2.2.2.2. Le traitement proprement dit
Il comprend les opérations de création de la
bande composite, du rehaussement, de l'extraction des linéaments et de
la validation des linéaments.
v
16
Création de la bande composite
Cette opération consiste à utiliser trois bandes
(canaux) du capteur pour effectuer une synthèse chromatique,
par addition des trois couleurs correspondant aux bandes. Ces
dernières sont choisies par l'utilisateur en fonction de l'objectif
encouru (Richards, 1986, cité dans Bonn, 1994).
On distingue principalement deux manières de constituer la
bande composite.
· La composition colorée en couleurs
naturelles : elle consiste à l'utilisation des bandes
correspondant aux trois couleurs primaires, c'est-à-dire le rouge, le
vert et le bleu (dont les bandes sont respectivement B4, B3 et B2 pour le
capteur OLI). Le résultat est une image affichée avec des
couleurs dites naturelles, correspondant à celles avec
lesquelles l'oeil humain perçoit les objets.
· La composition colorée en fausses
couleurs : se dit lorsqu'au moins l'une des couleurs primaires n'est
pas utilisée, en considération d'une autre couleur (non
primaire). Ce genre de composition colorée se fait dans un but bien
spécifique.
Pour une meilleure étude des linéaments, nous
avons opté pour les bandes B7-B6-B2 car elles mettent en évidence
les ombrages, définissant la topographie et les réseaux
hydrographiques souvent dus aux structures géologiques.
v Rehaussement
Cette opération est nécessaire dans l'analyse et
l'interprétation visuelles des images du fait qu'elle permet
d'améliorer leur lisibilité en renforçant certains aspects
spécifiques. Cela peut inclure l'ajustement du contraste, le filtrage
spatial, etc. (CCT, 2019).
Dans ce travail, deux opérations ont été
principalement effectuées pour le rehaussement : la création des
néo-canaux ainsi que les filtrages.
· Analyse en composantes principales
Les données fournies par les différents canaux
du capteur contiennent souvent des similitudes. La technique d'analyse en
composantes principales permet de décorréler ces
différentes informations (Ouahabi, 2012), en les combinant
et créer ainsi des néo-canaux (Pumain, 1991). Ces
derniers peuvent contenir jusqu'à 97% de l'ensemble des données
initiales (Deslandes, 1989, cité dans Lacina, 1996).
Cette technique est appropriée pour le rehaussement
d'une image multispectrale destinée à une analyse
géologique (Biémi et al, 1991, cités
dans Lacina, 1996).
17
Dans ce travail, la génération des composantes
principales (CP) a été faite par le logiciel ENVI 5.3. Ainsi nous
sommes passés des neuf bandes initiales à trois bandes contenant
la quasi-totalité d'informations.
· Filtrages
Le bruit dans une image est défini comme l'ensemble des
données inutiles empêchant sa bonne lisibilité. Le filtrage
est une méthode qui permet d'éliminer le bruit. Les
géologues s'intéressent à la différentiation de
texture dans les images, comme les contours de zones relativement
homogènes qui peuvent constituer une indication de la présence de
cassures. Le rehaussement des linéaments consiste à
déceler les zones de fortes transitions de réflectance sur la
cible ainsi que les hautes fréquences spatiales qui leur s'en suivent
dans la plupart des cas (Lacina, 1996).
Grace au filtre directionnel de Sobel du logiciel
ENVI 5.3 nous avons appliqué un filtrage par convolution.
§ La convolution
La convolution est l'opération qui permet l'application
des filtres sur une image. Ces filtres sont dits, masques (filtres) de
convolution (Rey, 2015).
Nous avons vu que les images numériques sont
constituées de pixels arrangés sous-forme
d'éléments d'une matrice (Bergounioux, 2015). Filtrer
une image revient à parcourir tous ses pixels un par un, afin d'en
déterminer leurs nouvelles valeurs respectives de niveau de gris. Ces
valeurs dépendent bien évidemment du masque de convolution
utilisé, mais aussi des valeurs de niveaux de gris des pixels voisins
à celui dont on cherche la nouvelle valeur. (Moore & Frederic,
cités dans Yang'tshi et al., 2018).
Figure 10. Application d'une convolution sur une image
(Barrault, 2015)
Dans notre travail, les différents masques de
convolution appliqués sont sous-forme matricielle, et sont dits
matrices de convolution. Ces dernières peuvent être
utilisées pour le floutage, l'amélioration de la netteté
de l'image, le gaufrage, la détection des contours, etc. (Lacina,
1996). Les caractéristiques spécifiques d'un
18
filtre dépendent des valeurs des coefficients
assignées à la matrice de convolution (Caloz et Collet,
2001).et de la dimension de cette dernière (Lacina,
1996)
Comme on peut le remarquer sur la figure 10, « le niveau
de gris de chaque pixel à l'intérieur de la fenêtre mobile
sur l'image est multiplié par la valeur correspondante de la matrice de
convolution. La valeur finale attribuée au pixel central
représente la somme de ces produit divisée par le nombre
d'éléments de la fenêtre. L'image résultante (dite
convoluée) provient de la convolution de la fenêtre sur l'image
entière » (Yang'tshi et al., 2018).
Il est nécessaire de procéder à plusieurs
filtrages suivant plusieurs directions pour prendre en compte le plus de
linéaments possibles. Pour ce travail, les directions pour lesquelles
les filtrages ont été appliqués sont par rapport au Nord,
celles de 0° (N-S), 45° (N.E-S.W), 90°(E-W) et 135°
(S.E-N.W). Le tableau 3 contient les différents noyaux utilisés
:
Tableau 3. Matrices de convolution utilisées
Noyau directionnel 3x3 pour 0°
|
Noyau directionnel 3x3 pour 45°
|
-1.0000
|
0.0000
|
1.0000
|
-1.41420
|
-0.70710
|
0.00000
|
-1.0000
|
0.0000
|
1.0000
|
-0.70710
|
0.00000
|
0.70710
|
-1.0000
|
0.0000
|
1.0000
|
0.00000
|
0.70710
|
1.14142
|
Noyau directionnel 3x3 pour 90°
|
Noyau directionnel 3x3 pour 135°
|
-1.0000
|
-1.0000
|
-1.0000
|
0.00000
|
-0.70710
|
-1.41420
|
0.0000
|
0.0000
|
0.0000
|
0.70710
|
0.00000
|
-0.70710
|
1.0000
|
1.0000
|
1.0000
|
1.14142
|
0.70710
|
0.00000
|
L'avantage d'utiliser les filtres directionnels est que ces
derniers créent un effet optique d'ombre qui facilite l'identification
des linéaments (Marion, 1987, cité dans Lacina, 1996),
mais aussi ces filtres permettent d'améliorer la perception des
linéaments qui ne sont pas bien éclairés par la source
d'éclairement (Drury, 1986, cité dans Lacina, 1996).
v Extraction des linéaments
Pour une meilleure visibilité des linéaments
après leur rehaussement par les
diverses méthodes que nous avons
énumérées dans les points précédents, il
faut passer à leur extraction. On distingue deux modes d'extraction des
linéaments : l'extraction visuelle et l'extraction automatique.
·
19
La méthode visuelle : Après le
rehaussent des linéaments, pour rendre ces derniers beaucoup plus
visibles, on procède à leur traçage par la main
ou à l'aide d'un logiciel de dessin.
· La méthode automatique :
plutôt que d'utiliser des méthodes manuelles, des
logiciels appropriés procèdent à l'extraction des
linéaments de façon automatique. C'est la méthode
qui a été utilisée dans le cadre de ce travail.
Nous avons utilisé le logiciel PCI Geomatics, via son
module LINE. L'extraction des linéaments s'est faite dans un premier
temps sur chacune des images filtrées selon les différentes
directions, et ensuite, sur une carte (image) sur laquelle tous les
linéaments extraits ont été représentés.
v Validation des linéaments
L'un des inconvénients de l'extraction automatique des
linéaments est la non distinction par les logiciels des
linéaments dont la présence en un lieu a une cause
géologique et ceux (qu'on pourrait qualifier de « faux
linéaments ») qui sont identifiés par les logiciels de
traitement en tant que linéaments mais qui en réalité
n'ont rien à voir avec la géologie. Cette deuxième
catégorie des linéaments pourrait avoir une cause d'origine
humaine telle que les routes, la limite des cultures, etc.
Le présent travail consistant à l'identification
exclusive des linéaments géologiques, la validation des
linéaments est un moyen approprié de les distinguer des
linéaments d'origine humaine. Cette validation consiste à
combiner les résultats obtenus après l'extraction automatique
à des modèles qui sont en principe des données
géoscientifiques existantes (géophysiques, géochimiques,
géologiques, hydrogéologiques, topographiques).
Suite à une insuffisance des données
géoscientifiques relatives au territoire de MASISI, dans le cadre de la
validation des linéaments, nous nous sommes limités à la
confrontation des linéaments d'après les modèles
hydrographiques, hydrologiques et topographiques.
3. Résultats et discussions 3.1. Corrections
radiométriques
Sur la figure 11, le résultat des corrections
radiométriques :
a b
Figure 11. Corrections radiométriques. (a) Image non
corrigée. (b) Résultat des corrections
radiométriques.
3.2. Création de la bande composite
Grâce à l'algorithme « Layer Stacking
» du logiciel ENVI 5.3, nous avons regroupé différentes
bandes pour ne former qu'une seule image. Ainsi on a obtenu une composition
colorée en couleurs naturelles (figure 12) et une composition
composée en fausses couleurs (figure 13).
Figure 12. Bande composite en couleurs naturelles
(B4-B3-B2)
20
21
Figure 13. Bande composite en fausses couleurs
(B7-B6-B2)
|