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Devenir professionnel des diplômés du système universitaire guinéen : étude exploratoire à partir des diplômés de l'Université de Conakry

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par Mamadou Gando BARRY
Université de Montréal - Maîtrise en Sociologie 2003
  

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7.6 LE RÔLE DES FORMATIONS DANS L'ACCÈS À L'EMPLOI

Sur la base des données colligées, les répondants, qu'ils soient en emploi ou au chômage, indiquent le rôle important des formations complémentaires dans l'accès à l'emploi en Guinée. C'est pourquoi à la fin de leurs études, ils se voient dans l'obligation de faire des formations additionnelles pour accéder au marché de travail, du moins prétendre accéder à ce dernier. Or, tous les répondants ayant obtenu un emploi sans une longue période de chômage, affirment que leur atout a été d'avoir suivi une formation supplémentaire pendant le cursus universitaire comme l'illustre l'extrait cidessous :

« Moi, l 'inform atique m 'a beaucoup aidé pour le boulot que je cherchais. On chercha it quelqu 'un pour la saisie inform atique des données des agences de la société qui m 'a employé et comme à ce moment j 'avais fait l 'inform atique, j 'avais un diplôme, c 'était un atout pour moi. Ça m 'a beaucoup aidé dans l 'obtention de mon emploi » (FSE30).

Selon les répondants, indépendamment de la formation principale universitaire et des relations dont ils peuvent disposer, sans les formations complémentaires, il serait très difficile, voire impossible de décrocher un emploi dans le contexte actuel de la Guinée. Il s'agit de la maîtrise de l'anglais (et du français évidement), la maîtrise minimale de l'utilisation des logiciels (traitement de texte, tableur, base de données etc.).

Cela dénote combien de fois ces formations ont un rôle très important dans la recherche de l'emploi pour un diplômé et d'ailleurs, le plus souvent quand il y a par exemple des appels d'offre d'emploi, il est question que les diplômés présentent des dossiers ayant trait à une autre formation qu'ils ont faite ailleurs. C'est pourquoi, bon nombre d'étudiants s'intéressent davantage à l'informatique, à l'anglais comme c'est le cas

aujourd'hui en Guinée partout où on demande des candidats, il y a ces deux compétences qui sont demandées indépendamment de la formation universitaire.

Même les répondants qui n'ont pas encore bénéficié des formations complémentaires pensent le faire dès que possible dans la mesure où elles constituent une alternative inévitable pour les diplômés en emploi ou en quête du premier emploi comme le précise HLE1 5 : « Pratiquement je n 'ai pas fait de formations complémentaires mais je pense faire une, surtout, je mise précisément sur la comptabilité-gestion car mon emploi actuel est lié aux finances ».

Dans une certaine me sure, les répondants s'accordent à admettre que le manque de formations supplémentaires constitue un frein dans l'accès à l'emploi notamment au niveau des ONG présentes en Guinée. En effet, la plupart de ces ONG privilégient dans leurs critères d'embauche la maîtrise de l'anglais et/ou de l'informatique, d'où la nécessité de faire ces formations comme l'explique l'extrait suivant:

« Le man que de maîtrise de l 'informatique, le man que de maîtrise de la langue anglaise constitue un handicap pour moi. Puisqu 'on est pas sans savoir que les produits scientifiques aujourd'hui sont en anglais. Quand bien même chez nous ici (la Guinée) c 'est un pays francophone, mais l 'apprentissage de l 'anglais peut conduire à une réussite de 60% sur le marché de l 'emploi particulièrement dans les ONG » (HLC 13).

En somme, il faut rappeler que si tous les répondants s'accordent de façon générale sur le rôle des formations complémentaires dans l'accès à l'emploi en Guinée, cependant, dans leur majorité, ils focalisent leur apprentissage sur l'informatique et l'anglais qui sont les plus sollicités par les employeurs. Ce qui suppose que les diplômés font ces formations en fonction de leurs objectifs de recherche d'emploi.

L'interprétation des données relatives à cette section permet de comprendre que les points de vue des interviewés sont similaires au niveau des deux Facultés quant à la nécessité des formations complémentaires afin de s'insérer sur le marché de l'emploi. Ainsi, le fait d'avoir une possibilité de faire une autre formation que la principale, donne des chances d'insertion. Autant chez les répondants de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines que ceux de la Faculté des Sciences, on s'accorde sur le fait que les

formations constituent une étape inévitable. Nous l'avons dit plus haut la majorité des interviewés ont en effet fait une formation complémentaire dans le but d'accroître les possibilités d'accès à l'emploi.

Si on tente d'approfondir les démarches des diplômés en ce qui concerne leurs formations et l'implication de leurs réseaux relationnels dans celles-ci, on doit se référer à l'ensemble des propos des diplômés ayant fait une formation complémentaire. En premier lieu, on constate que les diplômés, au cours des premiers mois de leur sortie, gardent l'espoir de trouver un emploi. Ainsi, un diplômé va commencer à s'intéresser davantage aux formations quand il va rencontrer des difficultés (exigences de connaissances des langages de base de l'informatique ou de l'anglais imposées par les employeurs) sur le marché de travail. C'est en ce moment qu'il fait intervenir les réseaux relationnels, en même temps il exploite son statut d'appartenir à une famille à statut élevé.

Cependant, aujourd'hui, certains diplômés prennent de plus en plus conscience de cette situation et n'attendent plus de rencontrer des difficultés sur le marché du travail pour suivre ces formations complémentaires. En exemple, les diplômés sortis entre 1997 et 1999 ayant fait une formation complémentaire ne représentaient que 10 %. Par contre, depuis 2000, quarante pour cent des diplômés ont fait une formation complémentaire en prévision des difficultés d'insertion sur le marché du travail (SPS, 2000). Concernant cette attitude des diplômés dans le processus permettant l'acquisition de la formation, nous donnons différentes raisons sur ce comportement prévalant en Guinée.

La période des tout premiers mois de la fin des études est foncièrement une période d'angoisse. En fait, le diplômé peut se voir le plus souvent refuser un emploi à cause de son inexpérience de travail ou de son manque de maîtrise de l'outil informatique. Par conséquent, il ne peut se prévaloir d'une garantie d'emploi aussitôt après la sortie de l'université. De plus, cette situation d'inquiétude met le diplômé dans une position de faiblesse car il peut être victime d'exploitation (sous-emploi, droits sociaux, etc.) : par exemple, l'employeur peut exiger une reconversion ou un stage non payant pendant plusieurs mois, voire des années. L'exemple le plus frappant en Guinée c'est la Radio

Télévision Guinéenne, il y a des diplômés qui ont fait déjà plus de deux ans de stage, ils ne sont pas employés.

Les données recueillies au cours des entrevues montrent qu'à l'Université de Conakry, dans le cas des diplômés dont les parents n'ont pas les possibilités financières, ils utilisent leur réseau relationnel (amis, professeurs, cousins, tantes, oncles etc.) pour bénéficier des formations complémentaires. Cette réalité du marché de travail guinéen n'est pas unique en son genre. Si on se rapporte par exemple aux écrits de Granovetter (1995) in "The Strength of Weak Ties", cet auteur précise que, le plus souvent, l'accès au marché de travail se passe beaucoup plus par des relations lointaines que des relations issues directement des parents. Par contre les répondants ne possédant pas un réseau relationnel ou non issus d'une famille à statut élevé, ont deux possibilités: la première consisterait à faire du sous-emploi afin d'épargner et faire ses propres financements. La deuxième quant à elle consisterait à renoncer aux formations complémentaires, conduisant généralement à un chômage chronique et/ou à l'exclusion du marché de travail.

Par ailleurs, après l'étape transitoire de trois, six ou neuf mois de formations supplémentaires, le diplômé cherche véritablement à confirmer ses compétences soit en informatique ou en anglais. En effet, c'est lorsque le diplômé sait faire du traitement de texte, saisir et analyser des données d'enquête que la plupart des employeurs songent à l'embaucher. De plus, la maîtrise d'Access et/ou de l'anglais fait l'objet d'une appréciation positive de la part des employeurs qui privilégient la gestion des bases de données et la compréhension de l'anglais.

Pour saisir cette situation, on doit dire que les entreprises guinéennes disposent de très rares analystes programmeurs. Ce qui explique en partie leur exigence de la connaissance des logiciels de gestion de bases de données. L'apprentissage de l'informatique et de l'anglais est donc une démarche importante pour le diplômé car l'acquisition de compétences entraîne des modifications importantes dans sa vie d'insertion professionnelle.

Cette situation présente en Guinée existe aussi dans d'autres pays comme le Canada où l'étude réalisée par Audet (1995 : 484) dans "Relance de l'Université de Montréal" montre que l'informatique occupe une place de choix car, d'après cette étude, les diplômés de la filière informatique, après 12 semaines de leur sortie ont une insertion de 100%. Cependant, il faut nuancer, qu'il s'agit ici des spécialistes de l'informatique, tandis qu'en Guinée il s'agit d'apprentissage de logiciels de base. Une autre étude réalisée par Piché et Ouédraogo (1995) au Mali, et au Sénégal confirme nos recherches faites en Guinée en montrant que, de manière globale, la maîtrise de l'informatique comme formation complémentaire constitue un atout d'insertion sur le marché de l'emploi.

En Guinée, les employeurs potentiels valorisent également d'autres formations (comptabilité-gestion, la recherche à partir du Net) lorsqu'il s'agit d'un domaine en rapport avec leurs entreprises. Toutefois, leurs points de vue divergent par rapport à internet. En effet, chez certains employeurs, la maîtrise d'Internet est une manière d'intégrer à long terme leurs activités à la mondialisation de l'information. Pour d'autres, une telle formation n'a rien à voir avec leurs entreprises.

Un autre point non moins important à souligner, c'est l'écart constaté entre la sortie de l'Université et la soutenance du mémoire. En fait, sans le diplôme, pas de possibilité de postuler à un emploi donc l'étudiant reste dans le chômage. Même après la soutenance de son mémoire, le diplômé est confronté à des lenteurs administratives pour l'acquisition de celui-ci. Ensuite, pour ces répondants, ils préfèrent se consacrer à des "stages pratiques" dans des entreprises afin d'obtenir une certaine expérience professionnelle. Cette «fameuse» expérience est régulièrement mise en avant dans les offres d'emploi.

Globalement dans cette partie consacrée à la présentation et l'interprétation des données, nous avons montré que les hypothèses de notre recherche se vérifient par rapport au rôle des formations complémentaires et au poids des réseaux de relation dans l'accès à l'emploi en Guinée. Par contre, à propos de l'origine sociale, les résultats de nos données montrent qu'elle a peu d'effet observable après l'entrée à l'Université.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote