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L'émergence d ela notion de sécurité humaine dans la protection internationale des droits de l'homme

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par Sabine Nicole Jiekak Mougoué
Université Catholique D'afrique Centrale, Yaoundé, Cameroun - Master en droits de l'homme et action humanitaire 2005
  

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Paragraphe 2- L'intégration continue de nouveaux paradigmes dans la notion de sécurité humaine

La sécurité humaine vise la protection des individus contre des menaces violentes ou non. Elle est réalisée dans une situation ou un état caractérisé par l'absence d'atteintes aux droits fondamentaux des personnes. Elle apparaît ainsi comme un principe de l'idéal, plein de multiples préalables et signifiant plusieurs choses à la fois. En effet, elle couvre à l'heure actuelle plusieurs domaines, de la sécurité personnelle à la sécurité des communautés en passant par la recherche du bien être économique, et de la sécurité environnementale. En plus de cela il est à tout moment possible d'y insérer un élément nouveau (A) auquel on rattachera à coup sûr les caractéristiques attribuées à la notion (B).

A- Le contenu extensible de la sécurité humaine

La sécurité humaine est définie négativement par un ensemble de faits pouvant constituer des menaces pour elle. La recherche des solutions à ces menaces constituent la seconde composante de la sécurité, à savoir la prémunition contre le besoin (individuel) qui a de tout temps été écartée au profit de la libération de la peur (collective), première composante. Le rapport 1994 sur le Développement humain cite sept (7) éléments de la sécurité humaine : La sécurité personnelle, la sécurité économique, la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire, la sécurité environnementale, la sécurité politique et la sécurité de la communauté.

- La sécurité personnelle : Définie par le PNUD comme la sécurité de tout individu contre la violence physique, la sécurité personnelle est le premier aspect de la sécurité humaine. Les menaces à la sécurité personnelle couvrent un vaste domaine : violences étatique, conflits armés, violences urbaines, conjugales, sexuelles, mauvais traitements, les violences faites aux femmes et aux enfants, les accidents de circulation, les violences sur le lieu de travail, les violences contre soi même. Cette liste est loin d'être exhaustive. La sécurité personnelle signifie aussi que tout individu peut demander et obtenir auprès des organes juridictionnels et non juridictionnels des sanctions pour atteinte à son intégrité physique. Plusieurs affaires relatives à la sécurité personnelle ont fait l'objet de décisions des organes internationaux et régionaux de protection des droits de la personne. On peut citer à titre d'exemple l'affaire Rojas Garcia contre l'Etat de Colombie dans laquelle le Comité des droits de l'homme de l'ONU qualifie de contraire à la dignité humaine l'immixtion illégale et arbitraire, même en cas de perquisition par des autorités légale dans le domicile d'un individu sans respect des considération élémentaires de droits fondamentaux et de dignité humaine49(*).

- La sécurité économique : La sécurité économique confère un sentiment de bien être ; elle suppose la garantie d'un revenu minimum provenant soit d'un travail rémunéré, soit d'un système de protection financé par les pouvoirs publics. Elle correspond à un niveau de vie assuré et stable qui fournit aux individus et aux familles le niveau nécessaire de ressource pour pouvoir participer économiquement, politiquement, socialement, culturellement et avec dignité à la vie de leur communauté. Elle va au delà de la simple survie physique et comprend un niveau de ressource qui favorise l'insertion sociale de tous50(*). D'après l'OIT, la sécurité économique favoriserait la tolérance et serait bénéfique pour la croissance et la stabilité sociales51(*). Ses manifestations varient selon qu'on se trouve dans un pays riche ou dans un pays pauvre. Dans le premier, il est de plus en plus difficile de trouver un emploi, le taux de chômage des jeunes est revu à la hausse. Dans le second par contre, le taux de chômage est très élevé ; il dépasse les 10% de la population active et c'est l'une des causes profondes de la montée des tensions politiques et des violences ethniques dans plusieurs pays. Le secteur informel représente généralement la source d'emploi la plus élevée, même si les conditions de travail y sont précaires. En outre, l'insécurité des revenus, la question de l'emploi des handicapés, l'absence de système de sécurité sociale sont autant de maux qui la minent. Dans un langage plus pratique, la sécurité économique s'entend de la volonté générale d'éradication de la pauvreté. Or, à l'heure actuelle, seul ¼ de la population mondiale peut prétendre bénéficier d'une telle sécurité économique.

- La sécurité alimentaire : La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de subvenir à leurs besoins énergétique et leurs préférences alimentaires52(*). Elle implique l'aptitude des pays à assurer un approvisionnement suffisant en nourriture. La recherche de la sécurité alimentaire est complexe car elle dépend étroitement de la situation économique et géographique d'un pays, du niveau et de la stabilité des revenus. Elle dépend aussi de considérations politiques telles que la paix, l'existence et la sécurité des transports. L'insécurité alimentaire peut être à l'origine de conflit comme cela été le cas au Darfour. Dans les pays à l'abri de la pénurie et de la malnutrition, on recherche une couverture qualitative et quantitative des besoins élémentaires en aliments et eau. Depuis une vingtaine d'années, des crises alimentaires successives ont alarmé les consommateurs et incité les pouvoirs publics à mettre en oeuvre des dispositifs de contrôle de la sécurité alimentaire. Sur le plan international, la Commission sur la sécurité humaine a elle aussi pris des engagements, même s'ils n'ont pas force juridique contraignante et obligatoire. Dans une Déclaration sur la Sécurité Alimentaire53(*), les membres du Réseau de la Sécurité humaine ont reconnu la place primordiale qui doit être accordée à la question alimentaire. Car le droit à une alimentation suffisante est partie intégrante des droits humains dont il est indissociable dans le cadre du renforcement de la sécurité humaine. La sécurité alimentaire constitue donc un défi prioritaire pour la sécurité humaine.

- La sécurité sanitaire : Garantir l'accès de tous aux services de santé tel est le but de la sécurité sanitaire. Elle se définie comme un ensemble de procédures destinées à prévenir ou contrôler les risques susceptibles d'altérer la santé physique et psychique, individuelle ou collective54(*). Forgée dans les années 1990 après les crises successives qui ont affecté différents systèmes de santé publique, la sécurité sanitaire vise la réduction des conséquences dommageables pour la santé humaine liées à des risques divers. Les changements apportés aux méthodes de culture et d'élevage peuvent avoir des conséquences sur la santé des êtres humains comme l'illustre la propagation du VIH/SIDA, la maladie de la vache folle ou encore la grippe aviaire. La sécurité humaine appelle à la précaution en face des risques sanitaires de différents produits, de la prolifération des gaz radioactif due à l'exploitation et la transformation de certaines substances chimiques à la consommation d'aliment susceptible de nuire à la santé55(*). Il s'avère urgent, pour l'accès aux systèmes de santé, aux ressources dégagées par les Etats et la communauté internationale, d'étendre à la santé les principes de gestion publique, d'universalité, d'intégralité, de tranférabilité et d'accessibilité à tous.

- La sécurité de l'environnement : C'est un des aspects de la sécurité humaine et des droits de l'homme qui a connu une expansion des plus importantes dans les deux dernières décennies. Juste après la guerre froide, les questions environnementales ont été reliées à la sécurité. Le phénomène du changement climatique représente une profonde menace et est reconnu comme tel par la communauté internationale. On peut citer à titre d'exemple les dommages causés par les navires pétroliers comme l'Erika et le Prestige en Europe, par le Tsunami en Asie et l'ouragan katrina aux Etats Unis. Mais l'argument le plus convaincant a été, pour Simon DALBY, les risques évidents de la violence technologique envers toutes les victimes potentielles d'une guerre nucléaire. En outre, « les menaces futures pour la sécurité des pays nantis de l'hémisphère Nord viennent de la famine et de la chute des sociétés du Sud causées par la dégradation de l'environnement et entraînant à leur tour une migration massive des réfugiés environnementaux »56(*). La recherche d'une sécurité environnementale va de pair avec l'idée de développement durable qui se soucie des besoins relatifs en environnement des générations présentes et futures57(*). La CIJ a eu maintes fois à rappeler l'importance des questions environnementales pour les individus et pour les communautés. Dans son arrêt du 25 septembre 1997, affaire relative au projet Gabcikovo/Nagymaros (Hongrie/Slovaquie) « La Cour rappellera qu'elle a eu récemment l'occasion de souligner dans les termes suivants toute l'importance que le respect de l'environnement revêt à son avis, non seulement pour les Etats, mais aussi pour l'ensemble du genre humain... »58(*) . La sécurité environnementale pourrait s'assimiler par déduction au droit à un environnement sain.

- La sécurité de la communauté : La communauté sous son acception traditionnelle peut être victime ou perpétrer de graves pratiques oppressives. Cela s'avère le plus souvent pour les communautés ethniques et religieuses qui ont été victimes et auteurs d'atteintes graves et même d'extermination. Pour éviter la marginalisation, les minorités s'efforcent souvent plus vigoureusement de préserver et protéger leur identité. Le durcissement des forces antagonistes -assimilation d'un côté et préservation d'une identité minoritaire de l'autre- peut engendrer une intolérance accrue et dans le pire des cas, un conflit armé ethnique59(*). Lorsque les Etats sont dépourvus d'éléments de base nécessaires pour protéger le droit des minorités ou que les gouvernements encouragent activement l'intolérance ou l'exploitation des groupes minoritaires, une atmosphère lourde de conflit s'installe. Au cours des dix dernières années seulement, les conflits ethniques ont durement éprouvé une poignée de pays comme le Rwanda et le Burundi, l'ex-République de Yougoslavie, le Soudan et, plus récemment, l'Indonésie, le Timor oriental et les îles Fidji.

- La sécurité politique : La sécurité politique semble étroitement liée à l'expression des idées et des opinions, au respect des libertés et droits fondamentaux. Pour qu'il y ait sécurité politique, il faut que soient appliqués les principes de bonne gouvernance que l'on doit retrouver dans un Etat de droit. Si la majorité des Etats du monde se reconnaissent comme Etat démocratique, bon nombre d'entre eux tardent à appliquer et à respecter les principes d'un Etat de droit. Les arrestations arbitraires, les censures, et la répression politique sont encore monnaie courante dans plusieurs pays, en particulier les pays du tiers monde et notamment ceux de l'Afrique subsaharienne.

Au regard de toutes ses composantes, le contenu de la sécurité humaine paraît un peu surfait ainsi que les caractéristiques qui lui sont attribuées, ce qui lui vaut de sérieuses critiques.

B- Les caractéristiques attribuées à la « sécurité humaine ».

Le Rapport du PNUD de 1994 donne à la sécurité humaine quatre caractéristiques essentielles : axée sur les individus, elle se veut universelle, préventive, et ses composantes sont interdépendantes.

- La sécurité humaine est axée sur l'individu : L'objet de la sécurité humaine est entièrement et uniquement l'individu. Mais cela ne constitue pas une innovation car l'individu est au centre de toutes les actions des droits de l'homme. Cette position de l'individu s'explique par le fait que la mondialisation le place inconditionnellement au coeur des affaires mondiales et même nationales. Sa sécurité est devenue « un nouvel étalon de mesure de la sécurité mondiale et imprime une nouvelle impulsion à l'action internationale »60(*). Les futures guerres entre États et dans les Etats feront un nombre effarant de victimes parmi les civils ; les dégradations écologiques comme les menaces pour la santé et les dangers dus à l'ouverture des frontières ont des conséquences désastreuses sur la sécurité des individus en général et des plus vulnérables en particulier.

- L'universalité du désir de sécurité humaine : L'universalité de la sécurité humaine signifie, selon le Rapport du PNUD, que le désir de sécurité humaine est partagé par tous, dans les pays riches comme dans les pays pauvres car les menaces sont ressenties par tous, même si c'est à des niveaux variés selon les régions du monde. Cette caractéristique n'est point discutable si on se limite au niveau du psychique, du « désir » de sécurité. Mais si l'on l'analyse plus concrètement, on peut envisager une universalité dans son écriture, pas dans son contenu. En effet, elle couvre un domaine beaucoup trop large pour avoir le minimum d'unicité requise pour être universelle.

- Le caractère préventif de la notion : La sécurité humaine met l'accent davantage sur la nécessité de penser à des actions préventives : prévention des conflits et situations menaçant la sécurité et ressources à y consacrer. Cela est valable le plus souvent dans les situations de violence de masse. La sécurité humaine suppose donc un redoublement des efforts fournis pour la prévention des conflits dans le monde et ainsi éviter des souffrances humaines. Cette nouvelle approche de la sécurité exige d'aller à la source des conflits et des tensions et de prendre des mesures préventives comme par exemple la consolidation de la paix avant l'éclatement d'un conflit ou encore l'égale répartition des ressources alimentaires pour éviter les situations de famine. En effet, il existe des mécanismes d'alerte rapide aux conflits et situations de crise malgré que la sécurité humaine soit invoquée bien après leur éclatement. Cela peut s'expliquer par le fait qu'il est difficile aux Etats de mobiliser des ressources avant que n'apparaissent des pertes. On peut aussi relever que les ressources internationales, notamment celles de l'ONU ne sont pas mobilisées de façon proactive. La sécurité humaine comme stratégie préventive implique des dilemmes moraux et opérationnels ainsi que des questions de compromis à régler. Les populations, lorsqu'elles subissent une quelconque pression, font ce qu'elles ont à faire ou peuvent faire pour survivre et pour changer leurs conditions sociales. Il arrive souvent que leurs actions soient en contradiction avec les principes de sécurité humaine. « Si l'on prend par exemple les efforts déployés pour faire interdire la conscription d'enfants et les armes de petits calibres, aurions-nous appliqué le principe aux lycéens armés de Soweto ? »61(*).

- L'interdépendance de ses composantes : Les sept composantes de la sécurité humaine forment un tout et l'atteinte à une des composantes a une incidence énorme sur une autre ou sur tous les aspects. En outre, quelque soit l'endroit du monde où la sécurité des individus est compromise, les répercussions de cette violation risquent de s'étendre à tous les autres pays (ou du moins des pays frontaliers). Des bouleversements de quelque ordre que ce soit dans une partie du monde peuvent rapidement provoquer des crises dans une autre, entraînant des conséquences désastreuses pour la sécurité de tous et particulièrement des groupes les plus vulnérables que sont les femmes et les enfants. L'objectif de la sécurité humaine est de tirer la sonnette d'alarme sur l'impact transfrontière des menaces aux individus.

A y regarder de près, ces caractéristiques se rapprochent étroitement de celles des droits de l'homme. Malgré la polémique qui a été engendré sur sa généralité, il ne fait plus aucun doute que les droits de l'homme sont universels, absolus, imprescriptibles et indérogeables. Cette assimilation qui ne dit pas son nom crée la polémique autour de la notion de sécurité humaine.

* 49 Communication n° 687/1996, constatations adoptées le 3 avril 2001, 71e session du Comité des droits de l'homme.

* 50Document d'information sur la sécurité économique, www.ccsd.ca/francais/pubs/20030)

* 51 www.ilo.org/public/french/bureau.

* 52 Sommet alimentaire mondial, Rome, 13-17 novembre 1996.

* 53 Lors de la 6ème Conférence ministérielle du Réseau de la Sécurité Humaine à Bamako au Mali.

* 54 www.sécurité-sanitaire.org

* 55 On peut voir à cet effet le jugement rendu par l'organe de règlement des différents de l'OMC le 12 juillet 1999, relatif à l'affaire du Boeuf aux hormones. Cet organe reconnaît `'le droit des membres (de la communauté européenne) à établir leur niveau approprié de protection lequel peut être plus élevé que celui qu'implique les normes, directives et recommandations internationales existantes `'. §5

* 56 Simon DALBY, « Les changements environnementaux et la sécurité des personnes: repenser le contexte du développement durable», www.isuma.net, consulté le 30 août 2005

* 57 Voir principe 3 de la Déclaration de Rio selon lequel «le droit au développement durable doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à l'environnement des générations présentes et futures».

* 58 Cf. § 140 de l'arrêt Gabcikovo /Nagymaros du 25 septembre 1997.

* 59 Etats multiethniques et protection des droits des minorités, Conférence mondiale sur le racisme, Durban, Afrique du Sud, 1-7 août 2001, www.un.org/french/WCAR/e-kit/minority.htm.

* 60Lloyd Axworthy ,Ministre des Affaires étrangères, Ottawa, Canada, discours du 29 avril 1999 «La sécurité humaine : la sécurité des individus dans un monde en mutation» , www.humansecurity.gc.ca/safety_changingworld-fr.asp

* 61 Barbara ARNEIL et Al, «Le changement de paradigme dans la sécurité humaine. Nouveaux regards sur la politique étrangère du Canada», Centre canadien pour le développement de la politique étrangère, University of British Columbia, 18 juin 1999, http://dsp-psd.pwgsc.gc.ca/Collection/E2-409-1999F.pdf. A titre de rappel, Lorsque les lycéens de Soweto manifestèrent au mois de juin 1976 réclamant de meilleures conditions pour mener leurs études et refusant la dernière mesure prise pour renforcer le "Bantu Education Act ", la police sud africaine répliqua en utilisant du gaz lacrymogène et en tirant à balles réelles. Des dizaines de lycéens sans défense furent tués ce jour, et des centaines d'autres personnes lors des émeutes qui éclatèrent par la suite à Soweto et dans le reste du pays pendant toute l'année 1976. Ces événements marquèrent un tournant dans la lutte contre le régime raciste sud africain.

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