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Crise Agricole dans une vallée de Casamance: Le bassin de Goudomp (Senegal)

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par Insa MANGA
Université de Rouen - Maitrise Géographie 2003
  

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II. UNE PLUVIOMETRIE ALEATOIRE

Les données climatiques dont nous disposons, pour notre analyse, ont été recueillies au niveau du service de la Météorologie Nationale. A cet effet, trois stations ont été répertoriées: il s'agit de la station synoptique de Ziguinchor et les postes pluviométriques de Sédhiou et de Goudomp. Les stations de Ziguinchor et de Sédhiou ont été choisies du fait de leur proximité de la zone d'étude et du fait de l'absence de données anciennes pour la station de Goudomp.

II-1 Variabilité inter annuelle et contrainte de salinisation

Les précipitations dans le bassin de Goudomp sont principalement liées au flux de mousson (en hivernage) mais aussi les incursions d'air polaire peuvent provoquer en saison sèche de faibles averses (pluies de « heug »).

Pour analyser la variabilité des précipitations annuelles, on a recours a des méthodes répandues telles que la moyenne mobile pondérée, l'écart moyen relatif, le coefficient de variation, l'indice de variation et la méthode des quintiles.

La moyenne mobile pondérée permet de lisser la courbe évolutive des précipitations annuelles. Elle traduit mieux le comportement de la pluviométrie au niveau de la station sur

la période étudiée. Nous avons eu recours dans le cadre de notre analyse a une moyenne glissante sur une période de 3 ans.

La méthode des écarts moyens permet d'évaluer les excédents ou les déficits d'une année quelconque par rapport a la moyenne de la série. Sa formule est la suivante :

E.M (%) = (Pi - Pm) x 100

Pm

E.M (%) = Ecart Moyen relatif en pourcentage

Pi = Pluie moyenne d'une année en mm

Pm= moyenne des pluies de la série en mm

Le coefficient de variation (C.V) est un paramètre de dispersion des précipitations. C'est le rapport entre l'écart- type divisé par la moyenne. Elle donne la dispersion des valeurs autour

de la moyenne. Quant a l'intervalle de variation (I .V), c'est la différence entre la précipitation

maximale et la précipitation minimale annuelle de la série.

Les quantités de pluies enregistrées annuellement ces trois dernières décennies varient en moyenne entre 1000 et 1200 mm. Les totaux annuels pluviométriques connaissent une grande variabilité. Ceci est une des caractéristiques des zones sahéliennes

où l'essentiel de la pluviométrie est apportée par les lignes de grains dont la fréquence est très variable d'une année a l'autre. Cette variabilité inter annuelle est confirmée par l'intervalle de variation (I .V = 908,1) et le coefficient de variation inter annuel (C.V = 0,3)

Un regard jeté sur les cumuls annuels permet de constater ce fait : durant les trois dernières décennies la station de Sédhiou a enregistré son plus faible total annuel de pluie

en 1983 (711,3mm !) L'année la plus humide (1999) avec 1619,4 mm présente un écart moyen de 55% (excédent) L'hivernage a eu une durée normale (6 mois) et le maximum est intervenu en août avec 705,5mm. Sur les trente années d'observations quinze sont déficitaires soit 50%.

La tendance de la pluie moyenne matérialisée montre :

- une période sèche de 1971 a 1973

- une période humide de 1974 a 1976

- une période sèche de 1977 a 1987

- une autre période humide de 1987 a 1989

- une autre période sèche de 1990 a 1992

- une période humide de 1993 a 1995

- une année sèche en 1996

- et enfin une période humide entre 1997 et 1999.

Une comparaison de cette normale (1970- 1999) d'avec les années précédentes montre clairement la tendance déficitaire de la pluviométrie. La moyenne des précipitations moyennes annuelles est de 1446,1 mm entre 1950 et 1969 contre 1051,5 entre 1970 et

1999. Les années considérées comme sèches dans la série de 1950 a 1969 ont des valeurs

de loin supérieures a la moyenne de la série de 1970 a 1999.

Il ressort de l'analyse de ces deux tableaux que les valeurs des années moyennes et excédentaires ont fortement baissé. La tendance générale est au déficit pluviométrique.

Cette péjoration des conditions climatiques observée dans le courant des années 70 a provoqué deux types de changements sur l'évolution des sols. D'abord du point de vue chimique, on observe une augmentation considérable de la salinité des nappes et des sols. Cette hyper salinisation des sols est lisible sur le terrain par l'apparition d'efflorescences salines. Ensuite du point de vue minéralogique, on assiste a une formation généralisée de gypse et a la présence dans certains profils des tannes, des racines salicifères.

II-2. Variabilité inter mensuelle des précipitations et fonctionnement hydrologique et hydrogéologique des bas- fonds

La pluie débute a Goudomp au mois de mai (60% des observations) et s'achève en octobre (70%) L'étendue de la saison pluvieuse est en moyenne de six mois. Les pluies hors-saison sont faibles et se regroupent autour des mois de janvier, février, mars et décembre. Leur faiblesse se manifeste par des traces.

Le mois le plus pluvieux est août (55% des maxima pluviométriques), cependant il peut se décaler au mois de juillet (30%) ou septembre (15%) Ces trois mois concentrent a eux seuls prés de 75% des précipitations enregistrées. En effet, les coefficients pluviométriques durant les trente années d'observations se répartissent comme suit : août C.P = 28%, juillet C.P =23,3%, septembre C.P = 22,3%.

Le coefficient pluviométrique (C.P) permet de déterminer le mois le plus pluvieux. Il est obtenu en faisant le rapport entre la moyenne de précipitations du mois divisée par la moyenne des précipitations annuelles élevé en pourcentage. Il donne ainsi la part du mois dans les précipitations annuelles.

La variabilité inter mensuelle des précipitations est aussi mesurée par l'intervalle de

variation (I.V) et confirmée par le coefficient de variation (C.V)

Les mois pluvieux présente des I.V les plus élevés (juillet : 239,2 ; août : 185,6 ; septembre :

189,3) Par conséquent la pluie est dispersée. Cette dispersion est confirmée par les faibles coefficients de variation (juillet= 0,3, août= 0,2, septembre= 0,3 ) Les mois non pluvieux ont des C.V très élevés (février= 5,3)

L'analyse du mois pluvieux permet de savoir si, en fonction du total pluviométrique reçu, on peut considérer le mois comme étant pluvieux. Pour cela, on peut utiliser une représentation graphique appelée profil ombrothermique qui répond a la relation de BAGNOUL et

GAUSSEN :

P = 2 TM avec P : Précipitations mensuelles enregistrées

TM : Température Moyenne mensuelle

Un mois est considéré comme pluvieux lorsque la valeur des précipitations enregistrée est supérieure au double de la température moyenne. Dans notre bassin, la véritable saison pluvieuse concerne les mois de juin a octobre soit une durée de 5 mois.

L'hydrologie des bas-fonds de Goudomp et de Birkama est étroitement liée aux précipitations qui constituent le principal agent générateur de l'écoulement de surface. Les volumes d'eau écoulés sont très importants car dès le mois d'août il n'y a plus de pertes par infiltration pour les averses qui tombent sur la zone inondée.

La remontée des nappes aquifères sur les versants provoque leur affleurement dans

les bas-fonds. Durant la saison pluvieuse, les marigots drainent les nappes et l'affleurement

de la nappe sur les ramifications des marigots. Les bas-fonds alors d'une eau douce sur leur partie amont ; sur la partie aval, apparaît une dépression piézométrique sous les terrasses alluviales. Cette dépression piézométrique favorise la circulation de la langue salée.

Durant la saison sèche, les nappes superficielles se déchargent et leur niveau baisse car ne recevant pas les apports provenant de l'infiltration des pluies. Cette diminution du niveau des nappes est aussi le fait essentiel de l'évapotranspiration.

L'aquifère dans son ensemble comprend trois zones de fluctuation selon les différentes formations qui la composent :

· une zone de terrasse de profondeur comprise entre 0 et 10 m. Le niveau statique dans cette zone, passe par un niveau d'étiage et un niveau de crue définissant ainsi deux phases de fonctionnement de l'aquifère : une phase de recharge pendant la saison des pluies et une phase de décharge durant la saison sèche ;

· une zone intermédiaire située entre 10 et 15 m de profondeur avec des battements piézométriques avoisinant 2 a 15m. Ici l'onde de fluctuation reste marquée par

l'équilibre existant entre les phases de recharge et de décharge durant l'année ;

· une zone de plateau où la nappe demeure très profonde (+ 20m) avec des amplitudes de battements saisonniers faibles. La stabilité de cette nappe est fonction en grande partie a l'importance des précipitations. La péjoration climatique depuis ces dernières décennies a eu des conséquences sur le fonctionnement hydrologique et hydrogéologique des bas-fonds. L'écoulement est devenu semi- pérenne et s'étale sur plusieurs mois. L'abaissement des nappes phréatiques consécutives a la sécheresse est responsable d'une grande partie de l'acidification des terres des bas-fonds (MALOU, 1992).

II-3 Analyse des précipitations journalières

Les totaux mensuels et annuels des précipitations cachent des disparités quant a la répartition des jours de pluies. Pour l'analyse des précipitations journalières, on a eu recours aux données de la station de Goudomp en dépit des lacunes de plusieurs années qu'elle présente.

Dans l'ensemble le mois d'août concentre, le maximum de jours pluvieux suivi du mois de septembre. La quantité de pluie enregistrée journalièrement varie en moyenne entre

35 et 75 mm. Les années humides enregistrent le maximum de nombre de jours de pluies.

II-4 Déficit pluviométrique et problématique de l'eau

Comme nous l'avons démontré précédemment, la tendance de la pluviométrie dans notre bassin est depuis plusieurs années au déficit. Ceci n'est pas sans conséquences sur la production rizicole dans les bas-fonds. Les réserves naturelles en eau douce sont de moins

en moins importantes. Celle-ci ne provient que des précipitations pendant une période qui s'est raccourcie considérablement. En effet, le climat de Goudomp se caractérise par deux faits majeurs :

- une distribution unimodale des précipitations qui créé un seul cycle cultural dont dépendent a la fois la sécurité alimentaire des paysans et leurs revenus annuels ;

- une variabilité inter annuelle et intra annuelle qui expose constamment les cultures a des risques de sécheresse.

Or la riziculture nécessite une alimentation régulière en eau douce. Le stockage des eaux pluviales par un barrage et la gestion du niveau de l'eau sont devenus indispensables. Les sols salins et acides, conséquence de la baisse de la pluviométrie, constituent un autre obstacle majeur a surmonter. La salinité est entretenue par les eaux marines ; la fonction anti-sel du barrage n'empêchant cependant pas les intrusions via la nappe. L'acidité présente dans ces sols génère dans le milieu des éléments solubles toxiques pour les plantes. La stérilisation de ces terres (en extrême aval du bassin) a entraîné l'abandon de la

culture du riz en zone salée : 58% des causes d'abandon des terres sont liées a la salinité.

Aujourd'hui, la problématique de la maîtrise de l'eau demeure entière dans le bassin de Goudomp et invite a une réflexion sérieuse quant aux stratégies a mettre en place pour une augmentation de la productivité et un épanouissement des conditions de vie des paysans.

Conclusion

Le fait majeur caractéristique du climat de Goudomp est la distribution unimodale des précipitations et leur variabilité interannuelle et intra-annuelle.

En dépit de la diminution des pluies consécutive a la sécheresse des années 70, les volumes d'eau annuels précipités demeurent suffisants pour remplir les petits aménagements des bas-fonds durant l'hivernage. Donc, nous pouvons affirmer que dans l'ensemble le climat reste favorable a la mise en valeur agricole (culture sous pluie ou irriguée) bien que la variabilité des précipitations annuelles et mensuelles expose les cultures a des risques permanents de sécheresse.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery