Divers textes fondateurs ont établi la
souveraineté de l'État colonial sur la gestion de la faune et la
consécration des aires protégées, au sens moderne du
terme, comme instruments de
140 COMIFAC/OFAC, « État des aires
protégées d'Afrique centrale », 2020, p. 34.
141 CharlesDoumenge, F., Palla,P., Scholte, F., HiolHiol,
&A., Larzillière, (Eds.), « Aires protégées
d'Afrique centrale - État 2015. OFAC », Kinshasa,
République Démocratique du Congo et Yaoundé, Cameroun,
2015, p. 201.
142 EDAP, op.cit. 2020, p.76.
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préservation des espèces et de la conservation
de la biodiversité. Après les indépendances, les
États d'Afrique centrale se sont dotés de législations,
certes nouvelles, mais encore largement héritées de ces textes
anciens.
Le sommet de Rio, 1992, et la tenue de plusieurs
congrès internationaux des parcs ont créé des conditions
favorables à l'intégration et la participation des populations
riveraines et de la société civile dans les instances de
gouvernance des aires protégées. Ces textes réaffirment la
souveraineté des États dans la gestion des aires
protégées, tout en réglementant de manière stricte
les droits reconnus aux organisations de conservation de la biodiversité
et aux populations locales autochtones. Comme conditions à une
collaboration inclusive dans la gestion des aires protégées dans
le bassin du Congo nous pouvons citer : La reconnaissance des droits d'usage
coutumiers, la participation dans les institutions de gouvernance des aires
protégées, la participation effective des femmes et enfants,
etc.
Actuellement, ces schémas structurels traditionnels
évoqués plus haut montrent leurs limites. Ils n'arrivent pas
à freiner le déclin de la faune, la poursuite du braconnage et
l'érosion de la biodiversité. Ils ne permettent pas aux aires
protégées de répondre efficacement aux attentes
légitimes des États et populations riveraines. Cette situation
peut s'expliquer par plusieurs facteurs, tels que l'augmentation des
populations en bordure ou dans les aires protégées, le rôle
consultatif et non décisionnel attribué à certaines
organisations issues des populations autochtones et communautés locales,
ou encore, les conflits qui persistent entre certaines communautés et
les gestionnaires.
2. L'intégration des populations autochtones dans
le processus décisionnel
La gouvernance efficace des aires protégées en
Afrique centrale exige une réforme approfondie, une révision et
une adaptation idoine du cadre juridique y relatif. Ce processus doit favoriser
et mieux encadrer une gouvernance partagée des aires
protégées entre les États, les organisations de
conservation de la biodiversité, la société civile, dont
font partie les populations locales autochtones. Elle se traduit, entre autres
par la mise en place d'une législation simplifiée et
cohérente, adaptée et opérationnelle. Cette nouvelle
approche se doit d'inclure la reconnaissance du patrimoine juridique
traditionnel, le développement d'une approche de conservation de la
biodiversité basée sur le respect des droits humains, et la
refondation de la coordination institutionnelle régionale et sous
régionale de la gestion des aires protégées.
Dans le cadre de la mise en place de la gouvernance
partagée ou gouvernance par les populations autochtones et
communautés locales, il est important de veiller à ce que tous
les organes représentatifs de ces populations acquièrent une
existence légale, de manière à ce que leur participation
soit inscrite officiellement dans les statuts de l'aire protégée
comme cela se fait peu à peu au parc national de Lobéké au
travers de mémorandum d'entente (MoU) entre le parc et les population
Baka. L'objectif étant de faire de ces populations autochtones «
assistées » jusque-là, de véritables assistants
techniques pour les services de conservation et les aires
protégées du bassin du Congo au regard de leurs connaissances
avérées de ces forêts.