WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Autonomisation de la femme et probleme de genre en RDCongo

( Télécharger le fichier original )
par jacques LUFUTA MISENGA
Université de Kinshasa - License 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Tableau 3 : Pourcentages de la population par grands groupes d'âge

Groupe d'âges

URBAIN

RURAL

ENSEMBLE DU PAYS

 

H

F

Total

H

F

Total

H

F

Total

0-14

22,9

23,2

46,1

24,4

24,5

48,9

23,9

24,1

48,0

15-59

24,5

26,1

50,6

22,8

24,7

47,5

23,3

25,2

48,5

60 et +

1,7

1,5

3,3

1,7

1,9

3,6

1,7

1,8

3,5

TOTAL

49,2

50,8

100

48,9

51,1

100

49,0

51,0

100

Source : Enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes MICS 2/2001, p. 50.

Au regard de ce tableau nous constatons que c'est dans la tranche dite active (15-59 ans) que les femmes sont majoritaires. Dans cette tranche en effet, le rapport de masculinité est de 92.7 hommes pour 100 femmes. Si l'on estime la population congolaise à près de 60 millions d'âmes (une estimation naïve), cela nous donnerait 30.600.000 femmes dont 15.120.000 de femmes âgées de 15 à 59 ans contre 13.980.000 d'hommes dans la même tranche d'âge.

Lorsque nous parlons de la condition de la feminine nous ne pouvons oublier de mentionner le poids social qu'elle porte dans toute société. La répartition des femmes de 15 ans et plus selon l'état matrimonial montre qu'il y a en RDC 58% de femmes en union (mariées et unies de fait) contre 32 % de femmes célibataires et 10 % de femmes désunies(divorcées ou separées et veuves). Ces proportions diffèrent toutefois assez sensiblement selon le milieu de résidence. En milieu urbain, la proportion de femmes en union est plus faible qu'en milieu rural (51% en milieu urbain et 61% en milieu rural). Il y a aussi plus de femmes célibataires en milieu urbain (30.9 %) qu'en milieu rural (20.5 %). Enfin, il faut souligner que l'âge moyen au premier mariage est de 21 ans chez la femme en 2001, cet âge moyen n'a pratiquement pas changé depuis 1984 et que la fécondité reste élevée car une femme a en moyenne 7,1 enfants au cours de sa vie féconde. Le taux d'analphabétisme est aussi resté plus élevé pour les femmes que pour les hommes: dans l'ensemble du pays, 44 % de femmes sont analphabètes en 2001 contre 19 % seulement d'hommes. Ce grand écart est principalement dû aux différences constaté en milieu rural: 55 % de femmes analphabètes contre 24.4 % d'hommes alors qu'en milieu urbain l'écart est de 20.6 % pour les femmes contre 7.3 % pour les hommes.

La dégradation des conditions de vie des Congolais à la suite de mauvaises performances enregistrées par l'économie nationale depuis l'accession du pays à l'indépendance est un fait établi et suffisamment documenté. Le bilan économique après l'indépendance est désastreux :


· le PIB par habitant a été ramené de 377 dollars en 1956 à 119.3 dollars en 200315(*) ;


· la taille globale de l'économie au début des années 2000 est revenue à son niveau de 1957 alors que la population a triplé au cours de la même période, passant de 13 174 883 habitants à une population approximative de 53 millions d'habitants16(*) en 2000;


· la valeur ajoutée a diminué dans tous les secteurs; pour la plupart de secteurs, la production et même la consommation ont chuté en-dessous des niveaux atteints en 195817(*) ;


· le réseau de transport et de télécommunications est en lambeau le nombre de route laissé par le colonisateur est en net recul ;


· le capital humain ne s'est pas développé au même rythme que la population globale: en effet les effectifs des élèves admis en dans le cycle primaire sont tombés de 95% en 1972/73 à 52 % en 2000/01; les infrastructures scolaires sant dans un état de délabrement treès avancé; insuffisamment financé(moins de 10 % des recettes de l'Etat18(*);


· les infrastructures et autres équipements urbains n'ont pas suivi le rythme de croissance de la population urbaine, d'où une grave crise de logements décents, l'occupation grandissante des terrains à risques, et la prolifération des maladies infectieuses dues à de mauvaises conditions sanitaires19(*),


·l'insécurité dans tout le pays que ce soit à l'intérieur comme à la capital

La RDC s'était engagé dans une série de politiques de stabilisation économique qui ont eu des coûts sociaux très élevés. La transition politique engagée depuis 1990 a imposé à son tour des coûts sociaux à la suite de la regression de l'activité économique nationale, de la nucléarisation des structures de l'administration publique, et du désengagement de l'Etat des structures de l'offre des services publics de base, notamment la santé et l'éducation.

La dégradation du tissus économique s'est accélérée à partir de 1990 à la suite de la suspension de l'assistance structurelle au développement et de l'interruption des relations avec les institutions de Bretton Woods :


· la baisse de la production s'est accélérée dans tous les secteurs. Selon la Banque Centrale congolaise, le PIB a baissé de 5.5% par an en moyenne durant la période 1997-2000, effondrement du taux d'investissement brut jusqu'à 1/5ème de la moyenne africaine;


· l'hyperinflation s'est raffermie: les taux annuels d'inflation au début des années 90 dépasse généralement 1 000 % (quatres chiffres);


· le désordre des finances publiques: en 2000 il y a eu d»terioration des échanges extérieurs et explosion du service de la dette jusqu'à 800% des exportations;


· la démonétisation de l'économie: érodé par l'hyperinflation et les déséquilibres des paiements extérieurs, la monnaie locale perd continuellement sa valeur. Ce mouvement est accéléré par les effets pervers de la réforme monétaire manquée du 22 octobre 1993 qui créa une nouvelle unité monétaire, le Nouveau Zaïre (NZ), en remplacement du Zaïre qui était l'unité monétaire depuis 1967. Minées par une crise des liquidités en monnaie locale, les banques perdent la confiance de leurs clients et la monnaie scripturale sa nature d'instrument de paiement.

C'est dans ce contexte politique et économique extrêmement chargé de tension qu nous assisterons aux événements malheureux des pillages de septembre-octobre 1991 et février 1993. Bien que ces événements apparaissent comme étant une réaction contre l'appauvrissement, ils eurent pour conséquence immédiate la destruction d'une importante partie de l'outil de production des entreprises provoquant l'arrêt de la production dans plusieurs de ces entreprises et la mise au chômage de milliers de travailleurs.

Six mois après l'arrivée la chute du régime de Mobutu, on remarqua une nette amélioration de la situation économique: l'inflation s'estompe à trois chiffres dont 511.2% en 2000 et la valeur de la monnaie locale se stabilise. Mais la production et l'investissement tardent à repartir; la situation des finances publiques ne s'améliore pas; les revenus restent bas; et la précarité des conditions humaines et sociales de vie a persisté. La nouvelle monnaie, le franc Congolais, dérape quelques mois après son lancement suite à la guerre qui a été imposé au Gouvernement, cette dernière engagera des dépenses de guerre non prévues jusqu'alors.

Après le meurtre du président L.D.Kabila en 2001 vint le regime de J. Kabila qui est venu avec un reguin d'espoir avec une reprise de la confiance des institutions `conomiques internationales, mais du point de vue social le bien être tarde à venir et les maux passés qui ont suivi la chute du regime Mobutu

C'est en ces quelques lignes que nous pouvons faire l'histoire économique de notre pays rien que pour une période donnée. Dans cette économie, il n'y a pas de ligne de démarcation nette entre l'économie formelle et l'économie informelle. La meilleure illustration de cette affirmation est le fait que de grandes entreprises de l'économie formelle s'approvisionnent (ou s'approvisionnaient) en devises auprès de "mamans cambistes" qui, selon certaines définitions appartiennent, elles, à l'économie informelle.

Nous allons maintenant essayer de situer la femme dans cette économie particulière. Il est établi que l'économie congolaise se porte mal. Or, il est établi que quand la fortune économique tourne, les groupes vulnérables sont beaucoup plus frappés que d'autres groupes socialement et/ou politiquement plus forts. Les femmes, en tant que groupe vulnérable, ont donc été singulièrement frappées par une conjoncture économique particulièrement difficile. Deux indicateurs permettent de stigmatiser la précarité de la situation économique: le rationnement du financement et l'instabilité monétaire et financière.

L'économie congolaise souffre d'un déficit énorme de financement de son développement, tant sur le plan interne que sur le plan externe. Le financement intérieur est rationné à cause d'une faible mobilisation des ressources publiques, le manque d'efficacité du secteur bancaire, et la gourmandise de l'Etat qui accapare aujourd'hui près de 80% de crédits intérieurs à l'économie. Les crédits destinés au secteur privé étant de ce fait limités, la part qui pourrait revenir à ce que nous appelerons "l''économie au féminin" s'en trouve aussi réduite. Le financement extérieur est lui aussi rationné à cause principalement de la tiédeur des relations entre la RDC et les institutions de Bretton Woods. Les seules voies de transmission de fonds extérieurs à l'heure actuelle restent les ONG et l'assistance humanitaire. Pourtant, "l'économie féminine" a moins besoin d'assistance humanitaire que de crédits adéquats pour son épanouissement.

C'est l'instabilité monétaire et financière qui est le plus grand ennemi de "l''économie au féminin ". En effet, les femmes ont su mettre en place plusieurs mécanismes de survie pour ne pas être broyé par la précarité. Pour combler le déficit de financement, elles ont développé plusieurs mécanismes d'épargne populaire, le système de tontine ou LIKELEMBA par exemple. Aussi, pour accroître leur résistance aux multiples chocs internes et externes que subit cette économie (la plupart de ces chocs sont d'ailleurs tout simplement dus aux mesures de politique économique, par exemple la réforme monétaire d'octobre 1993, les modifications du taux de change, etc.), les femmes qui dominent le secteur de petites activités commerciales ont mis en place des mécanismes de gestion fluide leur permettant de sz deplacer d'un secteur d'activité dès que les marges bénéficiaires de leur secteur initial s'aménuisent à un autre secteur d'activité qui présenterait une alternative meilleure.

Pourtant, l'inflation est restée permanente. La perte du pouvoir d'achat de la monnaie nationale qu'elle entraîne érode les petites épargnes et menace la survie des petites activités qui souffrent principalement de la faiblesse de leurs fonds de roulement. Quand la mise initiale est érodée par l'inflation et donc la reconstitution des stocks devient impossible ou quand elle est engloutie dans une opération à haut risque (Inde, Dubai, etc.), il est souvent difficile à la plupart de femmes de redémarrer leurs activités sur des bases plus saines car, très souvent, elles doivent soit s'endetter, soit changer de secteur, soit encore accepter de repartir à petite échelle.

Le grand ennemi de la femme congolaise dans son rôle d'agent économique, c'est donc érosion monétaire. L'érosion du pouvoir d'achat frappe plus durement la femme car non seulement elle la frappe en tant qu'opérateur économique, mais la femme est aussi frappée en tant que ménagère, c'est-à-dire gestionnaire du bien-être de sa famille. Le plus souvent, le vase communicant entre le budget du ménage et celui de l'activité économique empêche l'épanouissement de cette dernière.

Jusqu'à présent il n'y a pas de solution particulière pour la femme car les questions de politique monétaire et fiscale concernent la nation entière et il est difficile de les particulariser. Nous ne pouvons oublier la mission du gouvernement qui est celle de maintenir les équilibres macro-économiques fondamentaux afin de protéger les épargnes des citoyens et de favoriser l'éclosion des activités économiques à travers le crédit. Il faut toutefois signaler que la politique sociale du gouvernement ne doit pas oublier de faire de certaines catégories de femmes des cibles particulières de son intervention. Il s'agit notamment de femmes "chefs de ménage". Une enquête (juillet 1999) a montré qu'à Kinshasa, 131 ménages sur 637 (soit 20.6%) sont dirigés par des femmes. Ces femmes sont dans la plupart de cas devenues chefs de ménage par veuvage ou par divorce ou séparation. Ce chiffre est à la hausse par rapport à la proportion calculée lors du recensement scientifique de 1984. Il est donc important que des études plus approfondies soient menées sur ce sujet afin de relever les causes de cette augmentation, les caractéristiques de ces ménages et leur degré de vulnérabilité.

* 15 Armand ZACHARIE, Stratégie DSRP/PPTE en R.D.Congo, Centre National de Coopération au Développement, Bruxelles, 2003, p 2.

* 16 Lire le mémoire présenté par le gouvernement de la R.D.Congo à la troisième conférence des nations unies sur les pays les moins avancés tenu à Bruxelles, 14-20 mai 2001.

* 17 Cfr. MUKOKO Samba, Forum sur la Contribution de la femme à la reconstruction de la République Démocratique du Congo, septembre 1999.

* 18 Lire le mémoire présenté par le gouvernement de la R.D.Congo Op. Cit. p. 26.

* 19 Cfr. MUKOKO Samba, Op. cit. p. 27

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway