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La presse écrite camerounaise à  l'épreuve de la convergence numérique


par Ingrid Ngounou
Université de Yaoundé II - Ecole supérieure des sciences et techniques de l'information et de la communication 2004
  

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Section 2 : La cyberécriture et le cyberjournalisme

I. La cyberécriture

Depuis que l'auteur de science fiction William Gibson a inventé le terme cyberespace, le préfixe cyber est utilisé abondamment. Selon Gibson, ce terme désigne

« L'information qui circule sur les réseaux informatiques dotant tout ce qui y transite d'une forme inquiétante de quasi - vie comme si les réseaux étaient le support d'un nouvel univers virtuel en voie de devenir autonome par rapport au monde réel 28(*)» ;

C'est-à-dire que le cyberespace est en passe de devenir un monde indépendant par rapport au monde réel.

La différence de fond entre les modes d'écriture des journaux imprimé et électronique, c'est que l'information (textes, sons et images) en s'automatisant grâce à la numérisation peut être restructurée par l'utilisateur. L'information peut ainsi être recombinée de manière informatique en fonction des choix du lecteur. Cependant, l'essentiel du métier de journaliste ne change pas avec Internet bien que la cyberécriture ait quelques particularités du fait de la structure d'un journal en ligne.

1. Particularités du journal en ligne

a) L'interactivité

L'interactivité entre le journaliste et son lecteur n'est pas née avec Internet puisque, depuis l'invention du courrier des lecteurs, émetteurs et récepteurs dialoguent. Mais Internet donne une ampleur nouvelle à l'interactivité, transforme les rapports entre le journaliste et son lecteur. Grâce au courrier électronique, le lecteur peut réagir sur un article, demander des précisions à son auteur. Sur Internet, le lecteur, à travers les mails, les fora ou les newsgroups, peut réagir instantanément à un article et grâce à la chat, il peut discuter avec l'auteur de l'article ou d'autres journalistes de la rédaction. «La révolution, c'est que le récepteur devient à son tour émetteur et ceci avec le même outil qui lui sert à recevoir les informations29(*) ». Par-là même, la fonction communautaire du journal (et la fidélité pour la publication) se renforce, comme en témoigne la multiplication des fora de discussions sur les sites web des journaux.

b) Le multimédia

Le journal en ligne peut combiner sons, textes, images et vidéos mais à cause du temps de chargement important qu'il implique, le multimédia est très peu utilisé dans les pages des journaux. Le multimédia aide surtout à triompher des handicaps que l'on avait cru insurmontables. Grâce à l'hypertexte, le texte écrit est libéré de sa linéarité.

c) Volume et profondeur

Le journal imprimé est limité dans l'espace. La radio et la télévision sont limitées par le temps. L'Internet ne connaît aucune de ces deux limites. Grâce à sa structure arborescente, le journaliste peut rajouter les informations à toute heure, adjoindre de nouvelles informations sur les anciennes en les rendant lisibles grâce aux hyperliens. Il est alors facile de multiplier les niveaux de traitement d'une information. La segmentation des niveaux de lecture est infiniment ouverte.

d) La personnalisation de l'information

La force presque paradoxale de l'Internet est de s'adresser au plus grand nombre mais aussi de pouvoir retenir l'attention du public ciblé pour lui offrir une information spécifique et personnalisée. Internet marque l'avènement du « one to one », cette pratique venue du marketing direct et qui, pour les éditeurs de presse, consiste à livrer en ligne, une édition unique pour chaque lecteur, en fonction de ses besoins. On fait appel aux cookies pour cette méthode. Les cookies sont des petits fichiers que les sites écrivent directement sur le disque dur de l'utilisateur. Ils peuvent permettre d'attribuer un code particulier à chaque utilisateur, alors référencé dans la base de données du site Web. Le type d'informations collectées concerne les activités de l'utilisateur quand celui-ci est connecté: l'ouverture de session, les préférences, le dernier site visité... Conçus à l'origine pour la reconnaissance des visiteurs revenant fréquemment sur un site, leur fonction principale est aujourd'hui de saisir les caractéristiques principales de l'utilisateur pour adapter le contenu (et notamment la publicité) d'un site Web à ses attentes.

2. L'hypertexte

a) Définition

Selon le Larousse 2003, le mot « hyper » a une origine grecque et signifie « au - dessus ». Un hyperespace est un espace à plusieurs dimensions et un « hypertexte » vise ce qui est au dessus du texte. C'est un mode non linéaire d'écriture. « Un lien hypertexte permet d'atteindre les différentes occurrences d'un mot à l'intérieur d'un texte donné 30(*)» c'est-à-dire de retrouver tout ce qui peut composer une information donnée. L'idée de l'hypertexte trouve son origine dans les travaux du mathématicien américain Vanevar Bush qui en 1945, conçoit Mérimex (système de gestion et d'accès aux connaissances). Il stocke des livres et documents sur bande magnétique et met au point une méthode d'indexation qui repose sur l'utilisation des liens entre informations. En 1965, Ted Nelson conçoit le projet Xanadu (bibliothèque universelle à l'intérieur de laquelle il serait possible de circuler en utilisant les liens hypertextes). Il fût le premier à utiliser le mot hypertexte.

Le principe est le suivant : Vous cliquez sur une lettre, un mot ou une expression et ça vous renvoie vers une autre page dans votre site ou ailleurs. La signalétique utilisée pour le renvoi peut être le soulignement, le gras, les couleurs et les icônes.

b) L'hyperécriture

Les liens qui unissent les pages d'un même site, documents autonomes dotés d'une Url propre sont matérialisés par les hypertextes, formes spécifiques de la communication multimédia, formes signifiantes de la nouvelle médiation proposée par la presse en ligne et du rôle conféré à l'internaute.

Les liens hypertextuels obéissent à une conception particulière qui dérive de l'hyperécriture. Selon Jakob Nielsen, il y'a trois règles à l'hyperécriture31(*).

§ Etre concis : une page idéale devrait contenir entre 500 et 4000 signes.

§ Ecrire pour la « scannabilité » : Les polices de titres devront être de tailles supérieures à celles utilisées pour le texte. De préférence gras et couleur.

§ phrases : 15 mots. Chiffre qui renvoie à l'empan amnésique (capacité moyenne de rétention immédiate de l'information par un être humain).

Le texte, à l'écran, est différent du texte papier. La luminosité et le scintillement de l'écran provoquent la fatigue et peuvent gêner la lecture. En plus à l'écran, on a une vue partielle du texte. En 1998, l'ingénieur Jakob Nielson a jeté les bases de l'écriture Web par des études sur le comportement des internautes : ces derniers liraient 25 % plus lentement à l'écran cathodique et 79 % d'entre eux balayeraient les textes. Il explique que comme le lecteur de la presse écrite, le lecteur le la presse en ligne va généralement commencer par survoler la page et après, il lira attentivement ce qui l'intéresse32(*).

II. Le cyberjournalisme

Dans le monde de la presse en ligne, la fonction journalistique perd ses repères traditionnels. Il est préférable pour les journalistes d'offrir au lecteur un contenu enrichi grâce aux ressources qu'offre le support Internet. De l'article,  le journaliste doit passer au traitement multimédia du sujet et surtout, le journaliste perd le monopole qu'il détenait sur l'accès aux sources d'information et en conséquence le monopole de leur diffusion. En considérant Internet comme un média particulier et la cyberécriture comme un style lié au média, il y a lieu de s'interroger sur le cyberjournalisme.

1. Contexte actuel

a) Perte du monopole de l'information

C'est la conséquence directe du world wide web. La toile fournit des données provenant de diverses origines et cela remet en cause l'une des missions fondamentales du journalisme : Informer. En premier lieu, il perd son monopole d'accès aux sources d'informations car tout le monde peut rechercher des informations sur le net. En second lieu, la diffusion de l'information peut désormais se faire sans la courroie de transmission que sont les journalistes: n'importe qui est en droit de mettre en ligne un site se proclamant informatif.

b) Perte du monopole de diffusion

A cette démonopolisation de l'accès aux sources s'ajoute la perte du monopole de diffusion. Quiconque peut s'autoproclamer cyberjournaliste. De plus, grâce au faible coût que suppose la création d'un site web, la plupart des acteurs de la vie sociale peuvent désormais diffuser et échanger directement leur information originale sans nécessairement passer par le filtre des journalistes. La situation se complique davantage dans les pays comme le Cameroun où la profession est en manque de repères. Qui est journaliste au Cameroun ? En l'absence d'une réponse satisfaisante à cette question, il est difficile de définir le cyberjournaliste.

c) Perte de crédibilité

La surabondance de l'information et l'absence de contrôle font de la toile une sorte de boîte de pandore. On y retrouve en effet, un très grand nombre de propagandes, bruits de couloirs et informations non vérifiées. L'un des exemples patents de cette perte de crédibilité est le syndrome de Salinger33(*). L'autre danger réside dans la falsification des documents. Ceci est facilité par les possibilités technologiques liées à la numérisation. La question de la crédibilité renvoie fondamentalement à la maîtrise des techniques journalistiques à savoir recouper et vérifier les informations avant leur diffusion.

2. Cyberjournaliste : profession à part entière

Dans un contexte de surabondance de l'information, de démonopolisation de l'information et de sa diffusion, le journaliste est interpellé. Cette nouvelle profession nécessite quelques connaissances et compétences.

a) Maîtrise de la déontologie

Distinguer le bon du mauvais, le vrai du faux, l'intoxication de l'information est une tâche très difficile et c'est ce à quoi s'occupe le cyberjournaliste. Ainsi, la valeur ajoutée que le journaliste apporte aux informations est précieuse.

De nombreux moteurs de recherche, sur la base des données introduites par l'internaute donnent des informations aménagées. Mais tout y est mêlé et il appartient à celui qui cherche les informations de trier. L'éthique et la déontologie sont plus que jamais de mise dans ce contexte.

Face à la concurrence de plus en plus forte de ces nouveaux acteurs, la difficulté pour les entreprises de presse en ligne est double. D'une part, il est bien souvent difficile de déterminer sur l'Internet quel est le statut de l'information que l'on consulte : s'agit-il d'une information presse, d'un publi-reportage, d'un contenu produit par une agence de communication ou par des journalistes amateurs ? D'autre part, la distinction en terme de « qualité » entre les informations est de plus en plus difficile à établir. Ce double processus de brouillage qui concerne l'origine et la nature des informations diffusées sur l'Internet représente à n'en pas douter le grand défi que les entreprises de presse en ligne ont à relever.

Les informations en ligne que diffuse CT sur son site viennent des sites incontestables et le choix ne s'est pas fait par hasard. Comme l'a précisé l'administrateur du site dans un entretien, CT a tenu compte de la crédibilité. Les partenaires de cette information en continu sont l'agence française de presse, Reuters ou encore Rfi (radio France internationale).

b) Cyberécriture

Le cyberjournaliste doit maîtriser cette forme nouvelle d'écriture qui tient compte des limites du support et de la structure arborescente du contenu. Il doit arriver à exploiter intelligemment les atouts qu'offre Internet pour arriver à donner une information claire, vivante et complète. Le problème de l'écriture sur le Net ne se pose pas encore pour les journaux en ligne camerounais parce que c'est la reprise des versions imprimées. C'est davantage les journalistes des webzines qui font des efforts de maîtrise de ces particularismes liées à Internet. Ce qui est prévu à court terme à CT par exemple, c'est le rewriting des articles pour les rendre plus adaptés au support. Le webmaster de CT contrairement à celui de Mutations peut changer la formulation des titres pour les rendre accrocheurs sur le Net.

c) Formation

Considérant la situation des deux journaux de notre corpus, on constate que le principal artisan des versions en ligne est le webmaster appelé aussi administrateur de site car c'est lui qui gère entièrement le contenu du site. Dans les deux cas, les webmasters sont des informaticiens qui ont fait une formation adaptée ; l'école du Html. C'est la base de la formation d'un webmaster. Ils apprennent ainsi à créer des hypertextes, à monter des pages, à activer ou désactiver des balises... comme nous l'avons dit plus haut, c'est davantage dans les webzines que les journalistes acquièrent cette formation. Cependant CT a déjà en projet la formation progressive de ces journalistes à la maîtrise du langage Html. « Nous sommes en pleine création d'une cellule de formation des journalistes de la rédaction et à long terme, ils seront capables de mettre en ligne des informations34(*) ».

Ces propos de l'administrateur du site de CT démontrent bien la préoccupation des journaux à intégrer les notions de cyberjournaliste dans les rédactions. En effet, même si les informations que nous lisons en ligne ne sont que la copie de ce qui est diffusé dans l'imprimé, il y a nécessité de changer la mise en forme des titres qui se doivent de susciter l'intérêt du lecteur. L'équipe de rédaction online doit posséder des compétences extra - journalistiques complémentaires de l'édition traditionnelle.

Pour un succès de la version en ligne de leur publication, les directeurs d'entreprise de presse n'ont pas seulement besoin de compétences humaines, mais aussi, d'un dispositif technique approprié.

* 28Guy Lacroix, 1997, Le mirage Internet, Vigot, Liège, P.25.

* 29 Rémy Galland, 2001, in la publication en ligne, Hermès, Paris, P. 84.

* 30 www.dicoweb.dalloz.fr

* 31 Jakob Nielsen, 1998, Designing Web Usability, www.cyberjournalisme.net / Hypertext.htm.

* 32 Jakob Nielsen, Ibid.

* 33 Le 17 Juillet 1996, le vol TWA 800 s'écrasait dans l'Atlantique, au large de long Island, entraînant dans la mort ses 130 passagers et membres d'équipage. La tragédie allait bouleverser les Etats - unis et donner lieu à une longue série de spéculations qui seraient abondamment relayées par Internet.

Quatre mois plus tard, le Journaliste à la retraite Pierre Salinger, une vedette de 20 ans de journalisme télévisé, notamment comme correspondant en Europe du réseau ABC, proclamait avoir mis la main sur un scoop. Au cours d'une conférence donnée devant des dirigeants de compagnie, il annonçait avoir obtenu d'une personne liée au gouvernement un document top secret relevant que la TWA avait été abattu par erreur par un missile de la marine américaine. La nouvelle était juteuse sauf qu'il allait suffire d'une demi journée à des centaines d`internautes pour pointer le doigt sur le site web d'un amateur de théories du complot sur lequel ce document dormait depuis des mois. P. Lapointe, 1999, Le journalisme à l'heure du net, Presses universitaires de Laval, Québec, P114 - 115.

* 34Propos de J. B. Essissima, administrateur du site de CT. Entretien du mardi 10 Août avec l'auteur.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984