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Etude d'une collection variétale de cerisiers doux


par Matthieu Clerc-Pithon
Université Savoie Mont-Blanc - Licene Agroécologie 2022
  

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2. Critères de sélection et attentes des consommateurs

a) Structure de l'arbre

Il est aujourd'hui indispensable de rechercher des arbres dont la conduite en verger est plus simple. Les arbres trop vigoureux ne présentent pas des caractéristiques optimales, en revanche la sélection se portera sur des génotypes présentant des fortes densités d'éperons (branches latérales issues des branches principales sur lesquelles se forment les fleurs) ou alors ayant une plus forte ramification. Les éperons seront moins denses, mais le nombre de branches principales sera plus important. D'un point de vue logistique pour la mécanisation, le ramassage, la mise en place d'équipement au niveau des vergers, certaines recherches (par

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sélection d'hybrides, mais aussi en utilisant les mutations naturelles) ont notamment été réalisées pour former des cultivars à port compact. (Bargioni,1996 ; Quero Garcia et al.,2017). Cependant c'est aujourd'hui avec la sélection sur les porte greffes, avec l'arrivée des porte-greffes nanisants et semi-nanisants que la taille des arbres est le mieux contrôlée. De plus, on contrôle également la taille des arbres grâce aux différents modes de conduites (tailles, irrigations, espacement, enherbement). D'un point de vue général, la sélection porte également sur la précocité des arbres, c'est-à-dire l'âge à partir duquel ils ne sont plus dans la période juvénile, mais également sur le rendement des productions ainsi que sur leurs régularités aux cours des années (Quero Garcia et al.,2017). Les conditions météorologiques jouent cependant un rôle important dans la régularité de production des arbres, tout comme les conditions du sol. Il est donc difficile de déterminer clairement les cultivars les plus réguliers car des fortes variations de production peuvent s'appliquer pour un même génotype planté dans des sites différents.

b) Caractéristiques des fleurs

L'auto-fécondité est un objectif majeur de la sélection, elle permettrait d'obtenir des fruits sans l'action d'insectes pollinisateurs, ce qui est un atout important actuellement où l'on observe parfois des désynchronisations entre la période de floraison et la présence de certains pollinisateurs. L'auto-incompatibilité pollinique est courante dans le monde végétal. Dans le cas des fruitiers, et notamment de la cerise, elle est d'origine génétique. En effet, elle provient de la présence de gènes d'incompatibilités représentés par des allèles divers (CTIFL-L'auto-incompatibilité pollinique). Par exemple, un grain de pollen portant les allèles S1 et S2 sera compatible si l'ovaire porte des allèles S3 et S4 (différents de S1 et S2) (Figure 18). Chez le cerisier cette incompatibilité est aussi présente pour plusieurs variétés distinctes. De nombreux travaux de biologie moléculaire ont permis de mettre en évidence des groupes d'incompatibilité. (ANNEXE I). Par exemple « Ferdouce » et « Folfer » sont compatibles, car elles ne possèdent aucun allèle commun. « Belge » et « Badascony » sont incompatibles. De plus en plus de cultivars auto-compatibles sont créés, comme « Cristobalina » qui est beaucoup utilisé dans des programmes de sélection.

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Figure 18 : L'auto-incompatibilité pollinique chez le cerisier (source : CTIFL)

c) Tolérance aux stress

La production de cerises est très dépendante des conditions météorologiques comme les précipitations, les basses températures hivernales ou encore les très fortes chaleurs.

La fissuration des fruits (Figure 19) apparaît aujourd'hui comme l'un des principaux facteurs pouvant affecter la rentabilité de la production. Pour évaluer la résistance à l'éclatement des fruits, il est possible de réaliser des tests en submergeant les cerises dans de l'eau et de relever le temps au bout duquel l'éclatement est visible. Cependant, il est aussi indispensable de mettre en place des évaluations directement sur les parcelles de production. Pour cela, il faut bien entendu que les précipitations soient suffisantes lors de la date de maturité des fruits (Quero Garcia et al.,2017). Une très faible partie des cultivars majoritairement cultivés présentent cette particularité. Les cultivars « Fermina » et « Regina » sont résistants face à l'éclatement et dans l'avenir ils devraient être utilisés en combinaison avec d'autres cultivars présentant d'autres qualités des fruits pour former des hybrides résistants à l'éclatement.

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Figure 19 : Eclatement provoqué par la pluie

De plus, le réchauffement climatique augmente le risque de formation de fruits doubles. Actuellement, aucune étude n'a été réalisée pour déterminer la source génétique de ce caractère. Plusieurs cultivars ont cependant été identifiés comme moins propices à la formation de fruits doubles. Les fruits doubles ne pouvant être commercialisés, cela peut donc induire des pertes économiques importantes suivant les cultivars.

La résistance au froid hivernal a également été étudiée, notamment dans des pays comme la Russie, la Lettonie, l'Ukraine ou encore l'Allemagne. Pour étudier cette résistance, des tests sur terrain en conditions naturelles ou après application d'un gel artificiel ont été réalisés. Les travaux les plus importants ont été réalisés en Allemagne, il en ressort que sur 131 cultivars de cerisiers doux, neufs d'entre eux présentaient une résistance au froid (Fischer et Hohlfeld,1998 ; Quero Garcia et al.,2017).

D'autre part, la zone de production de la cerise douce s'est également étalée vers des régions telles que le sud de l'Espagne, le nord de l'Afrique ou encore la Californie qui sont caractérisées par des hivers beaucoup plus doux. De ce fait, les cultivars de ces régions doivent avoir la capacité de satisfaire leur besoin en froid avec des températures plus hautes durant l'automne et l'hiver. Parmi eux, on peut citer « Lapins », « Rainier », « Brooks » ou encore « Cristobalina » qui est très précoce et auto-fertile. Les caractéristiques optimales cherchées sont donc d'avoir des cultivars qui se satisfont de faible besoin en froid l'hiver pour sortir de dormance tout en ayant des besoins en chaleur au printemps assez importants pour ne pas

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lancer la floraison trop tôt dans l'année et augmenter le risque de dégâts dus aux gelées printanières.

Les principaux stress biotiques de la cerise douce sont induits par le chancre bactérien, le puceron noir du cerisier (Myzus cerasi Fab.), la mouche de la cerise (Rhagoletis spp.), la mouche Drosophila suzukii ainsi que le champignon Monilinia spp.

Le chancre bactérien est causé par Pseudomonas syringae pv. Syringae ou P.syringae pv.mors-prunorum, cette maladie est la plus présente dans les zones humides. Un programme de sélection mené au John Innes Institute au Royaume-Uni a permis de mettre en évidence la résistance de certains cultivars tels que 'Merla', 'Mermat', 'Merpet' et 'Inge' à une des souches de cette bactérie. Cependant, des observations sur la diminution de cette résistance ont également été relevées à la suite d'infections par d'autre souches ( Quero Garcia et al.,2017).

Figure 20 : Cerise infectée par le champignon Monilia

Pour ce qui est de la résistance à la moniliose, (Figure 20) plusieurs évaluations ont été réalisées mais aucune résistance totale n'a pu être mise en évidence. Certains cultivars tels que 'Regina', 'Early Korvik', 'Melitopolska Chorna' et 'Valerij Chkalov' ont tout de même présenté un bon niveau de résistance.

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Enfin, il n'y a pour l'heure actuelle encore aucun cultivar résistant à Rhagoletis spp et à la Drosophila suzukii. Pour ce qui est du puceron noir de la cerise, des résistances ont été observées chez les espèces Prunus canescens, Prunus incisa, Prunus kurilensis et Prunus nipponica. Le cultivar « Napoléon » a été croisé avec ces différentes espèces et certains des hybrides ont présenté une tolérance partielle au puceron noir. (Bargioni, 1996)

d) Qualité des fruits

La qualité des fruits est également au coeur des programmes de sélection avec une multitude de fruits variés. (Figure 21). Plusieurs caractéristiques sont étudiées, comme la taille des fruits, la fermeté, la couleur de la peau et de la chair mais aussi la saveur du fruit ainsi que son taux de sucre. La sélection a permis une réelle amélioration en termes de taille et de fermeté des fruits pour répondre aux demandes des consommateurs. Pour ce qui est de déterminer la couleur des fruits, il est possible de réaliser des tests ADN. Le goût des fruits est analysé grâce à des mesures objectives telles que l'acidité titrable ainsi que des mesures subjectives issues du goût procuré par le fruit (Kappel et al.,2012 ; Quero Garcia et al.,2017). Déterminer le moment de maturité du fruit est également indispensable pour décider ou non de récolter. Il existe aujourd'hui un appareil non destructeur qui permet d'obtenir la teneur en chlorophylle (Figure 22) dans le fruit. Il existe une corrélation entre la diminution du taux de chlorophylle présent dans le fruit et son arrivée à maturité.

Figure 21 : Cerises arrivées à maturité avant analyse en laboratoire

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Figure 22: Instrument de mesure du taux de chlorophylle non destructif

e) Etalement de la période de récolte

Un autre objectif de la sélection est de permettre aux arboriculteurs d'étaler la durée durant laquelle ils peuvent commercialiser des cerises au cours de la saison. Pour cela, ils doivent posséder plusieurs cultivars dont les fruits arrivent à maturité à des moments distincts (Tableau 4). Les objectifs premiers étaient de sélectionner des cultivars qui arrivent à maturité avant le cultivar « Burlat », atteignant sa maturité entre fin mai et début juin et qui sert de référence pour définir la précocité des autres cultivars. Bien que des cultivars très précoces existent, c'est-à-dire qu'ils arrivent à maturité avant la référence « Burlat », ceux-ci ne possèdent pas les mêmes qualités en termes de goût des fruits, de taille et de sensibilité face à l'éclatement. Actuellement, aucun hybride très précoce et possédant des fruits d'intérêt commercial n'a été formé. D'autre part, la sélection de cultivars très tardifs et possédant des fruits commercialisables semble mieux progresser ( Quero Garcia et al.,2017).

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Tableau 4 : Présentation des principales variétés de cerises avec leur période de récolte respective (source : Le Figaro)

f) Aptitude à la récolte mécanique

La récolte mécanique est principalement utilisée pour le ramassage des cerises acides destinées à la transformation. Récolter mécaniquement n'est possible que pour les cerises sans pédoncule, et la volonté de commercialiser des cerises fraiches sans pédoncules est de plus en plus présente ( Kappel et al .,2012 ; Quero Garcia et al.,2017). C'est d'ailleurs déjà le cas depuis plusieurs années au Royaume Uni avec les importations provenant de la vallée del Jerte en Espagne (CTIFL- Variétés de cerises aptes à la récolte sans pédoncule). Ce nouveau segment de marché présente plusieurs avantages : tout d'abord la capacité de récolter des cerises sans pédoncules permet la mise en place d'une récolte mécanique, ensuite, il permet aussi de mécaniser les conditionnements des petites portions ( 100 à 300 grammes) (Figure 23) qui doivent se faire manuellement pour les cerises avec pédoncules ( CTIFL- Variétés de cerises aptes à la récolte sans pédoncule). De plus, le pédoncule diminue le temps de

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préservation visuelle de la cerise en agissant comme une pompe sur le fruit. Certains cultivars tels que 'Ambrunés', 'Cristalina', 'Fermina', 'Linda', 'Sumste' et 'Vittoria' (Quero Garcia et al.,2017) sont adaptés à la récolte mécanique, ils produisent un tissu cicatriciel entre le fruit et le pédoncule qui permet de maintenir le jus et la qualité du fruit et de le préserver des attaques extérieures (Sansa- vini et Lugli, 2008, source xxx).

Figure 23 : Cerises récoltées sans pédoncules conditionnées en petites portions (source : La Tapy)

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