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Crise Agricole dans une vallée de Casamance: Le bassin de Goudomp (Senegal)

( Télécharger le fichier original )
par Insa MANGA
Université de Rouen - Maitrise Géographie 2003
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE ROUEN

UFR DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

LABORATOIRE L. E. D. R. A

MEMOIRE DE MAÎTRISE

Thème :

CRISE AGRICOLE DANS UNE VALLEE DE CASAMANCE : LE BASSIN DE GOUDOMP (SENEGAL)

Présenté par : Sous la direction de :

Insa MANGA Michel LESOURD

Professeur

Année Universitaire 2002- 2003

DEDICACES

A la mémoire de mon père

Puisse son âme reposer en paix.

A ma mère, inlassable éducatrice,

Femme qui a consenti à bien des sacrifices

Sans se plaindre et m'a donné sans réserve tout ce qu'elle a.

SOMMAIRE

SIGLES ET ACRONYMES

Avant-propos Introduction générale Problématique Méthodologie

PREMIÈRE PARTIE : COMPLEXITÉ DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE DANS LE BASSIN DE GOUDOMP

Chapitre I : Une vallée riche en potentialités agropédologiques

Chapitre II : Contraintes du climat et problématique de la maîtrise de l'eau

Chapitre III : Environnement démographique, sociologique et socioéconomique

DEUXIÈME PARTIE : MAÎTRISE DE L'EAU ET DÉVELOPPEMENT AGRICOLE : HISTORIQUE D'UNE ACTION ANCIENNE ET A RÉSULTATS MITIGÉS

Chapitre I : La MAC : «un projet d'assistance»

Chapitre II : Le PROGES ou l'histoire d'une intervention inachevée

Chapitre III : Les facteurs explicatifs des contre- performances post- opération de développement

TROISIÈME PARTIE : CRISE, STRATÉGIES PAYSANNES ET NOUVELLES ORIENTATIONS AGRICOLES

Chapitre I : Analyse du contexte de la crise

Chapitre II : Pour une nouvelle approche du développement local

Conclusion Générale

BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

Table des matières

SIGLES ET ACRONYMES

AJAC : Association des Jeunes Agriculteurs de la Casamance

BRGM : Bureau de Recherche Géologique et Minière

CAR : Centre d'Animation Rurale

CERP : Centre d'Expansion Rurale Polyvalent

CFA : Commission Financière Africaine (monnaie des anciennes colonies françaises de l'Afrique de l'ouest)

CIVGE : Conseil Inter Villageois de Gestion de l'Eau

CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

CNCR : Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux

CRA : Centre de Recherche Agricole

CVGE : Conseil Villageois de Gestion de l'Eau DAT : Direction de l'Aménagement du Territoire DEH : Direction des Études Hydrologiques

DPS : Division de la Prévision et de la Statistique

EDS : Enquêtes Démographie et Santé

ENDA : Environnement et Développement au Tiers- Monde

FADECBA : Fédération des Associations de Développement Communautaire du

Balantacounda

GIE : Groupement d'Intérêt Economique

IGN : Institut Géographique National

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

ISRA : Institut Sénégalais de Recherche Agricole

MAC : Mission Agricole Chinoise

NPA : Nouvelle Politique Agricole

ONCAD : Office National de Coopération et d'Assistance au Développement

ONG : Organisation Non Gouvernemental

ORSTOM : Office de Recherche Scientifique et Technique d'Outre- Mer

PAS : Plan d'Ajustement Structurel

PASA : Plan d'Ajustement du Secteur Agricole

PIDAC : Programme Intégré de Développement Agricole de la Casamance

PNAE : Plan National d'Action pour l'Environnement PRIMOCA : Projet Rural Intégré de la Moyenne Casamance PRS : Projet Rizicole Rural de Sédhiou

PROGES : Projet de Gestion des Eaux du Sud

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SATEC : Société d'Aide Technique et de Coopération

SOMIVAC : Société de Mise en Valeur Agricole de la Casamance

SONACOS : Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal

UCAD : Université Cheikh Anta DIOP

UICN : Union Mondiale pour la Nature

USAID : Agence Américaine pour le Développement International

AVANT - PROPOS

Depuis plusieurs décennies, de nombreuses recherches ont mis en évidence la situation socio-économique précaire du monde rural sénégalais. La réduction de la pauvreté, notamment en milieu rural par la relance du secteur agricole, est devenue l'objectif prioritaire

de la politique de l'État.

L'une des manifestations majeures de la crise multiforme et généralisée qui frappe actuellement le bassin de Goudomp réside dans l'effondrement de son agriculture et, subséquemment, son incapacité à s'auto suffire sur le plan alimentaire. Or, au regard des enjeux actuellement en cause, notamment ceux relatifs à la sécurité alimentaire et à la survie économique de la région, il urge de revisiter l'approche stratégique du type de développement mis en oeuvre jusqu'à nos jours.

Dans cette perspective, l'agriculture, en l'état actuel des structures et compte tenu des immenses potentialités existantes, constitue assurément le secteur capable, s'il est judicieusement valorisé, de tracter l'ensemble de l'activité économique dans le cadre d'un développement véritable, irréversible et équilibré du bassin.

Ce travail qui marque nos débuts dans la recherche est une contribution à l'étude de

la géographie du développement. Il nous paraît intéressant dans le contexte de la crise agricole et dans le cadre de la recherche de solutions appropriées, de formuler des problématiques et de proposer des stratégies pour une meilleure mise en valeur des bas- fonds devenus aujourd'hui très convoités par les paysans.

Notre objectif est de faire le point des informations disponibles, détecter les mutations dans les domaines physiques, humaines, sociologiques, culturales, technologiques..., mais surtout d'apporter des éléments de réponse à quelques questions clés que se posent aujourd'hui tant les pouvoirs publics que les populations locales. Ce sont ces questions qui prendront la forme d'hypothèses de travail qui ont guidé le choix de nos informations et de nos enquêtes.

Ce présent mémoire est l'illustration de l'intérêt particulier que nous portons à la question du développement dans le monde rural en général et dans le bassin de Goudomp

en particulier.

Cette étude ne s'est pas faite sans difficultés qui s'expliquent notamment par la modicité des moyens mis à notre disposition.

Au terme de ce travail, nous tenons à adresser nos remerciements d'abord aux membres du jury qui nous font l'honneur de le juger. Mention spéciale à M. LESOURD qui a

la lourde responsabilité d'encadrer ce mémoire et qui en dépit de son emploi du temps chargé, l'a fait avec conscience, rigueur et efficacité. Nous tenons à lui remercier pour sa disponibilité permanente et ses critiques constructives si nécessaires à la finalisation du

texte.

Nos remerciements iront ensuite a l'endroit de tous les professeurs du département de Géographie de l'université Cheikh Anta DIOP de Dakar qui ont initié et guidé nos premiers pas dans la recherche ainsi qu'a tous les enseignants du département de Géographie de l'Université de Rouen qui ont assuré la continuité de leurs collègues de Dakar.

Que soient vivement remerciées toutes les personnes qui nous ont aidés dans l'avancement du travail. Nous pensons notamment a :

V M .Vaque NDIAYE, coordinateur de l'I.S.R.A Djibélor

V M. Abdoulaye BADJI responsable du Centre de documentation de l'I.S.R.A. Djibélor.

V M. Pierre TENDENG, ancien Directeur du PROGES

V M. Edouard SADIO, Directeur en retraite de l'école Publique de Birkama et

Président du CIVGE

V M. MANSALY, Directeur de l'école publique de Goudomp III.

V M. Augustin DIEME a L'IRD de Dakar

V M. Dominique BADIANE (Paix a son âme) et M. Djibril DIEDHIOU a Goudomp.

V M. SEYDI Adjoint au Maire de Goudomp

V M. MANE Bacary, notable a Bacoundi

V M. AIDARA Chérif Daha, Doctorant a l'Université de Rouen

Pour leur soutien moral permanent et pour leur esprit de solidarité nous disons merci a :

M. BASSENE Antoine, M. BASSENE Arfang, Mlle BADJI Laure, M. CAMARA Mamadou Lamine, M. CISSE Boubacar, Mlle Chantal SOBRINO TAFUNELL, M. DIOP Mouhammadou El Amine, DIOP Moussa, M. GOMIS Michel, M. MANGA Abdel Latif, M. MANGA Daouda, MANGA Christian Thierry, MBAYE Moussa, MBAYE Ousmane, NDIAYE Mame Yacine, SADIO Yankhoba, M. SY Atoumane, M. TENDENG Djitendeng et famille.

Nos pensées vont tout naturellement a nos frères et soeurs dont le soutien dans tous les domaines durant ces longues années ne saurait être évalué.

Enfin que tous ceux qui ont, de prés ou de loin, contribué a la réalisation de ce

mémoire trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.

Carte 1 : Localisation du bassin de Goudomp en Casamance (Sénégal). Source :

MONTOROI, J. P. 1996

Carte 2 : Vue d'ensemble du bassin de Goudomp. Source : MANGA I., 2003

INTRODUCTION GENERALE

La sécheresse persistante qui sévit depuis 1968 dans les pays du Sahel a eu pour conséquence outre le déficit hydro pluviométrique et ses répercussions sur l'agriculture et l'économie, la prise de conscience de la nécessité de maîtriser et de gérer au mieux les ressources en eaux existantes. Il en est résulté en Casamance l'élaboration de multiples programmes de mise en valeur agricole initiés par différents acteurs du développement (USAID, PRIMOCA, SOMIVAC, PIDAC, DERBAC, ORSTOM, ISRA, ENDA ...) avec des résultats plus ou moins mitigés.

La question de la maîtrise de l'eau reste de nos jours pendante dans le bassin de Goudomp et les mesures prises par les pouvoirs publics n'ont pas encore apporté des réponses aux attentes de la population paysanne. C'est dans ce cadre que s'inscrit ce

travail.

Le bassin de Goudomp, d'une superficie de 55 km2, se situe a une cinquantaine de kilomètres a l'est de Ziguinchor sur la rive gauche de fleuve Casamance dont il constitue

un sous bassin. Il s'étend entre 12° 27' et 12° 35' de latitude nord et entre 15°50' et 15° 55'

de longitude ouest. Il est essentiellement situé dans l'arrondissement de Diattacounda, département administrative de Sédhiou. (Carte 1)

Le bassin se présente en deux embranchements (le marigot de Goudomp et celui

de Birkama) qui se rejoignent en aval dans une zone de convergence renfermant en son sein un îlot de savane arborée avant de se jeter dans le fleuve Casamance. A l'exutoire dans la partie septentrionale du bassin, est aménagé un barrage anti-sel par le PROGES a

la demande de la population locale. (Carte 2)

Il est peuplé d'une dizaine de villages a majorité Balantes, Mandingues, Mandjaques

ou Mancagnes situés dans sa proximité. Ce sont d'amont en aval : Bindaba 1, Bindaba 2, Akintou Mancagne I et II, Diouniki, Bacoundi, Birkama et Goudomp. Il convient de noter que Goudomp et Birkama détiennent la quasi-totalité des terres des bas- fonds sous forme de tenure marquée par la prévalence du droit coutumier sur celui relatif au Domaine National.

L'activité économique est essentiellement polarisée par l'agriculture (riz, arachide, mil, fruits...) et la pèche. Le contexte physique (climat et ressources disponibles) offre des opportunités énormes. En effet, les bas- fonds de Goudomp et de Birkama - avec des avantages liés a leur situation topographique basse, la fertilité des sols, la pluviométrie relativement importante et régulière, la présence d'une vielle tradition rizicole au niveau des populations- ont toujours été des zones naturellement favorables a la riziculture.

A l'image du reste du pays, le bassin de Goudomp reste caractérisé par un climat marqué par une alternance de saisons sèche et humide, des températures élevées et une chaleur persistante presque toute l'année. Le sol est très sableux en profondeur et en surface, billonné sur la plus grande surface du bassin. La végétation est constituée de forêt

claire a la savane arborée.

Le bassin vit une double crise entretenue par des facteurs aggravants: une crise de la production (déficit vivrier chronique, allongement de la soudure) et une crise du modèle de

vie (lié aux comportements et a l'interprétation des héritages socioculturels) Elles se maintiennent et s'approfondissent davantage a cause de la pratique de l'usure et de la déconnexion géographique ; l'enclavement perturbe tous les systèmes de régulation de la crise et participe a alourdir «l'impôt de l'éloignement» . Toutes les denrées de grande consommation sont plus chères dans la région. Les déplacements sont hypothétiques a cause d'un système de transport globalement défectueux (pistes, véhicules de transport, etc.)

PROBLEMATIQUE

Plusieurs raisons fondent notre choix pour le bassin de Goudomp et pour le thème dont il est le support : Crise agricole dans une vallée de la Casamance : le bassin de Goudomp. Il s'agit d'une région en crise dont les problèmes de développement sont nombreux. Les handicaps sont de nature diverse : certains ont trait a l'écosystème ( climat aléatoire, sols pauvres, apparition de sel en aval du bassin...) tandis que d'autres sont directement socioéconomiques( poids démographique, taille relative faible des exploitations,

faible niveau de vie de la population, manque de crédit, système de production...)

La dégradation des conditions climatiques observée a partir du début des années

1970 dans toute la zone soudano-sahélienne avec une diminution de la pluviométrie, la faiblesse des crues des cours d'eau et la forte remontée des biseaux salés a l'intérieur des vallées a eu comme conséquence majeure la sursalure et l'acidification des sols alluviaux. Les effets néfastes de cette péjoration du climat sur les conditions de vie des populations, sur la répartition des ressources en eau du milieu et globalement sur l'économie locale, inquiètent les pouvoirs publics qui ont entrepris des mesures visant a enrayer les processus

de dégradation et a favoriser l'intensification et la sécurisation de la production agricole dans

les bas- fonds. En effet, zone de concentration des écoulements de surface, les bas- fonds ont vite attiré l'attention des acteurs de développement dans le cadre de leurs recherches de solutions a la crise post- sécheresse du monde rural. Il a été question d'orientations permettant une bonne maîtrise et une gestion rationnelle des ressources en eaux disponibles.

La valorisation des potentialités en eaux et en terres de Goudomp était a l'ordre du jour dès 1968 et les premières actions menées par la M.A.C (Mission Agricole Chinoise) ont porté sur la riziculture inondée. L'objectif visé a travers ce projet était l'augmentation de la productivité par la maîtrise de l'eau (petite irrigation, aménagement de diguettes anti-sel...) ; par l'introduction de nouvelles techniques culturales (motoculture, culture attelée) et de variétés améliorées. Mais l'espoir tant suscité par ce projet n'a été que temporaire. Si

l'objectif de l'amélioration du rendement a été atteint, il ne s'est pas inscrit dans la continuité.

Les multiples contre- performances constatées après leur départ s'expliquent- elles par l'inadéquation et /ou l'obsolescence technique des infrastructures et équipements découlant des déficiences dans le système de gestion des aménagements ? En d'autres termes, la crise que traversent les paysans du bassin de Goudomp est- elle liée a leur incapacité a gérer l'héritage de ce projet?

En 1994, fut mise en oeuvre, sous la houlette des ONG et des projets tels que le PIDAC et le PROGES, une politique d'aménagement des bas-fonds rizicoles de Casamance axée notamment sur la construction de petits ouvrages a coût relativement modique dont celui de Goudomp. L'objectif est d'empêcher les intrusions des biseaux salés et de permettre la récupération progressive des terres. Cette politique a vu l'adhésion totale des villageois qui participent physiquement et financièrement aux travaux.

En dépit de ces diverses interventions, aujourd'hui ce bassin, aux potentialités économiques considérables, a vu la quasi - totalité de ses activités ralenties, voire arrêtées. Les moyens de tous ordres ont été réduits, une partie des populations se trouve déplacée,

les terres continuent a se saliniser et les villages, jadis prospères, se paupérisent. Cette situation inquiète plus d'un et suscite beaucoup d'interrogations : faut- il persister sur la monoculture pluviale du riz alors qu'il y a des possibilités de diversification en optant pour les cultures de contre- saison ? Les contraintes physiques ou naturelles constituent- elles le seul handicap au développement du bassin ? Les difficultés pour le monde rural de supporter les variations climatiques ne révèlent- elles pas la fragilité permanente du système de production ? Pourquoi les hommes ne s'impliquent- ils pas dans les cultures des bas- fonds ? Sous quelle forme exploiter les terres récupérées : agriculture familiale ou villageoise ? L'essor d'une agriculture familiale peut - elle entraîner dans l'avenir la réalisation des ambitions de l'autosuffisance alimentaire ? Ces questions n'ont rien d'exceptionnelle, mais ici elles se posent toutes en même temps et avec la même acuité. Le problème est donc posé de savoir s'il est possible de proposer des alternatives aux pratiques paysannes actuelles, tant en ce qui concerne le choix des spéculations que les techniques agricoles et l'organisation sociale de la production.

Par ailleurs, il sera d'une utilité certaine de savoir comment les populations paysannes réagissent face aux contraintes qui ont pour nom : démographie galopante avec comme corollaire la pression sur les terres ; faible niveau d'investissement, régime foncier qui ne prend pas en compte la femme principale actrice dans le bas-fond.

La crise agricole dans le bassin de Goudomp est aussi une crise agraire provoquée par l'insécurité. En effet, la radicalisation de la crise casamançaise a causé un grand nombre

de victimes civiles, d'importants mouvements des populations, le départ précipité de projets

de développement, la chute brutale de la production et de l'économie locale ainsi que la désintégration du tissu social. Un phénomène d'abandon de la terre par les paysans et de marginalisation des migrants dans les gros bourgs a l'image de Goudomp en sont la

conséquence. Cette concentration des populations déplacées dans des zones dites

sécurisées provoque le déséquilibre du binôme population/ressources et entraîne la détérioration rapide des structures agraires par le morcellement des exploitations et la diminution du nombre des unités viables.

Les pouvoirs publics et les collectivités locales ont dès lors un défi majeur a relever

en ce qui concerne le développement du bassin de Goudomp. L'accent doit être mis sur le volet «recherche» car une stratégie d'intervention efficace implique nécessairement une bonne analyse permettant de connaître les populations, les ressources du terroir, les systèmes de fonctionnement de la société et les contraintes auxquelles elles sont confrontées.

C'est dans cette optique que s'inscrit notre étude dont le modeste objectif est de dégager sur la base de données physiques et sociologiques, les problèmes de développement de ce bassin a travers une mise en évidence des potentialités et contraintes

du milieu, un diagnostic du système de production et des structures sociales et une analyse critique de l'action des différents projets. La place des facteurs physiques ne sera pas minimisée, mais on cherchera a voir comment ceux- ci se conjuguent avec un ensemble de facteurs économiques et socioculturels pour expliquer la fragilisation des systèmes de production ayant aboutit a une crise généralisée dans le bassin. Une telle étude, qui n'a pas encore de nos jours été faite, nous permettra certainement de comprendre pourquoi le bassin de Goudomp, avec toutes ses potentialités n'arrive pas a assurer la couverture de ses besoins alimentaires. Notre problématique géographique ne saurait avoir un sens si nous n'apportions de réponses claires aux différentes interrogations et proposer une issue palliative. C'est fort de cela que nous tenterons de présenter, ou mieux de recommander un ensemble de stratégies qui permettront a l'avenir un développement agricole «réaliste» du

bassin.

Ce présent mémoire se veut une contribution a la prise de décision des acteurs du développement. Puisse t- il permettre d'attirer l'attention des pouvoirs publics, les collectivités locales, les acteurs privés et partenaires au développement sur les enjeux de la mise en valeur des bas fonds du bassin de Goudomp qui exigent des mesures spécifiques

eu égard au niveau de vie précaire de la population et des souffrances qu'elles endurent. On peut souhaiter également que cette étude de cas présente un intérêt pour toute personne qui, dans le cadre de programmes et de projets, s'interroge sur la façon d'associer les paysans, les moyens de valoriser leurs expériences et de répondre a leurs priorités dans les processus de planifications du développement.

Ce mémoire est divisé en trois parties.

La première étudie la complexité du développement agricole dans le bassin de Goudomp. Le premier chapitre de cette partie décrit les potentialités agropédologiques. A ce titre, il met l'accent sur les atouts du milieu physique a travers une étude systématique du relief, des bas- fonds et des disponibilités en eau du sous-sol. Le second chapitre étudie le climat

comme contrainte et met en évidence le contexte déficitaire actuel par l'analyse statistique

des données pluviométriques. Dans le troisième chapitre, il est question d'environnement démographique, sociologique et socioéconomique. Il étudie la population (structure, dynamique et caractéristiques socioéconomiques) dans un premier temps et insiste sur l'explosion démographique et ses corollaires. Afin de proposer des solutions adaptées aux problèmes de développement de la zone, ce chapitre s'intéresse dans un second temps a une analyse des systèmes de productions existants. Cette étude aura précisément pour objectifs : d'identifier les techniques culturales ainsi que les systèmes de cultures mis en oeuvre dans la vallée ; de repérer et de hiérarchiser leurs principaux goulets d'étranglements

et d'apprécier ainsi les marges de progrès les plus accessibles ; de comprendre la logique

de fonctionnement du système tant du point de vue des contraintes agronomiques que de la finalité socioéconomique.

La deuxième partie :«Maîtrise de l'eau et développement agricole» est une analyse critique des projets de développement agricole intervenus dans la vallée. Elle oppose l'action des projets MAC et PROGES dans la conception des ouvrages, leur gestion, les moyens et

les résultats obtenus et dresse un bilan global. Le dernier chapitre de cette partie présente les raisons qui expliquent l'échec dans le transfert des technologies.

La troisième partie :«Crise, stratégies paysannes et perspectives» dresse la situation qui prévaut actuellement dans le bassin. Le premier chapitre analyse le contexte actuel de la crise dans le bassin. A ce propos, il souligne les manifestations lisibles de la crise a savoir le recul des cultures traditionnelles, la paupérisation des ménages et l'émergence d'un secteur nouveau : l'arboriculture fruitière ; sans perdre de vue les causes ou facteurs aggravants et

les stratégies paysannes mises en oeuvre pour faire face aux mutations qu'entraîne la crise. Cette partie se termine par un chapitre intitulé «Pour une nouvelle approche du développement local». Ce chapitre tire les leçons retenues de l'expérience des différentes tentatives de mise en valeur. Il se fonde sur un ensemble de recommandations de stratégies pour entrevoir a l'avenir un développement local durable. Il a pour ambition non seulement

de concevoir des voies et moyens pouvant permettre aux producteurs d'atteindre leurs objectifs économiques a savoir l'autosuffisance alimentaire, la minimisation des risques, la maximisation des revenus par unité de surface ou a l'heure de travail et la rentabilisation du capital- argent investi, mais aussi de fournir a l'ensemble des acteurs un canevas pour une mise en valeur optimale du bassin.

METHODOLOGIE

La méthodologie mis en oeuvre pour mener a bien cette étude peut se résumer en deux points : la collecte des données et leur traitement.

A. Collecte des données

Pour réaliser une étude judicieuse du bassin et de ses bas fonds, le recueil d'un certain nombre de données a été nécessaire. Cela nous a permis de cerner les contours de notre espace d'étude, tout en dégageant la structure des caractéristiques des milieux physique et humain.

Les deux principales techniques utilisées pour la collecte de l'information ont été: la recherche documentaire et le travail de terrain.

A1 Recherche documentaire

La documentation s'est déroulée tout au long de l'étude a travers les différentes sources de documentation de l'Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (Bibliothèque du Département de Géographie, BRGM, Bibliothèque Centrale), de l'Université de Rouen (Bibliothèque de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Bibliothèque Universitaire) et au niveau d'organismes d'études et de recherche du Sénégal (IRD, UICN, DPS, ISRA, IGN, DAT, DEH) Nous avons aussi visité les archives de la défunte SOMIVAC, du PROGES et celles

de la SONACOS de Ziguinchor pour avoir les données sur la production arachidière du

bassin.

Il s'agit d'une analyse globale de la zone a partir du dépouillement de divers documents préexistants réalisés par des étudiants ou chercheurs ou produits dans le cadre

de l'exécution des projets SOMIVAC, MAC, PROGES (rapports d'activités, études du milieu, documents thématiques, rapports d'évaluation et de programmation) ou dans le cadre du plan d'aménagement du territoire (cartes des sols, recensement de la population...)

A2. Le travail de terrain

Il s'est déroulé dans l'ensemble du bassin et a consisté en des visites et observations, des

enquêtes et des entretiens avec les personnes- ressources. Les objectif assignés étaient entre autres de :

- déterminer les caractéristiques socio-économiques et agro techniques du bassin ;

- sonder les progrès accomplis dans le domaine d'une meilleure gestion de l'eau et de l'adoption de pratiques pour une agriculture durable ;

- identifier les problèmes agricoles et de gestion des eaux ;

- quantifier la population vivant dans le bassin ;

- cerner l'organisation sociale de la production ;

- identifier les systèmes de production ;

- établir les calendriers culturaux ;

- estimer les productions agricoles ;

- diagnostiquer et de hiérarchiser les principales contraintes de production.

Les enquêtes ont eu pour base un échantillon de 150 ménages répartis dans les villages de

Goudomp (100) et Birkama (50) L'explication est simple. D'abord, les autres villages du

bassin a l'exception de Bacoundi ont été, pour des raisons de sécurité, désertés de leurs populations qui se sont installées en majorité a Goudomp ou Birkama. Ensuite, la commune

de Goudomp compte a elle seule plus des 2/3 de la population du bassin.

Les difficultés d'ordre matériel et financier ajoutées aux contraintes de temps, nous ont poussé a adopter le sondage ponctuel a passage unique. Chaque ménage est enquêté une seule fois. A ce propos, est considéré comme ménage tout couple marié ou adulte (marié ou célibataire) indépendant tant du point de vue revenus que logement . Tout individu hébergé gratuitement et/ ou assisté financièrement est en revanche compté comme dépendant du ménage d'accueil1.

La méthode d'échantillonnage probabiliste ou aléatoire a l'avantage de donner a tous

les individus la même chance de faire partie de l'échantillon. Aussi avons- nous opté pour cette technique où le hasard va jouer dans la désignation des ménages a enquêter.

Auprès des ménages enquêtés, des informations relatives a la structure, la composition et le revenu des ménages ; mais aussi aux exploitations ont été recueillies. Ainsi, pour ce qui est de la population présente sur l'exploitation, on distingua les personnes

a charge de la population active en précisant notamment leur âge, leur sexe et leur qualification professionnelle.

La question sur le foncier met l'accent sur le statut : propriété, location ou emprunt. Quant a l'analyse fine du système de production, on s'intéresse aux cultures pratiquées, aux modes de labour et instruments arables, au rendement par rizière et a la pratique de gestion des ressources naturelles. De ce fait, on vérifia la logique socioéconomique et mis en évidence les principales contraintes auxquelles sont confrontées les paysans.

Dans l'ensemble, 97% des chefs de ménage sont des hommes, mais on a rencontré des femmes (veuves ou divorcées) qui ont ce statut. Les ménages sont de grande taille. Un ménage compte en moyenne 8 a 9 personnes.

Les principales difficultés auxquelles nous nous sommes confrontés sont diverses. Sur les questions relatives a la production agricole ou au revenu mensuel, nombre d'enquêtés n'a

pu ou su apporter une réponse satisfaisante. Par ailleurs, certains chefs de ménage craignaient que l'enquête ne soit exploitée par le service des impôts. Aussi avons nous dans plusieurs cas, fait usage de la ruse pour réussir a convaincre les plus intransigeants.

La mise en valeur du terroir étant avant tout l'affaire des paysans principaux bénéficiaires, nous avons réalisé des enquêtes complémentaires auprès de personnalités qui, du fait de leur âge ou de leur position sociale ont pu voir évoluer les pratiques paysannes. Cette enquête menée auprès des témoins bien informés (notables des différents villages, vieux paysans, vulgarisateurs agricoles, ex- employés de la MAC , maîtres d'école, présidentes d'associations de femmes ...) se fit sous forme d'entretiens très ouverts et

visaient a comprendre quelles ont été dans la région les transformations récentes en ce qui

1 Définition de ménage par les enquêtes EDS 1 et 2

concerne les cultures pratiquées (espèces et variétés), les rotations de cultures, les techniques employées ; mais aussi pour avoir leur idée sur la gestion des rizières et recueillir leur point de vue dans la recherche de solutions aux différentes contraintes.

Des visites, effectuées sur le terrain nous ont permis d'observer le parcellaire, la morphologie des champs et de mesurer les dimensions des rizières en vue d'une estimation des rendements.

B. Le traitement des données

Il se résume au dépouillement des résultats des enquêtes et entretiens, et leur traitement informatique avec les logiciels WORD, EXCEL et ADOBE ILLUSTRATOR.

PREMIERE PARTIE : COMPLEXITE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE DANS LE BASSIN DE GOUDOMP

CHAPITRE I : UNE VALLÉE RICHE EN POTENTIALITÉS AGROPÉDOLOGIQUES

Introduction

Le cadre physique de la région naturelle de Casamance est de nos jours l'objet de plusieurs travaux de recherche de synthèses réalisés par différents bureaux d'études et universitaires. Les résultats de ces études dans les domaines aussi variés que sont la Géologie et la Géomorphologie, la végétation et les sols ont pour une bonne part, contribué a une meilleure connaissance de cette région a haute vocation agricole.

Avec des sols riches sur un relief a faible pente, de l'eau disponible en surface et en profondeur (nappe phréatique), le bassin de Goudomp offre toutes les opportunités pour un développement agricole.

I- Un relief monotone simple à mettre en valeur

Le relief du bassin de Goudomp a l'instar du reste de la Casamance se caractérise par sa monotonie. Il est formé par des bas plateaux, des interfluves séparés par des plaines alluviales. Il s'agit de terrains intermédiaires entre les plaines et les zones a ondulation de terrain, assez imperméables avec des zones perméables d'étendues notoires. Les pentes longitudinales et transversales sont faibles dans l'ensemble du bassin, conséquence de la monotonie du relief. Les pentes les plus fortes sont inférieures a 5%. Les valeurs de la pente s'estompent au fur et a mesure que l'on va vers l'aval. Cette faiblesse de la pente entraîne d'une part, un ralentissement de la dynamique fluviale avec comme conséquence un alluvionnement au sein du lit du marigot ; d'autre part, elle facilite la remontée des biseaux

salés a l'intérieur des terres rizicultivées.

Cette monotonie du relief facilite sa mise en culture qui se fait avec un outillage rudimentaire. La faiblesse des pentes amoindrit l'érosion par ruissellement et la perméabilité des sols favorise l'infiltration qui alimente l'écoulement souterrain.

II- De l'eau disponible mais sous- exploitée

Notre analyse sera orientée essentiellement sur les bas-fonds (zones d'écoulement des eaux de surface) et sur les ressources d'eau souterraine; les précipitations étant étudiées dans le chapitre suivant.

II-1 Les bas- fonds : un espace humide

Les bas-fonds sont, selon RAUNET2, des fonds plats ou concaves des vallons et axes déprimés ne possédant pas de cours d'eau importants bien marqués, submergés pendant une période de l'année par une nappe d'eau qui s'écoule. Les sols sont d'origine colluviale.

Le bassin- versant a une surface variant entre 1 et 200 km2. Un bas-fond peut se découper

en trois parties : l'extrême amont ou tête de bas-fond, le tronçon amont et le tronçon aval.

II- 1-1 Un écoulement de surface maîtrisable

Le réseau hydrographique du bassin de Goudomp est lâche et se réduit aux deux drains principaux (le marigot de Goudomp et le marigot de Birkama) avec respectivement deux et

un affluents sans chevelu hydrographique. Mais il est nettement enfoncé avec lits majeurs importants, découpé par une multitude de diguettes de rizières et lits mineurs relativement petits a peines creusés dans le lit majeur. C'est un réseau radial formé d'un thalweg principal issu de la convergence dans son bief aval de formateurs d'importance similaire, les points de confluence étant reparties sur les deux rives. Avec la faiblesse de la pente, la vitesse de l'eau dans le réseau et particulièrement dans les cours principaux n'est pas suffisante pour entretenir un tracé net du lit dont la forme se dégrade d'amont en aval pour aboutir a un cheminement parfois difficile a identifier.

Le marigot de Goudomp reçoit sur sa gauche deux affluents, celui de Birkama en reçoit un sur sa rive gauche qui collectent les eaux de ruissellement de la partie haute du bassin. A quelques mètres de l'exutoire, les deux marigots se joignent et forment un bras unique qui se jette dans le fleuve Casamance.

Le régime des rivières suit celui des précipitations. Elle correspond a une seule saison des pluies qui survient durant l'été boréal.

L'écoulement, temporaire en amont et pérenne en aval, se fait du sud vers le nord.

En effet, en amont de la vallée, au début de la saison des pluies jusqu'en février, les réserves fournissent encore un peu d'eau, mais ensuite elles sont taries avec néanmoins des sous- écoulements dans les alluvions ; en aval par contre la présence du barrage maintient les eaux durant toute l'année. L'aménagement de la digue freine (dans une

2 RAUNET, 1992 cité par BADJI, 1998

moindre mesure) la remontée de la langue salée a l'intérieur des rizières et permet le maintient de l'eau durant la saison sèche. Cette eau peut constituer un atout potentiel pour une agriculture irriguée.

II-1-2 Les sols des bas- fonds : entre salinité et aptitude à la riziculture

Les bas-fonds de Goudomp et de Birkama recèlent une diversité de types de sol. D'après une étude de Sénagrosol-consult réalisée dans le cadre du PROGES, les bas- fonds de Goudomp et Birkama renferment neuf types de sols répartis sur cinq unités paysagiques a savoir : le lit mineur inondé, le lit majeur inondable, les terrasses inférieures a tanne nu et tanne herbacé et le bas-fonds inondable (terrasse inférieure)

II-1-2-1. Typologie, caractéristiques et répartition

Les sols de tanne (sols peu évolués d'apport alluvial organique potentiellement sulfatés acides, sols hydro morphes minéraux argilo limoneux a gley salé, sols sulfatés acides a horizon de jarosite peu profond, sols sulfatés acides argileux a horizon de jarosite moyennement profond) couvrent une superficie de 160 ha et se caractérisent par une forte acidité et une salinité en aval suite a l'effet de digue créé par la piste latéritique qui traverse

les deux bas-fonds et joint Goudomp a Birkama. Leur texture argileuse favorise un drainage pauvre a imparfait. Les sols de tannes sont identifiés principalement en amont de cette piste latéritique.

Les sols potentiellement sulfatés acides ou acidifiés, identifiables dans le thalweg, représentent les terres inondables situées en dessous du point altimétrique 1,2

IGN. Il est noté par ailleurs une très faible profondeur de sol au fur et a mesure qu'on descend vers l'embouchure.

Quant aux sols sulfatés acides matures situés dans les positions les plus élevées du

lit majeur ou en bordure de bas- fonds, ils constituent 126 ha des terres ; ils ont une texture argileuse.

Dans les zones médiane et amont du lit majeur non atteintes par la marée, il existe

les sols hydromorphes à pseudo- gley d'une superficie de 28 ha. Ils sont de couleur sombre avec des nuances de gris en profondeur, leur texture argileuse en surface repose sur un horizon poreux a peu poreux favorisant une remontée de nappe et une saturation quasi permanente des unités a gley. Cette situation reste propice pour la double culture dans certains endroits tels qu'en haute vallée. Ces sols sont néanmoins pauvres en azote et matières organiques. L'acidité mesurée varie entre 4 et 4,8.

Sur les terrasses moyennes a haute savane, peuvent être identifiés les sols profonds sur matériaux d'ensemble sableux à sablo-argileux (sols hydromorphes

minéraux a pseudo-gley argileux-sableux alluvio-colluvionnaire) avec un bon drainage

interne par endroit excessif a cause de la pente moyenne jugée élevée (supérieure a 5%) Ce sont des sols acides avec des teneurs en matières organiques et azotées médiocres.

II-1-2-2 Des sols aptes à la riziculture malgré les contraintes de salinisation

A l'issue de cette étude menée par le Sénagrosol- Consult la conclusion suivante fut tirée :

-76 ha soit 17,4% des terres constitués de tannes nus ou engorgées ne sont pas cultivées. Les limitations majeures concernent la forte acidité, la faible profondeur du sol, la salinité qui n'affecte que les terres situées dans la partie septentrionale du bassin en aval de

la piste latéritique Goudomp- Birkama. Après la construction de la digue anti-sel en 1996, la récupération des terres (encore timide) a permis une mise en valeur de quelques parcelles

a aptitude potentielle marginale.

-265 ha soit 60,6% des terres sont constituées de tannes herbeuses et de sols a texture légère. Les productions permises sont marginales. Les facteurs limitant sont entre autres, la difficulté de drainage, la salinité et acidité a faible profondeur, les risques d'érosion,

la pauvreté en matière organique. Ces terres présentent une aptitude a la riziculture marginale a moyenne.

-96ha soit 23% des terres seulement sont constituées de sols cultivables et a productivité moyenne a bonne. Ces unités se rencontrent en amont des deux bras (Goudomp et Birkama) Les principales contraintes sont les risques d'inondation et la déficience en matière organique.

Il ressort en analysant de prés cette conclusion que dans l'ensemble, la vallée de Goudomp présente des sols aptes a la riziculture malgré les contraintes liées a la salinité. Ces contraintes ont été en partie circonscrites par l'aménagement de la digue. Par ailleurs

un apport en matières organiques et un drainage régulier augmenteraient le potentiel agricole de cette zone.

II-2 Un sous-sol riche en ressources hydriques

Les potentialités hydriques du sous-sol ont été mis en évidence par quelques sondages pétroliers et de nombreux forages et piézomètres réalisés dans le bassin casamançais (dont ceux de Goudomp et Birkama) lors des grandes campagnes d'étude des différents projets initiés dans la région.

Les ressources en eau souterraine intéressent trois systèmes aquifères correspondant aux principales formations géologiques de la région: le Continental Terminal, l'Oligo-Miocène

et le Maastrichtien.

a) L'aquifère superficiel du Continental Terminal

Il est mis en évidence a travers les multiples puits réalisés a Goudomp, Birkama et

Bacoundi. En effet, la nappe phréatique se trouve a quelques décimètres du sol aux abords

des marigots et a une vingtaine de mètres de profondeur sous les plateaux. Elle est captée dans toutes les localités par des puits traditionnels et joue un rôle très important dans l'hydraulique villageoise.

L'aquifère du Continental Terminal (C.T) est constitué de sables fins jaunes a gris beige uniformes ou argilo-sableux avec de fréquentes variations latérales et verticales de faciès. Le caractère hétérogène de ces formations détritiques du Continental Terminal a été mis en exergue par des études basées essentiellement sur l'observation des puits. A cause

de sa faible transmissivité et du rabattement possible très limité du niveau de l'eau, la nappe contenue dans les formations du «C.T » ne permet qu'une exploitation par puits et non par forages a grand débit (KRUGER, 1980)

L'épaisseur de la nappe du « C.T », fonction de son mode de dépôt est très variable dans le bassin de Goudomp. Le niveau statique se trouvant vers plus de 10m sous les plateaux et vers 0m au niveau des bas- fonds.

L'étude des variations piézométriques a montré que la nappe d'eau superficielle suit

un cycle d'évolution saisonnière qui se traduit par une remontée pendant la saison des pluies

et une baisse au cours de la saison sèche. La hausse du niveau piézométrique est significative d'une recharge pluviale : elle est rapide et substantielle sous les terrasses mais devient différée et peu marquée sous les plateaux (MALOU, 1992)

b) La nappe de l'Oligo- Miocène

Les études réalisées a travers le forage de Birkama ont montré l'importance de cet aquifère dans le bassin de Goudomp.

Les formations de cette nappe sont essentiellement sableuses et sablo-argileuses. La géométrie de l'aquifère, liée au mode de dépôt des sables et aux accidents tectoniques, est irrégulière. La limite inférieure des formations Oligo-Miocènes est déterminée par le toit de l'Eocène. Cet aquifère se présente sous la forme d'un ou de plusieurs niveaux superposés

de sables.

c) La nappe profonde du Maastrichtien

Les formations du Maastrichtien sont constituées de faciès détritique littoral. Il s'agit de sables de granulométrie variable alternant avec des passages argileux. La formation générale du toit de l'aquifère est très simple (LEPRIOL, 1984) Sa limite supérieure est déterminée par le mur des formations marneuses et calcaires du Paléocène- Eocène moyen. Sous le niveau de la mer, le toit descend par gradins successifs d'est en ouest. Son épaisseur est variable.

Conclusion

L'environnement physique du bassin de Goudomp malgré de lourdes contraintes naturelles, regorge d'énormes potentialités agropédologiques. Les sols offrent un cadre adéquat pour une mise en valeur. Les différents aquifères mis en place par la géologie sont richement

dotés en ressources hydriques. Le potentiel en eau douce, très important, se concentre pour l'essentiel dans le bas-fond où le réseau hydrographique est relativement dense et creusé. Les rivières sont sémi-pérennes car suffisamment profondes pour drainer la nappe phréatique. L'aménagement du barrage anti-sel qui a permis d'abroger plusieurs contraintes physiques, laisse entrevoir une lueur d'espoir quant a une mise en valeur moderne des terres pour les années a venir.

CHAPITRE II : CONTRAINTES DU CLIMAT ET PROBLEMATIQUE DE LA MAITRISE DE L'EAU

Introduction

La connaissance des paramètres climatiques principalement les précipitations est importante dans le cadre de notre étude en raison de leurs influences sur le régime (pluvial) des cours d'eau du bassin de Goudomp. En outre, les précipitations constituent un des éléments les plus importants dont dépendent la vie des paysans en général et l'agriculture en particulier car de toutes les activités économiques, l'agriculture est certainement celle qui expose le plus l'homme aux aléas du climat.

La Casamance, englobant notre bassin d'étude, présente un climat de type tropical sec avec alternance de saison sèche et de saison pluvieuse. La saison des pluies (de mai a octobre) est marquée par la prédominance de la mousson alors que la saison sèche (de novembre a avril) est dominée par le souffle des alizés (maritime, maritime continentalisé, continental)

I. LES FACTEURS CLIMATIQUES

I.1. Le Cadre aérologique

La circulation générale de l'atmosphère au-dessus du bassin de Goudomp dépend a la fois des Hautes Pressions Tropicales et de l'Equateur Météorologique dont les migrations saisonnières déterminent les caractéristiques des flux d'air et des types de temps résultants.

En effet, l'évolution du temps est régie par la circulation des masses d'air dans les basses et moyennes latitudes communément appelée circulation tropicale ou intertropicale. Cette circulation s'organise autour des centres d'action (cellules anticycloniques des Açores, du Sahara et de Sainte-Hélène)

En hiver boréal, l'Equateur Météorologique, sous l'influence des anticyclones des Açores et du Sahara migre vers le sud. La région subit alors l'influence des deux circulations d'alizés aux caractères différents : les alizés maritimes de directions nord a nord- ouest issus

de l'anticyclone des Açores qui se confondent avec l'alizé continental ou harmattan de

direction est dominante, issu de la cellule maghrébine.

L'alizé maritime y déverse fraîcheur et humidité entraînant une baisse des températures et une diminution du déficit hygrométrique ; et dépose des brouillards et des rosées qui empêchent parfois l'alizé continental de se faire sentir. Malgré son humidité, ce flux (alizé maritime) est inapte a engendrer des précipitations. L'harmattan, quant a lui se caractérise par sa grande sécheresse et des amplitudes thermiques très accusées. Il est accompagné de brumes sèches.

En été boréal, le réchauffement de l'hémisphère nord consécutif au mouvement zénithal du soleil entraîne la mise en place d'une dépression thermique très creusé au Sahara et l'affaiblissement de l'anticyclone des Açores avec une position septentrionale très marquée. Pendant ce temps l'anticyclone de Sainte-Hélène dont la puissance s'est beaucoup accrue du fait de la vigueur de l'hiver austral, opère une migration vers le nord entraînant celle du Front Intertropical (F.I.T).

La circulation aérienne s'inverse et prend une orientation sud-ouest. Le bassin de

Goudomp est alors envahi par le «flux de mousson» résultant de l'alizé issu de l'anticyclone

de Sainte-Hélène Son parcours maritime l'a chargé d'un grand potentiel d'eau précipitable. Son influence se fait sentir sur toute la zone de mai a octobre.

L'installation progressive de la mousson, son épaisseur et ses perturbations dont le moteur est l'air polaire se déplaçant sous forme de noyau anticyclonique mobile avec des trajectoires variables, déterminent les types de précipitations. L'arrivée du FIT dans la zone

se caractérise par l'apparition de cumulus qui prennent de l'épaisseur et provoquent des orages isolés. Au sud de ce front, des bandes de cumulonimbus de direction nord-sud se déplacent d'est en ouest et sont a l'origine d'orages organisés appelés lignes de grains dont

la formation et l'entretien sont liés aux noyaux anticycloniques. Lorsque l'air de mousson est assez haut, on observe des pluies régulières et moins intenses.

I.2. Les facteurs géographiques

Situé entre 12°27' et 12°35', le bassin de Goudomp par sa position en latitude et sa relative proximité de l'océan bénéficie d'un climat particulier de type subguinéen qui reçoit de plein fouet en été, les vents marins du sud-ouest (mousson) Cette position imprime a la zone une légère atténuation des températures liée a l'influence de l'alizé maritime continentalisé.

II. UNE PLUVIOMETRIE ALEATOIRE

Les données climatiques dont nous disposons, pour notre analyse, ont été recueillies au niveau du service de la Météorologie Nationale. A cet effet, trois stations ont été répertoriées: il s'agit de la station synoptique de Ziguinchor et les postes pluviométriques de Sédhiou et de Goudomp. Les stations de Ziguinchor et de Sédhiou ont été choisies du fait de leur proximité de la zone d'étude et du fait de l'absence de données anciennes pour la station de Goudomp.

II-1 Variabilité inter annuelle et contrainte de salinisation

Les précipitations dans le bassin de Goudomp sont principalement liées au flux de mousson (en hivernage) mais aussi les incursions d'air polaire peuvent provoquer en saison sèche de faibles averses (pluies de « heug »).

Pour analyser la variabilité des précipitations annuelles, on a recours a des méthodes répandues telles que la moyenne mobile pondérée, l'écart moyen relatif, le coefficient de variation, l'indice de variation et la méthode des quintiles.

La moyenne mobile pondérée permet de lisser la courbe évolutive des précipitations annuelles. Elle traduit mieux le comportement de la pluviométrie au niveau de la station sur

la période étudiée. Nous avons eu recours dans le cadre de notre analyse a une moyenne glissante sur une période de 3 ans.

La méthode des écarts moyens permet d'évaluer les excédents ou les déficits d'une année quelconque par rapport a la moyenne de la série. Sa formule est la suivante :

E.M (%) = (Pi - Pm) x 100

Pm

E.M (%) = Ecart Moyen relatif en pourcentage

Pi = Pluie moyenne d'une année en mm

Pm= moyenne des pluies de la série en mm

Le coefficient de variation (C.V) est un paramètre de dispersion des précipitations. C'est le rapport entre l'écart- type divisé par la moyenne. Elle donne la dispersion des valeurs autour

de la moyenne. Quant a l'intervalle de variation (I .V), c'est la différence entre la précipitation

maximale et la précipitation minimale annuelle de la série.

Les quantités de pluies enregistrées annuellement ces trois dernières décennies varient en moyenne entre 1000 et 1200 mm. Les totaux annuels pluviométriques connaissent une grande variabilité. Ceci est une des caractéristiques des zones sahéliennes

où l'essentiel de la pluviométrie est apportée par les lignes de grains dont la fréquence est très variable d'une année a l'autre. Cette variabilité inter annuelle est confirmée par l'intervalle de variation (I .V = 908,1) et le coefficient de variation inter annuel (C.V = 0,3)

Un regard jeté sur les cumuls annuels permet de constater ce fait : durant les trois dernières décennies la station de Sédhiou a enregistré son plus faible total annuel de pluie

en 1983 (711,3mm !) L'année la plus humide (1999) avec 1619,4 mm présente un écart moyen de 55% (excédent) L'hivernage a eu une durée normale (6 mois) et le maximum est intervenu en août avec 705,5mm. Sur les trente années d'observations quinze sont déficitaires soit 50%.

La tendance de la pluie moyenne matérialisée montre :

- une période sèche de 1971 a 1973

- une période humide de 1974 a 1976

- une période sèche de 1977 a 1987

- une autre période humide de 1987 a 1989

- une autre période sèche de 1990 a 1992

- une période humide de 1993 a 1995

- une année sèche en 1996

- et enfin une période humide entre 1997 et 1999.

Une comparaison de cette normale (1970- 1999) d'avec les années précédentes montre clairement la tendance déficitaire de la pluviométrie. La moyenne des précipitations moyennes annuelles est de 1446,1 mm entre 1950 et 1969 contre 1051,5 entre 1970 et

1999. Les années considérées comme sèches dans la série de 1950 a 1969 ont des valeurs

de loin supérieures a la moyenne de la série de 1970 a 1999.

Il ressort de l'analyse de ces deux tableaux que les valeurs des années moyennes et excédentaires ont fortement baissé. La tendance générale est au déficit pluviométrique.

Cette péjoration des conditions climatiques observée dans le courant des années 70 a provoqué deux types de changements sur l'évolution des sols. D'abord du point de vue chimique, on observe une augmentation considérable de la salinité des nappes et des sols. Cette hyper salinisation des sols est lisible sur le terrain par l'apparition d'efflorescences salines. Ensuite du point de vue minéralogique, on assiste a une formation généralisée de gypse et a la présence dans certains profils des tannes, des racines salicifères.

II-2. Variabilité inter mensuelle des précipitations et fonctionnement hydrologique et hydrogéologique des bas- fonds

La pluie débute a Goudomp au mois de mai (60% des observations) et s'achève en octobre (70%) L'étendue de la saison pluvieuse est en moyenne de six mois. Les pluies hors-saison sont faibles et se regroupent autour des mois de janvier, février, mars et décembre. Leur faiblesse se manifeste par des traces.

Le mois le plus pluvieux est août (55% des maxima pluviométriques), cependant il peut se décaler au mois de juillet (30%) ou septembre (15%) Ces trois mois concentrent a eux seuls prés de 75% des précipitations enregistrées. En effet, les coefficients pluviométriques durant les trente années d'observations se répartissent comme suit : août C.P = 28%, juillet C.P =23,3%, septembre C.P = 22,3%.

Le coefficient pluviométrique (C.P) permet de déterminer le mois le plus pluvieux. Il est obtenu en faisant le rapport entre la moyenne de précipitations du mois divisée par la moyenne des précipitations annuelles élevé en pourcentage. Il donne ainsi la part du mois dans les précipitations annuelles.

La variabilité inter mensuelle des précipitations est aussi mesurée par l'intervalle de

variation (I.V) et confirmée par le coefficient de variation (C.V)

Les mois pluvieux présente des I.V les plus élevés (juillet : 239,2 ; août : 185,6 ; septembre :

189,3) Par conséquent la pluie est dispersée. Cette dispersion est confirmée par les faibles coefficients de variation (juillet= 0,3, août= 0,2, septembre= 0,3 ) Les mois non pluvieux ont des C.V très élevés (février= 5,3)

L'analyse du mois pluvieux permet de savoir si, en fonction du total pluviométrique reçu, on peut considérer le mois comme étant pluvieux. Pour cela, on peut utiliser une représentation graphique appelée profil ombrothermique qui répond a la relation de BAGNOUL et

GAUSSEN :

P = 2 TM avec P : Précipitations mensuelles enregistrées

TM : Température Moyenne mensuelle

Un mois est considéré comme pluvieux lorsque la valeur des précipitations enregistrée est supérieure au double de la température moyenne. Dans notre bassin, la véritable saison pluvieuse concerne les mois de juin a octobre soit une durée de 5 mois.

L'hydrologie des bas-fonds de Goudomp et de Birkama est étroitement liée aux précipitations qui constituent le principal agent générateur de l'écoulement de surface. Les volumes d'eau écoulés sont très importants car dès le mois d'août il n'y a plus de pertes par infiltration pour les averses qui tombent sur la zone inondée.

La remontée des nappes aquifères sur les versants provoque leur affleurement dans

les bas-fonds. Durant la saison pluvieuse, les marigots drainent les nappes et l'affleurement

de la nappe sur les ramifications des marigots. Les bas-fonds alors d'une eau douce sur leur partie amont ; sur la partie aval, apparaît une dépression piézométrique sous les terrasses alluviales. Cette dépression piézométrique favorise la circulation de la langue salée.

Durant la saison sèche, les nappes superficielles se déchargent et leur niveau baisse car ne recevant pas les apports provenant de l'infiltration des pluies. Cette diminution du niveau des nappes est aussi le fait essentiel de l'évapotranspiration.

L'aquifère dans son ensemble comprend trois zones de fluctuation selon les différentes formations qui la composent :

· une zone de terrasse de profondeur comprise entre 0 et 10 m. Le niveau statique dans cette zone, passe par un niveau d'étiage et un niveau de crue définissant ainsi deux phases de fonctionnement de l'aquifère : une phase de recharge pendant la saison des pluies et une phase de décharge durant la saison sèche ;

· une zone intermédiaire située entre 10 et 15 m de profondeur avec des battements piézométriques avoisinant 2 a 15m. Ici l'onde de fluctuation reste marquée par

l'équilibre existant entre les phases de recharge et de décharge durant l'année ;

· une zone de plateau où la nappe demeure très profonde (+ 20m) avec des amplitudes de battements saisonniers faibles. La stabilité de cette nappe est fonction en grande partie a l'importance des précipitations. La péjoration climatique depuis ces dernières décennies a eu des conséquences sur le fonctionnement hydrologique et hydrogéologique des bas-fonds. L'écoulement est devenu semi- pérenne et s'étale sur plusieurs mois. L'abaissement des nappes phréatiques consécutives a la sécheresse est responsable d'une grande partie de l'acidification des terres des bas-fonds (MALOU, 1992).

II-3 Analyse des précipitations journalières

Les totaux mensuels et annuels des précipitations cachent des disparités quant a la répartition des jours de pluies. Pour l'analyse des précipitations journalières, on a eu recours aux données de la station de Goudomp en dépit des lacunes de plusieurs années qu'elle présente.

Dans l'ensemble le mois d'août concentre, le maximum de jours pluvieux suivi du mois de septembre. La quantité de pluie enregistrée journalièrement varie en moyenne entre

35 et 75 mm. Les années humides enregistrent le maximum de nombre de jours de pluies.

II-4 Déficit pluviométrique et problématique de l'eau

Comme nous l'avons démontré précédemment, la tendance de la pluviométrie dans notre bassin est depuis plusieurs années au déficit. Ceci n'est pas sans conséquences sur la production rizicole dans les bas-fonds. Les réserves naturelles en eau douce sont de moins

en moins importantes. Celle-ci ne provient que des précipitations pendant une période qui s'est raccourcie considérablement. En effet, le climat de Goudomp se caractérise par deux faits majeurs :

- une distribution unimodale des précipitations qui créé un seul cycle cultural dont dépendent a la fois la sécurité alimentaire des paysans et leurs revenus annuels ;

- une variabilité inter annuelle et intra annuelle qui expose constamment les cultures a des risques de sécheresse.

Or la riziculture nécessite une alimentation régulière en eau douce. Le stockage des eaux pluviales par un barrage et la gestion du niveau de l'eau sont devenus indispensables. Les sols salins et acides, conséquence de la baisse de la pluviométrie, constituent un autre obstacle majeur a surmonter. La salinité est entretenue par les eaux marines ; la fonction anti-sel du barrage n'empêchant cependant pas les intrusions via la nappe. L'acidité présente dans ces sols génère dans le milieu des éléments solubles toxiques pour les plantes. La stérilisation de ces terres (en extrême aval du bassin) a entraîné l'abandon de la

culture du riz en zone salée : 58% des causes d'abandon des terres sont liées a la salinité.

Aujourd'hui, la problématique de la maîtrise de l'eau demeure entière dans le bassin de Goudomp et invite a une réflexion sérieuse quant aux stratégies a mettre en place pour une augmentation de la productivité et un épanouissement des conditions de vie des paysans.

Conclusion

Le fait majeur caractéristique du climat de Goudomp est la distribution unimodale des précipitations et leur variabilité interannuelle et intra-annuelle.

En dépit de la diminution des pluies consécutive a la sécheresse des années 70, les volumes d'eau annuels précipités demeurent suffisants pour remplir les petits aménagements des bas-fonds durant l'hivernage. Donc, nous pouvons affirmer que dans l'ensemble le climat reste favorable a la mise en valeur agricole (culture sous pluie ou irriguée) bien que la variabilité des précipitations annuelles et mensuelles expose les cultures a des risques permanents de sécheresse.

CHAPITRE III : L'ENVIRONNEMENT DEMOGRAPHIQUE, SOCIOLOGIQUE ET SOCIO- ECONOMIQUE

Introduction

Les données humaines disponibles ont été recueillies d'une part a la D.P.S ( RGPH 1988 )

et d'autre part a la mairie de Goudomp disposant des chiffres sur la population de l'ensemble des villages environnants recensés lors d'une campagne de distribution de vivres

en 1999. Les autres informations (niveau d'instruction, répartition des activités socioprofessionnelles...) sont les résultats directs des enquêtes ménages que nous avons

eu a mener a Goudomp et a Birkama.

I- Structure d'une population jeune et à croissance exponentielle

La population du bassin de Goudomp, avec environ 15.000 habitants aujourd'hui contre

10.615 en 1988, se caractérise par son évolution rapide et sa jeunesse.

I-1 Une évolution démographique inquiétante

Afin d'avoir une bonne perception de l'évolution de la population, nous essayerons de transcrire les données chiffrées par un diagramme a bâtons.

L'analyse de données démographiques montre une forte croissance de la population dans les villages de Goudomp, Birkama, Bacoundi et Pontodosse.

Cette croissance s'explique par plusieurs raisons parmi lesquelles :

- un taux de natalité assez élevé eu égard a l'amélioration du cadre de vie par la mise en place d'infrastructures sanitaires (poste de santé de Goudomp) ;

- une affluence notable des populations des villages environnants fuyant les exactions des bandes armées ;

- une arrivée de pêcheurs saisonniers (a Goudomp et Birkama)

Par contre, nous notons une forte baisse voire une disparition de la population dans les localités de Diouniki, Akentou 1 et 2 et Bindaba 1 et 2. Ce fait est consécutif a l'insécurité qui sévit dans la zone. Les populations ont quitté leurs villages, abandonnant tous leurs biens pour s'installer dans les zones plus stables (Goudomp, Pontodosse, Birkama, Bacoundi, Guinée Bissau...)

Cette augmentation de la densité de population est a l'origine de la transformation des paysages et des systèmes de production agricole. Dans ce contexte, il est impératif de trouver des méthodes adaptées pour analyser correctement la situation et poser un diagnostic opérationnel mettant en évidence les contraintes au développement, puis de concevoir avec les populations un cadre de concertation et de décisions pour les actions a entreprendre.

I- 2 Une main d'oeuvre disponible

Le volume et la structure de la population déterminent le volume et la nature des besoins immédiats en matière sociale et économique3.

. Répartition par âge et par sexe

Comme partout dans le pays, la population du bassin de Goudomp se caractérise par son extrême jeunesse: prés de 53,3% ont moins de 20 ans. La population d'âge adulte (20-59 ans) représente environ 43,2%. Une proportion non moins négligeable (6,7%) est composée

de personnes âgées (60 ans et plus)

La structure par sexe montre un déséquilibre entre la population féminine (52%) et la population masculine (48%)

Cette population jeune et féminine constitue une main d'oeuvre potentielle pour la mise en valeur des bas- fonds.

. Répartition de la population selon l'ethnie

L'analyse porte sur les principaux groupes ethniques présents dans le bassin. A ce titre deux groupes (Balantes et Mandingues) s'individualisent en constituant plus de 60% de la population de l'ensemble du bassin. Ensuite viennent le groupe des Mandjaques et Mancagnes avec 12,3%, les Diolas 10,4%, et les Peuls et Wolofs 8,9 %. Le groupe des Peuls et Wolofs englobe, outre les Peuls et les Wolofs, les Toucouleurs ou Walo- walo.

3 DPS, 1988 : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

Les Mandingues, majoritaires a Goudomp (45%) sont également présents a Bacoundi et a Birkama où l'écrasante majorité de la population est balante. De même qu'on retrouve a Goudomp des Balantes (20%), des Mandjaques et Mancagnes (10%) La population de Goudomp se caractérise ainsi par son hétérogénéité : 99% des Diolas du bassin y vivent et constituent 15% de la population. Les Peuls et les Wolofs essentiellement présents a Goudomp (10% de la population), se rencontrent également a Bacoundi et Birkama.

Le groupe des Mandjaques et Mancagnes peuple les villages de Bindaba 1 et 2, Diouniking, Akintou 1 et 2 mais se rencontre aussi a Birkama, Goudomp, et Bacoundi.

Chaque groupe inculque ses pratiques traditionnelles dans l'espace où il est majoritaire.

II- Caractéristiques socioéconomiques

II-1 Niveau d'instruction et niveau de vie

Les questions posées sur l'instruction lors de l'enquête n'ont permis que de déterminer la fréquentation de l'école française, le niveau le plus élevé dans cet enseignement et le niveau d'alphabétisation dans les langues nationales.

Dans l'ensemble, le taux d'alphabétisation est de 72% pour les moins de 20 ans. La plupart des adultes ont fréquenté l'école française (50,12%) alors que ce taux chute a 23% chez les vieillards.

Le taux d'individu ayant fréquenté l'école primaire est de loin le plus important. Néanmoins, même si ce taux brut de scolarisation du primaire a progressé très rapidement ces dernières années, il n'en demeure pas moins que le taux de déperdition scolaire au primaire reflète un faible maintien des élèves a l'école. Cette situation est plus prononcée chez les filles qui ont difficilement accès a l'instruction compte tenu des pesanteurs sociales

et le manque de confiance au système éducatif. Les faiblesses des revenus des ménages et

la lutte pour trouver le pain quotidien, la dégradation des conditions et du cadre de vie ne sont pas par ailleurs a la faveur d'une initiative familiale scolarisante. Les familles pour la plupart pauvres - plus de 80% de la population- ne peuvent pas prendre en charge les dépenses d'éducation.

L'analphabétisme concerne davantage les femmes que les hommes.

Enfin l'alphabétisation en langues nationales (Mandingue et Balante), initiée par les promoteurs des opérations de développement, ne concerne qu'une fraction négligeable de la population féminine. Sans qu'il y ait une véritable demande de la part des villageois, ces programmes sont mis en oeuvre pour remplacer une école primaire largement déficiente et pour proposer aux adultes un apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul a partir de supports «fonctionnels». L'acquisition des connaissances ne manque pas de soulever de nombreuses difficultés. Mais en fin de compte, on peut s'interroger sur la fonction

d'alphabétisation dans les diverses langues nationales, car elle comporte le risque majeur de renforcer la dimension ethnique des associations paysannes, et ainsi d'entretenir des particularismes culturels et éventuellement des conflits entre les groupes.

Le niveau de vie de la population du bassin de Goudomp est précaire. Le revenu moyen mensuel est de 8000F CFA (environ 13 euros) chez les paysans, alors qu'il avoisine

40 a 45000F CFA (61 a 68 euros) chez les pêcheurs.

II- 2 Répartition des activités socioprofessionnelles

a) Une population essentiellement agricole

L'agriculture reste l'activité économique la plus pratiquée en mobilisant 71% de la population.

En effet, les populations du bassin de Goudomp ont une forte tradition agricole. Il faut préciser que dans le passé, la richesse, la puissance du chef de famille se mesurait a travers son grenier.

Aujourd'hui cette agriculture souffre de son extensivité, la pauvreté des sols, l'insécurité et le manque d'équipement en matériels agricoles.

b) Le rôle prépondérant de la pêche dans l'économie locale

La pêche, mobilisant 20% de la population, constitue la deuxième activité a Goudomp. Elle s'est développée a la fin des années 40 et au début des années 50 avec l'arrivée de pêcheurs Toucouleurs ou Walo- walo venus du fleuve Sénégal, qui introduisent l'usage des filets dérivants. Leur arrivée coïncide avec le développement de l'industrie de transformation

et de commercialisation du poisson fumé. A partir de 1960 l'essor de la pêche crevettière, grâce a l'installation d'usines de traitement a Ziguinchor, provoque l'arrivée de nouveaux pêcheurs Toucouleurs et la conversion de nombreux pêcheurs de poissons a la pêche a la crevette.

La pêche constitue la principale source de revenus de la population surtout jeune.

Les enfants et les jeunes sont très impliqués dans les activités de pêche où on a besoin de beaucoup de main d'oeuvre, ce qui ne manque pas de conséquences sur leur scolarité. Les principaux produits pêchés sont : les crevettes, le tilapia, les mulets, l'ethmalose, les otholites...

L'état de délabrement avancé du centre de perfectionnement des pêcheurs et des unités de transformation de produits de pêche ; l'équipement archaïque essentiellement constitué de pirogues a voile et de filets artisanaux sont les principales contraintes liées au développement de la pêche.

A côté des activités principales (agriculture, pêche) on a des activités secondaires génératrices de revenus. Ce sont :

- la cueillette des produits naturels (néré, huile de palme, pain de singe, « mad»...),

la transformation des produits de l'agriculture ou de la pêche qui sont l'affaire des jeunes et des femmes ;

- l'artisanat (menuiserie, maçonnerie....), le petit commerce.

Les fonctionnaires de l'Etat et les autres travailleurs salariés ne concernent qu'une frange infime de la population. Ce sont essentiellement les instituteurs, les professeurs, les cadres ruraux, agents des collectivités locales...

Le bassin de Goudomp dispose d'un capital humain important. La population essentiellement jeune et le niveau d'instruction assez élevé de ces jeunes constituent un atout de taille pour la mise en valeur des terres et laissent entrevoir de l'espoir pour un lendemain meilleur. Cependant, le niveau de vie précaire de la population et le manque d'équipement, principales contraintes, doivent être corrigés par une politique d'investissement dans le secteur agricole et d'encadrement des paysans de la part des partenaires au développement.

III- Une politique agricole peu soucieuse de la précarité des masses paysannes

III-1 Le désengagement de l'état

Avant 1964, date d'implantation de la Société d'aide technique et de coopération (SATEC),

les centres d'expansion rurale polyvalent (CERP), les centres d'animation rurale (CAR) et les services locaux effectuaient la vulgarisation pour améliorer la condition de vie paysanne par des thèmes techniques. La politique agricole était alors essentiellement basée sur l'interventionnisme systématique de l'Etat.

La période qui va de 1979 a 1984 sera marquée au Sénégal par de profondes difficultés au plan économique et financier, justifiant la mise en oeuvre d'un plan de redressement économique et financier. Le plan sera la base de modification substantielle, dans l'environnement institutionnel du développement rural, prélude a la mise en place de la Nouvelle Politique Agricole (NPA)

Cette nouvelle politique agricole, élaborée en 1984, a eu comme effets le dépérissement des sociétés d'encadrement du monde rural, la suppression du programme agricole grâce auquel les producteurs avaient accès au crédit et aux intrants (ONCAD), la libéralisation des circuits d'approvisionnement et de collecte. En effet, l'ajustement dans le secteur agricole s'est traduit par le désengagement, la privatisation et la restructuration des entreprises publiques chargées du développement rural et agricole, la responsabilisation des agriculteurs avec un transfert de certaines fonctions anciennement dévolues aux organismes publics, l'élimination des subventions sur les intrants et le crédit agricole, la libéralisation des prix, des marchés et du commerce des produits agricoles. Bref, un désengagement soudain

de l'Etat dans l'encadrement et l'aide apporté aux paysans après une longue période d'interventionnisme.

Cette nouvelle politique agricole intervient dans un contexte macro-économique

combinant une crise de croissance globale de l'économie nationale et une crise financière.

Par ailleurs, d'autres contraintes (micro-économiques) s'exercent sur les exploitations. Toutes les unités de production dans le bassin sont de type familial. Les revenus monétaires des paysans sont dérisoires. Le manque d'équipement et les problèmes d'écoulement des produits sont entre autres, les obstacles qui freinent le développement de l'agriculture. L'accès au crédit soulève l'épineuse question de l'insuffisance des garanties a fournir en contrepartie des prêts contractés et les efforts de diversification des produits agricoles n'ont pas encore arraché a l'arachide sa primauté dans l'économie locale.

III-2 Un système bancaire inadapté aux mentalités locales

Le mode de fonctionnement des banques est inapproprié a la clientèle rurale, les banques constituant un prolongement des établissements des anciennes métropoles coloniales, avec

un calquage de leurs modes de fonctionnement sur le modèle français. Ce qui a eu pour conséquence d'exclure économiquement, psychologiquement et géographiquement les populations locales. Sachant qu'une importante frange de la population vit avec moins d'un dollar par jour, comment faire face au montant exigé pour la simple ouverture d'un compte (1000 FF pour un compte d'épargne et 5000 FF pour un compte courant)? Sans parler des garanties (nantissements, hypothèques) hors de portée d'une population qui peine a subvenir a ses besoins !

Sur le plan psychologique, la localisation des banques en centre ville a eu pour effet "d'impressionner" les populations rurales. Le luxe dont s'entourent ces établissements (cadre climatisé, architecture moderne, ascenseurs) ne correspond pas aux mentalités du pays et

en éloigne une bonne partie de la population, en majorité analphabète, rebutée par la lourdeur des démarches administratives. Problèmes d'accès également : en dehors de la Caisse Nationale de Crédit Agricole, aucune banque classique n'est localisée en milieu

rural.

Face a cette crise, alors que la tendance était au désengagement progressif après une longue période d'interventionnisme, une politique de redressement a été mise en place

en 1989 pour sécuriser les conditions de prêt. Dès lors, il devenait encore plus difficile pour

les populations a faibles revenus d'accéder a ces services et dans ce contexte, la micro finance que nous aborderons dans la troisième partie, trouva un terrain favorable a son expansion.

IV- Le pays balante ou Balantacounda : une société profondément transformé par les migrants

La structure actuelle de la population du Balantacounda est le fruit de son histoire fondée sur

de vagues successives de migrants affluant dans la zone. Ces nouveaux venus ont largement contribué a la transformation de la société balante traditionnelle et a la mise en place d'une société hybride où une réelle osmose s'est produite entre les différentes ethnies

en présence.

En effet, depuis un demi- siècle et surtout depuis la dernière guerre, le Balantacounda a subit des transformations d'autant plus profondes qu'il était démuni de toute infrastructure politique et de tout système d'organisation sociale, capables d'assurer la solidarité de l'ethnie et le contrôle de l'espace en dehors des périmètres effectivement occupés et cultivés. La fin de l'isolement, l'ouverture de voies de communications, l'établissement de réseaux administratifs et commerciaux, l'apparition de nouvelles conception de la vie sociale et personnelle, sur le plan religieux notamment, ont été l'oeuvre d'«étrangers» dont la région a connu et continue a connaître une véritable invasion (PELISSIER, 1966)

Nul autre secteur de la Casamance n'a connu une arrivée aussi massive d'immigrants. Mandingues et originaires de la Guinée Bissau (Mandjaques et Mancagnes), ont créé des villages- centres (Goudomp, Akintou 1 et 2, Bindaba 1 et 2, Diouniki), répandu la culture de l'arachide, introduit l'islam. Ils ont en quelque sorte juxtaposé une géographie nouvelle aux formes d'occupation du sol traditionnelles des Balantes. Les grands traits de l'aménagement actuel du Balantacounda et les techniques qu'il met en oeuvre reflètent ce brassage de la société.

Mais, en dépit de la diversité des ethnies en présence (Mandingues, Balantes, Diolas, Peuls, Mancagnes, Mandjaques....), il existe une certaine uniformisation aussi bien du système de production que de l'organisation sociale du travail.

IV-1 Crise et mutation du système foncier

Le code foncier, uniforme malgré la multiplicité ethnique, distingue les terres de plateau des terres de bas- fonds.

Les terres de plateau, destinées aux cultures pluviales, sont le domaine d'intervention des hommes. Le droit d'usage sur ces terres est obtenu sur autorisation du chef de village

ou de famille. Leur exploitation se fait dans le cadre d'une organisation familiale. Quant aux terres de bas- fonds (rizières) l'appropriation est souvent maritale mais l'exploitation en est réservée a la femme.

La question des prêts ou location des rizières reste très fréquente ces dernières années a cause du flux croissant des migrants qui entraîne la rareté des terres cultivables. Deux modalités sont rencontrées : le prêt gratuit et la location monétarisée.

En ce qui concerne le régime foncier, notons que la terre est un patrimoine familial. Par conséquent chaque membre de la famille a la responsabilité du bien qui lui est confié. Il jouit de sa production et peut même prêter bénévolement des parcelles a un ami ou un étranger a la famille.

IV-2 Systèmes de production et techniques aratoires

Il convient de distinguer les rizières, les champs de brousse et les petits champs familiaux.

Le mode de labour le plus fréquent reste le manuel a billon qui mobilise prés de 70 % des paysans.

L'agriculture est itinérante sur brûlis dans les champs et intensive traditionnelle dans les rizières.

Sur un champ précédemment cultivé, sur une jachère ancienne ou dans une brousse inculte, le paysan coupe les broussailles et les tiges de mil qui sont restées, abat éventuellement les arbustes puis y met le feu. Cette pratique permet aux sols de se régénérer et de retrouver leur fertilité. Sur le terrain ainsi préparé, dés les premières pluies, il billonne le champ avec le donkotong, le kobadour ou dans une moindre mesure la charrue, avant de procéder au semis le long des billons. Avec les grandes tornades, les herbes poussent et gênent la croissance du mil ou de l'arachide, un sarclage est nécessaire. La petite binette entre alors en jeu pour désherber. Un deuxième sarclage est exécuté un mois

et demi plus tard, mais la rareté de l'herbe n'oblige jamais a un troisième sarclage.

. Les champs de tapades ou «kankan» : entourant les habitations, de superficies réduites, bénéficiant d'une protection contre les animaux, d'apport de matière organique et plus ou moins complantés d'arbres fruitiers (manguiers, agrumes et papayers surtout), ils sont consacrés aux cultures de tubercules, de légumineuses et de maïs. Ce sont des cultures d'hivernages répétées chaque année sans rotation précise. Le kankan joue un rôle important dans l'économie domestique car il est essentiellement consacré a la céréale de soudure, le maïs.

Le labour du kankan-- opéré en général en billons très réguliers comme sur les champs de plateau -- et le semis du maïs, sont l'affaire commune des hommes de chaque concession ; ils représentent même leur apport le plus régulier et le plus systématique a la nourriture de leur famille. Le maïs semé en juin est récolté en septembre. Pendant toute cette dernière période, le paysan a biné deux fois son champ pour éliminer les mauvaises

herbes.

. Les champs de brousse : c'est le domaine de culture du mil, de l'arachide, du sorgho, du niébé et parfois du coton. Les semis se font sur un terrain nettoyé et billonné ou labouré. Le sol est travaillé sommairement a l'aide d'outils rudimentaires. En effet, les différentes ethnies présentes dans la zone utilisent le donkotong, le kadjandou ou le kobadour qui permettent de retourner manuellement la terre et de confectionner des billons.

La traction animale (bovine), fréquente a Birkama permet d'obtenir le même type de labour. Il est évident qu'a chacune des cultures correspond une technique particulière et un outillage différent. En fait, un groupe de cultivateurs dispose de plusieurs instruments aratoires qui sont utilisés pour des fonctions déterminées, mais chaque groupe ethnique en utilise

préférentiellement un qui peut servir a le caractériser.

Ainsi, le donkotong, sorte de houe a angle très fermé composé d'un manche court et d'une grande palette de bois ferrée a son extrémité utilisé pour le billonnage, constitue- t- il

l'instrument caractéristique des Mandingues. C'est l'instrument aratoire le plus couramment utilisé dans le bassin. L'usage du donkotong pour le labour permet une économie de l'eau en

ce sens qu'il met a la disposition du cultivateur une terre meuble et profonde ayant une grande capacité d'absorption de l'eau tout en étant aisément drainée lorsque le sol est saturé. Il procure le moyen non seulement d'enfouir profondément toute la végétation herbacée mais aussi de rassembler dans les billons la totalité de l'engrais vert disponible dans le champ.

Le kadjandou, fierté des Diolas, comporte un grand manche de bois pouvant avoir 2,5

a 3 m de long ; ensuite vient une palette de bois dur de forme oblongue qui se prolonge par

un petit manche de 15 a 20 cm qui se dessine progressivement sous la face inférieure de la palette et se relie a la perche grâce a une corde de rônier. Il est utilisé pour le même service que le donkotong.

Le labour avec ces instruments traditionnels constitue ainsi un moyen de lutte efficace contre l'herbe, en même temps qu'une technique satisfaisante d'entretien du niveau de la matière organique dans le sol.

Une petite binette, utilisée pour le désherbage, fait partie de la large gamme d'instruments employés pour les opérations d'entretien des cultures.

La pratique de la rotation de culture et de la jachère y est effective. Mais depuis quelques années, faute de terres proches cultivables, la durée de la jachère tend a diminuer.

La fertilisation est peu pratiquée sauf sur les champs de mil où on utilise l'engrais chimique.

. Les rizières : le principal mode traditionnel de mise en valeur est la construction de petits polders endigués. Cette digue est faite de matériau rencontré dans le polder lui-même (boue et fibres) Deux procédés caractérisent le travail des rizières inondées : une forme extensive dans laquelle les semis se font a la volée, une forme intensive qui utilise le repiquage des plants préparés en pépinière. Le travail se fait le plus souvent manuellement a l'aide du « baro », instrument constitué par une lame de daba adaptée a un manche coudé

de 1,5 a 2 m que les paysannes manient debout et avec lequel elles ne peuvent que débarrasser leur rizière de la végétation herbacée et en retourner superficiellement le sol.

Les rizières sont cultivées dès que les toutes premières pluies ont suffisamment détrempé le sol. Elles subissent d'abord un nettoyage sommaire assorti d'un brûlis qui permet de les saupoudrer de cendres, puis sont houées de manière systématique. A cette occasion, les débris qui ne peuvent être enfouis (les rhizomes, repousses arbustives), sont rejetés sur les limites de chaque parcelle et viennent renforcer les balanghon; ces diguettes qui dessinent a la surface des rizières un cadrage régulier, ont un double rôle : emmagasiner l'eau de pluie et marquer les limites foncières du parcellaire. Aux premières pluies également, des pépinières ont été semés. Le repiquage du riz est effectué dans le courant de juillet, lorsque les pluies assurent a la terre une humidité suffisante ou une

submersion permanente.

La récolte se fait a la main a l'aide d'un couteau spécialement conçu a cet effet. Le rendement reste encore faible malgré divers efforts déployés ; les facteurs- limitant étant entre autre la salinité, la pauvreté des sols, le repiquage long (20 a 50 jours/an) les pépinières et les rizières étant dispersées, les temps de repiquage en sont d'autant allongés.

La pratique de gestion de ressources y est effective avec comme fertilisants le fumier, les ordures ménagères et les engrais chimiques.

La principale contrainte de la riziculture dans le bassin de Goudomp reste cependant l'absentéisme total des hommes qui a pour effet que les rizières se limitent aux zones rendues favorables au riz par les conditions naturelles, c'est- a- dire la qualité de leur sol et

la submersion ou l'humidité dont elles bénéficient spontanément.

. L'Association agriculture- élevage : c'est une pratique traditionnelle en Casamance ; si chaque village dans le bassin de Goudomp possède un troupeau, beaucoup de chefs de famille n'ont pas de bovins ou n'en ont que quelques têtes. Durant l'hivernage, l'occupation

du sol par les cultures contraint les bergers a conduire leurs troupeaux pâturer en brousse et même, assez souvent, a y séjourner. Mais, dès la fin des récoltes, ils se rapprochent du village où ils paissent durant la journée sur les champs et les rizières et chaque soir, ils sont regroupés dans un parc commun dont la surveillance et l'entretien sont souvent confiés a un Peul. Les bêtes ne sont jamais envoyés en transhumance, mais laissées généralement en divagation dans les environs après les cultures.

C'est un élevage prospère mais marginal. En effet, la possession d'un cheptel est

la marque d'une position sociale solide, voire privilégiée. Les bêtes sont rarement commercialisées et leur énergie largement sous- employée. La fonction essentielle dévolue

a ce troupeau est d'être un instrument de fumure. Ce rôle du troupeau comme agent d'entretien du sol est complété par celui du petit bétail (caprins, volaille, ovins...) souvent élevé en grand nombre.

Et pourtant, les terres du bassin de Goudomp, suffisamment profondes et cohérentes offrent un cadre propice a la culture attelée. Convenablement conduit, le labour a la charrue doit être susceptible d'assurer des façons culturales aussi efficaces et pas plus dangereuses pour la structure du sol que le travail au donkotong. L'énergie animale devrait permettre de multiplier les travaux d'entretien, d'améliorer les rendements, d'accroître la surface cultivée par travailleur et surtout d'abréger la dure labeur d'une population féminine harassée tout au long de l'année par des travaux agricoles et des tâches ménagères qui dépassent ses

forces.

IV-3 Une organisation sociale de la production hiérarchisée

Le fait saillant de l'organisation sociale du travail dans le bassin de Goudomp et ceci pour l'ensemble des ethnies en présence, est la division sexuelle du travail qui affecte aux travaux

de rizières les femmes tandis que les hommes sont tournés vers les cultures de plateaux. Ce trait fondamental de la culture mandingue semble avoir été adopté relativement aisément par les autres ethnies présentes dans la zone.

IV-3 -1 Division sexuelle du travail et formes d'entraide

a) Division sexuelle du travail

Sur un même champ les travaux agricoles sont répartis selon le sexe.

Dans les rizières, le labour la préparation du sol, le semis, le repiquage et la récolte sont entièrement assurés par la femme. Cette ségrégation absolue dans l'exploitation agricole, plutôt défavorable a la femme, est lourde de conséquences ; les techniques d'aménagement en portent très fortement la marque. En outre, elle se traduit par un déficit

de main d'oeuvre dans la vallée avec comme cortège un étalement excessif des opérations culturales limitant les rendements et la productivité.

Dans un champ d'arachide chez les Mancagnes et les Mandjaques, le labour et la préparation du sol sont réalisés et par les hommes et par les femmes, le décorticage des semences et le semis par la femme, le désherbage et la récolte par l'homme.

La désintégration progressive des structures familiales, liée aux changements sociaux intervenus dans le bassin, a entraîné des changements dans la division du travail qui s'opèrent souvent au détriment des femmes. Outre les tâches domestiques qui leur incombent traditionnellement, les femmes sont de plus en plus souvent mises a contribution dans des domaines qui relevaient autrefois de la responsabilité des hommes.

b) L'entraide traditionnelle : un acquis à revaloriser

Les différentes formes d'entraide rencontrées sont sans lien avec l'appartenance ethnique ;

une réelle osmose s'étant produite entre les groupes ethniques en contact.

-Association de culture : ce sont des groupes de jeunes ou de femmes de 7 a 20 personnes s'organisant pour des prestations de travail rémunérées. Les tarifs varient selon l'âge et le sexe.

Une famille peut avoir recours a l'association de culture en cas d'insuffisance de force

de travail ou pour faire face a un surcroît de travail occasionné par la simultanéité de travaux concernant les différentes cultures.

-Invitation de culture : des amies se regroupent pour travailler ensemble dans la rizière de chacune d'entre elles. Aucune somme n'est versée, le travail étant effectué chez chacune des participantes a tour de rôle.

On rencontre aussi, notamment a Bindaba, la pratique du salariat agricole ou

utilisation de navétanes (ouvriers agricoles)

Ces pratiques traditionnelles, qui ont fait leur preuve, doivent être pérennisé pour faire face aux exigences d'un calendrier agricole chargé.

IV-3- 2 Un calendrier des travaux agricoles défavorable

Les cultures traditionnelles, très variées, ont la particularité de commencer toutes a la même période (en début d'hivernage : voir schéma ci-dessous) ; ce qui explique les surfaces relativement petites consacrées a chacune d'entre elles.

figure 3: Schéma du calendrier agricole dans le bassin

Les paysans du bassin de Goudomp n'ont pas l'habitude de compter leurs jours de travail.

Néanmoins l'année peut grossièrement se répartir ainsi :

juin- juillet : semis sous pluies toutes cultures, mise en place des pépinières a riz.

aoUt : repiquage du riz, entretien par sarclage des différentes cultures de plateaux.

septembre- octobre - novembre : entretien des cultures, gardiennage des champs et premières récoltes (mil, maïs, arachide, riz).

décembre - janvier: récoltes (riz, mil, arachide, fruits).

février - mars: cultures maraIchères (piment, oseille, aubergine...).

avril - mai: préparation du sol (brUlis et labours)

Cette simultanéité des travaux concernant les différentes cultures, dictée par les conditions climatiques (distribution uni modale des précipitations), restreint la production.

Conclusion

La diversité ethnique dans notre zone d'étude est très importante. Cependant les structures sociales et les systèmes fonciers présentent une relative homogénéité. Les systèmes agraires du bassin de Goudomp ne présentent pas de situation de crise. Bien au contraire, l'apparente solidarité, la pérennité des systèmes de production et des rapports sociaux de production restent consolidées. Ceci conduit a penser a priori que tout projet de développement non négocié avec le pouvoir local ou contredisant fondamentalement les

structures sociales et économique existantes sera voué a l'échec.

DEUXIEME PARTIE : MAITRISE DE L'EAU ET DEVELOPPEMENT AGRICOLE

L'action des différents projets de développement ayant intervenus a Goudomp et Birkama dans le cadre de la mise en valeur des terres de bas-fonds, a porté sur la riziculture. Elle a consisté en l'aménagement d'ouvrages «modernes», l'introduction et la vulgarisation de nouvelles techniques culturales et des variétés améliorées. Deux programmes ont marqué l'histoire de la mise en valeur des vallées du bassin de Goudomp : la MAC et le PROGES.

CHAPITRE I : LA M.A.C., «UN PROJET D'ASSISTANAT» Introduction

Démarrée en 1964 par la Mission de la République de Chine (Formose), l'action est passée aux mains de la République Populaire de Chine en mars 1973. L'objectif est le développement des cultures rizicoles par la promotion de l'utilisation des boeufs de labour et

de la motoculture, par l'initiation de la double culture de riz, par l'extension des surfaces rizicoles cultivées d'où la nécessité d'aménager pour récupérer les terres salées et permettre l'irrigation pendant la saison sèche.

I- Les aménagements

Les principaux objectifs visés a travers ces aménagements étaient :

- la mise a l'abri de l'inondation maritime, les rizières en amont et assurer une déssalinisation progressive des terres ;

- le stockage d'une quantité suffisante d'eau permettant d'effectuer la double culture ;

- l'augmentation des superficies rizicultivables par la récupération des anciennes terres salées ;

- l'ouvrage aménagé a cet effet, comprend deux parties : une réalisation dans la partie aval et une autre dans la partie amont du marigot de Goudomp.

L'ensemble comprend entre autres :

- un ouvrage de retenue et d'évacuation construit sur le lit mineur du marigot constitué de vannes ;

- une digue de protection construite en aval tout le long du marigot empêchant toute invasion du périmètre par les eaux salées ;

- une station de pompage ;

- un aménagement des terres : remembrement et planage des parcelles jadis très morcelées, introduction d'un système d'irrigation/ drainage comprenant des canaux, des

rigoles de répartition, des diguettes, des pistes d'accès, des vannes, des ponceaux etc....

Cet aménagement est acquis sur investissement de l'Etat (85%) et des paysans (15% :

participation sous forme de journée de travail) (SOMIVAC, 1982)

II- Les Moyens de la MAC et les résultats

La mission effectue des travaux pour le compte des paysans. A cet effet, elle dispose de tracteurs, motoculteurs, charrues et des batteurs qui lui permettent d'effectuer des travaux rémunérés. Par ailleurs, en cas d'attaque par les prédateurs, la mission distribue gratuitement des insecticides.

Elle fournit également les intrants agricoles et l'eau d'irrigation le paysan ne payant en fait que le prix du gasoil et non l'entièreté des charges.

La MAC a entre autres a son actif, la réalisation de 240 m2 de magasin et 200 m2 d'aires de

séchage a Goudomp.

Les résultats obtenus sont satisfaisants. L'amélioration du niveau de vie et de la l'alimentation rurale est inégale et difficile a mesurer objectivement faute d'informations crédibles. Toutefois, l'on peut consulter a titre indicatif l'estimation des productions agricoles entre 1973 et 1977.

III- Essai de bilan

La MAC est un projet qui répondait aux besoins réels des producteurs et qui a su associer a leur action initiale les préoccupations des paysans. Il s'est parfaitement intégré a la dynamique paysanne dans la mesure où il répondait aux besoins alimentaires croissants des populations et assurait des revenus tout en abrogeant les durs labeurs (machines ou charrues pour le labour, moissonneuses, batteuses sont mises a la disposition des paysans)

La MAC a également contribué a la formation des producteurs, a l'amélioration de la sécurité alimentaire par l'introduction de nouvelles variétés de riz plus productifs.

La gestion des ouvrages est essentiellement assurée par des techniciens chinois. Les intrants agricoles étaient gratuits. Ces «stimulants artificiels» créent un esprit «d'assisté social perpétuel» qui va a l'encontre de la stabilité sociale rurale. L'arrêt brutal de la MAC, sans la mise en place de mesures d'accompagnement, a constitué un brusque retour en arrière pour plusieurs producteurs. Les infrastructures, en particulier les pistes, la station de pompage et les canalisations dont l'entretien était assuré par le projet se sont dégradées. Les populations ont été brusquement sevrées de conseils et d'appui ponctuels et ont assisté, inactifs, a la détérioration au fil des années, des aménagements réalisés.

La validité de la technique chinoise en matière de la riziculture n'est plus a démontrer. On pourrait toutefois regretter l'approche sectorielle de la mission qui ne touche qu'un

pourcentage faible de la population (2540 paysans encadrés sur 19 villages !)

CHAPITRE II : LE PROGES OU L'HISTOIRE D'UNE INTERVENTION INACHEVÉE

Introduction

Le PROGES est un projet initié par le gouvernement du Sénégal dans le cadre de sa politique d'aménagement des bas-fonds rizicoles de Casamance. Financé par l'USAID, ce projet avait pour vocation la construction de petits ouvrages hydro agricoles (les barrages anti-sel) En 1996, il intervient dans l'aménagement de la vallée de Goudomp.

I- Les Aménagements

A l'instar des autres barrages anti-sel construits par le PROGES, celui de Goudomp a répondu a la demande des paysans qui ont vu s'étendre la contamination de leurs terres rizicultivées par les eaux salées du fleuve Casamance.

Les études pédologiques menée dans la vallée ont conclu que pour récupérer au mieux un maximum de terres marginales, il est nécessaire de submerger ces sols le plus longtemps possible et de lessiver les éléments toxiques avec des lâchages d'eau. A cet effet, la digue anti-sel de type Giraudet passage busé, mieux adaptée, fut retenue.

La digue anti-sel

Le choix de son emplacement obéit a des critères techniques. La digue doit permettre de désenclaver le site a aménager et de protéger contre d'éventuelles inondations. Le site de Birkama4 fut choisi. Mais cet emplacement ne fait pas l'unanimité parmi les paysans car quelques notables du village de Bacoundi interrogés, estiment qu'elle doit être construite sur

le chenal d'étiage de la rivière pour permettre une bonne évacuation des eaux pluviales.

Cette idée a refit surface en 1999, année particulièrement pluvieuse, quand des plants de riz ont été submergés par les eaux du marigots pendant plusieurs jours faute d'évacuation occasionnant du coup de nombreux dégâts. Il faut signaler qu'il était prévu de creuser un bassin vers l'ouvrage de régulation construit hors du lit du marigot pour permettre l'évacuation des eaux. Ce bassin n'a pas été creusé de même que l'ouvrage de rétention prévue sur le marigot de Birkama a hauteur de la route nationale.

La digue anti-sel de Goudomp, construite a 500 m en amont de l'ancienne Route

Nationale-digue, est longue de 1779,48m. La crête est a la côte 2,60 m, la crête du déversoir

a 2m IGN, la largeur en crête 3m et la pente du talus ½ .

La digue est protégée contre l'érosion (ravinement lié a la pluie) par un revêtement en latérite en crête et sur le talus aval. Afin de protéger le talus amont au niveau du marigot principal contre la pluie et le batillage de l'eau il a été posé des moellons latéritiques.

4 La digue a été construite sur le lit de crue abondante du marigot à côté du village de Birkama

L'évacuateur : ouvrage de régulation

Il constitue le dispositif clé de la gestion des barrages anti-sel. L'ouvrage évacuateur est conçu pour évacuer la crue décennale sans mettre en danger la digue. Celui de Goudomp est un évacuateur en bec de canard muni de douze vannes conçues sur la base d'une étude

de vidange dans laquelle une crue décennale transite par la vallée sans que les plants de riz soient submergés pendant plus de 72 heures.

II- La gestion des ouvrages

L'un des éléments majeurs des activités du PROGES concerne l'assistance directe aux associations villageoises dans la planification, la construction, l'utilisation et la maintenance des digues. Le projet a crée des CVGE / CIVGE, formés par ses agents qui ensuite prendraient en charge la formation des autres villageois. Chacun des villages de Goudomp, Birkama, Bacoundi a été érigé en CVGE (Comité Villageois de Gestion) qui est, en fait, un groupe d'organisation de travail ayant pour rôle le suivi et l'entretien de la digue, la gestion

de l'eau, la mise en valeur et l'amélioration du rendement. Ces CVGE sont composés de quatre commissions :

i. Protection de la digue ;

ii. suivi et entretien du barrage ; iii. gestion et maItrise de l'eau ; iv. gestion du matériel.

Le CIVGE (Comité Inter Villageois de Gestion) regroupe les représentants de chaque CVGE. Il joue le rôle d'intermédiaire entre le projet et les paysans. Le CIVGE dispose d'une caisse alimentée directement par les paysans (sous forme de participation) qui lui permet de faire face a sa mission de coordination de l'ensemble des travaux organisés dans le cadre

de la gestion du barrage.

Le CIVGE souffre aujourd'hui de problèmes financiers liés aux difficultés économiques des villageois qui ont du mal a honorer leur cotisation, mais aussi en raison de l'impact des ouvrages qui, quant au dessalement effectif des bas-fonds, n'est que très peu visible. En effet, les paysans en viennent a s'interroger sur l'efficacité du barrage tant sont faibles la superficie de terres récupérées et les rendements tirés de ces rizières. A ce sujet

M. Edouard SADIO, Président du CIVGE, rassure : « cette année (2000), où beaucoup d'amélioration et de récupération des terres ont été observées, on peut s'attendre a cet investissement financier des populations» L'impact réel d'une bonne gestion des ouvrages hydro agricoles a véritablement créé une dynamique dans la zone. Cependant beaucoup de travail d'autonomisation de ces ouvrages sur le plan de la gestion qu'elle soit technique ou financière reste a faire.

III- Analyse critique de l'action du PROGES

Le PROGES, particulièrement important dans sa conception, son approche et les actions prévues, a failli dans son objectif principal dans la mesure où la part des investissements qui

va aux paysans est réduite par rapport aux coUts de rétribution et de fonctionnement de l'assistance technique. Ce qui réduit l'impact prévu quant a l'amélioration de la condition paysanne. Aussi peut- on déplorer quelques couacs notamment le bassin et l'ouvrage de rétention qui n'ont pas été aménagés jusqu'au terme du contrat.

Mais dans l'ensemble, le PROGES, privilégiant les actions de proximité au bénéfice des populations locales a apporté une contribution non négligeable notamment dans l'organisation et l'accompagnement d'initiatives de bases communautaires, ainsi que la formation et la qualification aux techniques de gestion des projets pour en assurer l'auto- prise en charge et la durabilité.

IV- 40 années d'opération de développement agricole: un bilan global mitigé

Les projets qui ont été initiés dans le bassin, dans le cadre du relèvement du niveau de vie des populations, ont permis d'amortir le processus de paupérisation. De manière générale,

ils articulent leurs interventions autour de la réalisation d'infrastructures hydrauliques (digues

de retenue, micro- barrages), de pistes de production, d'aménagement de terres, d'introduction de nouvelles variétés culturales. Ils ont beaucoup contribué, a travers la récupération de terres cultivables, l'introduction de thèmes techniques (même si le taux d'adoption est faible), a entretenir l'espoir de sortir définitivement de l'état d'insécurité alimentaire qui prévalait.

Les programmes étatiques comme le PRS ont cherché a susciter un développement local autonome et endogène. Leurs succès peuvent s'analyser en terme d'introduction d'un paquet technique et a la création d'emploi.

Certaines organisations paysannes comme l'AJAC et la FADECBA ont eu a jouer un rôle très important dans le bassin en s'investissant dans la promotion d'activités génératrices

de revenus, de même que dans le micro crédit qui permet aux femmes de mener le petit commerce.

Ces projets, dans l'ensemble, ne sont malheureusement pas parvenus a pérenniser leurs actions. Les expériences s'arrêtent avec la fin du projet. En plus leur intervention est sectorielle et privilégie uniquement l'agriculture.

L'une des limites qui demeure encore est l'insuffisance de coordination des interventions et l'absence des mécanismes de suivi, mais aussi la faiblesse dans la mobilisation des ressources, insuffisance technique et absence de mesures d'accompagnement des initiatives.

Bref, cherchant a qualifier le bilan de 40 années de mise en valeur, échec semble sévère et excessif, car des résultats approuvables ont été obtenus, insuffisance pourrait convenir. Il

reste alors a revenir, pour mieux les cerner, sur les facteurs a l'origine de ces insuffisances.

CHAPITRE III : LES FACTEURS EXPLICATIFS DES CONTRE-PERFORMANCES POST- OPÉRATIONS DE DÉVELOPPEMENT

Introduction

En examinant les différents projets de développement agricole dans le bassin de Goudomp,

on constate la récurrence de deux thèmes techniques : la lutte contre la remontée des biseaux salés et l'intensification de la production par le biais de l'irrigation. Ces deux thèmes centraux ont occulté un autre non moins important qui est la création des organisations paysannes et le renforcement de leurs capacités pour une auto- prise en charge. Cette négligence coupable (omission de promouvoir des structures paysannes autonomes et efficaces) conjuguée a d'autres facteurs sociologiques sont pour une large part a l'origine des insuffisances dans le suivi des opérations de développement.

I- Une politique de développement agricole marquée par l'omniprésence du riz

Toutes les interventions des projets intégrés de développement dans le bassin avaient comme priorité l'augmentation de la production en riz. Ce choix est aisément concevable quand on sait les opportunités offertes par les bas- fonds pour une riziculture intensive, mais aussi la place du riz dans les habitudes alimentaires des populations. En effet, le riz constitue la première denrée consommée par les populations et occupe la première place dans les importations en céréales du Sénégal. Et dans le contexte de la crise, l'objectif de l'autosuffisance alimentaire passe nécessairement par l'accroissement ou le doublement de

la production locale.

La lutte contre la salinisation et pour la récupération des terres trouve la toute son importance. Initié par la MAC, ce thème fut relayé a tour de rôle par le PRS et plus tard, le PROGES. Des résultats parfois flatteurs furent acquis. Toutefois, ces progrès obtenus, citons notamment en exemple les résultats remarquables de la MAC qui a su développé avec succès la double culture par irrigation et initié la culture attelée et la motoculture, n'ont

pu être maintenus du fait des contraintes d'ordre technique: le transfert de technologie et de connaissances souvent sans rapport avec les niveaux de ressources tirées de l'exploitation agricole.

Par ailleurs, on peut regretter l'action trop centrée des différents projets de développement qui ont tous pour cible la riziculture. Les deux autres mamelles de l'économie locale en l'occurrence la pêche et les ressources naturelles ont été souvent oubliées. L'opération devrait tendre aussi vers l'autosuffisance alimentaire par l'intensification des cultures du mil et du maïs ; par l'accroissement de la production des cultures dites de diversification (niébé, légumes) tout comme elle devrait viser la sécurisation des revenus du

producteur rural par la valorisation des produits a travers l'établissement d'un système de

prix rémunérateur et l'organisation des marchés. A noter aussi la promotion de la participation du monde rural a la gestion de ses affaires.

II- Mise en place des organisations paysannes : une négligence coupable

La priorité absolue donnée a la lutte contre la salinisation des terres et au développement de

la riziculture a conduit les techniciens en charge du développement du bassin, a négliger la mise en place de structures paysannes autonomes capables d'assurer la relève. Certes, ils savaient que la préservation des rizières contre toute intrusion des biseaux salés était une action globale dans le cadre d'une intensification de la production et que sans un suivi judicieux des aménagements de la part des principaux acteurs (les producteurs), l'effort consenti était vain ; il n'empêche que tous les projets jusque- la, ont priorisé la réalisation d'une digue anti-sel et ne se sont intéressés que subsidiairement aux organisations paysannes. Or les producteurs, acteurs- clés du développement de leur terroir, doivent constituer le ciment de toute action intégrée qui vise a moyen ou long terme l'amélioration de leurs conditions de vie.

Le défi de la pérennité des acquis passe nécessairement par la formation des paysans, leur encadrement et le renforcement de leurs capacités d'auto- prise en charge. L'exemple du PROGES, qui a mis en place dans sa phase de réalisation, des structures paysannes (CVGE, CIVGE) chargées du pilotage des aménagements, mérite d'être soulignée. Cependant, la pertinence de ces structures au vue de leur impact réel dans la gestion de l'eau, leur crédibilité aux yeux des masses paysannes suscitent des interrogations. Mais a y voir de prés, les CVGE et CIVGE font face a la difficulté la plus courante dans le monde de la formation continue non publique: le financement du fonctionnement dans un environnement économique précaire au sein duquel la prise en charge des coUts de formation n'est pas encore établie. Dans ce contexte, la prise en main

et la solution des contraintes de financement de la formation par les pouvoirs publics et leurs partenaires au développement seraient d'un apport considérable a la réalisation des ambitions affichées.

III- Facteurs sociologiques : le poids de l'histoire

Le fait social qui handicape le plus le développement agricole du bassin de Goudomp est, sans nul doute, l'absentéisme total des hommes dans les travaux des rizières. Ce trait fondamental de la société traditionnelle mandingue est aujourd'hui adopté par l'ensemble des ethnies en présence. L'entretien du domaine rizicole incombe de manière absolument exclusive aux femmes. La MAC a réussi a convaincre certains hommes a descendre dans

les rizières en instaurant notamment la culture attelée, la motoculture et la récolte du riz a la fourche ; des travaux qui somme toute se font par des hommes. Mais, quelques années après le départ «brutal'' des techniciens chinois, l'exploitation du sol est conduite selon le

système traditionnel, fort simple comportant partout le même diptyque : les rizières domaine

des femmes, et les cultures sèches, domaine des hommes. Les femmes ont ainsi conservé

la charge du secteur essentiel de la production vivrière, la culture des rizières. Ce mode de

vie a largement contribué a fragiliser et a paupériser les ménages. En effet, la baisse des productions des cultures sèches pour cause de pauvreté des sols, amène la femme a assurer seule les besoins alimentaires du ménage.

Cette attitude des hommes a l'égard des tâches productives et l'utilisation qu'ils font

de la main d'oeuvre féminine ne sont pas des phénomènes récents. En effet, de leur passé

de commerçant et leur vocation militaire ancienne, la société mandingue a conservée une structure très différenciée et une répartition très précise des tâches entre les catégories sociales et surtout entre les sexes, mais aussi un héritage lourd : une allergie tenace a l'égard du travail manuel, en particulier du travail de la terre. Ce comportement des hommes mandingues, aujourd'hui largement adopté par toutes les autres ethnies, constitue un véritable frein au développement de la riziculture dans le bassin.

Conclusion

Cette analyse rétrospective de principaux projets de développement local permet de dégager

un certain nombre d'observation de valeur générale.

La première remarque concerne le danger d'un développement agricole réduit a une collection de projets sectoriels conçus et réalisés par des bailleurs de fonds en l'absence d'un programme de développement a long terme, sans que les populations concernées soient consultées et associées aux choix des décisions, a la réalisation des projets et a leur prise en charge. Le cas du PROGES a révélé un certain gaspillage dans la mesure où l'essentiel des moyens financiers est mobilisé pour la rémunération des cadres ou consacrés aux moyens de fonctionnement.

La deuxième, c'est que l'aménagement hydroagricole d'un bas-fond reste une aventure humaine dont le succès dépend certes du soin accordé a sa préparation et a sa réalisation, mais aussi des efforts quotidiens des paysans qui doivent pouvoir tirer profit de leur travail.

TROISIEME PARTIE : CRISE, STRATEGIES PAYSANNES ET PERSPECTIVES

CHAPITRE I : ANALYSE DU CONTEXTE ACTUEL DE LA CRISE

I- Crise agricole et mutations

La crise dans le bassin de Goudomp est le produit d'un processus historique dont les éléments les plus marquants et qui ont le plus pesés sur la vulnérabilité des familles et des individus sont la sécheresse et ses conséquences, la crise casamançaise et les politiques de désengagement de l'État. Certains événements sont devenus structurels et s'ajoutent a d'autres facteurs qui entretiennent la pauvreté et la reproduit dans la zone.

I- 1 Le recul des cultures traditionnelles

Les principales spéculations traditionnelles rencontrées dans le bassin sont : le mil sanio, le maïs, l'arachide, le sorgho et le riz. D'autres cultures, d'importance moindre, comme la patate douce, le manioc, le fonio et le niébé, viennent compléter la gamme. Toutes ces cultures ont subit de pleins fouets, les effets de la crise.

I- 1- 1- Les cultures vivrières victimes de la salinisation, de la pauvreté et de l'abandon des terres

La baisse de la production des cultures est essentiellement liée aux aléas climatiques, mais également a l'insécurité qui est le principal facteur de l'abandon des terres par les paysans.

Le mil sanio, seul variété a être cultivée dans notre zone d'étude, est sans doute le plus touché par la crise. Jadis, la première culture vivrière de par la superficie de terres allouées, on ne le retrouve aujourd'hui que dans les environs immédiats des villages (notons

de passage qu'il occupait avec l'arachide l'essentiel des terres des champs de brousse) Les raisons sont notamment la pauvreté des sols qui supportent mal la répétition de cultures mais aussi le manque de jachère. Conséquence : baisse généralisée du rendement confirmée par la presque totalité des paysans interrogés lors de notre enquête.

Même cas de figure avec le riz dont la principale contrainte reste la salinisation des sols. L'arrêt des pluies précoces assèche beaucoup plus tôt la réserve utile pour les plantes

et les variétés traditionnelles n'arrivent plus a maturité. Dans les bas- fonds, la baisse de la nappe consécutive a la détérioration du climat, limite les phénomènes de remontée de nappe aux zones les plus basses et empêche le bon déroulement de la riziculture inondée en zone haute ; les phénomènes de remontée de sel dans la zone plus basse en bordure du fleuve

du fait de la diminution du lessivage durant l'hivernage inhibe la croissance du riz. Les rendements obtenus (1,2 a 1,5 t / ha5) sont loin des 2,5t / ha enregistrés du temps de la MAC (voir tableau 10) En outre, l'arrêt brutal de ce projet a constitué un brusque retour a la case départ pour les producteurs. Les machines agricoles qui avaient servi dans le projet lorsqu'elles tombaient en panne, il n'y avait plus d'argent pour les faire réparer ou acheter la pièce de rechange qui convenait. Les producteurs ont alors recours pour leur survie a leurs

instruments aratoires et leurs techniques traditionnelles.

5 Estimation d'après l'enquête ménage

Depuis plusieurs années, la superficie de terres rizicultivées n'a cesser de diminuer et malgré l'aménagement de la digue anti- sel, plusieurs hectares restent encore inexploitables

en aval du bassin. Par ailleurs, pour fuir les exactions des bandes armées, les populations des villages de Bindaba I et II, Akintou I et II, en amont du bassin, ont dU abandonner leurs terres portant ainsi un sérieux coup a la production qui ne cesse de baisser.

Quant au maïs, il est cultivé en général dans les champs de case et bénéficie a cet effet d'une fumure organique constituée par les déchets ménagers. L'estimation des quantités produites est difficile car la récolte des épis se fait au fur et a mesure de leur maturité. La commercialisation du maïs, introduite par le PRS, a permis le développement de cette culture qui occupait alors de grandes superficies des champs de brousse. La fin du projet a signifié le confinement de la culture du maïs dans ses bases traditionnelles c'est a dire dans les champs de case où il reste encore présente car sa précocité entraIne une consommation immédiate comme vivre de soudure.

I- 1- 2 Effondrement de la production arachidière et conversion à l'arboriculture fruitière

La culture de l'arachide est très développée dans le bassin de Goudomp. Cet oléagineux, d'introduction «récente» apparaIt comme la production permettant l'obtention des quantités massives aux achats monétaires. Aujourd'hui, elle est, a l'instar des autres cultures, victime

a la fois de l'insécurité sévissant dans la région et d'une mauvaise politique agricole. En effet, l'arachide, fleuron d'un âge d'or désormais révolu, n'en finit pas d'agoniser. Les champs s'appauvrissent d'année en année et sont plus ou moins délaissés. Les faibles rendements ne reflètent qu'un triste mais logique écho de cet abandon. Ces dernières années la production a connu une baisse notoire (pour illustrations : seulement 815t de graines ont été collectées lors de la campagne 99/2000 contre 1210t en 90/91 !) Les campagnes agricoles se suivent et se ressemblent avec son lot de problèmes : baisse continue du prix de l'arachide au kilogramme, manque de semences et de matériels, bons impayés, etc.

Dans ce contexte, l'arboriculture fruitière dont l'exploitation constitue désormais la principale source de revenus des producteurs, a économiquement joué un rôle de substitution au recul

de la culture de l'arachide.

Cette arboriculture6 se développe sur les versants et sur les plateaux au grand dam des cultures traditionnelles. En effet, les paysans transforment systématiquement les champs «improductifs» en plantations fruitières. Les espèces rencontrées sont le manguier, l'anacardier, l'oranger. La cueillette qui a lieu en novembre et décembre pour les oranges, d'avril a aoUt pour les mangues et l'anacardier, permet aux producteurs d'acquérir des

6 L'arboriculture a toujours été présente dans le bassin de Goudomp mais entièrement destinée a

l'autoconsommation, nous insistons ici sur le nouveau rôle (source de revenus) de premier plan qu'il joue aujourd'hui après l'effondrement de la culture de l'arachide.

revenus qui souvent les mettent a l'abri du besoin durant toute la saison. Ces revenus peuvent ainsi servir a l'achat des biens alimentaires ou matériels. Très florissante dans la zone, l'arboriculture constitue aujourd'hui le nouveau pilier de l'économie locale. Des plantations se multiplient au fil des années et dans des zones comme Bacoundi et Birkama chaque famille possède au moins une plantation de manguier. A Goudomp et a Akintou, la prédominance de l'anacardier est incontestée mais ne concerne notamment a Goudomp que quelques rares producteurs.

L'estimation de la production fruitière est difficile compte tenu de l'exploitation anarchique et de la commercialisation informelle dont elle est l'objet. On estime entre 1000

et 1500 t de mangues ou de noix de cajou qui sont acheminés chaque année vers les grandes villes du Sénégal (Dakar, Kaolack via Ziguinchor)

L'arboriculture souffre de plus en plus de manque de clients. En effet, en raison de l'insécurité, rares sont les acheteurs qui s'aventurent dans le secteur par peur de représailles des «coupeurs de route» qui font souvent leur loi sur le seul tronçon qui traverse le bassin, la Nationale 6 reliant Ziguinchor et Kolda, les deux principales villes de cette partie du Sénégal. Ceci nous permet d'introduire la question de la crise séparatiste, sa place dans le mal développement du bassin.

I- 2 Le tribut du conflit casamançais

Suite a l'insécurité civile, beaucoup de paysans ont dU abandonner leur activité agricole. Le bassin déja déficitaire dans sa production est confronté a une insécurité alimentaire croissante en raison également des faibles possibilités de développement des activités génératrices de revenus. A proximité des zones de conflit (Bindaba, Akentou, Diouniki...), des milliers de familles terrorisées ont abandonné tous leurs biens (maisons, troupeaux, vergers et champs) pour chercher refuge a Goudomp, Birkama ou Bacoundi. Ce qui créa dans ces zones dites sécurisées, une explosion démographique avec comme corollaires le déséquilibre population/ressources et des bouleversement des structures agraires. Il s'en suit une redistribution foncière (morcellement des parcelles) pour satisfaire les nouveaux venus ; la location monétarisée des terres (des rizières essentiellement) se développe a un rythme effréné ceci d'autant plus que les nouveaux venus, principalement mandjaques, bénéficient dans leur majorité du soutien financier de leurs parents émigrés en Europe.

Les personnes déplacées sont généralement hébergées par des familles modestes qui ont du mal a se prendre elles- mêmes correctement en charge et a fortiori d'autres personnes encore plus nécessiteuses. Les mécanismes de solidarité et de régulation sociale

se désintègrent sous le poids des migrants. Dans les familles déplacées, les études des enfants sont souvent interrompues ou retardées par des difficultés de recasement.

I- 3- Crise et système de production : le retour à la case départ

Le système de production dans le bassin de Goudomp a connu plusieurs bouleversements

au cours de l'histoire. Entre le système traditionnel (détaillé dans la première partie de ce mémoire) caractérisée par un outillage rudimentaire propre aux différentes ethnies en présence et une agriculture basée sur l'autosubsistance et la situation actuelle, différentes tentatives de modernisation de l'agriculture ont été initiées par les pouvoirs publics et les partenaires au développement (notamment la MAC) L'introduction de la culture de l'arachide, l'intensification de la riziculture ont profondément transformé la structure agraire et les pratiques paysannes : irrigation, motoculture, culture attelée, utilisation de l'engrais chimique... supplantent les pratiques traditionnelles.

On a longtemps cru, en effet, qu'il suffisait d'appliquer des modèles agronomiques éprouvés dans les pays avancés pour augmenter d'un seul coup la production agricole : l'expérience a montré que ces modèles ne s'exportent pas tels quels. On ne bouleverse pas par décret les rapports séculaires entre les paysans et la terre, il n'est pas de baguette magique qui fasse soudainement passer de l'autosuffisance a l'économie de marché (POURTIER R., 2001) La plupart des projets ont échoué pour avoir oublier que l'acteur du développement ne se réduit pas a un banal «facteur» de production. Faute d'avoir tenu compte de la culture des peuples, de leurs rapports avec la terre, de la structuration de leur société, les innombrables projets venus «d'ailleurs» ont souvent manqué leur objectif.

Aujourd'hui, la crise contraint les paysans a tout abandonner et a se retourner aux pratiques traditionnelles car, a quoi sert la meilleure technologie du monde si on n'a pas les moyens matériels de sa mise en pratique ? La culture mécanisée et l'irrigation ont disparu dans l'ensemble du bassin. La culture attelée quant a elle, seuls quelques dignitaires en font usage. Les bas- fonds ne servent plus qu'a la riziculture pluviale et restent entièrement a la charge des femmes ; les hommes convertis a l'arboriculture consacrent de moins en moins

de temps et d'espace aux cultures sèches.

II- Les fondements de la crise

De nature variée, les causes profondes dont la conjugaison explique le déficit vivrier actuel

du bassin sont diverses. Ces facteurs qui n'ont souvent pas la même importance explicative dans l'avènement de la crise agricole qui s'approfondit d'année en année, sont principalement de quatre ordres: les facteurs naturels; les contraintes socioéconomiques, politico- culturelles et la nature des politiques agricoles des pouvoirs publics.

II- 1 L'influence des facteurs naturels

Même si la période de sécheresse est passée, il reste que de manière générale la pluviométrie a baissé dans la région et on remarque une réduction du cycle pluviométrique. Les conséquences sont énormes pour les populations qui se voient imputées d'une partie importante de leur capital foncier, principale base de la sécurité alimentaire. Le potentiel de production est fortement affecté au moment où les besoins en terre augmentent avec la

croissance démographique et l'arrivée de nouveaux ménages dans les familles. On assiste ainsi a un processus de morcellement des parcelles pour satisfaire les nouvelles générations.

II- 2 Le poids de l'insécurité

Le déclenchement du séparatisme au début des années 80, conjugué a l'avènement du Programme d'Ajustement et le début du désengagement de l'État ont sonné le glas d'une nouvelle ère marquée par une précarisation accrue du niveau de vie d'une population qui a déja du mal a se remettre de la sécheresse.

En début des années 90, l'intensification de la lutte armée prend des proportions importantes et entraIne des déplacements forcés des populations de leurs villages, une généralisation de l'insécurité, des basculements brutaux dans la vie des familles qui abandonnent toutes leurs richesses. C'est aussi l'éclatement des familles, les morts dans les combats et les nombreux orphelins et handicapés. Cette insécurité générale conduit au départ des projets et de certaines ONG, et même certains agents des structures d'encadrement de l'État, tournant le dos a une population de plus en plus malheureuse, livrée a elle-même.

Sur le plan social, les mécanismes de régulations avec les diverses assemblées et réunions

de famille, villageoises, et mouvements associatifs ne sont plus fonctionnels, compte tenu du contexte d'insécurité et de suspicion qui ne favorise pas les regroupements. Les initiatives locales de développement sont aussi inhibées.

II- 3 Les contraintes socioculturelles

C'est l'ensemble des faits sociaux construits par les acteurs et groupes sociaux et qui pèsent sur le vécu. Notons a ce propos que les modes de vie des populations du bassin ont beaucoup contribué a fragiliser et paupériser les ménages.

Dans la tradition socioculturelle mandingue, bien ancrée dans le bassin, la femme occupe une place secondaire dans la distribution et le contrôle du pouvoir et des richesses même si le régime traditionnel mandingue fonctionne par le régime de la séparation des

biens.

Les femmes, le plus souvent exclues des centres de décision, bénéficient peu de ressources communautaires et ont des conditions de vie particulièrement précaires. Et pourtant, dans tout le bassin, elles participent largement a la production économique, exécutent quasiment seules les activités de production, sont responsables des besoins essentiels de la famille où elles investissent une bonne partie de leurs revenus, ont une large charge de travail bien supérieure a celle des hommes. Mais cet effort féminin ne trouve pas

de répondant chez les hommes qui ont la réputation de se laisser entretenir par les épouses.

Malheureusement, les ruptures intervenues avec l'intrusion marine et la difficile reconversion

des femmes dans le maraIchage, dans les activités de cueillette ou du petit commerce ont complètement bouleversé le modèle et précipité les populations dans la paupérisation.

II- 4 Les facteurs économiques

Le potentiel agricole du bassin reste sous valorisé. D'une part, les fruits et légumes dont regorgent la zone ne sont pas transformés sur place et pourrissent par défaut de moyens de transport, de conservation ou de transformation.

Au niveau des systèmes de production, les paysans ont du mal a adopter leurs calendriers culturaux au nouveau contexte pluviométrique.

Les prix des denrées de consommation courantes sont très élevés a Goudomp du fait

de la distance (de Dakar) alors que les revenus des populations restent faibles. Les chefs de ménage supportaient plus facilement cette situation du fait de revenus complémentaires tirés

de l'exploitation ou de vergers dans les villages environnants ou des plantations de bananes, d'ananas et de papaye dont disposaient jadis Goudomp, Bacoundi et Birkama et qui employaient en permanence plusieurs centaines d'agriculteurs. Depuis une dizaine d'années, ces vergers ne sont plus accessibles du fait de l'insécurité, quant aux plantations, elles sont tombées en faillite faute d'une bonne gestion, laissant derrière elles leurs forages

en panne et des «carcasses» d'infrastructures.

D'autres facteurs économiques expliquent la crise dans le bassin a l'instar de l'ensemble du monde rural sénégalais : il s'agit notamment de l'introduction de la culture arachidière durant la colonisation puis l'orientation de l'encadrement dans la primauté accordée a cette culture au détriment des cultures vivrières après les indépendances qui ont fragilisé la logique de subsistance qui pourtant dominait fortement. C'est également la fragilité de la production agricole due essentiellement a la vétusté du matériel agricole, l'absence ou la faiblesse de l'épargne mobilisable.

L'insuffisance des infrastructures de communication constitue un facteur économique majeur de la crise, du fait des surcoUts créés par l'approvisionnement en intrants et denrées

de première nécessité, mais aussi pour la commercialisation des productions locales.

II- 5 Politiques et programmes ayant provoqué ou renforcé la vulnérabilité et la pauvreté des populations

Les villages du bassin de Goudomp ont bénéficié de plusieurs projets et programmes qui se sont succédés mais qui dans leur grande majorité n'ont pas eu de suivi réel a la fin de leur mission. La fin d'un projet signifie la perte d'emploi, d'encadrement et de soutien financier et provoque une rupture qui, a la limite, peut fortement perturber la capacité de résistance des ménages paysans. La fin du PRS, l'arrêt de la MAC et plus récemment la fin de la mission du PROGES ont été autant de points de rupture qui ont marqué les populations du bassin. Par ailleurs :

- l'arrêt du programme agricole,

- le désengagement de l'État laissant le paysan démuni sans moyen de se défendre,

- les politiques d'ajustement structurel (qui ont alourdi le poids de charges domestiques),

- la dévaluation du franc CFA,

sont autant de facteurs qui ont été a la base ou renforcé la vulnérabilité. A la fragilité de l'économie locale s'ajoute la dépréciation du prix au producteur, le renchérissement de denrées de première nécessité. Ce qui contribue largement a la précarisation des populations du bassin.

Par ailleurs, outre la «brusque» réforme administrative et territoriale de 1990 érigeant Goudomp comme commune, la loi sur la décentralisation et le transfert des compétences aux collectivités locales de 1996, n'ont pas bénéficié de mesures d'accompagnement nécessaires a un développement local autonome. Au contraire, les collectivités locales et les populations se sentent « asphyxiées » par l'ampleur de leurs tâches et leur absence de moyens. Ce qui n'est pas sans conséquence sur le cadre de vie.

Face a ces contraintes de nature diverse, les paysans ne sont pas restés passifs. Ils ont au contraire développé toute une série de stratégies qui visent a contrecarrer plus ou moins les caprices de la nature et a assurer leur survie.

III- Stratégies paysannes : des initiatives face aux contraintes qui minent l'agriculture

Le tableau ci-dessous résume les principales contraintes qui minent le développement agricole et les stratégies adoptées par les populations paysannes, avec parfois l'appui des partenaires au développement, pour minimiser les maux.

Conclusion

La mise en valeur des bas-fonds de Goudomp et Birkama est confronté a diverses contraintes dont l'ampleur rend urgent des solutions ou issues palliatives. Des efforts doivent être fournis par les pouvoirs publiques et les acteurs privés pour soutenir l'action des paysans qui n'ont pas attendu pour réagir face a ces difficultés. Les producteurs, de leur côté, doivent faire des progrès notamment sur le plan organisationnel, mais également aller,

au dela des considérations d'ordre socioculturel, participer physiquement aux travaux des rizières.

CHAPITRE II : POUR UNE NOUVELLE APPROCHE DU DEVELOPPEMENT LOCAL

Introduction

Quelle mise en valeur pour le bassin de Goudomp ? Cette question, au vue de l'enjeu qu'elle représente, interpelle tous les acteurs du développement local (paysans, collectivités locales, pouvoirs publiques, partenaires privés...) Il urge aujourd'hui d'apporter des réponses claires

aux interrogations des différents acteurs afin de parvenir a un développement agricole rural intégré tant souhaité.

I- Pourquoi repenser la mise en valeur du bassin de Goudomp ?

Depuis plusieurs décennies le secteur agricole (principal secteur dans le bassin) traverse une crise qui s'explique notamment par la baisse des précipitations, le désengagement de l'État et la redéfinition de la politique agricole (suppression des subventions) ainsi que la chute des prix des produits sur les marchés internationaux. Cette crise s'explique aussi par

le fait que le secteur agricole est durement éprouvé par le manque de compétitivité et certaines pratiques traditionnelles.

A la suite de la sécheresse des années 70, les villageois du bassin de Goudomp ont exprimé leur volonté d'aménager les bas- fonds contre les intrusions salines qui gagnaient

les terres rizicultivées. Les pouvoirs publics ont répondu par l'élaboration de multiples programmes de mise en valeur (MAC, PRS, PROGES...) mais les résultats furent mitigés. Les contre- performances notées après l'arrêt de ces projets traduisent l'échec dans le transfert de technologie. Des franges importantes de la population ont vu leur situation économique et sociale se dégrader d'année en année. Une nouvelle forme de pauvreté, qui s'exprime par un besoin de survie notamment en terme de nourriture, s'est installée dans la zone; une situation a forte prévalence aggravée par l'insécurité.

Par ailleurs, la principale leçon retenue de la longue expérience de mise en valeur des terres est que les villageois et les collectivités locales ne sont disponibles que s'ils sont véritablement maItres et responsables de leur terroir. Aujourd'hui, avec l'avènement en 1997

de la politique de la décentralisation/ déconcentration (loi 96.07) transférant aux collectivités locales de nouvelles compétences entre autre en matière de gestion de ressources naturelles et de l'environnement (ceci implique la gestion du terroir villageois) et le Plan National d'Action pour l'Environnement (PNAE)7, on dispose d'un cadre juridique plus que jamais propice pour une intervention associant les paysans, principaux concernés. Néanmoins, si l'on reconnaIt qu'il est nécessaire de déléguer davantage de responsabilités aux utilisateurs en l'occurrence les producteurs, il faut aussi reconnaItre qu'ils ne sont pas suffisamment formés ou équipés pour prendre en main des fonctions de gestionnaires, et qu'ils ne sont pas en mesure de faire les investissements nécessaires pour adapter et assurer le bon fonctionnement des infrastructures aménagés, d'où la nécessité d'un soutien surtout financier de la part des partenaires.

D'autre part, les paysans du bassin de Goudomp manquent cruellement de moyens

et l'accès au crédit reste hors de portée de leurs maigres bourses. La CNCAS qui finance les agriculteurs, propose des lignes de produits a des taux d'intérêt variant entre 6,8% a 12,5%.

7 Le PNAE accorde une grande priorité a la mise en oeuvre de nouvelles approches d'aménagement et de

gestion de terroirs fondées sur une responsabilisation des populations et des collectivités dans la planification, l'exécution et le suivi- évaluation des actions

L'accès au lignes de crédit est conditionné par un apport personnel d'au moins 10% et la domiciliation du compte du promoteur dans les livres de l'institution. Ce qui est inaccessible pour les paysans de notre bassin dont le revenu mensuel ne dépasse guère 5000 FCFA (environ 8 euros)

La crise casamançaise qui dure depuis deux décennies et surtout la dévaluation du franc CFA intervenue en 1994, bouleverse complètement les repères. Le pouvoir d'achat déja faible se dégrade davantage. Les intrants agricoles (engrais, insecticides et herbicides) destinés aux cultures et l'équipement agricole encore existant (charrue, semoir, animaux de trait) sont vendus au marché noir pour faire face a la soudure ou aux dépenses urgentes du ménage. Le conflit armé a, quant a lui, entraIné une importante vague de déplacement de populations des zones de combat vers les villages plus ou moins sécurisés créant d'un côté

un phénomène d'abandon de terres et de l'autre une « surpopulation » qui n'est pas sans conséquences sur la répartitions des ressources naturelles.

Pour toutes ces raisons, il paraIt logique de redéfinir une nouvelle stratégie pour une mise en valeur réaliste qui tient en compte les aspirations des paysans et les conditions générales qui prévalent dans le bassin.

II- Quelle politique de développement agricole ?

Diverses innovations doivent être apportées au secteur agricole pour lever les contraintes qui handicapent son développement. Assurer la sécurité alimentaire et asseoir un développement agricole durable deviennent a cet effet les défis majeurs a relever pour un épanouissement de la condition paysanne.

II-1- Les objectifs prioritaires

II- 1- 1 OEuvrer pour un retour définitif de la paix et de la sécurité dans la région

Si le conflit casamançais n'est pas la cause de la crise du monde rural balantacoudais, il en est réellement le catalyseur. En effet, l'intensification des combats entre indépendantistes et forces armées Sénégalaises, l'apparition de mines anti- personnelles, les exactions contre

les populations ont fini par semer le chaos dans toute la zone. Un sentiment d'insécurité généralisée s'installe, entraInant la réticence d'éventuels investisseurs et contraignant les partenaires déja sur place a se retirer. La situation est telle aujourd'hui qu'il urge que l'État

du Sénégal prenne des initiatives hardies, invite les maquisards a la table de négociations pour dessiner les perspectives de sortie de crise car la logique actuelle de ni guerre, ni paix, lourde de danger et propice aux malfaiteurs, ne permet aucun développement d'une quelconque nature.

II-1-2- Relever le défi de la sécurité alimentaire

L'insécurité alimentaire et la pauvreté constituent des défis majeurs auxquels les autorités compétentes doivent faire face dans le bassin. L'option est d'assurer la sécurité alimentaire

par une production locale diversifiée capable de promouvoir des revenus agricoles. L'analyse des déterminants des faiblesses de la compétitivité de la production locale révèle qu'elle repose pour l'essentiel sur des coUts de facteurs élevées, des technologies peu évoluées, sur des pratiques extensives. A ces contraintes s'ajoute la dégradation des termes de l'échange des produits agricoles.

Il apparaIt donc que la compétitivité du secteur agricole dépendra de sa capacité a moderniser ses techniques, ses outils et ses moyens. A cet effet, les pouvoirs publics ont pour devoir de développer dans le secteur une politique d'incitations et d'investissements conséquentes capable d'induire des transformations positives dans les pratiques culturales

et permettre a la fois de résorber le déficit vivrier local et d'améliorer le revenu des paysans.

II-1-3- Asseoir un développement agricole durable basée sur l'entreprise familiale

L'agriculture, activité principale du bassin, est a la base de l'économie locale. Elle traverse

en même temps que les sociétés rurales, des mutations profondes posant de facto des défis aux acteurs du développement rural que sont les organisations paysannes, les pouvoirs publics, les collectivités décentralisées et les partenaires au développement. La particularité

de l'agriculture dans le bassin de Goudomp réside dans le fait qu'elle est essentiellement, voire exclusivement familiale. Son développement passera alors indubitablement par une politique douée d'apporter des progrès jusqu'au niveau de l'exploitation paysanne.

Il demeure néanmoins important que les options de développement agricole retenues pour améliorer les revenus et assurer la sécurité alimentaire ne se réalisent au détriment de l'équilibre de l'environnement. Les paysans, acteurs directs du terrain, constituent les véritables garants d'une politique de développement agricole durable eu égard au rôle qu'elles jouent aussi bien dans la production agricole que dans la protection du milieu. A cet effet, une approche participative dans la gestion du terroir sera d'un apport positif dans la vision et les stratégies agricoles8.

II- 2- Les orientations stratégiques pour une agriculture «émancipée»

II- 2- 1- Faire de la diversification et de l'intensification de la production une priorité

La diversification de la production agricole est une réalité dans le bassin de Goudomp. Les pouvoirs publics et les partenaires au développement doivent soutenir les producteurs ; des orientations doivent être mises en oeuvre pour accompagner les stratégies spécifiques aux différentes filières agricoles afin d'optimiser les effets.

a) Développer la culture vivrière.

La relance des cultures céréalières, riz et mil notamment, peut permettre de résorber le déficit vivrier local. Pour cela, des mesures idoines doivent être prises dont :

8 Gouvernement du Sénégal

- la maItrise et la gestion rationnelle de l'eau par la petite irrigation et l'aménagement des bassins de rétention d'eau pluviales ;

- la reconstitution de la fertilité des sols salins et acides qui nécessitent une diminution de leur degré de salinité par un lessivage approprié et une neutralisation de l'acidité par des amendements organiques et / ou minéraux raisonné ;

- la sélection de variétés de riz tolérantes et leur diffusion auprès des populations rurales.

A ce propos, l'ISRA a mis en place la « fleur 11» qui est une nouvelle variété de riz sortie de leur laboratoire et qui a un cycle de production de 80 jours. Cette nouvelle variété permettrait

de réduire le cycle de la production de riz de manière a avoir deux ou trois récoltes par an9,

mais aussi d'augmenter les rendements ;

- la formation et l'encadrement des paysans ;

- la promotion du compostage et l'utilisation des engrais chimiques par la mise en place

de formations et des mesures d'incitation a la gestion des engrais, a l'utilisation des ressources locales pour la fertilisation des sols ;

- le parachèvement des aménagements dans les bas-fonds ;

- la transformation des CVGE / CIVGE en GIE d'agriculteurs

b) Relancer la filière arachide

L'importance de la filière arachide comme culture motrice sur les autres filières agricoles nécessite qu'un programme de relance soit mis en oeuvre pour lever les contraintes qui restreignent les performances de cette culture. Le programme de relance de la filière comportera :

- la restructuration du volet semencier qui passera par le renforcement de la recherche en matière de sélection, d'introduction variétale, la production semencière au niveau paysan et dans un cadre contractuel avec les professionnels des semences ;

- l'amélioration de l'accès au crédit avec la création de mutuelles de crédit rurale adaptée avec un taux d'intérêt accessible aux paysans;

- le retour aux systèmes de culture comme l'assolement et la rotation des cultures

- le regroupement des agriculteurs en GIE et coopératives ;

c) Encourager l'arboriculture et le maraîchage

L'arboriculture et le maraIchage se sont développés par réactions a la crise économique, aux aléas climatiques et aux contraintes pédologiques. Mais encore faudrait- il souligner que l'arboriculture fruitière est une vieille tradition dans le bassin ; chaque concession ayant au moins un arbre fruitier dans la cour.

Encourager le développement de l'arboriculture et le maraIchage consistera a :

- désenclaver les lieux de production grâce a un réseau routier fiable ;

9 Nous attirons l'attention que ces récoltes ne sont possibles que dans le cadre d'une agriculture irriguée.

- réhabiliter les plantations de bananes, d'ananas et de papayes dont les forages existent encore ;

- créer des unités de transformation et de création de produits agricoles (fruits) ;

- créer un réseau d'écoulement de produits (fruits, légumes...) ;

- aménager des magasins de stockage ;

- mettre en place des chaInes de conservation.

Pour gagner le pari de l'intensification et, au- dela, celui d'un développement agricole viable, des mesures globales pour accompagner les efforts doivent être prises. Il s'agit notamment de:

· Assurer la maîtrise et la gestion rationnelle de l'eau

L'une des contraintes fondamentales de l'agriculture dans le bassin de Goudomp est la non maItrise de l'eau qui constitue l'entrave la plus déterminante dans les performances de la riziculture. Pour faire face a cette question, il convient de réaliser des systèmes d'irrigation faiblement consommateurs en eau et a la portée des producteurs. Un programme de mise

en place d'aménagements de faible coUt conférant une bonne maItrise de l'eau a l'exploitation, sur la base de capacités paysannes de gestion et d'entretien permettant d'assurer leur pérennité doit être mis en oeuvre en partenariat avec les organisations paysannes. La mise en place d'un fonds d'entretien des aménagements structurants est un impératif dans la recherche de solutions aux problèmes de financement de fonctionnement.

· Désenclaver la zone par la mise en place d'infrastructures routières

La nécessité de favoriser le désenclavement des zones de production, de faciliter l'évacuation des produits agricoles et le transport des intrants ont un déterminisme important sur le développement du secteur agricole. Les pouvoirs publics se doivent de réaliser les infrastructures de base (pistes d'accès aux zones de production, aires de stockage et de conservation des produits...) avec l'appui des collectivités locales qui en assureront la gestion et l'entretien.

· Mieux gérer l'espace par la consolidation des stratégies locales de gestion et de préservation de l'environnement qui mettent l'accent particulièrement sur la restauration et la fertilisation des sols. En effet, face a la problématique de la baisse de productivité des sols qui procède de différents facteurs dont essentiellement: la faible teneur en matière organique, la faible capacité de rétention des nutriments, la faible infiltration et le niveau limité de la rétention en eau, la salinisation et l'acidification, de nouvelles stratégies doivent être mise en oeuvre dans un cadre participatif pour limiter les pratiques extensives fortes consommatrices de ressources naturelles et restaurer la fertilité des sols. A ce propos, une large diffusion du compostage, le retour aux procédés traditionnels de jachère et

d'assolement sera d'une grande utilité.

· Mettre en place des services d'appui à l' agriculture et à la décentralisation

Il s'agit, pour les pouvoirs publics, de renforcer les capacités des producteurs, réorganiser

les services agricoles - a travers les volets recherche, vulgarisation, encadrement- adaptés

au contexte de régionalisation et en partenariat avec les organisations paysannes et les acteurs privés.

II-2-2- Renforcer les capacités des acteurs directs du développement rural

Il s'agit la principalement de renforcer les capacités des collectivités locales et des organisations paysannes afin d'en faire les principaux gestionnaires de l'économie agricole mais, également, de veiller a doter l'État, ses démembrements, ses représentants et ses experts d'une culture méthodologique et d'une démarche pertinente de pilotage de la politique de développement agricole et rural. Responsabiliser les OP ne signifie pas que les paysans doivent être capables de tout faire par eux- mêmes, mais qu'ils doivent être capables d'assumer un certains nombre de fonctions pour le développement de leur filière. Dans ce contexte, il importe de réfléchir aux dispositions a mettre en place et/ou appuyer pour :

instaurer une démarche d'élaboration concertée de politiques en totale co-responsabilité d'acteurs clés dont la légitimité, la crédibilité et la représentativité ne souffrent d'aucune contestation ;

relever, de façon substantielle, les capacités de ces acteurs a diagnostiquer les situations

et environnements généraux et spécifiques de leurs filières, a déceler et analyser les contraintes prévalant, et a mettre en oeuvre des politiques, stratégies et mesures aptes a

les résoudre ;

améliorer et consolider leur fonctionnement en favorisant leur large participation aux prises de décisions ;

renforcer leur capacités d'intervention et d'adaptation a travers une meilleure gestion des savoirs et des richesses et un renforcement permanent des capacités organisationnelles.

Le transfert de responsabilités est un processus qui met en jeu un changement profond des rapports entre État et producteurs et a des dimensions juridiques et institutionnelles fortes. Qui dit transfert de responsabilité dit aussi transfert de pouvoir et de moyens pour assumer ces responsabilités. La question du financement est donc cruciale. L'État dans la quête de ses objectifs fixés, créera l'environnement fiscal, institutionnel et législatif et sera par ailleurs

le fournisseur de biens et services en matière de recherche et de conseil agricole et rural.

II- 2- 3- Une approche participative dans la planification et la mise en oeuvre des opérations de développement

L'approche participative est un outil qui favorise la prise en charge effective par l'ensemble

de la population des actions de développement du terroir. Elle tend a modifier la perception

du rôle de chaque acteur et a proposer un partage de responsabilités entre les différents partenaires. Une démarche participative bien conduite aide a repérer tous les acteurs du développement, a valoriser et a reconnaItre leur importance, même ceux qui peuvent avoir été «oubliés» lors de la conception d'un projet ou d'un programme.

A cet effet, consolider le partage du processus de gestion du secteur agricole avec l'ensemble des partenaires de l'Etat constituera les germes d'un changement radical de la vision et des stratégies agricoles. Un système de concertation, de partage des décisions dans la conception, l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques de développement agricole durable s'impose. Ainsi la réalisation des projets et programmes se fera principalement avec une pleine participation des collectivités locales et des paysans. L'Etat leur apportera l'appui nécessaire a l'amélioration de l'environnement de leurs activités (réglementation, fiscalité, investissements structurants)10

II- 2- 4 - Prise en compte à toutes les étapes de la dimension genre

La mise en valeur de bas- fonds étant surtout l'affaire des femmes, il paraIt indispensable de

les associer dans toutes les décisions entrant dans le cadre de l'amélioration de la productivité dans les rizières. Ceci est d'autant plus nécessaire que leur capacité a s'organiser prouvée a travers les diverses associations traditionnelles a caractère lucratif ou d'épargne (tontines) dépasse de loin celle des hommes. Les femmes constituent le poumon

de l'économie locale et assurent a presque elles seules les charges de tout le ménage. En raison de ces obligations financières croissantes, les femmes attachent une grande importance aux activités génératrices de revenus. Il convient toutefois de noter que ces activités génératrices de revenus ne devraient pas- comme c'est souvent le cas dans la pratique- représenter une charge supplémentaire pour elles.

Afin de tenir compte des intérêts a la fois pratiques et stratégiques des femmes dans

la formulation des projets ou programmes, il importe de travailler avec les groupes et réseaux locaux de femmes de manière a intégrer les diverses particularités socioculturelles dont regorge le Balatacounda. Il est également utile de coopérer davantage avec les leaders des associations féminines car celles-ci sont connues sur le terrain et ont parfois de l'influence sur les autorités traditionnelles.

II- 2- 5- Promouvoir le financement des exploitations familiales par une politique de développement de la micro finance

Liée a l'histoire de la Grameen Bank au Bangladesh, qui a su s'imposer de un contexte de grande pauvreté et développer un volet social très dense, la micro finance est née de l'effort des populations de faire face au climat économique difficile et aux rigueurs des institutions

10 Gouvernement du Sénégal

bancaires. C'est un crédit de faible montant offert a ceux qui ne peuvent accéder au crédit bancaire classique, faute de pouvoir apporter les garanties matérielles exigées (salaire, biens immobiliers, épargne suffisante...) d'où son importance pour les populations du bassin.

Une bonne politique crédit mettra l'accent sur la baisse du taux débiteur par la mise

en place de fonds de bonification des taux ; ce qui favorisera l'accès au crédit des exploitations familiales, notamment celles dont le niveau de revenus sont égaux ou en dessous du seuil de pauvreté. L'accent sera mis aussi sur l'amélioration des conditions d'accès et le développement du crédit de proximité (mutualisation du crédit) A ce propos, il serait intéressant d'appuyer les associations traditionnelles d'épargne et de crédit11 déja existantes comme l'AJAC, la FADECBA qui ont fait leurs preuves dans ce domaine.

Conclusion

La spécificité du bassin de Goudomp exige un modèle de développement particulier qui prendra en compte toute la complexité et les contradictions dont regorge le bassin.

CONCLUSION GENERALE

Le bassin de Goudomp, riche en ressources tant physiques qu'humaines, est aujourd'hui la proie a une crise qui, du moins, n'épargne aucune région du monde rural sénégalais.

Les ressources sont disponibles (sols riches, climat plutôt généreux, main d'oeuvre présente...), mais pour autant, la région peine a relever la tête.

Les bas-fonds sont confrontés a de lourdes contraintes d'ordre naturel et socio- économique qui ont poussé l'Etat, les partenaires privés et les populations a réagir par la mise en oeuvre de stratégies telles la construction d'une digue anti-sel pour empêcher les intrusions salines dans les terres rizicultivées et permettre une intensification des cultures.

Le bilan global de ces politiques de développement est plus que mitigé. Il révèle un échec dans le transfert de technologie car, même si ces projets ou programmes ont eu des résultats satisfaisants, ils ne se sont pas inscrits dans la pérennité. En effet, aussitôt leur arrêt, les populations se retrouvent dans leur situation antérieure.

Aujourd'hui, l'insécurité s'est jointe au cortège des contraintes qui annihilent tout progrès vers un développement agricole dans le bassin. La radicalisation du conflit casamançais a entraIné de graves bouleversements dans la vie de ces paysans. Le personnel d'encadrement de l'État, les ONG et les partenaires privés sont contraints au

départ pour cause d'insécurité.

11 L'activité financière a toujours été pratiquée dans le bassin au sein de ces associations. Les tontines en

constituent la version la plus répandue, a côté d'autres moyens comme la thésaurisation ou les pratiques usurières.

Les politiques jusque la initiées pour une amélioration des conditions de vies des paysans se sont révélé défaillantes d'où la nécessité de redéfinir les stratégies et l'approche. L'objectif principal de la politique agricole doit être la lutte contre la pauvreté et l'amélioration

de la sécurité alimentaire. Cela passe par l'augmentation de la production agricole et l'accroissement des revenus des ruraux. Pour atteindre ces objectifs, les pouvoirs publics doivent mener un ensemble cohérent de stratégies visant a accroItre l'efficacité de ses investissements. Parmi celles-ci :

- l'introduction de nouvelles techniques de production ;

- la formation et l'encadrement des paysans ;

- l'organisation des paysans en coopératives dotées de moyens conséquents permettant une exploitation rationnelle de ces infrastructures au bénéfice de toute la population concernée.

Cette politique se doit de corriger les excès commis antérieurement, éviter la répétition d'actions négatives ; ce qui suppose une meilleure maItrise des rapports sociaux. Comprendre l'environnement socioéconomique, dans ce cas est fondamental car, cela permet d'aider a la mise en oeuvre d'actions concrètes et concertées pour venir a bout des problèmes communs (combler le déficit vivrier et écouler une production, etc.)

Il est essentiel dans une perspective de développement rural intégré qui concerne

75% de la population, que des planificateurs en collaboration avec les autorités et les structures régionales et villageoises, définissent des plans régionaux et même sous- régionaux de développement. Cette nécessaire planification régionalisée permettre de dépasser l'approche sectorielle et verticale, d'associer les populations villageoises a l'élaboration des plans régionaux, de les responsabiliser et de les impliquer dans la réalisation des plans de développement rural de leur région ou de leur village.

Le bassin de Goudomp est une zone qu'il convient de bien connaItre pour mieux la préparer a ses prérogatives futures.

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VIEILLEFON, J. : Notice explicative n°57 de la carte pédologique de la Casamance

OUVRAGES SPECIFIQUES

DEP, 1977 : Compte rendu d'un Essai de pompage de longue durée du 12 Mai 1977 au 2

Juin 1977 en Casamance dans les Bananeraies de Goudomp et Birkama

LOUIS BERGER INTERNATIONAL et SENAGROSOL- CONSULT, 1994 : Carte des sols de

la vallée de Goudomp / Birkama, PROGES

PROGES, 1994 : Etude d'avant-projet détaillée, vallée de Birkama. Programme IV, Rapport provisoire novembre-1994

PROGES, 1994 : Etude d'avant-projet sommaire de la vallée de Birkama, Rapport provisoire septembre-1994

PROGES, 1994 : Rapport d'évaluation à mi-parcours, mars-1994, 122p. SOMIVAC, 1982 : Projet- Programme MAC 1983 /4/7/8.

THIERRY D., 1977 : Irrigation des bananeraies de Casamance : simulation de l'exploitation

de la nappe de Goudomp d'après l'Essai de pompage

SITES INTERNET

http://www.enda.sn

http://www.gouv.sn/politiques

http://www.inter-reseaux.org

http://www.ird.sn

http://www.lesoleil.sn

http://www.seneweb.com

http://www.sudonline.sn

http://www.walf.sn

TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos Introduction Générale Problématique Méthodologie

PREMIERE PARTIE :

COMPLEXITÉ DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE DANS LE BASSIN DE GOUDOMP Chapitre I : Une vallée riche en potentialités agropédologiques

I- Un relief monotone simple à mettre en valeur

II- De l'eau disponible mais sous exploitée

II- 1 Les bas- fonds : un espace humide

II-1-1 Un écoulement de surface maItrisable

II- 1-2 Les sols des bas- fonds: entre salinité et aptitude a la culture

II- 1-2-1 Typologie, caractéristiques et répartition

II- 1-2-2 Des sols aptes a la riziculture malgré les contraintes de la salinisation

II-2 Un sous-sol riche en ressources hydriques

a) L'aquifère superficiel du Continental Terminal b) La nappe semi- profonde de l'Oligo- Miocène

c) La nappe profonde du Maastrichtien

Conclusion

Chapitre II : Les contraintes du climat et problématique de la maîtrise de l'eau

Introduction

I- Les Facteurs climatiques

I-1 Le cadre aérologique : facteur principal

I-2 Les Facteurs géographiques

II- Une pluviométrie aléatoire

II-1. Variabilité inter annuelle et contrainte de salinisation

II-2 Variabilité inter mensuelle des précipitations et fonctionnement hydrologique et hydrogéologique des bas- fonds

II-3. Analyse des précipitations journalières

II-4 Déficit pluviométrique et problématique de l'eau

Conclusion

Chapitre III : L'environnement démographique, sociologique et socioéconomique

Introduction

I- Structure et dynamique d'une population jeune et à croissance exponentielle

I-1 Une évolution démographique inquiétante

I-2 Une main d'oeuvre disponible

II- Caractéristiques socio-économiques de la population

II-1 Niveau d'instruction et niveau de vie

II-2 Répartition des activités socioprofessionnelles a) Une population essentiellement agricole

b) Le rôle prépondérant de la pêche dans l'économie locale

III- Une politique agricole peu soucieuse de la précarité de masses paysannes

III- 1- Le désengagement de l'état

III- 2- Un système bancaire inadapté aux mentalités locales

IV- Le pays balante ou balantacounda: une société profondément transformée par les immigrants

IV-1 Crise et mutation du système foncier

IV-2 Systèmes de production et techniques aratoires

IV- 3 Une organisation sociale de la production hiérarchisée

IV-3-1 Division sexuelle du travail et formes d'entraide a) Division sexuelle du travail

b) L'entraide traditionnelle : un acquis a perpétuer

IV-3-2 Un calendrier des travaux agricoles défavorable

Conclusion

DEUXIEME PARTIE :

MAÎTRISE DE L'EAU ET DÉVELOPPEMENT AGRICOLE : HISTORIQUE D'UNE ACTION ANCIENNE ET A RÉSULTATS MITIGÉS

Chapitre I : La MAC : «un projet d'assistanat»

I- Les aménagements

II- Les moyens de la MAC et les résultats

III- Essai de bilan

Chapitre II : Le PROGES ou l'histoire d'une intervention inachevée

Introduction

I- Les aménagements

II- La gestion des ouvrages

III- Analyse critique de l'action du PROGES

IV- 40 années d'opérations de développement agricole : un bilan global mitigé

Chapitre III : Les facteurs explicatifs des contre- performances post- opération de développement

I. Une politique de développement agricole marquée par l'omniprésence du riz

II. La mise en place des organisations paysannes : une négligence coupable

III. Facteurs sociologiques : le poids de l'histoire

Conclusion

TROISIEME PARTIE :

CRISE, STRATÉGIES PAYSANNES ET PERSPECTIVES Chapitre I : Analyse du contexte de la crise

I- Crise et mutations

I- 1 Le recul des cultures traditionnelles

I- 1- 1 Les cultures vivrières victimes de la salinisation, de la pauvreté et de l'abandon des terres

I- 1- 2 Effondrement de la production arachidière et conversion a l'arboriculture fruitière

I- 2 Le tribut du conflit casamançais

I- 3- Crise et système de production : le retour a la case départ

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II- Les fondements de la crise

II- 1 L'influence des facteurs naturels

II- 2 Le poids de l'insécurité

II- 3 Les contraintes socioculturels

II- 4 Les facteurs économiques

II- 5 Politiques et programmes ayant provoqué ou renforcé la vulnérabilité et la pauvreté des populations

III- Réactions paysannes : des initiatives pour faire face aux contraintes qui minent l'agriculture

Chapitre II : Pour une nouvelle approche du développement local

I. Pourquoi repenser la mise en valeur du bassin de Goudomp ?

II. Quelle politique de développement agricole ?

II- 1 Les objectifs prioritaires

II-1-1 Assurer la sécurité alimentaire

II-1-2 Asseoir un développement agricole basée sur l'agriculture familiale

II- 2 Les orientations stratégiques pour une agriculture «émancipée»

II-2-1 Faire de la diversification et de l'intensification de la production une priorité

a) Développer la culture vivrière b) Relancer la filière arachide

c) Encourager l'arboriculture et le maraIchage

II-2-2 Renforcer les capacités de acteurs directs du développement rural

II-2-3 Une approche participative dans la planification et la mise en oeuvre des opérations de développement

II-2-4 Prise en compte a toutes les étapes de la dimension genre

II-2-5 Promouvoir le financement des exploitations familiales par une politique de développement de la micro finance

Conclusion

Conclusion Générale

Orientations bibliographiques

Annexes

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote