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Les enjeux de la formation DEDA sur mes pratiques professionnelles d'acteur du système de santé au Burkina Faso


par Alain KABORE
Université de Ouagadougou - Licence 2005
  

Disponible en mode multipage

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Introduction

L'université de Ouagadougou, depuis sa refondation en 2000 a apporté des innovations majeures dans ses offres de formation. Sont de ces innovations importantes la création des filières professionnalisantes. Le projet Développement et Education des Adultes (DEDA), logé à l'unité de formation et de recherche en sciences humaines(UFR/SH) offre deux filières qui adhèrent entièrement à cette philosophie. Il s'agit d'un programme de licence en développement et éducation des adultes (DEDA) et un autre de maîtrise en pédagogie du texte (PDT.)

Le programme de licence a reçu sa deuxième cohorte d'étudiants pour une formation qui s'est étalée de novembre 2003 en février 2005. Au cours de cette formation, les modules afférents au développement, à l'éducation et la formation ont été administrés par d'éminents enseignants et des personnes ressources venant aussi bien des institutions universitaires ou professionnelles du Nord que du Sud.

Le présent travail de fin d'études est produit en guise de couronnement de mon parcours dans cette formation pour la consolidation de mes acquis sociaux et professionnels. Il s'articule autour de trois parties toutes complémentaires les unes aux autres. Il s'agit de :

- la phase anté-DEDA qui décrit, à partir de ma biographie, mon parcours familial, social, scolaire et professionnel. Cette phase met en exergue les moments charnières de ma vie qui ont stimulé ou suscité un besoin de formation.

- une phase intra-DEDA qui donne une présentation synoptique des acquis que je me suis forgé au cour de la formation.

- la phase post-DEDA, enfin, qui peint la nouvelle personnalité au sortir de la formation DEDA d'une part, et d'autre part, elle dessine l'avenir ou le devenir du nouvel acteur de développement que je suis.

Les motivations d'un tel travail de fin d'études sont toutes simples : en apprentissage des adultes, le bénéficiaire est au centre de sa transformation, les formateurs ne font que l'accompagner. Il lui est donné alors de s'auto-évaluer et de pouvoir dire en quoi et comment la formation a été bénéfique. Le travail de fin d'études s'inscrit dans cette logique.

PREMIERE PARTIE

phase ante - DEDA

Il n'est pas facile d'écrire sur soi ou de parler de soi. Toutefois, l'histoire de vie en formation revêt trois caractéristiques essentielles selon Pierre DOMINICE1(*). Ces caractéristiques sont l'investissement personnel, le lien social et les enjeux existentiels. Aussi, le besoin de se former s'identifie-t-il à partir de l'évaluation de son expérience professionnelle et sociale. Le récit biographique peut constituer un outil efficace dans cette évaluation, compte tenu de son utilité avérée en recherche formation. Mon parcours de formation que je vais présenter ici, corrobore les trois éléments de l'histoire de vie, et met ainsi en évidence le contexte social et familial, le parcours scolaire et la configuration professionnelle dans laquelle j'évolue.

1.1. Parcours de formation

i. Contexte social et familial

Né le 08 septembre 1973 à Daloa en République de Côte d'Ivoire où mes parents avaient émigré, les conditions de ma naissance ne me posaient pas un pronostic vital favorable. En effet, avec un faible poids de naissance, une mère maladive, rares sont ceux qui auraient penser à mon éventuelle survie. Mais, j'avais vu le jour dans un pays où la configuration sanitaire était meilleure par rapport à celle de mon pays d'origine. Aussi, se trouve - t-il que ma venue au monde était un événement dans la famille : j'étais le premier petit-fils de mon grand-père qui n'avait eu que trois(3) garçons comme héritiers, dans un contexte où "les enfants sont un capital, une caisse d'assurance vieillesse et un signe extérieur de richesse sociale2(*)." Il fallait donc que je survive, chose à laquelle ma grand-mère s'est attelée, sa profession de matrone aidant.

Retournés au pays un an après ma naissance, pour assister mes grands-parents vieillissants, mes parents prirent soin de moi à tel point que ma petite enfance se passa sans incident notoire et sous le regard bienveillant de mon grand-père.

A la faveur de l'adolescence passée auprès de mes parents, je ne manquais pas d'avoir très souvent des échanges avec ces derniers, en l'occurrence avec ma mère. Echanges souvent subtils, parfois belliqueux, ce qui amenait ma mère à me relater et / ou à me rappeler les conditions difficiles de ma naissance. C'est d'elle d'ailleurs que je tire la substance de toutes les informations que je relate ici. Elle ne se lassait de me rappeler ma chance d'être né dans une grande ville comme Daloa avec des infrastructures sanitaires sophistiquées et d'avoir eu une grand-mère matrone, celle chez qui d'ailleurs vivaient mes parents. Pour ma mère, n'eut été le courage et le dévouement de ma grand-mère, ma chance de survie était très réduite.

Au fur et à mesure que ces scènes se répétaient, j'imaginais le gré de la souffrance que ma mère a pu endurée. Je me sentais inviter à réagir, mais comment ? Aussi, je me rendais compte qu'au-delà de ma mère, d'autres femmes souffraient également et voyaient leur progéniture vivre les mêmes difficultés de naissance que moi.

Ainsi, face ce désir de réagir pour aider les femmes et les enfants en souffrance, je souhaitais poursuivre des études dans le domaine de la santé. C'était à mon sens une opportunité pour contribuer à la prise en charge de la santé de la femme et de l'enfant.

ii. Contexte scolaire

En octobre 1980, je fis mes premiers pas dans le système éducatif à l'école centre de Zorgho, mon village d'origine. Comme l'objectif poursuivi par tout écolier à ce stade, j'y faisais la fierté de mes parents car ils étaient honorés à chaque fin d'année scolaire en raison des prix d'excellence que je recevais.

Cette excellence avait même retenu l'attention de mes enseignants. Ceux-ci m'encourageaient et m'ont présenté à l'examen du certificat d'études primaires élémentaire (CEPE) lorsque j'arrivai en classe de cours moyen 1ère année(CM1), donc avant la classe requise, c'est à dire la 2ème année ou CM2; c'était en juin 1985, faisant ainsi l'économie d'une année scolaire.

Mon succès à l'examen d'entrée en sixième en juillet 1986, n'avait fait l'objet d'aucune surprise. Je devais alors poursuivre mes études secondaires à Ouagadougou puisqu'il n'existait pas en son temps, un établissement d'enseignement secondaire dans la localité. Cependant, à la faveur de l'avènement de la révolution d'août 1983 et de son programme de développement du système éducatif, l'offre éducative du secondaire fut fortement décentralisée et Zorgho devait bénéficier d'un collège d'enseignement général(CEG.) C'est alors que je fis partie de la première promotion des élèves de cet établissement. En quatre années d'études, le parcours se déroula sous de bons auspices, sanctionné l'obtention du brevet de fin d'études du premier cycle(BEPC) et du succès au concours d'entrée en seconde en juin 1990.

L'admission au concours d'entrée en seconde m'ouvrait les portes du second cycle de l'enseignement secondaire général. Je fus orienté au lycée Nelson MANDELA, alors en processus de mixage puisque cet établissement était jusque-là destiné aux jeunes filles. Je devais alors quitter mes parents et mon village pour vivre à Ouagadougou. Pour moi c'était une joie de retrouver la ville, mais pour mes parents, avertis, c'était une source d'inquiétudes.

En octobre 1990, j'entamai les cours de la classe de seconde tout en étant hébergé chez mon oncle à une dizaine de kilomètres de l'établissement. Mon père m'offrit alors un vélo pour faciliter mes déplacements au lycée. Ce vélo sera d'ailleurs dérobé à deux mois de l'examen de baccalauréat. Ce qui a rendu difficiles mes conditions de préparation de l'examen.

Toutefois, en juillet 1994, je réussis au baccalauréat série D(mathématiques et sciences exactes). Je fus par la suite orienté au département de géographie à l'Université de Ouagadougou en lieu et place de celui de la médecine comme je l'aurai souhaité. Les insuffisances de moyennes dans les matières de biologie et de sciences physiques requises pour faire la médecine ne m'ont pas favorisé. Ceci me conduisit à rechercher d'autres issues pour réaliser mon objectif : m'investir dans le domaine sanitaire. Je dus recourir au concours de recrutement des agents de santé, paramédicaux, à former à l'école nationale de santé publique (ENSP.) Cette décision avait été aussi motivée par le contexte socioéconomique d'alors. En raison des programmes d'ajustement structurel préconisés par les institutions de Breton Woods, l'emploi était devenu précaire dans les pays du sud comme le mien. L'accès à la fonction publique était devenu le leitmotiv de tout jeune sorti ou non du système éducatif peu importe le niveau. C'est ainsi que je me suis présenté au concours de recrutement des Sages Femmes / Maïeuticien d'Etat en janvier 1995.Concours que je réussis en cours d'année académique (février 1995.) J'abandonnai les études universitaires pour entamer la formation professionnelle à l'ENSP.

Mon choix s'était opéré quand j'avais eu connaissance de l'existence du corps "des hommes sages femmes." C'était un tremplin pour réaliser mon voeu d'enfance: contribuer à amenuiser le risque de morbidité et ou de mortalité de la mère et de l'enfant.

Le stage pratique dans les maternités de la ville de Ouagadougou allait constituer la première occasion de découverte de cette profession d'accoucheur. Un homme qui accouche des femmes ! J'avoue que ce n'était pas évident au départ. D'abord pour être accepté par les femmes, ensuite pour résister aux moqueries et autres curiosités de l'entourage. Toute personne qui apprenait ce que je faisais comme profession m'assaillait de questions aussi bien curieuses que perverses, du genre:  « N'as-tu pas perdu l'instinct sexuel ?» Heureusement, des modules nous étaient dispensés afin de nous prémunir de l'effet que pouvaient avoir les comportements de notre entourage sur nous; c'était entre autres : la psychosociologie, la communication, la déontologie, la méthodologie de travail, etc. C'est à la suite de cette formation professionnelle sanctionnée par un diplôme d'Etat que je fus affecté au district sanitaire de Toma pour l'exercice de ma profession.

2. Contexte professionnel

i. Cadre de travail : le District Sanitaire de Toma

a) Le système de santé au Burkina Faso

Le système national de santé au Burkina, à l'instar de bien d'autres pays en Afrique au sud du Sahara, a été construit en réponse à la stratégie de renforcement des soins de santé primaires (SSP). Cette stratégie est née au sortir de la conférence de Alma Ata en 1978, organisée conjointement par l'OMS et l'UNICEF. Cette conférence s'était fixée comme vision « la santé pour tous en l'an 20003(*) .» Le système est d'un type pyramidal basé sur le district sanitaire. Cette pyramide sanitaire est à trois niveaux. On distingue de la base vers le sommet conformément au tableau n°1 :

- Un niveau périphérique : le district sanitaire.

Le district sanitaire est une entité géographique correspondant ou pas à une collectivité territoriale. Sa population de couverture requise va de 150 000 à 200 000 habitants. Il est dirigé par un médecin-chef de district, nommé par arrêté ministériel. Le Burkina Faso compte 55 districts sanitaires dont Toma, mon cadre de travail.

Au plan des soins, le district est structuré en deux échelons ; un premier constitué par un réseau de centre de santé et de promotion sociale (CSPS.) Le CSPS a un "paquet minimum d'activités (PMA)" dévolu à ses capacités opérationnelles. Le deuxième échelon est constitué par le centre médical avec antenne chirurgicale. Il sert de centre de référence aux CSPS. Le CMA est une structure sanitaire dotée d'un paquet d'activités complémentaire à celui du premier échelon. L'existence d'un bloc opératoire est sa caractéristique principale. Celui-ci est annexé par d'autres spécialités médico-chirurgicales : ophtalmologie, odontostomatologie, gynéco-obstétrique, radiologie, laboratoire d'analyses médicales... Le bloc opératoire du CMA de Toma n'est pas encore fonctionnel, ce qui limite son "paquet complémentaire d'activités (PCA.)"

- le niveau intermédiaire : la région sanitaire.

Il correspond au découpage territorial en régions du pays. Les districts sanitaires sont regroupés en 13 régions sanitaires qui couvrent le territoire national. Toma est dans la région de la boucle du Mouhoun qui compte cinq (5) autres districts : Dédougou, Boromo, Nouna, Solenzo et Tougan. La région sanitaire a pour mission d'appuyer les districts sanitaires dans la mise en oeuvre de la politique sanitaire nationale (PSN). Elle est dirigée par un directeur régional de santé nommé en conseil des ministres.

Au niveau régional, la structure de soins correspondante est le centre hospitalier régional (CHR.) Il est constitué de services de spécialités complémentaires aux activités des CMA. Il existe neuf (9) CHR à travers le pays. Dans la région de la boucle du Mouhoun, le CHR est implanté dans la ville de Dédougou, chef lieu de la région. Il est le centre de référence des CMA de la Région.

- le niveau central: il est composé du cabinet du ministre et des directions centrales. C'est le troisième et le dernier niveau de la pyramide sanitaire nationale. Au plan des soins la structure sanitaire y afférente est le centre hospitalier national. Au Burkina Faso, le niveau central est régi par trois (3) centres hospitaliers nationaux tous universitaires : il s'agit des hôpitaux "Yalgado OUEDRAOGO" et "Charles DE GAULE" à Ouagadougou, et de l'hôpital "Sourou SANOU" à Bobo Dioulasso.

Tableau I : structuration du système national de santé du Burkina Faso

Structures de participation ou de coordination intersectorielle

Structures de soins

Structures administratives

Cabinet du ministre CHN CNS, CA

S.G et Directions centrales Central Comité de suivi du

PNDS

Directions régionales Niveau CHR CTRS, CA

de santé Intermédiaire

Districts sanitaires Niveau périphérique CMA CSD

CM/CSPS COGES

b) Présentation du district sanitaire de Toma.

Le district sanitaire de Toma est situé au nord-ouest du Burkina Faso entre 2°30 - 3°30 de longitude ouest et 12°30 - 13°30 de latitude nord (voir figure n°2.) Il épouse les limites de la province du Nayala, l'une des quinze dernières provinces créées par la loi n° 09-96/ADP du 24 avril 19964(*). Il mesure une superficie de 3 200 km² avec une population estimée à 161 302 habitants en 2002, répartie dans six(6) départements et 111 villages. Le district est distant de 190 km de Ouagadougou. Il est limité :

- au nord et à l'ouest par les districts de Tougan et Yako

- au sud par le district de Dédougou

- à l'est par les districts de Yako et Réo

N

LEGENDE

Limite de région

Limite de district

Toma: nom de district

E

W

S

Réalisation5(*): KABORE Alain, mai 2005

Figure n°1: représentation cartographique des districts sanitaires du Burkina Faso avec en évidence le D.S de Toma

La population du district sanitaire de Toma se caractérise par sa forte proportion féminine à l'instar de celle du pays, soit de 52%. Aussi la jeunesse est-elle importante de par sa taille, environ 45%. Les groupe-cibles importants en santé de la reproduction sont : les femmes en âge de reproduction(FAR) de 15 à 49 ans estimées à 35 486 et les enfants de 0 à 5 ans estimés à 33 873. Les principaux groupes ethniques sont les suivants par ordre de représentativité numérique: les samo (40%), les marka (20%), les mossi (20%), les gourounsi et les peulh (20%.)

Les données socioculturelles des populations du district montrent un fort attachement aux valeurs traditionnelles malgré la forte présence du christianisme et de l'islam. On y rencontre des pratiques à risque telles que : l'excision, la pratique abusive de la médecine traditionnelle, la consommation abusive d'alcool...

Sur le plan éducatif le district comptait 85 établissements d'enseignement primaire et 6 lycées et collèges en 2002.

Les problèmes de santé les plus importants6(*) du district sont :

v L'insuffisance des capacités organisationnelles et gestionnaires de l'équipe cadre du district(ECD.)

v La prédominance des maladies endémo-épidémiques et carentielles.

v La faiblesse des interventions autour des maladies et programmes d'intérêt spécial en santé publique

v La mobilisation et la participation insuffisantes des communautés aux actions de santé.

La vision du district dans les cinq (5) années selon son plan de développement sanitaire était de mettre à la disposition des populations, des services de santé de qualité, utilisés de façon optimale. La réalisation d'une telle vision requiert un certain nombre d'interventions dont je suis garant de la mise en oeuvre de celles relatives à la santé de la reproduction.

c. Mes pratiques professionnelles

ü Rôle du Maïeuticien au Burkina Faso

Le Maïeuticien comme la Sage Femme peut se définir comme "un agent technique de santé qui, recruté à partir du niveau de la classe de terminale de l'enseignement secondaire général ou technique, a suivi avec succès, un programme de formation, de trois(3) années, dans le domaine de la gynécologie et de l'obstétrique7(*)."

Les aptitudes à l'issue de la formation confèrent trois(3) domaines d'intervention à la SF/ME :

- la clinique(prise en charge des cas) : la SF/ME est apte à prendre en charge les problèmes de santé des femmes en période de grossesse et ou à l'accouchement. Ce sont les infections et affections gynéco-obstétricales.

- la prévention et la promotion de la santé. La définition de la santé selon l'OMS8(*) intègre outre l'aspect clinique (Physique) de la maladie, des notions aux plans social et psychologique à prendre en compte. C'est ainsi que la SF/ME participe à la conception et à l'exécution des programmes de prévention et de promotion de la santé, en l'occurrence de la santé de la reproduction.

- la fonction d'encadrement : en tant que cadre moyen, le Maïeuticien a le devoir de participer à l'encadrement des agents de santé placés sous sa responsabilité. Ce sont généralement des infirmiers brevetés (IB), des agents itinérants de santé (AIS), des accoucheuses auxiliaires (AA) et des techniciens de surface( Garçons et filles de salle.)

ü Ma pratique professionnelle

La formation de SF/ME faisant de moi un agent technique de santé, spécialisé dans le domaine de la gynécologie et de l'obstétrique. Curieux peut-être de voir un homme dans cette profession autrefois dévolue aux femmes. La décision prise en 19849(*) par les autorités politiques et sanitaires du Burkina Faso de former des hommes à la profession de Sage Femme était justifié par le manque de personnel qualifié en matière de santé maternelle et infantile dans les zones rurales. Cette situation serait due au refus des Sages Femmes d'aller servir en milieu rural au détriment de leur unité conjugale, attendu que leurs époux étaient restés en ville. D'ailleurs, cette approche permettait de renforcer la stratégie des SSP en mettant à la disposition des populations les plus éloignées des zones urbaines, du personnel qualifié afin d'assurer une maternité à moindre risque. Cela s'avère une nécessité quand on sait que le Burkina Faso est un pays ayant des taux de mortalité maternelle et infantile qui sont des plus élevées au monde, soit de 566 décès maternels pour 100 mille naissances vivantes et une mortalité infantile de 126 pour mille10(*).

Le 25 mai 1998 ma carrière professionnelle débutait avec ma prise officielle de service. J'ai été aussitôt nommé responsable du service de la maternité du CMA de Toma. Ce service se composait alors de plusieurs postes parmis lesquels :

- une salle d'accouchement et de suites de couches,

- une unité de consultation prénatale(CPN) et de planification familiale(PF),

- un poste de surveillance nutritionnelle des nourrissons et de vaccination,

- Le centre d'éducation et de récupération nutritionnelle( CREN.)

Outre cette responsabilité, on m'a attribué également un poste au sein de l'ECD. J'y étais chargé, au regard de ma qualification, de la protection des groupes spécifiques, en l'occurrence les groupes-cibles des programmes de la santé de la reproduction (femmes, enfants, jeunes et adolescents, personnes âgées, hommes11(*).) La figure n°1 présente la structuration de l'ECD de Toma. Comme tous les autres membres, chacun dans son domaine, mes tâches consistaient à la supervision, à la planification, à la formation, au suivi-évaluation, à la recherche opérationnelle et à la promotion de la qualité des soins surtout en ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive (SSR.)

ORGANIGRAMME DE L'EQUIPE CADRE DU DISTRICT SANITAIRE DE TOMA

Médecin-Chef de District

Responsable à la formation et à la supervision

Responsable de l'information sanitaire et de la surveillance épidémiologique

Responsable à la gestion des ressources du district

Responsable à l'approvionnement en médicaments vaccins et consommables

Responsable à la protection des groupes spécifiques/SR

Responsable des programmes verticaux

Figure n°2 : organigramme des membres de l'ECD de Toma

.

Ainsi, j'ai été responsabilisé cumulativement, aux deux (2) postes parce que j'étais le seul indiqué, au point de vue qualification. En effet je devais remplacer une Sage Femme qui venait d'être mutée. J'ai été ainsi mis face aux deux tendances en matière de santé : la santé publique qui intervient surtout dans la prévention et la promotion, et la santé clinique qui s'intéresse aux actions de soins, de prise en charge curative. Dans la réalisation pratique des activités, une tendance devait primer sur l'autre. Pendant que la clinique nécessite une stabilité, une immobilité afin de prendre en charge les clients qui se présentent dans les formations sanitaires, la santé publique requiert beaucoup de mobilité, de sorties de terrain. Je me suis intéressé aux activités de santé publique sur recommandations de mon supérieur hiérarchique, car pour lui deux raisons soutendent cette position : premièrement, plus on fait la prévention moins on a des cas de maladies à prendre en charge, deuxième, les activités de santé publique portaient sur toute l'étendue du district alors que c'était les clientes de la commune de Toma seulement qui bénéficiaient surtout de mes prestations. Je participais par conséquent à la conception, à la mise en oeuvre, au suivi et à l'évaluation des programmes relatifs à la santé de la reproduction. Ces programmes étaient relatifs à :

- La promotion de l'éducation sexuelle dans les établissements scolaires et au sein des mouvements et groupements associatifs.

- La promotion de la planification familiale

- La prise en charge intégrée de la maladie de l'enfant(PCIME.)

- La promotion de la lutte contre les infections sexuellement transmissibles et le VIH/SIDA.

ii. Quelles contributions ai-je pu faire  en tant qu'acteur du système?

Malgré le peu d'expérience dans les tâches de santé publique, j'ai donné satisfaction à mes supérieurs et collaborateurs. Quelques acquis en sont illustratifs : suite à mes initiatives, le taux d'emploi des contraceptifs (TEC12(*)) du district est passé de 1% à 4,8% de 1998 à 2002, un niveau que le district n'avait atteint auparavant. L'une de ces initiatives la plus importante est l'utilisation de certains canaux de communication communautaires pour l'IEC/PF: séances de lutte traditionnelle13(*), cabarets de dolo14(*), fêtes de femmes dans les villages, crieurs publiques, griots... Comme autre initiative, j'ai instauré la stratégie avancée en planification familiale en ce qui concerne notamment l'offre de méthodes autrefois `'citadines'' telles que le Norplant®15(*) et le stérilet.

Le dévouement et l'esprit d'initiative dans le travail qui m'étaient adressés comme compliments avaient fini par conquérir la confiance du directeur régional à mon égard. Ceci s'est illustré par ma désignation comme intérimaire du MCD lorsque ce dernier partait pour un stage de spécialisation. Toutefois je n'étais pas le seul agent indiqué et qui plus est, il y en avait de plus ancien et ou qualifié. Cet intérim a été assuré de novembre 2000 en avril 2001.

L'année 2002 couronnait ma cinquième année d'expérience professionnelle. Ceci me conférait le droit de me présenter au concours professionnel de spécialisation en Attaché de Santé16(*). Je me présentai au concours notamment avec l'épidémiologie comme option. Ce choix trouve sa justification dans mon parcours à Toma. J'ai surtout évolué dans le secteur de la santé publique au détriment de la clinique. C'est tout simplement pour consolider mes acquis et me perfectionner davantage. En octobre 2002, je retournais donc à l'ENSP pour la formation en Attaché de Santé spécialiste en Epidémiologie. Et c'est à l'issue de la première année de cette formation que je me suis présenté au test d'admission à la formation DEDA.

La fin de la formation DEDA coïncidait avec celle de ma formation d'épidémiologiste. Je fus alors affecté au Centre Hospitalier Universitaire `'Charles de GAULLE'' (CHUP-CDG.) Dans cette institution hospitalière je fus nommé chef du service de l'information médicale (SIM.) C'est un service rattaché au cabinet du directeur général de l'établissement. J'ai la charge de gérer la base de données de l'hôpital. Ce qui corrobore ma formation d'épidémiologiste. Je participe également à la surveillance épidémiologique, étant donné que l'hôpital est un élément du système national de surveillance des maladies à potentiel épidémique. Ainsi l'analyse des données que je gère constitue le background en planification et contribue au suivi-évaluation des activités. Je suis ainsi chargé de la planification et du suivi évaluation des activités en plus da ma fonction de gestionnaire de données.

iii. Que retenir de ce parcours

Un tel parcours comme le mien, de l'enfance à l'acteur de développement que je suis aujourd'hui, est entaché aussi bien de succès que d'échecs.

Sur le plan des succès, les acquis sont à mettre au niveau de ma personne en tant qu'agent social, qui a été forgé par l'éducation reçue de mon microcosme social et familial. En effet, l'intégration sociale aussi bien à Ouagadougou qu'à Toma, a été facilitée par l'assimilation de l'habitus que j'ai reçu aussi bien de ma famille, de mon parcours scolaire que de ma formation professionnelle. L'habitus est défini comme « l'ensemble des habitudes et des dispositions, propres à une culture ou à un milieu social, inculqué à l'individu au cours de la socialisation17(*). » En tant qu'aînée de la famille mes parents m'ont préparé à mieux appréhender les situations difficiles et partant, à faire face aux éventuelles difficultés qui se présenteraient en moi. Ils aimaient illustrer leurs dires par cet adage africain :  «  l'aîné est un dépotoir. » Je me rappelle encore des conseils d'un sage de mon village qui me guidaient dans mes attitudes lorsque j'avais rejoint mon poste de travail à Toma :  « ne jamais réclamer son droit est une preuve de maturité.» Et il renchérissait que "ce qui revenait au crapaud ne pourrait être sur un arbre18(*). "

Au plan des difficultés rencontrées dans ma carrière professionnelle, je note un premier choc que j'ai reçu une fois au contact du terrain : l'écart entre l'enseignement théorique reçu et les réalités du terrain. Comme le reconnaît WHITE : `' l'un des plus importants obstacles à l'implémentation des SSP fut l'échec de la plupart des institutions d'enseignement post-secondaire médical à adapter leurs missions et activités au défi posé par l'initiative « santé pour tous », leitmotiv des SSP.'' En somme, j'ai eu l'impression une fois sur le terrain, que tout se contrastait avec ce qui nous avions appris pendant la formation. Cela pourrait s'expliquer par la divergence des programmes de santé mis en oeuvre dans une région sanitaire à une autre au Burkina Faso. En effet, au gré des partenaires au développement (bailleurs de fonds), le territoire burkinabé a été « balkanisé » et « colonisé » au plan sanitaire. On trouve par exemple, la coopération hollandaise qui intervient dans les régions sanitaires du plateau central et du centre Nord via l'ONG `'Save the Children'' Pays Bas (SCPB.) La coopération française agit dans les régions des Hauts Bassins et de la Comoé à travers le projet HCK(Houet, Comoé et Kénédougou.) Il y a aussi la coopération allemande qui s'exprime dans les régions sanitaires du sud-ouest et de la boucle du Mouhoun en mettant en oeuvre le programme santé sexuelle, VIH/SIDA, droits humains et lutte contre les pires formes de travail et le trafic des enfants(PSV-DHTE.) Aussi les régions du Sahel, de l'Est et du Centre-Est sont parrainées par les institutions onusiennes (UNFPA, UNICEF.)

Ces partenaires appuient techniquement et financièrement la mise en oeuvre de la politique sanitaire nationale (PSN.) Ne disposant pas de nos moyens propres pour cela nous nous trouvons par conséquent obligés de mettre en oeuvre des stratégies proposées à la limite imposées par ces partenaires. Ces stratégies mises en oeuvre ne sont pas toujours adaptées, parce que n'étant pas conçues en fonction de nos réalités socioculturelles et même psychologiques. Comme exemple on peut citer l'inadaptation des modes de recouvrement des coûts, préconisé dans la stratégie de renforcement des SSP comme alternative de participation des communautés au financement de la santé. En effet, dans la plus part des sociétés traditionnelles, les soins et les médicaments ne sont pas payés en espèces, mais en nature, le plus souvent symbolique : poulet, mouton, cola, cauris...

A cette difficulté d'inadaptation de mes apprentissages acquis pendant la formation professionnelle aux aspirations réelles des populations, s'ajoutent les péripéties issues des relations interpersonnelles aussi bien en milieu professionnel que celui communautaire. Nonobstant ma jeune expérience professionnelle, je me suis retrouvé responsable d'un service où huit (8) autres agents plus âgés et plus anciens professionnellement travaillaient déjà. Il se posait ainsi un besoin de savoir-être et de savoir-faire dans les relations interpersonnelles. En outre, dans mes tâches de chargé de programmes destinés aux communautés de base, il me fallait des outils et des techniques d'approche appropriés pour réussir les interventions. Cependant la formation professionnelle que j'avais reçue ne me conférait pas ces aptitudes. Dans le souci de combler ces insuffisances j'ai effectué de stages de perfectionnement et pris par à de sessions de formation continue dont les thèmes étaient relatifs :

- au management et communication dans les services de santé, organisé par la GTZ d'août en juillet en 1999

- à la recherche action en santé de la reproduction au centre international de formation et de recherche action (CIFRA) à Ouagadougou, du 02 novembre 1999 au 14 mars 2000;

- à la communication avec les jeunes en santé sexuelle et reproductive au centre d'études sur la famille africaine (CEFA) à Lomé au Togo, du 22 avril au 15 mai 2002

- à la réalisation d'enquête quantitative en santé de la reproduction, organisé par la GTZ et l'institut national de la statistique et de la démographie (INSD) en juin 2002

- à la formation de formateur en santé de la reproduction du 21 février au 15 mars 2000, organisé par la GTZ et la DRS de la Boucle du Mouhoun;

- à la formation en gestion de district organisé par la cellule d'appui à la décentralisation du système de santé (CADSS) et la DRS de la Boucle du Mouhoun du 5 au 25 juin 2000 et bien d'autres séminaires et ateliers non moins importants.

Toutes ces différentes formations reçues m'ont certes doté et ou actualisé mes compétences pour la réalisation pratique de mes activités. En revanche, elles ne m'ont fourni des bases théoriques de réflexion. En d'autres termes, je me sentais capable de pratiquer mais à la limite de ce qui était vu lors des sessions de formation. La conséquence systématique est la difficulté d'adaptation et d'actualisation lorsque le contexte ou les conditions de mise en oeuvre changeaient. Michel FEUTRE19(*) illustre cette vision quand il déclare que : `'dans certaines activités, le champ de connaissances est tel que l'on peut penser que l'actualisation n'est plus suffisante mais qu'il faut mettre en place des temps d'acquisition formalisés plus ou moins long selon le domaine et le niveau d'expertise requise permettant à l'individu d'acquérir de nouvelles références de nouveaux schémas de pensée conformes aux nouvelles exigences de son activité.`' Une formation universitaire s'avérait impérative. C'est ainsi que j'ai postulé à une bourse d'études en sciences sociales et sanitaires à l'Université Henri POINCARRE de Nancy I, bourse que je n'ai jamais obtenue. Aussi ai-je constaté que mes pouvaient être comblées sur place lorsque j'ai pris connaissance du contenu du programme de formation en développement et éducation des adultes (DEDA.)

DEUXIÈME PARTIE

phase intra - DEDA

A la lumière de ce que j'ai évoqué en ce qui concerne ma formation et ma pratique professionnelles, nul doute que je me sentais incomplet comme acteur de développement. En effet, ma formation professionnelle de Maïeuticien ne m'a pas doté de bagages en ce qui concerne les interventions communautaires. En outre dans le domaine de la formation, ce stage ne m'avait appris uniquement qu'à encadrer dans le domaine de la clinique. Il faut noter que plusieurs de mes enseignants m'ont fait comprendre en son temps qu'après l'armée, la santé était le corps professionnel le plus discipliné20(*). Ils aimaient à répéter que les autres ont déjà trouvé, qu'il nous restait à appliquer seulement, `'nous n'avons plus rien à chercher.'' Ce principe, moi aussi je l'ai répliqué quand j'étais en situation de formateur sur le terrain, demandant aux apprenants d'engranger et d'appliquer `'systématiquement'' tout ce qui est dit, sans avoir besoin de réfléchir. Tout cela résume autant d'insuffisances dans mes pratiques de formateur. Ces insuffisances ne pouvaient être comblées que par un renforcement de compétences. A ces insuffisances relatives aux activités de formations s'ajoutent les difficultés d'approches communautaires. En effet comme plusieurs des acteurs de développement je m'étais retrouvé dans un milieu aux réalités socioculturelles différentes. La connaissance voire la maîtrise des représentations et aspirations des populations étaient impératives pour la réussite de mes actions. Ainsi les séminaires et autres ateliers auxquels j'avais pris part ne m'avaient pas donné satisfaction car les apprentissages développés dans ces cadres étaient limités et circonscrits à des cas précis. Lorsque j'ai pris connaissance de certains modules offerts par la formation DEDA, j'ai compris alors que c'était une opportunité qui m'était offerte pour réaliser le désir de combler mes insuffisances.

"Pour une université transnationale et transdisciplinaire", telle est la devise du projet DEDA. Ce qui confère à la formation DEDA, une certaine spécificité: la recherche de la complémentarité entre le monde professionnel et celui universitaire. Ces deux mondes loin de s'opposer, se doivent d'être complémentaires pour le succès des interventions en matière de développement. Et ce d'autant plus que chacun dispose d'atouts et de faiblesses. Le monde universitaire renfermé, théorique a besoin des professionnels pour mesurer la portée de leurs trouvailles de laboratoire, car ce sont ces derniers qui sont les utilisateurs et applicateurs des théories et concepts qui y naissent. Aussi les professionnels de terrain doivent-ils faire recours à des réflexions conceptuelles et théoriques pour relever certaines failles de leurs actions. C'est dire donc que la nécessité de la complémentarité s'impose. C'est là que DEDA puise son originalité et sa spécificité.

Un deuxième facteur qui rend spécifique la formation DEDA est sa méthodologie d'enseignement. Basé sur l'approche « éducation des adultes », la formation DEDA diffère de l'enseignement classique connu à l'université par le fait que les apprentissages sont construits autour de l'approche expérientielle. De plus la formation en alternance permet aux apprenants de conceptualiser leurs acquis empiriques et de s'en approprier pleinement. En outre les périodes d'alternance constituent des opportunités pour l'utilisation immédiate des concepts, ce qui limite les déperditions éventuelles de savoirs. Ce qui ne serait pas évident les cours étaient enchaîné durant tout le cycle de formation. Ainsi à l'issus des six (6) blocs de cours intercalés par les périodes d'alternance, j'ai pu m'inculquer quelques acquis.

1. Les acquis conceptuels

A l'issue des ateliers de mise à niveau, des ateliers thématiques et des ateliers d'intégration, bon nombre de concepts m'ont intéressé et je m'en suis approprié. Aussi les arbres à palabres qui ont été animés par d'éminentes personnalités m'ont permis de consolider ces acquis. Il s'agit des concepts de développement, d'interculturalité et de mondialisation.

i. Développement

Avant la formation DEDA je voyais le développement comme un changement radical qui naît d'apport exogène. A mon sens, être développé, c'est disposer d'un potentiel en infrastructures, en finances, en richesses minières, etc. Tout ce qui avait trait à l'économie capitaliste. A présent la formation DEDA a changé ma façon de voir et de percevoir le développement. Pour définir le développement, je partage la vision de Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN. Pour lui le développement peut être défini " comme l'ensemble des processus sociaux induits par des opérations volontaristes de transformation d'un milieu social, entreprises par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs à ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu et reposant sur une tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs21(*)

La nouvelle vision du développement que j'ai s'apparente à cette définition. Pour moi le développement est inhérent à l'épanouissement de l'être humain comme le dit JPO en parlant de milieu social, c'est à dire la satisfaction des besoins minimums et la jouissance des droits humains les plus fondamentaux dans l'éducation, la santé, l'accès à l'eau, au logement... L'alternative qui se présage en matière de développement est de faire en sorte que les sociétés puissent jouir du minimum de ces droits fondamentaux dans la dignité.

ii. Interculturalité.

La façon de voir l'autre, c'est à dire la représentation que l'on a de l'autre, la compréhension qu'on a de lui, renvoie à une confrontation de cultures d'où le concept de l'interculturalité.

La notion d'interculturel est toute nouvelle pour moi bien que dans mes pratiques professionnelles j'eusse à, affronter des questions à fondement interculturel tout en les ignorant. En effet, il m'est revenu à quelques moments de participer à la résolution des conflits qui pouvaient impliquer les agents de santé entre eux ou entre ces derniers et la communauté. Ces genres de conflits sont récurrents dans les structures de santé et dans biens d'autres services.

Le concept d'interculturalité, comme discipline, est très récent, n'offrant pas beaucoup de champs exploratoires. Ce n'est qu'à partir de 1980 que ce champ, en terme de recherches et d'enseignements universitaires, s'est fortement développé en Europe et dans le monde occidental au sein des disciplines multiples dont il est issu22(*).

Que ce soit aux niveaux individuel, communautaire ou national, les questions identitaires sont en ces dernières années à l'origine de plusieurs conflits. Ces mêmes situations de composition négative de l'interculturalité se déportent dans les services où les professionnels, le plus souvent issus de milieux socioculturels différents, entretiennent des rapports conflictuels. L'ampleur de ces conflits peut même engendrer un blocage du service.

Toutefois l'usage de l'interculturalité dans les relations humaines peut conceder des effets positifs : au Burkina Faso, si l'usage de la parenté à plaisanterie était bien fait elle pourrait consolider la cohésion sociale qui constitue de nos jours une richesse inestimable à tout amorce de développement.

Il est évident qu'à la fin de la formation DEDA, ma façon de voir dans les rapports entre les hommes aussi bien en milieu social que professionnel. Ainsi on peut en tenir compte dans la composition des équipes de travail par exemple.

iii. Mondialisation

Le terme mondialisation est devenu d'usage courant ces dernières années. Que ce soit les politiciens, les sociologues, les économistes, etc, ce concept revient dans tous les discours et écrits. Mais que cache ce terme ? Avant la formation DEDA, je me serai résolu à dire que la mondialisation est une tentative de fusion des pays de la planète pour en faire un seul. Ainsi j'utilisai l'expérience physique la loi de la pression osmotique pour faire comprendre la mondialisation : les nations riches déverseraient un peu de leurs avoirs à celles qui n'en disposent pas. Ma vision antérieure semblait corroborer celle de D.DOLLAR23(*) quand il cite que : « par mondialisation j'entends l'intégration accrue d'économies et de sociétés différentes qui résulte de l'intensification des courants de biens, de capitaux, de personnes et d'idées. » Dans cette définition, l'approche est holistique, intégrant aussi bien des questions sociales que d'ordre économique. Malheureusement, il y a un grand hiatus entre cette théorie et la réalité constatée sur le terrain. La mondialisation a une représentation plus inhumaine que l'on n'aurait imaginé, promouvant le néolibéralisme économique sans partage entraînant ainsi l'engrenage cupide des capitaux par les mieux nantis aux détriments des valeurs sociales. Cette situation bafoue ainsi le bénéfice du droit à la santé des pauvres, n'exemptant pas le droit à la santé, « l'industrie pharmaceutique n'est pas une ONG, elle doit satisfaire les intérêts des actionnaires24(*) .»

Au sortir de cette formation, je me sens inviter à appréhender, dorénavant tous les problèmes qui seront posés en tenant compte des différents aspects liés à la mondialisation ; étant entendu d'une part qu'un pays comme le Burkina Faso ne peut mieux s'insérer dans la mondialisation que par le commerce des services. L'institution dans laquelle je travaille à une vocation internationale dans l'offre. Elle peut bien être un créneau pour cette insertion.

2. Les acquis méthodologiques

Je me suis forgé quelques méthodes pour mieux appréhender les problèmes liés à la santé en général et à ma structure en particulier. Etant chargé de la planification et du suivi évaluation, je me retrouve au carrefour de toutes les prises de décision. Ainsi les acquis méthodologiques ci-dessous me seront d'une utilité incommensurable.

i. L'analyse historico-politique

La vision de spécialiste « pointu » amène souvent les techniciens de santé à faire des analyses incomplètes, des problèmes de santé et des services de santé. Par conséquent la résolution de ces problèmes ne peut être définitive puisque la vision est étriquée. La formation à DEDA m'offre l'opportunité de me forger un outil assez pertinent appréhender dans l'évolution du temps les situations de développement.

L'atelier sur l'analyse historico-politique du développement, en plus des informations que j'ai reçues sur l'histoire de l'Afrique en générale, se présente comme un véritable instrument d'appréhension des problèmes de développement. Grâce à ce cours j'ai compris (à l'image du Pr KI-ZERBO pour évoquer les causes du sous-développement africain) que les fondements de la pauvreté, de la misère en Afrique sont encrés dans l'histoire. Ainsi de la traite des noirs, à la mondialisation en passant par la colonisation, tout prédispose l'Afrique à une dystocie de démarrage en matière de développement.

C'est ainsi que, dans l'élaboration de la politique nationale de développement de la petite enfance(PNDIPE) notamment à sont volet analyse de la situation sanitaire de la petite enfance, je n'ai pas hésité à m'inspirer de l'analyse historico-politique pour apprécier les différents schémas directeurs, politiques et programmes développés jusque-là dans le domaine de la petite enfance. Il est ressorti que les problèmes de santé inhérents à la petite enfance, en l'occurrence, l'insuffisance de l'organisation et de l'offre des services de soins ne sont pas incidents. Ce sont des suites logiques de systèmes de santé inadaptés qui ont été développé jusqu'à présent.

Aussi, je pourrai user de cette méthode dans l'analyse des problèmes pour l'élaboration des projets d'établissements, des plans de développement sanitaire ainsi que des plans d'action de l'institution.

ii. L'analyse sociologique des institutions et des organisations.

 

Elle constitue pour moi, à l'issu de la formation DEDA une méthode de management que je me suis servi en situation pratique à la direction régionale de la santé de la Boucle du Mouhoun. Alors que j'étais en stage d'administration dans ce service déconcentré du ministère de la santé, il m'a été demandé conformément aux objectifs du stage, de procéder à un diagnostic des facteurs éventuels de dysfonctionnement de l'institution. Me servant des différents mécanismes de coordination du travail et des configurations selon MINITZBERG, j'ai énuméré les différentes sources potentielles de conflits, après avoir fait une description détaillée des différents acteurs et des relations qui les lient. Ces observations ont été présentées au directeur régional de la santé qui y a trouvé des motifs de satisfaction tout en promettant d'exploiter judicieusement le rapport qui lui était présenté.

Le centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles De GAULLE est une institution à configuration complexe. On y trouve une configuration entrepreunariale, vu son statut juridique d'établissement public de santé, une configuration bureaucratique au point de vu organisation administrative et une configuration professionnelle relativement à la qualité du personnel technique.

L'analyse sociologique qui me permet de faire cette lecture me confère également des aptitudes à comprendre certains dysfonctionnement. Ainsi je pourrai participer à des prises de décisions idoines. Et cela en ce sens que je fais partie des différentes instances de gestion et de prise de décision : staff, conseil de direction et d'autres comités spécifiques.

iii. L'ingénierie du projet de développement.

L'une de mes principales attributions est la planification des activités. La planification peut consister en l'élaboration d'un plan stratégique, d'un plan d'action ou d'un projet ou micro-projet. En ce sens l'ingénierie de projet de développement constitue un outils qui me permet d'approfondir mes pratiques en ce qui concerne surtout les études de faisabilité et les analyses de situations. En effet j'occultais certaines dimensions quand je planifiais et exécutais une étude de faisabilité. Au sortir de la formation DEDA je retiens que les aspects suivants doivent être appréhender pour avoir une vision holistique de tout projet naissant. Ce sont les analyses de l'offre, de la demande, de la rentabilité financière, sociale et économique25(*). Ainsi j'ai pu utiliser certains des apprentissages en ingénierie de projet dans le cadre de la mise en place de la mutuelle de santé des producteurs de coton de Kouka dans la province des Banwa(Solenzo.) Ainsi après avoir conçu un cadre d'analyse en fonction des enseignements reçus lors de la formation DEDA, j'ai analysé le processus et les résultats de l'étude de faisabilité qui était déjà réalisée. Les résultats de mon analyse ont fait l'objet d'échanges entre au sein de l'équipe de la direction régionale de la santé de la Boucle du Mouhoun. Beaucoup de mes observations ont été prises en compte.

L'ingénierie du projet de développement, sera un principal outil dans l'élaboration des plans d'action, des projets d'établissement, des projets et micro-projets du CHUP-CDG, étant donné que je suis l'acteur principal dans la conception de ces différents supports de gestion et de développement de l'institution.

3. Les acquis transversaux

Renforcement de la culture générale, développement du goût pour la lecture, argumentation solide dans les idées, sont entre autres des acquis transversaux à mettre à l'actif de la formation DEDA :

i. Renforcement de ma culture générale

Développement, éducation de base, commerce mondial, mondialisation, relations internationales, conflits identitaires en Afrique, systèmes de santé, politiques de développement du tiers monde, sont autant des thèmes que je peux évoquer avec un argumentaire aussi consistant que possible. Ceci grâce à la formation DEDA à travers les ateliers, les arbres à palabre, les échanges avec les étudiants des autres pays et ou des autres secteurs d'activité que la santé.

Suite à la multiplicité et à la variabilité, et du fait de la transversalité de la formation DEDA, les informations engrangées me serviront dans l'analyse et ou l'élaboration de tous les documents et autres supports astreints au fonctionnement de l'institution : planification, gestion, formation et information, communication...

ii. Développement du goût à la lecture

La lecture n'était pas une pratique courante à mon niveau avant la formation DEDA. A l'issue de mon parcours scolaire et universitaire, les seules périodes où la lecture faisait partie de mes habitudes restent les deux cycles de formation à l'ENSP. Une fois sur le terrain la lecture était reléguée à un autre plan. Pendant la formation DEDA, l'exploitation des supports de cours, la lecture des textes distribués lors des travaux de groupe, la recherche documentaire personnelle pour les différentes évaluations ont fini par me donner le goût de la lecture. Ceci s'est illustré par une fréquentation plus assidue des bibliothèques aussi bien du ministère de la santé que celles d'autres institutions. L'adage de l'habitude devient une seconde nature s'est vérifié à mon niveau de telle sorte que dorénavant, j'arrive à insérer des périodes de lecture dans mes emplois de temps professionnel.

TROISIÈME PARTIE

phase post - DEDA

La fin des cours de DEDA coïncide avec mon affectation dans une nouvelle institution: le centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles de GAULE. J'ai à priori la charge de gérer le service de l'information médicale (SIM) de cette institution. En d'autres termes je suis chargé de la gestion de la base de données de l'hôpital conformément à ma spécialisation d'épidémiologiste. Cependant le directeur général a décidé de me confier également la planification et le suivi évaluation des activités, la communication interne et externe de l'institution. Ces deux dernières attributions constituent un tremplin pour le réinvestissement de mes acquis nés de la déstructuration / restructuration que j'ai subie avec la formation DEDA. Je présente dans cette partie la configuration de ma nouvelle structure d'accueil, les difficultés que je pourrais rencontrer dans une telle structure et les stratégies d'action susceptibles d'être engagées en conséquence, et enfin mes perspectives d'avenir.

1. Configuration de la nouvelle institution qui m'accueille après DEDA :

Le Centre Hospitalier Universitaire Pédiatrique Charles de GAULE (CHUP-CDG)

i. Présentation générale26(*) de la structure

Le CHUP-CDG a été créé par décret n° 99-252/PRES/PM/MS du 20/07/99. Il est situé au 979, Avenue des Tensoba27(*), au secteur 28 de la commune de Ouagadougou, précisément à l'intersection de l'avenue sus-citée et l'avenue Charles DE GAULE. C'est un établissement hospitalier universitaire de 120 lits dont l'ouverture officielle est intervenue le 30 janvier 2001. Il a pour mission d'offrir des soins de qualité aux enfants de 0 à 14 ans sans discrimination (prestations de consultation, d'hospitalisation et de prise en charge des urgences médicales et chirurgicales).

Etablissement Publique de Santé (EPS), il est administré par un Conseil d'Administration dont l'installation et la première réunion ont eu lieu le 19 mars 2001.

Conformément au décret n° 2004-191/PRES/PM/MFB portant statut général des établissements publics de santé, les structures composant la direction générale sont :

- La direction de l'administration financière,

- La direction des ressources humaines,

- La direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins,

- La direction des services généraux

- L'agence comptable.

Ces directions sont structurées en services ou unités (services administratifs, unités de soins médicaux, chirurgicaux et unités médico-techniques.)

Par ailleurs, l'hôpital entretient un partenariat avec le projet Ensemble pour la Solidarité Thérapeutique Hospitalière En Réseau (ESTHER), le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Rouen et le Conseil National de Lutte contre le SIDA et les Infections Sexuellement Transmissibles(CNLS/IST.)

ii. Présentation de la direction générale du CHUP-CDG

L'organisation de la direction générale de l'hôpital présente quatre directions et cinq services rattachés comme le montre la figure n°4. En ce qui concerne les directions, il s'agit de :

- Du cabinet du directeur général

- La direction de l'administration des finances (DAF),

- La direction des ressources humaines (DRH),

- La direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS),

- La direction des services généraux (DSG.)

- De l'agence comptable (AC)

Toutes les directions sont subdivisées, chacune, en services ou unités qui exécutent les activités opérationnelles. Pour ce qui est des services rattachés au cabinet du directeur général, il s'agit :

o Du secrétariat

o Du service d'information médicale(SIM)

o Et du service social (SS)

SS

SIM

Direction Générale

Sécretariat

DHOS

DSG

DAF

DRH

AC

Figure n°3 : Organigramme de la direction générale du CHUP-CDG

L'analyse sociologique de cette organisation révèle à une configuration bureaucratique28(*) qui donne une typologie des acteurs se répartissant en 4 catégories comme illustré dans la figure n°5:

o Les analystes (acteurs externes): les membres du conseil d'administration, le contrôleur financier.

o Le sommet stratégique : le directeur général

o La ligne hiérarchique : directeurs et chefs de service rattachés au cabinet

o Les opérateurs constitués des agents menant les tâches dans les services et les unités de soins ou techniques.

Membres du conseil d'administration

Directeur Général

Contrôleur financier

Directeurs et chefs de service rattachés

Agents de la DSG

Agents du Secrétariat

Agents de l'AC

Agents du SIM

Agents de la DRH

Agents du SS

Agents de la DHOS

Agents de la DAF

Figure n°4 : coordination du travail à la direction générale du CHUP-CDG.

La coordination du travail29(*) au niveau de ces acteurs est marquée principalement par deux mécanismes: la standardisation des qualifications et celle des résultats. En ce qui concerne la standardisation des qualifications, le CHUP-CDG qui est une structure hospitalière hautement spécialisée, requiert des acteurs avec un certain niveau de qualification et de spécialisation assez élevé. Pour ce qui est de la standardisation des résultats, il faut signaler que compte tenu du degré de qualification des acteurs, ils jouissent d'une certaine liberté dans l'exécution de leurs tâches. Cependant les résultats, en terme d'objectifs à atteindre, leurs sont demandés, quelque soit la manière dont ils les obtiennent.

2. Les difficultés éventuelles et les stratégies d'action

Bien que la structure bénéficie à l'heure actuelle d'une certaine crédibilité dans le dispositif sanitaire urbain et même national, certaines difficultés sont susceptibles de se présenter et miner son fonctionnement. Il peut s'agir d'un certain nombre de problèmes transversaux qui peuvent être entre autres liés :

- au personnel,

- au système de tarification et de recouvrement,

- aux infrastructures, à l'organisation,

- à l'appui logistique,

- à l'accueil et à la communication

Si le personnel, les infrastructures, la logistique sont des intrants dont l'acquisition ne dépend pas uniquement de l'équipe managériale de l'établissement, l'accueil et la communication demeure par contre sa préoccupation quotidienne. Des plaintes seraient légions en l'encontre de l'hôpital parce que certains l'assimilent à une structure privée à but lucratif, délié de son caractère social. En effet, doté d'une infrastructure et des équipements performants, le CHUP-CDG présente une organisation plus moderne dans l'offre des services. C'est une structure où le travail est hautement informatisé, dès l'entrée du malade jusqu'à sa sortie. Cette situation, en plus du confort que l'institution présente, fait que le coût des prestations est relativement élevé par rapport aux autres structures hospitalières publiques. Toutefois, cela constitue un malentendu que la direction ne doit ménager aucun effort pour éclaircir. Cette situation constitue par conséquent un tremplin afin d'utiliser mes apprentissages en communication interpersonnelle et communication interculturelle, voire en communication pour le développement. C'est une perspective parmis tant d'autres qui s'offre en moi pour le réinvestissement de mon nouveau capital socioprofessionnel à travers les stratégies d'action suivantes, susceptibles d'apporter des solutions aux éventuels problèmes, ce sont :

- la formation : le CHUP-CDG dispose d'un plan de formation intégré dans son plan d'action annuel. Ainsi des sessions sont planifiées pour renforcer les compétences des acteurs dans le domaine de la communication et de l'accueil des malades, la planification des activités, la gestion et l'administration financière et matérielle. Dans toutes ces formations je pourrai apporter ma contribution en puisant dans mes acquis issus des modules tels que l'ingénierie des projets de développement, l'analyse sociologique des organisations et institutions, la communication interculturelle, le processus d'apprentissage des adultes... Aussi pourrais-je apporter des informations acquises à l'issue des échanges avec les collègues lors des ateliers d'intégration et des travaux de groupes.

- du management : avec le cours sur l'analyse sociologique des organisations et institutions, c'est tout le fondement du management qui y est développé. L'organisation des hôpitaux ainsi que leur positionnement institutionnel présente un caractère hybride en terme de configuration30(*). Il y cohabite généralement une configuration professionnelle, composée d'un collège médical assez qualifié et une configuration bureaucratique composé d'un pool administratif. La cohabitation n'est pas toujours évidente, vu que les deux configurations ne partagent pas souvent la même façon de voir les choses. Cela entraîne de temps à autre des conflits qui peuvent porter préjudice aux malades. C'est pourquoi il s'avère nécessaire que les dirigeants soient rompus aux règles élémentaires de management. C'est en ce sens que l'analyse sociologique des organisations et institutions revêt un grand intérêt.

- de la communication : la direction générale consacre des ressources assez importantes pour le volet communication. Il reste à élaborer une stratégie pertinente, efficace et efficiente pour atteindre les objectifs qui sont de faire connaître l'hôpital et d'atteindre une utilisation optimale des services qui y sont offerts. C'est un tremplin pour moi de pouvoir m'exprimer dans le domaine de la communication. Cela est d'autant intéressant que le service de communication interne et externe de la structure m'est été confié. Je compte ainsi proposer un plan intégré de communication en relations avec les objectifs sus-cités.

- 3- Mes perspectives après DEDA.

i. Au niveau de ma carrière professionnelle

Le début de mes activités au CHUP-CDG constitue les prémices d'une autre partie de mon histoire de vie. Une phase d'observation est très utile pour moi qui viens d'entamer une carrière dans le système hospitalier autrefois méconnu. En effet depuis la fin de ma formation professionnelle de M.E, je n'ai évolué que dans le système de district et de plus en milieu rural. Il y a donc beaucoup de choses prendre en considération. La primauté consiste à découvrir les déterminants du système hospitalier afin de mettre mes potentiels en évidence. Je pense avoir des opportunités, vu ma place dans le dispositif de l'institution hôte, pour mettre en évidence mes acquis de la formation DEDA. Dans cette quête, je suis en contact avec un cabinet d'études qui intervient dans le domaine de la santé. J'y suis un consultant dans le domaine des études, de la formation, de l'élaboration des projets et de la planification. Aussi j'interviens dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive des jeunes pour le compte du PSV-DSTE/GTZ, dans le domaine des études et des évaluations. Cela me permettra de réaliser ce qui ne me sera pas possible de faire au CHUP-CDG dans l'optique de la consolidation de mes acquis de la formation DEDA et le réinvestissement de ces acquis.

ii. En matière de renforcement de mes capacités.

Pour le renforcement de mes capacités, je poursuis deux objectifs en relation avec ma formation professionnelle dans les domaines de l'épidémiologie, de développement en général et de la formation. Pour le premier, étant fonctionnaire de l'Etat burkinabè, il me faut servir pendant trois (3) années avant de prétendre à une éventuelle promotion. Une fois cette condition remplie j'envisage faire des études de 3eme cycle en épidémiologie. Mes prises de contact m'ont déjà orienté vers deux(2) institutions universitaires où je peux avoir accès à cette formation. Ce sont l'Institut de Santé Publique et d'Epidémiologie (ISPED) de l'université de Bordeaux en France et l'Institut de Santé Publique à l'université de Laval au Canada. En attendant, je souhaite suivre des formations continues dans le domaine afin de renforcer et d'actualiser mes capacités.

Mes perspectives dans le domaine du développement et de la formation restent à priori de faire une maîtrise à DEDA avec une éventuelle option sur le développement des services de santé. Ainsi je serai une personne ressource, vu que l'épidémiologie rime avec développement sanitaire. Je pense alors pouvoir contribuer au développement du système de santé de mon pays, une fois ces aptitudes acquises. L'issue de la maîtrise en développement déterminera la suite de mes prétentions en matière de formation académique dans ce sens. Ainsi un troisième cycle pourra être envisagé. Vivement que ce troisième cycle voit le jour sous la direction du projet DEDA avec la même méthodologie d'enseignement en alternance.

Conclusion

Comment identifier un besoin de formation? "Bien de formateurs se sont lancés dans des enquêtes pour analyser les besoins de formation et ils ont été déçus."(NOYE Didier et PIVETEAU Jacques, 200031(*)) Les attentes des personnes ne correspondent souvent pas nécessairement à une demande de formation. Il faut donc clarifier la demande. La première ressource mobilisable pour une formation est l'acteur concerné. C'est pourquoi l'apprenant doit être le véritable artisan de sa formation. De plus, l'approche interdisciplinaire et transnationale ne fait qu'émuler davantage l'usage de l'approche expérientielle en matière d'auto-formation.

Mon histoire de vie décrite dans ce travail montre des moments charnières qui m'ont prédisposé aux différentes formations professionnelles de base : les conditions de ma naissance qui m'ont orienté vers la santé, l'écart entre la formation professionnelle à l'ENSP et les réalités qui m'a poussé à m'orienter dans la santé publique, la recherche de meilleures aptitudes et performances dans mes interventions qui ont motivé à postuler pour la formation à DEDA.

Les acquis de DEDA qui ont engendré une déstructuration et une restructuration de ma personne et partant une reconstruction de mon identité ont été d'un intérêt justifié puisqu'ils ont répondu à mes attentes. Cependant le changement de cadre professionnel intervenu à la fin de ma formation ne me permet pas réellement de porter un jugement objectif sur les changements intervenus dans mes pratiques. Et ce d'autant plus que ma nouvelle configuration professionnelle (système hospitalier) dans son organisation, son fonctionnement et son cadre institutionnel, diffère avec la précédente qui était un district.

Toutefois, cette configuration m'offre des opportunités et des cadres d'expression à même de permettre le réinvestissement de mes acquis de la formation DEDA. En effet le CHUP-CDG où je suis actuellement, présente des difficultés dont le solutionnement nécessite des interventions pour lesquelles je peux faire usage mes acquis conceptuels et méthodologiques de la formation. DEDA. Une réflexion future sur la mise en oeuvre de ces acquis susciterait un besoin de formation. C'est pourquoi il serait souhaitable que le projet DEDA accorde une attention particulière à l'ouverture d'autres programmes de formation si possible de niveau supérieur à celui de la licence. En attendant des perspectives sont à mettre en oeuvre aussi bien pour ma carrière professionnelle que pour le renforcement de mes capacités, car mon histoire de vie me révèlera toujours des besoins de formation que je chercherai toujours à combler.

Bibliographie

Les ouvrages

1. AKOUN André et ANSART Pierre (sous la dir.), (1999), Dictionnaire de sociologie, , collection dictionnaires le Robert, Editions Seuil, 587 p.

2. BOURGEOIS, Etienne, (1996), l'adulte en formation, regards pluriels, collection perspective en éducation, De Boeck Université de Paris, Bruxelles,165 p.

3. KI-ZERBO, Joseph.(2003) A quand l'Afrique ? Entretien avec René HOLEINSTEIN, Editions de l'Aube, d'En Bas, Eburnie, Ganndal, Jamana, Presses universitaires d'Afrique, Ruisseaux d'Afrique, Sankola et Gurli,197 p

4. KI-ZERBO, Joseph, (1999), le développement clés en tête, in la natte des autres, pour un développement endogène en Afrique, Editions CODESRIA/CRDE, Dakar, 491 p.

5. NIZET Jean et PICHAULT François,(1995) comprendre les organisations Mintzberg à l'épreuve des faits, GAETAN MORIN éditeur, EUROPE, 312 p

6. NOYE Didier et PIVETEAU Jacques, (2000), Guide pratique du formateur, concevoir, animer et évaluer une formation, INSEP CONSULTING, Editions, 202 p.

7. OLIVIER DE SARDAN Jean-Pierre, (2001) anthropologie et développement, essai en anthropologie du changement social, Edition Karthala, Paris, 221 p.

Les revues

1. BARBIER, Jean-Marie & al, Formation et dynamiques identitaires, Education permanente n° 128, 221 p

2. DEMORGON J & al, (2003) interculturalités, in questions de communication n°4 année 2003

3. DOLLAR, David, de la politique à l'action, la mondialisation est - elle bonne pour votre santé, in revue internationale de santé publique, recueil d'article n°6 Bulletin de l'OMS

4. F. HOUTART, (2004), les obstacles à la santé en l'an 2000.Centre tricontinental, Genève

5. M. FEUTRE, la validation des acquis personnels et professionnels et l'université, in Education permanente n°18-19 p 55

6. Médecins du Monde, (janvier 2003) mondialisation et santé,

7. OUEDRAOGO, Boureima, (1996) les secrets de la médecine traditionnelle, in Tradition et Modernité, n°003, mai-juin 1996.

Les notes de cours

1. BALIMA Serge Théophile, (février 2005), communication pour le développement, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.

2. COMPAORE N.D.Félix, (novembre 2003) sciences de l'éducation et développement, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.

3. DOMINICE Pierre, (mars 2004) notes du cours sur le processus d'apprentissage chez l'adulte dans un contexte de développement, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.

4. FAUGUET Jean Louis, (février 2004), critères de qualité d'un bon système éducatif, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.

5. GOITA Mamadou, (mars 2004), notes du cours sur l'ingénierie du projet de développement, UFR/SH/DEDA,.Ouagadougou.

6. NIZET Jean, (mars 2004), notes du cours sur l'analyse sociologique des organisations, institutions, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.

7. SOULAMA Souleymane, (juin 2004) notes du cours sur l'analyse socioéconomique de l'Afrique, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.

Autres documents consultés.

1. Centre Hospitalier Universitaire Pédiatrique Charles De Gaule, (janvier 2005), Plan d'action 2005, Ouagadougou.

2. District sanitaire de Toma, (décembre 2001) plan d'action 2002, Toma.

3. District sanitaire de Toma, (mai 2000), Plan de développement sanitaire 2000-2004, Toma.

4. Ministère de l'économie et du développement (janvier 2004), Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, Ouagadougou.

5. Ministère de la santé, 2001, plan national de développement sanitaire 2001-2009, Ouagadougou.

* 1 Cité par BOURGEOIS, Etienne, (1996), l'adulte en formation, regards pluriels, collection perspective en éducation, De Boeck Université de Paris, Bruxelles.

* 2 KI-ZERBO Joseph, (1992),le développement clés en tête, in la natte des autres, pour un développement endogène en Afrique, Editions CODESRIA/CRDE, Dakar, P10

* 3 F. HOUTART, (2004), les obstacles à la santé en l'an 2000.Centre tricontinental, , Genève.

* 4 District sanitaire de Toma, (2001) plan d'action 2002, Toma.

* 5 Carte réalisée à l'aide du logiciel HEALTH MAPPER 4.0

* 6 District sanitaire de Toma, (2000), Plan de développement sanitaire 2000-2004, , Toma

* 7 module sur la déontologie de la SFME

* 8 l'OMS définit la santé comme un état de complet bien être physique, mental et social et ne consiste pas en l'absence de maladie ou d'infirmité.

* 9YAMWEOGO,(1994), Notes de cours de Déontologie de la profession infirmière, ENSP/TC, Promotion 94 -97

* 10 Ministère de la santé,( 2001), plan national de développement sanitaire 2001-2009, Ouagadougou.

* 11 Ministère de la santé, (1996), Protocoles, Normes et politiques en santé de la reproduction au Burkina Faso, Ouagadougou.

* 12 Indicateur de mesure de l'utilisation du service de planification familiale.

* 13 Principale activité culturelle de la région

* 14 bière locale faite à base de sorgho.

* 15 Méthode contraceptive hormonale administrée chirurgicalement sous forme d'implants sous-cutanés au niveau de la face interne du bras.

* 16 Corps de promotion après le diplôme d'Etat d'infirmier ou de SFME.

* 17 AKOUN André et ANSART Pierre (sous la dir.), (1999), Dictionnaire de sociologie, , collection dictionnaires le Robert, Editions Seuil, P251.

* 18 Proverbes en pays mossi.

* 19 FEUTRE, Michel, la validation des acquis personnels et professionnels et l'université, in Education n°18-19 p 55

* 20 La discipline ici se résume à l'exécution stricte des ordres et au respect de la hiérarchie supérieure.

* KI-ZERBO, Joseph, (2003), à quand l'Afrique ?Entretien avec René HOLENSTEIN, Editions de l'Aube, 2003.

21 OLIVIER DE SARDAN Jean-Pierre (2001), anthropologie et développement, essai en socio-anthropologie du changement social. Editions Karthala,.

* 22 DEMORGON J & al, (2003), interculturalités, in questions de communication n°4 année 2003

* 23 DOLLAR, David, de la politique à l'action, la mondialisation est - elle bonne pour votre santé, in revue internationale de santé publique, recueil d'article n°6 Bulletin de l'OMS

* 24 Déclaration d'un porte-parole des entreprises pharmaceutiques américaines, in alternative Sud, mars 2004 p15.

* 25 GOITA Mamadou, (2004), notes du cours sur l'ingénierie du projet de développement UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.

* 26 CHUP-CDG (2004) Plan d'action 2005, Ouagadougou.

* 27 ex Boulevard circulaire de la jeunesse

* 28 NIZET Jean et PICHAULT François, (1995), comprendre les organisations, Mintzberg à l'épreuve, Editions Europe

* 29 NIZET Jean et PICHAULT François ; (1995). Id.

* 30 NIZET Jean et PICHAULT François, (1995), id.

* 31 NOYE Didier et PIVETEAU Jacques, (2000), Guide pratique du formateur, concevoir, animer et évaluer une formation, INSEP CONSULTING Editions.






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault