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Essai de modélisation de l'inflation en Algerie

( Télécharger le fichier original )
par Hossein et Sami Satour et Diaf
I N P S Alger - Statistique appliquée 2007
  

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Section II : L'INFLATION Introduction :

L'inflation est le problème économique le plus important de notre temps, parce qu'elle touche à des degrés divers non seulement tous les pays du monde, mais aussi les catégories sociales et professionnelles d'une nation. C'est aussi un phénomène complexe aux aspects variés et omniprésent dans la vie économique contemporaine.

Elle est considérée aussi comme un phénomène majeur de la seconde guerre mondiale, multiforme par l'échelle (inflation rampante, hyper-inflation), la durée (inflation courte, inflation longue) ou le lieu (pays industrialisés, pays en développement).

Le terme inflation provient du latin << inflatio >> qui signifie : - enflure - et désignant à l'origine une augmentation abusive de la quantité de papier monnaie. Par la suite, le mot << inflation >> indique un accroissement généralisé, cumulatif et auto-entretenu des prix.

Le phénomène inflationniste en Algérie remonte au début des années 1980 et s'est dangereusement accéléré au cours de la décennie suivante (années 1990).

C'est avec la mise en oeuvre de la politique de développement que les prémices de ce phénomène sont apparues.

2.1 Définition de l'inflation :

On définit l'inflation comme étant un processus de hausse de prix résultant de la diminution du pouvoir d'achat de la monnaie.

C'est aussi, selon C.Fontaine :? Un mouvement de hausse généralisée mais dispersée de prix et qui est une insuffisance relative à un certain moment des offres spontanées par rapport aux demandes formulées aux prix courants du début de la période d'analyse. ?

Cette définition impose deux clarifications essentielles :

- Tout les prix ne se relèvent pas ; certains peuvent demeurer stables voir baisser et les prix ne s'élèvent pas à la fois et au même rythme. On observe ainsi un phénomène de dispersion qui est considéré comme une règle générale. Prix agricoles et prix industriels ne se relèvent pas au même rythme, les prix les plus sensibles sont ceux des denrées alimentaires.

- La mesure du taux d'inflation est bien difficile, elle vaut ce que valent les indices des prix utilisés. Plus la période s'allonge plus la marge d'erreur de ces instruments nécessairement imparfaits augmente.

Selon la conception initiale et conformément à l'étymologie, l'inflation a d'abord été considérée comme l'enflure de la masse monétaire, principalement des billets en circulation : il y avait inflation quand la banque centrale émettait trop de billets.

Quoi qu'il en soit, l'inflation continue d'être envisagée comme un incident de la conjoncture économique.

2.2 Mesure du taux d'inflation :

Le taux d'inflation est le pourcentage de variation du niveau général des prix et se mesure de la manière suivante :

niveau des prix (année t) - niveau des prix (année t-1)

Taux d année t

'inflation () = × 100

niveau des prix (année t-1)

2.3 Les causes de l'inflation :

· Par la monnaie

- Théorie quantitative de la monnaie P × T = M × V
(Prix × Transactions = monnaie × vitesse de circulation).

- Rôle de la vitesse de circulation de la monnaie.

- Laxisme des autorités monétaires.

- Anticipations inflationnistes.

· Par la demande

- Insuffisance de la capacité de production.

- Baisse de la propension à épargner.

- Déthésaurisation.

- Entrée de revenus supplémentaires (excédent de la balance commerciale, entrée de capitaux...).

- Dépenses à effets productifs différés.

- Déficit budgétaire.

- Augmentation des dépenses « improductives».

· Par les coûts

- Croissance des salaires plus rapide que celle de la productivité.

- Charges sociales.

- Épuisement des matières premières.

- Coût des importations.

- Dépréciation de la devise nationale.

- Coût de l'endettement.

- Pression fiscale.

. Par les structures

- Rôle des syndicats.

- Législation sociale.

- Concentration de l'appareil productif. Rôle des firmes «motrices».

- Recherche d'une stabilité du taux de profit.

- Globalisation des négociations en matière de revenus.

- Inégalité des conditions de production. Inflation de productivité.

- Validation par l'État des créances privées.

2.4 L 'impact de l'inflation :

L'identification des coûts de l'inflation s'est avérée être une tache très difficile. Nous avons remarqué ci-dessus qu'au cours de périodes inflationnistes tous les prix et les salaires n'évoluent pas au même taux ; c'est à dire que les prix relatifs se modifient. Deux conséquences bien précises apparaissent à la suite de la modification des prix relatifs :

· Une redistribution du revenu et de la richesse entre les différentes classes.

· Des distorsions des prix relatifs et des productions des différents biens, ou parfois de la production et de l'emploi dans toute l'économie.

Les conséquences sur le revenu et sur la répartition de la richesse :

Le principal impact de l'inflation au niveau de la répartition s'exerce par l'intermédiaire de son effet sur la valeur réelle de la richesse des agents. Généralement, l'inflation non anticipée opère un transfert de richesse des créanciers vers les débiteurs (c'est-à-dire que l'inflation non anticipée ou non prévue favorise ceux qui ont emprunté de l'argent et lèse ceux qui ont prêté de l'argent). Une baisse non anticipée de l'inflation exerce des effets inverses.

Cas spéciaux : Les états constatent que le poids de leur dette se fait plus léger en période d'inflation. Celui qui place son argent dans des biens immobiliers ou achète de l'or réalise un bon profit au cours d'une inflation imprévue.

La conclusion essentielle est que l'inflation remue en profondeur revenus et actifs, redistribuent au hasard la richesse parmi la population avec un impact assez faible sur chaque groupe particulier.

Les conséquences sur la production et sur l'efficience économique :

L'inflation influe sur l'économie réelle dans deux domaines spécifiques : elle affecte la production totale et elle influence l'efficacité économique.

Les impacts macroéconomiques :

Les macroéconomistes d'aujourd'hui pensent qu'il n'y a pas de relation nécessaire entre prix et production. Une augmentation de la demande globale accroît à la fois prix et production ; mais un choc d'offre, en déplaçant vers le haut la courbe d'offre globale, augmente les prix et diminue la production. Donc, l'inflation peut être associée aussi bien à un niveau plus élevé que plus faible de la production et de l' emploi.

Les impacts microéconomiques :

L'impact microéconomique sur l'efficience microéconomique constitue une autre conséquence plus subtile de l'inflation. En général, plus le taux d'inflation est fort, plus sont importantes les distorsions des prix relatifs qui apparaissent quand les prix ne sont plus en rapport avec les coûts et les demandes.

2.5 L 'inflation importée :

La hausse des coûts des importations, l'augmentation de la liquidité et l'accroissement des revenus sont 3 facteurs avancés pour expliquer le développement de l'inflation importée.

1- La hausse des coûts des importations :

Lorsque le prix des matières premières, des semi-produits, des biens d'équipement ou des biens de consommation importés augmente, les entreprises enregistrent un accroissement de leurs coûts de production qu'elles répercutent mécaniquement dans les prix de ventes intérieurs.

2- L'augmentation de la liquidité :

Elle se relie à la théorie quantitative de la monnaie dans la mesure où elle soutient qu'un afflux de devises accroît la liquidité de l'économie et provoque des variations de même sens du niveau des prix. Cet afflux provient de l'excédent de la balance des paiements courants ou des mouvements autonomes de capitaux engendrés par les différences de taux d'intérêt entre place financières et par les prévisions de réévaluation de la monnaie nationale.

3- L'accroissement du revenu :

Lorsqu'une économie enregistre une croissance de la demande étrangère et lorsque sa balance des paiements courants devient excédentaire, le surplus d'exportations accroît le revenu national et la demande globale intérieure. En période de plein-emploi, cet excès de demande est inflationniste. Cette thèse fait appel aux effets multiplicateurs des échanges extérieurs sur le revenu national.

2.6 Historique sur l'inflation en Algérie :

En ce qui concerne l'évolution de l'inflation en Algérie, on distingue deux périodes distinctes l'une de l'autre :

1° Période (1962-1989) : Au lendemain de l'indépendance, les autorités algériennes ont adopté un modèle de croissance socialiste axé sur la planification centralisée où les prix étaient fixés par l'Etat.

Cette fixation était prise en charge par un système de régulation et d'allocation des ressources, ce qui a maintenu artificiellement l'inflation à un niveau raisonnable et par conséquent, il a permis la stabilisation du pouvoir d'achat de la population.

Durant cette période, l'intervention de l'administration s'opérait sur les trois niveaux des prix à savoir :

- Les biens importés : qui étaient déterminés dans le but de protéger la production nationale. Si le prix d'achat d'un bien importé était inférieur au prix du produit local, l'importateur doit verser la différence compensatoire au trésor. Par conséquent, l'inflation importée, dans un contexte de taux de change fixe, est inévitable du moins pour les biens de consommation importés et redistribués sur le marché national.

- Les prix industriels et services locaux : Leurs prix étaient soumis à deux régimes, le premier institué en 1966 faisait dépendre la fixation des prix à la production d'une décision du Ministère du Commerce, pour le deuxième datant de 1968, il bloque tous les prix industriels à la production et des services à leurs niveaux du 1er janvier 1968.

Deux dérogations au principe du blocage sont acceptées : en cas de hausse des droits de douane ou des taxes indirectes.

Ensuite, les prix de détails et de gros sont calculés sur la base des prix de production (homologués ou bloqués) majorés des marges centralisées fixées en valeur fixe ou en valeur absolue.

- Les prix agricoles : Les prix à la production et à la distribution des fruits et légumes des secteurs autogérés et coop ératifs étaient publiés tous les quinze (15) jours par une commission de Wilaya.

Ainsi durant cette période, le taux d'inflation était plus ou moins modéré grâce aux efforts des autorités algériennes pour maintenir la stabilité des prix.

En 1975, l'Algérie a adopté une politique de détermination de prix sur la base du prix de revient; l'indice des prix à la production industrielle ayant connu une augmentation.

Le taux moyen d'augmentation des prix de la production industrielle passait de 4% entre 1969-1974 à 11% entre 1975-1980. Celui de la production agricole passait de 13% entre 1969-1974 à 31% entre 1975-1980.

Cette tendance persistera durant les années 1980 où le taux d'inflation annuel s'établissait approximativement à 9%.

2° Période (1990 a nos lours) :

Evolution de l'indice général des prix et de sa variation (1990 à
nos jours).

700 600 500

35

30

25

10

200
100
0

5

0

400

20

300

15

Figure 2

L'Algérie a connu durant cette période une inflation galopante(1), le taux d'inflation annuel passant de 17.87% en 1989 à 25.88% en 1991 pour atteindre un pic de 3 1.68% en 1992.

On peut expliquer cette hausse par deux facteurs :

- L'accélération du processus de libéralisation des prix, amorcé en 1989, faisant passer 85% des prix au régime libre.

- La forte dévaluation du dinar algérien survenue pour contrer la détérioration des
termes de l'échange qui a engendré un renchérissement des produits importés.

(1) On appelle «inflation galopante» l'inflation à deux ou trois chiffres de 20, 100 ou 300 pour cent par an.

La situation économique de l'Algérie s'est gravement détériorée en 1994, et les déséquilibres macroéconomiques ont persisté à cause de la baisse importante des prix du pétrole, ce qui a conduit les autorités algériennes à mettre en place un programme d'ajustement structurel appuyé par le Fond Monétaire International (FMI).

Dans ce contexte l'état était amené à améliorer sa situation économique et à laisser tomber le système de réglementation des prix en avril 1994, pour la libéralisation des prix; cette suppression du contrôle sur les marges bénéficiaires a touché la majeur partie des produits de base sauf le sucre, les céréales, les huiles comestibles et les fournitures scolaires. La réglementation des prix est maintenue uniquement pour les trois denrées alimentaires de base à savoir : la farine, la semoule et le lait.

L'élimination des subventions pour les produits alimentaires et énergétiques a engendré une augmentation de leurs prix à raison de 100% entre 1994-1995 et de 60% entre 1995-1996.

Sous l'effet de la libération des prix et de la deuxième dévaluation du dinar, le taux d'inflation s'est envolé à 38.4%. Mais il n'a pas tardé a chuter à 21.9% fin 1995 pour se stabiliser autour de 5% en 1998 et 2.64% en 1999 et encore 0.34% en 2000, et il est a noté qu'il n'a pas dépassé les 5% jusqu'à nos jours.

La tendance à la maîtrise de l'inflation s'explique par :

- Une austérité budgétaire : le solde budgétaire global exprimé en pourcentage du PIB a atteint un excédent de 10% en 2000 contre un déficit de 8.7% en 1994, ce qui a largement contribué à comprimer la demande globale.

- Une politique monétaire restrictive : le ratio de liquidité M2

PIB

taux de 12% en 2000 contre 45.8% en 1998.

(1) a enregistré un

 

- Une politique de revenus rigoureuse : les salaires ont diminué de 30% en termes réels au cours de la période 1993-1996. En outre, l'absence de mécanisme d'indexation généralisée a largement limité l'inflation.

Cette stabilité des prix est le fruit du programme d'ajustement structurel appuyé par le FMI et qui a comme objectif de stabiliser les prix à un niveau comparable à celui des partenaires commerciaux.

Il importe de souligner que l'Algérie a renforcé, d'une manière soutenue, la stabilité macro financière au cours des années 2000-2005, tout en réalisant une performance économique robuste en termes de forte croissance (plus de 5% en moyenne annuelle) et de maîtrise de l'inflation (1,6% en 2005) grâce aux recettes pétrolières engrangées qui ont connu un boom sans précédent.

(1) M2 correspond à M1 + les dépôts à termes, (M1 correspond aux billets, pièces et dépôts à vue).

Après la stabilité monétaire qui a émergé en 2005, l'inflation continue d'évoluer favorablement au premier et second semestre 2006, comme en témoigne la hausse modérée des prix à la consommation mesurée par la variation de l'indice annuel moyen de 2,5 % en 2006 contre 1,6 % pour l'année 2005. Cependant et en glissement annuel, le taux d'inflation est passé de 1,66 % fin décembre 2005 à 1,97 % fin juin 2006, pour ensuite grimper à 4,44 % fin décembre 2006 sous l'effet d'une hausse significative des prix des produits alimentaires (Figure 3) et, particulièrement, ceux des produits agricoles frais.

Le rythme moyen annuel de l'inflation s'est considérablement ralenti en 2005 par rapport à celui de 2004 (3,6 %) et celui de 2003 (2,6 %). La bonne tenue des prix s'est bien confirmée en 2005, avec un rythme qui est tombé à 1,6 % en moyenne annuelle et 1,7 % en glissement, reflétant des politiques budgétaires et monétaires prudentes.

A noter que l'inflation au premier semestre 2006 est générée essentiellement par la hausse des prix des services (logement et charges, transports et communication), alors que celle des produits alimentaires est modérée (Figure 3).

1990m1 1995m1 2000m1 2005m1

time

Indice général des prix Alimentation;boissons non alcoolisées

Habillement; chaussures Logement; charges

Meubles; articles d'ameublement Santé; hygiene corporelle

Transport et communication Education; culture; loisirs
Divers (NIA)

Figure 3

L'évolution des prix en 2006 témoigne que l'inflation fondamentale reste modérée et maîtrisée, mais que la variation brute de l'indice est essentiellement générée par des hausses saisonnières et erratiques des prix des produits agricoles frais insuffisamment régulés.

Pour conclure, l'Algérie a subit une inflation refoulée qui s'est manifestée par des pénuries généralisées, files d'attentes et différents formes de marchés parallèles. La libéralisation des prix associée à la dévaluation du dinar était la cause principale de l'accélération du processus inflationniste qui atteignit un pic record de 38.4% en 1994. Cependant, depuis 1996 le taux d'inflation s'est caractérisé par une tendance baissière qui est le résultat d'une politique économique mise en oeuvre dans le cadre du programme du FMI qui permit la maîtrise de l'inflation et la relance de l'économie nationale.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius