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Problématique de la contribution de l'alphabétisation des femmes à l'amélioration de la santé communautaire en milieu urbain: Cas de Cotonou en république du Bénin

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par Marcellin KOBA
Université d'Abomey-Calavi - Conseiller Principal de Jeunesse et d'Animation, option ANDRAGOGIE 2005
  

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3.2- ANALYSE ET COMMENTAIRE DES RESULTATS

Notre recherche a pour but d'étudier les objectifs des programmes d'alphabétisation et d'éducation des adultes femmes notamment au plan sanitaire face aux exigences du milieu urbain. Pour se faire, nous l'avons subdivisée en des objectifs spécifiques dont la réalisation nous a conduit vers les acteurs concernés.

Un objectif est un état futur désiré par rapport à une situation jugée insatisfaisante auquel doit conduire une/des actions. Selon, R. F. Mager, c'est une intention communiquée par une déclaration qui décrit la modification que l'on désire provoquer chez l'apprenant, déclaration précisant en quoi l'apprenant aura été transformé, une fois qu'il aura suivi tel ou tel enseignement [25]. L'objectif est identifié à partir des besoins dont la satisfaction transformerait l'apprenant. Pour formuler un objectif, il faut partir des besoins identifiés chez les bénéficiaires et prendre en compte leurs aspirations, analyser les moyens disponibles et les méthodes à utiliser pour atteindre les objectifs formulés. La concrétisation de l'objectif doit prendre par un programme de formation.

Un programme de formation ne saurait être le résultat d'une accumulation non sélective des connaissances au cours des siècles, mais il devrait être façonné de manière sélective en fonction du but pédagogique à atteindre. Dans ce cadre, c'est en vue de corriger les comportements qui sont en mesure de retarder le processus de développement et d'amener les populations, quelque soit leur niveau de vie, à participer au changement ; en commençant par elles-mêmes [25]. Un programme est l'aboutissement de la définition des tâches et doit découler de l'identification et de l'étude des besoins, en tenant compte des ressources disponibles et en indiquant de manière claire et précise le type de changement attendu des participants aux programmes.

Ainsi, la dynamique à suivre pour concevoir les programmes à proposer en alphabétisation aux adultes n'est pas observée, au vu des résultats obtenus. Il s'en dégage alors que le processus ne pourra pas atteindre les objectifs escomptés. Pour BERNARDO B. I. A. [11] l'objectif des programmes d'alphabétisation devrait induire des changements dans les habitudes des membres de la communauté alphabètes ou non. Par ailleurs, l'évolution d'une communauté par l'intégration d'un plus grand nombre de pratiques fondées sur l'écrit transforme la façon dont les membres conçoivent leur vie par l'intermédiaire de ces pratiques.

La définition de ces objectifs doit obéir à la logique des besoins identifiés au sein des populations et auxquels on veut tenter de trouver des solutions. Nous avons constaté que les objectifs des programmes d'alphabétisation et d'éducation des adultes sont bien formulés. Mais ils s'inscrivent dans le cadre des objectifs institutionnels qui sont entre autres l'éradication de l'analphabétisme de la population. Ces objectifs prennent le pas sur l'activité et ne permet pas de prendre directement en compte les besoins des participants. La preuve est que plusieurs femmes sont encore insatisfaites malgré leur engagement à savoir lire et écrire dans leur langue. Aussi, les réalités liées à la santé ne sont-elles pas clairement abordées en général bien que les programmes soient parfois orientés vers certains besoins des femmes. Il faudrait définir également les objectifs intermédiaires en fonction des cibles et en tenant compte de leurs besoins spécifiques. Les objectifs ne devraient pas rester figés dans le temps mais une évaluation périodique des effets de ces actions doit conduire à une réorientation et une actualisation des connaissances à transmettre aux éducants.

En outre, bien que la DEPOLINA [13] ait prévu que ce soit plus par nécessité que les campagnes soient lancées, la spécificité du milieu urbain ne fait l'objet d'aucune préoccupation particulière. La question de l'analphabétisme dans les grands centres urbains comme Cotonou reste moins perceptible par les autorités qui en ont la responsabilité. Aussi, l'analphabétisme est-il beaucoup plus perçu comme étant l'apanage des milieux ruraux alors que le phénomène de l'exode rural a fait envahir les grandes villes de cette même population analphabète à la quête du mieux être.

En effet, à Cotonou, malgré la disponibilité et l'accessibilité relatives des infrastructures nécessaires à une "atmosphère lettrée", les populations issues de l'exode rural en général et les femmes en particulier (15 ans et plus), n'ont pas les moyens d'intégrer le système formel d'éducation. Il n'existe cependant pas une structure prête à les accueillir et à leur assurer de façon systématique, une éducation adaptée à leur mode de vie et leurs activités socio-économiques. Elles commencent très trop une vie conjugale sans aucune préparation préalable aux exigences de ce nouveau monde. Elles s'exposent et, par ricochet, exposent toute la famille aux risques des mauvaises pratiques liées à l'ignorance des principes sanitaires par exemple.

Dès que les objectifs sont bien formulés et adaptés aux besoins identifiés, le contenu des programmes pourrait refléter le type de connaissance à transférer en fonction des changements attendus des bénéficiaires. En outre, les questions telles que la lecture des notices de médicaments, le respect des rendez-vous consignés dans les carnets de santé des femmes, la posologie des médicaments quand il y en a plusieurs ne sont pas encore réglées, malgré ce qui est proposé. Rappelons que déjà des efforts sont faits dans ce domaine par l'invention de quelques signes conventionnels par les agents de santé pour aider les femmes. Enfin, les conditions de vie des femmes en milieu urbain qui exigent beaucoup d'elles pour leur survie et leur épanouissement, ne figurent pas dans les objectifs et par conséquent, le contenu n'en tient pas compte.

Les contenus tels que développés dans les documents officiels ne sont que la résultante des objectifs formulés en amont. Nous remarquons ici l'adéquation entre objectif et contenu sur des problèmes à régler. Mais les contenus ne donnent pas clairement de précision sur les notions d'ordre sanitaire à développer dans le déroulement du programme. Ces contenus devraient intégrer de nos jours les dimensions liées au quotidien de la femme ; car elle occupe un rôle central dans notre société. Le bien-être de la famille, l'éducation familiale des enfants, les activités domestiques et surtout la prise en charge et la gestion des problèmes de santé de tous les membres d'une famille etc. relèvent des compétences et du savoir-faire de la femme. Mais sans une connaissance adéquate, elle ne saurait bien remplir ses devoirs sans risques de compromettre la santé de la famille. Pour Mbow P. [20], l'alphabétisation trouve sa raison d'être dans l'amélioration du niveau de vie des femmes. L'accès aux informations et aux systèmes de communication prennent de l'ampleur dans un contexte alphabétisé : une mère incapable de lire la notice d'un médicament pour la réhydratation par voie orale (RVO) perd plus facilement son enfant. L'échec du planning familial au Sénégal est à chercher du côté de l'analphabétisme des femmes.

L'alphabétisation et l'éducation des adultes restent le seul créneau où elles peuvent acquérir des connaissances utiles. Les questions de santé maternelle et infantile, la santé de la reproduction, le contrôle de la grossesse, les visites pré et post natales, la médication, constituent des domaines assez sensibles où une formation adéquate est nécessaire pour y faire face.

Mais au cours de nos enquêtes, nous avons remarqué qu'il faut profiter souvent de l'occasion d'une autre connaissance à donner pour aborder ces questions de santé. Il se pose la question de l'aptitude de chaque animateur à bien aborder l'élément en question.

En outre, les femmes participant à ces programmes ne sont pas toutes satisfaites des savoirs donnés car elles estiment qu'il y a encore des choses à leur faire connaître. Les études ayant conduit à l'identification des besoins sur lesquels les objectifs ont été formulés et les contenus proposés, ne sont plus les mêmes de nos jours. Il se pose alors le problème de l'actualisation des programmes sur la base des nouveaux besoins ou des exigences du milieu où est exécuté le programme. Le contenu des programmes ne s'adapte plus aux besoins présents des bénéficiaires. Les savoirs transmis sont aussi fonction de l'état d'avancement dans le programme en cours. Ainsi, il y a des besoins sanitaires à des moments donnés qui ne sont pas suffisamment comblés. On note que chacune de ces ONG, compte tenu de son programme d'activités périodiques à exécuter dans le temps peut parfois avancer sans que les notions n'aient induit le changement attendu.

L'éducation des adultes requiert des principes que doivent connaître et savoir pratiquer les intervenants dans le domaine. Un adulte a déjà des expériences et toute connaissance à lui transmettre doit se faire dans une situation d'échange, de partage et de dialogue. L'animateur n'est pas le détenteur de tout savoir pour se faire maître de la séance. Les théories de l'animation des adultes proposent plusieurs variantes en fonction des cibles et du savoir à acquérir. La communication soutendue par image, le théâtre de développement, le système d'apprentissage opérationnel (SAO), la communication pour un changement de comportement (CCC) sont très adaptés aux situations que vivent les femmes en milieu urbain. Par exemple, dans le cadre d'une recette pour l'alimentation équilibrée des enfants, on demande aux femmes, après avoir identifié les composantes d'un repas équilibré, de le faire sur place pour rendre plus concret ce qui est enseigné. Il est nécessaire de les informer de tous les substituts de certains ingrédients en fonction des coûts et de la disponibilité.

Les résultats de notre enquête nous montrent que les méthodes utilisées par les acteurs permettent aux participantes de pouvoir retenir plus avec un peu d'effort les savoirs transmis et de les appliquer dans leur vie quotidienne. Nous estimons que la méthode est bien adaptée à cette cible ; car la communication par image dans une approche participative facilite la rétention des notions apprises et de leur mise en application. La méthode utilisée par les structures chargées de l'alphabétisation convient bien à l'atteinte d'objectifs. Les femmes seraient capables d'acquérir et de mettre facilement en pratique les connaissances reçues au cours de ces séances.

Mais, la notion de participation des bénéficiaires n'est pas bien perçue dans la conception de ces programmes, car ces femmes ne sont qu'à une phase du processus à savoir l'identification des besoins. Leur adhésion est sollicitée au cours de la phase d'exécution des activités. C'est ce qui justifie que ce soit 71,42% des femmes interrogées qui soient capables de citer les éléments abordés au cours des séances ; alors que ce contenu est connu à 100% des responsables et des animateurs. La flexibilité de l'animateur à adapter sa séance l'aspiration des adultes est aussi caractéristique des principes de l'andragogie.

Il est important de mettre en place un système d'évaluation des acquis suivant une docimologie adaptée aux adultes. Les insuffisances des programmes développés de nos jours dans le cadre de l'alphabétisation dénotent d'une mauvaise identification des besoins et une non adaptation à l'évolution des besoins sociaux et actuels des cibles.

Ces résultats obtenus nous permettent d'affirmer que l'objectif général de notre recherche est atteint. Le cadre d'étude choisi qui est la ville de Cotonou est une référence pour l'analyse des grands phénomènes sociaux tels que la question de l'alphabétisation des femmes en milieu urbain. Notre population d'étude qui prend en compte les femmes qui suivent ces programmes et les responsables de programmes et animateurs des ONG ayant l'éducation des adultes notamment l'alphabétisation comme activités, nous a permis de recueillir des données pertinentes qui reflètent la réalité du milieu.

Fort de cette situation, il est assez dubitable de considérer que des questions de santé communautaire soient intégrées sans ambages dans ces programmes qui sont élaborés. Nous reconnaissons l'effort déployé par les ONG telles que AFAC et RACINES, qui essaient de suppléer à cette défaillance de l'autorité gouvernementale. Toutefois, leurs moyens tant financiers que matériels étant limités, elles n'arrivent pas à bien répondre à toute la sollicitation de la cible. C'est pourquoi, il reste encore des points de faiblesse dans les programmes développés surtout dans le domaine sanitaire. L'autonomie des femmes dans ce domaine dépend de la formation qu'elles ont reçue en participant à ces programmes. Il manque en partie l'aspect du suivi des effets induits par les séances au cours des campagnes pour l'amélioration des conditions de vie des femmes. La maîtrise des thèmes prioritaires de l'OMS en matière de santé qui sont la nutrition, l'hygiène et la protection maternelle et infantile, ne saurait être l'apanage d'une ONG dans le souci d'aider une grande couche de la population urbaine. Il urge alors que les séances d'IEC développées par l'ONG RACINES soient extensibles aux femmes suivant les programmes de AFAC dans le cadre d'un partenariat entre les deux structures.

Pour répondre au mieux aux exigences d'une telle recherche, nous avons consulté les travaux déjà réalisés dans le domaine. Ici, le constat a été qu'aucun auteur ne s'est préoccupé explicitement de la contribution de l'alphabétisation à l'amélioration de la santé communautaire des femmes. Toutefois, en répondant aux besoins dans d'autres domaines, certains auteurs ont balisé le chemin pour émettre et développer une pareille réflexion.

Notre travail peut, au vu des difficultés que nous avons rencontrées sur le terrain au cours de l'enquête proprement dite, contenir des biais. Les différents acteurs interrogés ne nous ont peut-être pas toujours donné les informations telles qu'elles se présentent dans la mesure où on constate un écart entre leurs pratiques et les notions qu'elles sont supposées maîtriser. Par ailleurs, les responsables de ces programmes probablement par soucis d'arranger l'image de leur structure, nous ont empêché d'avoir accès à des informations qui seraient d'une utilité certaine dans notre travail. Des animateurs ont opposé un refus à l'enregistrement sur support audio de l'entretien que nous avons eu avec eux en avançant quelques alibis d'ordre professionnel. Les ONG craignaient de laisser à la portée d'une personne étrangère à leur structure des documents dits confidentiels tels que les fiches de contrôle ou cahier de l'animateur.

Malgré ces imperfections, les résultats auxquels nous sommes parvenus dépeignent la réalité de l'exécution des programmes d'alphabétisation et d'éducation des adultes.

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