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Prise en charge et évaluation du traitement médicamentaux du glaucome primitif a angle ouvert

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par Oussama BENOMAR
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat en Pharmacie 2006
  

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II.2.2.4. Effets secondaires

Le profil de tolérance de l'apraclonidine constitue indiscutablement un facteur limitant pour une utilisation importante. Ce n'est pas tant les complications cardiovasculaires du médicament á2-adrénergique que les effets indésirables oculaires qui sont redoutés. Du fait d'un passage limité de la barrière hématoencéphalique. La prudence est de règle chez les patients présentant une pathologie cardiovasculaire sévère ou instable, en raison du tropisme de la molécule pour le système nerveux végétatif.

L'effet indésirable systémique le plus souvent rapporté est La sécheresse de la bouche, relativement bien tolérée, car elle diminue avec le temps. La sensation d'un goût amer dans la bouche est parfois observée (3 %), mais est simplement passagères et sans conséquence.

-une sécheresse nasale (2 % des cas).

-Autres symptômes sont décrits mais avec une faible fréquence : asthénie (< 3 %), somnolence, céphalées (< 3 %), rhinite, malaise, myalgies, dyspnée asthmatiforme.

L'utilisation prolongée de l'apraclonidine peut être responsable d'une intolérance oculaire de nature vraisemblablement allergique: hyperhémie conjonctivale, chémosis, réactions eczématiformes [56, 86].

II.2.3. Brimonidine

La brimonidine est une imidazoline hautement sélective des récepteurs á2-adrénergiques dont la structure chimique est proche ce celle de la clonidine et de l'apraclonidine, mais plus lipophile que cette dernière. La baisse de PIO observée après instillation de brimonidine est liée à une diminution de production de l'humeur aqueuse, avec un effet possible sur son élimination uvéosclérale.

Tout comme l'apraclonidine, la brimonidine à 0,5 % administrée selon un protocole similaire s'oppose efficacement à l'hypertonie oculaire accompagnant la trabéculoplastie au laser argon. L'effet sur la pression de la brimonidine à 0,2 % instillée deux fois par jour est globalement comparable à celle du timolol à 0,5 %. Bien que partageant le même mécanisme d'action, l'association aux collyres â-bloquants (en cas d'inefficacité thérapeutique) est synergique. Comparativement à l'apraclonidine, la brimonidine ne semble pas donner lieu à des phénomènes d'échappement thérapeutique (tachyphylaxie) [85].

Effets indésirables

Les principaux effets indésirables rencontrés avec la brimonidine sont principalement de nature systémique, liés au passage de la barrière hématoencéphalique de la molécule : sécheresse buccale, fatigue et somnolence. Même si la fréquence cardiaque ou la pression artérielle sont peu perturbées par l'instillation de brimonidine, la prudence doit être de mise chez les patients présentant des antécédents cardiovasculaires sérieux. La fréquence des effets systémiques semble supérieure à celle occasionnée par l'apraclonidine. La brimonidine donne lieu à des réactions d'intolérance locale de nature allergique dont l'incidence est significative (5 % à 3 mois, environ 12 % au bout de 1 an) [58].

III. Cholinergiques (ou Myotiques)

Pendant longtemps au centre de la pharmacopée antiglaucomateuse, les myotiques sont maintenant relégués au second plan du fait du développement de nouvelles classes thérapeutiques. En dépit d'une tolérance locale variable, les myotiques demeurent cependant des médicaments efficaces dans le traitement du glaucome [76].

III.1. Mode d'action

L'effet cholinergique peut être reproduit par les parasympathomimétiques directs et les anticholinestérasiques. Ces derniers inactivent l'acétylcholinertérase, enzyme chargée d'hydrolyser l'acétylcholine, et augmentent la concentration d'acétylcholine dans la fente synaptique. Les molécules qui se fixent de façon compétitive sur les récepteurs postsynaptiques muscariniques sont les parasympathomimétiques directs comme la pilocarpine (le chef de file), la méthacholine, le carbachol et l'acéclidine.

Les deux phénomènes pharmacologiques observés après instillation de parasympathomimétiques sont le myosis et la contraction du muscle ciliaire. Les effets des myotiques sur la sécrétion de l'humeur aqueuse sont discutés et leur action réside essentiellement en une diminution de la résistance à l'écoulement trabéculaire. Alors que la racine de l'iris entre en contact avec le muscle ciliaire et le trabéculum uvéal, les fibres longitudinales du muscle ciliaire s'insèrent fortement à l'éperon scléral et, par son intermédiaire, à la partie postérieure du trabéculum cornéoscléral. La contraction du muscle ciliaire se transmet à ces deux dernières structures par l'intermédiaire de leur insertion commune, l'éperon scléral, provoquant une rotation postérieure de 15° de l'éperon scléral. L'éperon exerce une traction mécanique rapide sur les mailles intertrabéculaires, ce qui a pour effet de les ouvrir « en éventail ». L'élargissement concomitant des espaces intertrabéculaires facilite l'écoulement de l'humeur aqueuse. Un effet direct sur l'activité biochimique des cellules trabéculaires contribuerait également à la baisse de PIO. A contrario, les myotiques réduisent l'évacuation uvéosclérale de l'humeur aqueuse, ce qui peut expliquer certaines hypertonies paradoxales lors de la prescription de pilocarpine chez un patient présentant un angle aux fonctions compromises (lors d'une récession traumatique de l'angle) [75].

III.2. Pharmacocinétique

La pilocarpine, extraite d'une plante rutacée sud-américaine, le pilocarpus jaborandi, possède, comme la plupart des alcaloïdes, une bonne pénétration cornéenne du fait de son profil mixte hydrosoluble et liposoluble. Sa biodisponibilité dépend de facteurs locaux, en particulier de la teneur en mélanine des tissus uvéaux. En effet, le pigment mélanique est capable de fixer de façon non spécifique la drogue et donc d'en modifier sa pharmacocinétique. Cette notion de susceptibilité individuelle nécessite de vérifier l'efficacité d'un faible dosage de pilocarpine (1 ou 2 %) avant d'augmenter la concentration du collyre. Chez le mélanoderme, la pilocarpine présente un effet pressionnel moins important mais plus prolongé (dosage à 4 %). Enfin, l'augmentation de la concentration du collyre myotique s'accompagne surtout d'un allongement de la durée d'action du produit et non pas de l'intensité de l'effet induit [76].

III.3. Mode d'administration

En collyre, la pilocarpine possède une durée d'action limitée, ce qui nécessite théoriquement une triple instillation sur le nycthémère, ne favorisant pas ainsi l'observance thérapeutique. Cela explique le développement de nombreuses formes galéniques, qu'il s'agisse d'émulsions, de gels visqueux ou d'implants thérapeutiques solubles, permettant une augmentation du temps de contact cornéen ou une libération constante et prolongée du PA (jusqu'à 8 jours) ainsi qu'une réduction de ses effets latéraux.

A la posologie utilisée, l'effet pharmacologique du carbachol est principalement dû à l'activation des récepteurs muscariniques. L'acéclidine 2 %, cholinergique de synthèse, s'avère également aussi efficace que la pilocarpine, avec des effets secondaires moins accusés. Le rythme d'administration est de l'ordre de quatre fois par jour.

Bien que leur pharmacocinétique prolongée autorise une réduction du nombre des instillations (une seule fois par jour le soir au coucher pour l'écothiopate iodure ou Phospholine iodide ®), les anticholinestérasiques organophosphorés sont peu utilisés en clinique du fait de leurs effets secondaires marqués [75].

III.4. Effets secondaires

Les effets indésirables des parasympathomimétiques sont surtout locaux et liés à la stimulation des sites muscariniques du :

- Sphincter irien (myosis, effet sténopéique, baisse de vision nocturne)

- Muscle ciliaire (spasme d'accommodation pendant 2 heures après instillation, pseudomyopie induite particulièrement chez les sujets jeunes ou myopes, décollement postérieur du vitré, rupture de la barrière hématoaqueuse)

- de la glande lacrymale (larmoiement réflexe, irritation palpébrale).

Pour ces raisons, une bonne indication de la pilocarpine est le glaucome chronique à angle ouvert survenant chez le pseudophaque. Toute prescription de myotique nécessite un examen soigneux régulier de la périphérie rétinienne du fait du risque de décollement de rétine (traction vitréorétinienne par contraction ciliaire). La dilatation maximale permet également d'éviter les synéchies postérieures dues au myosis prolongé. La diminution de profondeur de la chambre antérieure (- 0,25 mm) est surtout observée avec la pilocarpine.

Ces complications sont réduites avec certains cholinergiques de synthèse (acéclidine) ou par les gels et émulsions de pilocarpine. En revanche, les anticholinéstérasiques au long cours sont plus irritant, et peuvent entraîner une rigidité plastique de l'iris ainsi que la formation de kystes iriens par rupture de la barrière hémato-aqueuse. Ils seraient en outre responsables d'un effet cataractogène (opacités ioniques à travers la capsule cristallinienne).

Si l'action des anticholinestérasiques est plus prolongée, les effets indésirables locaux (myosis) et surtout généraux (sensibilité accrue au curare en cas d'anesthésie générale responsable d'une véritable « intoxication cholinergique » marquée par des douleurs abdominales et des diarrhées, d'une bradycardie et d'une hypotension artérielle) limitent l'utilisation de ces drogues dans la thérapeutique antiglaucomateuse [76].

IV. Les prostaglandines

Les prostaglandines sont des produits de l'acide arachidonique (par l'intermédiaire de l'intervention d'une cyclo-oxygènase), acide gras polyinsaturé, lié aux phospholipides membranaires de la plupart des cellules de mammifères. Elles forment une famille extrêmement complexe, agissant telles des hormones locales (« autacoïdes ») pour induire des effets physiologiques et pharmacologiques très variés, confinés au niveau de l'organe qui les synthétise.

Elles sont connues depuis longtemps des ophtalmologistes pour leur rôle dans les processus inflammatoires oculaires. Mais ces molécules peuvent intervenir aussi - entre autres - sur le métabolisme aqueux, soit en augmentant, soit en diminuant la pression intraoculaire selon les molécules et les espèces.

Les travaux les plus importants ont abouti à retenir la molécule appelée PhXA 41 ou latanoprost, première prostaglandine disponible pour traiter hypertensions intraoculaires et glaucomes [2].

IV.1. Mode d'action

La tonographie et les études fluorophotomériques ont démontré que les prostaglandines abaissent la PIO en augmentant la facilité d'écoulement de l'humeur aqueuse, mais qu'elles ne réduisent pas la sécrétion aqueuse, et qu'elles n'augmentent pas (aux doses usuelles) l'excrétion trabéculaire.

Les prostaglandines se fixent sur des récepteurs prostanoïdes, le latanoprost est, au niveau du muscle ciliaire, un agoniste sélectif du récepteur appelé FP. Cette sélectivité explique l'absence ou la modestie des effets latéraux habituellement observés avec d'autres prostaglandines.

Elles agissent en réalité en augmentant la résorption uvéosclérale, comme l'ont démontré l'utilisation de substances radioactives, mais le mécanisme précis de cette action est encore incomplètement établi. A l'intérieur du muscle ciliaire, les espaces entre les fibres sont élargis, peut-être grâce à un relâchement des fibres musculaires, mais plus certainement grâce à une perte ou une modification du matériel extracellulaire par l'intervention de collagénases. Cet effet est réversible en quelques jours. Le trabéculum se trouve ainsi exagérément concurrencé  par un "by-pass" de l'humeur aqueuse, sorte de cyclodialyse chimique [83, 49].

IV.2. Pharmacocinétique

Le dosage optimal retenu a été, avec le latanoprost, celui de 0,005 %. La baisse de la PIO débute 3 à 4 heures après l'instillation, est maximale entre la 8e et la 12e heure, et persiste encore à la 24e heure. Cette longue durée d'action autorise une seule instillation par jour. Appliqué le soir, le latanoprost diminue la PIO moyenne diurne plus significativement que ne le fait le timolol (27 à 34 %, contre plutôt 20 à 33 % pour le timolol)... alors qu'appliqué le matin, le latanoprost a la même action que le timolol. Cette efficacité reste identique à 6 mois, et à 1 an. IL est efficace pour entraîner une baisse la PIO même lorsque celle-ci est inférieure à 20 mmHg, et peut donc être prescrit dans les cas de glaucome à pression normale [3].

Le latanoprost peut être combiné à d'autres thérapeutiques antiglaucomateuses pour renforcer la baisse de pression :

- les â-bloquants, avec une baisse supplémentaire de la PIO d'environ 15 %.

- la pilocarpine. Cet effet additionnel peut paraître surprenant, car la pilocarpine augmente la contraction du muscle ciliaire, et l'on pourrait s'attendre à une inefficacité du latanoprost lorsque le patient reçoit déjà un myotique. Cela ne se vérifie donc pas en pratique, tout au moins en utilisant de la pilocarpine à 2 %, la combinaison des deux drogues entraînant une baisse de pression plus importante que chacune d'elles instillée isolément [71].

IV.3. Effets secondaires

a- Systémiques

Vraisemblablement parce que latanoprost se retrouve à une concentration plasmatique extrêmement faible, de surcroît avec un métabolisme rapide, aucun effet systémique ne fut signalé (pouls, tension artérielle, appareil respiratoire, examens biologiques) [76].

b- Oculaires

Chez l'homme, le latanoprost n'a aucun effet sur la taille de l'iris et sur l'accommodation.

Le latanoprost a très peu d'affinité avec les récepteurs qui interviennent dans la réponse inflammatoire (EP2), ce qui explique la bonne tolérance locale rapportée. En revanche, une hyperhémie conjonctivale chronique est parfois signalée (dans mois de 5 % des cas) sans différence entre les instillations faites le soir ou le matin.

Quelques rares cas indiquent la possibilité d'un oedème maculaire cystoïde, chez des yeux ayant subi une chirurgie de la cataracte compliquée, mais qui paraît totalement réversible à l'arrêt du traitement.

Le seul problème est celui d'une possible pigmentation irienne (essentiellement pour les iris à la coloration partiellement brune) [73].

V. Inhibiteurs de l'anhydrase carbonique (IAC)

Les Inhibiteurs de l'anhydrase carbonique (IAC) sont principalement représentés par les sulfonamides aromatiques hétérocycliques dont le chef de file est l'acétazolamide. Ils sont efficaces pour réduire la PIO dans les glaucomes primitifs, dans les glaucomes associés à une anomalie développementale de l'angle iridocornéen ou dans les glaucomes secondaires, le dorzolamide autorise maintenant une prescription locale [34].

Mode d'action

Ils réduisent la sécrétion de l'humeur aqueuse d'environ 40 à 60%. Cet effet est probablement dû à l'inhibition de l'anhydrase carbonique présente dans l'épithélium ciliaire non pigmenté (sous forme d'isoenzyme de type II et IV). Même si l'acidose observée dans les comas métaboliques s'accompagne d'une profonde hypotonie oculaire, de nombreux arguments expérimentaux plaident pour un mécanisme d'action purement ciliaire. L'anhydrase carbonique a pour rôle de catalyser la réaction d'hydratation du gaz carbonique avec production de bicarbonates et de protons. L'acétazolamide diminue la production de bicarbonates et modifie le pH intracellulaire épithélial, ce qui a pour effet de bloquer la sortie du sodium et donc de limiter les flux liquidiens hors de la cellule épithéliale ciliaire [10].

V.1. Inhibiteurs de l'anhydrase carbonique prescrits per os ou par voie parentérale

Ils se limitent souvent à l'acétazolamide, d'autres IAC sont employés comme : méthazolamide ou dichlorophénamide.

V.1.1. Administration

La posologie utilisée pour l'acétazolamide varie de 150 à 750 mg pour la forme orale, répartie harmonieusement en 3, voire 4, prises toutes les 8 heures, et est de 500 mg sous forme injectable intraveineuse éventuellement renouvelable. Des doses inférieures sont préférées chez les patients dont le poids corporel est bas (15 mg/kg/j chez l'enfant par voie orale ; 5 à 10 mg/kg/ 6h par voie intraveineuse).

Le méthazolamide possède une durée d'action supérieure à celle de l'acétazolamide, permettant d'espacer la posologie. Les doses utilisées étant moins élevées, le méthazolamide peut être plus facilement prescrit au long cours. La voie veineuse est très utile dans la crise de glaucome aigu du fait des vomissements. Le recours aux IAC permet de réduire rapidement la PIO, de diminuer l'ischémie relative dont souffrent les muscles iriens et donc d'optimiser l'action des myotiques. L'augmentation des doses de l'acétazolamide au-delà de ces limites est inefficace, voire nocive, par augmentation de la diurèse alcaline (due à l'élimination urinaire des bicarbonates) [10].

II.4.2.2. Effets secondaires

La prescription de l'acétazolamide n'est pas sans danger et un nombre considérable de sujets glaucomateux ne peuvent poursuivre leur traitement du fait de la survenue d'effets indésirables :

- L'acidose métabolique, qui se traduit par une altération de l'état général (anorexie, asthénie, amaigrissement) et une perte de la libido. Les lithiases urinaires et les coliques néphrétiques sont liées à l'acidose métabolique et à la diminution de l'élimination rénale des citrates (Le méthazolamide présente des effets secondaires rénaux moins prononcés). Ce risque, qui s'atténue après la première année de traitement, peut être limité par la prise de bicarbonates ou de citrates.

- L'hypokaliémie, à l'origine de paresthésies des extrémités et d'une faiblesse musculaire, doit être recherchée par un dosage de la kaliémie au moindre doute, par un électrocardiogramme, et peut être prévenue par l'adjonction de potassium (comprimés, sirops, agrumes, bananes ou fruits secs) qui n'est généralement prescrite qu'après diagnostic de l'hypokaliémie. En effet, la diminution du potassium sanguin est généralement transitoire et survient le plus souvent en début de traitement. Elle est plus fréquente lorsque d'autres médicaments hypokaliémiants (corticoïdes, digitaliques) sont parallèlement prescrits.

D'autres effets secondaires sont également décrits : intolérance digestive, mauvais goût avec les boissons gazeuses, myopie transitoire, rashs cutanés, aplasie médullaire de mécanisme idiosyncratique mais dont la survenue n'est pas liée à la dose cumulée.

L'ophtalmologiste doit être ainsi alerté lorsque le patient présente des signes en faveur d'une aplasie médullaire, tels que des ecchymoses inexpliquées, des pétéchies, une anémie symptomatique ou la survenue d'infections à répétition. La prudence est aussi de règle chez les insuffisants cardiaques, chez les diabétiques (hyperglycémie induite et risque de coma acidocétosique).

Les insuffisances d'origine hépatique, respiratoire ou rénale, représentent des contre-indications absolues au traitement [76].

V.2. Inhibiteurs de l'anhydrase carbonique par voie locale

Près de 40 ans se sont écoulés entre la découverte de l'effet sur la pression de l'acétazolamide et la mise sur le marché du dorzolamide, les pharmacologues se sont rapidement accordés l'intérêt des formes topiques des IAC, permettant une diminution des effets indésirables systématiques de la molécule. Bien que de nombreuses molécules conjuguent les propriétés galéniques et biologiques requises, seul le dorzolamide a suffisamment été développé pour être actuellement disponible en clinique.

Un intérêt majeur des IAC sous forme locale est l'amélioration du profil de tolérance systématique du fait de la vectorisation oculaire. La dose journalière maximale d'une goutte de dorzolamide à 2 % instillé trois fois par jour dans les deux yeux est de 6 mg, ce qui correspond à une quantité négligeable, par rapport à celle apportée par l'acétazolamide par voie orale [61].

V.2.1. Pharmacocinétique

Chez des patients présentant une hypertonie oculaire, le dorzolamide à 2%, administré trois fois par jour, diminue la PIO d'environ 16 %, l'effet maximal étant obtenu 2 heures après installation. Huit heures après, l'efficacité du dorzolamide diminue pour se stabiliser à environ 15 % des valeurs initiales. Le choix de la concentration de 2 % correspond au sommet de la courbe dose-effet et assure une stabilité de l'activité pharmacologique sur le long terme. Des études cliniques ont comparé l'effet hypotonisant oculaire du dorzolamide à 2 % instillé deux à trois fois par jour. Les deux schémas posologiques entraînent une réduction globalement similaire de la PIO, mais l'analyse des courbes nycthémérales indique que l'effet sur la pression est prolongé en fin de journée par l'administration triquotidienne. En monothérapie, ce schéma posologique est ainsi logiquement préconisé alors qu'en association médicamenteuse, une simple instillation biquotidienne, peut suffire pour contrôler durablement la PIO dans la plupart des cas [50].

V.2.2. Effets secondaires :

Les principaux effets indésirables avec le dorzolamide sont locaux : brûlures à l'instillation (environ 10 à 15 % des patients), démangeaisons et picotements oculaires. Une conjonctivite allergique est notée chez environ 6 % des patients, survenant typiquement 4 à 6 semaine après l'introduction du collyre. Il est intéressant d'observer que les patients allergiques aux sulfamides ne sont pas particulièrement sujets à une allergie oculaire au dorzolamide. Un goût amer dans la bouche est signalé par plus d'un patient sur quatre traité avec le dorzolamide sans que cet effet indésirable soit gênant. La présence d'anhydrase carbonique dans la cornée et l'accumulation intracornéenne de son précurseur ont fait craindre un effet néfaste du dorzolamide sur les échanges hydroélectrolytiques cornéens.

Plusieurs études menées chez l'homme font mention d'une augmentation modérée de l'épaisseur cornéenne après 4 à 6 semaines de traitement, sans que la densité cellulaire endothéliale cornéenne soit apparemment perturbée. La prudence doit être de règle en cas d'utilisation chez des patients dont la fonction endothéliale cornéenne est défaillante [84].

V.2.3. Comparaison avec l'acétazolamide

Des études préliminaires indiquent que le patient sous acétazolamide par voie orale peut être traité avec le dorzolamide sans modification significative de l'efficacité (mais avec suppression des effets indésirables systématiques).

Dans la majorité des cas, la PIO n'est pas significativement modifiée lorsque le dorzolamide est remplacé par l'acétazolamide. Il est cependant démontré qu'une dose quotidienne de 500 mg d'acétazolamide est plus efficace q'une instillation triquotidienne de dorzolamide à 2 % dans le contrôle des pics hypertoniques oculaires survenant après chirurgie de la cataracte. De même, chez les sujets volontaires sains, l'inhibition de la sécrétion de l'humeur aqueuse est plus marquée avec l'acétazolamide (administré à fortes doses) qu'avec le dorzolamide. L'apparente supériorité clinique de l'acétazolamide pourrait s'expliquer par des différences d'ordre pharmacocinétique (voie orale, voie topique) ou pharmacologique (inhibition de l'isoenzyme de type II pour le dorzolamide, inhibition des isoenzymes II et IV pour l'acétazolamide).

En pratique, le remplacement de l'acétazolamide par le dorzolamide (choix judicieux en cas de glaucome unilatéral, de traitement de l'oeil non opéré dans les suites d'une chirurgie filtrante controlatérale) doit faire l'objet d'une attention particulière, la PIO devant être systématiquement vérifiée. L'association de deux IAC pourrait aboutir à un gain de pression, mais est peu recommandée du fait du risque de potentialisation des effets indésirables.

Dans les situation aiguës (glaucome par fermeture de l'angle), l'acétazolamide est préférable à la dorzolamide, à la fois pour des raisons pharmacocinétiques et pharmacodynamiques [39, 53].

V.2.4. Mono- et bithérapie

En monothérapie, l'instillation triquotidienne de dorzolamide à 2 % exerce des effets hypotonisants oculaires globalement comparables à ceux obtenus avec le bétaxolol à 0,5 %, mais légèrement inférieurs à ceux du timolol à 0,5 %. Chez des patients présentant une hypertonie oculaire et/ou un glaucome chronique, la baisse de la PIO est de l'ordre de 6 mm Hg deux heures après instillation du dorzolamide, de l'ordre de 4 à 5 mmHg huit heures après celle-ci. Le dorzolamide constitue ainsi une indication thérapeutique intéressante en monothérapie en cas de contre-indications générales aux collyres -bloquants.

En association au timolol à 0,5 % ( à raison d'une instillation deux fois par jour), le dorzolamide à 2 % (à raison d'une instillation deux fois par jour) apporte un gain de pression supplémentaire, de l'ordre de 15 à 20 % chez des patients glaucomateux. L'efficacité clinique du dorzolamide à 2 % est comparable à celle de la pilocarpine à 2 % (à raison d'une instillation quatre fois par jour) lorsque les deux collyres sont associés à un collyre -bloquant (réduction supplémentaire de la PIO de l'ordre de 20 %). Le dorzolamide n'a pas été étudié en trithérapie, en particulier en association à des collyres partageant le même mécanisme d'action antisécrétoire, mais il est probable que l'effet sur pression du dorzolamide s'atténue lorsque la sécrétion de l'humeur aqueuse est préalablement réduite.

De nouveaux IAC sous forme locale sont commercialisés tels que l'association timolol-dorzolamide ou le brinzolamide qui produit, à 1 % (2 ou 3 fois par jour), une baisse de pression équivalente à celle obtenue par le dorzolamide en instillation triquotidienne [14, 45].

VI. Agents hyperosmotiques (Traitement complémentaire)

Les agents hyperosmotiques sont largement utilisés en clinique dans le traitement de l'hypertonie aiguë (glaucome par fermeture de l'angle et glaucome secondaire) rétrocédant partiellement aux -bloquants et aux IAC. Leur utilisation dans le glaucome chronique n'est pas recommandée.

Les substances hyperosmolaires réduisent la PIO par séquestration vasculaire des fluides et élévation de la pression oncotique sanguine. Leur mécanisme d'action s'explique essentiellement par une déshydratation du vitré, et la réduction de la formation ciliaire de l'humeur aqueuse.

VI.1. Glycérol

Le glycérol est utilisé à la posologie de 1 à 1,5 g/kg par voie orale (dose maximale de 120 g/j). L'effet sur la pression est fonction de l'absorption digestive du composé mais est rapide, maximal au bout de 30 minutes et durant 6 heures environ. Sa voie d'administration en fait un médicament facile à prescrire en cabinet de ville dans le glaucome par fermeture de l'angle

VI.2. Mannitol

Le mannitol est administré par voie intraveineuse à la même posologie dilué à 20 % (8 à 10 ml/kg), à 10 % (15 à 20 ml/kg), à 5 % (30 à 40 ml/kg), en perfusion rapide (moins de 30 minutes). Le temps de la perfusion conditionne en pratique l'efficacité du produit. La baisse de la PIO débute au bout de 20 minutes pour se maintenir pendant 2 à 6 heures. Le mannitol demeure efficace même en présence d'inflammation oculaire [25, 65].

VII. Intérêt de nouveaux vecteurs

En dehors de la mise au point de nouvelles molécules hypotensives oculaires, les axes actuels de la recherche concerne l'amélioration des vecteurs pharmacologiques pour augmenter la biodisponibilité, réduire les effets secondaires, et obtenir une plus grande stabilité de l'effet dans le temps, avec finalement une diminution des concentrations et de la posologie. Cela peut être obtenu en augmentant la pénétration du principe actif à travers la cornée, et l'utilisation de bioprécurseurs est une première réponse ; ou en essayant d'allonger le temps de résidence du médicament sur le globe en améliorant les systèmes de vectorisation galénique (lentilles prétrempées, gels, implants solubles ou insolubles, liposomes, nanoparticules, nanocapsules...).

L'approche traditionnelle dans le traitement du glaucome consiste à diminuer la pression intraoculaire. Toutefois, cette démarche n'empêche pas les pertes de champ visuel, il faudra à l'avenir avoir pour objectif la survie des cellules ganglionnaires de la rétine. En plus d'utiliser des agents contrôlant la pression intraoculaire, il sera bon de considérer des médicaments neuroprotecteurs et d'autres pouvant améliorer le débit sanguin oculaire. Ainsi les nouvelles molécules visent à

- Prévenir la neurotoxicité due au glutamate en bloquant le canal calcium et améliorer le débit sanguin oculaire.

- Inhiber l'accumulation intracellulaire de calcium.

- Inhiber de l'oxyde nitrique synthase.

Bref, à l'avenir, l'efficacité d'un médicament contre le glaucome dépendra de sa capacité à protéger les cellules ganglionnaires de la rétine et surtout à préserver la fonction visuelle [59, 48].

B - Traitement non médicamenteux

I. Trabéculectomie

I.1. Définition

La trabéculectomie est une intervention chirurgicale décrite en 1968 consistant à réséquer, sous un volet scléral, une portion profonde du limbe scléro-cornéen contenant la trabéculum et le canal de Schlemm [36].

I.2. Mode d'action

Le but était de laisser les deux extrémités du canal de Schlemm directement en contact avec l'humeur aqueuse, sans l'intermédiaire du réseau trabéculaire. Mais des études histologiques ont vite montré que se produisait le plus souvent une obstruction fibreuse des extrémités sectionnées du canal.

La trabéculectomie est une intervention relativement courte (moins de 40 minutes habituellement), qui peut être réalisée sous anesthésie locale ou générale [75].

I.3. Résultats de la trabéculectomie

Les résultats tonométriques de la trabéculectomie sont globalement excellents, puisque des séries statistiques donnent 80 à 90 % de retour à la pression normale. Dans la plupart des cas, la poursuite d'un traitement médical n'est plus nécessaire. L'efficacité de la trabéculectomie est généralement attestée par la présence d'une bulle de filtration. Il faut différencier celle-ci d'une « pseudobulle » parfois très saillante, non fonctionnelle, réaliser par ne accumulation des tissus conjonctivaux cicatriciels : dans ce cas, le massage oculaire digital n'a aucune tendance à accroître la taille du soulèvement, et ne s'accompagne pas d'une baisse de pression.

Les résultats sur l'évolution des déficits périmétriques sont plus contestés ; certains trouvent que la trabéculectomie arrête toute détérioration du champ visuel central, mais d'autres études prouvent que celui-ci s'aggrave dans 20% des cas (ce qui risque de priver définitivement le patient de son acuité visuelle) [23].

I.4. Floro-5-uracile

La cause essentielle de l'échec d'une intervention filtrante est la formation d'une fibrose sous-conjonctivale bloquant l'évacuation de l'humeur aqueuse. La prolifération fibroblastique, processus cicatriciel physiologique en est la cause. Cette prolifération survient dès le 2e jour postopératoire, qu'elle est particulièrement intense ente le 3e et le 6e jour, et qu'elle disparaît vers le 12e jour.

Le fluoro-5-uracile (5-FU) est un analogue structural de la pyrimidine, et présente une action antimétabolique. Il inhibe en culture la prolifération fibroblastique. Injecté par voie sous-conjonctivale, il est efficace pour diminuer le risque d'échec d'une intervention filtrante [35].

II. Trabéculoplastie

La trabéculoplastie a largement fait la preuve de son efficacité pour la baisse de la PIO. Elle est souvent une précieuse alternative au traitement chirurgical du GPAO, et parfois même au traitement médical lorsque celui-ci est mal toléré.

En 1976, on a imaginé une autre possibilité de traitement utilisant l'énergie laser. Le trabéculum étant un anneau formé d'une compaction de lamelles présentant elles-mêmes une multitude d'espaces, on a envisagé d'augmenter la facilité d'écoulement en provoquant un étirement de ce tissu, et donc une diminution de la densité trabéculaire. Pour cela, on a placé sur toute la circonférence du trébéculum une centaine de petits impacts, courts mais puissants [75].

II.1. Mode d'action

Les brûlures provoquent un raccourcissement immédiat des fibres collagènes constituant le trabéculum, en entraînant donc un rétrécissement concentrique de l'anneau trabéculaire. Le collapsus du trabéculum et du canal de Schlemm est ainsi levé, grâce à la distension des espaces préexistants et peut-être aussi grâce à l'ouverture de nouvelles voies de passage pour l'humeur aqueuse. Des études au microscope électronique d'yeux traités ont effectivement montré des modifications anatomiques de la trame trabéculaire [67].

II.2. La chute pressionnelle

La trabéculoplastie diminue en moyenne la PIO de 6 à 13 mmHg. Elle repousserait immédiatement l'indication opératoire chez quatre candidats à la chirurgie sur cinq. L'importance du traitement médical est diminué deux fois sur trois, et celui-ci peut même être totalement supprimé dans 10 % des cas.

La baisse de pression est d'autant plus importante que la PIO de départ est haute et que le sujet traité est âgé. Il est tout de même possible de diminuer une PIO inférieure à 20 mmHg sous traitement médical maximal (sans qu'il s'agisse de glaucome à pression normale) : près d'une fois sur deux, la PIO baisse de plus de 20 % [77].

III. L'iridectomie

L'iridectomie consiste en la confection d'un trou dans la périphérie de l'iris. Cet orifice, en court-circuitant la pupille qui gène ou bloque le passage de l'humeur aqueuse, n'a pas besoin d'être particulièrement large pour rétablir une communication normale entre la chambre postérieure et la chambre antérieure. L'iridectomie peut être chirurgicale ou au laser [75].

III.1. L'iridectomie chirurgicale

L'iridectomie chirurgicale contemporaine se fait au travers d'une incision transcornéenne (technique de Charleux), elle peut se réaliser sous anesthésie locale avec injection rétrobulbaire ou parabulbaire ou même avec une simple anesthésie superficielle de contact (dans les cas favorables)

Contrairement à l'iridectomie au laser, elle ne comporte pas de poussée hypertonique postopératoire

En pratique, après anesthésie, on fixe le globe avec une pince de Paufique par le droit supérieur. La lame pénètre la cornée à la limite des arcades vasculaires et se dirige vers l'angle ; l'iris est saisi avec la pince de Bonn et attiré vers l'extérieur puis coupé. On vérifie sur la pièce que l'épithélium postérieur est présent, on reforme la chambre antérieure si nécessaire, l'incision étant auto-étanche, toute suture est inutile [6].

III.2. L'iridectomie au laser

L'iridectomie peut être réalisée avec de nombreux types de laser mais essentiellement, en pratique actuelle, le laser à Aragon et le laser Yag [75].

III.2.1. Laser à Aragon

Par sa grande diffusion et son efficacité dans la grande majorité des cas, il occupe encore une place privilégiée pour la pratique d'une iridectomie dans le GAF. L'énergie est délivrée par un laser à aragon bleu-vert, à l'optique bien réglée, permettant de disposer d'une puissance d'au moins deux watts à sa sortie.

Après préparation par un myotique, trente minutes auparavant, la procédure débute par l'instillation de quelques gouttes d'anesthésique de contact et la mise en place de verre focalisateur qui concentre l'énergie du laser sur l'iris, permettant un travail plus fin et plus efficace, mais aussi plus sûr tout en facilitant le travail au laser à la surface de l'iris et en particulier la réalisation d'une iridectomie.

III.2.2. Laser Yag

Le laser Yag fonctionne en mode disruptif, ce qui rend l'iridectomie plus facile, plus rapide significativement plus efficace qu'une iridectomie au laser à aragon.

Sans préparation parallèle au laser thermique, on peut réaliser l'iridectomie en un à cinq impacts d'un laser fonctionnant en nanosecondes avec une puissance de 7 à 10 millijoules ; l'iridectomie obtenue présente un aspect déchiqueté [40].

IV. Iridoplastie périphérique

Elle consiste dans la mise en place, généralement au travers d'un verre à gonioscopie focalisateur, d'impacts de laser à Aragon larges (250 à 500 um), et assez prolongés ( 2 ms), non confluents, à la périphérie de la racine. La chaleur provoque une rétraction du tissu irien, qui se maintient en grande partie lors de la cicatrisation, ce qui diminue l'épaisseur de la racine de l'iris et rouvre l'angle. L'iridoplastie périphérique est indiquée à la place de l'iridectomie quand il existe un iris-plateau, elle l'est aussi dans la nanophtalmie et le glaucome malin [19].

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle