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Devenir professionnel des diplômés du système universitaire guinéen : étude exploratoire à partir des diplômés de l'Université de Conakry

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par Mamadou Gando BARRY
Université de Montréal - Maîtrise en Sociologie 2003
  

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6.2 LE POIDS DES RÉSEAUX DE RELATIONS DANS LE CONTEXTE GUINÉEN

Dans le contexte guinéen, le réseau relationnel comme on a commencé à le voir occupe une place importante lors de la recherche d'un emploi. D'une manière générale, les répondants ayant un emploi déclarent majoritairement avoir fait usage de leurs relations afin d'accéder à un emploi. Même ceux qui sont encore à la recherche d'un emploi comptent également faire usage de leurs relations si l'opportunité s'offre à eux. Dans l'une ou l'autre catégorie de ces répondants, le réseau relationnel constitue une ressource à l'insertion à côté des formations complémentaires et des stages effectués.

Cette réalité du marché de l'emploi guinéen semble corroborer la théorie de Kelley (1976 : 99) selon laquelle, la relation familiale donne un avantage certain dans la recherche de l'emploi. En Guinée, cet avantage se traduit par la possibilité de se faire offrir un stage en milieu de travail, le financement d'une formation complémentaire (en informatique, en anglais ou en gestion par exemple) ou la création de sa propre entreprise. Cette situation n'est pas spécifique à la Guinée. Une étude réalisée au Canada par Guédon (2000 : 80), confirme cette analyse en montrant que : « Les diplômés

10 Audet (1988), Relance du ministère de l'Éducation rappelle qu'en 1987, période de relative prospérité, seulement 54% des étudiants détenant un baccalauréat depuis deux ans avaient à la fois un emploi permanent et relié à leur champ de spécialisation.

soutenus par un milieu familial bien pourvu sur le plan socio-économique, ceux qui peuvent s'identifier à un père heureux au travail ou ceux qui savent utiliser les ressources mises à leur disposition sont en meilleure position d'insertion que les diplômés dépourvus de soutien social et contraints à se tourner vers des "jobines" de survie plus ou moins déviantes ». Cette position est partagée par certains auteurs comme Fournier (1997) et Gauthier (1990) qui soutiennent que les diplômés pénalisés par une histoire familiale tumultueuse, par des difficultés scolaires chroniques, courent plus de risque de s'exclure à long terme du marché de travail régulier. Il faut préciser que le réseau relationnel s'étend au-delà de la famille. A ce niveau, on peut distinguer deux catégories de répondants :

La première catégorie regroupe ceux qui ont obtenu un emploi par le biais de leur réseau relationnel qu'ils soient dans le secteur privé ou public. Pour les répondants, sans une relation amicale ou familiale, c'est très difficile d'avoir un emploi en Guinée. Il faut être recommandé ou avoir des parents qui soient bien placés ou encore une connaissance qui puisse apporter de l'aide comme le souligne FSE30 :

Moi particulièrement, si je n 'avais pas eu vent du concours, je suis sûr que je n 'allais pas apprendre qu 'il y avait un recrutement ici (lieu de travail). Et là aussi, si je n 'avais pas de connaissances (relations), c 'est sûr que je n 'allais pas réussir le concours ».

Ce phénomène d'usage de relation pour décrocher un emploi n'est pas propre aux diplômés guinéens. Des situations similaires ont été observées dans une étude faite au Mali par Piché et Antoine (1995). Les auteurs de cette étude révèlent que c'est à travers les réseaux sociaux, parentaux et culturels que les jeunes diplômés parviennent à s'insérer sur le marché urbain de Bamako. L'étude de Badji (1997 : 51) sur le « devenir professionnel des étudiants de la Faculté des sciences économiques et de gestion » révèle également qu'à Dakar, trouver du travail nécessite beaucoup de connaissances pratiques sur le marché de l'emploi, sur les pourvoyeurs potentiels d'emploi et sur les personnes influentes. Cela suppose l'établissement d'un réseau de relations susceptibles de donner des informations indispensables.

La seconde catégorie regroupe les répondants n'ayant pas encore de l'emploi mais qui envisagent de faire usage des relations pour leur insertion. Ils considèrent

indépendamment de leurs formations universitaires et des compétences dont ils disposent, que sans les relations, les "chances" de trouver un emploi sont faibles. Si certains répondants pensent seulement faire usage de leurs relations, d'autres vont plus loin pour expliquer l'impact du réseau relationnel sur le marché de l'emploi guinéen tout en dénonçant certaines attitudes qu'ils considèrent inconcevables telle que la relégation au second plan du volet formation au profit de la primauté des relations qui conduisent souvent à des pratiques de népotisme comme l'explique HSC24:

« Je connais un ami, il a fait un test, c 'était pour occuper un poste vacant d'expert comptable. L 'expert comptable était rentré, il fallait le remplacer par un guinéen. Un test formel a été organisé, mais il se trouve que son père était un haut responsable du ministère dont relevait l 'entreprise en question. Donc l 'ami a été "pistonné" comme on le dit vulgairement et aujourd 'hui il occupe ce poste, il est très bien payé avec une voiture de commandement à sa disposition, un chauffeur sans compter d'autres avantages. Alors qu 'en réalité, il n 'a pas les compétences requises pour exercer cette fonction. C 'est dire que le volet formation n 'est pas en Guinée le volet le plus important, il faut aussi avoir des relations, des relations très solides sinon il est pratiquement impossible d'avoir du travail ».

Cette situation caractérisant les diplômés universitaires guinéens est présente ailleurs comme au Mali où certains diplômés font appel à la < solidarité familiale » pour accéder à un emploi. D'ailleurs, l'étude de Gérard (1997) portant sur < Marginalisation et recherche d 'intégration des "jeunes diplômés "Bamakois au chômage » démontre le besoin de relations pour les diplômés dans leur insertion professionnelle. Cette étude révèle que 81,6% des jeunes interrogés estiment que, sans les relations, on ne peut pas trouver de travail à Bamako; 5 8,5% des diplômés qui travaillent ont obtenu leur emploi par ce moyen.

Pour le cas spécifique des diplômés de l'Université de Conakry, suite à plusieurs déceptions en rapport aux résultats du test de recrutement, certains répondants considèrent désormais les relations ou les moyens financiers comme l'unique possibilité pour accéder à un emploi en Guinée. Nous reviendrons plus loin sur cet aspect des moyens financiers qui constitue une forme de corruption généralisée dans le marché du travail guinéen et par conséquent un handicap à surmonter par les diplômés en quête du premier emploi.

Si une proportion importante des interviewés met l'accent sur la portée des relations pour décrocher un emploi, il faut cependant, noter des exceptions. Car, les diplômés qui ont obtenu un emploi sans passer par un réseau relationnel le mentionnent avec fierté en précisant quand même le rôle des formations et stages:

«Moi personnellement je n 'ai pas eu de relations. Je me suis débrouillée toute seule avec ce que j 'ai eu à faire comme formations et stages. C 'est grâce à ça (formations et stages) que j 'ai eu cet emploi là aujourd'hui. Je n 'ai bénéficié d'aucune relation, que ça soit de la part des amis ou des parents » (FSE29).

Enfin, d'autres interviewés, même s'ils ont décroché leur emploi par un simple dépôt de dossier, ne manquent pas de mettre l'accent sur le poids des relations en Guinée. Certains vont jusqu'à distinguer deux modes communément utilisés par les diplômés à savoir : les relations parentales et les jeux d'influence assortis d'argent. A propos de ce dernier, des répondants font état de l'existence de la corruption en soutenant que des emplois sont obtenus parfois sur paiement de pots de vin. Ce qui revient à dire que les diplômés qui n'ont pas de moyens financiers ou de soutien de la part des réseaux, ne peuvent rien faire face à la concurrence quand on sait que les sommes d'argent fréquemment sollicitées sont trois fois supérieures à celles d'un salaire mensuel d'un cadre supérieur de la fonction publique guinéenne.

Par exemple en ce qui concerne les tests de recrutement, selon nos interviewés, on demanderait entre 500 000 et 1 million de FG11 pour trouver un emploi dans le secteur public. Toujours selon nos répondants, une fois que la somme demandée est acquittée, plus besoin de se soucier du déroulement du concours. Ce qui compte c'est de savoir à qui donner, à quel moment le donner, un arrêté ministériel sortira pour indiquer que le diplômé est employé.

Aussi, d'après eux, cette attitude est justifiée par les conditions socio-économiques précaires qui caractérisent particulièrement Conakry la capitale guinéenne. En effet, les répondants jugent que les bas salaires des fonctionnaires pousseraient ces derniers à la corruption lors d'organisations de concours de recrutement. Ces pratiques confirment de nouveau l'usage de la corruption et du népotisme qui caractérisent les administrations

11 Environ entre 407 et 814 dollars canadiens au moment de notre collecte de données (novembre 2001).

des pays en voie de développement en général et celle de la Guinée en particulier. C'est ce que Badji (1997, ibid.) qualifie à Dakar de "genre de pratique" qui a favorisé la titularisation de personnes parfois incompétentes à des postes stratégiques. Ce qui ne manque pas d'avoir des répercussions négatives sur la compétitivité, l'efficacité ainsi que la validité de ces structures économiques.

L'interprétation des données de la présente section permet de conclure que près de 56 % des répondants sont unanimes sur l'influence des réseaux relationnels en Guinée. On constate que les perceptions des répondants et singulièrement celles des personnes ayant obtenu de l'emploi sont similaires avec les conceptions de ceux qui n'ont pas encore d'emploi.

En effet, les réseaux de relations et les formations complémentaires ont des impacts dans le contexte guinéen lors de la recherche de l'emploi. En exemple, cinq fils de commerçants (62,5 %) sur 8 sont en emploi. De même, quatre sur sept des diplômés dont le père est cultivateur (soit 57,14 % de cette catégorie) sont en emploi. Ce taux d'insertion de ces deux catégories peut s'expliquer par le fait qu'elles font appel aux réseaux de relation combinés aux formations complémentaires. En outre, les données du tableau ci-dessous illustrent cette situation. Sur 21 diplômés occupés, sept (33,33 %) ont eu leur emploi à travers leurs relations, cinq (23,80 %) à la suite des réseaux combinés aux formations complémentaires, sept (33,33 %) à partir d'une formation complémentaire et deux (9,52 %) ont décroché leur emploi en postulant directement. Les relations et/ou les formations complémentaires sont très déterminantes en Guinée pour trouver du travail. Comme l'ont si bien dit d'ailleurs des diplômés " les relations sont privilégiées au détriment de la compétition. Elles priment sur la compétence; on use d'abord de celles-ci avant de faire jouer la compétence".

Tableau 4 Répartition des diplômés en emploi selon le mode d'obtention de l'emploi

Mode d'obtention de l'emploi

Effectif

%

Par les réseaux sociaux

7

33,33

Par les réseaux sociaux + formation complémentaire

5

23,80

Par formation complémentaire

7

33,33

Ont postulé directement

2

9,52

Tout d'abord, la mise à contribution des relations pendant la quête d'emploi est fortement conseillée, cette démarche devant s'effectuer bien avant la fin des études. La préparation du point de "chute" se fait le plus souvent pendant les études. Dans la même optique, certains répondants comptent seulement sur l'appui des réseaux afin d'accéder au marché de l'emploi. Par ailleurs, les répondants sont quasi unanimes à admettre que la mise à contribution des réseaux se fait régulièrement sur le marché de l'emploi guinéen comme l'illustre l'extrait suivant :

« J'ai participé récemment à un concours de recrutement à la fonction publique, les sujets donnés étaient très faciles pour moi en plus, je sais que j 'ai bien traité les sujets. Confiant, je n 'ai même pas voulu faire des démarches parallèles. Quelle a été ma surprise, lors de la publication des résultats j 'ai vu des gens qui avaient abandonné l'école il y a près de 10 ans [...] et qui étaient admis ou des gens qui n 'ont pas fait l 'option qui se retrouvent admis finalement. Je me suis dis que ce sont les relations. Effectivement tous mes amis qui furent admis, soit ont des parents au Ministère de l 'Éducation nationale ou bien ils ont des parents au niveau de la fonction publique» (HLE19).

En d'autres termes, l'appartenance aux réseaux des relations des familles exerce une influence décisive sur les trajectoires professionnelles des diplômés du système universitaire guinéen. Pour le cas spécifique de l'Université de Conakry, cet avantage se traduit par la possibilité de se faire offrir un stage en milieu de travail, le financement d'une formation complémentaire. Car, en Guinée, le système de réseau familial est encore déterminant lors de l'accès au premier emploi. Cela diffère de ce qui se passe dans les pays développés comme le Canada où le réseau familial est nettement moins déterminant pour accéder à un emploi ou à une formation.

Lorsque l'on fait référence aux propos des diplômés et surtout à ceux qui sont sans emploi, on comprend vite que l'utilisation de réseaux familiaux ait à la fois une portée tant sociale qu'économique. Dans la situation du premier emploi, le répondant et sa famille sont confrontés à des paramètres sociaux importants. Pour la famille, c'est entres autre la perpétuation du réseau relationnel et la survie économique de la famille qui sont mis en cause alors que pour le diplômé, c'est son statut social qui se modifie pour s'améliorer (surtout quand il s'agit d'un emploi à durée indéterminée). Mais la portée sociale de l'emploi du diplômé se vérifie aussi sur la base de son autonomie vis à vis de ses parents et de sa contribution à l'épanouissement du réseau relationnel.

En effet, en Guinée, les réseaux de familles constituent l'une des principales ressources pour accéder à un emploi. Cette lecture sociologique du rôle du réseau familial dans l'accès à l'emploi est partagée par Paul et Renaud (1976), qui défendent l'idée selon laquelle un fils qui vient d'une famille de statut élevé obtient des ressources économiques dont il se sert pour acquérir une éducation, de l'équipement et des réseaux de relations. Cette situation est présente en Guinée et dans beaucoup d'études africaines (Fall, 1992 ; Gérard, 1997 ; Badji, 1997). Même si dans la perspective de Granovetter (1992) ce sont les "petits liens" qui sont plus déterminants que le réseau familial.

D'ailleurs, certains auteurs, comme Vinokur (1995), font remarquer que les facteurs comme le parcours scolaire, le niveau et le type de diplôme n'expliquent pas tout dans l'accès au premier emploi puisque des personnes ayant le même cursus scolaire peuvent avoir des parcours professionnels différents. Ainsi, pour Vinokur (1995), à niveau de diplôme identique, l'accès à l'emploi des jeunes issus de milieux favorisés/et ou ayant des relations se passe dans de meilleures conditions comparativement aux autres jeunes. En fait, il semble se dégager que l'origine sociale traduit implicitement la capacité à recourir à des réseaux professionnels, familiaux ou amicaux constitués par l'entourage familial pour accéder au premier emploi.

Cette lecture met donc au centre de la réflexion le réseau familial et son rôle dans le rythme de l'insertion professionnelle des individus et de leur ascension sociale. Selon les termes de Passeron (1970 : 27) :

« Tout sous système familial joue un rôle essentiel dans le processus d 'insertion à l 'emploi en modelant les ambitions de chaque membre de la famille au statut social familial. La famille détermine donc, en première instance, l 'accès et, par la suite, le maintien à l 'emploi. L 'emploi, à son tour, fournit des compétences et prépare les individus dans l 'occupation des positions sociales disponibles ».

Pour le cas de la Guinée en général et de l'Université de Conakry en particulier, les diplômés ont des chances différentes de réussir leur insertion. Par sa position sociale, ses capitaux (culturels et financiers) et sa structure, le réseau familial et/ou relationnel joue effectivement un rôle capital. Il continuera à apporter un appui important pendant la formation, par la mobilisation des ressources, mais pendant la recherche de l'emploi par la mobilisation d'autres types de ressources. Les données dans le tableau 4 montrent que les répondants ayant bénéficié d'une formation complémentaire soutenue par une relation s'insèrent plus facilement que les autres.

Une autre forme de manifestation des réseaux sociaux d'insertion pour les diplômés c'est le "piston". Est-ce que les affichages ou les communiqués radio aident à la recherche de l'emploi? A cette question, plus de 3/4 des répondants affirment que les annonces dans les journaux et les communiqués radio ne permettent pas l'accès à l'emploi. Ils invoquent, entre autres arguments, le délai très court entre le moment où ces annonces sont publiées et le jour de l'organisation du test. Ensuite, ils considèrent que les candidats qui ont des appuis sont informés très tôt de façon informelle et ont le temps nécessaire de se préparer au dit test sans compter les recommandations faites en leur faveur par les organisateurs du test de recrutement. C'est pourquoi les répondants qualifient ces annonces et communiqués de simples formalités pour légitimer des choix préalables dans la mesure où les admis sont connus d'avance. L'extrait ci-dessous illustre bien ce genre de pratique sur le marché de l'emploi guinéen :

«En Guinée, les annonces dans les journaux et les communiqués radio, ne sont que des simples formalités, parce que dans la pratique les places offertes au niveau d'un département ministériel ou d'une entreprise sont déjà destinées à des personnes. Par conséquent, l 'information donnée n 'est là que pour légitimer des emplois déjà attribués. Ainsi, ceux qui viennent là, font tout juste le test pour la

forme, mais en réalité ceux qui ont donné de l 'argent ou ceux qui ont des parents bien placés sont déjà pris par avance» (HLC12).

Ce phénomène de "pistonnage" en Guinée est présent dans des études comme celle de Bocquier et Fall (1992) effectuée au Sénégal. Les auteurs de cette étude résument cette situation en ces termes : «Dans un contexte de raréfaction de l'offre d'emploi, les jeunes diplômés sont contraints de faire appel à des relations de plus en plus proches, en l'occurrence les relations de parenté». L'étude de Badji (1997 : 51) à Dakar, arrive à la conclusion que tous les diplômés qui n'ont pas utilisé ce moyen affirment qu'ils n'ont personne pour les "pistonner". Ailleurs, c'est ce que Granovetter (1974, 1995) appelle les ponts (bridges) qui relieront les groupes et feront passer l'information entre eux. Ces réseaux sont effectivement intéressants parce que moins coûteux, plus riches et plus détaillés en informations et plus fiables.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein