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Le projet de grand contournement ferroviaire du bassin parisien au depart du port du Havre dans le cadre des corridors de fret européens


par Roman Lauterfing
Université Paris IV Sorbonne - DESS Transport, Logistique et Communication 2000
  

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A. Importance de l'hinterland

L'importance de la desserte de l'arrière-pays revêt en effet une importance capitale pour les grandes places portuaires européennes.

La notion d'hinterland, jadis strictement régionale, résulte désormais de la nouvelle géographie économique de l'Europe avec l'ouverture des pays de l'Est, l'accroissement de la dimension continentale européenne. Les grands ports, qui doivent déjà faire face à la réduction du nombre des escales des navires, doivent maintenant envisager un hinterland profond de 1500 à 2000 km, à moins de perdre leur statut.

L'attention portée aux équipements nautiques et portuaires n'a aujourd'hui d'égale que celle accordée aux transports terrestres. Du nord au sud de l'Europe, le constat est le même : la bataille du conteneur se gagne à terre.

Avec la dépréciation des frets maritimes, le prix de l'acheminement terrestre gagne en importance dans la chaîne du transport au point de devenir parfois prépondérant.

Au départ de New York par exemple, l'acheminement d'un conteneur vers Le Havre ou Hambourg coûte sensiblement la même chose. La plus-value se fait sur le transport terrestre. Sur un parcours Chicago/Munich, le transport terrestre représente 45% du coût total. Ce seront donc la vitesse du parcours terrestre et son coût d'acheminement qui guideront le choix du port par l'armateur.

Compte tenu des délais d'empotage et de dépotage à terre, des durées d'acheminement terrestre et des stationnements prolongés liés aux ruptures de charge, un conteneur passe 2/3 de sa durée de sa vie à terre et 1/3 en mer, et les coûts. Les grands armements se sont alors eux aussi introduits dans l'organisation des déplacements terrestres de conteneurs. En 1990, les armements réalisaient plus du tiers de leur chiffre d'affaires hors du transport maritime (31% pour la CMB, 44% pour la CGM et 58% pour Nedlloyd).

Les armateurs intègrent l'acheminement terrestre des conteneurs à leur prestation globale pendant que les chargeurs gardent la maîtrise des flux terrestres. C'est le carrier haulage. Celui-ci permet de dégager de nouvelles sources de profit car il permet à la compagnie maritime (armateur) de faire sa marge sur le transport terrestre. Les barèmes de frets étant fixés dans le cadre des conférences, le carrier haulage a permis à la compagnie d'offrir des prix de bout en bout inférieurs à ceux de la concurrence, sans transgresser le barème de la conférence. Pour ce faire, de nouveaux systèmes de cotation de bout en bout (door to door) ont été instaurés destinés à opacifier vis à vis des clients les composantes du prix global facturé et tout particulièrement la répercussion d'une part non négligeable des frais de passage portuaire (CSC Container Service Charges et THC Terminal Handling Charges) qui sont facturés par l'exploitant du terminal à la compagnie maritime qui en prend en charge 20% au titre du navire et redébite les 80% restant à la marchandise, c'est à dire au chargeur.

Les transports terrestres dictent ainsi les stratégies et les choix des grands armements. La dépendance continentale augmente par rapport à la dépendance océanique.

Analysant l'importance grandissante de la desserte terrestre des hinterlands des ports, André Graillot, Directeur Général du Port Autonome du Havre, voit trois raisons pour lesquelles le choix du port sera de plus en plus soumis au coût de la gestion des flux terrestres de conteneurs : tout d'abord, l'accroissement de la part des coûts de pré- et post-acheminement dans le coût global de transport qui résulte des gains de productivité des grands navires ; deuxièmement, la concurrence accrue sur les transports terrestres qui résulte de leur libéralisation ; et enfin, les contraintes des flottes dédiées de conteneurs qui obligent de retourner, très souvent à vide, le conteneur au port maritime. Il est de plus évident qu'un port ne peut assurer la réception ou la livraison de flux massifs de conteneurs (500 ou 1000 par escale) sans des moyens de transport terrestre efficaces.

Avec la massification des flux attendue dans chacun des ports candidats au statut de port major, l'augmentation du trafic sur chaque mode terrestre, même si la répartition modale est appelée à se modifier en faveur du mode ferroviaire impose de développer pour les trois modes des aménagements performants en termes de capacité et de rapidité. Les investissements de transport contribueront donc à modifier les flux d'échanges et les conditions de développement des régions, voire la concurrence internationale en faveur d'un pays ou d'une région au détriment d'autres.

En France, seul le Nord est (Alsace/Lorraine) échappe aux ports français au profit d'Anvers et Rotterdam. Mais l'ouverture du marché européen risque de placer les ports français en position délicate par rapport à la concurrence des ports de la mer du Nord.

L'augmentation de productivité des transports terrestres étend les hinterlands. L'arrière-pays havrais ne dépassant guère les 500 km, le port du Havre devra donc ratisser large. La logique de massification lui impose de renforcer son influence sur l'arrière-pays au-delà de la région parisienne vers l'est, le sud est, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et d'étendre par ailleurs son rayonnement maritime par des liaisons de cabotage sur d'autres ports en France et en Europe.

Pour affronter cette concurrence et proposer à la clientèle internationale une alternative à Anvers et Rotterdam, Le Havre a donc besoin de dessertes terrestres importantes. Car avec la position centrale qui est la sienne, Le Havre se doit de porter la plus grande attention à la mise en place de filiales compétitives pour le pré- et post-acheminement des marchandises. Elles sont une condition de la massification et lui permettraient de tirer parti d'une situation maritime privilégiée : 1er port touché à l'import en Europe, dernière station d'approvisionnement à l'export. Pour le chargeur ou le réceptionnaire de l'arrière-pays, cette situation équivaut au « transit time » le meilleur.

Avec une hausse de 11,2% du trafic conteneurs en 1998, le port du Havre jouit tout de même d'une confiance retrouvée et peut entrevoir l'avenir dans de bonnes conditions.

Cependant, le retour à la croissance du port du Havre et des ports français en général reste fragile en raison de la faiblesse de leurs dessertes terrestres par rapport à celles des ports du Nord mais aussi au niveau des volumes traités. Avec 50% du trafic maritime de l'Union Européenne, les ports du Range restent la référence. Et tout d'abord en matière de desserte ferroviaire, routière mais aussi fluviale, ils prennent l'Europe tout entière pour hinterland. Anvers et Rotterdam bénéficient pour leur part d'un réseau fluvial remarquablement structuré, facilitant la pénétration jusqu'au coeur de l'Europe grâce à la liaison Rhin-Main-Danube. La part relative de la navigation fluviale dans le trafic maritime représente environ 50% dans les ports du Bénélux contre 1 à 2% au Havre.

Les ports bénéficiant de la présence d'un réseau fluvial important cherchent à améliorer encore cette desserte car la voie fluviale sert de plus en plus au-delà de ses acheminements traditionnels, au transport des marchandises diverses et des conteneurs à un coût extrêmement économique. Anvers et Rotterdam sont ainsi reliés, grâce à ces autoroutes fluviales, à une trentaine de terminaux portuaires, relais entre les usines et les convois fluviaux à gros gabarit, égrenés le long du Rhin.

Desservis par d'excellents moyens de transport terrestres, les ports du Range bénéficient également de leur bon positionnement géographique par rapport aux pôles économiques du continent européen. Hambourg, par exemple, compense sa situation physique de dernier port du Range ainsi que la remontée de l'Elbe, par un positionnement favorable vis à vis des centres économiques allemands et l'organisation de la distribution vers les pays d'Europe Centrale, vers la Scandinavie et les ports de la Baltique. Cette fonction de « hub » est valorisée par la capacité des professions portuaires à se projeter dans l'hinterland.

On pourrait par ailleurs douter d'un avenir brillant pour le port d'Anvers : la longueur de l'estuaire de l'Escaut, le passage des écluses qui font perdre à un bateau d'assez fort tonnage 24H par rapport à Rotterdam. Mais, d'un autre côté, la remontée du fleuve entraîne, pour le réceptionnaire de l'arrière-pays, un gain de transport de transport terrestre de plus de 100 km.

Or, le prix du transport maritime a diminué et le transport terrestre intervient davantage, nous l'avons vu, dans le coût total de la chaîne logistique. Anvers tire aussi avantage de son positionnement à proximité du marché français, de son réseau de distribution fluvial à grand gabarit vers les grandes zones industrielles de l'Europe Centrale et de sa qualité de port substituable, complémentaire de Rotterdam.

En terme de trafic, l'écart est très significatif entre le port de l'estuaire de la Seine et ceux du Range et la différence d'échelle est très sensible : Rotterdam traite 4,5 fois plus d'EVP, Hambourg 2,8 et Anvers 2,5. Le décrochage du Havre s'est accentué au cours de la période 1990/1997. Pourtant Le Havre est, après Rotterdam, le plus achalandé en lignes. Presque tous les services y font escale, mais le volume traité à chaque touché reste limité au besoin du marché français soit en moyenne 500 boites au lieu de 1000 à 2000 dans les ports européens concurrents.

En effet, le positionnement du Havre par rapport aux pôles économiques européens pose un problème. Le Havre bénéficie du poids de la région parisienne et de l'Ile de France (10 millions d'habitants à 250 km) mais plus excentré que ses concurrents par rapport aux principaux centres d'activités et de consommation en Europe. La consultation objective d'une carte des flux et d'une carte de densité de population de l'Europe situent bien le défi : tout se jouera sur la qualité et la dimension du système de distribution sur l'Europe Centrale.

Si la principale force du Havre est sa situation maritime (1er port touché à l'import, dernier à l'export) et nautique (Le Havre peut recevoir sans contrainte tous les porte conteneurs en service y compris les méga carriers avec un tirant d'eau de 14 mètres), sa principale faiblesse est pesante : l'absence quasi totale de maîtrise de maillons essentiels dans la distribution des conteneurs en Europe par les professionnels portuaires havrais et le manque de potentiel sérieux.

S'appuyer sur un système plurimodal et une émulation entre modes faisant baisser les prix, bien maîtriser les coûts de pre- et post-acheminement, telles sont les conditions essentielles de réussite. Car, élargir son hinterland au sein des aires d'indécision d'un espace européen où les ports de qualité et pleins d'appétit ne manquent et sont souvent fort proches les uns des autres, ce n'est pas seulement être bien placé, c'est d'abord disposer d'une desserte complète, efficace et peu coûteuse. Or, des différences apparaissent entre les ports qui offrent des services plus ou moins séduisants.

Les ports du Bénélux ressortent par exemple les plus compétitifs sur leur pre- ou post-acheminement terrestre en Alsace et en Lorraine (hinterland naturel du port havrais), grâce à la disponibilité de la voie d'eau à grand gabarit (Rhin et Moselle) qui permet d'offrir des taux de fret fluvial inférieur de 30 à 40% au prix de transport routier vers Le Havre.

Au départ de Strasbourg, la navigation fluviale vers Rotterdam est le mode d'acheminement le plus compétitif pour l'expéditeur, soit 4 025 F pour un conteneur de 40' en « round trip » à comparer à 6120 F vers Rotterdam par route et 7300 F vers Le Havre. Cette nette différence permet au transport fluvial rhénan, avec un pre- ou post-acheminement routier, d'être concurrentiel dans un rayon d'environ 300 km autour du terminal à conteneurs du port autonome de Strasbourg et grâce à la flotte actuelle, très performante, il ne faut que 48 H pour rallier Rotterdam à partir de Strasbourg.

A l'est donc, le véritable concurrent du pre- ou post-acheminement routier est le transport fluvial, via la voie d'eau à grand gabarit vers les ports du nord, qui tirent les prix du marché, quel qu'en soit le mode, vers le bas.

L'influence des moyens de transport terrestre des ports du Bénélux diminue quand on si dirige plus au sud vers Dijon où le prix du transport routier à partir du Havre retrouve sa pertinence.

Les menaces ne manquent pas pour le port havrais. Les projets des ports concurrents qui visent la position d'outsider, sont bien plus avancés que celui de Port 2000. Mais la menace la plus forte vient du verrouillage de fait de l'accès au marché de la longue distance en Europe par les chemins de fer allemands dont la stratégie de partenariat s'accompagne aussi d'une stratégie commerciale hégémonique dont les ports de Brême et Hambourg profiteront de facto.

Les ports du Range génèrent ainsi grâce à leur positionnement physique vis à vis du continent et à de bons réseaux de transport terrestre les volumes les plus importants des ports européens.

Aussi, alors que la France continue de développer ses relations nord/sud, les ports du Range ont privilégié les axes ouest/est en misant massivement sur le mode ferroviaire desservant les principaux pôles économiques européens situés dans la « banane bleue » et l'Europe de l'est qui présente un nouveau débouché économique.

Tous ces atouts maritimes et terrestres semblent annuler ceux d'un port comme celui du Havre, se vantant d'être la dernière station avant l'autoroute transocéanique. Malheur donc aux ports en manque d'hinterland.

Le Havre devra donc, dans sa lutte pour devenir un main port européen, fournir en concertation avec les gestionnaires et exploitants des transports terrestres des efforts considérables afin de rivaliser avec les atouts des ports concurrents, voire de les surpasser.

L'augmentation de productivité du transport maritime a donc entraîné l'augmentation de la productivité des transports terrestres ayant pour conséquences d'étendre les hinterlands. Il s'agît donc dans la chaîne de transport de prendre en compte un système plurimodal mettant en valeur une complémentarité efficace entre les modes permettant de faire baisser les prix, de devenir plus compétitif et ainsi élargir l'étendue de son arrière-pays. Il s'agît pour les ports de développer les capacités de séduction et les potentialités existantes dans un espace géographique où la concurrence est exacerbée.

B. Irrigation des trafics entre les différents modes de transport dans l'arrière-pays havrais

Parts modales dans les pré- et post-acheminements du port du Havre en 1997

ROUTE

866 000 EVP

73,1%

82,5%

FER

166 000 EVP

14%

16%

FLEUVE

16 000 EVP

1,4%

1,5%

MER (feedering)

136 000 EVP

11,5%

Fût-ce à une plus petite échelle qu'Anvers et Rotterdam, Le Havre a la chance de pouvoir jouer la carte de la tri modalité route/fer/fluvial. En effet, Le Havre dispose outre des modes routier et ferroviaire d'une desserte fluviale par la Seine remontant le fleuve jusqu'à la région parisienne, principal centre de distribution du port. La batellerie permet, on le sait, des économies d'échelle, un transbordement avantageux, des capacités de stockage temporaire intéressantes. Ainsi, les ports situés à l'embouchure d'un fleuve navigable ou aménageable, à l'instar du Havre, sont privilégiés.

Cependant, le trafic terrestre de conteneurs maritimes dans l'arrière-pays havrais est essentiellement effectué par voie routière. Le trafic terrestre ne se partage d'ailleurs qu'entre la route pour 82,5% en 1997 et le rail pour 16%. La voie d'eau ne réalise tout au plus 1,5% des pré- et post-acheminements terrestres de conteneurs, grâce au lancement d'une régulière entre Le Havre et Gennevilliers au nord de Paris par le GIE Logiseine.

La route reste donc l'élément de base pour le pré- et post-acheminement. Elle s'arroge près de 83% du trafic avec quelques 250 entreprises qui effectuent plus de 5000 mouvements par jour. La proximité de la région parisienne, 1er marché du Havre, l'antériorité du camion dans les transports d'approche et d'éclatement et l'atout du mode routier dans le fonctionnement des entreprises en flux tendus expliquent cette prépondérance. Le transport routier a, ces dernières décennies, concentré l'essentiel des investissements publiques et a donc connu un essor remarquable. La souplesse du tracé de la route permet aux véhiculent qui l'utilisent d'atteindre presque n'importe quel point géographique, c'est la quasi-ubiquité (P. Merlin). Le transport routier est le seul mode de transport à pouvoir assurer des prestations porte à porte, il est très performant et très rentable sur de courtes distances car peu coûteux.

L'offre routière est donc très abondante.

Pour les transporteurs routiers, l'activité de traction de conteneurs est essentiellement une activité régionale puisque :

§ 10% des flux concernent des destinations inférieures à 50 km

§ 20% des flux ont pour origine ou pour destination le reste de la région Haute Normandie

§ 47% des trafics concernent l'Ile de France

§ 20% des flux proviennent ou sont destinés aux autres régions françaises

§ 3% seulement des trafics concernent l'étranger

Enfin, 10 à 15% des mouvements terrestres relèvent du brouettage portuaire, c'est à dire du transport routier destiné à l'agglomération havraise et revendiqué par la manutention docker.

Le maintien de la compétitivité de l'offre routière suppose cependant que les infrastructures, en matière de gabarit et d'interconnexion soient encore améliorées. Les axes nord/sud surdéveloppés (A1 et A6), au détriment d'axes ouest/est n'offrent pas de solutions au port du Havre. Pire, c'est un cadeau inespéré aux ports du Bénélux, qui transitent ainsi plus facilement par la France et "grattent" ainsi sur l'hinterland naturel havrais. Pour aider au développement du port du Havre, il conviendrait donc de conforter la desserte terrestre routière de son hinterland.

Après les progrès de ces dernières années (dont la mise en service du Pont de Normandie) et les améliorations prochaines vers Amiens/St Quentin d'un côté, Caen/Rennes de l'autre, de nouveaux axes de pénétration devront impérativement suivre : c'est le cas de l'A28 Rouen/Alençon et de la liaison entre l'A29 et l'A28 afin de supprimer la discontinuité existant entre le Pont de Normandie et l'axe Calais/Bayonne. Mais les havrais sont surtout demandeurs d'un axe de contournement de la région parisienne ; il y va de la récupération des trafics de l'est de la France qui ont basculé vers Anvers et Rotterdam. La mise à 2x2 voies de la RN31 Rouen/Reims y contribuerait. De même, l'amélioration de la RN154 à 2x2 voies entre l'A13 (Louviers) et l'A10 (Orléans) -axe Rouen/Chartres/Orléans- permettrait le contournement sud de la région parisienne en direction du sud-ouest, de la vallée du Rhône et du sud-est de la France.

Cependant, les havrais constatent les retards pris dans l'aménagement des tronçons les plus importants : la route des estuaires -grande rocade allant de Dunkerque à Bordeaux- a pris deux de retard, le grand contournement par Amiens/St Quentin/Reims ne sera mis en service qu'en 2003.

Du côté ferroviaire, l'offre de transport est moins importante. 16% du trafic de conteneurs a été traité par le mode ferroviaire en 1998, la part de marché ferroviaire devrait atteindre 20% en 2005.

Il faut noter cependant que le fer en raison de son coût élevé n'est rentable que sur des longues distances, sa participation est élevée dans les trafics d'apport terrestre depuis les régions les plus éloignées. La consistance de sa contribution apportée à la structuration de l'hinterland du port du Havre est ainsi comprimée, l'Ile de France et la Haute Normandie -les principaux centres de distribution du port- restant ainsi dans le domaine de la route qui sur de courtes distances est de loin la plus avantageuse. Le marché du pré- et post-acheminement ferroviaire des conteneurs au Havre en 1997, grand cheval de bataille du port normand, dans un contexte de changement permanent dû aux ajustements des stratégies armateuriales n'a progressé que de 4% pendant que le nombre total de boites manutentionnées sur les quais effectuait un bond historique de 17,4%.

Le mode ferroviaire représente néanmoins un transport terrestre d'avenir permettant d'élargir le marché de l'hinterland du Havre vers l'international.

Ce qui vaut pour la route est aussi valable pour la desserte ferroviaire : Le Havre est demandeur avant tout d'un grand axe ferroviaire sur Amiens, Reims et Chalons en Champagne qui permettrait, toujours en évitant la région parisienne, de desservir l'est de la France, l'Europe Centrale et Orientale, la Suisse et faciliterait l'accès aux marchés italiens et espagnols. Le port havrais souhaiterait donc que soit concrétisé l'inscription de cet axe au schéma transeuropéen du transport combiné, ce qui implique au préalable son inscription au schéma directeur national.

Au Havre, l'offre de service ferroviaire est le fait de deux opérateurs :

la Compagnie Nouvelle de Conteneurs (CNC)

La CNC, filiale de la SNCF, opérateur de transport combiné, gère des terminaux et une flotte de wagons spécialisés. Plus orientée vers les chargeurs, elle propose des prestations complètes de porte à porte, incluant éventuellement la fourniture des conteneurs.

Son activité s'exerce dans deux domaines :

· le trafic maritime pour le trajet terrestre des conteneurs vers ou depuis les ports

· le trafic continental pour le transport de fret en conteneurs ou caisses mobiles de différents volumes en France et en Europe.

La CNC propose à partir du Havre la desserte de 45 chantiers terminaux en moins de 24H par le réseau « COMBI 24 » qui relie toutes les agences françaises CNC grâce à un système basé sur le point nodal de Villeneuve St Georges et une centaine de terminaux en Europe.

Chaque jour, des dessertes par trains blocs sont assurés par le département « Naviland European Services» de la CNC, sur les principales destinations de l'Hexagone, de l'Angleterre, du Bénélux, de l'Italie, de l'Espagne, de l'Allemagne et du Portugal.

5 départs et 5 arrivées sont proposés quotidiennement au Havre.

Le chantier CNC au Havre Soquence dit « Le Havre-Combi » est constitué d'une plate-forme de 8000m² en chaussée renforcée pour une exploitation avec grues mobiles autoporteuses. Il dispose de deux voies de 350 mètres de long qui peuvent accueillir chacune 17 wagons S60. L'activité moyenne annuelle de ce terminal est de 12000 caisses mobiles au départ et de 6000 à l'arrivée, essentiellement d'origine continentale. Le chantier est pourvu de moyens importants pour la manutention des conteneurs et des caisses mobiles (portiques de 40 tonnes, grues automobiles, élévateurs), d'ensembles routiers grâce à un réseau de transporteurs spécialisés pour les liaisons entre le chantier et les lieux de production ainsi que de terre-pleins pour stocker les conteneurs, vides ou pleins.

Intercontainer/Interfrigo (ICF)

ICF, agence supranationale commune à l'ensemble des compagnies européennes de chemin de fer (sorte de coopérative de réseaux), assure depuis 1967 au moyen de trains blocs les transports massifs internationaux de conteneurs ou de caisses mobiles, et spécialement l'approche ou l'évacuation ferroviaire de conteneurs transitant par les ports de mer depuis ou vers quelques 650 terminaux européens, via son réseau « Quality Net » desservant les principaux centres industriels en Europe grâce à un système de hub à Metz/Sablon. Ceci en fait le 1er opérateur de transport combiné en Europe.

ICF ne commercialise que des prestations de porte à porte. En 1997, ICF a transporté 1,3 million d'EVP.

La représentation de Inter Container Inter Frigo est assurée en France par la SNCF (CNC) et des agences locales comme la société Logistique Porte Océane (LPO) installée au Havre depuis début 1998 qui prennent en charge toutes les opérations du transport ferroviaire (organisation des chargements, établissement des contrats de transport...).

3 départs et 3 arrivées par semaine sont proposés au Havre par le réseau Quality Net d'ICF.

On peut également mentionner l'existence de l'opérateur de transport combiné rail/route Novatrans qui réalise des transports ferroviaires de semi-remorques non accompagnées par la technique du ferroutage, de caisses mobiles et de conteneurs.

Depuis Le Havre, Novatrans offre des services quotidiens vers l'Italie (Novara) et 3 fois par semaine pour Perpignan desservant l'Espagne.

L'offre de transport n'est cependant pas, en raison de l'augmentation des fréquences et la massification des trafics, assez élevée. Les autorités portuaires havraises réclament ainsi l'étoffement des services offerts par les opérateurs ferroviaires et le développement d'infrastructures supplémentaires performantes susceptibles d'accroître sensiblement l'offre de transport ferroviaire au Havre.

Meilleur marché que le rail, la voie d'eau se spécialise de plus en plus dans l'acheminement de marchandises normalisées conditionnées en unités de charge sur des relations sur lesquelles sont organisés des convois réguliers de conteneurs : c'est le cas de la ligne Le Havre/Gennevilliers exploitée par le GIE Logiseine.

La voie d'eau peut aussi contribuer à la massification du trafic conteneur. Même si le démarrage de la ligne Le Havre/Gennevilliers a été lent, elle monte en puissance. Parti de 0 en 1994, Logiseine évolue à l'heure actuelle sur un rythme de 12 000 EVP par an en provenance ou à destination de Paris-Terminal SA, qui gère le terminal multimodal du port de Paris Gennevilliers (dont le Port Autonome du Havre a pris une participation dans le capital afin d'apporter son soutien au transport combiné de conteneurs sur la Seine). Trois départs sont proposés chaque semaine, avec des convois d'environ 200 EVP, aux transitaires et au départ de Gennevilliers.

La profession fluviale, sur la Seine et ailleurs, a donc redéployé son offre en direction des frets à forte valeur ajoutée, en plus des matériaux traditionnellement transportés tels que les produits pétroliers et chimiques, les produits agricoles et alimentaires et les matériaux de construction ou le charbon.

La voie d'eau présente un intérêt spatial plus limité mais c'est un mode de transport sûr et économique pour les pondéreux non périssables, en particulier les vracs solides et liquides, et les conteneurs, des produits ne demandant pas de livraisons rapides en raison de la lenteur du transport : 12 km/h de moyenne sans les arrêts aux écluses.

Cependant, la part du mode fluvial dans la desserte de l'hinterland havrais est très faible, à peine 2% contre 50% pour Anvers et 55% (700 000 EVP par an sur le Rhin) pour Rotterdam qui bénéficient de relations directes avec le coeur de l'Europe.

Si Le Havre est si peu desservi par le transport fluvial, c'est d'abord parce que le réseau des voies navigables français n'est qu'une impasse. La desserte fluviale du Havre est en effet limitée à la région parisienne. Aucun des ports français n'est relié à un réseau fluvial de grand gabarit sur de grandes distances desservant les grands centres économiques continentaux européens.

Pourtant, les autorités portuaires du Havre, Port Autonome de Paris et Logiseine s'unissent pour développer la voie d'eau, qui peut, elle aussi contribuer à la massification de la desserte de l'arrière-pays même si celui-ci se limite à la région parisienne. Alors que l'approche ferroviaire de Paris butte sur de nombreux problèmes, il serait reprochable de se priver du potentiel que représente la voie d'eau qui permet de rendre les conteneurs aux portes même de la capitale. C'est pourquoi le schéma d'aménagement de Port 2000 comprend l'ouverture dans l'actuelle digue sud du port havrais permettrait aux unités fluviales venant du bassin de marée de gagner directement les futurs quais. En sus, un terminal dédié au fluvial pourrait prendre place dans la darse de l'océan. Un système de brouettage en site propre relierait aux terminaux de Port 2000. Mais le coût élevé de ces installations a provoqué dans les instances publiques de nombreuses réticences qui amèneraient la restriction du projet sur certains points et notamment la digue de protection sensiblement moins longue qui permettrait une économie de 250 millions de francs mais aboutirait sur l'abandon d'une desserte directe des futurs terminaux par la navigation intérieure.

On estime d'après tous ces facteurs que le fleuve pourrait s'approprier tout de même 3% des flux terrestres à l'horizon 2005.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon