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La persistance des discriminations religieuses: quels effets sur les discriminés


par Sofiane MAOUCHE
Université de Lorraine - Maitrise 2018
  

Disponible en mode multipage

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Mémoire de Master I Sciences Humaines et Sociales.
Mention Sociologie.

Parcours Innovation Culturelle et Sociale.

THÈME :

S.

LA PERSISTANCE DES DISCRIMINATIONS

RELIGIEUSES :

QUELS EFFETS SUR LES DISCRIMINÉ

Année universitaire 2018/2019

Réalisé par : MAOUCHE Sofiane Sous la direction de : Mr. Melaine CERVERA

Dédicace

Je dédie ce travail à ma famille.

SOMMAIRE

Introduction

Problématique

Hypothèses

Première partie

Cadre théorique : définitions des concepts, objectifs, revue de littérature, méthodologie.

Chapitre I : Définition des concepts

.01

04

..13

..14

I-1-Définition sociologique de la discrimination

14

I-2-Formes de discriminations

17

I-3-Définition de la discrimination religieuse

..17

I-3-1-Selon le droit

..17

I-3-1-1- Par le droit pénal

17

 

I-3-1-2- Par le Code du travail

.18

II-4-La sociologie et la religion

19

Chapitre II : Revue de littérature

21

II-1-Méthode: candidatures fictives

23

II-2-Risque d'insubordination

..24

Chapitre III : Méthodologie

26

III-1-Terrain d'enquête et d'études

.26

III-2-Méthodes d'enquête

26

III-3-Téchnique

27

III-4-Le Guide d'entretien

28

 

Deuxième Partie : Analyse et interprétations des résultats

Chapitre IV : La persistance de la discrimination entre individus basé sur la confession

religieuse

32

Chapitre V : Domaines de discriminations religieuse

.36

Chapitre VI : discrimination religieuse et effets sur les discriminées

.40

Conclusion 45

Annexes 47

Guide d'entretien 48

Retranscription des entretiens 50

Bibliographie 71

Table des matières 73

Remerciements

Je remercie le Dieu de nous avoir donné du courage et de la détermination pour mener à terme ce travail. Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à mon encadreur Monsieur Melaine Cervera pour la direction de ce travail, sa disponibilité, ses conseils et surtout ses critiques qui m'a permis d'avancer dans mes recherches.

Je tiens également à remercier l'ensemble des acteurs de l'université de LORRAINE Professeurs et personnels de m'avoir facilité les choses pour terminer mon travail.

Je tiens à remercier tout particulièrement mes très chers parents pour leur soutien et leurs encouragements. Un grand remerciement à tous les enseignants de la formation « Sciences Sociales ICS » qui ne nous ont jamais épargné d'effort pour nous former.

Merci aux étudiant(e)s de ma promotion pour leurs partages de connaissances, d'idées, de savoir, et pour leur soutien durant ce parcours.

Sigles et Abréviations

TEO : Enquêtes Trajectoires et Origines.

ONU : Organisation des Nations Unies.

FAS : Fond d'Action Social

IFOP : Institut Français d'Opinion Publique.

INSEE : Institut National des Statistiques et Economiques.

INED : Institut National des Etudes Démographiques.

OIT : Organisation International du Travail.

CV : Curriculum Vitae

E.G : Exemple.

UDC : Union démocratique du centre.

UE : Union Européenne.

FBI : Fédéral Bureau of Investigations. CNN : Cable News Network.

ADS : Agent de Sécurité.

Introduction

1

Dans un contexte ou la société évolue dans le sens d'une généralisation des mécanismes de concurrence, certains groupes sociaux ne bénéficient pas objectivement des mêmes chances que les autres, malgré l'égalité de droits dont ils jouissent en principe. C'est le cas des minorités visibles, des minorités culturelles, des femmes, des personnes handicapées, des séniors, des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres.

La discrimination existe depuis toujours et peut se manifester n'importe où et cibler différents catégories ; cette dernière prends de plus en plus d'ampleur et concerne tout le monde et des personnes de tout âge, quasiment aucun ne peut y échapper, et cela peut être à la base de l'origine, de sexe, couleur de la peau, l'orientation religieuse et cela peut intervenir dans divers secteurs administratifs, santé, service publique, éducation...ect. La religion occupe une place centrale dans la vie des individus et souvent les religieux ont des difficultés à pratiquer leur culte dans une société donnée ou un pays autre que le leur ; et pourtant, la cohabitation existe entre les religions dans certains pays surtout entre les trois plus grandes religions les plus pratiqués dans le monde le christianisme, judaïsme et l'islam.

Dans les pays où le christianisme est majoritaire par rapport aux autres, les relations entre gens de même confession se portent plutôt bien malgré quelques différences, de même pour les pays musulmans et judaïques ; mais entre individus de confessions différents peut parfois provoquer des difficultés. Même les athées ne sont pas épargnés par ce sujet ou le fait de ne croire en rien est très mal vu par ces trois grandes religions.

Il faut savoir que les conflits et les stigmates provoquent de dangereux dérapages dans les sociétés « les conséquences des conflits entre groupes culturels et religieux sont dangereuses pour l'individu et pour l'organisation des communautés et peuvent contribuer à un sentiment de malaise et d'insatisfaction qui est également devenu courant dans plusieurs sociétés1 »

Même la pratique religieuse peut devenir très difficile dans la plupart des cas, une enquête conduite sur toute la France, publiée dans le livre la religion une anomalie républicaine ? 2

1Saïda Douki Dedieu, Femmes et la Discrimination (Les): Dépression, religion, société, paris,Odile Jacob, 2011, p.08. 2Dominique Kounkou, La religion une anomalie républicaine ? Paris ,l'Harmattan, 2003.

2

A démontrer l'existence d'un problème plus large, qui met en extrême difficulté la pratique religieuse en France, et ce, aussi bien pour les catholiques, que pour les protestants et les nouveaux mouvements religieux.

Même des professionnelles paramédicales et des professionnelles des médias sont menacés, dès lors qu'ils expriment des convictions religieuses qui n'entrent pas dans « le religieusement correct »3

L'intolérance religieuse gagne de plus en plus différents pays et mème dans des écoles pas uniquement pour les adultes ; Deux rapports de l'ONU, respectivement publiés en 2005 et 2006 par le comité pour l'élimination de la discrimination raciale et par le comité des nations unis pour le droit de l'enfant (chargé de contrôler l'application progressive de la convention internationale des droits de l'enfant de 1989 dans les pays l'ayant ratifiées) ont exprimé une position critique vis-à-vis de la structuration confessionnelle du système éducatif existant et de la législation en vigueur en république d'Irlande. Les deux rapports en ont appelé au gouvernement irlandais pour qu'il amende la législation existante et promeuve la création d'écoles non confessionnelles ou multi confessionnelles ( Committee on the rights of the child, Concluding Observations of Irland's Second Report under the UN Convention on the rights of child, 2006, p14 ) ,

Le comité pour l'élimination de la discrimination raciale rappelant que les discriminations d'ordre raciale et d'ordre religieux se retrouvent souvent imbriquées .... Dans son rapport soumis au comité pour les droits de l'enfant en 2006, l'Alliance pour les droits des enfants irlandais reprenait à son compte ces appels du comité pour l`élimination de la discrimination raciale (Children's Rights Alliance, From Rhetoric to Rights : Seconde Shadow Report to the United Nations Committee on the Rights of the C hild, Dublin, Children's Rights Alliance, 2006, p 61.)

D'après l'enquête Trajectoire et Origines (TeO) ` c'est une enquête qui étudie l'impact des expériences des discriminations sur le parcours des individus' menée en France en 2008 par L'Insee et l'Ined, les immigrés d'origine extra-européenne ont une probabilité beaucoup plus forte que les autres de déclarer avoir subi des discriminations au cours des cinq années précédant l'enquête. Cette population avance principalement la couleur de peau comme raison de cette discrimination, loin devant le sexe ou l'âge.

3Dominique Kounkou, Emilz Poulat, les discriminations religieuses en France : situation à partir des églises chrétiennes d'expression africaine : acte du premier colloque national, Paris, l'Harmattan, 2004, p12.

3

En supposant que la perception des individus d'être discriminés reflété une réalité, ces résultats suggère que la discrimination en France est avant tout une question de « minorité visible », comme l'avance Chris beauchemin, Christelle Hamel,Maud Lesné , Patrick Simon et l'équipe de l'enquête TeO sous le titre «La discrimination: une question de minorité visibles», population et Société, 466, 2010.

Cette situation ne semble pas spécifique à la France.

Les éditions de 2012 à 2015 de l'Eurobaromètre sur la perception des discriminations au sein de l'union européenne (UE 27) révèlent que la discrimination à raison de l'origine ethnique est considérée comme la forme de discrimination la plus répandue 56 % des personnes interrogées la caractérisaient comme fréquente en 2012, et 64 % à 2015. Ces chiffres sont inquiétants dans un contexte où plus de 10 % des enfants de moins de 15 ans nés dans les 27 pays de l'union européenne ont des parents nés à l'étranger, pour la plupart dans des pays extra européens. Comme nous allons le voir ces perceptions reflètent bien la réalité de la discrimination ethnique. Et certaines minorités sont nettement plus discriminées que les autres.4

Toutes ces situations discriminatoires ont un impact sur la société notamment sur les relations entre les citoyens de confessions différentes, bien que des mesures contre l'intolérance religieuse ou toute autre forme de refus de l'autre existent, mais certains ou certaines se plaignent encore des comportements défavorables envers eux contenu de leur couleurs, sexe, d'origine ou plus exclusivement de leur orientation religieuse.

Notre étude sur la discrimination religieuse va permettre de comprendre le pourquoi et les causes qui mènent certains à développer une mentalité de rejet de l'autre, et détecter si ce genre de pratique existent encore d'une façon inquiétante malgré les lois de protection des libertés de culte dans différents lieux.

4Stéphane Garcillo et Marie-Anne Valfort, Les discriminations au travail Femmes, ethnicité, religion, âge, apparence, LGBT, Paris, Presse de Sciences Po, 2018.

4

Ce travail se compose de deux parties complémentaires :

Une partie théorique abordant l'objet d'étude du sujet de recherche :

Qui cernera les aspects liés à la discrimination ethnique basée sur le critère religieux des personnes et apporter des éléments réalisés par des auteurs qui ont traité le sujet et leurs expériences, les difficultés, les solutions, essais des gouvernements et associations pour gérer ce phénomène provoqué par ces pratiques défavorables.

Définition des concepts qui contiendra les différents expressions et concepts liés au sujet de recherche afin d'essayer de comprendre le contexte et connaitre les expressions relatives au phénomène soulevé en l'organisant sous une définition sociologique de la discrimination (discrimination direct, indirect, systémique, institutionnalisée), formes de discriminations, la discrimination religieuse : (Définition apportée par le droit pénal et le code de travail), la sociologie et la religion, les objectifs et la revue de littérature et en dernier lieu, la méthodologique qui contient le terrain d'étude, les acteurs rencontrés dans la réalisation des entretiens, ensuite la démarche adoptée.

Et enfin, la seconde et dernière partie qui est l'analyse et interprétations des résultats ou on va vérifier les hypothèses posées afin de confirmer ou de les infirmer.

La problématique et les hypothèses de recherche :

La question de discrimination en générale, et plus singulièrement de discrimination religieuse, est devenue en France depuis des décades un vaste champ d'enjeux politiques et sociales. Elle est en mème temps un objet de recherche dont les travaux investissent toutes les disciplines de sciences sociales. Les immigrés et leurs enfants (mème de nationalité Française) des anciennes colonies ont en générales les plus touchées par ce genre de phénomène dans de divers secteurs soit dans l'embauche, d'éducation, accès à des services publique quelconques et surtout quand des valeurs ou des pratiques de caractère religieuse sont mise en avant ou si elle est différente (musulmane en générale) de la majorité des pratiques de la société en question (chrétienne ou athée...ect.) Dans un pays tel que la France, signataire de la charte des droits de l'homme et de l'égalité et de respect de culte et des libertés ont peut toujours trouver ce genre de comportement de rejet et de la peur de l'autre, surtout à la montée de l'intégrisme et des attentats...etc.

5

Mais, quelles sont les causes de ce phénomène ? Pourquoi existe-t-elle toujours dans l'actuelle société ? Pourquoi ce genre de comportement existe en France ? Qui est le plus concerné par cette inégalité ?5

Lors de ma rencontre subite avec un jeune homme de 29 ans Français noire de confession musulmane originaire de l'ile de la réunion à Algrange, il m'avait raconté qu'il a été à plusieurs reprises interpellé par la police dans sa voiture sans vraiment avancer de raisons valables et qu'il n'arrive pas à obtenir un emploi stable, du coup, j'ai été sensibilisé par cette question suite à cette rencontre hasardeuse.

La question de la discrimination religieuse notamment musulmane étant donné que c'est une religion disons pas originaire d'Europe (spécialement en France) évoque beaucoup d'inquiétude et d'incompréhension de la part de la population originaire, Valérie Amiraux souligne que « En 2001, dans le cadre d'un sondage IFOP-Le Monde la `soumission', 22 % des personnes interrogées répondent ` le fanatisme', `18 % la soumission', 17 % `Le rejet des valeurs occidentales.

Par rapport au sondage de 1994, les associations entre des termes à connotations positive progressent, reflétant en cela une évolution plus générale du discours public sur l'islam en France, plus mature, plus distancié, plus différencié, qu'il y'a une vingtaine d'années. Cette tendance s'observe notamment dans les réponses aux questions plus `quotidiennes' liées à la présence de l'islam en France. Elle évoque les résultats de l'enquête : F. Frégosi note à juste titre : (...) j'ai l'impression que l'islam pose toujours un peu problème aux Français.

L'intégration est effective, mais elle ne s'accompagne pas d'une vision positive de la religion musulmane. L'opinion accepte un islam de voisinage, de la proximité, plus charnel qu'un islam abstrait. Qui continue à inquiéter ».

(...) d'un côté le terme islam réveille démon et panique, engageant les musulmans dans la tourmente des amalgames. De l'autre, au quotidien, certains citoyens Français déclarent être victimes de discriminations, c'est à dire de traitement différencié au regard d'un critère particulier ou de plusieurs cumulés (origines, situation familiale, lieu de résidence, patronyme, confession, etc.), avec pour résultat une inégalité de traitement.

5 Patrick Weil, Liberté, égalité, discriminations, éditions Grasset, paris, 2008.

6

Comment mesurer, évaluer, expliquer ces pratiques et lutter contre elles ? 6

D'autant plus, aussi elle a évoqué aussi que les lieux de culte sont victimes de violences comme les jets de pierres, graffitis provocateurs, jets de cocktails molotov dans les salles de prières en Languedoc-Roussillon, Girronde, Ile-de-France et Nord -pas -de- Calais depuis Avril 20027 ».

Une autre étude mené par l'institut Montaigne avec Marie-Anne Valfort, maître de conférences à l'université de Paris 1 en 2015, en réalisant un tésting sur CV.

Il a consisté à répondre à 6231 offres d'emploi publiées par tous types d'employeurs entre septembre 2013 et septembre 2014 dans l'ensemble de la France métropolitaine, dans le but de savoir est que des personnes appartenant à des religions minoritaires sont discriminées.

Ce testing va comparer le taux de convocations à un entretien d'embauche de candidates et candidats fictifs dont les candidatures identiques et en tout point à l'exception de leurs religions.

Notamment, afin d'attribuer d'éventuelles différences de taux de réponses aux seules différences d'affiliations religieuse, les candidats ont tous le mème pays d'origine. Ce sont des Français d'origine libanaise nés en 1988.

Les résultats révèlent une forte discrimination à raison de religion, notamment vis-à-vis des musulmans.

La probabilité des catholiques pratiquants d'être contactés par le recruteur pour un entretien d'embauche est supérieure de 30 % à celle de leurs homologues juifs. Elle est en outre deux fois plus forte que celle des musulmans pratiquants. Mais ce dernier résultat cache une forte variation en fonction du sexe. Alors que le taux de réponse des candidates catholiques n'est supérieur « que » de 40 % à celui des candidates musulmanes, le taux de réponse des hommes catholiques est près de quatre fois supérieur à celui des hommes musulmans.8

Selon Ingrid Ramberg :

« France et Italie. Dans ces pays, les minorités visibles souffrent d'une discrimination fondée sur la religion. Les femmes qui portent le voile et les musulmans en général ne peuvent pas toujours pratiquer leur religion dans la paix.

6Valérie Amiraux, POURQUOI PARLER DE DISCRIMINATION RELIGIEUSE ? Réflexion à partir de la situation des musulmans en France, l'Harmattan, 2004/1 N° 48, p 63.

7Valérie Amiraux, op-cit, p.64

8Marie Ann-Valfort, Discriminations religieuses à l'embauche : Une réalité, Institut Montaigne, Paris 2015, p 13/14.

7

Ils ont en plus des difficultés à trouver un travail ou un appartement. Ils font l'objet d'agressions verbales et physiques. Leurs enfants se heurtent aux mêmes manifestations à l'école. Les islamistes subissent des discriminations de la part des services publics (police, services sociaux, etc.) ».9

Dans certains cas mème si les jeunes d'origine maghrébine nés Français se sentent plus à l'aise dans la culture Française que celle de leurs parents, ils ne sont pas épargnés par des pratiques discriminatoires,

Comme l'affirme Claude-Valentin Marie « Il rappel à titre d'exemple que le taux de chômage des jeunes d'origine africaine ou maghrébine nés en France est trois fois supérieure à celui de leurs paires d'origine européenne, et ceci malgré le fait que cette population se sente beaucoup plus proche de la culture Française que de celle de ses parents...»10

Divers mesures et lois nationale et internationale visant à identifier, étudier et réduire le plus possible ce phénomène défavorable que les Français ou immigrées d'origine étrangères subissent au quotidien sont mis en oeuvre ;

Didier Fassin dans son oeuvre l'intervention française de la discrimination précise que : « Certes depuis 1993, des cellules départementales de coordination de la lutte contre le racisme, la xénophobie et antisémitisme » existaient, en principe, au sein des conseils départementaux de prévention de la délinquance, mais leurs activités était pour le moins réduite et le thème lui mème rarement abordé, officiellement limité à une réunion par an (Circulaire du premier ministre du 1er Mars 1993).

Certes, la loi de 1972, « relative à la lutte contre le racisme » avait été considérée en son temps comme une victoire d'autant plus significative qu'elle avait fait l'objet d'un vote parlementaire unanime,

Mais son application demeurait parcimonieuse et les longues procédures de recours la rendaient pratiquement sans effet et, si le nouveau Code pénal, entré en application en 1994, incluait explicitement la répression des « discriminations fondées sur l'origine », les condamnations sur ce

9Ingrid Ramberg, LE RACISME À L'ÉGARD DES MINORITÉS VISIBLES - INTRODUCTION ET ATELIER, Council of Europe, juin 2015, p 88.

10Daniel Borillo, Lutter contre les discriminations, la découverte, Paris, 2003, p 07.

8

critère s'élevaient à une dizaine seulement chaque année (3 en 1997, 15 en 1998 et 8 en 1999, au titre de l'article 225-2, selon le rapport d'activité du Groupe d'étude et de lutte contre les discriminations).

Autrement dit, les outils politiques de lutte contre la discrimination relevaient largement d'une existence formelle sans portée sociale, ce que dénonçaient inlassablement les associations de protection des immigrés ou de défense des droits de l'homme. Du point de vue de l'État, garant des droits fondamentaux, le principe de l'égalité était bien affirmé et l'on disposait des instruments pour le faire respecter.

L'apparence républicaine était sauve. Que le principe soit quotidiennement démenti dans la société et que les instruments ne soient pas utilisés par les acteurs sociaux posait d'autant moins problème que, pour des raisons tant techniques qu'éthiques, l'enregistrement des données concernant l'origine n'était pas autorisé dans les statistiques. Pas de moyens, donc, pour porter à la connaissance ce que l'on s'efforçait d'ignorer. La rupture est, là encore, remarquable à la fin des années quatre-vingt-dix dans l'affichage politique de cette « nouvelle question ».

Dans une communication au Conseil des ministres du 21 octobre 1998, la ministre de l'Emploi et de la solidarité déclare faire de la lutte contre les discriminations à caractère racial dans le monde du travail une « priorité de sa politique ». Le 15 avril 1999, une convention signée par neuf ministères avec le Fonds d'action sociale (FAS), une entreprise publique de gestion de foyers de travailleurs immigrés et une association de chercheurs institue un Groupe d'étude et de lutte contre les discriminations, chargé « d'analyser les discriminations dont souffrent les populations en raison de leur origine étrangère, réelle ou supposée ».

Par une circulaire en date du 18 janvier 1999, le ministre de l'Intérieur demande aux préfets de créer des commissions départementales d'accès à la citoyenneté visant à « faire reculer les discriminations » dont sont l'objet les « jeunes nés de l'immigration ».

Le 11 mai 1999, au terme d'une table ronde qui réunit des représentants de l'État et des partenaires sociaux, est rendue publique une « déclaration de Grenelle sur les discriminations raciales dans le monde du travail » qui propose une série de cinq mesures destinées à les combattre.

Cette succession de manifestations publiques de l'intérêt du gouvernement pour ce thème culmine avec la convocation, le 18 mars 2000, des Assises nationales de la citoyenneté, en conclusion

9

desquelles le Premier ministre annonce la création d'un service d'écoute téléphonique gratuit à la disposition des « personnes s'estimant victimes de discriminations ».

En marge de ces déclarations et de ces actions, une série d'initiatives est prise par les services de l'État : le Fonds d'action sociale oriente une partie de ses activités vers la lutte contre les discriminations au travail ; l'Institut national du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle organise des formations pour les inspecteurs du travail sur cette question ; les contrats de ville commencent à l'intégrer, de même que les divers programmes de lutte contre l'exclusion.

Enfin, l'appareil réglementaire français se met en conformité avec le droit communautaire, avec l'adoption par l'Assemblée nationale, le 3 avril 2001, d'une loi aménageant la charge de la preuve dans le domaine de la discrimination au travail, afin de faciliter la démonstration de la nature des faits par la victime, tandis qu'une série de décisions des Chambres sociales et criminelles de la Cour de cassation de 1999 et 2000 élargit les possibilités de reconnaissance de discriminations, en recourant à des comparaisons de déroulement de carrière afin d'établir les différences de traitement et en se dégageant du critère d'intention pour s'en tenir à des données objectivables.

S'il faut, bien entendu, faire la part des annonces à visée électorale (donner des gages aux jeunes issus de l'immigration, supposés démobilisés politiquement) et à objectif pacificateur (atténuer la montée des frustrations génératrices de violences dans les villes) dans cet ensemble de gestes et de mesures des pouvoirs publics, on ne doit pas cependant se méprendre sur leur sens et sur leurs effets.

Tout d'abord, les pratiques discursives ne sont pas simplement des jeux de langage et l'on ne saurait les considérer comme moins signifiantes politiquement ou moins efficaces socialement que d'autres pratiques :

Énoncer dans des instances officielles l'existence de (discriminations) et les rapporter à des (origines ou à une couleur), mettre en place des dispositifs censés donner des moyens de les connaître et de les comprendre, accepter d'en débattre dans l'espace public, c'est produire des transformations dans la reconnaissance du phénomène et la légitimité à le combattre.

Ensuite, les dispositifs et les dispositions évoqués ne sont pas des leurres avec lesquels on prétendrait abuser les victimes et leurs défenseurs : des institutions sont créées, des réglementations sont édictées, des programmes de formation ou de recherche sont lancés, des invitations à respecter l'égalité dans le secteur public et dans le secteur privé sont faites, dont les acteurs sociaux s'emparent,

10

souvent même au-delà de ce qu'attendent les pouvoirs publics, contribuant à élargir un peu plus la brèche qu'ils ont ouverte.11 »

Vue que la France est garante de la protection des libertés individuelles et a mis des dispositions de lutte contre les discriminations à travers des années quel que soit le motif de couleur, ethnique, origine ou sexe et en regard des données précédemment abordées, des questions ont émergés :

-Quelles sont les raisons qui poussent les gens à discriminer autrui rien qu'en se basant sur le critère religieux ?

-Pourquoi ces comportements existent-ils bien que des textes de lois protègent les minorités et quels effets sur les discriminés provoquent t'ils ?

Ces questionnements m'a permis de mettre en exergue la question principale suivante : Est-que les comportements discriminatoires basées sur des critères ethniques spécialement religieuse, notamment la communauté musulmane (ou autre) dans la société ou la laïcité est presque majoritaire persistent ils encore ?

Le problème de discrimination auquel se trouve confronté la plupart des composantes de la société, se pose avec acuité au sein de la communauté musulmane en France. Il apparaît non seulement dans les institutions publiques, mais encore dans les rapports que chaque membre entretient avec la société.

Hypothèses de recherche :

Dans le cadre de notre travail, nous avons formulé une hypothèse qui va être infirmée ou confirmée à la fin.

-La discrimination persiste encore dans la société entre individus à cause de leurs confessions religieuse.

Dans toute société la présence de la discrimination de toute sortes notamment religieuses guette toujours les personnes qui sont susceptible d'être vulnérables comme les étrangers la minorité d'une confession donnée, dans la société français ce comportement négatif existe toujours qu'il soit direct ou indirect qui a un impact sur la vie des citoyens et de la société.

11Didier Fassin, L'INVENTION FRANÇAISE DE LA DISCRIMINATION, Presses de Sciences Po. Paris, 2002, p 407 et 409

11

-La discrimination religieuse est présente dans presque tous les secteurs de la société surtout dans le secteur où les interactions sont importantes comme au travail.

Bien que la discrimination basée sur la différence religieuse soit un fait, les lieux de déroulement de ce fléau sont aussi nombreux de l'espace publique jusqu'au lieu de travail et même entre amis et voisins.

-La discrimination a un impact négatif sur la vie quotidienne des discriminés.

L'inégalité qu'engendre le comportement discriminatoire provoque un sentiment de malaise et d'un vécu difficile pour les personnes ayant été victimes de ce phénomène les concernées se sentent comme rejetés.

Cette frange de citoyens à la spécificité, d'une part, d'avoir une culture et une histoire familiale ou religieuse différente de la population Française d'origine, d'autre part, d'avoir une pratique et un comportement un peu spécifique ; mème s'ils ont vécu ou nés en France, et ont pris des habitudes Françaises. Mème étant Français ils devront être considérés et regardés du mème oeil comme tout Français de souche or, nous avons l'impression que ce n'est pas le cas.

Pour mettre cette recherche sous l'angle d'une approche qualitative, il a été intéressant de recueillir les données auprès de quelques individus, sous forme d'entretiens semi-directifs.

Le choix de cette technique s'est avéré nécessaire, car elle permet d'apprécier les éléments exprimant le sentiment de ces individus par rapport aux difficultés rencontrées dans leurs rapports quotidiens.

Selon Geneviève Imbert « L'entretien semi-directif est donc une conversation ou un dialogue qui a eu lieu généralement entre deux personnes. Il s'agit d'un moment privilégié d'écoute, d'empathie, de partage, de reconnaissance de l'expertise du profane et du chercheur. Ce dernier ayant établie une confiance avec son informateur va recueillir un récit en s'appuyant sur un guide préalablement testé et construit à l'issue de travaux de recherche exploratoires ».12

Dans une première partie, nous identifierons les discriminations que peuvent subir les individus de confessions religieuse musulmane ou autre.

12 Geneviève Imbert, L'entretien semi-directif: à la frontière de la santé publique et de l'anthropologie ,Recherche en soins infirmiers 2010/3 (N°102),p.19

12

Dans le cadre de travail de terrain, nous préciserons et analyserons dans une seconde partie les matériaux nécessaires à la vitrification de l'hypothèse. Elle permettra la présentation et l'analyse des résultats.

Enfin, dans une dernière partie, nous verrons en quoi des éléments peuvent être un apport supplémentaire dans le domaine social et nous en déduirons des perspectives de prévention contre les discriminations.

Dans le chapitre qui suivra nous essayerons de définir différents concepts et notions qui a un lien avec la discrimination religieuse.

13

Première Partie

Cadre théorique :

-Chapitre I : Définitions des concepts, Objectifs

-Chapitre II : Revue de littérature

-Chapitre III : Méthodologie

Chapitre I : Définition des concepts

14

Nous définirons, successivement les notions : discrimination ainsi que la discrimination religieuse et nous verrons les formes de discriminations.

I-1-Définition sociologique de la discrimination :

« Le terme de discrimination correspond à un comportement négatif non justifiable produit à l'encontre des membres d'un groupe donné. Par exemple, le fait de refuser l'entrée en boite de nuit à quelqu'un sur la base de son apparence physique, de son sexe ou de la couleur de sa peau est un cas typique de discrimination. »13

La discrimination ne concerne pas uniquement une volonté claire de traiter différemment quelqu'un, mais aussi des comportements dissimulés dits « indirects » ;« La discrimination ne peut se contenter de prendre en compte les comportements intentionnels, marqués par la volonté de traiter différemment un individus parce qu'il appartient à un groupe social particulier, mais doit également inclure la discrimination indirecte, pour reprendre le terme juridique, ou subtil pour reprendre le terme de la psychologie sociale, c'est à dire les actes qui mobilisent un critère apparemment neutre (e.g une qualification élevée mais qu'il n'est pas vraiment nécessaire pour un emploi donné) mais aboutissent à une discrimination dans les faits ou discrimination «cachés» (e.g on sait que certains groupes sociaux ont moins accès à l'éducation et ont donc moins de probabilité de de présenter le niveau le niveau e qualification le plus élevé).

Stephanie Delaroisse en effet que mème les individus qui revendiquent des idéaux d'égalité sont affectés par des processus non conscients qui peuvent amener, malgré eux, à discriminer, ce que le droit de la non-discrimination a récemment intégré ».14

13 Jean-Baptiste Légal, Sylvain Delouvée, Stéréotypes, préjugés et discrimination, Dunod , 2015, p. 10

14 Travail, inégalités et responsabilité : Actes du colloque organisé à l'occasion de la fondation du CIRTES-UCL (Centre Interdisciplinaire de Recherche Travail, État et Société) et en hommage à Georges Liénard, Presses univ. de Louvain, 2010, p.161 et 162.

15

« La Cour suprême du Canada définit la discrimination comme (une distinction, intentionnelle ou non, mais fondée sur des motifs relatifs à des caractéristiques personnelles d'un individu ou d'un groupe d'individus, qui a pour effet d'imposer à cet individu ou à ce groupe des fardeaux, des obligations ou des désavantages non imposés à d'autres ou d'empêcher ou de restreindre l'accès aux possibilités, aux bénéfices et aux avantages offerts à d'autres membres de la F0 20 société).

Selon cette définition, la discrimination est un déni d'égalité subi par un individu ou un groupe en raison d'un critère illicite de distinction. Elle peut être directe ou indirecte.

On parle de discrimination directe lorsqu'un ou plusieurs des critères illicites selon la loi sont explicitement invoqués pour dénier un droit ou une liberté. On parle de discrimination indirecte lorsqu'une mesure produit un effet inégalitaire pour un groupe de personnes identifiables selon un critère illicite (phénotype, origine culturelle, âge, genre, religion, handicap), sans que l'auteur de la mesure ait explicitement visé cet effet (Bosset, 1989, F0 20 1994 ; Ledoyen, 1992). L'exemple souvent cité est l'exigence d'un poids ou d'une taille pour l'obtention d'un poste de policier ou de pompier, laquelle de fait exclut les membres de certaines minorités immigrées. La Cour suprême donna une valeur juridique à la discrimination indirecte, la jugeant en 1985 une (discrimination par effet préjudiciable) (Commission ontarienne des droits de la personne c. Simpson Sears Ltd [1985] 2 R.C.S. 536).

On parle encore de discrimination systémique quand des inégalités entre des groupes de personnes ne sont pas imputables à un facteur repérable mais relèvent d'un ensemble de facteurs, présents ou passés. Telle est la sous-représentation dans certaines occupations de personnes issues des minorités immigrées par rapport aux groupes dits majoritaires, les Canadiens d'ascendance britannique ou française.

Aussi, la sous-représentation des membres des minorités racialisées, dites (minorités F0 20 visibles), dans les fonctions publiques a-t-elle été admise comme relevant d'une discrimination systématique passée et présente, car elle ne relève pas de caractéristiques admises comme sources de différenciation économique (niveau de scolarité, expérience de travail, durée de séjour pour les immigrés, connaissance des langues officielles).

Des législations visent à la réduire, dont au niveau fédéral la Loi sur l'équité en emploi (1986), et au Québec les Programmes d'accès à l'égalité en emploi (1985) et la Loi 143 sur l'accès à l'égalité en emploi dans des organismes publics (2000).

16

On distingue encore la discrimination selon sa source. On parle de discrimination institutionnalisée lorsque des lois et mesures publiques excluent intentionnellement des personnes de la jouissance d'un droit que les autres se voient reconnaître.

Ce déni de droits ou libertés a, par exemple, existé de 1908 aux années 1960 quand des quotas très faibles étaient appliqués aux ressortissants de pays du Moyen-Orient ou en 1885 quand les immigrés chinois se virent imposer une taxe d'entrée au Canada. Enfin, on parle de discrimination voilée (Kunz, Milan et Schetagne, 2001), coutumière (Ledoyen, 1992) ou volontariste (Mc Andrew et Potvin, 1996) pour désigner des attitudes ou pratiques privées qui, à partir d'un critère illicite selon la loi, portent à exclure des personnes de sphères de la vie sociale quotidienne.

Ces pratiques présentent la caractéristique d'être difficile à prouver, peu documentées et non chiffrées, et aussi de rarement donner lieu à des plaintes. Mais leurs effets sont observables, comme la faible présence de membres de certains groupes ethnoculturels dans des zones d'habitat, dans des associations et clubs et dans les réseaux sociaux d'autres groupes (collègues, voisins, amis, intermariages). Dans le cas des personnes de confession musulmane, ces formes de discrimination peuvent être attestées dans des domaines et difficiles à confirmer dans d'autres ».15

« La discrimination peut être inscrite dans la loi d'un Etat, comme ce fut le cas en Afrique du Sud pendant l'apartheid. Mais le plus souvent, elle résulte de la non-application des lois protectrices des droits humains. Invoquant la tradition, l'efficacité économique ou encore la spécificité de certains groupes, nombre de populations et de gouvernements la tolèrent naturellement.

Le droit international retient trois critères dans la définition de la discrimination : un traitement défavorable, qui repose sur une base illégitime et dépourvue de justification objective. Pour qu'un acte constitue une discrimination, il doit se rapporter à un critère illégitime : appartenance ethnique, religion, origine nationale ou sociale, langue, apparence physique, ascendance, sexe, orientation sexuelle, âge ou handicap.

La discrimination peut prendre diverses formes à commencer par la privation de droits fondamentaux, comme la circulation, la nationalité ou encore la liberté d'expression, de religion ou d'orien-tation sexuelle...

15 Revue européenne des migrations internationales, vol. 20 - n°1 | 2004, p. 02 et 03.

17

Elle peut aussi générer des traitements inégaux et défavorables au niveau de l'emploi, du logement ou encore de l'accès à l'éducation et aux soins. Mais la discrimination peut aussi prendre des formes indirectes, servant ainsi de socle à la violation d'autres droits humains comme la privation des libertés, des traitements cruels et dégradants, des crimes contre l'humanité. Les femmes, les minorités sexuelles et les minorités ethniques restent les principales victimes de ces discriminations.

I-2-Formes de discriminations :

I-2-1-Distinction lorsque les contrôles de police visent systématiquement des jeunes hommes à la peau foncée.

I-2-2-Exclusion lorsque les Roms se voient refuser des documents d'identité.

I-2-3-Restriction lorsque la liberté de rassemblement est refusée aux homosexuels, lesbiennes, bisexuels ou transsexuels.

I-2-4-Préférence lorsque des logements sont attribués de préférence aux ressortissants d'un Etat.

I-2-5-Séparation lorsque des enfants roms sont systématiquement scolarisés dans des classes ou écoles séparées, sans tenir compte de leurs capacités ni de leurs besoins.

Refus d'équipements adéquats lorsque des bâtiments publics ne sont pas accessibles en chaise roulante ».16

I-3- Définition de la discrimination religieuse :

Les victimes de discrimination agissent la plupart du temps sur le fondement du droit pénal ou droit

du travail.

I-3-1-Selon le droit :

I-3-1-1- Par le droit pénal

La discrimination religieuse est une distinction opérée entre les personnes à raison de leur appartenance ou leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une religion déterminée.

16 https://www.amnesty.ch/fr/themes/discriminations/faits-chiffres-et-notions-de-base/definition-quest-ce-que-la-discrimination, consulté le : 23 /04/2019.

18

Cette discrimination peut être directe (c'est-à-dire fondée sur un critère interdit comme les opinions religieuses) ou indirecte (c'est-à-dire se présentant comme basée sur un critère neutre qui entraîne des effets défavorables à l'égard d'une certaine catégorie de personnes). Si la discrimination religieuse est retenue pour les distinctions fondées sur l'appartenance vraie ou supposée à une religion, l'article 225-1 du Code pénal ne s'applique pas aux différences de traitement fondées sur l'appartenance à des mouvements spirituels qui ne constituent pas de véritables religions (CA Paris, 25 mars 1996, pour "l'église" de Scientologie).

Pour que le délit de discrimination soit constitué, il faut démontrer des agissements interdits et l'intention discriminatoire de leur auteur.

En ce qui concerne la matérialité des faits, le droit pénal ne réprime que la discrimination intervenue dans 5 situations spécifiques :

- Refus de fourniture d'un bien ou de service.

- Entrave à l'exercice normal d'une activité économique

- Refus d'embauche, sanction, licenciement

- La subordination de la fourniture d'un bien ou d'un service à un critère discriminatoire

- Offre d'emploi, de stage, de formation en entreprise discriminatoire.

En ce qui concerne l'élément intentionnel, l'auteur des faits doit avoir agi dans une intention discriminatoire, en ayant conscience de se livrer à des agissements réprimés par la loi. Peu importe qu'il ait de l'animosité personnelle ou non à l'encontre de personnes d'une religion déterminée.

I-3-1-2- Par le Code du travail :

L'article L1132-1 interdit les pratiques discriminatoires dans les relations de travail.

L'article L1321-3 dispose en outre que le règlement intérieur ne peut comporter de dispositions lésant les salariés dans leur emploi et leur travail en raison de leurs opinions ou confessions. Toute disposition contraire ou toute acte contraire serait nul.

L'article L1121-1 rappelle que "nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché".

19

La liberté religieuse conférée au salarié ne peut donc nuire au fonctionnement normal de l'entreprise. Ainsi, sauf autorisation spéciale, le salarié ne peut prétendre justifier des absences ou des refus de travail par des exigences religieuses (voir ci-dessus).17

L'article 225-1 du Code pénal définit la discrimination comme une distinction entre plusieurs personnes. La discrimination religieuse consiste « en une différence de traitement entre les individus en raison de leurs convictions religieuses ou de leurs appartenances ou non appartenance vraie ou supposée à une religion ».

Constitue également un acte de discrimination religieuse toute distinction opérée entre les personnes physiques en raison de leurs origines, de leurs appartenances ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une religion déterminée (Code pénal Art.225- 1 & 1 ).18

I-4-La sociologie et la religion :

La sociologie s'est très tôt intéressée aux phénomènes religieux, notamment à travers les travaux d'Emile Durkheim et de max Webber. Au coeur de leurs études : la société moderne et les changements profonds engagés à l'égard de la religion. Emile Durkheim père fondateur de la sociologie, définit cette discipline comme « un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est à dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale appelé Eglise tous ceux qui adhérent ». 19

Les valeurs religieuses façonnent la vie sociale, et notamment l'attitude des hommes face au monde. Elles régissent aussi tous les aspects de la vie profane.

Les grandes religions qui s'adressent aux hommes ont une dimension séculière. Elles rappellent aux hommes sans cesse de l'existence de l'au-delà, et ne vise enfaite qu'à orienter dans un sens donné sa vie d'ici-bas. La religion est une voie qui guide, oriente, donne un sens à la vie, lui conférant une finalité appelée `salut, bonheur, nirvana'...

En lien avec cette fonction essentielle, toutes les religions doivent être appréhendés comme un ensemble de faits à travers de modalités de croyances et de pratiques.

17 https://www.murielle-cahen.com/publications/preligion.asp consulté le : 26/02/2019 à 13h44.

18 Fatima Ashouri, Le salarié Musulman en France : réalités et perspectives, Michalon, Paris, 2013, p.61 19Emile Durkheim, les formes élémentaires de la vie religieuse, 5eme édition, Paris PUF,2003.

Charles Y. Glock, en 1962, distinguait cinq dimensions de la religiosité : « une dimension basée sur l'expérience religieuse, une dimension ritualiste sur les pratiques et les actes, une dimension idéologique sur les croyances et les sentiments religieux, une dimension intellectuelle relative à la connaissance des textes sacrées, et enfin une dimension basée sur les conséquences dans les différents domaines de la vie (pratiques et croyances religieuses qui découlent de l'expérience) ».20

20

20C.Y Glock, On the story of Religieuse Commitement, Research supplement, Religiouse Education, 1962, in the sociologie des religions, Jean-Paul Willaime, Paris PUF (Coll. « Que sais- je ?»), 2004.

Chapitre II : Revue de littérature

21

Dans ce chapitre, nous allons tenter de mettre en lumière quelques études de recherche réalisée précédemment et qui sont en relation avec mon thème. Nous avons compté un nombre de travaux qui illustrent la discrimination en générale et religieuse en particulier.

Une étude publiée par l'Organisation internationale du travail et le défenseur des droits montre que les convictions religieuses ne sont pas un facteur de discrimination important.

Seulement 2,1 % de la population active auraient subi des discriminations en raison de leurs convictions religieuses au travail. C'est ce qui ressort du 10e baromètre du défenseur des droits et de l'Organisation internationale du travail (OIT), sur les discriminations dans l'emploi publié jeudi 23 mars.

L'étude montre que l'emploi reste le premier vecteur de discrimination. 34 % des personnes interrogées déclarent avoir été victimes de discrimination au cours de leur carrière ou dans leur recherche d'emploi. L'univers professionnel est loin devant les relations avec le voisinage (8 %), l'école ou l'université (8 %), les relations avec les services publics (7 %), les lieux de loisirs (6 %), les contrôles de police (6 %) ou la recherche de logement (5 %).

Pour Nathalie Bajos, directrice de la promotion de l'égalité et de l'accès aux droits du Défenseur des droits, le faible taux des discriminations liées aux convictions religieuses s'explique par le fait que « (l') on attribue aujourd'hui à l'origine des personnes des discriminations que l'on attribuait auparavant à la religion ». Une personne d'origine maghrébine étant par exemple systématiquement considérée comme musulmane.

Les hommes sont plus touchés par ces discriminations que les femmes. 2,4 % d'entre eux estiment en avoir été victimes, contre 1,7 % pour les femmes.

Les personnes les plus touchées pour leur appartenance à une religion sont « les musulmans et les personnes de confession juive » selon Nathalie Bajos.

22

Dans l'ensemble, en dehors du critère religieux, il ressort de l'étude que les femmes subissent plus de discriminations que les hommes. Elles sont plus nombreuses à déclarer des discriminations liées à l'âge, au sexe, à la maternité et au handicap ou à l'état de santé.21

Dans le plan international, Le Comité Arabo-Américain Anti-discrimination de Washington DC, a apporté que, dans le mois qui a suivi les attaques terroristes de 11 septembre 2001, il y'eut 270 incidents violents contre les Arabo-Américains, dont 5 meurtres (Bresleau, 2001). Le FBI a révélé que le nombre de crimes de haine contre les musulmans a augmenté de 28 en 2000 à 281 en 2001, soit une multiplication par 10 (Cité dans Humans Rights Watch, 2002).

Les violences contre les mosquées ont aussi augmenté de façon dramatique après le 11 Septembre. Ainsi :

? Quatre adolescents ont brulé un centre oecuménique à Oswego, New York.

? Une personne déclarant haïr les musulmans a lancé son pick-up contre une mosquée à Tallahassee, Floride.

? Des vandales se sont introduits dans une mosquée en construction à Milpitas, Californie, pour y inscrire des insultes.

Ø 13 ou 14 tirs d'armes ont été constatés au Centre Islamique de Irving.Texas (Cité dans Humans Rights Watch, 2002). Au 1er Octobre 2001, 60 mosquées avaient été attaquées (Van Biema, 2001).

Dans un sondage réalisé pour CNN/USA Today/Gallup quelques jours après le 11 septembre, les personnes interrogées été partagées quant à l'attribution d'une carte d'identité spéciale à tous les Arabes vivant aux Etats Unis, y compris les citoyens Américains (Cité dans Van biema, 2001).

La majorité des Américains soutenaient alors l'idée de dresser le profil des Arabes (même citoyens Américains) à un contrôle de sécurité particuliers avant leurs embarquements dans les avions, selon un sondage Gallup réalisé à la fin de Septembre 2001 (Wisby,2001).

21 Article sur : https://www.la-croix.com/Religion/Laicite/Peu-discriminations-travail-fait-convictions-religieuses-2017-03-23-1200834240, consulté le 04/03/2019.

23

Même en Aout 2002, la majorité des Américains sondés étaient d'accord pour dire qu'il y'avait aux Etas Unis trop d'immigrants en provenance des pays Arabes, en Mars de cette même année, 60 % étaient en faveur de la réduction de nombres d'arabes autorisés à entrer sur le territoire Américain (Gallup Organization, 2002).22

Etude de Marie Ann-Valfort, Discriminations religieuses à l'embauche :

Une étude du cabinet Montaigne publiée jeudi 8 octobre indique qu'un candidat perçu comme musulman pratiquant a deux fois moins de chances d'être convoqué en entretien qu'un catholique pratiquant, sur le marché du travail, mieux vaut paraître catholique, que musulman ou juif: une étude de l'Institut Montaigne publiée jeudi 8 octobre révèle de « fortes discriminations » à l'embauche liées à la religion, surtout envers les musulmans pratiquants.

Les chiffres sont éloquents: un candidat perçu comme musulman pratiquant a deux fois moins de chances d'être convoqué en entretien qu'un catholique pratiquant (10,4 % contre 20,8 %). L'écart est encore plus grand si l'on isole les hommes: 4,7 % contre 17,9 %, du simple au quadruple.

Ces discriminations frappent aussi les juifs pratiquants, mais moins. Leurs chances d'être convoqués sont inférieures de 24 % à celles des catholiques, un écart qui varie peu selon le sexe.

II-1-Méthode: candidatures fictives :

Pour cette étude, la chercheuse Marie-Anne Valfort a envoyé, entre septembre 2013 et septembre 2014, des candidatures fictives à 6 231 offres d'emploi de comptables, assistants et secrétaires comptables en métropole. Elle a ensuite comparé le taux de convocation des candidat(e)s.

La maîtresse de conférences à l'université Panthéon-Sorbonne a créé des profils identiques en tous points, à l'exception de la religion: des Français d'origine libanaise, nommés Haddad, nés à Beyrouth en 1988, arrivés en France au début du lycée en 2003, naturalisés en 2008 et titulaires d'un BTS comptabilité.

22 Mary Kite, Bernard Whitley, Psychologie des préjugés et de la discrimination, De Boeck Supérieur, 2013, p.11

24

Trois éléments suggèrent leur appartenance religieuse: leur prénom - Dov et Esther pour les juifs, Michel et Nathalie pour les catholiques, Mohammed et Samira pour les musulmans -, leur scolarité dans une école confessionnelle et leur engagement dans l'association de scoutisme de leur communauté.

Résultat sans appel: les musulmans « sont beaucoup plus discriminés » par rapport aux catholiques en France « que ne le sont les Afro-Américains par rapport aux Blancs aux États-Unis », compare l'étude.

Et selon son auteure, le testing, qui s'arrête avant l'entretien, « sous-estime probablement les discriminations: toutes les études montrent que la discrimination est présente à chaque étape du recrutement ».

II-2-Risque d'insubordination :

Pourquoi une telle discrimination des musulmans? L'islam souffre d'une « image dégradée en France », explique Marie-Anne Valfort à l'AFP.

« Des enquêtes montrent que les Français associent spontanément l'islam à l'extrémisme religieux et à l'oppression de la femme », poursuit-elle. « Ces deux stéréotypes vont alimenter une discrimination très forte, en particulier à l'égard des hommes musulmans. Le recruteur les perçoit comme un risque accru de pratique religieuse transgressive sur le lieu de travail et les associe à un risque d'insubordination. »

Pour étayer cette thèse, Marie-Anne Valfort a créé des profils « laïcs » mentionnant un engagement dans une association de scoutisme laïque. Elle a comparé leur taux de convocation avec celui des « pratiquants ».

L'impact est limité pour les candidats(e)s juifs, mais pas pour les hommes musulmans: en se montrant laïcs, ces derniers doublent leurs chances.

À l'inverse, les catholiques « perdent à s'afficher comme laïcs », surtout les hommes, dont les chances d'être convoqués sont presque divisées par deux.

« Il est probable que l'attachement des hommes au catholicisme soit perçu par les recruteurs comme un gage précieux de discipline », suggère l'étude.23

En 2004, une loi est introduite en France pour interdire aux élèves le port de tout signe religieux ostentatoire dans le cadre de l'école publique. Visant avant tout le foulard islamique, le projet, puis l'application de la loi ont suscité un vif débat sur le rapport de la société française à « sa minorité musulmane » (Benbassa, 2004), essentiellement des migrant(e)s du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne et leurs enfants nées sur le sol français - étant donc de nationalité française.

25

23 Marie Ann-Valfort, Discriminations religieuses à l'embauche : Une réalité, Institut Montaigne, Paris 2015,

Chapitre III : Méthodologie.

26

III-1-Terrain d'enquête et d'études :

Pour le choix de notre thème d'étude, nous avons pris contact avec quelques personnes et familles de confession musulmane soit dans la rue ou dans leurs foyers qui exposent les différentes situations qui paraissaient discriminante à leurs égards, soit dans leur vécu quotidien ou dans leur travail.

Notre choix s'est porté sur divers personnes musulmanes rencontrées dans différentes villes dans le but de diversifier les données recueillis sur le thème de la discrimination chacun(e) apporte un élément supplémentaire sur sujet très sensible.

Que ce soit des personnes individuelles ou une famille reconvertie ou pas, il nous a paru intéressant d»aller à la rencontre de ces gens qui ont accepté de se confier et de partager un peu de leur ressenti de tous les jours dans différents endroits les uns préfèrent garder l'anonymat les autres ne voient pas d'inconvénients.

Nous avons pu avoir un entretien d'environs 40 à 45 min par personne selon sa disponibilité vue que certains sont contraint à aller au travail et n'ont pas le temps pour les entretins nous avons pu nous adapter et trouver des solutions pour se rencontrer et procéder à l'interview.

Nous avons pu prendre des notes rapides de leurs réponses de chacun des événements vécus par les interviewés aussi variés soient-ils.

III-2-Méthodes d'enquête :

Pour réaliser une recherche, on doit utiliser une méthode bien déterminée. Dans le but de vérifier les hypothèses relatives à mon thème, pour pouvoir les vérifier et pouvoir confirmer ou infirmer ces dernières. J'ai utilisé une méthode et une technique adéquate pour rassembler les informations et mesurer le phénomène étudié.

Afin d'arriver à des résultats objectifs escomptés, les chercheurs imposent de suivre telle ou telle méthode ou des techniques adaptées aux questions de départ.

27

Préalablement à mon engagement sur le terrain, j'ai planifié l'usage de la méthode qualitative pour recueillir les informations nécessaires qui peuvent me permettre d'approfondir mon étude.

Cette étude passe par deux étapes de recherche, la première consiste à identifier les comportements discriminatoires vécu par des personnes de confession religieuse musulmane, avec quelle fréquence et leurs causes, tandis que la deuxième phase comporte l'analyse des données récoltées.

Raphael Desanti et Philippe cardon affirment que : « les enquêtes qualitatives permettent d'entrer plus longuement dans les logiques des conduites individuelles grâce aux techniques d'entretien ou aux méthodes de l'observation ethnologiques (...). L'intérêt des enquêtes qualitatives est de gagner en profondeur, de restituer les logiques des conduites et des discours de manière plus approfondie ».24

III-3-La technique :

Maurice Angers considère la technique comme :

« La technique représente un ensemble de procédés et d'instruments d'investigation utilisés méthodologiquement »25

Les techniques de recherche sont les outils qui permettent de recueillir des informations dans la réalité. Elles indiquent comment accéder aux informations de l'objet d'étude. Ces techniques représentent les principaux moyens d'investigation de la réalité sociale auprès de la population visée.

Dans la mesure où ma recherche s'articule autour de la discrimination religieuse et pour mieux déterminer les données des personnes questionnées ainsi que leurs attitudes et opinions, j'ai opté pour la technique de l'entretien.

Cette approche qualitative offre une liberté et facilite aux interlocuteurs de mieux s'exprimer afin de nous fournir plus d'informations, ce que le questionnaire et la méthode qualitative ne peuvent offrir.

Cet outil m'a permis d'accéder à un maximum d'authenticité des discours, selon Raymond Quivy : « L'entretien est une technique de collecte d'information orale, un événement de parole qui se produit dans une situation d'interaction sociale entre un enquêteur et un enquêté (sauf l'entretien collectif).

24 Raphael DESANTI, Phillipe CARDON, L'enquête qualitative en sociologie, Edition ASH, Paris 2007, p.p.46-47.

25 Angers Maurice, Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines, Edition Casbah, Alger, page 66.

28

C'est la raison pour laquelle il ne saurait être réduit à une simple démarche de prélèvement d'informations : le discours de l'acteur interrogé est prononcé in situ. Et de ce fait, la situation d'enquête conditionne à la fois la réalisation de l'entretien et l'interprétation du matériau recueilli »26. Ces raisons m'amènent à utiliser la technique d'entretien dans ma recherche afin de cerner et connaitre au mieux mon objet d'étude.

III-4-Le Guide d'entretien :

Le guide d'entretien est défini selon Alain Blanchet comme : « Un ensemble organisé de fonctions, d'opérateurs et d'indicateurs qui structurent l'activité d'écoute et d'intervention de l'interviewer. Le degré de formalisation du guide est fonction de l'objet d'étude (multi dimensionnalité), de l'usage de l'enquête (exploratoire) et du type d'analyse que l'on projette de faire

».27

L'approche qualitative s'est imposée comme étant la plus à même de nous aider à répondre à notre problématique. Car cette approche utilise une forme de recherche qui utilise des techniques spécialisées pour obtenir des réponses approfondies.

Elle s'appuie généralement sur des entretiens peu nombreux auprès des personnes généralement choisies pour leurs particularités.

Par ailleurs l'étude de ce programme d'action qu'est la discrimination religieuse et du vécue quotidien de ces personnes femmes ou hommes qui ne peut être visible à l'aide de questionnaires. Nous avons dans un premier temps jugé utile de rencontrer un échantillon de ces personnes en vue de recueillir leurs propos, les entendre dire leurs histoires personnelles, au-delà de la simple mesure de quelques critères, qui comme le souligne Jean-Claude Kaufmann, « fixe le cadre mais n'explique pas, alors que l'histoire des individus l'explique ». Mais d'une manière rapide à cause du temps l'un il doit travailler l'autre n'a pas le temps.

L'entretien est donc la principale méthode d'enquête que nous avions utilisée. Toutes fois il paraît très important de souligner les conditions de réalisation de ces entretiens. Très rapidement, nous avons été intéressés par le thème de discrimination religieuse (musulmane) tous secteurs confondus.

26 Raymon, Quivy et al, Manuel de recherche en sciences sociales, Edition Dunod, paris, 1995, p.184.

27 Alain Blanchet et al, (sous la direction de François de singly), l'enquête et ses méthodes d'entretiens, NATHAN, paris, 1992, p.61

29

Il a fallu s'adapter à la disponibilité des enquêtés et les rencontrer pour pouvoir obtenir des informations susceptibles de nous aider à élaborer ou à rédiger un travail scientifique. Ce fut difficile d'obtenir la confiance des individus et de les rencontrer à la fois à cause de l'emploi du temps de notre côté et du coté de l'enquêté.

Ci-dessus le tableau qui indique les personnes questionnées, leurs positions, ainsi que les lieux et la durée de l'entretien :

Tableau N° 01 : caractéristiques principales des enquêté(e)s :

Durée

Détails sur l'entretien

Infos sur l'interviewé

01

45 min

Lieu : Algrange

A1, femme au foyer,33 ans

02

48 min

Lieu : Thionville

A2, taxieur, 28 ans.

03

40 min

Lieu : Borny

A3 (Couples musulman)

04

42 min

Lieu : Metz

A4, 29 ans, études comptable

05

40 min

Lieu : Nancy

A5 42 ans, marié ADS

06

43 min

Lieu : Metz

A6, 28 ans, célibataire, salarié

Aperçu des entretiens réalisés :

La première personne interviewée est une femme sous le pseudonyme A1 qui après sa reconversion a changé de prénom, âgée de 33 ans, avec 03 enfants à sa charge seule.

Elle n'est pas mariée mais a été avant sa reconversion vivait en couple avec un homme dans les environs d'Algrange il y'avait 02 ans mais se sont séparées maintenant ; elle n'a jamais été assujettis à un problème discriminatoire avant qu'elle ne se reconvertisse, mais d'autres éléments seront rapportés durant notre entretien avec elle.

Ensuite nous avons interviewé A2 originaire de l'ile de la réunion, âgé de 28 ans et vit maintenant à Thionville, il travaille comme taxieur séparé de sa compagne avec 02 enfants à charge ; de confession musulmane depuis sa naissance.

30

Après nous avons rencontré un couple à Borny A3 la femme âgée de 34 ans et le marie de 41 ans, à la recherche de l'emploi avec un enfant à leurs charges, des éléments à propos de leur recherche de travail au quotidien seront rapportées durant notre conversation.

On a aussi rencontré une libanaise âgé de 29 ans qui a fait des études de comptable, elle est à la recherche d'un emploi et elle n'arrête pas de passer des entretiens d'embauche A4.

L'autre bénévole A5 est interviewé dans un café à Nancy un père de de deux enfants, français d'origine de Congo et il travaille dans la sécurité privée.

Et enfin, une autre connaissance A6 en congé venu passer quelques jours en France et vient de passage à Metz, de confession chrétienne du Maghreb, célibataire et salarié il va nous confier comment il pratique sa religion au quotidien et comment son entourage le prennent et acceptent-ils sa reconversion.

31

Deuxième Partie :

Analyse et interprétations des résultats

-Chapitre IV : La persistance de la discrimination entre ls individus basé sur la confession religieuse.

-Chapitre V : Domaines de la discrimination religieuse.

-Chapitre VI : Discrimination religieuse et effets sur les discriminés.

Chapitre IV : La persistance de la discrimination entre individus basé sur la confession religieuse.

32

Nous consacrons ce chapitre à l'analyse des données collectées, nous nous appuyons sur les résultats des entretiens dédiés aux. Nous allons donc, dans cette partie de notre travail, coordonner personnes de confessions religieuses musulmane et un cas chrétien et organiser les différentes informations récoltées par le biais des entretiens qu'on a pu réaliser avec un nombre de six (06) interviewés.

Durant la vie quotidienne, les personnes ayant des convictions religieuses peuvent être soumis à des cas de comportements d'exclusion vis-à-vis de la population avec une confession différente, personne n'est à l'abri de cette situation surtout dans ce monde actuel ou la politique a pu entrer dans la vie intime religieuse des gens.

Nos enquêtées nous ont apportés quelques réponses sur leurs vies de tous les jours comment l'entourage agis quand ils savent qu'une personne a une religion donnée, c'est le cas d'une certaine femme A1, mère célibataire, sans emploi reconvertie à la religion musulmane récemment, elle nous a révélé que les voisins n'ont pas toujours compris pourquoi elle a pu se reconvertir à une religion et ça se ressens par leurs discours et par leurs comportements :

« Euh...avant ma reconversion dans ma nouvelle religion découverte avec une amie, j'avais aucun problèmes avec mes voisins, notamment avec ma voisine d'en face une mamie qui était sympas avec

moi (un bref moment de silence) ; mais après qu'elle avait su que je m'étais mise à la religion
musulmane et que leur père était de même origine, ses réflexions avaient changés vis-à-vis de moi et de mes enfants... ils ou vous mangez du porc ?...comment vont les petits AKBAR » et franchement ces petites phrases me plaisent pas du tout....mais du tout.

Elle nous a dit aussi que les attitudes ont changées et qu'il y'a une certaine gêne :

« Euh ben, peut-être parce que j'avais plus les mêmes habitudes que j'avais avec elle avant et les mêmes sujets de conversation et le fait que quelques de mes habitudes ont changés comme la nourriture par exemple... cela la gênait »

(A1, femme au foyer, 33 ans, Algrange)

33

Le deuxième enquêté qui porte un nom musulman A2 avec des enfants, taxieur, nous rapporté qu'après que la police l'arrête à plusieurs reprises et lui demandent ses papiers, ils l'embarquent et le laissent en garde à vue après ils le relâchent sans vraiment lui dire les raisons valables :

« Mon histoire est que je me suis fait suivis et embarqué par la police plusieurs fois et le motif est bidon, et pourtant je suis clean je n'aime pas les embrouilles tout ça parce que je suis peut-être noir et mon nom est Karim et automatiquement musulman « nuisant » ?

Je ne sais pas, en tout cas c'est mon impression quand je suis embarqué, quand je leur dis pourquoi cette habitude à m'arrêter, ils me disent fouille de routine !» ;

Il ajoute : « Je ne sais pas exactement, peut-être qu'ils me confondent avec un autre mais ce n'est pas une seule fois c'est presque à chaque occasion, et ils vérifient mes papiers à chaque fois me garde quelques heures et me relâchent, je ne comprends pas ! » (A2 taxieur, 28 ans, Thionville).

Le troisième interviewé qui est une femme de 34 ans à la recherche d'emploi, mariée, avec des enfants (voilée), pour elle il est difficile de décrocher un emploi et le voile est mal vu par les employeurs :

« Je ne peux savoir car c'est une impression qui est enfouie à l'intérieure des personnes, mais ce que j'ai comme impression c'est le fait que dans la recherche d'un emploi c'est un peu gênant d'être voilée surtout dans une société ou les femmes sont civilisées, dans un entretien d'embauche pour intégrer un atelier de couture le gérant m'avait demandé carrément d'enlever le voile il y'a de ça trois mois environs ».

Elle nous a confiée aussi quelquefois elle se sentait différente à cause de regard de certaines personnes :

« En général rien de particuliers surtout quand c'est des personnes que je connais, peut être des fois je remarque des regards un peu ...comment dire ...euh...fuyants, un petit peu interrogatif je ne sais pas quel mot exact utiliser comme si je suis un peu je dis bien un peu différente ».

(A3, (Couple musulman), Borny)

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A4, âgée de 29 ans, comptable à la recherche d'un emploi, d'origine libanaise, pour elle a l'impression de ne pas être à la hauteur de ces collègues de confession différente, car elle a remarqué que ces collègues décrochent dans pas longtemps du travail, tandis qu'elle n'arrive pas encore et pourtant elle affirme que l'entretien s'est bien déroulé :

« Intimidante non ce que je trouve curieux cet dans ma recherche de l'emploi ça fait 08 mois que je cherche du travail sur le net et directement avec entretien d'embauche que sur le coup j'ai l'impression d'avoir bien répondu aux questionnements mais des réponses y'en a pas, alors que j'ai des amies non musulmanes ils ont bien commencé le travail deux semaines après leurs entretiens...je ne sais pas peut être que le problème vient de moi ! (Avec un air interrogatif) ».

Elle ajoute aussi qu'elle ressent du louche dans le processus de sélection quelque part « Avec mes relations tout est OK mais je sens un peu du louche pour décrocher un poste ». (A4, 29 ans, études comptable, Metz)

L'autre enquêté A5 marié deux avec enfants âgés de 42 ans mon origine est de Congo, travaille comme agent de sécurité privée.

L'enquêté nous a confié que son employeur ne veut pas le laisser se reposer le dimanche et laisser faire sa prière le vendredi et ne comprenait pas les raisons et pourtant c'est une liberté d'exercer sa religion :

« ...Mais je demande à mon employeur de ne pas travailler le dimanche mais de le faire le samedi et toute la semaine en raison de ma et je pars prier à la mosquée les Vendredis, mais il me donne du travail même ce jour toute la journée ce qui fait je suis obligé d'assurer mon gardiennage et laisser la prière pour la nuit ».

A cause de son travail qui lui prends tout son temps il n'a plus le temps de faire ses prières :

« Eh ben non, je m'habille à l'européenne et mes pratiques religieuses je ne les exprime pas face à l'autre, mes prières je les fais que chez moi ou les vendredis à la mosquée ».

(A5, 42 ans, marié ADS, Nancy)

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La dernière personne à être interviewé sur la question de discrimination est de confession chrétienne de 28 ans du Maghreb de passage en France,

Il nous a dit que contrairement aux pays laïcs les pays ou la religion est prioritaire ou intégrée dans la constitution il est très difficile d'exercer ses rituels religieux car la population le prend mal vu comme un mécréant :

« Vous savez ici la question de différence religieuse est pas la même car c'est un pays laïc, au Maghreb être d'une confession autre que musulmane est un peu vu d'une manière particulière ils me posent pourquoi ta choisie d'être chrétien si quelqu'un le découvre par exemple ».

Il affirme aussi que la liberté religieuse est absente dans l'environnement maghrébin, il faut s'intégrer au groupe et suivre la collectivité :

« Non, je ne les exprime difficilement pas comme mon séjour ici, déjà au Maghreb il y'a plus de mosquées que d'église, et franchement pratiquer ma religion est mal vu par mon entourage comme mes amis surtout s'ils sont différés de moi religieusement ».

L'absence des églises dans le village contrairement à la présence des mosquées et quelquefois il cache même son orientation religieuse pour certains :

« Il y'a pas d'église dans mon village par exemple et je pratique mes prières chez moi à l'abri des regards des autres certains de mes connaissances ne savent même pas que je suis chrétien ». Aussi il nous confie qu'il est gêné d'afficher son orientation dans une majorité musulmane :

« Contrairement à l'Europe être autre que musulman est très difficile, on vous voit

comme ...comment dire comme un mécréant comme quelqu'un qui ne suis pas le groupe qui n'est pas dans les normes et les mêmes valeurs, je suis très gêné de parler de ma religion chez moi soit au travail ou avec mes amis ». (A6, 28 ans, célibataire, salarié, Metz)

Il parait donc que notre hypothèse d'où la minorité musulmane est confronté quotidiennement à la discrimination à cause de leurs appartenance religieuse.

(Souvent indirect) dans tous les secteurs surtout au travail ou à l'embauche est vérifiée et confirme qu'il y'a encore la présence de discriminations basé sur l'orientation religieuse.

Chapitre V : Domaines de discriminations religieuse.

Les endroits ou peut surgir les discriminations sont nombreuses, personne n'est à labri de tels pratiques surtout quand il s'agit de minorités ou de libertés religieuses, pour notre première enquêtée A1 a évoqué que son voisinage tient des propos diffèrent et gênant depuis qu'ils ont su qu'elle a changée de religion elle affirme que la voisine qui est une grande mère qui l'agace :

« Ben ...non je suis mère au foyer je ne peux pas travailler je consacre la plupart de mon temps pour eux, à part mon voisinage qui parfois... », elle nous a dit aussi que son entourage a développé certains clichés énervant sur sa nouvelle confession, comme des commentaires sur la nourriture, elle l'affirme ainsi :

« Je n'ai pas subi de discrimination vis-à-vis de ma reconversion dans les lieux publics, hormis mon voisinage qui me lance des clichés parfois énervants à propos de la nourriture ou du ramadhan j'espère que tu n'y laisseras pas ta vie par exemple c'est tout et je n'apprécie pas ». (A1, femme au foyer, 33 ans, Algrange)

Le deuxième interviewé nous a confié qu'en général elle ne subit pas de discrimination sauf par les forces de l'ordre durant son trajet avec son véhicule, il ne sait pas pourquoi à chaque fois ils lui demandent ses papiers à chaque fois alors qu'il est en règle :

« J'étais en train de conduire tranquillement quant d'une seconde à l'autre j'ai vu une voiture de police avec ses trucks là de lumières bleues j'allais juste arriver chez ma belle-soeur ils m'ont embarqué devant sa maison et les deux autres fois aussi une fois dans un parc avec ma copine et l'autre seul et à chaque fois ils me demandent ma carte d'identité et après deux à trois heures en garde à vue ils me relâchent comme ça... (avec un air surpris) ». (A2, taxieur, 28 ans, Thionville).

Le vêtement et la façon de se vêtir peut-être un moyen de discrimination pour les hommes comme pour les femmes surtout le voile, qui souvent on demande à celles qui le porte de l'enlever, surtout pour un entretien d'embauche,

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A3 nous a révélé qu'on lui a demandé à ôter son voile pour le travail :

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« À part les employeurs qui me demandent que ce soit préférable d'enlever le voile pour des raisons de travaille et pourtant je ne vois pas en quoi c'est dérangeant mais bon...y'a aucune discrimination notable ».

(A3, (Couple musulman), Borny)

Quant à A4 à la recherche d'emploi, nous a confié que là où elle a l'impression qu'il y'a une sorte de « sélectivité » l'expression qu'elle a utilisée c'est dans le milieu de travail et plus exactement à l'entretien d'embauche, selon elle il y'a comme une incompréhension car il y avait longtemps qu'elle a pu passer son entretien en même temps que ses collègues , mais jusqu'à présent y'a pas de réponse et certains on eu un avis favorable dès les premières semaines, c'est comme si il y'a une liste de personnes à sélectionner selon l'origine établie d'avance :

« Euh..., victime de discrimination je n'irai pas à dire cela mais je trouve qu'en domaine professionnelle j'ai l'impression d'une cératine sélectivité est quand même présente, c'est comme s'il y'a une liste à respecter en fonction d'origine ou de couleur ou même de prénom, quand on s'appelle FATIMA évoque un peu l'orientation religieuse par rapport à quelqu'un qui s'appelle CHRISTINE par exemple, à mon avis c'a joué un peu ».

(A4, 29 ans, études comptable, Metz)

Un autre enquêté A5 salarié dans une société privée de sécurité nous a dit que dans son lieu de travail manque de compréhension vis-à-vis de ses pratiques religieuses car pour lui il est impossible de faire ses prières quotidiennes surtout les deux heures de vendredi et à ne pas travailler le dimanche et le remplacer par le samedi, car le patron ne lui accorde aucun accord :

« Ce que je trouve un peu étrange c'est que je demande à ne pas travailler le dimanche et le récupérer par exemple le samedi et aller prier à la mosquée le vendredi (ça ne dure même pas Cinque minutes) puis reprendre il y'a pas de réponse jusqu'à maintenant malgré plusieurs tentatives ».

Selon lui, les responsables de travail ne considèrent pas sa liberté de culte et sont pas compréhensifs car c'est difficile de tout cumuler dès son entrée à la maison :

« Non, c'est un peu dur avec mon boulot je dois tout cumuler pour rattraper la nuit quand je finis le travail, et je suis très fatigué quelquefois je laisse même tomber pour le lendemain, mon patron ne me comprends pas sur ce côté-là ».

(A5, 42 ans, marié ADS, Nancy)

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Le dernier interviewé qui est de confession Chrétienne maghrébin, A6 âgé de 28 ans, de passage en France pour un court séjour, pour lui que ce soit dans les lieux publiques ou au travail la question de manifester sa religion et sa confession est presque un tabou car la majorité étant musulmans et quitter cette dernière pour se reconvertir dans une autre est très mal vu et évoquer sa conversion durant les conversations c'est quasi impossible :

« Oui, je travaille comme en enseignant en sciences humaines, en générale elles sont bonnes car ce sont des amis mais quand le sujet de religion fait surface ou quand j'essaie de manifester ma confession chrétienne je sens un certain gène et pourtant il y'a une communauté chrétienne mais qui n'ose pas montrer et exprimer en liberté en termes de religion tout ça par ce que l'islam est majoritaire au Maghreb... ».A6 ne peut pas dire à n'importe qui qu'il a embrassé la religion chrétienne il y'a que ses amis les plus intimes qui ont pu accepter et voient sa reconversion comme normal, et les autres peuvent le considérer comme non croyant :

« Je n'affiche pas mon orientation religieuse, il y'a que des amis les plus intimes qui sont en courant ils sont en nombre de 5 environs, ce n'est pas facile de pratiquer sa religion dans une société ou les autres religions sont considérées comme non croyants tu es directement mal vu ». Il nous a dit qu'un maghrébin d'une autre confession que musulmane est mal vue, surtout les anciennes générations :

« ...les gens prennent du mauvais côté le fait d'être d'une autre religion que la leurs et d'autant plus un maghrébin chrétien c'est mal vu, ils commencent à commenter : ta vue le monsieur ou ta vue le mec il est chrétien ! comme si être comme tel est un crime ! »

Aussi, de peur de subir une discrimination le jeune homme préfère pratiquer ses rituels quotidiens chez lui par ce que y'a pas d'églises comme le sont les mosquées : « Mes rituels quotidiens je les pratique chez moi à l'abri des regards caché, en plus il y'a presque pas d'église et je préfère faire ça en cachette c'est une société un peu pas encore ouverte pour les autres religions, mais les jeunes générations sont très compréhensives ils s'en foutent eux ».

(A6, 28 ans, célibataire, salarié, Metz)

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De ces réponses, nous estimons que la présence de discrimination religieuse est présente surtout dans les lieux de travail et à l'embauche en se basant sur la confession religieuse avec des degrés plus au moins différents, l'hypothèse selon laquelle la discrimination religieuse est présente dans presque tous les secteurs de la société.

Est vérifiée.

Partie VI : discrimination religieuse et effets sur les discriminées.

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Être la cible de discrimination n'est toujours pas agréable cela provoque des émotions et des uns sentiments difficiles ou qu'elle soit exercée, au milieu professionnel, lieux publics ou même entre amis, cela donne un sentiment de différence et de ne pas être accepté et rejeté, pour A1 française reconvertie à l'islam ressent un sentiment énervant et pas agréable à cause de son entourage qui parfois elle a l'impression qu'elle fait l'objet de moqueries de la part de ces derniers ; elle dit :

« Vous savez...Boff...avoir à subir des réflexions clichées et des comportements presque moqueurs quand on sait que on est un peu diffèrent de son entourage (du moins religieusement) c'est pas toujours agréable, ça me met en colère et m'énerve normalement chacun est libre de ce qu'il fait de sa vie et de ses opinions tant que se na touche pas aux libertés des autres » ; elle nous raconte aussi que ses voisins ont changé de comportement car ils venaient et ne discutaient plus comme ils le faisaient avant, c'est comme si avant sa reconversion elle était une personne et après, c'est plus la même :

« Pour être franche .... Pas tellement, j'ai remarqué que mes voisins ne venaient pas aussi régulièrement qu'avant chez moi, peut être que c'est moi qui m'imagine des choses mais au moins j'ai remarqué un peu ça depuis que je me suis reconvertie, quand on se croisait avant on discutaient beaucoup plus près de la maison maintenant rien qu'un bonjour avec un geste de la main...c'est hallucinant quand même hein... ?! » ; quand elle sort elle évite le maximum d'évoquer les sujets en relation avec la religion car elle sent une sorte de changement d'atmosphère de discussion qui devient un peu gênante :

« ...j'évite d'aborder des sujets sur la religion car j'ai comme l'impression que l'atmosphère change un peu, quand je sors et avec des amies j'aime m'interagir avec les autres mais sans évoquer la religion ou la politique ».

Et en dernier lieu, l'enquêtée A1 nous a fait savoir que même si les gens n'aiment pas ses préférences et sa liberté elle reste libre et elle fera ce que sa tête lui dicte :

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« Alors là jamais je fais ce que mon libre arbitre me dit de faire je sors quand je veux et je vais à la rencontre des autres quand je veux et celui ou celle qui est gênée ...ben. Qu'il/elle reste à carreau, je suis libre et ma foi est individuelle ».

(A1, femme au foyer, 33 ans, Algrange)

Notre deuxième enquêté A2 nous a affirmé qu'il se sent humilié à chaque fois que la police l'interpelle à bord de sa voiture, malgré qu'il n'ait pas d'antécédents judiciaires :

« Quand j'ai été embarqué par la police je me suis senti comme humilié parce qu'ils ne m'ont pas donné de raisons valables juste une vérification de routine et pourtant je ne suis pas un dileur ou un truck comme ça ».

Il nous a dit aussi malgré qu'il soit accepté et entretien de bonnes relations avec ses amies et les gens mais il ne peut pas parler librement de sa religion il se sent gêné :

« Bien sûr m'sieur, je suis français d'origine de confession musulmane, je suis parfaitement intègre dans mes relations avec mes potes et même ceux que je ne connais pas, je me sens accepté mais il faut savoir que je n'affiche jamais mes convictions ou ma foi publiquement ».

(A2, taxieur, 28 ans, Thionville).

Une autre enquêté A3, 34 ans, mariée, partage avec nous qu'elle sent une sorte d'incompréhension quand ils lui demandent qu'il soit préférable d'ôter son voile dans la plupart des entretiens d'embauche ou des ateliers de travail, elle ressent une sorte de rejet :

« Je n'aime pas quand on mélange la façon de se vêtir avec le domaine professionnel si par exemple je mets des tissus qui dissimule mon corps et mon visage là j'aurai compris pour des questions de sécurité, mais mon voile couvre uniquement mes cheveux...donc je ne comprends pas pourquoi ils me demandaient de l'enlever de préférence, je me sens un peu presque rejetée à cause de mon voile ».

Mais en général, les relations qu'elle entretiens avec son entourage est assez bien, les mentalités ont changées quand même selon elle :

« Non y'a pas d'intimidations à mon égard jusqu'à maintenant je m'entends avec tout le monde quand j'y vais à Action par exemple j'entretiens de très bons rapports avec les caissières et les vendeuses pourtant d'une culture totalement opposée ;

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La société occidentale est une société qui n'est plus celle des années 70 ou 80, à mon avis la France a fini par accepter les différentes cultures » ; elle a ajoutée aussi :

« Non je me sens très à l'aise et n'a nullement besoin de rester chez moi à cause de ma différence au contraire je devrais essayer de montrer le meilleur de ma culture afin de nouer des liens de fraternité bien que la société soit un peu difficile et a un peu peur ». (A3 (Couple Musulman), Borny)

Pour A4, 29 ans à la recherche d'emploi se confie à nous qu'elle sent comme incomplète et différente des autres collègues, pour elle plusieurs tentatives d'entretiens d'embauche sont effectuées et avec sucées mais y'a pas de suite et pourtant un nombre de ces collègues ont pu décrocher un poste :

« Si je prends le cas de l'entretien d'embauche (qui se déroule en général bien) mais après il y'a rien, j'ai comme l'impression d'être pas comme les autres ou comme il y'a quelque chose qui me manque ou pas complète par rapport à mes collègues Français...mais bref faut pas perdre espoir il faut positiver ».

En ce qui concerne ses relations et son vécu avec son entourage elle nous a affirmée qu'elle n'a aucun problème de ce côté-là, car elle entretien d'excellents rapports avec les gens et n'est pas la cible de discrimination direct :

« Non je ne trouve aucune difficulté à lier des liens avec les autres, bien sûr il y'a des personnes avec qui le courant ça ne passe pas comme on dis : on ne peut pas plaire à tout le monde mais les relations sont bonnes » ; elle dit aussi :

« Je suis satisfaite de ma vie et mes liens avec les autres sont vraiment bien mon vécu n'est pas difficile » ;

Et ajoute :

« Vous savez j'ai beaucoup d'amis de différentes origines, donc le fait d'aller à la rencontre vers les étrangers ou les autres me cause aucun problème malgré ma différence et j'ai beaucoup d'amis de même confession aussi je tiens à le préciser ». (A4, 29 ans, études comptable, Metz)

Un autre enquêté nous a rapporté aussi que durant son travail il sent une sorte de rejet de sa religion cela en lui refusant d'avoir le vendredi comme jour de repos et de le récupérer un autre jour et aussi pratiquer ses rites quotidiens parce que son employeur ne répond pas à sa demande, pour lui c'est comme si on lui dit tu te débrouille avec tes pratiques religieuses :

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« J'ai une drôle impression dans mon travail c'est comme si mes pratiques religieuses sont pas les bienvenues ou quelque chose comme ça...c'est comme si on me dit indirectement `débrouille toi avec ta religion' » ; cependant notre enquêté ne comprends pas pourquoi la police l'interpelle à chaque fois et le relâche après sans lui donner de raisons valables.

En ce qui concerne ses relations avec son entourage, elle parait assez bien comme il l'a mentionné :

« J'ai aucune difficulté à lier des relations avec les autres et mon entourage, mes voisins et mes amis même athées je m'entends bien avec eux » ; il affirme que la vie a changée maintenant, les gens ne se préoccupe pas trop des gens les mentalités ont changées :

« Vous voulez dire fuir les autres c'est ça ? non, je fais comme bon me semble malgré ma différence, et cette question je crois que ça ne pose même pas car la question d'islam ou religion tout est accepté maintenant c'est connu maintenant ou presque les gens sont préoccupés par autres chose comment faire entrer de l'argent et tout ça en général ...à mon avis », il dit aussi :

« Oui, je suis totalement en très bonne relation avec les autres, les gens sont bien avec moi et m'acceptent malgré la différence religieuse, il faut aussi savoir être ouvert et montrer le meilleur de soi-même ».

(A5, 42 ans, marié ADS, Nancy)

Tandis que le dernier interviewé chrétien maghrébin A6, 28 ans, célibataire, nous a apporté que la vie d'un non musulman dans une société islamique est difficile et ne peut pas pratiquer librement ses pratiques religieuses sereinement :

« La communauté chrétienne même les autres confessions ont une vie religieuse difficile et n'ont pas l'avantage d'exercer leurs rituels quotidiens d'une façon libre, je ne me sens pas très à l'aise quand il s'agit de religion dans mon pays ».

Quand il s'agit de parler ou d'évoquer la religion entre amis ou voisins il y'a un certain malaise dans le groupe comme si évoquer sa confession relève du tabou :

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« Euh...comment dire...quand on est dans une sphère festive ou entre amis loin de sujets religieux je me sens très bien, on discute, parle, papote, mais dès qu'il s'agit de préférence religieuse là, je sens un certain malaise dans le groupe, c'est comme si je suis quelqu'un de diffèrent ou un alien, ou je ne sais pas... ».

Mais ce qui est de ses relations quotidiennes avec les autres sont aussi bonnes et n'a aucun incident a signalé :

« Non je ne trouve pas de difficultés à lier des liens avec mon entourage je ne parle pas sur ma préférence religieuse c'est personnel et en plus les gens ne sont pas prêts à ça » ; il ajoute aussi :

« Non je ne suis pas victime d'intimidations et mon vécu quotidien est tout à fait normal il y'a aucun problème mais je veux insister sur le fait que ce sont les générations anciennes (vieux) qui ne sont pas compréhensifs mais la nouvelle génération est plus ouverte, vous savez les réseaux sociaux et compagnie... » et aussi : « Pour pratiquer mes rituels je reste chez moi, pour aller rencontrer autrui ou des choses comme ça, je ne trouve aucun problème mes relations sont bonnes ».

(A6, 28 ans, célibataire, salarié, Metz)

Après avoir écouté ces réponses, il parait que la vie quotidienne des religieux se passe plus au moins sans problèmes et ne sont pas sujets à des discriminations direct qui peut rendre leurs vécue difficiles, l'hypothèse selon laquelle la discrimination a un impact négatif sur la vie quotidienne des discriminés est vérifiée.

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CONCLUSION

Il est clair qu'on ne pourrait jamais éradiquer définitivement et changer les mentalités et même connaitre les raisons qui fait qu'une personne puisse discriminer son prochain au sein de la société. Mais il est aussi vrai qu'on pourrait au moins réduire cette inégalité qui est elle-même un dysfonctionnement de la société elles représentent une construction sociale. Les différents ouvrages choisis dans le cadre de notre recherche, et les enquêtes effectuées montrent à suffisance que la question de la discrimination religieuse et son influence sur les membres d'une société quel que soit le lieu (publique, université, travail, à l'embauche...) et ainsi la cohésion sociale qui suppose la lutte contre ce fléau, s'interpénètrent.

Cette recherche nous a permis de comprendre et de découvrir la présence des discriminations basées sur la confession religieuse même en se référant au nom ou à un prénom de quelqu'un ou simplement par son vêtement ; chacun de l'interviewé nous a fait part que d'un moment à un autre dans leurs vécus il y'a une sorte de discrimination à leurs égards, parce qu'il s'appelle tel ou simplement parce que les autres ont appris que leur voisin a changé de religion.

De notre étude, il parait clair que la discrimination religieuse est présente dans différents secteurs de la société jusqu'au lieu de travail ou un entretien d'embauche, durant les entretiens nos enquêtés nous a signalées qu'ils ont senti une sorte de malaise et de gène vis à vis des personnes religieuse, l'une dans son voisinage quand ils ont su qu'elle s'est reconvertie du coup, ils lui font des remarques et des commentaires gênants, l'autre nous a affirmé qu'a plusieurs reprises dans son véhicule il a été l'objet des arrestations arbitraires par les forces de l'ordre et lui demandent son identité et il comprends pas pourquoi, de même durant les entretiens d'embauche la discrimination ou sélections sont aussi très présent notre enquêtée voilée dis qu'on lui a déjà dit qu'il serait préférable d'enlever son voile si elle veut augmenter ses chances d'être recrutée; une autre interviewé aussi nous a fait savoir qu'elle a pas pu obtenir son job malgré avoir fait un bon entretien, et pourtant certains de ces collègues non musulmans commencent à travailler une semaine après ;

Un autre jeune homme qui travaille dans la sécurité nous a dit aussi que le patron ne désirait pas le laisser aller prier surtout les vendredis il ne comprenait pas ce refus ; et enfin un chrétien d'origine maghrébine nous a rapporté que pratiquer son culte est très difficile vraiment difficile surtout dans la majorité de la population est musulmane, selon lui il est obligé de se cacher pour faire ses rituels quotidiens.






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