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Le défi du désendettement soutenable en Afrique Subsaharienne: Au-delà de l'Initiative PPTE.

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par Claire Barraud
Université Pierre Mendès France, Grenoble II - M2 recherche Politiques économiques et sociales 2006
  

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Du surendettement aux Politiques d'ajustement structurel : des responsabilités partagées

Les politiques d'ajustement structurel (PAS) sont nées d'une vision ultralibérale des politiques économiques et sociales, mais également de l'interprétation des créanciers vis-à-vis de leurs créances irrécouvrables. L'implication sous-jacente des PAS correspond alors au fait que le débiteur est l'unique responsable de son insolvabilité. Pourtant, l'histoire, économique, entre autres, des pays pauvre très endettés (PPTE) d'Afrique et les véritables causes de leur endettement excessif démontrent le contraire. L'échec des PAS tient donc surtout à cette négation.

I - L'insoutenabilité des dettes africaines : entre mythes et réalités.

Ce tri est effectivement essentiel pour comprendre le processus d'endettement de ces pays. Il s'agit alors de montrer, à travers l'assujettissement historique des économies de l'Afrique subsaharienne (ASS) vis-à-vis des pays industriels mais aussi à travers les spécificités culturelles dictant une régulation macroéconomique et sociale propre, que la responsabilité à l'égard de l'insoutenabilité de la dette est largement partagée.

A/ Les spécificités historiques et économiques des pays d'Afrique, une analyse indispensable et pourtant trop rare.

Comme le précise Philippe Hugon (2003) « les héritages précoloniaux, coloniaux et postcoloniaux expliquent en profondeur la crise actuelle, et la différencient de celle des autres continents »1.

1 Les PPTE africains, une histoire propre malgré la subordination.

Généraliser l'histoire économique du continent africain se traduit bien entendu par un travail non exhaustif, compte tenu de l'hétérogénéité des situations. Toutefois, elle peut être découpée en trois grandes phases.

1 Hugon P., 2003, in Economie de l'Afrique, 2003, Ed. La Découverte, collection Repères, p.10.

La période précoloniale, correspondant à l'ère du mercantilisme (du XVème à la fin du XIXème siècle), se caractérise surtout par une institutionnalisation de l'esclavage. A cette époque, l'Afrique est tiraillée par la domination de l'Islam au nord, de l'Europe à l'ouest et de l'Inde ainsi que du monde arabe à l'est (bien que l'essentiel du commerce se situe entre 1750 et 1860). Ce triptyque est appelé le commerce triangulaire. Il relie l'Afrique, fournisseur d'esclaves, l'Amérique, productrice de métaux précieux et d'épices, et l'Europe occidentale. Plus précisément, des navires partent de Bordeaux, de Nantes et des autres ports atlantiques chargés de verroterie, d'alcool mais aussi de fusils. Dans les comptoirs côtiers africains, ces marchandises sont troquées contre des esclaves avec les chefs coutumiers locaux. (...) Les navires traversent l'Atlantique et échangent leur cargaison humaine en Amérique contre du rhum, du sucre, du tabac ou encore des métaux précieux. Au terme de leur voyage, ils retournent en Europe, les cales remplies de précieuses marchandises (coton, sucre, café, tabac,. . .)2. Les grands bénéficiaires de ce commerce sont, outre les armateurs et leurs actionnaires, les roitelets africains eux-mêmes, qui vendent aux Européens leurs propres habitants. La traite atlantique, du XVe au XIXe siècles, a concerné un total d'environ onze millions d'Africains, en majorité des esclaves de naissance vendus par les chefs africains ou les marchands arabes. La traite orientale, organisée par les musulmans vers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à travers le Sahara et l'océan Indien du VIIIe au XIXe siècle, a concerné quant à elle 17 millions d'Africains3. L'impact sera important en termes de dépeuplement et de désorganisation des régions les plus fragiles4. La maîtrise du continent se situe déjà parmi les objectifs prioritaires des pays tiers et fait l'objet de conflits importants entre les pays européens. L'Afrique restera marquée par ces épisodes, d'autant plus que la pratique perdurera malgré l'abolition solennelle et universelle de l'esclavage par la Déclaration universelle des droits de l'Homme des Nations unies, du 10 décembre 1948

Dans la période de la colonisation directe (1870-1960), l'Europe se partage l'essentiel de l'Afrique. La tendance est à la transposition d'un appareil d'Etat métropolitain, tout en s'appuyant sur les institutions existantes. Il n'existe alors pas de marché du travail, mais bien une pénurie de main d'oeuvre. Les marchés sont infimes, l'insécurité,

2 Dignat A., in « XVIIe siècle, Comment l'esclavage devint une institution », http://www.herodote.net/dossiers/synthese.php?ID=15

3 Pour en savoir plus sur cette période, voir par exemple Dignat A., 2006, « XVIIe Comment l'esclavage devint une institution », http://www.herodote.net/dossiers/synthese.php?ID=1 5 4 http://fr.wikipedia.org/wiki/Afrique#La_traite_des_noirs

sanitaire notamment, est importante et les voies de communication sont invisibles. La caractéristique économique majeure du système colonial concerne la domination du capital marchand, et non du capital productif. Le système colonial correspond en effet davantage à un système «de ponction et de mise en réserve [qu'à celui d'une] mise en valeur et d'accumulation »5. Ladite domination se traduit, dans ses aspects essentiels, par l'obligation de faire des cultures d'exportation (développement du secteur agricole) et par le rôle central des sociétés commerciales. Ces sociétés ont alors un monopole de fait quant au commerce extérieur grâce aux prix bas et à une fonction monétaire assurée par l'Etat (surprix de 20% par rapport aux prix mondiaux). Le système reproduit l'ancien pacte colonial (polarisation des flux sur la métropole, protectionnisme des marchés coloniaux, pratiques des surprix...). Le modèle de traite du nouveau pacte confère aux colonies le rôle de «réservoirs de produits exotiques » et de « déversoirs de produits manufacturés », le tout assorti d'un dualisme interne entre le secteur européen (moderne) et indigène (traditionnel). Le manque d'articulation entre eux freine la diffusion interne des gains de productivité. Après la crise de 1929 et pendant le repli des pays européens, le système évolue vers « la mise en valeur ». Face à la baisse des cours des matières premières, des surprix sont appliqués et des mesures protectionnistes font de l'Afrique un espace de prix élevés.

La période de la colonisation dégage une autre phase importante dans l'histoire des économies d'Afrique ; celle de l'après-guerre. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en effet, l'aide publique transforme en profondeur le paysage économique africain. Les grands travaux d'infrastructure économique et sociale permettent des effets d'entraînement vers les investissements privés, et les transferts publics sont compensés par des sorties de flux privés. Le développement rural mais aussi industriel, à travers les prémices d'industries de substitution aux importations et de valorisation des produits primaires, va alors contribuer à une croissance soutenue (5 à 6%), au déblocage de l'expansion démographique, aux migrations vers les villes et à l'inflation scolaire. La reconversion d'un capital commercial en un capital industriel s'opère grâce à des mesures incitatrices et protectrices, ainsi qu'au développement d'un «capitalisme d'Etat appuyé sur l'aide extérieure »6, déjà. L'Etat devient le moteur du développement.

5 Hugon P., 2003, op. cit.

6 Idem.

A la suite du mouvement des indépendances, à partir de 1950, le poids des capitaux étrangers reste prédominant. Le premier problème se pose en termes de corruption de l'Etat postcolonial, qui doit pourtant permettre le passage d'une économie traditionnelle à une économie moderne. Le second est lié à une dynamique reposant trop fortement sur les exportations de produits primaires et sur l'aide extérieure. Le dernier problème est celui de l'épuisement de l'Etat colonial, pendant que l'économie d'endettement de la décennie 1970 retarde la crise tout en l'aggravant à terme.

Les économies des PPTE d'Afrique resteront marquées par ces faits. Les peuples ont subi la soumission et les mauvais traitements venant de l'extérieur, mais aussi la trahison de leurs propres représentants nationaux. Aujourd'hui, les tests de convergence démontrent que ces économies divergent du reste du monde.

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