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La parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou Kourouma


par Théogène Hakuzimana Bizimana
ISP/Goma  - Licence 2017
  

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II.9. LA PARENTHÈSE COMME MÉTADISCOURS RECTIFICATIF OU AUTOCORRECTIF

Le métadiscours correctif ou rectificatif vise l'ajustement du dire d'un locuteur par lui-même au cours de sa production des illocutions. Ce texte de Kourouma regorge de telles configurations énonciatives et stylistiques :

« Les enfants-soldats étaient en colère, rouges de colère. (On ne doit pas dire pour des nègres rouges de colère. Les nègres ne deviennent pas rouges : ils refrognent.) Donc les smal-soldiers s'étaient renfrognés ; ils pleuraient de rage. » (pp. 56-57)

Dans ce passage, on aperçoit que la parenthèse constitue un métadiscours rectificatif du parler. En effet, le « on ne doit pas dire » fait figure d'une modalité injonctive, car le locuteur profère une défense à l'interlocuteur au sujet de la façon de parler. En tant que matériaux du texte, les métadiscours rectificatifs ou correctifs restreignent l'activité critique du texte sur le plan sémantique. Car après avoir défini la contextualité des constituants encombrants de son discours, le locuteur limite l'effort interprétatif des lexies textuelles pour le lecteur. Du côté du texte, on peut estimer que cette autocorrection ou rectification découd, elle aussi, le texte dans sa linéarité. En tant qu'adresse au destinataire, elle crée l'effet stylistique de « mise en description », car le locuteur offre à l'allocutaire une réflexion via laquelle il l'interpelle à la partager en refusant d'adopter la lexie « rougir de colère » pour adopter celle de « renfrogner » qu'il estime convenable. C'est ce que l'on appelle, en stylistique des figures de style, l' « épanorthose ». celle-ci désigne une « figure de correction qui consiste à reprendre un terme pour le corriger, le préciser ou [le] développer » (Frédéric Calas, 2013 : 272). La parenthèse comme rectification se rencontre encore dans cet extrait :

« Me voilà présenté en six points en os avec en plume ma façon incorrecte et insolente de parler. (Ce n'est pas en plume qu'il faut dire, mais en prime. Il faut expliquer en plume aux nègres noirs africains indigènes qui ne comprennent rien à rien. D'après Larousse, en prime signifie ce qu'on dit en plus, en rab.) » (p.12)

Il résulte de cet extrait que le locuteur désigné par le « je » opère lui-même l'adéquation du dire en rejetant le « dire en plume » pour considérer le « dire en prime ». Il occupe un statut autoritaire car la parenthèse qu'il insère dans sa narration laisse sous-entendre qu'il maîtrise toute chose. Le fait de se poser comme incontestable se trouve encore renforcé par l'argument d'autorité que constituent ses références dictionnairiques. Car en se plantant devant la strate narrataire prédéfinie dans l'histoire, Birahima ne peut qu'être agréé comme tel grâce à la suprématie qu'il s'arroge au cours de sa narration à travers la parenthèse.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore