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Accès à la microfinance, inégalité et pauvreté en Cote d'Ivoire

( Télécharger le fichier original )
par Ambroise ABANDA
Ecole Nationale Supérieure de Statistique (ENSEA) d'Abidjan-Côte-d'Ivoire en collaboration avec l'Université de Versailles - DESS en Analyses Statistique Appliquées au Développement 2004
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIREUnion - Discipline - Travail
--------------------Ministère de l'Enseignement supérieur
et de la Recherche scientifique
--------------------------Ecole Nationale Supérieure de Statistique
et d'Economie Appliquée
(ENSEA)Université de Cocody
Université de Versailles
Saint-Quentin-en-Yvelines

FRANCE

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Cycle de DESS Analyses Statistiques Appliquées au Développement

(DESS/ASAD)

ACCES A LA MICROFINANCE, INEGALITE ET PAUVRETE EN COTE D'IVOIRE

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE

Pour l'obtention du DESS ANALYSES STATISTIQUES

APPLIQUEES AU DEVELOPPEMENT

Option: Développement Local et Sectoriel

Présenté par :

ABANDA Ambroise

(2ème promotion DESS-ASAD)

Directeur de mémoire :

Dr. Kalilou SYLLA

Enseignant-Chercheur au CIRES

Avril 2004

Sommaire

AVANT-PROPOS 2

INTRODUCTION 3

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE 4

CHAPITRE II : PLACE DE LA MICROFINANCE EN CÔTE D'IVOIRE 7

CHAPITRE III : LES DÉTERMINANTS DE L'ACCÈS AU SYSTÈME FINANCIER 11

CHAPITRE IV : METHODOLOGIE DE L'ÉTUDE 14

CHAPITRE V : DESCRIPTION DES POPULATIONS ÉTUDIÉES 18

CHAPITRE VI : INTERRELATIONS ENTRE PAUVRETE, INÉGALITÉ ET ACCES A LA MICROFINANCE 24

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 30

BIBLIOGRAPHIE 32

ANNEXES 34

TABLE DES MATIERES 38

LISTE DES FIGURES 40

LISTE DES TABLEAUX 40

AVANT-PROPOS

Depuis l'année universitaire 2002/2003, le DESS en Analyses Statistique appliquées au Développement a ouvert ses portes à l'ENSEA, conformément à l'arrêté du 15 mai 2000 relatif aux études de 3e cycle et l'accord de partenariat entre l'ENSEA, l'Université de Cocody et l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Dans le cadre de leur formation, les étudiants de ce 3e cycle doivent produire à la fin de la phase d'enseignements théoriques, un mémoire de fin de formation avant leur départ en stage. C'est dans cette logique que le présent document a été conçu.

Il a été réalisé sous la direction de Monsieur Kalilou SYLLA, Enseignant-Chercheur au Centre Ivoirien de Recherches Economiques et Sociales (CIRES), que nous tenons à remercier pour son encadrement qu'il nous a assuré ainsi que pour les efforts entrepris pour mettre à notre disposition la base de données utilisée pour cette étude.

Qu'il nous soit permis d'exprimer notre gratitude à tout le corps enseignant de l'ENSEA et aux enseignants venus de l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines notamment les professeurs Jean-Luc DUBOIS et Jacques CHARMES, qui nous ont assuré une formation digne de ce nom dans une période décisive de notre carrière de statisticien, et ce, malgré les perturbations qui ont marqué le contexte socio-économique ivoirien au cours de l'année académique.

Nous nous en voudrions de ne pas remercier Monsieur TEDOU Joseph, Directeur de la Statistique et de la Comptabilité Nationale, qui nous a facilité la procédure de mise en stage et Monsieur OKOUDA Barnabé, Sous Directeur des Etudes et de la Normalisation Statistiques qui n'a ménagé aucun effort pour nous encourager et nous donner l'appui nécessaire au cours de cette formation.

Nos remerciements s'adressent aussi à notre chère épouse Alice qui aura partagé entièrement les difficultés et les contraintes de divers ordres inhérentes à cette formation.

Nous tenons également à remercier tous nos camarades de promotion dont l'indispensable accueil et la sympathie nous ont été d'un très grand apport pendant notre séjour en Côte d'Ivoire.

Enfin, nous remercions tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont soutenu pendant cette formation.

INTRODUCTION

Dans une économie de marché moderne, les transactions des agents économiques avec le système financier reflètent assez significativement les grandes tendances observées au niveau de l'économie nationale. Le système financier est composé de l'ensemble des marchés, des mécanismes et institutions permettant aux agents de financer leur déficit au moyen du surplus d'autres agents.

Dans le contexte ivoirien, comme dans la plupart des pays africains, les principales institutions de financement de l'économie qu'a connu le pays au lendemain de son indépendance étaient les banques et les compagnies d'assurances. Or, le fonctionnement de celles-ci obéit au respect de certaines exigences qui ne sont pas très souvent de nature à permettre aux agents économiques à faible pouvoir d'achat de pouvoir obtenir les crédits nécessaires au financement de leurs activités de production.

Pour combler cette lacune, le Gouvernement ivoirien a adopté en 1990 des mesures dont le principal objectif était de développer davantage le système financier. Celui-ci devait à terme faciliter l'accès au crédit de manière à toucher tous les acteurs économiques. Il a ainsi mis sur pied des institutions de microcrédit1(*). Le financement des activités de dimension modeste devait trouver en cette initiative une réponse, le rôle des institutions de microfinance étant d'accroître l'accès aux services financiers pour les microentreprises et les populations pauvres.

La microfinance constitue par ailleurs l'un des axes stratégiques des politiques actuelles ayant pour objet la lutte contre la pauvreté et la réduction des inégalités. Mais, au-delà de toutes ces mesures et à la lumière d'une dizaine d'années d'expérience, quelles leçons peut-on tirer de la politique de microfinance ivoirienne ?

La présente étude se propose donc d'analyser l'accès à la microfinance en liaison avec les inégalités sociales pouvant être observées dans le pays d'une part et la pauvreté d'autre part.

Dans ses trois premiers chapitres, elle présente la problématique et la place de ce débat dans le contexte ivoirien ainsi que le cadre théorique de cette thématique. Le quatrième chapitre quant à lui revient sur les aspects méthodologiques qui ont permis de conduire les analyses présentées au cinquième et sixième chapitres. Enfin, quelques recommandations ont été formulées dans le but de contribuer davantage à la proposition des solutions au problème de développement de la microfinance en Côte d'Ivoire.

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE

1.1 Justification du thème et questions de recherche

Les niveaux élevés de pauvreté liés à une croissance économique dans le secteur informel ont obligé une partie importante de la population des pays d'Afrique subsaharienne à vivre en travailleurs indépendants et à chercher des activités dans le secteur informel (Banque Mondiale, 1996).

Face à l'incapacité des ajustements structurels à faire bénéficier les pauvres des avantages économiques générés par la croissance, le gouvernement ivoirien avec l'appui des experts en développement a réagi en adoptant en 1990 des mesures visant à créer les micro-entreprises, afin d'absorber une partie de la main d'oeuvre qui devrait résulter de la croissance démographique élevée du pays (Banque Mondiale, 1998).

Selon l'Institut National de la Statistique (INS)2(*), la crise économique que connaît la Côte-d'Ivoire depuis le début des années 80 a considérablement érodé le niveau de vie des ménages. Les études réalisées ont montré qu'au niveau national, le ratio de pauvreté (P0) à été multiplié par 3,3 entre 1985 et 1998. De 10% en 1985, il est passé à 32,3% en 1993, puis à 36,8% en 1995 et à 33,6% en 1998.

Tableau 1 : Évolution du taux de pauvreté en Côte d'Ivoire par strate de 1985 à 1998

Strate

1985

1993

1995

1998

Abidjan

0,7

5,1

20,2

11,1

Autres villes

8,0

31,2

28,6

33,8

Total urbain

4,7

19,3

23,7

23,4

Forêt Rural Est

15,2

38,9

41,0

46,6

Forêt Rural ouest

1,6

38,2

50,1

24,5

Savane Rurale

25,9

49,4

49,4

54,6

Total rural

15,2

42,0

46,1

41,8

Ensemble

10

32,3

36,8

33,6

Source : PNUD/INS, 20003(*)

Cette source révèle aussi qu'en 1998, le ratio de pauvreté était plus élevé chez les ménages dont le chef est agriculteur avec une incidence relativement supérieure chez les producteurs de vivriers (50,6%) par rapport à ceux qui cultivent des produits d'exportation (45%). En ce qui concerne le milieu urbain, le ratio de pauvreté était estimé à 23,4% en 1998.

Par ailleurs, il a été démontré que le développement d'un pays passe par le développement d'un secteur privé prospère et dynamique. En outre, une approche contemporaine considère le développement des micro-entreprises comme un outil important dans la lutte contre la pauvreté. Selon cette approche, les très petites entreprises sont considérées comme étant un moyen pour les pauvres d'accroître leurs revenus (Banque Mondiale, 1996). Ce développement est facilité par l'existence d'institutions financières désireuses de prêter dans les conditions de risque raisonnables.

Néanmoins, ces dernières années et dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, plusieurs instruments sont proposés et l'un des plus utilisés est la microfinance qui a prouvé son utilité sur tous les continents. On estime que la microfinance touche aujourd'hui quelques 8 millions de personnes pauvres dans les pays en développement4(*).

Sur le plan empirique, c'est en 1974 que M. Muhammad Yunus5(*) réalisa que quelques dollars de plus ou de moins faisaient toute la différence entre la vie et la mort et il créa la Grameen Bank6(*) au Bangladesh qui constitue une référence en matière de microcrédit7(*). Avec son action, Muhammad Yunus arracha de nombreuses familles pauvres des mains des usuriers au Bangladesh.

Une analyse de l'impact sur les emprunteurs des programmes de microfinancement a confirmé que les bénéficiaires des microcrédits ont été capables d'augmenter et de stabiliser leurs revenus. Les études de Che (1992), Schuler et Hashemi (1993), Wahid (1993), Kandakar et al. (1994), Khalily (1994) ont expliqué l'impact de la Grameen Bank au Bangladesh sur la croissance des revenus des ménages, sur les dépenses des ménages pour satisfaire les besoins essentiels, les opportunités d'embauche et le régime alimentaire. Ces études identifient également les bénéfices sociaux retirés par les femmes qui ont participé aux programmes de microfinancement : elles se sentent moins marginalisées; ont des aspirations plus élevées pour l'éducation et à l'avenir de leurs enfants ; utilisent des sources d'eau potable plus fiables; sont plus susceptibles d'utiliser des latrines et des moyens de contraception et ont moins tendance à se marier précocement.

Illustrant l'impact du microcrédit sur la démarginalisation de la femme, la Ministre des affaires étrangères d'El Salvador, Mme Maria Eugenia Brizuela de Avila, a défini le microcrédit comme un moyen de briser le cycle de la féminisation de la pauvreté8(*).

Il paraît alors évident qu'un service financier diversifié, capable de répondre à l'ensemble des besoins du secteur privé en matière de services financiers, en particulier lorsqu'ils émanent de petites entreprises du secteur informel, est essentiel pour faciliter l'accès des travailleurs indépendants et des pauvres du monde rural aux activités économiques essentielles à leur survie.

Au niveau international, le Comité consultatif pour l'aide aux plus pauvres (CGAP) a été créé par les bailleurs de fonds suite à la Conférence internationale sur les mesures propres à réduire la faim dans le monde. Le but de ce Comité était de renforcer les institutions de microfinancement, d'identifier les pratiques optimales dans ce domaine et de fournir des financements aux populations les plus défavorisées par le biais d'institutions de microfinancement saines.

Compte tenu de cette importance reconnue aux institutions de microfinance et eu égards à tant d'années de fonctionnement déjà enregistrées, il s'avère nécessaire de s'interroger sur le rôle effectivement joué par les institutions de microcrédit dans le financement de l'activité économique en Côte d'Ivoire dans un contexte marqué par le souci de consolidation de la croissance et de réduction de la pauvreté. On peut donc légitimement se poser la question suivante : Quelle réponse la microfinance peut-elle apporter à l'exclusion des pauvres et à l'inégalité de l'accès aux institutions de financement en Côte-d'Ivoire ? Autour de cette question principale l'on peut se poser les questions ci-après :

Quelle est la place de la microfinance dans le système financier ivoirien ?

Quel est le profil des bénéficiaires de cet instrument financier ?

Quelle relation existe-t-il entre inégalité et accès à la microfinance ?

Quelle relation existe-t-il entre pauvreté et accès à la microfinance ?

La réponse à ces questions permettra d'approfondir la réflexion sur les mesures pouvant aider à mettre en place des politiques de crédit plus favorables et qui puissent intégrer les préoccupations des couches les moins nanties et dont l'accès au crédit bancaire reste difficile.

L'intérêt de cette étude se justifie donc par la nécessité de renforcer les capacités des populations vulnérables au lendemain d'une crise qui, pensons-nous, aura intensifié les inégalités et la vulnérabilité des populations les moins nanties.

Dans une perspective de durabilité sociale, une bonne politique de microfinance peut par ailleurs permettre de mutualiser le risque et d'éviter le développement des trappes à pauvreté, lesquelles peuvent être à l'origine de l'instabilité et des situations imprévisibles.

Un clin d'oeil sur les rapports de genre se justifie en particulier par l'impact que présente l'accès des femmes au microcrédit en termes de diminution de certains risque dont celui de se prostituer (surtout chez les filles ayant fait des études supérieures).

1.2 Objectifs de l'étude

Cette étude vise principalement l'approfondissement des connaissances relatives aux facteurs déterminant les niveaux différentiels d'accès au système financier décentralisé.

Comme objectifs spécifiques, l'étude vise à :

ü identifier et décrire le profil des gens qui ont le plus des difficultés d'accès à la microfinance ;

ü cerner les interrelations entre inégalité et accès à la microfinance ; et

ü cerner les interrelations entre pauvreté et accès à la microfinance.

1.3 Hypothèses de travail

L'étude s'articule autour de deux hypothèses, notamment :

· H1: L'accès au système financier décentralisé diminue le risque des ménages ivoiriens d'être pauvres et constitue un facteur de réduction des inégalités.

· H2: Malgré le fait que la politique de microfinance ivoirienne ait eu pour objectif de faciliter l'accès des pauvres au système financier, et même si les bilans des institutions de microfinance de la Côte-d'Ivoire montrent une croissance des transactions prises globalement au niveau national, la pauvreté constitue encore un facteur qui limite les chances des individus face à l'accès au système financier décentralisé.

CHAPITRE II : PLACE DE LA MICROFINANCE EN CÔTE D'IVOIRE

Avant de présenter les différents aspects qui peuvent caractériser la microfinance ivoirienne, il convient tout d'abord de préciser le contenu de ce concept.

2.1 Qu'est-ce que la microfinance ?

Par institutions de microfinance9(*), on désigne des agents et des structures qui effectuent des transactions financières d'un montant relativement faible et ayant recours à une méthodologie spécifique, basée sur la moralité du client. Elles s'adressent à des ménages à faibles revenus, des micro-entrepreneurs, de petits exploitants agricoles et à d'autres individus qui n'ont pas accès au système bancaire. Ces institutions peuvent être des intermédiaires financiers formels, informels ou semi-formels (par exemple des sociétés légalement constituées mais non supervisées par les banques centrales).

On utilise également le terme système financier décentralisé (SFD) pour désigner la microfinance.

Le microcrédit, qui est une composante de la microfinance, fait l'objet d'une attention particulière de la part de la communauté internationale depuis plusieurs années, puisque dès 1997 le Sommet mondial de Washington sur la question a fixé comme objectif de permettre à 100 millions de personnes l'accès à ce service d'ici 2006. En effet, « c'est quand les investissements étrangers se font rares et que le niveau des échanges commerciaux est au plus bas, que le microcrédit s'avère décisif pour libérer des moyens favorisant l'entreprenariat local », a souligné un intervenant à la table ronde intitulée "Microcrédit, élimination de la pauvreté et démarginalisation des femmes" organisée dans le cadre des préparatifs de l'Année internationale du microcrédit qui sera célébrée en 2005, et de la fin, en 2006, de la Décennie des Nations Unies pour le microcrédit.

2.2 Cadre juridique et institutionnel de la microfinance en Côte d'Ivoire 10(*)

Pour tous les pays de la zone UEMOA, on distingue deux grandes catégories de structures : les institutions mutualistes, ou coopératives d'épargne et de crédit, et les autres institutions. Le cadre juridique qui réglemente leurs activités en Côte d'Ivoire est défini par la loi PARMEC ou loi n°96-562 du 22 juillet 1996.

Le Projet d'Appui à la Réglementation des Mutuelles d'Epargne et de Crédit (PARMEC), avec l'appui de l'Agence Canadienne pour le Développement International (ACDI), a permis d'élaborer un cadre juridique qui consacrait le caractère financier des coopératives et confiait au Ministère de l'Économie et des Finances le rôle de supervision et de contrôle de celles-ci (Wagué Hawa, 2001).

Un arsenal juridique et comptable a été élaboré sous forme d'instructions de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), imposant aux mutuelles d'épargne et de crédit, l'obligation de production d'états financiers, la classification des crédits selon la durée, le respect des ratios prudentiels et la production de rapports annuels.

Ces instructions ont pour objectifs de sécuriser l'épargne de la clientèle, de sécuriser les transactions effectuées aux guichets, de respecter les règles en matière d'usure, de maîtriser les risques et d'observer la transparence, tout ceci, afin d'assurer la pérennisation des systèmes Financiers Décentralisés (SFD).

La loi de juillet 1996 portant réglementation des Institutions Mutualistes d'épargne et de crédit tend à faire d'elles des acteurs du secteur financier au même titre que les banques et établissements financiers, et donc capables d'assurer l'intermédiation financière adaptée aux besoins d'une tranche importante de la population ne pouvant accéder au système financier classique.

En Côte d'Ivoire, les institutions de microfinance regroupent une grande variété d'expériences d'épargne et/ou de crédit, diverses par la taille, le degré de structuration, les objectifs, les moyens techniques, financiers ou humains, mis en oeuvre pour les populations à la base, avec ou sans le soutien technique et/ou financier des partenaires extérieurs en vue d'assurer l'autopromotion économique et sociale de ces populations.

Les institutions d'épargne et de crédit doivent demander un agrément auprès du ministère des Finances et sont basées sur le rôle central de l'épargne pour alimenter le crédit11(*).

En parallèle à ces structures d'épargne et de crédit plutôt "classiques", se développent des initiatives introduisant davantage de nuances dans la combinaison des diverses ressources destinées à nourrir les emplois. Elles utilisent en effet, dans des proportions variables, des ressources extérieures pour financer les crédits, et n'ont pas la structuration classique d'une caisse d'épargne et de crédit, leur mode d'organisation ayant été très largement influencé par la structuration de leurs groupes cibles. Les principales institutions de ce type sont la Mutuelle de Crédit et d'épargne des Femmes d'Aboisso-Bonoua et Grand-Bassam (MUCREFAB), la Mutuelle de Crédit et d'Epargne pour les femmes de la région de Bouaflé (MUCREFBO), et le Fonds Mutuel pour le Développement du Secteur Informel (FMDSI)12(*).

Les autres institutions doivent signer une convention spécifique avec le ministère chargé des Finances pour l'exercice de leurs activités. Elles regroupent deux types de structure : les organisations ayant comme activité unique ou principale la distribution de crédits ; les organisations pour lesquelles l'octroi de crédit est une activité accessoire.

Les premières, dites de crédit direct, font en majorité dans leur modèle opératoire référence au modèle Grameen Bank : le crédit est l'activité centrale de leurs opérations, sans être forcément lié à la constitution préalable d'une épargne, et le principe de la constitution de groupes solidaires dont les membres se cautionnent mutuellement est fréquent. La principale institution de crédit direct est le Programme d'Appui au Secteur Informel (PASI). Mais il existe des institutions fondées sur des modèles opératoires différents, comme le Fonds Ivoirien de Développement et d'Investissement (FIDI), qui repose sur la pratique de crédits individuels.

Les seconds, ou projets à volet crédit, ne font pas du microcrédit leur activité centrale, celui-ci est une composante parmi d'autres qu'il vient appuyer. Ce sont en majorité des Organisations Non Gouvernementales (ONG).

2.3 Place de la microfinance dans le système financier ivoirien 13(*)

Compte tenu de la faible capacité d'absorption des secteurs privé et public, la population active évolue en majorité dans le secteur informel. En effet, en 1990, le taux d'emploi informel était estimé à 85,9%14(*) et sa contribution au PIB non marchand était de l'ordre de 30,4% (J. Charmes, 1998). Ce secteur en expansion, certes pourvoyeur d'emplois précaires mais générateurs de revenus, fait de la microfinance une nécessité, d'autant qu'aucune des institutions du secteur bancaire formel n'a de volet microfinance parmi ses activités. Il est aussi reconnu par ailleurs que les pauvres ont une épargne mais, qui, jusqu'à présent n'a pu être complètement canalisée dans le circuit économique formel.

Après la dévaluation du Franc CFA du 12 janvier 1994, les pouvoirs publics ivoiriens ont, en plus du renforcement des politiques sectorielles de santé et d'éducation dont l'objectif est de doter le pays d'un important capital humain, amélioré les IMF et mis en place les fonds sociaux comme instrument de lutte contre la pauvreté. L'accès des pauvres au capital productif et aux technologies adaptées devait permettre l'accès à un emploi ou à une activité génératrice de revenu et par voie de conséquence au capital financier.

L'actualisation de la banque de données de la Côte d'Ivoire pour l'exercice 2001 a permis de recenser quinze institutions de microfinance ayant chacune communiqué des informations financières conformes aux prescriptions réglementaires.

Sur le plan structurel, la Fédération Nationale des COOPEC (FENACOOPEC) demeure le leader. Elle continue de dominer le marché de la microfinance en Côte d'Ivoire. En 2001, la FENACOOPEC regroupait à elle seule 89% de la clientèle, 91% des opérations de dépôts et 77% de l'activité crédit des SFD.

Il semble que l'on puisse aujourd'hui dénombrer une trentaine d'institutions intervenant dans la microfinance : celles-ci sont en majorité des institutions d'épargne et de crédit ; ce nombre connaît une augmentation qui peut être reliée, certes à l'existence d'une forte demande de finance décentralisée, mais aussi à la mise en place progressive depuis 1995 d'un cadre juridique sécurisant.

Le secteur est largement dominé par le réseau des COOPEC. Celui-ci mis à part, car son apparition remonte aux années 70, la majorité des institutions de finance décentralisée ont commencé leurs activités au début des années 90. Ce sont essentiellement des programmes jeunes, la moyenne en termes de durée d'activité étant de 2 ans, d'où le manque d'expérience souvent mentionné dans le secteur.

La répartition spatiale des IMF est très inégale, la majorité des initiatives étant regroupées dans le Sud du pays et les zones urbaines. Seul le réseau des COOPEC, avec sa centaine d'antennes locales, couvre l'ensemble du territoire ivoirien15(*).

La durée moyenne des prêts accordés par les microfinanciers est inférieure à un an. Le taux d'intérêt varie selon les objectifs et les cibles des institutions. Il peut être nul chez certaines institutions, et atteindre 20% chez d'autres ; le taux moyen pratiqué étant de 19% quand le taux d'usure en vigueur est de 27%. Ramené à un taux d'intérêt effectif, il peut atteindre 25%. Les taux les plus élevés sont généralement appliqués dans le secteur du commerce et des services16(*).

S'il convient de noter que des ressources internes sont dégagées lorsqu'il s'agit de mutuelles d'épargne et de crédit, néanmoins les fonds les plus importants sont octroyés par les agences donatrices, agences internationales, ou les ambassades. Les principaux bailleurs de fonds sont ainsi la Coopération belge, la Banque Mondiale, le Fonds de Développement ivoiro-belge, la Coopération canadienne, la Coopération française, et le PNUD avec son programme Microstart. L'Etat a également contribué à certains programmes (IRC, CMEC et CIFAD ainsi que le réseau des COOPEC à ses débuts).

Les crédits servent majoritairement au financement d'activités dans le secteur du commerce et des services. Cependant le montant moyen des crédits est encore trop faible pour permettre des investissements en équipement, il s'agit essentiellement de disposer de fonds de roulement.

Tableau 2 : Evolution des principaux indicateurs de la microfinance en 2001

Principaux indicateurs

2000

2001

Variations en

% par rapport

à 2000

Nombre d'institutions

16

15(1)

-6,3%

Nombre de points de services

287

185

-35%

Nombre de bénéficiaires

331 274

395 986

19,5%

Dépôts (millions de F CFA)

27 568

31 741

15,1%

Montant moyen des dépôts (FCFA)

85 308

78 849

-7,6%

Fonds propres (millions)

790

635

-19,6%

Nombre de crédits accordés

24 039

23 378

-2,7%

Crédits en cours (millions)

15 722

14 785

-6%

Montant moyen des prêts (FCFA)

638 317

649 984

1,8%

Crédits en souffrance (millions)

4 120

1 766

-57,1%

Placements (millions)

11 956

14 848

24,2%

Actif global (millions)

32 304

35 228

9,1%

Produits d'exploitation (millions)

6 203

6 736

8,6%

Charges d'exploitation (millions)

7 897

7 438

-5,8%

Résultat net (millions)

-1 694

-701

58,6%

(1) Non compris l'institution de crédit direct (PASI) et le FAFEC qui n'ont pas communiqué leurs données de 2001.

Source : www.tresor.gov.cifinances.htm.

CHAPITRE III : LES DÉTERMINANTS DE L'ACCÈS AU SYSTÈME FINANCIER

3.1 Rappel historique de l'offre financier en Afrique

Les études réalisées par la Banque Mondiale ont montré qu'en Afrique, l'offre de services financiers en zone rurale a suivi le processus de monétisation progressive et de commercialisation de l'économie agricole (Banque Mondiale, 1996).

Au début, les services financiers étaient proposés dans le cadre de systèmes informels d'épargne et de crédit, comme les tontines, les commerçants locaux, les fournisseurs d'intrants et de biens de consommation. Les produits financiers classiques se sont développés plus rapidement dans les zones de culture d'exportation, où le financement de la filière est assuré depuis la production jusqu'à la commercialisation en passant par la transformation.

3.2 Relation entre secteur bancaire et microfinance

Même si parfois quelques confusions sont faites, banque et microfinance constituent deux instruments financiers différents. Dans le contexte actuel où tout le monde se préoccupe de la "professionnalisation" de la microfinance, il semble que le monde de la microfinance ait trouvé un nouvel intérêt dans la problématique de la relation entre secteur bancaire et la microfinance17(*). Dans la littérature récente (en majorité anglo-saxonne), on trouve de nouveaux mots comme "commercialization of microfinance" (commercialisation de la microfinance), "commercial microfinance" (microfinance commerciale), "microfinance industry" (industrie de la microfinance), etc. Côté francophone, on parle plus fréquemment de refinancement, de secteur financier intermédiaire, ou tout simplement d'articulation entre banques commerciales et SFD.

Avant, on parlait plutôt d'approche descendante18(*) (rénover une banque pour qu'elle puisse étendre ses activités à une clientèle habituellement exclue, voir expériences en Ouganda, etc.) versus ascendante (créer une nouvelle institution financière en partant de la base, approche par autopromotion). Aujourd'hui, on a de plus en plus d'un côté les SFD qui cherchent à devenir des institutions financières, et de l'autre, les banques qui cherchent à occuper une nouvelle niche de marché. En effet, les SFD cherchent aujourd'hui à appliquer la réglementation en vigueur et à acquérir un certain professionnalisme19(*) pour entre autres pouvoir bénéficier des services de dépôt et/ou de refinancement de banques commerciales, éléments stratégiques pour assurer leur croissance et viabilité financière.

Certaines banques quant à elles, s'intéressent à la microfinance pour des raisons diverses : diversification de leur portefeuille d'activités (tenter à nouveau de faire une percée là où elles avaient échoué, c'est-à-dire dans le monde rural), pression des gouvernements qui ont inscrit le développement de la micro et petite entreprise et développement de la microfinance parmi les priorités des programmes économiques, etc.

De ces observations, il ressort une relation à multiples facettes20(*) entre banques commerciales et institutions de microfinance dont entre autres :

le recours des SFD aux services de dépôt et de refinancement des banques commerciales ;

l'évolution des SFD vers des institutions financières à part entière ;

la prise de participation des banques commerciales dans le capital social des SFD ;

l'ouverture d'un guichet "microfinance" dans certaines banques commerciales.

Bien qu'il y ait des règles générales devant guider le fonctionnement des institutions de microfinance, celui-ci peut être adapté à l'environnement présenté par le pays ou la société qu'elles doivent servir.

3.3 Les déterminants de l'accès au système financier

Une question revient très souvent dans les débats relatifs à la lutte contre la pauvreté, à savoir « La microfinance lutte-t-elle contre la pauvreté ? ». De cette question ressort la présomption de la pauvreté à limiter l'accès à la microfinance. Dans ce sens LEEGE David, dans sa thèse, affirme que la microfinance, en tant que service marchand, a été parfois critiquée pour sa moindre efficacité et même pour l'exclusion des ménages plus pauvres ou de ceux qui sont contraints à une agriculture de subsistance.

Toutefois, cette question reste délicate lorsqu'on connaît les débats qui entourent la microfinance et lorsqu'on considère les espoirs, mais aussi les désillusions, que génère le sujet. Les études menées par les équipes de recherches de Alliance 2121(*), combinant approche géographique et analyses thématiques, ont présenté la complexité des systèmes de microfinance en Amérique Latine, en Afrique, en Asie et en Europe. Au bout d'une vingtaine d'articles parmi lesquels sont relatées des expériences positives ou négatives, il n'y a pas de réponse tranchée à cette interrogation.

Par ailleurs, dans le système bancaire classique, la chasse aux clients les plus lucratifs s'est toujours faite aux dépens des autres acteurs. Avec l'épargne de ses clients (pauvres ou non), la banque, va accorder des crédits et effectuer divers placements. Elle pourra donc financer des jeunes entreprises ou des sociétés créatrices d'emploi. Mais elle pourra tout aussi bien avancer de l'argent à des entreprises qui détruisent l'environnement, qui maltraitent leurs travailleurs dans certains pays, qui ne respectent pas les droits de l'homme ou qui font travailler des enfants.

Face à cette inquiétude, Bernard DEMONTY22(*) fait savoir qu'actuellement, un nombre croissant d'épargnants et d'investisseurs sont demandeurs de transparence et qu'il y a même aussi des banques qui commencent à répondre à cette demande. Il révèle également que la BACOB, la BBL, la CGER (Fortis Banque), la Générale de Banque ou encore KBC (ex-Kredietbank) ont lancé des produits financiers qui permettent à l'épargnant ou l'investisseur d'avoir la garantie que son argent ne servira pas à financer des projets contraires à ses valeurs, mais plutôt des entreprises, voire des associations respectueuses de l'environnement, des droits de l'homme, créatrices d'emploi, etc. Au-delà ajoute-il, une banque (Triodos) s'est même spécialisée dans l'épargne sociale et récolte des montants sans cesse croissants.

Au regard de ce qui précède, la pauvreté apparaît comme un facteur limitant l'accès à la microfinance et au système financier de manière générale.

Parmi les autres déterminants reviennent souvent : le niveau d'instruction, la catégorie socio-professionnelle, l'accès à des marchés porteurs, l'organisation des filières, l'insécurité, l'accès à l'information économique et aux savoir-faire.

Il n'est pas toujours facile de mesurer toutes ces variables. Pour des raisons d'ordre divers, la collecte des données dont les moyens mis à la disposition définissent les contraintes objectives intègre les aspects pratiques selon une méthodologie bien définie.

Quant à l'étude de la relation incluant la variable d'accès a la microfinance, la méthodologie adoptée par l'étude faite en 2001 par W. Awa Cissé23(*) pour le cas de la Côte d'Ivoire mesure la relation entre microfinance et lutte contre la pauvreté à l'aide du Khi-Deux. La limite d'une telle approche est qu'elle se limite à la validation ou non de l'hypothèse d'indépendance entre chacune des variables caractérisant la pauvreté et la variable d'accès à la microfinance. Il peut être intéressant d'aborder un tel problème par l'élaboration d'un modèle économétrique. L'approche ainsi adoptée est présentée au chapitre suivant.

Dans la littérature, s'agissant de la mesure d'inégalités, parmi les indicateurs les plus utilisés on peut relever : l'indice de Gini, la log variance et le coefficient de dispersion entre les premiers et les derniers quintiles. Notre analyse se servira essentiellement de l'indice de GINI qui est assez synthétique et très utilisé.

CHAPITRE IV : METHODOLOGIE DE L'ÉTUDE

D'un point de vue méthodologique, ce travail est étayé par les apports de l'économie rurale, de l'économie du secteur informel et de l'analyse de la pauvreté et des conditions de vie pour un développement socialement durable.

Sur le plan empirique, il repose principalement sur l'analyse des données de l'enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 par l'''Unité Macro-économie et Modélisation'' du CIRES.

4.1 Présentation de la base de données de l'étude

La base de données exploitée pour l'étude est constituée d'un échantillon de 400 chefs de ménage répartis sur 5 grandes villes de la Côte d'Ivoire à savoir Abidjan, Bouaké, Yamoussoukro, Daloa et Korhogo. Les informations recueillies sont réparties en données socio-démographiques et en données économiques.

Les deux variables qui se trouvent au centre de notre analyse sont :

- l'accès au système financier, qui renseigne si le chef de ménage a accès au système bancaire, au système financier décentralisé ou s'il n'a pas du tout accès à un seul de ces deux instruments.

- le seuil de pauvreté, qui donne la classification des chefs de ménages en pauvre ou non pauvre selon le revenu (estimé par la dépense). En Côte d'Ivoire, le seuil de pauvreté est de 162 800 FCFA en 1998 selon l'INS. En conséquence, toute personne vivant en dessous de ce seuil est considérée comme pauvre24(*).

Toutefois, après avoir examiné cette base par rapport à notre étude, nous avons retenu la liste des variables du tableau 3 ci-après et c'est celle-ci qui a été exploitée pour la suite des analyses.

Tableau 3 : Variables retenues pour l'analyse

Variables actives

 

Variables illustratives

Accès au système financier

1. SFD

2. Banque

3. Aucun

Sexe de l'enquêté

1. Homme

2. Femme

Accès aux différents produits bancaires

Oui

2. Non

Niveau d'instruction

1. Analphabète

2. Primaire

3. Secondaire

4. Supérieur

Demande de crédit bancaire

Oui

2. Non

Obtention de crédit bancaire

1. Oui

2. Non

Membre d'une association

1. Aucune

2. Religieuse

3. Syndicale

4. Culturelle

5. Autre

6. Membre d'au moins une association

Possession d'un compte bancaire

1. Compte d'épargne

2. Compte courant

3. Accès à plus d'un de ces produits

 

Type d'emploi

1. Secteur public

2. Secteur privé

3. Entrepreneur privé

4. Secteur informel

5. Retraite

6. Chômage

7. Autres

Existence d'une autre activité

1. Oui

2. Non

Catégorie socio-professionnelle

1. Cadre

2. Agent de maîtrise

3. Employé

4. Ouvrier

5. Autres

Seuil de pauvreté

1. Pauvre

2. Non pauvre

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000.

4.2 Méthode d'analyse

Au-delà des outils élémentaires d'analyse statistique, deux techniques d'analyse seront utilisées : d'abord, une analyse des correspondances multiples (ACM) permettra de faciliter la description du profil des gens qui ont le plus de difficultés d'accès à la microfinance ; ensuite, l'élaboration d'un modèle logit multinomial nous aidera à examiner la relation entre la pauvreté et l'accès au système financier.

En rappel, l'ACM est une technique d'analyse des données multidimensionnelle. Cette technique d'analyse est purement descriptive et permet d'examiner les relations entre plusieurs variables qualitatives25(*).

Elle consiste à projeter sur les plans factoriels, les variables d'intérêt de l'étude26(*) comme éléments actifs. Les autres variables pertinentes pour l'analyse peuvent être projetées comme éléments supplémentaires (ou illustratifs).

Dans notre analyse, les variables du tableau 3 précédent ont été projetées sur les plans factoriels.

L'interprétation des résultats se fonde sur les relations de positionnement mutuel des modalités des variables sur les plans factoriels. Une modalité est d'autant plus attirée par une autre qu'elles sont fréquemment associées dans la population.

L'utilisation du modèle logit multinomial se justifie par le fait que la variable à expliquer qui est l'accès au système financier est de type catégorique non ordonnée27(*). En effet elle a été mesurée à travers trois modalités non ordonnées : "Banque", "SFD" et "Aucun".

Ce modèle estime la probabilité pij que l'individu i ait accès à l'instrument financier j.

Si on désigne par Y l'accès au système financier, et xi la matrice des variables explicatives, alors pij = P(Yi = j) j = 1,...,m. (m est égal à 3 dans ce cas)

et où les j sont les vecteurs de paramètres à estimer.

L'estimation des paramètres se fait par maximisation de la log vraisemblance par rapport aux vecteurs de paramètres (1,2) associés respectivement aux instruments financiers "Banque" et "SFD".

La log vraisemblance peut donc s'écrire :

(ici n = 400 chefs de ménages).

En fixant la modalité "Aucun instrument financier" comme référence, les paramètres j donnent l'impact de la variable explicative xk sur la probabilité d'accéder au SFD ainsi que la probabilité d'accéder à une banque relativement à la probabilité de n'accéder à aucun instrument financier.

Nous avons au préalable expliqué la classification des chefs de ménage selon leur niveau de pauvreté par l'accès au crédit. Le modèle logit multinomial a aussi été utilisé.

Pour ce cas, la variable à expliquer "seuil de pauvreté" ayant deux modalités, ce modèle prend le nom de modèle logit dichotomique. Les procédures restent toutefois globalement les mêmes, le modèle logit multinomial n'étant en fait qu'une extension du modèle logit dichotomique.

En plus des signes des paramètres, l'interprétation de ce modèle utilise les odds ratio qui donnent, pour chaque instrument financier (relativement à la modalité aucun instrument financier), les rapports de la probabilité d'être pauvre à la probabilité d'être non pauvre.

4.3 Limites de l'étude

Cette étude aurait bien pu examiner, dans la relation entre l'accès à la microfinance et la pauvreté, l'aspect accès au microcrédit. Cependant, la base de données utilisée n'avait pas d'informations relatives au microcrédit et il n'a pas été possible de trouver une information complémentaire dans les délais prévus pour l'étude.

Par ailleurs, pour cerner les interrelations entre la pauvreté et l'accès au microcrédit, plusieurs auteurs ont souvent recommandé de faire également une mesure d'impact (Impact Assessment ou IA) pour pouvoir éclairer davantage les résultats. Cet aspect n'a pas été abordé dans notre étude.

Il convient de noter ici la distinction entre la performance d'un programme et son impact sur la pauvreté. La performance du programme se mesure par le développement d'une SFD, nombre de clients pauvres, volume de crédits, qualité du porte-feuille, etc. La mesure d'impact d'un programme, par contre, doit informer dans quelle mesure les programmes des SFD contribuent au soulagement de la pauvreté.

CHAPITRE V : DESCRIPTION DES POPULATIONS ÉTUDIÉES

5.1 L'accès au système financier ivoirien : un bref aperçu

En Côte d'Ivoire en 2000, La banque était l'instrument financier auquel les ménages avaient le plus accès et cette situation devrait certainement être la même en 2004. En effet, l'étude révèle que dans l'ensemble, 57% de chefs de ménage de la population enquêtée effectuent des transactions avec le système bancaire. En revanche, le système financier décentralisé est encore l'instrument financier le moins familier aux ménages : seuls 14% de chefs de ménage y ont accès alors que 29% de la population n'ont accès à aucun instrument financier.

Figure 1 : Répartition des chefs de ménage selon l'instrument financier utilisé

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

Une projection sur le plan factoriel principal a permis d'avoir une vue globale des caractéristiques des ménages accédant à chacun des instruments financiers.

Sur le graphique ci-dessous, on note globalement une opposition, par rapport à l'accès au système financier, entre les chefs de ménage pauvres et ceux qui sont non pauvres. Cette opposition est traduite par le facteur 1. Sur cet axe, les chefs de ménage n'ayant accès à aucun instrument financier semblent avoir des caractéristiques des ménages pauvres.

Deux groupes paraissent assez éloignés des SFD. Il s'agit d'une part, des membres des associations syndicales, des travailleurs du secteur public et des cadres du privé. D'autre part, les chefs de ménages à très faible niveau d'instruction (analphabètes et ceux dont le niveau d'instruction est primaire), les ouvriers, les pauvres et les retraités.

Figure 2 : Une vue globale de l'accès des chefs de ménage au système financier

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (notre exploitaion des donnee).

En se restreignant à la classification selon le seuil de pauvreté, on s'aperçoit que, parmi ceux qui ont accès à l'un des instruments financiers, moins de 25% sont pauvres. Il y a lieu de se demander si les besoins des pauvres sont pris en ligne de compte dans les programmes de microfinance ou alors la cible est autre. Peut-être aussi que ces programmes n'ont pas intégré les plus démunis dans la planification dès le début.

Figure 3 : Répartition des chefs de ménages ayant accès à un instrument financier selon le seuil de pauvreté

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

La volonté des responsables des institutions de microfinance d'aider les pauvres à accéder à leurs services ne pourrait en elle seule suffire, les différentes catégories de personnes démunies ont besoin de services différents en fonction de leurs besoins et de leur faculté d'utilisation des différents services.

Les plus pauvres parmi les pauvres ne sont pas parfois en mesure de se servir de certains types de crédit. Dans leur cas, une stratégie de protection et non de promotion du bien-être est peut-être préférable. Les programmes de santé et de développement social sont utiles a cet égard et pourront peut-être permettre aux ménages particulièrement pauvres d'être en un second temps en mesure d'utiliser les services de microfinance.

Cette exploration qui vient d'être faite suscite l'examen de près, pour chacun des instruments financiers, des caractéristiques des chefs de ménage qui y ont accès.

5.2 Caractéristiques des chefs de ménage ayant accès au système bancaire classique

L'examen des caractéristiques des chefs de ménage ayant accès au système bancaire classique nous indique ce qui suit :

Par catégorie socio-professionnelle, les cadres se démarquent des autres. Ils sont en effet les plus nombreux parmi tous ceux qui ont accès au système bancaire classique (34,6%), les ouvriers étant les moins nombreux (5,7%).

Pour cet instrument financier, 82,9% c'est-à-dire sur 5 personnes qui y ont accès au moins 4 sont des hommes. Cet instrument financier reste très largement sous-utilisé par les femmes.

Selon le niveau d'instruction, un peu plus de la moitié de ces personnes ont un niveau supérieur alors que ceux qui ont le niveau primaire se chiffrent à 3,5% de même que les analphabètes.

Figure 4 : Répartition des chefs de ménages ayant accès au système bancaire classique

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

5.3 Caractéristiques des chefs de ménage ayant faiblement accès au système financier décentralisé

En considérant le type d'emploi des chefs de ménage, on peut constater que les chômeurs sont carrément exclus du système financier décentralisé. En d'autres termes, ceux qui n'ont pas d'emploi n'effectuent presque pas de transactions avec le SFD et par conséquent ils ne devraient pas bénéficier des microcrédits pour créer un emploi. Le microcrédit s'affiche ainsi comme un instrument inaccessible aux chômeurs qui rêvent s'en servir pour créer un emploi et pouvoir sortir de leur pauvreté.

Les retraités aussi sont peu nombreux parmi ceux qui utilisent les instruments de microfinance (3,8%). Cette situation peut résulter d'une part, de la faible proportion de ceux-ci dans la population et d'autre part, du fait que la plupart d'entre eux (58,6%) ont gardé leurs rapports avec le système bancaire dont ils étaient déjà membres pendant la période de service. Leur âge élevé peut également réduire leurs ambitions par rapport à un éventuel contact avec le SFD.

Comme pour le secteur bancaire classique où elle est estimée à 8,5%, la proportion des entrepreneurs privés dans le portefeuille des microfinanciers est aussi faible (5,8%). Cette faible proportion des entrepreneurs privés dans le système bancaire reste toutefois le fait du poids de ceux-ci dans la population. En effet, l'étude révèle que 65,5% de l'ensemble des entrepreneurs privés utilisent le système bancaire. Leur sous représentativité dans le SFD quant à elle est confirmée puisque par rapport à leur effectif total, seuls 10,3% utilisent le SFD.

De même, étant donné que la majorité effectuent leurs transactions avec le système bancaire, les cadres et les agents de maîtrise sont peu nombreux parmi ceux qui ont des rapports avec le système financier décentralisé (9,1% et 7,3% respectivement). Même en rapportant l'effectif de ceux qui ont accès au SFD dans chaque catégorie à l'effectif total de la catégorie, la proportion reste toujours faible (5,6% et 6,1% respectivement).

Suivant le niveau d'instruction, 9,1% des analphabètes ont accès au SFD. Cette catégorie a la proportion la plus faible par rapport à tous ceux qui ont accès au SFD. En prenant pour base, l'ensemble des analphabètes, la proportion de ceux qui ont accès au SFD se chiffre à 12,8%.

Les femmes semblent aussi faiblement représentées dans ce système. Sur 4 personnes qui utilisent cet instrument, il n'y a qu'une seule femme qui y est présente.

Figure 5 : Répartition des chefs de ménage ayant accès au système financier décentralisé

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

5.4 Caractéristiques des chefs de ménage exclus du système financier

Suivant le type d'emploi et sur la base de tous ceux qui n'ont pas accès au système financier dans son ensemble, le secteur informel vient en tête avec une proportion de 36,4%.

Il est certes vrai que le secteur informel a l'un des poids les plus élevés dans le portefeuille du SFD (32,7%) après le secteur privé (48%), cependant l'étude montre que ce secteur reste assez mal encadré par les microfinanciers. En fait, si l'on considère l'ensemble des chefs de ménage acteurs de ce secteur, plus de la moitié (57,4%) parmi eux n'ont accès à aucun instrument financier alors que seul le quart accède au SFD.

En revanche le secteur public bénéficie d'un accès plutôt facile au système financier et ceci est valable pour presque tous les chefs de ménage appartenant à ce secteur. On note curieusement une forte proportion des acteurs du secteur privé parmi ceux qui n'ont pas accès au système financier. En effet, parmi ces derniers, 27% sont du secteur privé et mieux encore, 36% des acteurs du secteur privé sont exclus du système financier.

La dotation en capital humain appréhendée ici par l'appartenance à une association et l'exercice de la pluri-activité militent en faveur de l'accès au système financier. En revanche, les chefs de ménage exclus du système financier sont majoritairement ceux qui n'appartiennent à aucune association (51%) ou n'ont pas plus d'une activité (85%).

Figure 6 : Répartition des chefs de ménages exclus du système financier

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

Cette description conduit à rechercher, à l'aide d'un modèle économétrique, le lien entre la pauvreté et l'accès au système financier en général et au SFD en particulier. Ainsi convient-il tout d'abord d'analyser la relation entre l'inégalité et accès au système financier.

CHAPITRE VI : INTERRELATIONS ENTRE PAUVRETE, INÉGALITÉ ET ACCES A LA MICROFINANCE

La relation entre l'inégalité et l'accès au système financier est examinée à l'aide de la courbe de Lorenz et de l'indice de GINI. Cette approche procède par la détermination des déciles des chefs de ménage classés suivant l'ordre croissant de leurs revenus28(*) et les pourcentages de revenus y relatifs.

Dans la littérature, il est souvent reconnu que la croissance peut cohabiter avec la pauvreté si des politiques de répartition appropriées ne sont pas mises en application. Une telle situation se traduit souvent généralement par une accentuation ou une stagnation des inégalités des revenus. De même, une répartition plus équitable du revenu national d'une année à l'autre entraîne une réduction de la pauvreté29(*).

6.1 Inégalité et accès au système à la microfinance

A la lecture des résultats de l'enquête, on constate dans l'ensemble de la population étudiée une distribution des revenus fortement inégalitaire. Ces résultats peuvent être lus à de la courbe de Lorenz pour chacune des sous populations et pour l'ensemble.

Dans la sous population des chefs de ménage ayant accès au système bancaire classique ainsi que dans la sous population n'ayant accès à aucun instrument financier, la distribution des revenus semble assez proche de celle de l'ensemble de la population. Les trois courbes de Lorenz y relatives sont très voisines.

En revanche, la figure 7 ci-après montre assez clairement que la distribution des revenus est moins inégalitaire chez les ménages ayant accès au système financier décentralisé que chez les autres. On peut donc penser que l'accès au SFD peut permettre de réduire efficacement l'inégalité en Côte d'Ivoire.

Les valeurs de l'indice de GINI calculées confirment ces résultats. En effet, l'indice de GINI calculé en prenant tous les chefs de ménage de la population étudiée se chiffre à 0,666. Ce résultat est le même lorsqu'on considère les chefs de ménage n'ayant accès à aucun instrument financier. Cet indice baisse légèrement lorsqu'on se trouve dans le groupe des chefs de ménage ayant accès au système bancaire classique et se chiffre à 0,644.

En se limitant aux chefs de ménage ayant accès au SFD, on peut constater que l'indice des inégalités diminue d'un tiers par rapport aux chefs de ménage n'ayant accès à aucun instrument financier. Dans ce dernier cas, sa valeur est estimée à 0,437.

Si la pénétration de la microfinance dans un village qui initialement évoluait entièrement hors du système financier devenait totale de sorte que tous les chefs de ménage finissent par y adhérer, on pourrait ainsi s'attendre à ce que les inégalités diminuent du tiers, toutes choses étant égales par ailleurs.

Figure 7: Courbe de Lorenz selon l'instrument financier des chefs de ménage

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

Toutefois, si l'accès à la microfinance peut contribuer à la réduction des inégalités, cela n'implique pas forcement qu'il puisse réduire la pauvreté. En effet, les travaux de Kuznets nous rappellent que la réduction des inégalités ne garantit pas nécessairement la réduction de la pauvreté et que l'accroissement des inégalités peut plutôt conduire, à long terme, à la croissance et induire par la suite la réduction de la pauvreté. Nous essayons donc par la suite d'analyser la relation entre la pauvreté et l'accès au système financier et en particulier à la microfinance.

6.2 Pauvreté et accès au système financier

Dans un article publié en 2002 dans "Développement durable ? Doctrines, pratiques, évaluation", J.-L. Dubois et F.-R. Mahieu font remarquer que les politiques actuelles en matière de développement mettent l'accent sur la réduction de la pauvreté et que les analyses développées dans les Documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) ne donnent pas vraiment une dimension importante à la dimension socialement durable du développement. Or, ajoutent-ils, ne pas tenir compte de la durabilité sociale accroît le risque de développer les trappes à pauvreté et peut conduire à l'exclusion.

Cette approche définit le développement socialement durable comme "un développement qui garantit aux générations présentes et futures l'amélioration des capacités de bien-être (sociales, économiques ou écologiques) pour tous, à travers la recherche de l'équité d'une part, dans la distribution intra-générationnelle de ces capacités et, d'autre part, dans leur transmission inter-générationnelle" (J.L. Dubois et F.R. Mahieu, 2003).

Si le principal rôle de la microfinance est de soutenir les entreprises de petites dimensions et les activités du monde rural, elle peut donc contribuer à la création des revenus permettant aux personnes concernées l'accessibilité aux biens et services et à la constitution des capacités par l'accumulation des potentialités diverses des personnes. A ce titre, il y a raison de penser que la microfinance soit un instrument de recherche de la durabilité sociale.

Il reste tout de même préoccupant de savoir si les observations empiriques mettent en exergue l'effet de l'accès à la microfinance sur la pauvreté en ce qui concerne la Côte d'Ivoire.

6.2.1 L'influence de l'accès au système financier sur la Pauvreté

L'effet de l'accès au système financier sur la pauvreté a été examiné à l'aide d'un modèle logit dichotomique prenant comme variable expliquée le seuil de pauvreté, et comme variable explicative l'accès au système financier.

Les résultats de l'enquête confirment l'existence d'un effet significatif sur la pauvreté de l'accès au système financier en général, et l'accès au SFD en particulier (même si on se fixe un risque de se tromper de 1%).

Le tableau 4 ci-dessous donne les résultats de l'estimation de ce modèle.

Tableau 4 : Résultats de l'estimation du modèle logit dichotomique de la pauvreté

 

Coefficient

estimé

Probabilité critique

Rapport

de chance

COOPEC

 

0,00

 

SFD

-1,01

0,01

0,37

Banque

-1,27

0,00

0,28

Aucun

m.r.

 
 

Constant

0,04

0,85

1,04

m.r. = modalité de référence.

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

Il ressort de cette analyse que l'accès au système bancaire réduit la probabilité d'être pauvre. Dans le même sens, l'accès au système financier décentralisé réduit aussi cette probabilité de plus de la moitié. En d'autres termes, la probabilité que celui qui a accès au système financier décentralisé soit pauvre est égale à celle de celui qui n'a accès à aucun service financier divisée par 2,7.

Selon Jean-Luc Dubois et François-Régis Mahieu, « toute situation de pauvreté, de précarisation de la situation professionnelle ou d'exclusion sociale, en freinant l'accès aux services de santé ou d'éducation, dégrade, ou limite la constitution et la valorisation du capital humain au niveau individuel ou collectif »30(*).

En outre, ces auteurs ont montré que l'inaccessibilité d'une catégorie de la population aux ressources l'empêche d'accroître ses capacités, ce qui réduit l'équité entre personne d'une même génération. Et lorsqu'il n'y a pas renforcement des capacités, la vulnérabilité face au risque s'accroît et, si le risque se concrétise, la pauvreté et l'exclusion tendent à augmenter.

La pauvreté étant un phénomène fractal, la théorie des cercles vicieux développée par Nurkse pour le développement de la nation toute entière pourrait se vérifier au niveau local. Dans ce contexte, la pauvreté des ménages ne pouvant accéder aux instruments de financement de leurs activités pourrait se retrouver dans une situation où elle devient auto entretenue.

Sur la base des observations, les pauvres sont-ils encore ceux qui ont moins de chance d'accéder au système financier en général et au SFD en particulier ?

6.2.2 Les déterminants de l'accès au système financier

Les résultats de la projection sur le plan principal de projection lors de l'analyse des correspondances multiples nous ont montré qu'on peut faire des regroupements des modalités tel qu'il est présenté au tableau 5 ci-après. Ce regroupement qui a conduit à une recodification des variables du modèle paraît pertinent pour la suite de l'analyse.

Tableau 5 : Présentation des modalités des variables recodifiées

Variables à expliquer

 

Variables explicatives

Accès au système financier

1. SFD

2. Banque

3. Aucun

Sexe de l'enquêté

1. Homme

0. Femme

 

Niveau d'instruction

1. Instruit (niveau secondaire au moins)

0. Non instruit

Membre d'une association

1. Membre d'au moins une association

0. Membre d'aucune association

Type d'emploi

1. Secteur formel

0. Secteur informel

Existence d'une autre activité

1. A une activité secondaire

0. N'a pas d'activité secondaire

Catégorie socio-professionnelle

1. Cadre /agent de maîtrise

0. Employé /ouvrier /autres

Seuil de pauvreté

1. Non pauvre

0. Pauvre

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (notre recodifcation).

Sur les sept variables introduites dans le modèle, cinq se sont avérées globalement déterminantes. Il s'agit des variables : seuil de pauvreté, niveau d'instruction, type d'emploi, catégorie socio-professionnelle et l'exercice d'une activité secondaire. Par contre, le sexe et le fait que le chef de ménage soit membre d'une association n'ont pas globalement un effet significativement non nul sur l'accès au système financier31(*).

Pour analyser l'accès au système financier, la modalité "Aucun instrument financier" a été pris comme référence et l'interprétation des probabilités des autres modalités de cette variable se fait relativement à celle-ci.

Sur cette base et à l'examen des résultats de l'estimation du modèle, il ressort ce qui suit :

Même si la microfinance a été conçue pour servir aux plus démunis, par rapport aux non pauvres, les pauvres ont encore une probabilité plus faible d'accéder au système financier décentralisé. En fait, la probabilité qu'un chef de ménage non pauvre accède au système financier est pratiquement trois fois celle du pauvre. De même, pour l'accès au système bancaire classique, les non pauvres ont une probabilité plus élevée que les pauvres. La pauvreté s'avère donc comme un véritable handicap vis-à-vis du système financier et ce, quelque soit l'instrument financier.

A l'analyse, le niveau d'instruction est aussi un facteur explicatif très important. En effet, toute choses étant égales par ailleurs, un chef instruit a environ 1,3 fois plus de chance d'accéder au SFD par rapport à un chef de ménage non instruit. Par rapport au système bancaire classique le chef de ménage non pauvre a un peu plus de 4 fois de chance qu'un chef de ménage pauvre.

La précarité de l'emploi prédispose les chefs de ménage à l'exclusion au système financier. Un chef de ménage du secteur formel a 1,4 (respectivement 2,4) fois plus de chance d'accéder au SFD (respectivement au système bancaire classique) qu'un chef de ménage du secteur informel. Si l'emploi dans le secteur formel, qui est plus stable que celui du secteur informel, offre assez de garanties aux travailleurs de ce secteur de pouvoir mériter la confiance du système financier et d'effectuer les transactions avec ce dernier, les chefs de ménage du secteur informel et ceux qui sont en chômage ont des probabilités élevées d'être exclus de tout le système financier. Cette précarité et le fait que les travailleurs du secteur public ont en général un niveau d'instruction relativement élevé peuvent justifier en grande partie cette situation.

La catégorie socio-professionnelle est tout aussi importante Les chefs de ménage cadres ou agents de maîtrise sont ceux qui ont le plus l'accès facile au système financier. Si la différence n'est pas très significative pour ce qui est du SFD, en ce qui concerne le système bancaire le rapport de chance est de 5 en faveur des cadres et agents de maîtrise. En clair, un chef de ménage cadre ou agent de maîtrise a 5 fois plus de chance qu'un chef de ménage employé.

L'exercice d'une activité secondaire influence aussi de manière significative l'accès au système financier des chefs de ménage. Un chef de ménage ayant une activité secondaire a 1,11 (respectivement 2,26) fois plus de chance d'accéder au SFD (respectivement au système bancaire classique) qu'un chef de ménage n'ayant pas une activité secondaire.

Il faut par ailleurs noter que si le fait pour un chef de ménage d'être membre d'une association semble ne pas avoir un effet sur l'accès au système financier, cela traduit plus la non significativité de l'effet de cette variable sur l'accès au système bancaire, l'effet sur le SFD est assez significatif et les chefs de ménage adhérant à au moins une association ont environ le double de la chance d'accéder au SFD (par rapport à ceux qui n'adhèrent à aucune association).

Tableau 6 : Résultats de l'estimation du modèle multinomial logit de l'accès au système financier

 
 

Coefficient

estimé

Probabilité critique

Rapport

de chance

Accès au système financier

 
 
 
 

SFD

Constante

0,360

0,586

 
 

-1,029

0,015

0,357

 

m.r.

 
 
 

-0,164

0,701

0,849

 

m.r.

 
 
 

-0,249

0,566

0,779

 

m.r.

 
 
 

-0,791

0,044

0,454

 

m.r.

 
 
 

-0,306

0,458

0,736

 

m.r.

 
 
 

-0,109

0,830

0,897

 

m.r.

 
 
 

-0,034

0,950

0,967

 

m.r.

 
 

Banque

Constante

3,509

0,000

 
 

-0,425

0,181

0,654

 

m.r.

 
 
 

-0,277

0,435

0,758

 

m.r.

 
 
 

-1,417

0,000

0,242

 

m.r.

 
 
 

-0,247

0,410

0,781

 

m.r.

 
 
 

-0,874

0,008

0,417

 

m.r.

 
 
 

-,814

0,033

0,443

 

m.r.

 
 
 

-1,629

0,000

0,196

 

m.r.

 
 
 

m.r. = modalité de référence.

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Nombre de gouvernements se sont fixé des objectifs chiffrés pour la lutte contre la pauvreté, et ont défini des plans et des stratégies d'élimination de la pauvreté, notamment en stimulant l'emploi et élaborant ou améliorant les moyens dont ils disposaient pour mesurer les progrès. Certains ont poursuivi le renforcement de plans, de programmes et de mesures déjà en place pour lutter contre la misère.

Le microcrédit et d'autres instruments financiers ont vu croître leur popularité, étant une des voies par lesquelles on arrive à doter les pauvres des moyens dont ils ont besoin, de sorte que nombre de pays ont ouvert plus largement l'accès à ce type de programmes.

L'un des principaux objectifs visés par la promotion de la microfinance en Côte d'Ivoire était de fournir des services financiers et autres à ceux qui sont souvent négligés par le secteur bancaire traditionnel et d'atteindre ainsi les familles les plus pauvres.

Au terme de notre étude, il ressort en substance quelques résultats marquants et on peut relever les suivants :

ü L'accès au système financier décentralisé diminue la probabilité d'un chef de ménage ivoirien d'être pauvre en même temps qu'elle réduit les inégalités. Si la pénétration de la microfinance dans un village qui initialement évoluait entièrement hors du système financier devenait totale de sorte que tous les chefs de ménage finissent par y adhérer, on pourrait ainsi s'attendre à ce que les inégalités diminuent du tiers, toutes choses étant égales par ailleurs.

ü La pauvreté a un effet négatif significatif sur l'accès au SFD et au système financier de manière générale. La proportion des pauvres parmi les clients des IMF est de 27% et l'encadrement des pauvres par le SFD est encore très insuffisant : sur 100 chefs de ménage pauvres, seuls 12 ont accès au système financier décentralisé et 47% évoluent hors du système financier.

ü Malgré le fait que la politique de microfinance ivoirienne ait eu pour objectif de faciliter l'accès des pauvres au système financier, et même si les bilans des institutions de microfinance de la Côte-d'Ivoire montrent une croissance des transactions prises globalement au niveau national, la pauvreté constitue encore un facteur qui limite les chances des individus face à l'accès au système financier décentralisé.

ü Le fait d'appartenir au secteur informel réduit la probabilité d'accès au système financier. En termes de nombre de clients, un tiers (33%) du portefeuille de la microfinance ivoirienne vient du secteur informel. Et un chef de ménage sur quatre exerçant dans ce secteur a accès au SFD alors que 57% n'ont pas du tout accès au système financier.

ü Le niveau d'instruction a un effet positif sur l'accès au système financier mais cet effet est particulièrement plus élevé (environ 4 fois) pour l'accès au système bancaire qu'au SFD. Et actuellement, seuls 13% des chefs de ménage analphabètes ont accès au SFD alors que trois chefs de ménage analphabètes sur quatre sont carrément exclus du système financier.

La capacité des programmes de microfinance à soutenir les acteurs du secteur informel et ceux du milieu rural dans le contexte de lutte contre la pauvreté tient dans sa capacité à diversifier les services financiers offerts mais aussi dans la mise en place des programmes qui se concentreront sur d'autres contraintes centrales qui pèsent sur les ménages : l'accès à des marchés porteurs, l'organisation des filières, l'insécurité, l'accès à l'information économique et aux savoir-faire.

À la lumière de ces résultats, l'on peut formuler les recommandations suivantes :

Ø Élaborer des politiques nationales et un système réglementaire souples et adaptés aux spécificités des institutions de microfinance et des micro-entreprises.

Ø Encourager et faciliter le développement des coopératives, ensuite diffuser largement des informations et offrir une formation concernant le fonctionnement effectif et les avantages de cette formule.

Ø Renforcer et élargir les programmes de microcrédit et autres instruments de financement adaptés aux besoins et aux possibilités des personnes marginalisées et des groupes vulnérables, en vue de collecter davantage l'épargne auprès des acteurs du secteur informel, de faciliter l'accès au microcrédit à un plus grand nombre de personnes.

Ø Développer les services consultatifs et l'assistance technique dans le domaine de l'agriculture, y compris l'élevage et la pêche, et promouvoir, en tenant compte de l'accroissement de la pauvreté rurale, du manque de terres et de l'exode rural, les petites entreprises et les emplois ruraux indépendants, notamment pour les femmes.

Ø S'agissant des conditions de mise en oeuvre du microfinancement et la possibilité de simplifier les conditions d'octroi du microfinancement aux plus démunis, il est important que la législation nationale ne restreignent pas arbitrairement les taux d'intérêts appliqués par les sociétés de microfinancement. Car, les taux d'intérêts sont la principale garantie de durabilité du principe de microfinancement.

Ø Promouvoir la mise en place des mutuelles, car une mutuelle responsabilise les populations du point de vue tant de l'apport en capital que de la gestion et du contrôle. Ce qui permet également une appropriation du mécanisme financier par les populations des localités appuyées. La formule mutualiste est souple et peut s'adapter à des contextes très variés.

Ø Organiser au sein des mutuelles l'offre de produits financiers destinés au secteur agricole.

Ø Former les dirigeants et les employés des mutuelles à l'utilisation des progiciels afin qu'elles puissent réaliser la planification financière à moyen terme de leur institution.

Ø Associer compétences financières et compétences en animation afin de limiter les coûts, de partager les risques et surtout d'endogéneiser le risque. L'analyse du vécu et des représentations des emprunteurs montre que ce sont des relations de confiance issues d'un processus endogène d'apprentissage qui sont le principal mécanisme incitatif. Par ailleurs, l'analyse d'un projet de microcrédit féminin mis en oeuvre par le Crédit Mutuel du Sénégal a montré qu'un partenariat entre une institution financière et un organisme de proximité peut être un moyen de rendre un système de microfinance viable financièrement tout en étant accessible aux pauvres32(*).

BIBLIOGRAPHIE

Manuels et documents méthodologiques

· Alban Thomas (2000), (Econométrie des variables qualitatives", Dunod, Paris, 179 p.

· Bry Xavier (1995), "Analyses factorielles simples", Economica, 112 p.

· Jacoud Gilles (1994), "La monnaie dans l'économie", Nathan, 239 p.

· N'DA Paul (2002), "Méthodologie de la recherche. De la problématique à la discussion des résultats", 2e édition, Abidjan, EDUCI, 144 p.

Articles et Rapports d'études

· Banque Mondiale (1996), "Le secteur informel et les institutions de microfinancement en Afrique de l'Ouest", 350p.

· Banque Mondiale (1998), "Stratégie de la Banque Mondiale pour le développement de la microfinance et des services financiers en milieu rural et aux PME en Afrique subsaharienne", Groupe secteur privé et finance Région Afrique Banque Mondiale, 31p.

· Cameroun, ''Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, avril 2003''.

· Charmes Jacques (1999), "Informal sector, Poverty and Gender". A Review of Empirical Evidence, Background paper for the World Development Report 2001, Washington, The World Bank, 44p.

· Dubois Jean-Luc, Montaud J-M, Lachaud P. Pouille A. (2003), "Capabilités, risques et vulnérabilité", article publié dans Pauvreté et Développement socialement durable, Presses Universitaires de Bordeaux, Bordeaux.

· Dubois Jean-Luc, Mathieu F-R. (2002), "La dimension sociale du Développement durable, réduction de la pauvreté ou durabilité sociale", in Martin J.Y. (ed), Développement durable? Doctrines, pratiques, évaluations, IRD éditions, Paris, pp.73-94

· Guérin I. (1999), "Le dilemme Viabilité / Proximité en microfinance: partenariats et confiance" Revue Savings and Development, n°2, XXIII, pp. 146-169.

· INS/PNUD (2000), "Profil et déterminants de la pauvreté en Côte d'Ivoire en 1998. Rapport définitif"

· ILO (2002), "Women and Men in the Informal Economy", ILO, Employment Sector, Geneva.

· Lévesque Benoît (2001), "Le modèle québécois : Un horizon théorique pour la recherche, une porte d'entrée pour un projet de société?", in Les cahiers du CRISES n°0105.

· Turnham D. (1992), "Employment and Development. A new review of evidence", OECD. Development Centre, Paris, 1992, 276p.

Thèses et Mémoire de fin d'études

· Duval Lise, "La microfinance dans une économie rurale en transition - L'amélioration de l'accès des ménages ruraux au marché financier, en République de Moldavie, par un programme de microfinance", thèse soutenue le 15 mars 2002.

· Wagué Hawa Cissé, octobre 2001 (mémoire), "Microfinance et lutte contre la pauvreté en Côte d'Ivoire".

Références des sites web

· http://www.alliance21.org/fr/proposals/

· http://www.globenet.org/horizon-local/

· http://www.planetfinance.org/PlanetFinance/All/PDF/Library/CoteIvoireSynth-fr.pdf.

· http://www.tresor.gov.cifinances.htm.

Logiciels utilisés

· Microsoft Excel (pour les calculs, la mise en forme des tableaux issus directement des analyses et la production des graphiques).

· Microsoft Word (pour la rédaction du rapport).

· SPSS 8.0 pour Windows (pour le traitement statistique des données de la base, la tabulation et la régression logistique)

· Stata (pour la confrontation des résultats issus de la régression logistique avec SPSS 8.0 pour Windows)

ANNEXES

Annexe 1 : Listing des IMF exerçant en Côte d'Ivoire en 2001

Principales IMF

FENACOOPEC-CI

MUCREFAB

MUCREFBO

MUCREFAB

PASI33(*)

Autres programmes importants :

UMECI

FIDI

CMEC

IMF plus petites ou récentes :

MUTAS

SMEC-CONOSI

ATR

HOSS International

COFE-CI

OMECI

MAM-CI

COFENCI

CEP/CECREV

CI-PIB

MUDEC

ECLOF

MUTEC-CI

FEDESI

CDS-Caisse de Sion

DEC

EDM-BEPRES

FMDSI

MUDESCO

GES-CI

INACMUCI

BADIPBS

Annexe 2 : Caractéristiques des chefs de ménage ayant accès au système financier

 

Accès au système financier

SFD

Banque

Aucun

Total

Seuil de pauvreté

non pauvre

72,5

77,5

49,1

68,5

pauvre

27,5

22,5

50,9

31,5

Total

100

100

100

100

Sexe de l'enquêté

homme

74,5

82,9

66,4

76,9

femme

25,5

17,1

33,6

23,1

Total

100

100

100

100

Niveau d'instruction

analphabète

9,1

3,5

22,4

9,8

primaire

23,6

3,5

29,3

13,8

secondaire

45,5

42,1

40,5

42,1

supérieur

21,8

50,9

7,8

34,3

Total

100

100

100

100

Type d'emploi

secteur public

5,8

39,3

 

23,8

secteur privé

48,1

34,4

35,5

36,6

entrepreneur privé

5,8

8,5

6,5

7,6

secteur informel

32,7

5,4

36,4

17,8

retraite

3,8

7,6

9,3

7,6

chômage

 

3,1

6,5

3,7

autres

3,8

1,8

5,6

3,1

Total

100

100

100

100

Catégorie socio-professionnelle

cadre

9,1

34,6

5,2

22,6

agent de maîtrise

7,3

23,2

7,8

16,5

employé

34,5

23,2

20,7

24,1

ouvrier

14,5

5,7

23,3

12,0

autres

34,5

13,2

43,1

24,8

Total

100

100

100

100

Autre activité

oui

14,5

27,0

14,9

21,8

non

85,5

73,0

85,1

78,2

Total

100

100

100

100

Membre d'une association

aucune

35,2

36,0

51,3

40,3

religieuse

16,7

17,5

14,8

16,6

syndicale

9,3

16,7

3,5

11,8

culturelle

20,4

12,7

19,1

15,6

autre

18,5

14,0

10,4

13,6

membre d'au moins une association

0,0

3,1

0,9

2,0

Total

100

100

100

100

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

Annexe 3 : Caractéristiques des chefs de ménage selon leur accès au système financier

 

Accès au système financier

SFD

Banque

Aucun

Total

Seuil de pauvreté

non pauvre

14,2

64,8

21,1

100,0

pauvre

11,7

40,8

47,5

100,0

Total

13,4

57,2

29,4

100,0

Sexe de l'enquêté

M

13,4

61,6

25,1

100,0

F

15,2

42,4

42,4

100,0

Total

13,8

57,1

29,1

100,0

Niveau d'instruction

analphabète

12,8

20,5

66,7

100,0

primaire

23,6

14,5

61,8

100,0

secondaire

14,9

57,1

28,0

100,0

supérieur

8,8

84,7

6,6

100,0

Total

13,8

57,1

29,1

100,0

Type d'emploi

secteur public

3,3

96,7

 

100,0

secteur privé

17,9

55,0

27,1

100,0

entrepreneur privé

10,3

65,5

24,1

100,0

secteur informel

25,0

17,6

57,4

100,0

retraite

6,9

58,6

34,5

100,0

chômage

 

50,0

50,0

100,0

autres

16,7

33,3

50,0

100,0

Total

13,6

58,5

27,9

100,0

Catégorie socio-professionnelle

cadre

5,6

87,8

6,7

100,0

agent de maîtrise

6,1

80,3

13,6

100,0

employé

19,8

55,2

25,0

100,0

ouvrier

16,7

27,1

56,3

100,0

autres

19,2

30,3

50,5

100,0

Total

13,8

57,1

29,1

100,0

Autre activité

oui

9,3

70,9

19,8

100,0

non

15,2

53,4

31,4

100,0

Total

13,9

57,2

28,9

100,0

Membre d'une association

aucune

11,9

51,3

36,9

100,0

religieuse

13,6

60,6

25,8

100,0

syndicale

10,6

80,9

8,5

100,0

culturelle

17,7

46,8

35,5

100,0

autre

18,5

59,3

22,2

100,0

membre d'au moins une association

0,0

87,5

12,5

100,0

Total

13,6

57,4

29,0

100,0

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

Annexe 4: Pourcentage des revenus des chefs de ménages par décile selon leur accès au système financier

Décile

Exclus

SFD

Banque

Ensemble

0,0

0,00

0,00

0,00

0,00

0,1

0,03

0,08

0,03

0,02

0,2

0,05

0,13

0,04

0,05

0,3

0,07

0,15

0,06

0,06

0,4

0,10

0,18

0,09

0,08

0,5

0,11

0,26

0,11

0,10

0,6

0,14

0,28

0,14

0,13

0,7

0,18

0,34

0,19

0,16

0,8

0,21

0,37

0,26

0,23

0,9

0,28

0,52

0,37

0,34

1,0

1,00

1,00

1,00

1,00

Indice GINI

0,666

0,437

0,644

0,666

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

Annexe 5 : Validation du modèle multinomial logit de l'accès au système financier

Effet

-2 log-vraisemblance

du modèle réduit

Khi-deux

degrés de liberté

Signif.

Constante

246,216

0,000

0

 

Seuil de pauvreté

252,611

6,395

2

0,041*

Sexe

246,823

0,607

2

0,738

Niveau d'instruction

262,115

15,899

2

0,000*

Membre d'une association

250,422

4,206

2

0,122

Type d'emploi

253,373

7,157

2

0,028*

Autre activité

252,032

5,816

2

0,055**

Catégorie socio-professionnelle

276,759

30,543

2

0,000*

 

* Significatif à 5%

** Significatif à 10%

Source : CIRES, Enquête socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en 2000 (nos calculs).

TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS 2

INTRODUCTION 3

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE 4

1.1 Justification du thème et questions de recherche 4

1.2 Objectifs de l'étude 6

1.3 Hypothèses de travail 6

CHAPITRE II : PLACE DE LA MICROFINANCE EN CÔTE D'IVOIRE 7

2.1 Qu'est-ce que la microfinance ? 7

2.2 Cadre juridique et institutionnel de la microfinance en Côte d'Ivoire 7

2.3 Place de la microfinance dans le système financier ivoirien 8

CHAPITRE III : LES DÉTERMINANTS DE L'ACCÈS AU SYSTÈME FINANCIER 11

3.1 Rappel historique de l'offre financier en Afrique 11

3.2 Relation entre secteur bancaire et microfinance 11

3.3 Les déterminants de l'accès au système financier 12

CHAPITRE IV : METHODOLOGIE DE L'ÉTUDE 14

4.1 Présentation de la base de données de l'étude 14

4.2 Méthode d'analyse 15

4.3 Limites de l'étude 17

CHAPITRE V : DESCRIPTION DES POPULATIONS ÉTUDIÉES 18

5.1 L'accès au système financier ivoirien : un bref aperçu 18

5.2 Caractéristiques des chefs de ménage ayant accès au système bancaire classique 20

5.3 Caractéristiques des chefs de ménage ayant faiblement accès au système financier décentralisé 21

5.4 Caractéristiques des chefs de ménage exclus du système financier 22

CHAPITRE VI : INTERRELATIONS ENTRE PAUVRETE, INÉGALITÉ ET ACCES A LA MICROFINANCE 24

6.1 Inégalité et accès au système à la microfinance 24

6.2 Pauvreté et accès au système financier 25

6.2.1 L'influence de l'accès au système financier sur la Pauvreté 26

6.2.2 Les déterminants de l'accès au système financier 27

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 30

BIBLIOGRAPHIE 32

ANNEXES 34

Annexe 1 : Listing des IMF exerçant en Côte d'Ivoire en 2001 34

Annexe 2 : Caractéristiques des chefs de ménage ayant accès au système financier 35

Annexe 3 : Caractéristiques des chefs de ménage selon leur accès au système financier 36

Annexe 4: Pourcentage des revenus des chefs de ménages par décile selon leur accès au système financier 37

Annexe 5 : Validation du modèle multinomial logit de l'accès au système financier 37

TABLE DES MATIERES 38

LISTE DES FIGURES 40

LISTE DES TABLEAUX 40

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Répartition des chefs de ménage selon l'instrument financier utilisé 18

Figure 2 : Une vue globale de l'accès des chefs de ménage au système financier 19

Figure 3 : Répartition des chefs de ménages ayant accès à un instrument financier selon le seuil de pauvreté 19

Figure 4 : Répartition des chefs de ménages ayant accès au système bancaire classique 20

Figure 5 : Répartition des chefs de ménage ayant accès au système financier décentralisé 22

Figure 6 : Répartition des chefs de ménages exclus du système financier 23

Figure 7: Courbe de Lorenz selon l'instrument financier des chefs de ménage 25

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Évolution du taux de pauvreté en Côte d'Ivoire par strate de 1985 à 1998 4

Tableau 2 : Evolution des principaux indicateurs de la microfinance en 2001 10

Tableau 3 : Variables retenues pour l'analyse 15

Tableau 4 : Résultats de l'estimation du modèle logit dichotomique de la pauvreté 26

Tableau 5 : Présentation des modalités des variables recodifiées 27

Tableau 6 : Résultats de l'estimation du modèle multinomial logit de l'accès au système financier 29

* 1 C'est une autre appellation des institutions de microfinance.

* 2 Institut National de la Statistique de la Côte d'Ivoire

* 3 Profil et déterminants de la pauvreté en Côte d'Ivoire en 1998 (Rapport définitif) - INS/PNUD

* 4 Extraits de la Déclaration du Sommet sur le Microcrédit de 1997

* 5 Professeur d'économie à l'université de Chittagong, au Bangladesh - Directeur de la Grameen Bank

* 6 Créée en 1976 dans le but de réduire la pauvreté et la faim, elle compte aujourd'hui plus de 2,3 millions d'emprunteurs au Bangladesh

* 7 Article de Jean Loup Motchane, professeur à l'université de Paris VII intitulé le micro-crédit alibi de la privatisation de l'aide au développement - Avril 1999

* 8 A l'occasion de la table ronde intitulée «Microcrédit, élimination de la pauvreté et démarginalisation des femmes».

* 9 Banque Mondiale, 1998.

* 10 www.planetfinance.org/PlanetFinance/All/PDF/Library/CoteIvoireSynth-fr.pdf

* 11 La Fédération Nationale des COOPEC est la principale structure de ce type en Côte d'Ivoire.

* 12 www.planetfinance.org/PlanetFinance/All/PDF/Library/CoteIvoireSynth-fr.pdf

* 13 www.planetfinance.org/PlanetFinance/All/PDF/Library/CoteIvoireSynth-fr.pdf

* 14 En proportion de la population active occupée non agricole.

* 15 www.planetfinance.org/PlanetFinance/All/PDF/Library/CoteIvoireSynth-fr.pdf

* 16 www.planetfinance.org/PlanetFinance/All/PDF/Library/CoteIvoireSynth-fr.pdf

* 17 Geneviève NGUYEN, "Bibliographie entre secteur bancaire et microfinance", BIM n°30-03 août 1999.

Voir http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/Bim-1999/30_1999.pdf.

* 18 Geneviève NGUYE, op. cit

* 19 C'est une volonté affichée, reste à vérifier la mise en application effective dans la réalité

* 20 Geneviève NGUYE, op. cit

* 21 http://www.alliance21.org/fr/proposals/

* 22 Bernard DEMONTY, "Banquier, où places-tu mes valeurs?", Editions Luc Pire, 128 p.

* 23 Wagué Hawa Cissé, octobre 2001, "Microfinance et lutte contre la pauvreté en Côte d'Ivoire".

* 24 L'enquête a pris en compte les informations relatives aux dépenses annuelles des ménages et le nombre de personnes en charge. Ce qui a permis de faire ressortir l'état de pauvreté ou non de chaque personne enquêtée.

* 25 Pour les développements, voir Xavier Bry, 1995, "Analyses factorielles simples", Economica.

* 26 En tant que variables actives de l'ACM, elles doivent nécessairement être qualitatives.

* 27 Voir Alban Thomas (2000), "Économétrie des variables qualitatives", Dunod, Paris.

* 28 Ces revenus sont estimés par les dépenses totales du ménage.

* 29 Cameroun, ''Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté'' (DSRP), avril 2003, p.16.

* 30 Article publié dans Développement durable ? Doctrines, pratiques, évaluations, Edition IRD, Paris, pp. 73-94.

* 31 Même au seuil de 10%, les variables "chef de ménage est membre d'une association" et "sexe du chef de ménage" n'ont pas un effet significativement non nul.

* 32 Article d'I. Guérin «Le dilemme Viabilité /Proximité en microfinance : partenariats et confiance.» Revue Savings and Development, n°2, XXIII, 1999, pp. 146-169

* 33 C'est un projet de l'AFVP, et non une IMF en tant que telle. Cependant, ils font des prêts d'un montant non négligeable à d'autres IMF.






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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard