'' lui donne la facture de simulation énonciative, alors que dans sa valeur de `'je'', il témoigne d'une stratégie de tension. C'est l'une des traces même qui valide l'élasticité énonciative de cette unité linguistique. » (Laurent MUSABIMANA NGAYABAREZI, 2016 : 124)

La question de l'intemporalité loge justement dans la parenthèse saisie comme incise. Elle transparaît dans le « Comme on le dit en pidgin ». Le producteur de cette illocution semble parler au nom de tout le monde dont il fait partie. Car on l'a dit, on le dit, et on continuera de le dire. Le déictique temporel « dit » se coiffe de toutes ces dimensions temporelles. Cependant, ce tiroir du présent dépasse le présent intemporel pour devenir « gnomique ».  « Ce tiroir verbal montre, non seulement que les actions sont contemporaines du moment de la parole, mais encore elles l'étaient, le sont le continueront à l'être » (Laurent MUSABIMANA NGAYABAREZI, 2015a : 136) La parenthèse comme incise peut donc véhiculer la référence du locuteur au cours de ses activités discursives. Toutefois, il convient de noter que la parenthèse comme incise est également une fissuration de la structuration syntaxique dans l'unité syntaxique, voire de la linéarité énonciative. Elle maintient le contact, car le « on » désigne le groupe dont le locuteur parle et fait partie.

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