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Les déterminants de la faible bancarisation dans l'UEMOA

( Télécharger le fichier original )
par Agossou Jacques GANSINHOUNDE
Université Polytechnique du Bénin - Master Banque-Finance 2007
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DE FRANCE

????????

UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LILLE

REPUBLIQUE DU BENIN

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UNIVERSITE POLYTECHNIQUE

FACULTÉ LIBRE DES SCIENCES INTERNATIONALE DU BENIN (UPIB)

ECONOMIQUES

Mémoire de fin de formation

TROISIEME CYCLE

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Les déterminants de la

faible bancarisation dans

l'UEMOA

THEME:

Présenté et soutenu par : Agossou Jacques GANSINHOUNDE

Sous la Direction de :
Ra-Sablga Seydou OUEDRAOGO

Economiste, Enseignant à l' UPIB

L'UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LILLE ET L'UNIVERSITE POLYTECHNIQUE INTERNATIONALE DU BENIN N'ENTENDENT DONNER AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES DANS LES MEMOIRES. CES OPINIONS DOIVENT ETRE CONSIDEREES COMME PROPRES A LEURS AUTEURS.

SOMMAIRE

Dédicaces iii

Remerciements iv

Sigles et Abréviations v

Liste des figures v

Liste des tableaux v

Liste des annexes v

Résumé vi

Introduction 1

Première partie: Théorie de la faible bancarisation 5

Chapitre 1 : Problématique, contexte, objectifs et méthodologie de l'étude 6

I La problématique 6

II Contexte et intérêt de l'étude 7

III Objectifs et hypothèses de l'étude 9

IV Méthodologie 9

Chapitre 2 : Revue de littérature 13

I Définitions des concepts 13

II Les facteurs limitatifs identifiés dans la littérature 20

Deuxième partie : Etude empirique de la faible bancarisation dans l'UEMOA 28

Chapitre 3 : Analyse contextuelle de la faible bancarisation 29

I L'environnement global 29

II Le système bancaire et financier depuis la crise des années 80 32

III Les institutions de microfinance (IMF) 39

IV Les barrières et les frontières des possibilités d'accès 40

Chapitre 4 : Etude économétrique de la faible bancarisation 46

I Spécification du modèle 46

II Estimation du modèle 50

III Validation du modèle 52

IV Facteurs explicatifs de la faible de bancarisation 54

Chapitre 5 : Résultats et recommandations 56

I Interprétations des résultats 56

II Validation des hypothèses de travail 58

III Recommandations 59

Conclusion 63

Bibliographie 65

Annexes 70

Table des matières 91

DEDICACES

Je dédie ce mémoire à :

? Ma chère épouse Florence Yanine DOMINGO, pour son soutien.

? A mes parents pour leurs sacrifices et leur dévouement.

? A mon grand frère Florent GANSINHOUNDE qui a été, pendant plusieurs années, d'un soutien financier, matériel et moral sans faille.

? A mon grand frère Samuel GANSINHOUNDE pour son soutien dans les moments les plus difficiles.

? A tous mes amis, pour tout ce qu'ils ont fait pour moi.

REMERCIEMENTS

Je ne peux entamer ce mémoire sans m'arrêter pour exprimer mes vifs remerciements à mon directeur de mémoire Ra-Sablga Seydou OUEDRAOGO, économiste, enseignant à l'Université polytechnique Internationale du Bénin qui n'a ménagé aucun effort pour m'orienter et me conseiller. Je tiens à lui exprimer ma sincère gratitude et mon profond respect.

Mes remerciements vont également à l'endroit de Brice Ayédjo ONODJE précédemment chef du Service des systèmes de paiement et actuel chef du Service des ressources humaines à l'Agence Principale de la BCEAO à Cotonou pour ses précieux conseils lors du choix du thème, à mes collègues Didier NOUKPO, Saint-Martin MONGAN, Rafiou Abdou BELLO et Sessie HOUEDE pour leurs conseils et suggestions pendant la réalisation de ce travail.

Sigles et Abréviations

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CB-UMOA : Commission Bancaire de l'UMOA

CGAP : Consultative Group to Assist the Poor

DAB : Distributeur Automatique de Billets

ETC : Etablissement Teneur de Comptes

FNAM : Fédération Nationale des Associations de Microcrédit.

IMF : Institution de MicroFinance

PARMEC : Programme d'Appui à la Réglementation des Mutuelles d'Epargne et de
Crédit dans l'UMOA.

RTGS : Real Time Gross Settlement

SFD : Systèmes Financiers Décentralisés

SICA-UEMOA : Système Interbancaire de Compensation Automatisée de l'UEMOA

STAR-UEMOA : Système de Traitement Automatisé et de Règlement de l'UEMOA

UEMOA1 : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine.

UMOA : Union Monétaire Ouest Africaine

Liste des figures

Figure 1 : Frontières de possibilités d'accès 23

Figure 2 : Croissance économique dans l'UMOA 30

Figure 3 : Evolution du nombre d'institutions de microfinance 39

Figure 4 : Evolution du nombre de bénéficiaires de micro-crédit 40

Figure 5 : Frontières des possibilités d'accès au compte bancaire dans l'UEMOA 44

1Le traité de l'UMOA a été signé le 12 mai 1962, puis modifié le 14 novembre 1973 par les Etats membres pour la création et la gestion d'une monnaie commune. L'UMOA n'a pas la personnalité juridique.

Le traité de l'UEMOA a été signé le 10 janvier 1994 par les Etats membres pour la création d'un espace économique et monétaire sous-régional. L'UEMOA a la personnalité juridique et complète l'UMOA qu'elle devrait remplacer à terme.

Liste des Tableaux

Tableau 1: Nombre de faillites bancaires de 1980 à 1995 dans l'UEMOA 33

Tableau 2: Le paysage bancaire de l'UEMOA 36

Tableau 3: Frontières des possibilités de bancarisation 44

Tableau 4: Définition des variables 49

Liste des annexes

Annexe 1 : Présentation du modèle linéaire sur données de panel 71

Annexe 2 : Difficultés rencontrées dans la collecte des données 74

Annexe 3 : Résultats des tests 77

Annexe 4 : Meilleures droites d'ajustement au sens des moindres carrés 82

Annexe 5 : Liste des variables initiales 85

Annexe 6 : Description des variables retenues 86

Annexe 7 : Le contenu de la réforme des systèmes et moyens de paiement 87

Annexe 8 : Les données chiffrées des variables retenues 90

Résumé

Le secteur bancaire et financier de l'UEMOA est en pleine mutation. Le nombre des établissements de crédit est croissant. Sur décision des autorités monétaires, le secteur se modernise progressivement avec l'automatisation des transferts, le déploiement de la télécompensation et l'introduction prochaine de la carte bancaire sous-régionale. Mais les services financiers demeurent inaccessibles pour la grande majorité de la population. La faiblesse du niveau de bancarisation demeure inquiétante. La monnaie fiduciaire demeure très prisée dans le règlement des transactions. Cela engendre des problèmes importants tant au niveau de la mobilisation de l'épargne que du financement de l'activité économique.

Les causes de la faible bancarisation sont diverses. Il y a les facteurs systémiques tels que le niveau de développement économique, social, institutionnel et juridique qui détermine l'environnement global et les facteurs particuliers au secteur bancaire comme les conditions d'ouverture des comptes, le taux d'intérêt des crédits à la clientèle, la taille des banques, etc.

Pour une amélioration de la bancarisation, il faudra non seulement appliquer des mesures correctives à ces deux facteurs mais également stimuler la distribution du microcrédit qui se revêt être d'un apport certain pour l'insertion des populations les plus démunies dans la vie économique. En effet, de par leur proximité et la souplesse de leurs conditions, les IMF constituent pour une grande partie de la population une véritable passerelle vers la bancarisation.

Mots clés: Bancarisation, marge de bancarisation, système et moyen de paiement, compte, service bancaire, exclusion bancaire, accès, crédit bancaire, microcrédit.

Introduction

La bancarisation se définie comme la proportion de la population titulaire d'un compte en banque. Elle est mesurée par un indice appelé taux de bancarisation. Cet indice traduit le niveau de pénétration des services bancaires et financiers dans le pays ou la région concernée. Pour les Etats membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) que sont le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, cet indice est très bas, traduisant un état de faible bancarisation généralisée. Selon la Banque Centrale (BCEAO, 2005b), le taux de bancarisation dans l'UEMOA à fin décembre 2003 variait de 0,76% pour la Guinée Bissau à 5,18% pour la Côte d'Ivoire avec une moyenne de 3,02% pour l'Union. En comparaison, la France était en 2001 à un taux de 99% (Daniel et Simon, 2001). Il existe donc un véritable problème de niveau de bancarisation dans l'espace UEMOA qui se ressent d'ailleurs à tous les niveaux de la vie économique. Nous en donnons ici trois signes apparents qui montrent, si besoin en était, l'ampleur du problème.

Le premier symptôme est la faible densité du réseau bancaire de l'Union. A fin 2005, cent (100) établissements de crédit sont recensés comme étant en activité dans l'espace communautaire avec un total de 768 guichets, agences et bureaux compris (CB-UMOA, 2006). Avec envrion 85 millions d'habitants, l'UEMOA a donc un taux moyen de couverture bancaire de 110.677 habitants/guichet soit plus de vingt fois la norme communément admise au plan international qui est de 5.000 habitants/guichet1. Le problème est plus préoccupant si l'on tient compte de la répartition géographique de ces guichets. Ils sont pour l'essentiel implantés dans les grandes villes où les banques développent leurs activités en priorité. Les villes secondaires et surtout les zones rurales ne sont pas desservies. Une partie importante de la population est ainsi délaissée du simple fait de son lieu de résidence.

Le deuxième symptôme de la faible bancarisation est la part importante de la circulation fiduciaire. Elle était de 1.848 milliards en 2005 sur une masse monétaire globale de 5.653 milliards soit un taux de 32,69 % (BCEAO, 2006a). En France, ce taux est évalué pour la même

1 Norme citée par Karim Djoudi, ministre algérien, délégué en charge de la réforme financière ( www.algeriedz.com/article7643.html).

année à 9,4 %2.

Les populations de la sous-région recourent peu aux moyens scripturaux de paiement malgré les différentes mesures prises par les autorités monétaires pour en faciliter l'usage. Parmi ces mesures, il est important de souligner le règlement N° 1 5/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement (R15) et la directive N°08/2002/CM/UEMOA portant mesures de promotion de la bancarisation et de l'utilisation des moyens scripturaux de paiement. L'article 11 du R15 contraint les commerçants à accepter tout paiement scriptural d'un montant supérieur à un montant de référence (fixé à 100.000 FCFA). Quant à la directive, son implémentation dans l'arsenal juridique des pays membres devrait permettre une généralisation de l'utilisation des services bancaires par les fonctionnaires et les différents prestataires de l'Etat. Cependant, la mise en application de ces textes demeure très difficile. Le ''réflexe fiduciaire'' est si ancré dans les habitudes des populations que toute tentative de promotion des moyens scripturaux de paiement par la réglementation se heurte à une forte résistance.

Néanmoins, un nouvel instrument est actuellement en plein essor dans les Etats membres. Il s'agit des cartes bancaires privatives qui sont des cartes fonctionnant uniquement sur le réseau de la banque émettrice. Leur utilisation est encore limitée aux retraits fiduciaires et aux paiements électroniques dans quelques centres commerciaux et points de vente des grandes villes.

Le troisième et dernier symptôme qu'il est intéressant de souligner est le développement important des institutions non bancaires de financement telles que les institutions de microfinance (IMF). Il en existe 652 officiellement agréés avec 3.500 points de services soit une couverture de 24.286 habitants/point de service (BCEAO, 2006a). Ces institutions ont offert en 2005 des services financiers à 5,8 millions de bénéficiaires directs, soit plus du double de la taille de la clientèle totale des banques. Mais les services offerts par les IMF ne couvrent qu'une faible portion des besoins de financement de l'économie. Kamalan (2006) démontre que les IMF sont inefficaces pour assurer une croissance économique réelle. Il montre qu'entre 1996 et 2004, la part des crédits à l'économie octroyés par les IMF dans l'UEMOA est inférieure à 1%. Ainsi, bien qu'elles soient d'une utilité certaine pour des économies exsangues et peu structurées que celles de l'Union, il est peu probable qu'elles puissent constituer une alternative pour le financement d'un développement durable et pérenne. En dehors des IMF dont le cadre d'intervention est réglementé par les autoritaires monétaires, il existe une multitude de structures parallèles de financement qui évoluent essentiellement dans l'informel avec des pratiques

2 Site de la Banque de France, rubrique « Monnaie Fiduciaire »

usurières très peu favorables à un véritable essor économique..

Ces différents signes caractéristiques d'un état de faible bancarisation ont été perçus depuis de nombreuses années par les autorités monétaires qui ont pris diverses initiatives afin de faciliter la création d'un cadre technique et juridique moderne devant favoriser la bancarisation de masse. Au nombre de ces initiatives, nous pouvons citer la modernisation et l'automatisation des transferts, la mise en place de la télécompensation, la réalisation de la monétique interbancaire, la refonte du dispositif de la centrale des incidents de paiement, la prise de règlements et directives communautaires de même que des instructions du Gouverneur de la Banque Centrale applicables dans les institutions bancaires et financières. Mais toutes ces innovations ne constituent qu'un préalable au processus de bancarisation. Les banques ne pourront mener seules, une politique de bancarisation de masse. Elles n'en ont d'ailleurs pas la vocation. Il faudrait donc trouver une approche globale, impliquant tous les acteurs de la vie politique, économique et sociale des pays membres de l'UEMOA pour mener à bien cet important chantier.

Pour trouver cette approche, il est primordial de délimiter le contour du problème et d'en identifier les causes profondes dans notre contexte sous-régional. La problématique de la limitation de l'accès aux services bancaires et financiers est couverte par une littérature scientifique assez fournie. Cette litt érature ne se focalise pas particulièrement sur le cas de la sous-région ouest africaine encore moins sur son problème de bancarisation qui n'est qu'un aspect de la vaste problématique d'accès aux services bancaires et financiers.

Les facteurs identifiés comme favorisant la limitation dans la plupart des pays sont d'ordre politique, juridique, économique, bancaire, financier, social et culturel. Ces facteurs constituent des barrières qui inhibent la demande et l'offre de services bancaires et financiers

Les difficultés d'ordre politique touchent essentiellement à la volonté de l'Etat d'impulser et de soutenir la démocratisation de l'accès aux services bancaires. Au plan juridique, c'est la qualité de la réglementation et du dispositif de surveillance du secteur qui sont indexés. Le cadre légal doit être en phase avec les réalités locales. Au plan économique, les études ont mis l'accent sur l'adéquation entre le niveau de revenu des populations et le coût des services bancaires qui leur sont proposés. Au niveau social et culturel, les habitudes et le vécu des populations ont été analysés en relief avec les contraintes de l'utilisation d'un service bancaire moderne.

La plupart des difficultés ainsi relevées dans la littérature spécialisée, existe au niveau de l'UEMOA. Ces différents facteurs de blocage existent et sont, pour certains, en corrélation directe avec le phénomène de faible bancarisation observé dans les Etats membres.

Cependant, en absence d'étude approfondie sur cette problématique (à notre connaissance), il est difficile de se prononcer sur la causalité entre le faible taux de bancarisation et les facteurs pré-cités, et encore moins sur leur degré de contribution. La présente étude est destinée à combler ce déficit, du moins en partie. Elle est une contribution à l'examen des déterminants du dit phénomène dans l'UEMOA en vue d'éclairer les politiques correctives sur les causes.

Il s'agit plus spécifiquement pour nous, d'étudier le lien entre la faiblesse de la bancarisation et certains facteurs explicatifs potentiels que sont le faible niveau de développement économique, l'état du secteur bancaire et l'activité florissante des IMF.

Ce travail est structuré en deux parties: l'une théorique et l'autre empirique. La première partie constituée de deux chapitres traite de la problématique, des objectifs, de la méthodologie et de la revue de littérature. La deuxième partie constituée de trois chapitres traite de l'analyse contextuelle de la bancarisation, de l'étude économétrique, de l'interprétation des résultats obtenus et des recommandations qui en découlent.

Première Partie : Théorie de la faible bancarisation

La démocratisation de l'accès aux services bancaires et financiers est une vaste problématique abordée dans plusieurs études économiques. La bancarisation qui en constitue un des aspects est notre préoccupation dans ce travail.

Cette première partie permet de préciser le cadre théorique général et certains concepts pour camper l'étude. Elle est subdivisée en deux chapitres. Le premier chapitre présente la problématique, le contexte, les objectifs, les hypothèses et la méthodologie de l'étude. Le second chapitre fait l'état des lieux de la littérature dans le domaine de la limitation de l'accès aux services bancaires et financiers.

Chapitre 1: Problématique, contexte, objectifs et

méthodologie de l'étude

I La problématique

Comme tous les pays en voie de développement, les Etats membres de l'UEMOA font face à un problème de faible bancarisation de leurs populations. La monnaie fiduciaire occupe une place de choix dans les habitudes financières. L'épargne des ménages n'est pas réellement mise à contribution pour le financement des activités économiques, car en grande partie thésaurisée.

Le système économique a un fonctionnement à double vitesse. Il existe d'une part, une économie formelle représentant une faible proportion du tissu économique, capable de recourir aux sources classiques de financement que sont les banques et les marchés financiers et d'autre part, une économie informelle fortement implantée dans tous les secteurs qui n'a pas accès à ce mode de financement et qui est contraint de recourir à d'autres sources. Au nombre de ces sources, nous pouvons citer la microfinance, les systèmes de tontine et tous les autres systèmes de solidarité existants. Cette situation, qui prévaut dans l'Union depuis des décennies pose un véritable problème pour la définition d'une stratégie de développement économique, notamment au niveau de la maîtrise du coût de financement.

En général, ces sources parallèles de financement ont un coût prohibitif qui plombe davantage la rentabilité de l'activité économique dans le secteur informel. Il est donc important, voire nécessaire de créer les conditions favorables à une utilisation du financement bancaire ou du financement direct (à travers les marchés financiers). La première de ces conditions est la bancarisation de masse des populations. Elle permettra, au delà de la sécurisation des avoirs et des transactions, de créer un climat de confiance entre les établissements de crédit et les populations qui pourront ainsi recourir à leurs relations bancaires pour assurer le financement de leurs activités économiques.

En effet, l'avantage premier de la bancarisation est la sécurisation de l'épargne des populations. L'épargne bancaire bénéficie d'un niveau élevé de sécurité dans l'UEMOA depuis la crise bancaire des années 80 et les réformes structurelles qui s'en sont suivies. Un autre avantage

est la possibilité pour les détenteurs d'un compte chèque de recourir à des instruments scripturaux de paiement pour assurer les transactions financières en toute tranquillité. Un dernier avantage que nous soulignons ici est l'accroissement des possibilités de financement bancaire de l'économie. Ce dernier aspect nous paraît très important dans le contexte de l'UEMOA où le financement constitue souvent le principal frein à l'éclosion des initiatives malgré la surliquidité bancaire3 de ces dernières années. Cela est dû au fait que pour les établissements de crédit, la disponibilité de l'épargne est une condition nécessaire mais non suffisante pour le financement bancaire de l'économie. Il faudrait en plus des garanties matérielles ou des relations de confiance pour une gestion optimale du risque. La création d'un compte bancaire est le premier pas vers l'établissement de ce climat de confiance entre la banque et le client, potentiel bénéficiaire d'un financement.

Le taux moyen de bancarisation dans l'UEMOA est estimé à 3,02% à fin 2003 (BCEAO, 2005b). Comparé au 18% de l'Algérie (CGAP, 2006), au 20% du Maroc (Fouad A. repris par (FNAM et Planet Finance Maroc, 2004)), au 51% de l'Afrique du Sud post-apartheid (Napier et Beghin, 2006a) ou au 99% de la France (Daniel et Simon, 2001), ce taux apparaît très faible et reflète dans une certaine mesure le niveau général de développement des pays de l'Union.

Mais quels sont les facteurs qui contribuent réellement au faible taux de bancarisation dans les Etats membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine? Cette préoccupation est au coeur de la présente étude.

II Contexte et intérêt de l'étude

Ce travail intervient dans un contexte particulier de l'histoire du secteur bancaire et financier de la sous-région marqué par d'importants travaux de modernisation des systèmes et moyens scripturaux de paiement. Une brève description de la réforme est faite ici pour fixer l'enjeu. Le détail de la présentation est en Annexe 7.

1 La réforme des systèmes et moyens de paiement

La Banque Centrale a entrepris depuis mars 1999, une modernisation des systèmes et moyens de paiement de l'Union. Cette réforme a pour objectif de « mettre en place un ensemble

3 La surliquidité bancaire a été mise en exergue dans le rapport de la Banque de France sur la zone Franc (Banque de France, 2002)

de mécanismes de paiements nationaux et régionaux tout en respectant les normes internationales, afin de satisfaire les besoins croissants de tous les secteurs économiques de l'UEMOA, à savoir les secteurs des consommateurs, du commerce, de l'industrie, du gouvernement, des marchés financiers nationaux et internationaux » (BCEAO, 2006b). Il s'agit de mettre à la disposition des différents agents économiques des outils sécurisés, performants et modernes pour un dénouement rapide et sécurisé des ordres de paiement. La réforme est axée autour de trois axes majeurs.

· Un Système de Transfert Automatisé et de Règlement dans l'UEMOA (STAR-UEMOA) destiné aux transferts de gros montants pour un règlement brut en temps réel ;

· Un Système Interbancaire de Compensation Automatisée de l'UEMOA (SICA-UEMOA)
destiné à la compensation multilatérale des valeurs entre les établissements bancaires ;

· La Monétique Interbancaire destinée aux paiements électroniques et à l'interopérabilité des cartes des différents établissements de crédit.

Ces trois axes sont sous-tendus par un cadre juridique réformé, un nouveau dispositif de centralisation des incidents de paiement et un système de télécommunication adapté. Les deux premiers systèmes sont entièrement déployés dans les Etats membres de l'UEMOA. Le troisième est en phase de déploiement au niveau des pays pilotes que sont le Burkina, le Mali et le Sénégal.

2 Intérêt de l'étude

Parallèlement à la réforme, la Banque Centrale a initié des travaux de réflexion sur la promotion de la bancarisation et l'utilisation des systèmes et moyens de paiement. Dans ce cadre, elle a fait, entre autres, un état des lieux sur les conditions bancaires en 2005 et organisé un séminaire à Dakar avec les banques, du 06 au 08 août 2007, sur la bancarisation et l'utilisation des moyens scripturaux de paiement dans l'UEMOA. Un objectif de 20% de taux moyen de bancarisation à l'horizon 2013 a été fixé dans le document provisoire du plan d'actions issu des travaux du dit séminaire.

Ainsi, en plus du chantier de la modernisation des systèmes et moyens de paiement, la promotion de bancarisation et des paiements scripturaux constitue un autre défi important que la Banque Centrale se propose de relever avec le secteur bancaire et financier sous-régional.

L'intérêt de la présente étude est qu'elle s'insère dans cette dynamique pour une réflexion approfondie sur la question, en vue de trouver les voies et moyens nécessaires à l'amélioration du

taux de bancarisation dans les Etats membres.

III Objectifs et hypothèses de l'étude

1 Les objectifs de l'étude

Cette étude a pour objectif principal la détermination des principaux facteurs permettant d'expliquer la faible bancarisation dans les pays de l'espace UEMOA. Nous en déduisons trois objectifs spécifiques qui se présentent comme suit:

· O1 : identifier au niveau de l'environnement global dans l'Union, les difficultés susceptibles d'expliquer la faible bancarisation;

· O2 : déterminer au niveau du secteur bancaire, les difficultés qui permettent d'expliquer la faible bancarisation dans l'Union;

· O3 : analyser l'impact de la microfinance sur la bancarisation.

2 Hypothèses

Des trois objectifs spécifiques découlent les hypothèses suivantes:

· H1 : L'environnement global dans l'Union ne contribue pas à l'amélioration de la bancarisation;

· H2 : Les caractéristiques du secteur bancaire ne contribuent pas à l'amélioration de la bancarisation;

· H3 : La microfinance contribue à l'amélioration de la bancarisation.

IV Méthodologie

Pour la réalisation de ce travail, nous avons procédé à une collecte de données issues de différentes sources. Ces informations ont servi à étudier le problème de la faible bancarisation suivant deux approches différentes mais complémentaires. Nous décrivons ci-dessous la méthode de collecte et les deux approches utilisées.

1 Collecte et traitement des informations

Les informations utilisées dans cette étude sont le fruit d'une recherche documentaire.

Aucune enquête, ni entretien, ni sondage n'a été effectué. Les données sont issues de quatre sources principales: les rapports annuels de la Banque Centrale (BCEAO, 2002, 2003, 2004, 2005a, 2006a), les rapports annuels de la Commission Bancaire (CB-UMOA, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006), les monographies des SFD4 disponibles sur le site internet de la Banque Centrale et le WDI 2005 (World Developpement Indicator) produit par la Banque Mondiale.

Dans la plupart des cas, les informations collectées n'ont fait l'objet d'aucun traitement particulier avant leur utilisation à l'exception du taux d'alphabétisation et de la taille de la population active. En effet, ces informations ne sont que partiellement fournies par le WDI 2005. Le complément a été alors obtenu par des méthodes d'estimation sur la base de données antérieures couvrant une période relativement longue (annexe 2).

Des difficultés importantes ont jalonné la collecte et l'exploitation des données. Elles ont parfois déterminé l'orientation de l'étude. Ainsi, certaines variables potentiellement explicatives du phénomène de la faible bancarisation n'ont pas pu être prises en compte dans ce travail par manque de données. Le détail des difficultés et des retraitements figure en annexe 2.

2 Approches pour l'utilisation des informations et données

Notre démarche a consisté à réaliser dans un premier temps une analyse des fondements de la limitation de l'accès aux services bancaires dans l'UEMOA. Les facteurs explicatifs potentiels issus de cette analyse sont étudiés dans un second temps par une investigation économétrique afin d'en vérifier la causalité. Mais la qualité relative des données statistiques disponibles et leur faible profondeur temporelle n'ont pas permis la prise en compte de tous les facteurs potentiels.

L'interprétation des résultats et les recommandations prennent en compte les facteurs potentiels confirmés par l'étude économétrique et ceux qui n'ont pas pu être testés mais dont la pertinence et le sens économique ont été établis dans la première analyse.

2.1 Analyse contextuelle

Cette première approche est utilisée pour rechercher les fondements de la faible bancarisation dans l'analyse de l'environnement global, des insuffisances du secteur bancaire et

4 SFD: Systèmes Financiers Décentralisés. Il s'agit d'un autre nom pour désigner les IMF. De façon rigoureuse, il existe une différence entre ces deux termes (Lhériau, 2003); IMF étant plus réducteur. Mais pour ce travail, nous les considérons égaux et utiliserons le terme IMF.

de l'évolution du secteur florissant de la microfinance.

Au niveau de l'environnement global, les difficultés liées à la faiblesse de la croissance économique, à l'inefficacité de l'appareil judiciaire, à l'inadéquation des infrastructures de base et aux insuffisances de l'alphabétisation sont spécifiquement étudiés.

Au niveau du secteur bancaire, les obstacles nés de la grave crise bancaire des années 1980 et des difficultés liées au cadre réglementaire des systèmes et moyens de paiement sont analysés.

Au niveau du secteur de la microfinance, l'adéquation entre l'offre et la demande de services financiers non bancaires est mise en exergue à travers la croissance du nombre d'IMF et la pénétration démographique du microcrédit.

2.2 Etude économétrique

L'investigation économétrique est destinée à tester les relations causales. Elle est construite sur des données de panel constituées par un échantillon de 7 pays (Bénin, Burkina, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo) sur une période de 5 années (2001 à 2005). L'écartement de la Guinée-Bissau et le choix de la période de l'étude découlent d'une contrainte majeure d'indisponibilité de données (annexe 2).

Ce modèle économétrique est utilisé pour tester 5 différentes variables qui peuvent être regroupées en trois différents types à savoir une variable d'état (le PIB par habitant), une variable de microfinance (le volume de microcrédit) et des variables bancaires (le taux de progression du nombre de banques, la proportion de banque de petite taille et le volume de crédit bancaire). Une description plus ample du type de modèle et des variables utilisées figure en annexes 1 et 6.

3 Méthode de validation des hypothèses

Les hypothèses sont validées sur la base des facteurs explicatifs mis en exergue par l'analyse contextuelle et l'étude économétrique. En effet, à chaque hypothèse correspond un des trois types de variables utilisés dans l'étude économétrique et plusieurs atouts ou contraintes identifiés dans l'analyse contextuelle.

A l'hypothèse H1 sont associées la variable d'état et les facteurs liés à l'environnement global dont la contribution ou non à l'explication de la faible bancarisation permet de répondre à la question posée.

A l'hypothèse H2 sont associées les variables bancaires et les facteurs généraux liés à l'environnement bancaire dont la contribution ou non à l'explication de la faible bancarisation permet de répondre à la question posée.

A l'hypothèse H3 sont associées la variable de microfinance et les facteurs généraux liés au marché des microcrédits dont la contribution ou non à l'explication de la faible bancarisation permet de répondre à la question posée.

Chapitre 2: Revue de littérature

Gloukoviezoff (2004a) s'appuyant sur les travaux de Georg Simmel et de Karl Polanyi souligne que « la monnaie est plus qu'une marchandise permett ant uniquement de faciliter la réalisation de l'échange marchand ». En effet le double mouvement de monétarisation et de bancarisation a mis la monnaie au coeur de la vie économique et sociale avec des disparités selon le niveau de développement du pays concerné. Suivant que le pays soit développé ou non, la nature de la monnaie (fiduciaire, scripturale ou électronique) prioritairement utilisée change et les risques qui en découlent par rapport à la vie socio-économique ne sont pas identiques. Le risque est dans le premier cas l'exclusion bancaire et financière et dans le second cas la faible bancarisation.

Ce chapitre traite des concepts et théories de la bancarisation et de l'état de la recherche sur les problèmes de limitation d'accès aux services bancaires et financiers.

I Définitions des concepts

1 Le compte et les services associés 1.1 Le Compte

Le compte peut être défini comme l'état du patrimoine financier d'une personne morale ou physique dans une institution spécialisée (banque, Trésor public, services financiers de la Poste). Lorsque le compte est créé dans une banque, on parlera de compte bancaire, bien que cette appellation soit parfois étendue aux autres institutions.

Cette définition montre qu'un compte représente un solde qui peut être dans le temps négatif (débiteur), nul (équilibré) ou positif (créditeur). Mais cela dépend du type. Certains comptes doivent obligatoirement avoir un solde positif ou nul. Il existe plusieurs types de comptes (ITB, 1999) :

- compte courant: compte à vue non rémunéré ouvert à la clientèle professionnelle ;

- compte de chèques ou de dépôt: compte à vue non rémunéré ouvert à la clientèle des particuliers ;

- compte épargne logement (CEL): compte sur livret dont les fonds touj ours disponibles

produisent un intérêt. Il permet d'obtenir, sous certaines conditions, un prêt immobilier à taux privilégié et une prime d'épargne versée à l'Etat ;

- Compte sur livret: compte d'épargne à vue dont les dépôts sont rémunérés.

Plusieurs variantes de ces principaux types de compte existent et permettent aux établissements de crédit d'élargir leur gamme de produits afin de mieux satisfaire la clientèle. Ainsi ont été créés les comptes courants ou les comptes de chèques rémunérés, les plans épargne logement (PEL) qui sont l'équivalent des CEL à la différence que les fonds ne sont pas disponibles et les conditions de prêt sont meilleures.

1.2 Les services bancaires et financiers

Les services bancaires et financiers regroupent l'ensemble des services offerts par les établissements financiers commençant par l'ouverture de compte. Il existe une multitude de services que les établissements mettent sur le marché pour fidéliser leurs clients et en acquérir de nouveaux. La concurrence qui prévaut dans le secteur incite les responsables commerciaux à plus d'imagination dans la conception et l'offre de leurs services. Il existe deux types particuliers de service qui ont un impact très important dans l'appréhension du phénomène de la faible bancarisation. Il s'agit des instruments scripturaux de paiement et du crédit.

1.2.1 Les instruments ou moyens scripturaux de paiement

Au sens strict, il existe une différence entre un moyen et un instrument de paiement. Le second étant le support du premier. YUAN (2003) met clairement en évidence cette différence. Mais dans le cadre de ce travail, les deux termes seront utilisés indifféremment.

La Banque de France définit le moyen de paiement scriptural comme un dispositif qui permet le transfert de fonds tenus dans des comptes par des établissements de crédit ou des institutions assimilées suite à la remise d'un ordre de paiement5. Il en existe actuellement une multitude: le chèque, l'effet de commerce, le virement, le prélèvement , la carte bancaire, etc. Ces instruments sont de plus en plus dématérialisés avec l'évolution des technologies et la mise en place des systèmes modernes de paiement (système automatique de transfert, télécompensation, monétique interbancaire, ...).

5 Site internet de la Banque de France : rubrique Moyens et Systèmes de paiement

1.2.2 Le crédit

Le crédit est l'opération par laquelle un établissement de crédit met, sous certaines conditions, des ressources financières à la disposition d'un agent économique moyennant des intérêts et commissions. Il s'agit de l'activité principale des banques. Elles y tirent l'essentiel de leur revenu et, innovent sans cesse pour mieux satisfaire la clientèle.

Au nombre de ces innovations, nous pouvons citer la carte bancaire de crédit qui permet à ces détenteurs de pouvoir bénéficier aisément de découverts. Cet instrument est très utile pour la clientèle bancaire en raison de sa simplicité. Les cartes privatives actuellement disponibles dans l'UEMOA n'offrent généralement pas ce service.

2 Exclusion bancaire et faible bancarisation 2.1 Exclusion bancaire et financière

D'après la définition du Centre Walras6 repris par Gloukoviezoff (2004b), « une personne se trouve en situation d'exclusion bancaire et financière lorsqu'elle subit d'entrave dans ses pratiques bancaires et financières qui ne lui permet plus de mener une vie sociale normale dans la société qui est la sienne ». Il ressort de cette définition que l'exclusion bancaire se mesure par rapport aux difficultés sociales qu'elle engendre. Bien que cela soit globalement vrai pour tous les pays développés où le rôle de la monnaie scripturale est prédominant, il n'en demeure pas moins que l'impact social dépend du pays concerné. Avant de revenir sur ces différences, il est utile d'apporter quelques précisions par rapport à la définition donnée ci-dessus.

2.1.1 Pratiques bancaires et financières

Les pratiques bancaires et financières décrivent l'ensemble de la relation bancaire qu'une personne entretient avec sa banque dans le cadre de la consommation des services qui lui sont proposés. Une entrave à ces pratiques traduit une limitation dans l'accès aux dits services. Le terme « accès » revêt une notion de droit qui peut être répartie en droits formels et droits réels (Gloukoviezoff, 2001). Les droits formels décrivent l'autorisation et la liberté que l'on a d'accéder aux services. Les droits réels décrivent plutôt la capacité de comprendre et d'utiliser ces services.

6 Le Centre Walras est spécialisé dans l'étude de l'exclusion bancaire en France et édite des rapports périodiques sur le sujet.

Et le vrai problème de l'exclusion bancaire se situe au niveau des droits réels. Il ne suffit pas d'être autorisé, il faut pouvoir exercer son droit. Les personnes confrontées à des difficultés d'ordre cognitif (connaissance) ou émotionnel (vécu) s'auto-excluent (Beck et De la Torre, 2006). L'auto-exclusion constitue d'ailleurs selon Kempson (2001) et Kempson & Whyley (1999) cités par Gloukoviezoff (2004a) la principale source de non-accès aux services bancaires. A côté de cette catégorie d'exclus existe une autre, constituée d'individus capables d'utiliser les services mais qui en sont écartés par des pratiques de sélection de la clientèle organisées par les établissements de crédit (Eber, 2000).

2.1.2 Relation entre exclusion bancaire et exclusion sociale

La définition du Centre Walras donnée ci-dessus montre bien que le phénomène de l'exclusion bancaire s'apprécie à l'aune des dégâts engendrés sur la qualité de la vie sociale. Ainsi une personne exclue bancaire est forcément confrontée à des problèmes sociaux. Cette causalité se justifie dans le cas de la France où la législation impose l'utilisation de la monnaie scripturale dans toutes les transactions7. Les salaires et les cotisations sociales sont versés par virement bancaire. La privation de service bancaire équivaut alors à une quasi-impossibilité de perception de revenu régulier.

Cela n'est pas exactement le cas des pays anglo-saxons notamment des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Ici, le salaire est parfois perçu sous forme de chèque non barré ou en liquidité. L'absence de relation bancaire n'a donc pas nécessairement un impact direct sur la vie sociale. Contrairement à la France qui a décrété le droit au compte, la bancarisation aux Etats-Unis s'est faite par la démocratisation du crédit (Gloukoviezoff, 2005).

Mais quelque soit le pays développé considéré, l'absence de relation bancaire est un facteur de dégradation de la qualité de vie. Le niveau de vie et la consommation de masse obligent les ménages à recourir à des crédits et donc à entretenir nécessairement une relation bancaire. A défaut, ils sont socialement marginalisés. « L'exclusion bancaire étant elle-même une composante de désaffiliation sociale » selon Servet (2000). Pour Peachey et Roe (2004), la question de l'exclusion bancaire est partie intégrante d'une problématique plus vaste de lutte contre l'exclusion sociale.

7 Les accords de Matignon de 1968 ont consacré l'usage prioritaire du compte bancaire dans les transactions avec l'obligation de verser les salaires dans des comptes bancaires (Alain Plessis dans « Histoire des banques de France ». Ces dispositions seront par la suite étendues aux revenus sociaux.

2.1.3 Les différentes formes d'exclusion bancaire

Servet (2000) distingue trois formes d'exclusion bancaire et financière. Il y a:

· la stigmatisation : elle tient aux difficultés d'accès ou d'usage des instruments modernes de paiement qui peuvent créer un sentiment de rejet;

· la mise à l'écart: elle naît des méthodes de sélection de clientèle des banques;

· la marginalisation économique: elle fait suite aux difficultés économiques rencontrées par une personne.

2.2 Faible bancarisation

2.2.1 Définition

Le terme « faible bancarisation » est utilisé pour qualifier la situation d'un pays où une faible proportion de la population a accès au compte bancaire. Dans l'UEMOA, seules 3 personnes sur 100 ont accès à un compte (BCEAO, 2005b). Ce ratio est très faible et témoigne de difficultés majeures d'adéquation entre l'offre et la demande dans l'UEMOA.

2.2.2 Mesure

Une fois l'état de faible bancarisation défini, il est nécessaire de retenir un indicateur permettant l'appréciation du phénomène dans le temps. Pour des raisons de commodité, nous retenons un indicateur dépendant du taux de bancarisation mais différent de celui-ci. Il s'agit de la marge de bancarisation.

Marge de bancarisation = 100 % - Taux de bancarisation

La marge de bancarisation représente l'écart entre la situation de bancarisation complète (100%) et le taux actuel de bancarisation. Plus elle est grande, plus le niveau de bancarisation est faible et inversement.

Encadre n°1: La mesure du taux de bancarisation

Il existe plusieurs méthodes pour mesurer le taux de bancarisation. Trois d'entre elles sont données ici. Le choix dépend de l'objectif visé.

Méthode 1

Pc

t= Pa

* 100 avec Pc: Nombre de personnes ayant un compte bancaire

et Pa: Taille de la population active.

Méthode 2

Mc

t= Mt

* 100 avec Mc: Nombre de ménages ayant un compte bancaire

et Mt: Nombre total de ménages

Méthode 3

Nc

t= Pa

* 100 avec Nc: Nombre de comptes bancaires de particuliers

et Pa : Taille de la population active.

2.2.3 Faible bancarisation et promotion des instruments scripturaux de paiement

La définition intrinsèque de la bancarisation fait référence à la proportion de la population ayant un compte de dépôt (bancaire ou non). Mais tous les comptes, même en banque, ne donnent pas droit à l'utilisation des moyens scripturaux de paiement. Le compte livret de la Poste et le compte d'épargne permettent juste de faire des mouvements de dépôt et de retrait directement au guichet des institutions concernées. Il n'est pas possible de délivrer sur ces types de comptes des chéquiers, des cartes bancaires etc. Et pourtant leurs titulaires seront considérés comme bancarisés bien qu'ils ne puissent utiliser des instruments scripturaux.

Il existe donc une différence entre la promotion de la bancarisation et la promotion de l'utilisation des moyens scripturaux de paiement. La première est une condition nécessaire mais pas suffisante pour la seconde.

2.3 Différence entre faible bancarisation et exclusion bancaire

A l'opposé de l'exclusion bancaire et financière qui sévit essentiellement dans les pays industrialisés, la faible bancarisation est une problématique des pays pauvres. Elle traduit le faible niveau d'accès aux services bancaires au même titre que l'accès à l'eau courante, à la santé, à l'éducation etc. Peachey et Roe (2004) font remarquer à cet effet que le taux de bancarisation

dans les pays du Sud et le taux d'exclusion bancaire et financière dans les pays du Nord sont similaires. Ils tournent au tour de 10%. Environ 10% des populations des pays riches sont exclues alors que dans les pays pauvres, seules 10% y ont accès.

Mais cette catégorisation systématique du problème de l'exclusion bancaire dans les pays du Nord et de la faible bancarisation dans les pays du Sud souffre de quelques imprécisions qu'il convient d'indiquer ici. En effet, d'après les propos du directeur financier d'un réseau mutualiste repris par Gloukoviezoff (2004b), un exclu bancaire « ce n'est pas forcément quelqu'un qui est hors de la banque, c'est également quelqu'un qui est dans la banque mais n'y comprend rien ». Il est évident que dans les pays sous-développés, parmi la frange de la population bancarisée, il y a des personnes qui bien que disposant d'un compte en banque ne comprennent rien aux services proposés; se contentant de gérer leur compte comme une caisse où il dépose et retire de la monnaie fiduciaire.

On peut néanmoins en prenant en considération l'aspect social, nécessaire à l'utilisation du qualificatif de l'exclusion, se contenter de la séparation stricte des deux notions en leur attribuant un espace géographique bien déterminé.

3 Nature et contenu du terme «accès»

Chamberlain et Walker (2005) définissent le mot ''accès'' comme étant « l'habilité d'un individu à obtenir et, sur une base soutenable, à utiliser des services bancaires et financiers qui sont abordables et utilisables qui satisfont ses besoins financiers »

Cette définition reprend en d'autres termes, celle donnée par Gloukoviezoff (2001) qui parle de droit formel et de droit réel pour différencier la capacité d'obtention de la capacité d'utilisation. Elle apporte une précision importante concernant la satisfaction du besoin de la personne qui accède à ces services. En effet, la demande se justifie par la nécessité de satisfaire un besoin financier. Et si l'offre, quoi qu'en soit sa disponibilité, n'est pas en mesure de couvrir ce besoin, il est évident qu'elle n'aura pas de débouchés. De même en absence de besoin et donc de demande potentielle, il est difficile voire impossible de faire consommer les services bancaires.

La théorie de l'offre et de la demande permet de dissocier le problème d'accès de celui épineux de l'utilisation des services bancaires en général. Ce n'est pas parce qu'un service est accessible qu'il sera forcément consommé. Beck et De la Torre (2006), démontrent bien cette différence. Dans un marché de concurrence pure et parfaite, les agents économiques n'étant

confrontés ni à un problème d'asymétrie de l'information, ni aux coûts de transactions à optimiser ou à l'incertitude liée aux résultats des projets, satisfont leurs besoins de façon égalitaire. Il n'existe aucun problème d'accès. Mais ce n'est pas pour autant qu'il y aurait 100% de taux de bancarisation et d'utilisation des services bancaires et financiers. Tout dépend des besoins des agents, même parfaitement informés.

Si en plus, le marché est de concurrence imparfaite tel que le monde réel, l'existence des obstacles dus aux coûts de transactions, à l'incertitude de la réalisation des projets et à l'asymétrie de l'information réduit davantage le taux d'accès.

II Les facteurs limitatifs identifiés dans la littérature

Deux grandes théories permettent d'identifier les différents facteurs qui contribuent à la limitation de l'accès aux services financiers. Il s'agit de la théorie des frontières des possibilités d'accès et des barrières à l'accès.

1 La théorie des frontières des possibilités d'accès

Elle a été développée par Beck et De la Torre (2006). Ils partent du principe économique de la loi de l'offre et de la demande pour identifier les problèmes d'accès aux services bancaires et financiers et leurs causes. Les facteurs retenus pour expliquer le niveau de l'offre sont les coûts de transaction et les risques systémiques et particuliers. Quant à la demande, elle est apprécie par des facteurs économiques (revenu, prix) et non économiques (illettrisme financier et barrière culturelle et religieuse). Leurs travaux couvrent les deux aspects les plus importants de la problématique d'accès aux services bancaires et financiers que sont d'une part, l'accès aux services d'épargne et de paiement et d'autre part, l'accès au crédit. Dans ce travail, seul le premier aspect qui rejoint notre problématique sur la faible bancarisation sera étudié.

1.1 L'offre de services de paiement et d'épargne

Dans une simplification du problème, les deux auteurs ont retenu le coût de transaction et les risques comme facteurs explicatifs.

1.1.1 Des coûts de transactions fixes

Les deux auteurs ont montré que dans un marché de libre concurrence, les coût de transactions sont déterminés suivant les caractéristiques et la nature des services offerts. Lorsque les coûts des transactions financières sont fixés soit par l'établissement, soit par les autorités de régulation, les économies d'échelle réalisées ne sont plus répercutées sur le marché. Cela maintient artificiellement les coûts à la hausse et constitue de fait un important point de blocage à la démocratisation de l'accès aux services.

1.1.2 Risques systémiques et particuliers

Les risques systémiques sont fonction du marché ou du pays. Ils s'imposent à tous les agents économiques sous forme de contraintes à gérer. Les risques identifiés sont la taille du marché, les fondamentaux macro-économiques, la technologie disponible, le niveau moyen du revenu par habitant, la qualité des infrastructures de transport et de communication et le cadre juridique et sécuritaire. Ils constituent les variables d'état. Ce sont des caractéristiques du marché avec lesquelles les institutions sont tenues de composer.

Par contre, les risques particuliers sont liés à chaque institution, au style de management, aux décisions d'investissement etc. Ces risques définissent le coût de gestion. Ils peuvent et doivent être maîtrisés par la direction de l'établissement.

1.2 La demande de services de paiement et d'épargne

Pour les deux auteurs, la demande est fonction ou non de la situation économique.

1.2.1 Facteurs économiques

La demande de services de paiement et d'épargne dépend de facteurs économiques que sont le revenu moyen des populations et le prix auquel les services peuvent être acquis. Elle est une fonction croissante du revenu et décroissante du prix.

1.2.2 Facteurs non économiques

Des facteurs non économiques très importants comme l'illettrisme (financier) et les barrières culturelles et religieuses influencent la demande des services de paiement. Ces facteurs conduisent souvent à l'auto-exclusion.

1.3 Définition de la frontière des possibilités d'accès

1.3.1 Définitions et hypothèses

1.3.1.1 Définitions

Beck et De la Torre (2006) définissent la frontière des possibilités d'accès des services de paiement et d'épargne comme « la part maximale de population (ménage et entreprise) qui pourrait être servie par les institutions bancaires et financières pour un ensemble donné de variables d'état »

Pour décrire cette frontière, ils définis sent quatre fonctions (représentées sur la figure 1):

Offre réelle: S = f{Coûts de transactions, variables d'état}

Offre potentielle: S* qui est meilleure à S parce que fruit d'un marché financier efficient.

Demande réelle: D = f{revenu, prix, illettrisme financier, barrière culturelle et religieuse}
Demande potentielle: D* qui est meilleure à D car ne considère pas les facteurs non économiques.

1.3.1.2 Hypothèses

Les deux auteurs émettent les hypothèses suivantes:

H1: Le prix est indépendant du volume des transactions;

H2: Les clients qui utilisent les transactions les plus chères sont ceux qui consomment plus de transactions;

H3: Dans une période de temps d'observation, la valeur et le volume de transactions consommées par chaque agent sont fixes et indépendants du prix.

1.3.1.3 Identification des frontières et des problèmes sous-jacents

Les frontières des possibilités d'accès (figure 1) sont déterminées par les points de rencontre entre les différentes offres et demandes. La projection du point I (offre et demande efficientes) sur l'axe horizontal donne la part de la population qui est bancable ( A ) : c'est la situation optimale pour un pays donné.

Tous les trois points intérieurs dénotent de problèmes plus ou moins importants dont la résolution permettra d'accroître l'accessibilité.


· Premier problème d'accès: le point II caractérise un problème de demande lié à l'auto-

exclusion qui est due à des facteurs non économiques;


· Deuxième problème d'accès: les points III et IV caractérisent un problème de demande et d'offre. Ils traduisent une offre peu efficiente (point III) doublée d'un problème d'autoexclusion des populations (point IV).

Figure 1 : Frontières de possibilités d'accès

Source : Beck et De la Torre (2006)

Mais il existe un troisième problème qui pourrait surgir de la comparaison des points I obtenus pour différents pays ayant des niveaux économiques semblables. Ces points peuvent varier traduisant alors des problèmes spécifiques autres qu'économiques tels que l'insécurité ou le

cadre juridique, etc.

La théorie des ''frontières de possibilités d'accès'', permet, sous certaines conditions, d'identifier le niveau optimal d'accès aux services bancaires et financiers dans un pays, et de déceler les problèmes qui pourraient expliquer un niveau inférieur et donc d'orienter les actions correctives en conséquence.

2 La théorie des barrières à l'accès

La théorie des barrières à l'accès a été développée par plusieurs auteurs qui ont procédé à des études comparatives sur le niveau de pénétration des services bancaires et financiers dans différents pays. Certaines de ces études (Caskey et al. (2004); Chamberlain et Walker (2005); Honohan (2004); Ketley , Davis et Truen (2005); Peachey et Roe (2004) ) se sont limitées à une analyse statistique simple tandis que d'autres (Beck , Demirguc-Kunt et Peria (2005 et 2006); Beck et al.(2004)) ont procédé à une analyse économétrique des phénomènes observés et en ont déduit les facteurs explicatifs principaux.

2.1 Définition

La notion de barrière à l'accès fait référence à un ensemble d'obstacles susceptibles de gêner, voire bloquer le processus de démocratisation des services bancaires et financiers au sein des populations. Il existe plusieurs sortes de barrières. Honohan (2004) en identifie trois à savoir la barrière de prix, la barrière de l'information et la barrière du produit et du service. Ketley, Davis et Truen(2005) identifient des barrières pécuniaires et d'autres non-pécuniaires. Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2006) mettent en exergue des barrières liées à l'accessibilité (physique et financière) et à l'éligibilité. Ces différentes distinctions permettent de ressortir les facteurs explicatifs principaux de la non utilisation des services bancaires et financiers.

2.2 Détermination des barrières

Les différents auteurs ont mis en exergue plusieurs types de barrières dont quelques unes sont décrites ci-après.

2.2.1 La barrière physique à l'accès

Elle mesure la distance parcourue par le client pour accéder au guichet d'un établissement

teneur de compte (ETC). Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2005)8 ont construit un indicateur composite constitué de quatre informations à savoir la pénétration géographique des agences (nombre d'agences bancaires sur 1.000 km²), la pénétration démographique des agences (nombre d'agences bancaires pour 100.000 habitants), la pénétration géographique des distributeurs automatiques de billets ou DAB (nombre de DAB sur 1.000 km²) et la pénétration démographique des DAB (nombre de DAB pour 100.000 habitants). Beck , Demirguc-Kunt et Peria (2006)9 ont construit un indicateur qui mesure cette barrière. Il vaut 1 si le compte ne peut être ouvert qu'au siège de l'établissement, 2 si le compte peut être ouvert au siège ou dans une agence et 3 si le compte peut être ouvert au siège, dans une agence ou à un point de service. Chamberlain et Walker (2005) mesurent cette barrière par le coût du transport nécessaire pour joindre l'agence bancaire la plus proche.

2.2.2 La barrière financière à l'accès

Elle traduit les conditions d'ouverture et de maintien d'un compte de dépôt. Elle est évaluée sur la base du montant minimal d'ouverture et des frais de tenue d'un compte chèque. Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2006) mesurent cette barrière par un indicateur qui représente la part du PIB/habitant nécessaire à l'ouverture d'un compte et à son entretien. Chamberlain et Walker (2005) estiment à 2%, la part maximale de revenu qu'une personne peut consacrer aux frais bancaires. Au delà, se crée un obstacle. Ketley, Davis et Truen (2005) insistent particulièrement sur la barrière financière en détaillant davantage son contenu. Ils y incluent notamment les charges liées au retrait à un distributeur automatique (DAB) ou dans une agence, et les charges liées aux opérations de transfert électronique, aux paiements par carte, etc.

2.2.3 La barrière de l'éligibilité

Elle indique les conditions particulières d'ouverture imposées par les établissements de crédit. Pour Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2006), il s'agit de déterminer le nombre de documents nécessaires à l'ouverture d'un compte de dépôt. Parmi ces documents, on peut citer la carte d'identité nationale, la fiche de paie et la lettre de recommandation (dans certains cas). Plus

8 Beck T., Demirguc-Kunt A. et Peria M., (2005) ont travaillé sur les informations bancaires de 99 pays entre 2003 et 2004.

9 Beck T., Demirguc-Kunt A. et Peria M.(2006) ont travaillé sur les informations de 193 banques réparties dans 58 pays dans le monde.

le nombre de documents demandé est important, plus la barrière est élevée. Chamberlain et Walker (2005) mesurent cette barrière par le pourcentage d'agences bancaires n'imposant aucune de ces conditions.

2.2.4 La barrière de la réglementation

Elle permet d'apprécier les obstacles spécifiques auxquels peuvent être confrontés certains groupes sociaux indépendamment des établissements de crédit. Chamberlain et Walker (2005) évoquent par exemple le cas de certains pays où la femme ne peut ouvrir un compte sans le consentement de son mari.

2.2.5 La barrière des services disponibles et de leurs caractéristiques

Elle pose le problème de l'offre de services bancaires et financiers. Cette barrière a été identifiée par Chamberlain et Walker (2005). Est ce que tous les besoins potentiels des clients sont couverts par la gamme et la qualité des services proposés? Si tel n'est pas le cas, il y a une possibilité d'existence d'obstacle à l'accès.

2.2.6 La barrière de l'information

Honohan (2004) identifie cette barrière en évoquant le problème de l'asymétrie d'information notamment dans la distribution des crédits. Mais compte tenu des imbrications entre instruments de paiement et instruments de crédit (carte bancaire), cette barrière est valable pour les problèmes de création de compte et des services de paiement associés. En plus de l'asymétrie, il nous faut citer l'illettrisme (financier) qui met les informations hors de portée de certaines personnes.

Le problème de l'illettrisme financier est profond. Il se pose avec acuité dans les pays en voie de développement et ne doit pas être confondu avec celui de l'analphabétisme. Il existe des personnes alphabétisées qui demeurent financièrement illettrées.

2.3 Les causes des barrières

Les différentes barrières ci-dessus énumérées ne sont pas exclusives. Certaines d'entre elles sont liées. Ainsi pour Chamberlain et Walker (2005), la barrière de l'éligibilité est déterminée par la barrière financière (dépôt minimal) et la barrière physique à l'accès (coût du

transport vers l'agence la plus proche). Il existe donc une corrélation entre ces barrières.

Chacun des auteurs, restant dans la limite des barrières identifiées et des informations traitées, met en évidence des relations plus ou moins fortes entre plusieurs variables.

Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2006), qui ont travaillé sur trois barrières (barrière financière, d'accès physique et d'éligibilité) montrent une corrélation négative entre ces barrières et le niveau de développement économique et financier. En utilisant ensuite un modèle de régression (Fi,k = âo + â1Bi + â2Ck + ëi,k où F représente l'indicateur de barrière pour une banque i dans un pays k, B la matrice des variables de banque et C la matrice des variables de pays), ils démontrent les causalités suivantes:

· la nécessité d'un montant minimal d'ouverture et les frais de tenue de comptes chèques constituent un facteur limitatif de l'accès;

· l'exigence stricte de documents est un facteur limitatif de l'accès;

· les obstacles spécifiques imposés par les banques dépendent de leur taille, de la qualité des infrastructures telles que le réseau électrique, le réseau de communication, le cadre juridique, l'actionnariat (étatique/privé, national/étranger), le niveau de compétitivité, de transparence et d'ouverture économiques. Ils constituent des facteurs limitatifs de l'accès.

Ces explications confirment celles données par Beck et al.(2004)10 qui ont utilisé le même modèle économétrique appliqué à des données différentes. Ces derniers insistent néanmoins sur le développement institutionnel global comme principal facteur discriminant entre les pays.

10Beck T. et al.(2004) ont travaillé sur les données du World Business Environment Survey (WBES) relatives à une vaste enquête concernant 80 pays développés ou non sur la période 1999-2000 menée par la Banque Mondiale.

Deuxième partie: Etude empirique de la faible

bancarisation dans l'UEMOA

Le paysage bancaire de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine est depuis quelques années en pleine mutation. En dépit des incertitudes liées à la crise sociopolitique ivoirienne, l'attractivité et la vitalité de la place financière sous-régionale ne se démentent point. Cela s'est traduit en 2005 par une croissance de 22,58% du nombre des établissements de crédit agréés dans l'Union (CB-UMOA, 2006).

Mais cette croissance ne se ressent pas particulièrement au niveau de la démocratisation des services bancaires et financiers. Une partie importante de la population est exclue du champ d'intervention des établissements de crédit. Elle est livrée aux institutions de microfinance et aux systèmes de tontine dont le coût reste prohibitif. Plusieurs facteurs susceptibles d'expliquer cet état de chose sont analysés ici.

Cette partie est subdivisée en trois chapitres. Dans le chapitre 3, nous faisons une analyse contextuelle de la faible bancarisation dans l'UEMOA. Le chapitre 4 est destiné à l'étude économétrique tandis que le chapitre 5 est consacré à l'interprétation des résultats obtenus et à la proposition de mesures correctives.

Chapitre 3 : Analyse contextuelle de la faible bancarisation

Ainsi qu'il ressort de la revue de littérature, une bonne appréhension du problème de limitation de l'accès aux services bancaires et financiers nécessite une investigation dans les domaines économique, juridique, bancaire, financier et social. Traitant de ces différents aspects, ce chapitre permet de rechercher les obstacles à la bancarisation dans les traits caractéristiques de l'UEMOA.

I L'environnement global

Dans le Doing Business 200711, les pays de l'UEMOA sont classés parmi les pays les moins favorables à l'entrepereunariat privé. Le cadre global des affaires y est jugé particulièrement mauvais. Le pays le mieux placé est le Bénin au 137 ème rang mondial sur 178 et le plus mal classé est le Burkina au 163 ème rang. Mais au delà de ces chiffres bruts qui témoignent des problèmes de toutes sortes auxquels sont confrontés ces pays, il est important de s'apesantir sur certains axes clés pour mieux mesurer l'étendue des difficultés à lever pour la création d'un meilleur environnement à l'accès aux services bancaires et financiers. Pour cela, nous étudierons successivement les problèmes liés à la croissance économique, au cadre juridique, aux infrastructures de base et à l'analphabétisme.

1 Une croissance économique insuffisante

L'UEMOA connaît depuis plus d'une décennie une croissance économique relativement instable qui se traduit par un taux de croissance réel du PIB très variable selon les années. Ce taux est passé de 6,4% en 1996 à 3,7% en 2005 (figure 2) avec une baisse drastique à 0,5 % en 2000 due entre autres à la grave crise socio-politique en Côte d'Ivoire. Ce rythme d'augmentation de la richesse créée est insuffisant compte tenu des défis importants à relever à tous les niveaux. Les objectifs du millénaire pour le développement fixent à 7% le taux minimal d'une croissance soutenue pour réduire la pauvreté de moitié à l'horizon 201512. Parmi les pays de l'Union, seul le

11 Le Doing Business est un projet de la Banque Mondiale qui vise à donner une mesure de la réglementation et du renforcement du cadre des affaires dans 178 pays. A cet effet, des rapports annuels sont édités pour traduire l'évolution de la situation dans chaque pays.

12 www.uneca.org/omd/MDGs_page.asp

Burkina Faso est cité par la Commission Economique pour l'Afrique (CEA) des Nations Unies, comme pays pouvant atteindre cet objectif.

Une caractéristique importante de l'économie de l'UEMOA est la part prépondérante qu'occupe le secteur informel. Dans les capitales des pays de l'UEMOA (à l'exception de la Guinée-Bissau), entre 70,9% et 80% des emplois urbains sont créés dans l'informel (Vescovo, Bosquier, et Torelli, 2007). D'après les résultats d'une enquête13 faite au niveau de l'Union, il existe une unité de production informelle par ménage en zone urbaine.

Figure 2 : Croissance économique dans l'UMOA

La même enquête révèle que « le secteur informel est caractérisé par l'absence ou la faiblesse de capital dans le processus de production, ainsi que par un sous-investissement chronique. La faiblesse des possibilités d'emprunt inhibe la capacité d'accumulation du secteur ». Cela met en exergue l'un des maux qui minent l'essor de nos économies : l'inadéquation entre l'offre et la demande de ressources financières. Les services offerts par le secteur bancaire et financier de l'UEMOA ne permettent pas de couvrir les besoins de la majorité des agents économiques.

13 Enquête 1-2-3 de 2001 à 2002 réalisés par les instituts nationaux de statistique des Etats membres publiée par l'UEMOA (www.uemoa.int/Publication/2004/RapSectInform2.pdf)

2 Une justice inefficace

A l'instar des pays francophones, le système judiciaire de la plupart des pays de l'UEMOA est une émanation du système colonial français. Certains textes de cette époque demeurent en vigueur. Selon Bako Arifari repris par Tidjani (2005), les dispositions du code pénal béninois datent de 1930. Le droit coutumier reste une référence pour une grande majorité des populations selon Tidjani (2005). Ce dernier évoque également la faible couverture géographique des juridictions qui pour l'essentiel sont dans les capitales et les grandes villes. Il existe donc un problème d'accès physique à la justice.

En outre, la corruption qui gangrène l'administration publique des pays de l'Union n'a pas épargné l'appareil judiciaire (Transparency International, 2007). D'après Tidjani (2005), le paiement de commissions indues, l'activation et l'utilisation de liens personnels avec le juge ou le magistrat, le détournement de deniers publics, la négociation illicite des peines sont autant de maux qui minent la justice. Il met également en exergue l'existence d'une justice parallèle animée par les agents de police dans les commissariats au profit des plus offrants.

Toutes ces lacunes rendent la justice inefficace, inapte à la création d'un cadre favorable à l'éclosion de l'initiative privée. La sécurité des affaires n'est pas véritablement assurée. A cet effet, des efforts louables sont entrepris notamment dans le cadre de l'OHADA. Mais, au delà des textes, il est important que chaque Etat de l'Union fasse un effort dans les allocations budgétaires à la justice afin de doter l'appareil judiciaire de moyens nécessaires pour un meilleur fonctionnement.

3 Des infrastructures de base insuffisantes

Il s'agit de l'un des grands défis auxquels doivent obligatoirement s'atteler les pays de l'UEMOA pour attirer les investissements et rendre leurs économies compétitives. Les transports publics sont inexistants ou en mauvais état. L'eau potable et l'électricité sont des biens souvent difficiles à avoir même dans les grandes villes. Plusieurs pays de la sous-région sont d'ailleurs confrontés depuis plusieurs mois à une crise aiguë du secteur énergétique qui se traduit par de longues périodes de délestage journalier. En 2001 par exemple, la consommation électrique était de 68,11 kwh par habitant pour le Bénin et 132,67 kwh pour le Sénégal. En comparaison, la France était pour la même année à 6.68 1,61 kwh par habitant (WDI 2005).

Concernant les nouvelles technologies de l'information et de la communication, les pays de l'UEMOA ont également un retard important à combler. La téléphonie mobile a fait un pas important en palliant les insuffisances du fixe mais sa pénétration démographique demeure insuffisante. En 2001, le nombre de téléphones mobiles était de 19 pour 1000 habitants au Bénin et de 30,78 au Sénégal. En comparaison, ce nombre était de 605,3 3 pour 1000 habitants en France dans la même année (WDI 2005).

4 Une alphabétisation insuffisante et inadaptée

Le problème de l'alphabétisation est une préoccupation majeure dans le processus de développement des pays membres de l'UEMOA. Le taux d'alphabétisation est estimé en 2001 à 38,59% pour le Bénin et à 16,5% pour le Niger (WDI 2005). Le Togo qui a le taux le plus élevé est à 58,41%. Ce qui demeure insuffisant.

Mais le problème se complique lorsqu'on s'intéresse à la langue dans laquelle les populations sont alphabétisées. Dans la plupart des cas, ce travail se fait dans les langues locales des pays concernés. Or, aucune de ces langues n'est utilisée dans l'administration. Le contrat de création de compte est rédigé en français (et en portugais pour la Guinée-Bissau). Il se pose alors un vrai problème de lecture et de compréhension au niveau des populations.

En plus de cela, même si l'on sait lire et écrire dans une langue officielle, il n'est pas garanti qu'on puisse avoir une bonne compréhension des termes et concepts utilisés dans les différents documents des institutions bancaires. Une chose est de savoir lire, une autre est de comprendre les opérations de débit/crédit. Cela justifie le terme « illettrisme financier » utilisé dans la littérature et évoqué précédemment.

II Le système bancaire et financier depuis la crise des années 80 1 Les faillites bancaires des années 80

L'Union Monétaire Ouest Africaine14 a été secouée dans les années 1980 par une grave crise économique qui a eu des répercussions négatives sur le secteur sensible de la banque. Outre les causes macro-économiques, la réglementation bancaire et le cadre comptable qui comportaient de multiples défauts, la mauvaise gestion des établissements de crédit et

14 L'UEMOA n'existait pas encore à cette époque.

l'interventionnisme des Etats sont les principaux facteurs qui expliquent cette situation (Powo, 2000).

1.1 Etendue de la crise

Tous les pays de l'Union15, à des degrés divers, ont été touchés par la crise (tableau 1) . Seul, le Mali n'a pas connu de situation de faillite. La Côte d'Ivoire et le Sénégal ont enregistré le plus grand nombre de faillites avec respectivement 8 et 7 disparitions d'établissements bancaires. En Côte d'Ivoire, quatre grandes banques totalisant 90% du portefeuille de crédit ont été affectées par la crise (Caprio et Klingebiel, 1996). Sur les 27 établissements disparus du paysage bancaire de l'Union, 15 étaient publiques. Cela traduit, le rôle de l'Etat dans la déliquescence du secteur.

Tableau 1 : Nombre de faillites bancaires de 1980 à 1995 dans l'UEMOA

 

Bénin

Burkina Faso

Côte d'Ivoire

Mali

Niger

Sénégal

Togo

Total

Faillite

4

1

8

0

3

7

4

27

(dont banque d'Etat)

2

1

6

 

2

3

1

15

Fusions/Absorptions

0

1

1

0

1

0

0

3

Total

4

2

9

0

4

7

4

30

 

Source : BCEAO repris par Powo (2000)

Plus que tous les autres pays, le Bénin, avec 80% du portefeuille de crédit bancaire de mauvaise qualité (Caprio et Klingebiel, 1996), a été particulièrement touché par cette crise qui a consacré la disparition de toutes les banques de la place. La Banque Béninoise de Développement (BBD) a fermé en 1989 suivie un an plus tard de la Banque Commerciale du Bénin (BCB) et de la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA). Quant à la Banque Méridien BIAO-Bénin qui a obtenu son agrément le 5 décembre 1994, elle n'a jamais démarré ses activités.

Les établissements financiers non bancaires ont été également touchés par la crise avec vingt cinq faillites enregistrées dans la période 1980-1993 (BCEAO repris par Powo (2000)).

15 La Guinée-Bissau qui a adhéré à l'UEMOA en 1997 n'est pas concerné.

1.2 Conséquences de la crise

Au niveau macro-économique, cette faillite généralisée a eu des conséquences très néfastes sur le système économique des pays touchés. Caprio et Klingebiel (1996) évaluent à 95 milliards CFA le montant cumulé des pertes financières pour le Bénin, soit 17% de son PIB d'alors. Ce taux représente également l'ampleur du désastre économique enregistré par le Sénégal. Quant à la Côte d'Ivoire, ses pertes sont estimées à 677 milliards CFA, soit 25% du PIB.

Au niveau micro-économique, les faillites ont entraîné la ''perte'' des avoirs de nombreuses familles qui se sont vues d'un jour à l'autre, dépossédées de leurs épargnes, entamant durablement leur confiance dans le secteur bancaire. Powo (2000) parle de ''fuite devant les institutions financières'' pour expliquer l'impact de cette crise sur le développement important de la finance informelle et sur le faible taux de bancarisation dans l'Union.

2 Nouvelles surveillance et orthodoxie bancaire 2.1 Nouveau dispositif de surveillance bancaire

Le cadre réglementaire inadapté des années 80 a été souligné par Powo (2000) comme étant un facteur ayant contribué significativement aux faillites bancaires qui ont secoué la sousrégion. Dès 1989, une vaste restructuration du secteur bancaire a été initiée par la Banque Centrale visant d'une part à restaurer la solvabilité et la liquidité des établissements de crédit et d'autre part à organiser un désengagement progressif de l'Etat du capital et de la gestion des institutions financières (BCEAO, 1998).

Un nouveau dispositif de surveillance bancaire a été mis en place avec:

· la convention portant création de la Commission Bancaire, entrée en application le 1er octobre 1990 ;

· la loi cadre portant réglementation bancaire du 1er octobre 1990;

· le dispositif prudentiel applicable aux banques et établissements financiers de l'UMOA;

· le décret relatif au classement, à la forme juridique et aux opérations des établissements financiers (pris entre 1984 et 1992, selon les pays de l'UMOA) ;

· le nouveau plan comptable bancaire ou PCB, entré en vigueur le 1er janvier 1996.

Toutes ces dispositions ont pour objectif d'assainir le paysage, d'assurer la solvabilité et la liquidité des établissements de crédit vis-à-vis des déposants et des tiers, ainsi que l'équilibre de leur structure financière.

La loi bancaire distingue deux catégories d'établissement de crédit à savoir les banques et les établissements financiers. Au plan réglementaire, c'est la notion de « banque universelle » qui prime. La réglementation ne fait aucune distinction entre les banques. Une banque agréée au sein de l'Union peut mener toutes les activités bancaires qu'elle jugera nécessaire à son développement. Certaines institutions choisis sent volontairement et pour des raisons stratégiques de se focaliser sur une activité donnée. Ainsi, il existe des banques de l'habitat, du commerce, de l'investissement, etc.

En dehors de ces deux catégories, il y a trois autres types d'établissements qui sont régis par une réglementation spécifique. Il s'agit des caisses d'épargne, des banques islamiques et des systèmes financiers décentralisés (microfinance).

La Commission Bancaire de l'UMOA a remplacé les organismes nationaux de surveillance avec de réels pouvoirs de contrôle et de décision. Elle effectue des contrôles sur pièces et sur sites. En cas de non respect de la réglementation par un établissement, la Commission peut prendre toute mesure contraignante qu'elle jugera nécessaire. Cela va du simple avertissement à la mise sous administration provisoire et au retrait d'agrément dans le cas ultime.

2.2 Nouvelle orthodoxie bancaire

Un guide du banquier de l'UMOA a été édité par la Commission Bancaire pour aider les dirigeants des établissements de crédit à mieux cerner leurs responsabilités au regard de la réglementation en vigueur dans les pays membres.

L'appareil judiciaire a été renforcé (BCEAO, 1998) avec une simplification des procédures de recouvrement et un meilleur dispositif des incidents de paiement.

Pour prévenir toute nouvelle crise et compte tenu de l'hécatombe observée au niveau des banques publiques, une limitation de la participation de l'Etat (25% maximum du capital) a été érigée en règle (BCEAO,1998).

3 Reconstruction du paysage bancaire et financier 3.1 Les établissements de crédit

Suite aux réaménagements du dispositif de surveillance, le paysage bancaire sousrégional s'est reconstruit progressivement grâce à l'initiative privée. Conformément aux

prescriptions, l'emprise des pouvoirs publics sur le secteur bancaire s'est effritée au profit des investisseurs privés nationaux et surtout étrangers. L'actionnariat est dominé par les capitaux privés non-nationaux. Le tableau 2 ci-dessous donne la situation à fin décembre 2005.

Tableau 2: Le paysage bancaire de l'UEMOA

Désignation (**)

Nombre d'établisse- ments

agréés

Ré- seaux (*)

Nombre de

Comptes

Montant du

Capita

(a

Répartition du Capital en % (b)

Nationaux

NonNationaux

Etat

Privés

Bénin (1)

14

51

245 552

41 810

6,24

25,49

68,27

Burkina-Faso (2)

16

108

778 789

31 907

23,58

20,35

56,07

Côte d'Ivoire

19

157

812 181

119 595

20,99

20,88

58,13

Guinée-Bissau (1)

3

2

10 551

3 343

0,00

14,60

85,40

Mali (1)

16

176

438 537

47 017

23,57

16,81

59,62

Niger (2)

12

36

78 456

20 423

22,82

10,98

66,20

Sénégal (4)

20

167

517 691

45 784

8,97

32,64

58,39

Togo

(dont 3 en arrêt
d'activité)

14

71

187 233

32 927

14,71

12,73

72,56

Total

114

768

3 068 990

342 806

17,48

20,97

61,55

(a) : Les montants sont en millions de FCFA

(b) : Le pourcentage remplace les montants bruts dans le tableau original (*) : Nombre d'agences et de bureaux constituant le réseau

(* *) : Nombre d' établissements non opérationnels au 31/12/2005 Source: CB-UMOA(2006)

L'UEMOA dispose d'un tissu bancaire et financier de 114 établissements agréés dont 100 réellement en activité au 31 décembre 2005. Les réseaux de guichets sont très peu densifiés avec une couverture bancaire moyenne de 110.677 habitants pour un guichet. En comparaison, la norme internationale communément admise est de 5.000 habitants par guichet.

L'actionnariat public représente une faible proportion des capitaux investis. Il varie entre

0% pour la Guinée-Bissau et 23,58% pour le Burkina-Faso avec une moyenne de 17,48% pour l'Union. Cette faible présence étatique dans l'actionnariat bancaire tient à la mésaventure des années 80. Mais elle a pour conséquence directe, la liberté assez poussée dont bénéficient les établissements de crédit dans la définition de leur politique commerciale qui n'obéit qu'au seul critère de rentabilité économique et financière. Les pouvoirs publics ne peuvent imposer aucun objectif social au secteur bancaire à moins d'en assumer le coût.

3.2 Les institutions financières à statut particulier

La loi bancaire soumet en son article 43, le Trésor public et les services financiers de la poste des Etats membres au contrôle exercé par la BCEAO et la Commission bancaire sur le secteur financier sous-régional. En outre, il existe un cadre spécifique qui a été conçu pour réglementer les institutions de microfinance.

3.2.1 Le Trésor Public

Le Trésor constitue le bras financier par excellence de l'administration publique. Il assure dans chacun des pays, la gestion du budget, la rentrée des recettes et le règlement des dépenses. Il gère les comptes des institutions et établissements publics et dans certains pays de l'Union, ouvre des comptes aux fonctionnaires publics. A ce titre, il constitue un acteur de la bancarisation qu'il faut considérer comme tel, même si de par son statut particulier, il ne peut offrir l'ensemble des services financiers proposés par les banques.

3.2.2 La Poste

La Poste dispose certainement, dans chacun des Etats membres, du réseau de guichets le plus dense. En effet, elle gère les caisses d'épargne et les centres des chèques postaux.

Les caisses d'épargne ouvrent des comptes de dépôt aux particuliers qui disposent d'un livret leur permettant de faire des opérations de dépôt et de retrait de monnaie fiduciaire. Elles ne gèrent pas des instruments scripturaux de paiement.

Quant au centre des chèques postaux, il ouvre des comptes chèques aux particuliers et met à leur disposition des instruments scripturaux de paiement.

3.3 Les institutions financières informelles

En dehors des institutions formelles décrites ci-dessus, il existe dans l'UEMOA une multitude d'établissements informels fonctionnant sur les principes de mutuelle, de solidarité et de tontine. Le développement de ces institutions est favorisé par la structure de l'économie de l'Union qui est caractérisée par la présence d'un secteur informel florissant.

4 Le cadre juridique de la promotion de la bancarisation

Dans le soucis d'une activité bancaire saine et prospère, les autorités ont initié un projet de modernisation des systèmes et moyens de paiement (annexe 7). Les deux premiers volets (STAR-UEMOA et SICA-UEMOA) sont déjà déployés. La monétique interbancaire est en phase de déploiement dans les pays pilotes. Cette réforme repose sur un cadre juridique spécifique destiné, entre autres, à promouvoir la bancarisation et les moyens scripturaux de paiement.

Mais certaines dispositions des textes composant le cadre juridique sont difficiles à appliquer. Par exemple, l'article 4 de la directive n°08/2002/CM/UEMOA indique entre autres, que les salaires des fonctionnaires doivent être payés par des moyens scripturaux. Cette disposition est difficile d'application en raison de la faible densité du réseau bancaire. Un fonctionnaire qui touche le SMIC16 ne peut pas se payer un déplacement lointain vers une agence bancaire à chaque fin de mois.

Il y a également la notion du « droit au compte » instaurée par le R1 5 qui fait obligation aux banques d'ouvrir un compte à toute personne physique ou morale possédant un revenu régulier (périodicité mensuelle, bimensuelle, trimestrielle, semestrielle voire annuelle) de 50.000 FCFA. Si au bout de trois tentatives, aucune banque ne s'exécute, la Banque Centrale pourra désigner d'office une banque pour ouvrir le compte avec un service bancaire minimum. L'objectif de cette disposition est de rendre le compte accessible à tous. Mais, il n'est pas évident pour un plaignant de se faire délivrer des attestations de refus par les banques. En outre, la justification du revenu régulier est une contrainte difficile à surmonter pour nombre de personnes; tant l'informel et le travail au noir sont prédominants. Par ailleurs, quelque soit le mode de saisine, il serait compliqué pour un citoyen ordinaire de surmonter les difficultés psychologiques créées par le refus de trois banques successives pour se référer à une institution aussi prestigieuse et peu ouverte au public que la Banque Centrale. Il serait intéressant d'avoir les statistiques des plaintes

16 Salaire minimum interprofessionnel de croissance

déjà enregistrées pour juger de la pertinence de cette disposition.

III Les institutions de microfinance (IMF)

Le secteur de la microfinance a connu depuis le début des années 90 et sa règlemantation par la loi Parmec17 une expansion importante dans les pays de l'UEMOA. Le nombre des IMF agréées est passé de 555 en 2001 à 652 en 2005 (figure 3) et le nombre de points de services a atteint 3.500. Il en découle une pénétration géographique de 24.286 habitants/guichet.

Figure 3: Evolution du nombre d'institutions de microfinance

2001 2002 2003 2004 2005

650 600 550 500 450 400 350 300 250 200 150 100 50

0

Evolution du nombre d'IMF

700

Année

Source: BCEAO (2006a)

Pendant la même période (2001 à 2005), le nombre de bénéficiaires (hormis les membres des groupements) a progressé avec une forte croissance en 2005 pour atteindre 5,8 millions (figure 4). En considérant une population active de 40.300.000 (estimation sur WDI 2005), cela correspond à 14,4% des actifs touchés par le microcrédit.

En dépit de ses limites à la contribution au financement de l'économie de l'Union (Kamalan, 2006), la microfinance demeure très utile pour deux raisons principales. La première

17 La loi Parmec est la loi portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit. Elle a été adoptée par le Conseil des ministres de l'UMOA le 17 décembre 2007 (Lhériau, 2003)

est qu'elle permet d'alléger la souffrance des ménages très pauvres qui sont progressivement insérés dans le tissu économique. La deuxième raison est qu'elle constitue une ''extension'' de la bancarisation des populations (Lhériau, 2005).

Figure 4: Evolution du nombre de bénéficiaires de microcrédit

Evolution du nombre de bénéficiaires

 

6000000
5500000
5000000
4500000
4000000
3500000
3000000
2500000
2000000
1500000
1000000
500000
0

 
 
 

2001 2002 2003 2004 2005

Année

Source: BCEAO (2006a)

IV Les barrières et les frontières des possibilités d'accès 1 Les barrières à l'accès

Nous déterminons les barrières au niveau de l'environnement global, du secteur bancaire et de la microfinance.

1.1 Environnement global

Le niveau de développement est le plus important facteur selon Beck et al. (2004) qui estiment que, d'un pays à un autre, le taux d'utilisation des services bancaires et financiers varie fondamentalement selon le niveau de développement économique et institutionnel. Il est déterminé par des facteurs qui sont hors du champ d'action des établissements de crédit.

En effet, le prix (barrière financière) et le coût de transport vers l'agence bancaire la plus proche (barrière physique à l'accès) sont des facteurs discriminants. Ils sont évalués en terme de revenu des populations. Un indicateur estimatif du revenu est le PIB par habitant qui, comme nous l'avons vu ci-haut, n'est pas particulièrement élevé dans l'UEMOA. Le niveau de revenu constitue donc un obstacle, une barrière à la demande des services bancaires dans l'Union.

Quant au cadre juridique, il est inadapté à toute politique d'investissement car peu protecteur des intérêts privés. Il a un impact néfaste sur la bancarisation.

La qualité des infrastructures de base (transport, communication, énergie, etc) et le déficit technologique créent des barrières physiques d'accès, et des barrières de l'information.

Enfin, concernant l'aspect social, il est important de souligner l'obstacle que constitue le taux élevé d'analphabétisme dans les pays de l'Union. Il est difficile pour des populations non lettrées d'entamer et surtout d'entretenir une relation bancaire équitable. Il s'agit là d'un facteur non économique de contrainte à la demande.

En résumé, l'environnement global dans l'UEMOA ne favorise pas la démocratisation des services bancaires et financiers.

1.2 Le secteur bancaire

Depuis les réformes des années 90, le nombre de banques, d'agences et points de services est en augmentation. Les cartes bancaires privatives sont en plein essor avec l'installation croissante des distributeurs automatiques de billets (DAB). Il en découle une réduction de la barrière physique à l'accès.

En outre, sous l'effet de la concurrence, les conditions de banque s'améliorent progressivement. Le montant minimal d'ouverture de compte et le taux débiteur à la clientèle sont en diminution dans l'Union (de 2003 à 2005). La barrière financière est donc en régression. Cette régression serait plus accentuée si la réglementation des conditions de banque n'empêchait pas quelque peu la vérité des prix. En effet, la fixation ou l'encadrement des coûts de certains services bancaires ne favorise pas la répercussion des économies d'échelle réalisées au niveau des banques de taille importante.

Mais les conséquences désastreuses de la crise bancaire des années 80 continuent également de peser sur l'activité du secteur. Elles expliquent quelque peu le développement croissant de la microfinance et de la finance informelle (Powo, 2000). Les faillites bancaires ont

créé des difficultés émotionnelles au niveau des populations qui se sont auto-exclues du système bancaire (théorie de Beck et De la Torre (2006)).

En plus, la barrière de l'éligibilité demeure et risque d'être renforcée par une application rigide et non contextuelle de la réglementation, notamment la loi anti-blanchiment avec son principe du « know your customer ».

Par ailleurs, l'émiettement du secteur bancaire, avec une grande proportion de banques de petite taille, n'est pas favorable à l'offre de services bancaires. En effet, environ 53%18 des banques ont un total bilan inférieur à 50 milliards CFA. Du fait de leur taille, elles ne disposent pas des économies d'échelle nécessaires pour assurer un meilleur prix à la clientèle. Il s'agit d'un handicap très important.

Enfin, il existe des difficultés dans la mise en oeuvre du cadre réglementaire de promotion de la bancarisation et des moyens scripturaux de paiement qui empêchent quelque peu la vulgarisation du compte bancaire.

En résumé, le secteur bancaire présente des barrières importantes à la massification de la bancarisation dans l'Union.

1.3 Le secteur de la microfinance

La microfinance revêt un caractère particulier dans le dispositif de financement des économies de l'Union. Elle est née pour pallier les insuffisances d'un secteur bancaire trop rigide et distant des populations démunies.

Les barrières d'accès physique, de l'éligibilité et de l'information se retrouvent amoindries dans ce secteur. En effet, du fait de la multiplicité des points de services des IMF et de leur couverture géographique plus étendue, elles sont plus accessibles. De même, le nombre des documents administratifs nécessaires pour un contrat est moins prohibitif qu'au niveau des banques.

Bien que persistant, le problème de l'asymétrie de l'information, de la sélection adverse et de l'impact de l'analphabétisme pèsent moins sur la relation entre les populations et les IMF du fait de la proximité de ces dernières et de leur ancrage dans les réalités locales.

En dépit du coût relativement élevé des services proposés, le secteur de la microfinance présente des barrières moins fortes que le secteur bancaire et est plus favorable à la

18 Calcul fait sur la base de BCEAO (2006a)

démocratisation des services bancaires et financiers.

2 Les frontières des possibilités d'accès au compte bancaire

S'inspirant du schéma de Beck et De la Torre (2006), nous nous proposons d'identifier de façon approximative les frontières des possibilités d'accès au compte bancaire dans l'UEMOA. Nous nous limitons à l'identification des frontières extrêmes: la frontière optimale (A) et la frontière minimale (D). Cette identification est expliquée pour l'année 2005; le raisonnement étant le même pour les années 2001 à 2004.

2.1 La frontière minimale

Le secteur bancaire de l'UEMOA est confronté à plusieurs problèmes importants qui ont un impact négatif sur l'offre et de la demande de services. En dehors des facteurs économiques, la demande est minorée par des facteurs socio-culturels qui engendrent l'auto-exclusion. L'environnement global et la réglementation bancaire parfois contraignante pèsent sur l'offre de services. Le taux moyen de bancarisation de l'Union est évalué en 2005 à 5,84 % (annexes 2 et 8). Il est le fruit d'une conjonction de facteurs limitatifs de l'offre et de la demande. Ce taux correspond à une population active bancarisée de 2.358.951 habitants19. Nous considérons ce nombre comme la frontière minimale (D) en 2005.

2.2 La frontière optimale

En dépit des difficultés liées à l'environnement macroéconomique, il existe une part importante de la population capable d'utiliser les services bancaires mais qui n'y ont pas accès pour diverses raisons. Il existe donc un potentiel latent de population bancarisable. Pour déterminer ce potentiel, nous nous basons sur les données relatives au secteur de la microfinance et faisons deux hypothèses20:

H4: Tout bénéficiaire de microcrédit est bancarisable;

H5: Aucun bénéficiaire de microcrédit ne dispose d'un compte bancaire.

Nous déduisons de ces hypothèses que le potentiel latent de bancarisation équivaut au

19 La taille de la population active de l'UEMOA est en 2005 de 40373250 habitants (estimation sur la base du WDI 2005)

20 La numérotation des hypothèses commence par 4 pour tenir compte des trois hypothèses de Beck et de la Torre (2006) qui sont implicitement reprises.

taux moyen de pénétration démographique du microcrédit qui est de 9,04 % en 200521. Cela correspond à une population active de 3.643.974 habitants. Nous définissons la frontière optimale comme étant la somme de la frontière minimale et du potentiel latent de bancarisation. La frontière optimale (A) est ainsi représentée en 2005 par une population active de 6.002.925 habitants (2.358.951 + 3.643.974 ).

2.3 Evolution des frontières des possibilités

Le tableau ci-après retrace les frontières minimales et optimales de 2001 à 2005. Tableau 3: Frontières des possibilités de bancarisation

Année

Frontière
minimale (1)

Potentiel de
bancarisation (2)

Frontière optimale
(3) = (1) + (2)

2001

1.577.133

3.338.841

4.915.974

2002

1.819.952

3.430.683

5.250.635

2003

2.121.909

3.873.845

5.995.754

2004

2.043.429

4.128.208

6.171.637

2005

2.358.951

3.643.975

6.002.926

La représentation graphique de l'évolution des frontières donne le graphe ci-dessous.

2005

2004

2003

2002

2001

0 1000000 2000000 3000000 4000000 5000000 6000000 7000000

Frontière des possibilités d'accès au compte bancaire dans
l'UEMOA

Frontière minimale Potentiel de bancarisation

Population

Figure 5 : Frontières des possibilités d'accès au compte bancaire dans l'UEMOA

21 Selon des calculs faits sur la base des statistiques de microcrédit des monographies SFD (www.bceao.int) et de la population active du WDI 2005

La figure 5 fait apparaître chaque année l'existence d'un important potentiel de bancarisation dans l'Union.

Toutefois, il nous paraît nécessaire de souligner le caractère relativement imprécis de ces potentiels. En effet, l'hypothèse H5 établit un cloisonnement entre la clientèle bancaire et la clientèle des IMF qui est inexistant dans la réalité. Plusieurs personnes sont à la fois clientes des banques et des IMF. Les résultats obtenus doivent donc être corrigés de la double comptabilisation de cette partie commune aux deux secteurs.

Par ailleurs, l'hypothèse H4 est difficilement soutenable au niveau économique compte tenu des montants parfois très faibles des microcrédits et des coûts énormes de gestion qu'induirait une prise en compte de toute la clientèle des IMF par les Banques.

Enfin, notre approche écarte la partie de la population qui n'est ni détentrice d'un compte bancaire ni bénéficiaire d'un microcrédit mais qui n'en est pas moins bancarisable. Une correction pourrait être faite à ce niveau également.

Malgré les imperfections, les frontières ainsi déterminées permettent d'apprécier les possibilités importantes qui existent pour la démocratisation du compte bancaire dans l'Union.

Chapitre 4 Etude économétrique de la faible bancarisation

Le chapitre précédent a permis d'identifier les principaux facteurs susceptibles de contribuer à l'amélioration de la bancarisation dans l'espace UEMOA. Ces facteurs existent tant au niveau économique, social, juridique, bancaire que financier. Mais quelle est leur contribution réelle à l'édification des barrières et frontières d'accès aux services bancaires? Quelle est la contribution particulière de la microfinance ? Ce sont là des préoccupations auxquelles cette étude tente de répondre.

Ce chapitre est constitué de quatre points. Le premier point sert à spécifier le modèle. Le deuxième point permet de faire une régression multiple pour estimer les facteurs explicatifs les plus pertinents. Le troisième point permet de valider l'estimation du modèle à travers différents tests. Le quatrième et dernier point fait ressortir les résultats de l'investigation.

I Spécification du modèle

La modélisation consiste à choisir un modèle adapté aux informations à traiter sur la base d'un ou de plusieurs modèles théoriques et des variables explicatives retenues.

1 Modèle théorique

Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2006) ont étudié la relation entre les barrières à l'accès aux services bancaires et les caractéristiques des banques dans différents pays du monde. Ils ont pour cela constitué un échantillon de 193 banques réparties dans 58 pays du monde entier. Le modèle de régression suivant a été spécifié:

Fi,k = á + Bi*â + Ck*ã + åi,k

· Fi,k est la variable endogène qui mesure les difficultés d'accès aux services de la banque i du pays k;

· Bi est un vecteur de variables explicatives de la banque i ;

· Ck est un vecteur de variables caractéristique du pays k ;

· åi,k représente le résidu d'explication pour la banque i du pays k ;

· â est le coefficient permettant de mesurer la contribution des caractéristiques bancaires ;

· ã est le coefficient permettant de mesurer la contribution du facteur pays ;

· á est la constance homogène du modèle.

L'objectif de cette étude est de déterminer les principaux facteurs qui contribuent à l'édification d'obstacles à l'accès aux services financiers. En utilisation des techniques variées d'estimation suivant la nature des variables, les auteurs ont pu tester ce modèle et en ont déduit que :

· La taille des banques est la caractéristique principale dans la création des barrières. Les banques de taille modeste confrontées à des coûts de gestion élevés de la clientèle offrent des services assez chers . Par contre les grandes banques, bénéficiant des économies d'échelle baissent leurs tarifs et rendent les services plus abordables ;

· Les pays ayant des infrastructures de base (transport, communication , énergie, ...), un cadre juridique et contractuel assaini, un secteur bancaire concurrentiel et transparent et une dominance de banques étatiques présentent moins d'obstacles à l'accès aux services bancaires et financiers.

2 Modèle empirique

2.1 Une approche différente

Bien que s'inscrivant dans la dynamique de massification et de démocratisation des services bancaires et financiers, notre étude diffère de celle précédemment décrite en deux points essentiels.

La première différence est relative à l'objectif principal de l'étude. Notre objectif est de déterminer les facteurs qui contribuent à la faible bancarisation. Il s'agit d'une problématique nationale ou sous-régionale. Même si les banques en sont les principaux acteurs, la faible bancarisation ne saurait être définie et étudiée à leur niveau. De part sa définition, la faible bancarisation ne peut être mesurée qu'à l'échelle d'un Etat ou d'une région. Il n'est donc pas possible de construire des variables sur la base des informations propres à une banque. Les variables doivent être définies pour le secteur bancaire national pris dans son ensemble.

La deuxième différence concerne la qualité et l'exhaustivité des données disponibles dans les pays constituant notre échantillon. Beck, Demirguc-Kunt et Peria (2006) ont disposé de 193 observations. Notre étude est basée sur 35 observations (annexe 2). Cela a un impact direct sur le choix du modèle.

2.2 Modèle retenu

En nous inspirant du modèle théorique et tenant compte de la particularité des informations à traiter, nous avons fait le choix d'un modèle de panel formulé comme suit: Mi,t = ui + Xi,t*â + ei,t avec 1 <= i <= 7 indice pays, 2001 <= t <= 2005 indice année et où :

· Mi,t marge de bancarisation22 du pays i à l'année t ;

· Xi,t la matrice des variables explicatives du pays i au temps t ;

· â coefficients de contribution uniformes des variables explicatives ;

· ui constance individuelle destinée à capter l'effet pays;

· ei,t erreur ou résidu d'explication pour le pays i au temps t.

Cette formulation suppose d'une part un comportement globalement uniforme des pays par rapport aux variables qui tient au fait qu'ils appartiennent tous à une même union économique et monétaire et d'autre part la présence d'effets individuels qui sera prouvée par des tests de spécification.

Le modèle de panel (annexe 1) gère des données à deux dimensions (individu, période). Nous avons constitué un échantillon de 7 pays (N= 7). La Guinée-Bissau est écartée pour des raisons d'indisponibilité de certaines informations et pour le caractère particulier de son secteur bancaire et financier (un seul établissement) dans la période de l'étude. Les observations sont étalées sur 5 années (T = 5): de 2001 à 2005. Cela donne au total 35 observations. Le modèle est cylindré; c'est-à-dire qu'il n'y a pas de donnée manquant pour un pays ou pour une année.

3 Choix et définition des variables 3.1 Choix des variables

Tenant compte des facteurs explicatifs potentiels identifiés précédemment, nous avons choisi de tester la contribution de plusieurs facteurs à la détermination de la faible bancarisation. La liste des variables initiales figure en annexe 5.

Le choix définitif des variables a été fait par la méthode dite de « régression pas à pas » (Bourbonnais, 2003). Il s'agit d'une technique qui, à partir de la variable exogène la plus fortement corrélée à la variable endogène permet de construire progressivement un modèle optimal en éliminant systématiquement les variables pour lesquelles le t-student est inférieur au

22 Marge de bancarisation = 100% - taux de bancarisation

seuil pré-fixé.

3.2 Définition des variables

Plus que l'optimisation des résultats significatifs du modèle, le choix des variables explicatives répond prioritairement à une préoccupation économique. Chaque variable doit apporter une contribution positive ou négative au phénomène observé. Le tableau 4 ci-dessous retrace les signes prévus. Une description plus détaillée des variables est en annexe 6.

Tableau 4: Définition des variables

Type de variable

Variables

Libellé

Signe attendu

Explication

Variable à expliquer

 

m_banc

Marge de bancarisation

 

100% - taux de bancarisation

Variables explica- tives

Variable d'état

pib_hbt

Produit intérieur Brut
par habitant

-

Plus il y a de création de richesse, plus il y a de création de comptes et plus la marge diminue.

 

t_pgr_b

Taux de progression du nombre de banques

-

Plus il y a de nouvelles banques, plus il y a de création de comptes et plus la marge diminue.

 

Volume de crédit
bancaire

-

Plus le volume augmente, plus l'activité économique est florissante, plus il y a de création

de comptes et plus la marge
diminue.

 

Banque de petite taille

+

Du fait du manque d'économie d'échelle, les coûts d'ouverture et de fermeture des comptes sont élevés et découragent la création de compte. Ce qui entraîne un accroissement de la marge de bancarisation..

 

v_crimf

Volume de microcrédit

-

Plus le volume de microcrédit
augmente, plus les revenus générés

par les activités économiques

financées sont importants

permettant la contitution d'une
épargne bancarisable.

 

4 Existence et nature des effets individuels

4.1 Existence des effets individuels

Une fois les variables choisies, il est important de vérifier l'existence effective des effets individuels dans le modèle. Pour ce faire, nous utilisons la statistique F avec (N-1, NT-N-K-1) degrés de liberté (annexe 3 au point 3).

Hypothèse et mode de décision

H0: ui = 0

Si (Prob>F) < (seuil = 5%) alors l'hypothèse H0 est rejetée. L'introduction des effets individuels est nécessaire.

Résultat du test

Prob> F = 0,0000. Nous rejetons l'hypothèse H0.

Les effets individuels sont nécessaires pour capter l'hétérogénéité des pays étudiés.

4.2 Nature des effets individuels : fixes versus aléatoires

Les effets individuels engendrés par notre modèle peuvent être à effets fixes ou à effets aléatoires (annexe 1). Pour avoir la précision, nous utilisons le test de spécification de Hausman (annexe 3 au point 4)

Hypothèse et mode de décision

H0 : Pas de différence systématique dans les coefficients;

Si (Prob > chi2 ) < (seuil = 5%) alors l'hypothèse H0 est rejetée et les effets sont plutôt fixes. Résultat du test de Hausman

chi2(7) = 19,13

Prob>chi2 = 0,001 8

L'hypothèse H0 est rejetée et le modèle est à effets fixes.

II Estimation du modèle

Sont présentées ci-dessous, les relations statistiques qui existent entre la variable endogène et les variables exogènes retenues.

1 Matrice de corrélation et droites d'ajustement 1.1 Matrice de corrélation

La matrice de corrélation (annexe 3 au point 2)) donne les degrés de corrélation des variables (endogène et exogène) entre elles et leur significativité au seuil de 5%.

On note que la marge de bancarisation a:

· d'une part une corrélation négative significative avec le PIB par habitant et le volume de crédit bancaire et d'autre part une corrélation positive significative avec le nombre de petites banques;

· une corrélation négative faible avec le volume de microcrédit ;

· une corrélation positive faible avec le taux de progression du nombre de banques. En outre, il est important d'observer des corrélations relativement importantes et significatives entre certaines variables explicatives. A ce titre, on notera particulièrement la corrélation entre le volume de crédit bancaire et le taux de progression du nombre des banques mais surtout avec le PIB par habitant.

1.2 Droites d'ajustement

Les meilleures droites d'ajustement au sens de la méthode des moindres carrés figurent à l'annexe 4. On remarque que sur les graphes G1 (PIB par habitant) et G4 (Volume crédit bancaire), même les points de nuage hors de la zone de confiance épousent relativement bien la pente de la droite de régression. Par contre, concernant les autres graphes, notamment G5 (Volume de microcrédit), les points de nuage sont assez éparpillés.

2 Régression multiple

Bien que les coefficients de corrélation soient significatifs entre la marge de bancarisation et certaines variables, on n'est pas en mesure de tirer une conclusion sur la nature des liens entre ces différents facteurs car corrélation n'est pas causalité.

Afin d'avoir une idée juste des liens de cause à effet qui existent entre la faible bancarisation et les variables explicatives identifiées, il est nécessaire de procéder à une régression multiple en mode linéaire sur le panel construit. Le résultat de cette régression figure au point 5 de l'annexe 3.

3 Statistiques descriptives et problème de stationnarité

Une série chronologique est qualifiée de stationnaire si ces caractéristiques ( espérance et variance) sont constantes dans le temps (Bourbonnais, 2003). Compte tenu de la faible profondeur temporelle de nos données, il ne nous paraît pas nécessaire de faire un test de stationnarité. Les moyennes et déviations obtenues sont supposées constantes à l'intérieur de l'échantillon. Les statistiques descriptives de nos variables figurent en annexe 3 au point 1.

III Validation du modèle

La validation du modèle se fait en trois étapes à savoir la validation économique, la validation statistique et la validation économétrique. Tous les test sont faits au seuil de 5%.

1 Validation économique

En observant le résultat de la régression (annexe 3 au point 5), on remarque sur les cinq (5) variables explicatives que trois (PIB par habitant, le volume de microcrédit, le proportion de banque de petite taille) respectent les signes prévus confirmant ainsi la théorie économique.

Par contre au niveau des deux autres variables que sont le taux de progression du nombre des banques et le volume de crédit bancaire, les signes sont contraires à ceux attendus. Cela peut être dû à l'absence de profondeur temporelle dans notre échantillon.

2 Validation statistique 2.1 Qualité globale

La régression multiple (annexe 3 au point 5) calcule trois statistiques de détermination R²:

· R² Within = 0,6178: elle est la plus significative pour un modèle à effets fixes. Elle indique que 61,78% de la variabilité intra-individuelle de la marge de bancarisation est expliquée par celle des variables explicatives retenues;

· R² between = 0,3327: elle suggère que les effets fixes liés aux caractéristiques des pays contribuent à 3 3,27% au modèle;

· R² overall = 0,3448 : elle donne une contribution globale du modèle.

Deux statistiques de test de Fisher sont également fournies

· En haut Prob > F = 0,0003 : Elle indique une bonne significativité conjointe des variables explicatives;

· En bas Prob > F = 0,0000 : Elle indique une bonne significativité des effets fixes introduits. On peut donc conclure à une qualité statistique globalement bonne du modèle.

2.2 Significativité des variables

Le t-student des variables explicatives que sont le PIB par habitant (0,00 1), le volume du crédit bancaire (0,028) et le volume de microcrédit (0,03 8) montre qu'elles ont une bonne significativité.

3 Validation économétrique

3.1 Test de normalité des erreurs

La normalité des erreurs est une propriété de la méthode des moindres carrés ordinaires utilisée dans la régression multiple. Pour vérifier cette propriété, nous utilisons le test de Skewness et Kurtosis (annexe 3 au point 6).

Hypothèse et mode de décision

H0: Erreurs normalement distribuées.

Si (Prob>Chi2) > (Seuil = 5%) alors l'hypothèse H0 est acceptée. Les erreurs sont normalement distribuées.

Résultat du test de Skewness/Kurtosis

(Prob>Chi2) = 0,0773. L'hypothèse H0 est donc acceptée. Les erreurs sont normalement distribuées.

3.2 Test d'autocorrélation des erreurs

On parle d'autocorrélation des erreurs lorsque les erreurs sont liées par un processus de reproduction (Bourbonnais, 2003). L'erreur d'une période est influencée par celle de la période précédente. Le test de Wooldridge est utilisé pour vérifier l'absence de cette propriété (annexe 3 au point 7).

Hypothèse et mode de décision

H0: Pas d'autocorrélation de premier ordre

Si (Prob > F ) < (seuil = 5%) alors l'hypothèse H0 est rejetée.Les erreurs sont autocorrélées.

Sinon les erreurs sont non autocorrelées.

Résultat du test de Wooldridge

F( 1, 6) = 0.265

Prob > F = 0.6250

H0 n'est pas rejetée . Les erreurs ne sont pas autocorrélées.

3.3 Test d'homoscédasticité des erreurs

On parle d'homoscédasticité lorsque le risque de l'amplitude de l'erreur est constant dans le temps. Pour ce test, nous utilisons la méthode de Breush-Pagan qui consiste à vérifier si le carré des résidus peut être expliqué par les variables du modèle. Si c'est le cas, il y a hétéroscédasticité (annexe 3 au point 8).

Hypothèse et mode de décision

H0: modèle homoscédastique

Si le carré du résidu de la régression est expliqué par les variables alors l'hypothèse H0 est rejetée.

Résultat de la méthode de Breush-Pagan

Le carré du résidu est expliqué de façon significative par les variables du modèle (R² = 0,9999). L'hypothèse H0 est donc rejetée. Il y a hétéroscédasticité. Elle pourra être corrigée par la méthode de White.

Précision sur la nature de l'hétérodasticité avec le test de Wald modifié

Hypothèse et mode de décision

H0: ói² = ó²

Si (Prob>chi2) < (seuil = 5%) alors H0 est acceptée. On a une homoscédasticité interindividuelle.

Résultat du test

Prob>chi2 = 0,0000. Il y a homoscédasticité inter-individuelle.

IV Facteurs explicatifs de la faible bancarisation 1 Résultats de l'investigation

Notre étude économétrique présente une insuffisance majeure liée à la profondeur temporelle de l'échantillon (annexe 2). Le nombre d'observations est faible. Des dix huit (18)

variables initialement testées, seules cinq (5) ont été retenues. Des variables aussi importantes que le taux d'alphabétisation ou le taux de pénétration démographique des IMF n'ont pas pu être étudiées.

En outre, la validation économique n'est effective que pour 60 % des variables testées. Les signes prévus pour le taux de progression des banques et le volume de crédit bancaire ne sont pas respectés. De même, au niveau de la validation statistique, seules trois variables sur cinq ont une qualité individuelle acceptable et apportent une contribution significative à la détermination de la marge de bancarisation. Il s'agit du PIB par habitant, du volume de crédit bancaire et du volume de microcrédit. On remarquera particulièrement qu'en dépit de son signe inattendu, le volume de crédit bancaire à une contribution statistique significative. A l'opposé, le nombre de banques de petite taille dont l'évolution présentait un sens économique a une contribution non significative.

En dépit de ces insuffisances essentiellement liées à la qualité de l'échantillon, il est possible de tirer quelques conclusions sur les déterminants de la marge de bancarisation.

2 Les facteurs déterminants

Les résultats obtenus permettent d'identifier trois facteurs principaux. Il s'agit du:

· PIB par habitant: l'amélioration du PIB par habitant contribue de façon significative à la réduction de la marge de bancarisation;

· volume de crédit bancaire: l'augmentation du montant total des crédits bancaires ne contribue pas à la réduction de la marge de bancarisation (mais plutôt à son augmentation);

· volume de microcrédit: l'augmentation du volume total de microcrédit contribue de façon significative à la réduction de la marge de bancarisation.

Chapitre 5: Interprétations et recommandations

L'étude économétrique a mis en évidence trois facteurs explicatifs du faible niveau de bancarisation dans l'Union. Ces facteurs joints aux résultats de l'analyse contextuelle permettent de faire une interprétation et des recommandations pour des mesures correctives.

I Interprétations des résultats

Parmi les trois facteurs identifiés, deux sont conformes aux prévisions (PIB/habitant et volume de microcrédit). Quant au volume de crédit bancaire, sa contribution à l'accroissement de la marge de bancarisation est contraire à la prévision. Cela pourrait s'expliquer par la qualité de l'échantillon. Aussi insisterons-nous plus sur les deux premiers facteurs.

1 Les déterminants de la demande

L'investigation économétrique a permis de mettre en évidence deux facteurs favorables à la demande. Il s'agit:

1. du PIB par habitant (en tant que mesure du revenu des populations) qui contribue à la réduction de la marge de bancarisation. La demande de création de compte bancaire est une fonction croissante du revenu;

2. du microcrédit qui contribue au renforcement de la clientèle bancaire. La demande de création de compte est une fonction croissante du volume de microcrédit. Il reste à trouver le mécanisme par lequel l'accroissement du volume de microcrédit influence la demande. Pour cela, nous émettons deux hypothèses (non exclusives):

· Ha: La demande de création de compte bancaire croît avec le nombre de bénéficiaires de microcrédit qui croît avec le volume de microcrédit;

· Hb: La demande de création de compte bancaire croît avec les revenus issus des

activités économiques grandissantes financées par un volume croissant de microcrédit. Or, dans le processus ayant conduit au choix des variables explicatives de la marge de bancarisation, le nombre de bénéficiaires a été testé et rejeté. Cela suggère le rejet de la première hypothèse Ha.

Ainsi, en ne considérant que la seconde hypothèse Hb, nous pouvons conclure que plus

les montants sont importants, plus ils permettent aux bénéficiaires de mener des activités véritablement génératrices de richesse et par conséquent de constituer une épargne dans les banques. Le microcrédit de montant élevé est un facteur incitatif de la demande d'ouverture de compte bancaire.

Il est utile de préciser l'existence d'autres facteurs potentiellement défavorables à la demande d'ouverture de compte. Ces facteurs révélés par l'analyse contextuelle n'ont pas pu être testés dans l'investigation économétrique. Il s'agit notamment:

· des dysfonctionnements de l'appareil judiciaire qui fragilisent la confiance de la population;

· des conséquences psychologiques de la crise des années 80 et du taux élevé d'analphabétisme qui conduisent à l'auto-exclusion;

· des difficultés d'application de certaines dispositions du cadre juridique pour la promotion de la bancarisation et l'utilisation des systèmes et moyens de paiement qui sont de nature à décourager la demande.

2 Les déterminants de l'offre

L'investigation économétrique n'a pas permis de mettre en évidence des facteurs déterminant l'offre de création de compte bancaire. Par contre, l'analyse contextuelle a mis en exergue deux facteurs potentiellement défavorables à l'offre d'ouverture de compte bancaire. Il s'agit de:

· l'inexistence des infrastructures de base (électricité, eau, télécommunications, routes, ...) qui empêche la déconcentration du réseau bancaire vers les villes les moins importantes et rend par conséquent l'offre peu disponible;

· la réglementation fixant ou encadrant les coûts de certaines transactions bancaires qui sont susceptibles de créer une barrière financière fictive pour l'offre des services bancaires dont l'ouverture de compte.

En dehors des déterminants pré-cités, il est important de souligner l'existence d'un facteur potentiellement favorable à la fois à l'offre et à la demande. Il s'agit de la réforme des systèmes et moyens de paiement qui a consacré la mise en production de STAR-UEMOA, de SICA-UEMOA et un démarrage progressif de la Monétique inter-bancaire. Compte tenu du caractère récent de cette réforme, elle n'a pas été étudiée dans notre investigation économétrique. Mais il est très

vraisemblable que le nouveau cadre technique ainsi créé aura un impact positif sur la vulgarisation du ''scriptural'' et donc du compte bancaire.

II Validation des hypothèses de travail

1 Première hypothèse (H1)

L'analyse contextuelle a révélé une inadaptation du cadre économique, juridique et social à une politique de bancarisation. Bien que l'étude économétrique ait montré une contribution positive du PIB par habitant à la réduction de la marge de bancarisation, il n'en demeure pas moins que l'insuffisance de la croissance et sa répartition inéquitable constituent un handicap.

Nous acceptons donc l'hypothèse H1. L'environnement global ne contribue pas à l'amélioration de la bancarisation.

2 Deuxième hypothèse (H2)

La grave crise bancaire des années 80 a laissé des souvenirs amers à une partie de la population qui demeure confrontée à des difficultés émotionnelles les conduisant à l'autoexclusion.

Les investigations économétriques ont montré que le volume de crédit bancaire ne contribue pas à la réduction de la marge de bancarisation.

En outre, bien que les conditions de banque soient en amélioration sous l'effet de la concurrence, elles demeurent relativement élevées par rapport au revenu des populations. La pénétration géographique des agences bancaires reste modeste. L'émiettement du secteur bancaire (53% de banques de petite taille) ne favorise pas la réalisation des économies d'échelle nécessaires à la baisse des coûts. En plus, certains coûts de transaction sont réglementés. Ce sont autant de facteurs de blocage.

Nous acceptons donc l'hypothèse H2. Les principales caractéristiques du secteur bancaire ne contribuent pas à l'amélioration de la bancarisation.

3 Troisième hypothèse (H3)

Le taux de pénétration du microcrédit dans la population active est de 9,04%23 en 2005.

23 Le calcul de la pénétration démographique du microcrédit sur la base des données statistiques de BCEAO (2006a) donne 14,4%. Il existe un grand écart entre ce nombre et celui (9,04%) que nous avons obtenu sur la

Le volume de microcrédit a été identifié comme étant un facteur de croissance de la bancarisation. Il existe donc entre la distribution des microcrédits et la demande d'ouverture de compte bancaire un lien dont il faudra préciser la nature. Une explication plausible est un effet de passage d'une partie de la clientèle des IMF vers les banques après une période d'initiation, d'apprentissage et d'utilisation des services financiers formels. Les banques seraient ainsi pourvues en clients par les IMF qui d'ailleurs au-delà d'une certaine taille (effet de seuil) choisissent de se muter en banque. La Grameen Bank fondée par Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix 2006, en est un exemple édifiant.

Nous acceptons donc l'hypothèse H3. La microfinance contribue à l'amélioration de la bancarisation.

III Recommandations

Les présentes recommandations s'adressent aux pouvoirs publics tant au niveau de l'UEMOA qu'au niveau de chacun des Etats membres. Elles serviront à stimuler la demande et l'offre de comptes bancaires.

1 Stimulation de la demande

1.1 Amélioration du niveau de revenu

Le revenu mesuré par le PIB par habitant est un facteur qui contribue positivement à l'amélioration de la bancarisation. Il est donc important, au delà de la réalisation de la croissance économique, de veiller à une répartition équitable de la richesse créée. Un revenu pour tous à la hauteur de l'effort fourni est un minimum en la matière. Il serait néanmoins intéressant, dès que les moyens financiers des Etats le permettront, de penser à une politique de redistribution horizontale destinée à assurer un revenu minimal (viré dans un compte) à toute personne active. Cela permettra de soutenir la demande globale y compris la demande de création de compte bancaire.

base des données des monographies SFD. La population active considérée dans les deux cas est la même (WDI 2005). Nous n'avons pas de justification particulière à cette différence. Notre choix d'utiliser les données des monographies SFD tient au fait qu'elles sont détaillées par pays et par année et l'évolution des chiffres nous nous semble cohérente. Quant au rapport annuel de la BCEAO, l'information y est livrée de façon brute pour l'année 2005. Mais au delà de cette différence, il est important de retenir le potentiel de bancarisation que représente les populations bénéficiaires de microcrédit.

1.2 Promotion de la microfinance

Le secteur bancaire et le secteur de la microfinance ne sont pas cloisonnés. Ils se tiennent. Les banques mettent des ressources financières à la disposition des IMF qui en les fructifiant, contribuent au développement de la clientèle bancaire. Par conséquent les politiques de soutien à la bancarisation doivent s'étendre à une prospective globale d'accès à la finance formelle.

Mais il est important de souligner que le microcrédit n'est favorable à la bancarisation que lorsqu'il est d'un certain montant. Il ne suffit pas d'étendre le microcrédit à l'ensemble des populations pour obtenir une croissante conséquente du nombre de créations de comptes. Il faudrait veiller à distribuer de façon progressive des microcrédits de montant relativement élevé pour aider au passage des populations de l'assistanat à l'autonomie puis au secteur bancaire.

A cet égard, il serait particulièrement indiqué de promouvoir le partenariat entre les banques et les IMF pour stimuler la demande de création de compte bancaire et faciliter une bancarisation de masse. Un colloque a d'ailleurs été organisé sur la question à dakar du 02 au 04 mai 200724. Il en ressort que la démocratisation des services financiers gagnerait beaucoup de ce type de partenariat. Il peut s'agir d'une simple collaboration entre deux institutions indépendantes ou d'une forme de relation plus aboutit à l'instar du partenariat original entre la Financial Bank et sa filiale spécialisée en microfinance Finadev SA.

1.3 Les autres mesures

Ces mesures correspondent aux facteurs mis en exergue par l'analyse contextuelle de la bancarisation mais non confirmés par l'investigation économétrique. Au nombre de ces mesures, nous pouvons citer:

- L'améliorer du fonctionnement de l'appareil judiciaire: Toutes les infractions à la réglementation doivent être punies notamment les incidents de paiement. Le code pénal de chacun des Etats devra être revu et adapté pour punir et décourager promptement tous les types d'incident. La lutte contre la corruption dans l'appareil judiciaire révèle une importance particulière à ce niveau. Une chose est d'avoir des textes répressifs, une autre est de les appliquer sans complaisance.

- L'alphabétisation accrue des populations: Il est important que les politiques

24 Colloque organisé par le gouvernement du Sénégal et le CGAP dont le thème est:: « bancarisation de masse - renforcement des banques et institution de micro finance pour une meilleure qualité et un plus large accès aux services financiers »

d'alphabétisation massive dernièrement déployées par les Etats de l'Union soient poursuivies et améliorées en vue du renforcement de la capacité intellectuelle des populations. Il serait particulièrement indiqué que cette alphabétisation soit faite dans les langues officielles et inclut si possible des notions élémentaires de gestion.

- L'amélioration du dispositif du « droit au compte » : Pour une meilleure garantie du respect du droit au compte promu par le R15, il est essentiel de faciliter l'usage du recours dont disposent les populations en cas de refus des établissements bancaires. Il serait indiqué de désigner une institution autre que la Banque Centrale pour recevoir les plaintes. A ce titre, la nomination d'un « médiateur bancaire » pourrait être utile pour mettre en confiance les populations, recueillir et traiter leurs recours.

2 Stimulation de l'offre

L'étude économétrique n'a pas pu identifier des déterminants de l'offre de création de compte dans l'Union. Néanmoins, nous pouvons faire quelques recommandation en nous fondant sur les facteurs potentiels suggérés par l'analyse contextuelle.

2.1 Renforcement des infrastructures de base

La création d'une agence bancaire nécessite un minimum d'infrastructures comme l'électricité, le téléphone et une route d'accès. Ces pré-requis font malheureusement défaut dans les zones rurales et dans plusieurs villes de l'Union. Il appartient à l'Etat de veiller à une réalisation progressive de ces infrastructures afin de permettre aux banques de se rapprocher davantage des populations.

Mais en attendant, il serait indiqué de trouver des solutions palliatives comme les banques ambulantes25 pratiquées aux îles Fidji. Les populations en zone enclavée pourraient être visitées de façon périodique non seulement pour la collecte des dépôts mais également pour l'offre d'un service bancaire minimum incluant les moyens scripturaux de paiement.

2.2 Assouplissement de la réglementation

Il est important de mettre la réglementation en phase avec les exigences du marché de

25 Le PNUD et la Australia and New Zealeand Banking Group Limited ont lancé en octobre 2004 des services bancaires commerciaux à destination des communautés rurales des îles Fidji.

l'Union. Certes, la priorité doit être accordée à la protection de l'épargne, à la surveillance des risques et au respect des normes internationales. Mais il serait indiqué d'assouplir quelque peu les contraintes de la réglementation pour permettre aux banques de mieux satisfaire les besoins de la population.

Le crédit aux plus pauvres ne devrait pas être l'apanage des IMF seules. Il serait indiqué que ce créneau soit investi par les banques commerciales pour un impact plus immédiat sur la bancarisation. L'application stricte du taux d'usure est un obstacle en la matière.

Le groupe de la Banque Régionale de Solidarité (BRS) constitue un exemple intéressant d'intégration du microcrédit à la banque. Créée en 2005 dans les huit pays, sur initiative des instances de l'Union, la BRS a pour objectif le financement des activités créatrices de revenu au niveau des populations les moins favorisées. Les résultats des exercices 2007 et 2008 de cette institution serviront d'indicateur pour la validation de cette approche.

Conclusion

Cette étude est initiée dans un contexte de modernisation progressive et irréversible du secteur bancaire et financier de l'UEMOA sous l'impulsion de la Banque Centrale. Les systèmes de transfert en temps réel et de télécompensation sont déployés dans l'ensemble des pays. La monétique interbancaire est en phase de test. Ces innovations s'insèrent dans une vision à moyen et long terme. Elles créent un cadre favorable pour une promotion de la bancarisation et de l'utilisation des instruments scripturaux de paiement.

L'objectif principal de cette étude est de déterminer les facteurs explicatifs de la faible bancarisation afin de proposer les mesures nécessaires à la promotion de la bancarisation. La revue de littérature a permis de mieux spécifier cet objectif en désignant deux types de facteurs: l'environnement global, l'état du secteur bancaire. Nous avons introduit un troisième facteur, relatif à l'impact de la microfinance pour tenir compte de la spécificité de l'UEMOA caractérisée par la présence d'un secteur florissant des IMF.

Les résultats obtenus montrent que l'environnement global ne contribue pas à la réduction de la faible bancarisation. Il en est de même de l'état du secteur bancaire. Par contre, le secteur de la microfinance contribue de façon significative à la réduction de la faible bancarisation notamment par l'offre de microcrédit de montant relativement élevé.

La présente étude a plusieurs limites dont il convient de mesurer l'importance afin de ne pas en exagérer la portée. Ces limites tiennent essentiellement aux difficultés rencontrées dans la collecte des informations. Le manque de données statistiques fiables sur une longue période a constitué une contrainte majeure dans la définition du modèle et du nombre de facteurs potentiellement explicatifs. La profondeur temporelle n'est pas réellement suffisante pour des tests efficaces. Le modèle est sensible aux modifications. En plus le taux de bancarisation qui a servi de base à la détermination de la marge de bancarisation n'est qu'une approximation (relativement fiable) de la réalité. Il s'agit plutôt du taux de pénétration démographique du compte bancaire dans la population active. Il devra être corrigé des titulaires de comptes multiples et de comptes joints.

Moins qu'un aboutissement, une identification formelle et irréfutable des principaux facteurs explicatifs du phénomène complexe de la faible bancarisation, notre étude est un pas dans une direction où beaucoup reste à faire.

Il est impératif que la problématique de la bancarisation soit prise en charge au niveau de chacun des Etats et au niveau des instances sous-régionales en vue de définir des politiques globales d'action. La faible bancarisation et ses corollaires font corps avec le problème de sousdéveloppement au même tire que les difficultés d'accès à la santé, à l'eau potable, à l'électricité, à l'éducation, au transport et à la communication (Peachey et Roe, 2004).

Il existe de par le monde des expériences qui pourraient servir de base à une politique de bancarisation dans l'UEMOA. Nous pouvons citer:

· l'approche française: elle est caractérisée par une utilisation importante des lois, règlements et autres décrets pour obliger les populations à ouvrir un compte en banque. L'obligation du règlement des salaires en monnaie scripturale et le droit au compte en sont les symboles;

· l'approche américaine: elle est basée non sur le principe du droit au compte mais sur la facilitation de l'accès au financement bancaire (Gloukoviezoff, 2005). Le CRA (Community Reinvestment Act) oblige les banques à financer des activités des foyers démunis dans leur zone d'implantation. Un système efficace de notation permet de faire payer les banques défaillantes et de primer celles qui jouent le jeu: c'est du «play or pay» (Hudson et Matray, 2004).

· l'approche sud africaine: elle est caractérisée entre autres par la proposition d'un compte spécifique sans frais dénommé «mzansi» destiné aux populations pauvres du pays (Napier et Beghin, 2006a et 2006b).

Mais aucune de ces approches ne saurait être appliquée dans l'UEMOA sans tenir compte du contexte et des spécificités locales. D'où l'importance des études qui permettront de mieux cerner les mécanismes engendrant la faible bancarisation et d'y adapter les solutions. A cet égard, il serait particulièrement intéressant de réaliser dans l'Union des travaux approfondis sur l'évolution du taux de bancarisation et du mode de passage des clients des IMF vers les banques.

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Annexes

Annexe 1 : Présentation du modèle linéaire sur données de panel

Économétrie

Si la statistique descriptive est capable de décrire les relations existantes entre plusieurs variables et de préciser leur niveau de corrélation, elle ne permet pas de comprendre les liens de cause à effet qui pourraient exister entre ces variables. L'économétrie permet de pallier cette insuffisance.

L'équation théorique de vérification de la causalité peut se résumer comme suit Y =a + Xb + e où - Y représente la variable à expliquer ( ou variable endogène ou dépendante);

- X représente une une matrice de variables explicatives (ou variables exogènes ou indépendantes);

- a : constance de l'estimation;

- b : coefficient de contribution de X à l'explication de Y; - e : erreur de l'estimation.

L'objectif de l'économétrie est de déterminer la constance a, le coefficient b et l'erreur e. Pour cela, différents modèles peuvent être choisis suivant la nature des données et l'échantillon constitué.

Données de panel

Le terme « données de panel » est utilisé pour désigner plusieurs types d'informations concernant un échantillon d'individus sur un certain nombre de périodes (année, semestre, trimestre, mois, etc). Il s'agit d'une structure de données à deux dimensions à savoir :

· Nombre d'individus ( N) : dans notre cas, il s'agit du nombre des pays couverts par l'étude N = 7 (Bénin, Burkina, Côte d'ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo);

· Nombre de périodes de référence (T). Dans notre cas, il s'agit du nombre d'années d'observation T = 5 ( 2001, 2002, 2003, 2004 et 2005);

Le modèle est cylindré c'est-à-dire qu'il n'y a pas de donnée manquant pour un pays ou pour une
71

année. Le nombre de variables est K = 5 (PIB/hbt, taux de progression du nombre de banques, volume des encours de crédit bancaire, volume des encours de microcrédit, nombre de banque de petite taille26). Pour chacune de ces variables, il existe 35 observations.

Econométrie de modèle linéaire sur données de panel

Il existe deux modèles économétriques de traitement des données de panel que sont le modèle linéaire et le modèle dynamique. Ce dernier est caractérisé par la présence de variables endogènes retardées. Ces variables retardées sont en fait des formes décalées dans le temps de la variable dépendante qui figurent dans les variables explicatives. Nous décrivons ici le modèle linéaire.

L'utilisation du modèle linéaire de données de panel dans une étude économétrique se fait en trois étapes :

Etape 1 : Spécification du modèle ou tests d'homogénéité

Cette étape consiste à vérifier la capacité du modèle à interpréter les données disponibles. Le but est de voir si le modèle théorique est homogène pour tous les individus étudiés ou au contraire, il existe des spécificités (Hurlin C.). Si les tests révèlent une hétérogénéité totale entre les individus étudiés, la structure en panel est mauvaise et ne pourra être estimée. Dans le cas contraire, on peut l'estimer en présentant selon le cas, les effets communs à tous les individus (structure de panel entièrement homogène) ou les effets individuels (structure partiellement homogène) . Dans ce dernier cas, les tests devront permettre de spécifier la nature de l'effet individuel (fixe ou aléatoire).

Etape 2 : Estimation du modèle

L'estimation se fait par la régression de la variable endogène sur les variables exogènes et la mesure des principaux indicateurs que sont d'une part le coefficient de détermination (R²) et le test de Fisher qui permettent de juger de la qualité globale du modèle et d'autre part du test de Student qui atteste de la validité statistique et de la qualité individuelle des variables explicatives.

Etape 3 : Validation du modèle

La dernière étape consiste à étudier le comportement des erreurs (résidus) issues du modèle. A ce

26 Banque dont le total bilan en fin d'année est inférieur à 50 milliards de francs CFA

niveau, il est nécessaire de réaliser trois tests à savoir le test d'autocorrélation des erreurs qui permet de vérifier l'existence de relation entre les erreurs d'une année à une autre, le test de l'homoscédasticité qui permet de déterminer si le risque de l'amplitude de l'erreur est le même quelle que soit l'année et enfin le test de normalité qui est une propriété de la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO).

Annexe 2 : Difficultés rencontrées dans la collecte des données et informations

Dans le cadre de ce travail, nous avons rencontré de multiples difficultés dans la collecte des informations nécessaires à une étude économétrique rigoureuse. Les sources auxquelles nous avons eu accès sont le WDI 2005 (World Developpement Indicator), les rapports annuels de la BCEAO, les rapports annuels de la Commission Bancaire de l'UMOA et les monographies des systèmes financiers décentralisés.

Choix de la période et exclusion de la Guinée-Bissau

L'étude économétrique couvre la période allant de 2001 à 2005. Le choix de cette période n'est pas volontaire. Il est déterminé par des contraintes d'indisponibilité de données. En effet, il n'existe pas de statistiques sur le nombre de comptes créés dans l'UEMOA avant 2001 et après 2005. Il n'est donc pas possible d'avoir le taux de bancarisation en dehors de cette période.

Par ailleurs, l'absence d'informations et de données statistiques sur la Guinée-Bissau de même que le caractère particulier de son secteur bancaire (un seul établissement) dans la période de l'étude nous a conduit à exclure ce pays de notre champ d'investigation.

Estimation de certaines variables

1.1 Taux de bancarisation

Ce taux représente normalement le nombre de personnes ayant un compte de dépôt en banque au CCP ou à la Poste, rapporté à la taille de la population active. Mais pour avoir cela, il faudra disposer d'une part, du nombre de comptes individuels de dépôt et d'autre part de la taille de la population active pour chaque année d'étude et pour chacun des sept pays concernés.

Nombre de comptes (particuliers) de dépôts

Nous n'avons pas pu avoir cette information de façon complète. En effet dans les rapports annuels de la Commission Bancaire qui nous ont servi de référence, il n'est mentionné que le nombre de comptes particuliers des banques. Or pour un même compte particulier, il peut avoir plusieurs responsables (compte joint). En plus, la même personne physique peut avoir plusieurs comptes (comptes multiples).

Taille population active

L'information sur la taille de la population active est disponible sur le WDI 2005 jusqu'en 2003 pour tous les pays. Pour obtenir cette information pour les années 2004 et 2005, nous avons fait pour chaque pays la moyenne sur les années antérieures du ratio entre la population active et la population totale. Cette moyenne a été appliquée à la population totale des années 2004 et 2005.

Le mode du calcul du taux que nous avons utilisé et qui consiste à faire le rapport du nombre global de comptes particuliers de dépôt en banque par la taille de la population active est donc rigoureusement incorrect. Mais compte tenu de l'état des informations disponibles, ce taux est acceptable et peut servir à notre étude.

1.2 Taux d'alphabétisation

Le taux d'alphabétisation représente le nombre de personnes lettrées parmi la population de 15 ans d'âge ou plus. La meilleure source à la quelle nous avons eu accès pour la recherche de cette information est le WDI 2005. Malheureusement la période de l'étude (2001 à 2005) n'est que partiellement couverte pour cette information. Au meilleur des cas, ce taux est disponible pour 2001 et 2002 (Bénin, Niger, Sénégal et Togo). Par contre pour les années antérieures, l'information est disponible et ceci sur une période allant de 1970 à 1996 au moins. Nous avons donc du procéder à une estimation pour avoir les données de notre période cible.

La démarche a consisté à partir des données des années précédentes pour estimer celles des années suivantes avec la fonction PREVISION du logiciel Excel. Ainsi pour le cas du Bénin nous avons pris en considération les données de 1970 à 2002 pour estimer celles de 2003, 2004 et 2005. Pour la Côte d'Ivoire, nous avons utilisé l'échantillon constitué des données de 1970 à 1999 pour estimer celles des années 2000 à 2005.

En ce qui concerne le Burkina Faso et le Mali, une correction a été introduite avant application de la méthode d'estimation. Cette correction a consisté à supprimer l'information de la dernière année fournie par le WDI 2005 parce qu'elle s'écarte très nettement de la tendance et pourrait introduire un biais important dans l'estimation.

En dehors de ces deux variables (taux de bancarisation et taux d'alphabétisation) qui ont été calculées, toutes les autres variables sont des informations brutes issues des différentes sources.

Annexe 3 : Résultats des tests

Les estimations et tests sont faits sur le logiciel Small STATA 8.2. 1- Statistiques descriptives

Variable

| Mean

+

Std. Dev.

Min

Max | Observations

+

m_banc

overall |

94.81657

2.747193

88.85

99.65 |

N

=

35

 

between |

 

2.743491

90.268

99.174 |

n

=

7

 

within |

 

.951749

92.29057

96.41057 |

T

=

5

pib_hbt

overall |

262.4714

105.0595

113.7

446.2 |

N

=

35

 

between |

 

110.3224

121.06

435.78 |

n

=

7

 

within |

 

17.273

225.2714

302.0714 |

T

=

5

t_pgr_b

overall |

3.147714

8.647716

-12.5

28.57 |

N

=

35

 

between |

 

4.70726

-2.952

11.294 |

n

=

7

 

within |

 

7.431794

-20.64629

20.42371 |

T

=

5

b_petit

overall |

59.71257

17.79981

33.33

100 |

N

=

35

 

between |

 

17.3519

43.702

91.556 |

n

=

7

 

within |

 

7.153115

45.93657

70.98057 |

T

=

5

vol

_crd

overall |

.5411716

.4597332

.071824

1.64283 |

N

=

35

 

between |

 

.4773749

.0954074

1.469874 |

n

=

7

 

within |

 

.1013806

.3537843

.8251508 |

T

=

5

v_crimf

overall |

.0272047

.0203366

.001866

.075865 |

N

=

35

 

between |

 

.018235

.0026008

.0575586 |

n

=

7

 

within |

 

.0109627

-.0044269

.0586213 |

T

=

5

2 - Matrice de corrélation

 
 
 
 
 
 

| m_banc pib_hbt

t_pgr_b

b_petit

vol_crd v_crimf

 
 

+

m_banc |

pib_hbt |

|

t_pgr_b |

|

b_petit |

|

vol _crd |

|

v_crimf |

|

1.0000 -0.7847* 0.0000 0.2575 0.1353 0.6165* 0.0001 -0.7931* 0.0000 -0.2245 0.1947

1.0000

-0.0767 0.6616 -0.7198* 0.0000 0.8981* 0.0000 0.4804* 0.0035

1.0000

0.0637 0.7162 -0.1690 0.3318 0.5053* 0.0020

1.0000

-0.6486* 0.0000 -0.5410* 0.0008

1.0000

0.2209 0.2023

1.0000

 

3 - Test de présence d'effets individuels

Fixed-effects (within) regression Number of obs = 35

Group variable (i) : crossid Number of groups = 7

R-sq: within = 0.6178 Obs per group: min = 5

between = 0.3327 avg = 5.0

overall = 0.3448 max = 5

F(5,23) = 7.43

corr(u_i, Xb) = -0.6518 Prob > F = 0.0003

m_banc | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]

pib_hbt

|

-.0433641

.0107511

 

-4.03 0.001

 

-.0656045

-.0211237

b_petit

|

.0190392

.0195189

 

0.98 0.339

 

-.0213388

.0594171

t_pgr_b

|

.0162727

.0206284

 

0.79 0.438

 

-.0264004

.0589458

vol _crd

|

5.501833

2.348176

 

2.34 0.028

 

.6442602

10.35941

v_crimf

|

-47.16463

21.24999

 

-2.22 0.037

 

-91.12359

-3.205668

_cons

|

103.316

2.832919

 

36.47 0.000

 

97.45564

109.1763

sigma_u

|

3.0104067

 
 
 
 
 
 

sigma_e

|

.71541673

 
 
 
 
 
 

rho

|

.94654258

(fraction

of

variance due

to

u_i)

 

F test that

all

u_i=0:

F(6, 23) =

 

22.42

 

Prob >

F = 0.0000

 

4 - Test de spécification de Hausman (effet fixe ou effet aléatoire)

---- Coefficients ----

| (b) (B) (b-B) sqrt (diag (V_b-V_B))

| sql . Difference S.E.

+

pib_hbt | -.0433641 -.0231721 -.020192 .0064676

t_pgr_b | .0162727 .0111748 .0050979 .

b_petit | .0190392 .0030578 .0159814 .

vol _crd | 5.501833 .2821059 5.219727 1.481768

v_crimf | -47.16463 -17.63811 -29.52652 11.35284

b = consistent under Ho and Ha; obtained from xtreg B = inconsistent under Ha, efficient under Ho; obtained from xtreg

Test: Ho: difference in coefficients not systematic

chi2 (5) = (b-B) '[(V_b-V_B)^(-1)] (b-B)

= 19.13

Prob>chi2 = 0.0018

(V_b-V_B is not positive definite)

5 - Régression multiple (avec effets fixes)

Fixed-effects (within) regression Number of obs = 35

Group variable (i) : crossid Number of groups = 7

R-sq: within = 0.6178 Obs per group: min = 5

between = 0.3327 avg = 5.0

overall = 0.3448 max = 5

F(5,23) = 7.43

corr(u_i, Xb) = -0.6518 Prob > F = 0.0003

m_banc | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]

pib_hbt

|

-.0433641

.0107511

 

-4.03 0.001

 

-.0656045

-.0211237

t_pgr_b

|

.0162727

.0206284

 

0.79 0.438

 

-.0264004

.0589458

b_petit

|

.0190392

.0195189

 

0.98 0.339

 

-.0213388

.0594171

vol _crd

|

5.501833

2.348176

 

2.34 0.028

 

.6442602

10.35941

v_crimf

|

-47.16463

21.24999

 

-2.22 0.037

 

-91.12359

-3.205668

_cons

|

103.316

2.832919

 

36.47 0.000

 

97.45564

109.1763

sigma_u

|

3.0104067

 
 
 
 
 
 

sigma_e

|

.71541673

 
 
 
 
 
 

rho

|

.94654258

(fraction

of

variance due

to

u_i)

 

F test that

all

u_i=0:

F(6, 23) =

 

22.42

 

Prob >

F = 0.0000

 

6 - Test de normalisation des erreurs

Skewness/Kurtosis tests for Normality

joint

Variable | Pr(Skewness) Pr(Kurtosis) adj chi2(2) Prob>chi2
+

residu | 0.788 0.023 5.12 0.0773

7 - Test d'autocorrélation des erreurs

Regression with robust standard errors Number of obs = 28

F( 5, 6) = 44.24

Prob > F = 0.0001

R-squared = 0.3795

Number of clusters (crossid) = 7 Root MSE = 1.0965

 
 
 

Robust

 
 
 
 

D.m_banc

pib_hbt

|

|

Coef.

Std. Err.

t

P>|t|

[95% Conf.

Interval]

t_pgr_b

D1 |

|

-.0501591

.0164165

-3.06

0.022

-.0903287

-.0099894

b_petit

D1 |

|

.0122495

.0152547

0.80

0.453

-.0250773

.0495763

vol _crd

D1 |

|

.0369609

.009612

3.85

0.009

.0134413

.0604805

v_crimf

D1 |

|

5.786839

2.215428

2.61

0.040

.3658811

11.2078

 

D1 |

-42.80981

18.12651

-2.36

0.056

-87.16378

1.544166

 

Wooldridge test for autocorrelation in panel data H0: no first-order autocorrelation

F( 1, 6) = 0.265

Prob > F = 0.6250

Les déterminants de la faible

8 - Test d'homoscédasticité

bancarisation dans l'UEMOA

explicatives

 

Régression du

carré du résidu sur les variables

 

SS

df MS

Number of obs

= 35

+

 
 

F( 5, 29)

=29526.49

Model |

14658438.2

5 2931687.65

Prob > F

= 0.0000

Residual |

2879.41238

29 99.2900822

R-squared

= 0.9998

+

 
 

Adj R-squared

= 0.9998

Total |

14661317.7

34 431215.225

Root MSE

= 9.9644

red |

Coef.

Std. Err. t

P>|t| [95% Conf.

Interval]

pib_hbt |

-8.263501

.0517883 -159.56

0.000 -8.36942

-8.157582

b_petit |

4.071197

.1592721 25.56

0.000 3.745449

4.396945

t_pgr_b |

2.995623

.2720108 11.01

0.000 2.439298

3.551948

vol _crd |

1054.956

10.7014 98.58

0.000 1033.069

1076.842

v_crimf |

-8601.311

165.7161 -51.90

0.000 -8940.239

-8262.384

_cons |

10581.27

14.58328 725.58

0.000 10551.45

10611.1

 

Test d'hétéroscédasticité inter-individuelle

Modified Wald test for groupwise heteroskedasticity

in fixed effect regression model

H0: sigma(i)^2 = sigma^2 for all i

chi2 (7) = 158.06

Prob>chi2 = 0.0000

Annexe 4 : Meilleures droites d'ajustement au sens des moindres carrés Graphe G1 : Droite de régression de Y (marge bancarisation) en X (PIB par habitant)

Graphe G2 : Droite de régression de Y (marge bancarisation) en X (taux de progression du nombre de banques)

Graphe G3 : Droite de régression de Y (marge bancarisation) en X (Banque de petite taille)

Graphe G4 : Droite de régression de Y (marge bancarisation) en X (Volume de crédit bancaire)

Annexe 5 : Liste des variables initiales

Variable

Description

m_banc

Marge de bancarisation

pib_hbt

PIB par habitant

t_alph

Taux d'analphabétisation

t_db_bq

Taux d'intérêt de crédit à la clientèle

t_pgr_b

Taux de progression du nombre de banques

vol_crd

Volume de crédit bancaire

b_petit

Banque de petite taille

v_crimf

Volume de microcrédit

b_moy

Banque de taille moyenne

b_grde

Banque de grande taille

n_bq

Nombre de banques en activité

n_clt_imf

Nombre de clients des IMF

n_g_imf

Nombre de guichets des IMF

act_etat

Part de l'actionariat de l'Etat dans les banques

p_demo_imf

Pénétration démographique des IMF

p_geo_imf

Pénétration géographique des IMF

t_base

Taux de base bancaire

r_bq

Rentabilité des banques

 

Annexe 6 : Description des variables retenues

Type de variable

Variable

Libellé

Formule

Source des sonnées

Signe attendu

Variable à expliquer

 

m_banc

Marge de bancarisation

100% - (Nombre de comptes de particuliers hors comptes étrangers / taille population active)

Rapports annuels de la Commission bancaire pour les comptes et WDI 2005 pour la population active

 

Variables explica- tives

Variables d'état

pib_hbt

Produit intérieur Brut par habitant

Non calculé

Rapports annuels de la BCEAO (2002 à 2005)

-

 

t_prg_b

Taux de progression du nombre de banques en activité

(Nombre en année i - Nombre en année i-1)* 100 / Nombre en année i-1

Rapports annuels de la Commission Bancaire

-

 

Volume de crédit

bancaire

Montant total des encours de crédit bancaire en mille milliards de FCFA

Rapports annuels de la Commission Bancaire

-

 

Banque de petite taille

Nombre de banques ayant un total bilan < 5O milliards de FCFA / Nombre total de banques

Rapports annuels de la Commission Bancaire

+

 

v_crimf

Volume de micro-crédit

Montant total des encours de miro- crédit en mille milliards de FCFA

Monographies 2001 à 2005 des SFD (BCEAO)

-

 

Annexe 7 : La réforme des systèmes et moyens de paiement

I Le contenu de la réforme

La réforme est axée autour de trois axes majeurs.

1. Système de Transfert Automatisé et de Règlement dans l'UEMOA (STAR-UEMOA)

STAR- UEMOA est un système conçu pour les transferts interbancaires de gros montants et dans lequel chaque transaction est réglée sur une base brute et en temps réel, le règlement ayant lieu en même temps ou avant que l'instruction ne soit transmise au destinataire. Il s'agit d'un système connu sur le plan international sous l'acronyme RTGS (Real Time Gross Settlement).

Les principales caractéristiques de STAR-UEMOA sont :

· règlement en temps réel des opérations

· règlement sur une base brute (sans compensation)

· prioritairement destiné aux gros montants

· irrévocabilité des ordres de transfert

· gestion flexible des priorités des ordres

STAR-UEMOA est effectivement entré en production dans tous les Etats membres le 25 juin 2004.

Sont éligibles à ce système la Banque Centrale, les établissements de crédit, le Dépositaire Central / Banque de Règlement (DC/BR) de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières

(BRVM) et les Sociétés de Gestion et d'Intermédiation Boursière agréées par le CREPMF (Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers).

2. Système Interbancaire de Compensation Automatisée de l'UEMOA (SICA-UEMOA) SICA-UEMOA est un système qui permet d'as surer, de manière automatisée, la compensation multilatérale des transactions entre les établissements participants. Ce système permet de réduire le délai et le coût de règlement des opérations courantes comme le paiement par chèque, effet, virement, ordre de prélèvement, etc.

Les principales caractéristiques de SICA-UEMOA sont :

· délai de règlement court. Les virements sont réglés à jour J, les chèques à J+1 ,etc;

· les valeurs déplacées ou hors place sont traitées avec plus de célérité;

· règlement automatique des soldes de compensation dans STAR-UEMOA.

La télécompensation est déployée dans l'ensemble des pays de l'Union.

Sont éligibles à ce système, la Banque Centrale, les établissements de crédit, le Trésor Public et la Poste.

3. Monétique Interbancaire

La monétique interbancaire est un système de paiement par carte destiné à assurer l'interopérabilité entre les cartes des différentes banques. Contrairement aux deux projets décrits ci-dessus qui ont été piloté par la Banque Centrale, la gestion du système monétique interbancaire a été confiée au GIM-UEMOA (Groupement Interbancaire Monétique de l'UEMOA) qui en assure la tutelle et au CTMI-UEMOA (Centre de Traitement Monétique Interbancaire de l'UEMOA) qui gère les aspects opérationnels et techniques. La Banque centrale joue un rôle de fédérateur. Les caractéristiques du système sont :

· interopérabilité des cartes bancaires des différentes banques de l'Union;

· réduction du coût d'acquisition du TPE (Terminal de Paiement Electronique) pour les commerçants;

· utilisation à l'international de la carte qui est adossée aux grands réseaux mondiaux de carte bancaires.

La monétique interbancaire est actuellement en phase de déploiement progressif dans des pays pilotes.

II Les fondations de la réforme

La réforme repose sur cadre juridique rénové, une centralisation accrue des incidents de paiement et un système de télécommunication adéquat.

1. Le dispositif juridique

Le cadre juridique des systèmes de paiement a été renforcé par l'adoption de règlements, de directives et d'instruction du Gouverneur de la Banque Centrale (BCEAO, 2006b). Parmi ces textes, nous pouvons citer:

· le règlement n°15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (R15);

· la directive n°08/2002/CM/UEMOA portant sur les mesures de promotion de la bancarisation et de l'utilisation des moyens de paiements scripturaux;

· la loi relative aux instruments de paiement: chèque de paiement et de retrait, lettre de change et billet à ordre;

· l'instruction n°01/2003/SP du 08 mai 2003 relative à la promotion des moyens de paiements scripturaux et à la détermination des intérêts exigibles en cas de défaut de paiement;

· l'arrêté ministériel (cadre) relatif à la fixation du montant de référence des opérations réalisées en monnaie fiduciaire;

· l'instruction n°01/CIP du 1er février 1999 relative au dispositif de centralisation des incidents de paiement dans l'UMOA;

· Convention STAR-UEMOA et annexes;

· Convention SICA-UEMOA et annexes.

2. La Centrale des incidents de paiement

Une nouvelle application de gestion des incidents de paiement est développée pour toute l'UEMOA. Toutes les déclarations seront accessibles en temps réel. Cette application prévoit quatre modules:

· module ETC27: il est destiné aux banques et institutions assimilées pour faire les déclarations de comptes, de chèque, de carte et d'incidents;

· un module BCEAO: il permettra à la Banque Centrale d'assurer la supervision du Système;

· un module Parquet: il permettra aux différents parquets des Etats membres de pouvoir saisir les décisions judiciaires prises suite aux infractions qui leur sont soumises;

· un module grand public: il permettra aux populations de vérifier la validité d'un chèque ou d'une carte bancaire.

3. Un système de télécommunication adapté

Le réseau Swift est utilisé dans la sécurisation des échanges sur STAR-UEMOA. Pour SICA-UEMOA, des liaisons de télécommunication ont été installées pour relier les banques primaires à la Banque Centrale dans chacun des pays. Ces liaisons serviront également à la déclaration des incidents de paiement. Il reste à raccorder les parquets afin qu'ils puissent renseigner en temps réel les décisions de justice relatives à ces incidents.

27 Etablissement Teneur de Comptes

Annexe 8 : Les données des variables retenues

Année

Pays

t_sbanc

pib_hbt

t_pgr_b

vol_crd

b_petit

v_crimf

2001

Bénin

97,18

277,2

0

0,21458

50

0,0259

2002

Bénin

96,48

285,4

-12,5

0,26358

42,86

0,0476

2003

Bénin

96,38

292,5

28,57

0,33524

55,56

0,063

2004

Bénin

96,07

292,6

22,22

0,36063

63,64

0,0753

2005

Bénin

95,26

308,9

18,18

0,41344

53,85

0,0759

2001

Burkina

96,3

146,3

0

0,26907

58,33

0,0155

2002

Burkina

96,39

157,6

0

0,32017

58,33

0,0186

2003

Burkina

93,27

192,3

0

0,36911

41,67

0,0217

2004

Burkina

95,75

202,6

8,33

0,41794

46,15

0,0266

2005

Burkina

92,27

218,7

7,69

0,5135

50

0,0315

2001

Côte d'Ivoire

91,66

445,4

0

1,42749

57,14

0,0148

2002

Côte d'Ivoire

89,18

446,2

-4,76

1,40607

50

0,0155

2003

Côte d'Ivoire

88,85

43 1,5

0

1,28249

50

0,0208

2004

Côte d'Ivoire

90,55

427,8

-10

1,59049

38,89

0,0259

2005

Côte d'Ivoire

91,1

428

0

1,64283

33,33

0,0269

2001

Mali

95,92

215,5

0

0,37395

58,33

0,0194

2002

Mali

96,37

224,3

8,33

0,44581

61,54

0,022

2003

Mali

95,72

23 1,2

0

0,5079

53,85

0,0264

2004

Mali

95,89

243,2

7,69

0,52777

57,14

0,0282

2005

Mali

94,94

262,3

7,14

0,70559

60

0,0342

2001

Niger

99,65

113,7

0

0,07182

100

0,0027

2002

Niger

99,24

116,7

0

0,08226

100

0,0022

2003

Niger

98,99

122,2

0

0,08691

100

0,0019

2004

Niger

98,83

119

12,5

0,10411

77,78

0,002

2005

Niger

99,16

133,7

11,11

0,13195

80

0,0042

2001

Sénégal

94,83

335,2

7,14

0,66639

53,33

0,0247

2002

Sénégal

94,49

343,3

-6,67

0,70092

42,86

0,0273

2003

Sénégal

94,16

372,5

0

0,82783

42,86

0,0369

2004

Sénégal

92,39

386,6

0

0,89713

35,71

0,0566

2005

Sénégal

92,01

408,9

14,29

1,12804

43,75

0,0757

2001

Togo

93,87

191,9

0

0,15349

81,82

0,0138

2002

Togo

93,49

212

0

0,14313

81,82

0,0145

2003

Togo

93,63

195,8

0

0,15112

72,73

0,017

2004

Togo

93,95

204,3

-9,09

0,18141

70

0,0179

2005

Togo

94,36

201,2

0

0,22688

66,67

0,0191

Table des matières

Introduction 1

Première Partie : Théorie de la faible bancarisation 5

Chapitre 1: Problématique, contexte, objectifs et méthodologie de l'étude 6

I La problématique 6

II Contexte et intérêt de l'étude 7

1 La réforme des systèmes et moyens de paiement 7

2 Intérêt de l'étude 8

III Objectifs et hypothèses de l'étude 9

1 Les objectifs de l'étude 9

2 Hypothèses 9

IV Méthodologie 9

1 Collecte et traitement des informations 9

2 Approches pour l'utilisation des informations et données 10

2.1 Analyse contextuelle 10

2.2 Etude économétrique 11

3 Méthode de validation des hypothèses 11

Chapitre 2: Revue de littérature 13

I Définitions des concepts 13

1 Le compte et les services associés 13

1.1 Le Compte 13

1.2 Les services bancaires et financiers 14

1.2.1 Les instruments ou moyens scripturaux de paiement 14

1.2.2 Le crédit 15

2 Exclusion bancaire et faible bancarisation 15

2.1 Exclusion bancaire et financière 15

2.1.1 Pratiques bancaires et financières 15

2.1.2 Relation entre exclusion bancaire et exclusion sociale 16

2.1.3 Les différentes formes d'exclusion bancaire 17

2.2 Faible bancarisation 17

2.2.1 Définition 17

2.2.2 Mesure 17
2.2.3 Faible bancarisation et promotion des instruments scripturaux de paiement.... 18

2.3 Différence entre faible bancarisation et exclusion bancaire 18

3 Nature et contenu du terme «accès» 19

II Les facteurs limitatifs identifiés dans la littérature 20

1 La théorie des frontières des possibilités d'accès 20

1.1 L'offre de services de paiement et d'épargne 20

1.1.1 Des coûts de transactions fixes 21

1.1.2 Risques systémiques et particuliers 21

1.2 La demande de services de paiement et d'épargne 21

1.2.1 Facteurs économiques 21

1.2.2 Facteurs non économiques 21

1.3 Définition de la frontière des possibilités d'accès 22

1.3.1 Définitions et hypothèses 22

1.3.1.1 Définitions 22

1.3.1.2 Hypothèses 22

1.3.1.3 Identification des frontières et des problèmes sous-jacents 22

2 La théorie des barrières à l'accès 24

2.1 Définition 24

2.2 Détermination des barrières 24

2.2.1 La barrière physique à l'accès 24

2.2.2 La barrière financière à l'accès 25

2.2.3 La barrière de l'éligibilité 25

2.2.4 La barrière de la réglementation 26

2.2.5 La barrière des services disponibles et de leurs caractéristiques 26

2.2.6 La barrière de l'information 26

2.3 Les causes des barrières 26

Deuxième partie: Etude empirique de la faible bancarisation dans l'UEMOA 28

Chapitre 3 : Analyse contextuelle de la faible bancarisation 29

I L'environnement global 29

1 Une croissance économique insuffisante 29

2 Une justice inefficace 31

3 Des infrastructures de base insuffisantes 31

4 Une alphabétisation insuffisante et inadaptée 32

II Le système bancaire et financier depuis la crise des années 80 32

1 Les faillites bancaires des années 80 32

1.1 Etendue de la crise 33

1.2 Conséquences de la crise 34

2 Nouvelles surveillance et orthodoxie bancaire 34

2.1 Nouveau dispositif de surveillance bancaire 34

2.2 Nouvelle orthodoxie bancaire 35

3 Reconstruction du paysage bancaire et financier 35

3.1 Les établissements de crédit 35

3.2 Les institutions financières à statut particulier 37

3.2.1 Le Trésor Public 37

3.2.2 La Poste 37

3.3 Les institutions financières informelles 38

4 Le cadre juridique de la promotion de la bancarisation 38

III Les institutions de microfinance (IMF) 39

IV Les barrières et les frontières des possibilités d'accès 40

1 Les barrières à l'accès 40

1.1 Environnement global 40

1.2 Le secteur bancaire 41

1.3 Le secteur de la microfinance 42

2 Les frontières des possibilités d'accès au compte bancaire 43

2.1 La frontière minimale 43

2.2 La frontière optimale 43

2.3 Evolution des frontières des possibilités 44

Chapitre 4 Etude économétrique de la faible bancarisation 46

I Spécification du modèle 46

1 Modèle théorique 46

2 Modèle empirique 47

2.1 Une approche différente 47

2.2 Modèle retenu 48

3 Choix et définition des variables 48

3.1 Choix des variables 48

3.2 Définition des variables 49

4 Existence et nature des effets individuels 50

4.1 Existence des effets individuels 50

4.2 Nature des effets individuels : fixes versus aléatoires 50

II Estimation du modèle 50

1 Matrice de corrélation et droites d'ajustement 51

1.1 Matrice de corrélation 51

1.2 Droites d'ajustement 51

2 Régression multiple 51

3 Statistiques descriptives et problème de stationnarité 52

III Validation du modèle 52

1 Validation économique 52

2 Validation statistique 52

2.1 Qualité globale 52

2.2 Significativité des variables 53

3 Validation économétrique 53

3.1 Test de normalité des erreurs 53

3.2 Test d'autocorrélation des erreurs 53

3.3 Test d'homoscédasticité des erreurs 54

IV Facteurs explicatifs de la faible bancarisation 54

1 Résultats de l'investigation 54

2 Les facteurs déterminants 55

Chapitre 5: Interprétations et recommandations 56

I Interprétations des résultats 56

1 Les déterminants de la demande 56

2 Les déterminants de l'offre 57

II Validation des hypothèses de travail 58

1 Première hypothèse (H1) 58

2 Deuxième hypothèse (H2) 58

3 Troisième hypothèse (H3) 58

III Recommandations 59

1 Stimulation de la demande 59

1.1 Amélioration du niveau de revenu 59

1.2 Promotion de la microfinance 60

1.3 Les autres mesures 60

2 Stimulation de l'offre 61

2.1 Renforcement des infrastructures de base 61

2.2 Assouplissement de la réglementation 61

Conclusion 63

Bibliographie 65

Annexes 70

Annexe 1 : Présentation du modèle linéaire sur données de panel 71

Annexe 2 : Difficultés rencontrées dans la collecte des données et informations 74

Annexe 3 : Résultats des tests 77

Annexe 4 : Meilleures droites d'ajustement au sens des moindres carrés 82

Annexe 5 : Liste des variables initiales 85

Annexe 6 : Description des variables retenues 86

Annexe 7 : La réforme des systèmes et moyens de paiement 87

Annexe 8 : Les données des variables retenues 90






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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery