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La parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou Kourouma


par Théogène Hakuzimana Bizimana
ISP/Goma  - Licence 2017
  

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II.11. LA PARENTHÈSE COMME MÉTALANGAGE ET MÉTADISCOURS

Perçue comme métalangage et métadiscours, la parenthèse mêle deux niveaux énonciatifs. Car l'énonciation principale ressort du niveau assertif alors que la parenthèse est tributaire du niveau méta-énonciatif ou métalangagier appelé narratologiquement parlant '' niveau métanarratif''. Ses composantes, bien qu'appartenant au locuteur, instancient la distance que ce dernier affiche vis-à-vis de ses illocutions. Cela s'illustre dès lors que Birahima installe une parenthèse dans ses activités de narration pour commenter, corriger, parler de son histoire. Il importe de constater qu'en tant que marqueur énonciatif, la parenthèse devient donc un outil d'ajustement du langage par le locuteur. Elle se revêt certes de diverses fonctions énonciatives : autocorrection, commentaire, digression, etc. Ce qui fait que toutes ses composantes sont considérés comme des métalangages du discours sur lui-même. Ce qui s'élucide dans ce passage :

« Nous (c'est-à-dire le bandit boiteux, le multiplicateur de billets de banque, le féticheur musulman, et moi, Birahima, l'enfant de la rue, sans peur ni reproche, the small-soldier), nous allions vers le sud quand nous avons rencontré notre ami Sekou, le paquet à la tête, qui montait du sud vers le nord. » (p.131)

Dans ce passage, le locuteur désigné par l'indice personnel « Nous » apporte un métalangage en précisant les composantes de ce « nous » qui réfère au groupe dont il fait partie. Les autres marques de sa présence sont le « moi » et le « notre » qui sont tous employés par référence au « je » qui parle. Passant par la particule explicative « c'est-à-dire », le métalangage est aussi une composante qui déchire la linéarité du fil textuel. Car il est sollicité et mis en oeuvre selon l'intention du narrateur sans espace réservé à l'unité syntaxique ou à l'énoncé. L'effet de précision, d'explicitation est celui qui le caractérise dans l'extrait ci-dessus. Il peut aussi être retrouvé dans cet autre passage :

« Le spectacle était si désolant que le colonel Papa le bon en a pleuré à chaudes larmes. (Désolant signifie ce qui apporte des grandes douleurs. Mon Larousse.) Mais il fallait voir un ouya-ouya comme le colonel Papa le bon pleurer à chaudes larmes. Ça aussi c'était un spectacle qui valait le déplacement. (Ouya-ouya, c'est un désordre, un vagabond d'après Inventaire). (p.81)

Dans cette séquence extraite de l'oeuvre sous examen, la parenthèse métalinguistique « Ouya-ouya, c'est un désordre, un vagabond d'après Inventaire » intervient loin de son déclencheur : «ouya-ouya». Cela confirme l'idée hautement évoquée que le métalangage n'a pas de position prédéfinie dans la phrase, dans l'énoncé. Jeté comme pour conjurer les difficultés de lecture, le métalangage constitue ici un mouvement rétrospectif du locuteur sur son dire. Fréquemment vue chez Birahima quand il ajuste son langage en cours de production en recourant à l'explication lexicale de ses lexies, la parenthèse comme métalangage provoque également la rupture énonciative parce que l'énonciateur, dans les énoncés encadrés, compromet la suite des faits énoncés en faveur de ses empreintes identitaires. Mais la subjectivité de l'énonciateur dans ses énoncés, rendue par la métalangue, ne véhicule pas seulement les empreintes identitaires de l'instance émettrice, mais aussi elle est une stratégie d'intimation de réception des énoncés. Ce qui rejoint ce qu'affirme Franck NEVEU (2011 :227-228) au sujet du métadiscours :

« Le terme de métadiscours sert à désigner l'ensemble des faits relatifs à la réflexivité langagière susceptible d'être à l'oeuvre dans un discours (gloses, reformulations, paraphrases, deixis discursive, etc.), l'énonciateur prenant l'énonciation comme objet de discours( métaénonciation) pour l'évaluer, la confirmer, l'ajuster, la corriger, la désigner, etc. »

Se fondant sur Inventaire des particularités lexicales, comme pour installer la fonction d'attestation et la modalité de croyance ou épistémique, le locuteur ajuste, pour ainsi dire, ses propres illocutions. C'est la facture de la subjectivité langagière que le narrateur plaque à ses propos. Au fait, «les modalités épistémiques [...] marquent l'expression d'une croyance ou d'une opinion, elles portent sur la vérité subjective. » (Franck NEVEU, Op.cit. : 233).En fait, dire que « d'après Inventaire » la parenthèse mise en exergue désigne telle propriété sémantique, c'est lui affecter un tel degré de croyance que la vérité linguistique mise en place reste incontournable. Donc telle vérité provient de la source des illocutions confinées dans la référence que le locuteur institue.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld