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Les abandons des implants contraceptifs au Levonorgestrel Norplant au CSPS de Wemtenga, District Sanitaire du secteur 30 Ouagadougou au Burkina Faso


par Alain KABORE
ENSP Ouagadougou - Attaché de Santé en Epidémiologie 2004
  

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INTRODUCTION

Le Burkina Faso dispose d'une politique nationale en matière de planification familiale depuis 1984. Cette politique prévoyait des dispositions qui abrogeaient la loi de 1920, portant interdiction de la contraception. Parmis les composantes de cette politique nationale, la distribution des contraceptifs occupe une place importante. Ainsi dans le but d'offrir une gamme variée et diversifiée de méthodes contraceptives le Norplant® a été introduit en 1992 dans le programme national de planification familiale. La réussite d'un tel programme nécessite un suivi-évaluation conséquent et des activités de recherche. C'est dans cette optique que nous proposons de mener une telle étude. Son but est de comprendre la situation des abandons de la contraception par les implants sous-cutanés (Norplant®) en vue de proposer des actions pour le renforcement des services de Planification Familiale.

La réalisation pratique de cette étude s'est déroulée en trois phases essentielles: la conception du protocole, la collecte et le traitement des données et enfin la rédaction du présent rapport. Son contenu s'articule autour des points suivants :

- la problématique de l'étude

- l'approche conceptuelle,

- la méthodologie,

- la présentation suivie des discussions sur les résultats

- enfin des recommandations ont été proposées.

CHAPITRE I

PROBLEMATIQUE

1-ENONCE DE PROBLEME

Le Burkina Faso a adopté officiellement une politique nationale de planification familiale en septembre 1984(31). Les grandes lignes qui en ressortent sont :

1. Réviser la loi de 1920(relative à la contraception), en élaborant des textes législatifs adaptés à la politique nationale de planification familiale au Burkina Faso.

2. Multiplier les formations sanitaires pour la protection de la santé maternelle et infantile et intégrer la Planification Familiale dans les activités des structures sanitaires.

3. Former le personnel nécessaire à l'application de la politique

nationale de Planification Familiale.

4. Informer et sensibiliser les familles sur le rôle de l'espacement

convenable des naissances et faciliter leurs accès aux méthodes contraceptives les plus appropriées

5. Définir et introduire un programme d'éducation en matière

de population dans les établissements scolaires et un programme de PF dans

ü les écoles de formation professionnelle

ü les centres d'apprentissage

ü les écoles supérieures

ü les universités

6. Amener notre peuple à comprendre le rôle de la

Planification Familiale dans l'amélioration de la vie familiale.

7. Conscientiser et éduquer hommes et femmes de manière à

ce qu'ils assument leur responsabilité avec clairvoyance

8. assurer la lutte contre les maladies sexuellement

transmissibles et la stérilité, étant donné que l'enfant est une composante essentielle du bien-être de la famille burkinabé(4)

Par ailleurs, la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD) tenue au Caire en septembre 1994 a -t-elle fait ressortir la nécessité d'inscrire la santé de la femme et de l'enfant dans les priorités des politiques de santé des pays et particulièrement ceux en voie de développement. C'est de cette conférence que naquit le concept de santé de la reproduction qui se définit comme «  le bien être général tant physique que mental, de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l'appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l'absence de maladies ou d'infirmités. » (20)

Le Burkina Faso qui a souscrit aux différents engagements au sortir de la CIPD ne pouvait rester en marge de cette stratégie. Un plan décennal 1998-2008 de la santé de la reproduction(30) a donc été élaborée ; il vise comme buts:

-Renforcer la capacité nationale d'intervention, en proposant des approches qui visent l'atteinte des objectifs fixés au plan national en matière de santé reproductive et sexuelle.

-Garantir à tous, la couverture, l'utilisation et la qualité des services de santé reproductive et sexuelle.

-Promouvoir et défendre les droits des femmes, des hommes y compris les jeunes de faire des choix libres et informés en matière de Santé de la Reproduction, plus particulièrement de déterminer librement le nombre de leurs enfants et la périodicité de l'espacement.

Le plan stratégique se propose comme objectifs à atteindre spécifiquement dans le cadre de la planification familiale de :

o Mettre à la disposition de tout couple ou individu, les moyens et l'information nécessaires afin qu'il choisisse librement et en toute connaissance de cause, le nombre et la périodicité de l'espacement des naissances de ses enfants.

o Promouvoir l'utilisation des méthodes contraceptives y compris les méthodes traditionnelles et les méthodes naturelles afin de doubler la prévalence(*)d'ici l'an 2005 et la quadrupler d'ici l'an 2008.

La mise en oeuvre des activités pour l'atteinte des objectifs a requis le renforcement des services décentralisés du ministère de la santé et l'intervention de différents partenaires à travers le territoire national.

Les services de planification familiale qui sont offerts sont (20):

- L'I.E.C en matière de PF

- La contraception

- La lutte contre l'infécondité, l'infertilité et les Maladies sexuellement transmissibles

- La lutte contre le SIDA

- L'éducation en matière de population.(5)

En ce qui concerne la contraception, les méthodes disponibles dans le programme national de PF sont(22) :

ü Les spermicides : gel, mousse, comprimés

ü Les condoms

ü La diaphragme

ü Le Dispositif Intra Utérin

ü Les pilules : contraceptifs oraux combinés et pilules à seul progestatif

ü Les injectables : énanthate de Norèthistérone(NET-EN),

Acétate de médroxyprogestérone-dépôt(DMPA).

ü Les implants Norplant®

ü La contraception chirurgicale volontaire

ü Les méthodes naturelles

ü La méthode du collier qui est en phase d'introduction.

Des méthodes contraceptives modernes disponibles, le Norplant® est la troisième méthode la plus sollicitée après les pilules et les injectables. Ainsi en 2002, au niveau national, sur un ensemble de 114785 nouvelles utilisatrices 9787 avaient bénéficié du Norplant® soit 9% des utilisatrices. (35)

En milieu urbain la demande est encore plus forte : dans la ville de Ouagadougou, sur un total de 15392 nouvelles inscrites 1485 avaient sollicité le Norplant® soit d'une proportion de 10%. (35)

Malgré ces résultats en matière de distribution, on note un certain nombre d'abandons le plus souvent précoce c'est à dire avant la cinquième année requise pour sa validité. En effet les évaluations des districts par les pairs(EDPP) de 2000 et 2001 de la Direction Régionale de la santé de la Boucle du Mouhoun (36) ont notifié une moyenne de 25 abandons de la méthode chaque année. Ces abandons s'expliqueraient selon les utilisatrices en grande partie par des manifestations inconfortables dues aux effets secondaires des implants. Parmis ceux-ci, les plus importants sont ceux qui perturbent le cycle menstruel des femmes. (33) Les modifications du cycle menstruel peuvent s'opérer de deux manières toutes susceptibles d'avoir des répercussions négatives sur la vie quotidienne des femmes. Si sur le plan physique les dommages peuvent être minimisés, aux plans culturel, religieux, psychologique, les effets secondaires peuvent influencer de manière considérable l'existence quotidienne des femmes ; qu'il s'agisse de la perception de leur état de santé, de l'hygiène, de la vie sexuelle, de l'exécution des tâches domestiques, de la participation aux activités sociales ou même de la fréquentation des lieux de culte. (39)Durant leurs règles les femmes musulmanes n'aurait plus le droit de prier, de jeûner, ni de toucher certains livres sacrés encore moins de pratiquer divers rites religieux. (39)

Les conséquences de ces abandons ne sont pas négligeables ; elles peuvent être d'ordre politique, économique ou social.

- au niveau de la planification sanitaire, les abandons peuvent engendrer une sur-estimation des indicateurs tels que le mois-couple ou année-couple de protection. Cet indicateur se calcule sur la base de l'efficacité et de la durée d'action de la méthode. Prévue pour 5 ans, l'estimation du mois-couple protection devient caduque en cas d'abandon.

- au plan économique : le Norplant®, sans la subvention de l'Etat et ou de ses partenaires, ne serait pas accessible au commun des burkinabé au point de vu du coût financier. Le ministère de la santé bénéficie de l'appui d ses partenaires pour l'approvisionnement en contraceptifs. Ainsi le Norplant coûte 600FCFA à la CAMEG alors que le prix réel sur le marché est de 22 000 FCFA. (40) Ce faisant, arrêter son utilisation avant l'expiration constitue une perte financière et pour l'état et pour la cliente.

- Sur le plan psychosociologique, les abandons, surtout quand

ils sont précoces rapportent des préjugés et autres clichés, sources de rumeurs défavorables à l'utilisation de la méthode.

L'importance des abandons du Norplant® a été constatée par les autorités du Burkina Faso de façon générale dans tout le pays. Ceci s'est illustré par une lettre ministérielle*(*) (MS, 2002) qui attirait l'attention des prestataires sur la distribution de la méthode.

Le problème des abandons du Norplant® suite aux effets secondaires n'est pas seulement constaté au Burkina Faso ; en Indonésie, une étude a révélé que l'absence de menstruation due au Norplant® a fait croire aux époux que leur femme était malade. Ce qui a engendré un grand nombre de retrait(24)

En dehors des irrégularités menstruelles, une étude de Population Council a signalé que 1,9% des femmes avaient interrompu la méthode à cause de céphalées. En Egypte et en République dominicaine, la perte de poids était la principale raison de demande de retrait des implants. (23)

De nos jours, le problème des effets secondaires constitue une préoccupation de bon nombre de programmes et de services de planification familiale. Ces structures ne disposent pas de mécanisme de suivi-évaluation ou encore de surveillance épidémiologique des effets secondaires des contraceptifs.

Face à ces abandons qui incriminent a priori les effets secondaires comme principales causes(8), Il serait intéressant d'explorer cette situation sur des bases scientifiques. C'est ainsi qu'une étude descriptive sur les abandons de la méthode s'avère très utile. C'est cette étude descriptive que nous nous proposons de réaliser pour apprécier l'importance des abandons de la méthode ainsi que les différentes caractéristiques afférentes.

* Le taux était de 3% à l'élaboration du plan.

* * lettre n° du MS/GS/DGSP/DSF

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