B. Les difficultés d'implémentation de
l'écotourisme au Cameroun.
220 Idem.
221 Idem.
222 Idem.
99
Dans le contexte du 21ème siècle, toute aire
protégée doit devenir un outil de développement local,
national et régional; bref, c'est un outil d'aménagement du
territoire qui doit engranger des bénéfices tant sur le plan
écologique et scientifique (échanges d'information sur le milieu,
mise en place des systèmes de suivi écologiques et scientifiques
et synergie des méthodes de prospection, de collecte et de suivi) que
sur le plan social et économique (zonage du parc, maîtrise des
déplacement des populations rurales, meilleure gestion des parcelles,
contrôle réglementaire, création d'emplois et
opportunités économiques, formation, intégration
régionale et frein à l'exode rural)223.
Dans cette optique, l'on doit oublier au Cameroun le
modèle des aires protégées issues du colonialisme qui
spoliaient les populations locales. Il est important d'éviter d'en faire
un luxe réservé aux romanciers et aux gens en mal de
dépaysement ou aux chasseurs. Les sites protégés sont un
instrument de gestion pour la survie des systèmes biologiques complexes
dont nous faisons partie et dépendons. Deux ordres de difficultés
principalement sont un frein à la valorisation économique et
sociale des aires protégées du Cameroun par
l'écotourisme224 : Les difficultés logistiques,
scientifiques et socio-culturelles.
1. Les difficultés logistiques et scientifiques
La plupart des aires protégées du Cameroun sont
situées dans des zones excentriques ou difficiles d'accès. Par
conséquent, l'absence des services organisés et le mauvais
état des routes imposent des voyages longs, fatiguant et à la
limité dangereux. Par ailleurs, il n'existe pas de piste d'atterrissage
pour petit avion à proximité de la grande majorité de ces
parcs. Même s'il en existait, la mauvaise gestion,
l'insécurité et la diminution logique du nombre de touristes
étrangers a provoqué leur abandon. C'est bien le cas dans
l'ensemble des parcs et réserves du Cameroun du Nord au Sud, notamment
le parc du Faro, Boumba Bek, Lobéké, Korup et la réserve
du Dja très isolés. De plus, le réseau routier du Cameroun
ne présente que moins de 5000 km de routes bitumées sur les 60000
préexistantes parmi lesquels 52% sont classées (avec 6%
bitumées et 46% en terres) et les 48% non classées.
Par ailleurs, ce réseau est défectueux,
inadapté et mal entretenu, voire même vétuste et inexistant
par endroit. Ce défaut du trafic routier limite cruellement la
fréquentation des aires protégées camerounaises et
favorise le braconnage. Par exemple, les voisins nigérians ont plus
accès au parc national du Faro que les camerounais; guides et gardes
parcs inclus. Par conséquent, le réseau existant doit être
amélioré et l'on devrait en créer d'autres. Le
réseau ferroviaire quant à lui est insignifiant et ne peut
guère faciliter le développement adéquat de
l'écotourisme225.
223Mesmin Tchindjang, Abossolo, Aimé Samuel,
Joseph Armathée Menga, Vincent Francis., « Les difficultés
de développement de l'écotourisme dans les aires
protégées du Cameroun » Boletim Goiano de Geografia,
vol. 26, núm. 2, julio-diciembre, Universidade Federal de
Goiás, Goiás, Brasil, 2006, p. 12.
224 Ibid., p. 14.
225 Ibid., p. 16.
100
Figure 13: Mission d'identification et de cartographie
des sites écotouristiques du département de la Boumba et Ngoko
pour le PNL(Camerou). Source : Bohin B.
a. Les difficultés scientifiques des aires
protégées
Depuis la mise sur pied du MAB (Man and Biosphère) par
l'UNESCO, les vocations et les types d'aires protégées se sont
multipliés de par le monde. Une aire protégée peut se
définir comme une zone dédiée à la protection de la
biodiversité et des ressources naturelles et culturelle et dont le
classement relève d'un acte législatif ou réglementaire
local ou/et international. Mieux, c'est une portion de terre et/ou de mer
vouée spécialement à la protection et au maintien de la
diversité biologique, ainsi que des ressources naturelles et culturelles
associées, et gérées par des moyens efficaces, juridiques
ou autres. Le Cameroun en compte 05 grands types:
- Le site du patrimoine mondial (réserve du Dja, Parc
national de Lobéké): cette
dénomination caractérise une aire
protégée dont les éléments biotiques ont une
importance internationale exceptionnelle; ces sites sont identifiés et
proposés par les Etats qui s'engagent à assumer la
responsabilité de protéger ces biens dès lors que leur
inscription sur la Liste du Patrimoine mondial est faite;
- La réserve de la Biosphère :
caractérise tout site classé dont l'objectif est de conserver
la diversité et l'intégrité des communautés
animales et végétales en vue d'une utilisation présente et
future. Les aires protégées bénéficiant de ce
statut ont une vocation de recherche, d'éducation et de formation: c'est
le cas des parcs de Waza et Bénoué; les sites de réserve
de la biosphère sont proposées par les pays concernés au
bureau MAB et approuvés en dernier ressort par l'UNESCO;
- Le parc national : est une aire protégée dans
laquelle les régions naturelles et paysages exceptionnels sont
protégés à des fins scientifiques, éducatives et
récréatives. Les activités d'extraction sont interdites
dans ces aires protégées qui doivent être vaste; (Parc du
Mbam et Djerem, du Faro, de Korup, PNL, etc.).
- La réserve naturelle intégrale : concerne un
site classé où l'on protège la nature et les processus
naturels dans un état non perturbés afin de conserver des
exemples du milieu dans un stade dynamique et évolutif: cas de la
Réserve de Kimbi, de Mbi Crater, de
Douala-Edéa et du Lac Ossa;
101
- Le Sanctuaire de Faune : est une aire
protégée dont l'objectif principal est de
maintenir les conditions naturelles nécessaires pour
protéger des espèces ou communautés biologiques
d'importance nationale si possible par l'intervention humaine: Sanctuaire
de Mengame pour les Gorilles et Sanctuaire de Bayang Mbo. Une
évaluation de la faune
camerounaise par le Programme National de Gestion de
l'Environnement montre un potentiel immense des spécimens de faune au
Cameroun226.
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