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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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B. Les difficultés d'implémentation de l'écotourisme au Cameroun.

220 Idem.

221 Idem.

222 Idem.

99

Dans le contexte du 21ème siècle, toute aire protégée doit devenir un outil de développement local, national et régional; bref, c'est un outil d'aménagement du territoire qui doit engranger des bénéfices tant sur le plan écologique et scientifique (échanges d'information sur le milieu, mise en place des systèmes de suivi écologiques et scientifiques et synergie des méthodes de prospection, de collecte et de suivi) que sur le plan social et économique (zonage du parc, maîtrise des déplacement des populations rurales, meilleure gestion des parcelles, contrôle réglementaire, création d'emplois et opportunités économiques, formation, intégration régionale et frein à l'exode rural)223.

Dans cette optique, l'on doit oublier au Cameroun le modèle des aires protégées issues du colonialisme qui spoliaient les populations locales. Il est important d'éviter d'en faire un luxe réservé aux romanciers et aux gens en mal de dépaysement ou aux chasseurs. Les sites protégés sont un instrument de gestion pour la survie des systèmes biologiques complexes dont nous faisons partie et dépendons. Deux ordres de difficultés principalement sont un frein à la valorisation économique et sociale des aires protégées du Cameroun par l'écotourisme224 : Les difficultés logistiques, scientifiques et socio-culturelles.

1. Les difficultés logistiques et scientifiques

La plupart des aires protégées du Cameroun sont situées dans des zones excentriques ou difficiles d'accès. Par conséquent, l'absence des services organisés et le mauvais état des routes imposent des voyages longs, fatiguant et à la limité dangereux. Par ailleurs, il n'existe pas de piste d'atterrissage pour petit avion à proximité de la grande majorité de ces parcs. Même s'il en existait, la mauvaise gestion, l'insécurité et la diminution logique du nombre de touristes étrangers a provoqué leur abandon. C'est bien le cas dans l'ensemble des parcs et réserves du Cameroun du Nord au Sud, notamment le parc du Faro, Boumba Bek, Lobéké, Korup et la réserve du Dja très isolés. De plus, le réseau routier du Cameroun ne présente que moins de 5000 km de routes bitumées sur les 60000 préexistantes parmi lesquels 52% sont classées (avec 6% bitumées et 46% en terres) et les 48% non classées.

Par ailleurs, ce réseau est défectueux, inadapté et mal entretenu, voire même vétuste et inexistant par endroit. Ce défaut du trafic routier limite cruellement la fréquentation des aires protégées camerounaises et favorise le braconnage. Par exemple, les voisins nigérians ont plus accès au parc national du Faro que les camerounais; guides et gardes parcs inclus. Par conséquent, le réseau existant doit être amélioré et l'on devrait en créer d'autres. Le réseau ferroviaire quant à lui est insignifiant et ne peut guère faciliter le développement adéquat de l'écotourisme225.

223Mesmin Tchindjang, Abossolo, Aimé Samuel, Joseph Armathée Menga, Vincent Francis., « Les difficultés de développement de l'écotourisme dans les aires protégées du Cameroun » Boletim Goiano de Geografia, vol. 26, núm. 2, julio-diciembre, Universidade Federal de Goiás, Goiás, Brasil, 2006, p. 12.

224 Ibid., p. 14.

225 Ibid., p. 16.

100

Figure 13: Mission d'identification et de cartographie des sites écotouristiques du département de la
Boumba et Ngoko pour le PNL(Camerou). Source : Bohin B.

a. Les difficultés scientifiques des aires protégées

Depuis la mise sur pied du MAB (Man and Biosphère) par l'UNESCO, les vocations et les types d'aires protégées se sont multipliés de par le monde. Une aire protégée peut se définir comme une zone dédiée à la protection de la biodiversité et des ressources naturelles et culturelle et dont le classement relève d'un acte législatif ou réglementaire local ou/et international. Mieux, c'est une portion de terre et/ou de mer vouée spécialement à la protection et au maintien de la diversité biologique, ainsi que des ressources naturelles et culturelles associées, et gérées par des moyens efficaces, juridiques ou autres. Le Cameroun en compte 05 grands types:

- Le site du patrimoine mondial (réserve du Dja, Parc national de Lobéké): cette

dénomination caractérise une aire protégée dont les éléments biotiques ont une importance internationale exceptionnelle; ces sites sont identifiés et proposés par les Etats qui s'engagent à assumer la responsabilité de protéger ces biens dès lors que leur inscription sur la Liste du Patrimoine mondial est faite;

- La réserve de la Biosphère : caractérise tout site classé dont l'objectif est
de conserver la diversité et l'intégrité des communautés animales et végétales en vue d'une utilisation présente et future. Les aires protégées bénéficiant de ce statut ont une vocation de recherche, d'éducation et de formation: c'est le cas des parcs de Waza et Bénoué; les sites de réserve de la biosphère sont proposées par les pays concernés au bureau MAB et approuvés en dernier ressort par l'UNESCO;

- Le parc national : est une aire protégée dans laquelle les régions naturelles et
paysages exceptionnels sont protégés à des fins scientifiques, éducatives et récréatives. Les activités d'extraction sont interdites dans ces aires protégées qui doivent être vaste; (Parc du Mbam et Djerem, du Faro, de Korup, PNL, etc.).

- La réserve naturelle intégrale : concerne un site classé où l'on protège la nature et
les processus naturels dans un état non perturbés afin de conserver des exemples du milieu dans un stade dynamique et évolutif: cas de la Réserve de Kimbi, de Mbi Crater, de Douala-Edéa et du Lac Ossa;

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- Le Sanctuaire de Faune : est une aire protégée dont l'objectif principal est de

maintenir les conditions naturelles nécessaires pour protéger des espèces ou communautés biologiques d'importance nationale si possible par l'intervention humaine: Sanctuaire de Mengame pour les Gorilles et Sanctuaire de Bayang Mbo. Une évaluation de la faune

camerounaise par le Programme National de Gestion de l'Environnement montre un potentiel immense des spécimens de faune au Cameroun226.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus