WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Effets de la Dépréciation de la Gourde par rapport au Dollar Américain sur les Prix des Produits Alimentaires Distribués sur le Marché Haïtien ; Cas du Riz, Maïs, Poulet et Haricot sec (Période : 1990-2004)

( Télécharger le fichier original )
par Gardy LETANG
Université d'Etat d'Haïti (UEH)/Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) - Ingénieur-Agronome (Economie et de Développement Rural ) 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

VI: CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Haïti, petit pays insulaire du continent américain, fait face à des problèmes socio-économiques majeurs. L'offre agricole ne pouvant s'adapter à la demande conduit la population vers une situation d'insécurité alimentaire chronique. Bien que l'agriculture absorbe 66% des actifs, à cause des goulots d'étranglement auxquels sont confrontées les exploitations, elle n'arrive pas à assurer adéquatement la survie de ses dépendants. Cette situation provoque la non reproduction de la quasi-totalité des exploitations agricoles débouchant sur une migration massive des ruraux, une baisse drastique de la production locale, une hausse incontrôlable des importations alimentaires depuis les années 1995, une chute des exportations agricoles et alimentaires se traduisant par un déficit chronique de la balance commerciale.

Pour pallier aux déséquilibres internes et externes, nombreuses sont les mesures de politique économique qui ont été prises par les autorités haïtiennes en vue de répondre aux nouvelles exigences du marché international. Parmi ces mesures, l'on retient la libéralisation des importations alimentaires, l'adoption du système de change flottant. Cette première mesure affecte le niveau de compétitivité de la production agricole et alimentaire de ce pays à déficit vivrier et alimentaire. De l'autre coté, le déficit commercial engendre une sortie importante de capital, une dépréciation de la monnaie nationale par rapport à celle des USA, une instabilité du taux de change et des prix et la détérioration progressive du pouvoir d'achat de la population. Face à cette tendance contrastée, l'on a assisté à une dollarisation partielle de l'économie de 1990-2004. Il est susceptible que celle-ci paupérise davantage l'économie nationale si l'on n'envisage pas des mesures adéquatement adaptées.

Selon CAMPBELL, BRUE et TREMBLAY (1994), même en période d'hyperinflation, les prix ne suivent pas le même rythme d'évolution pour tous les produits. Tel a été le cas d'Haïti de 1990 à 2004 puisque conformément à cette théorie économique relative à l'inflation, parmi les quatre (4) produits pris en compte dans la présente étude, les prix de deux d'entre eux en l'occurrence le riz et le maïs, deux céréales de base dans la consommation alimentaire locale et substituables l'un à l'autre ont augmenté suivant un même rythme. Par ailleurs, les prix du poulet et du haricot sec, deux substituts, ont augmenté de façon indépendante. Ceci traduirait des possibilités limitées de substitution entre ces deux derniers produits car ceux-ci n'exercent pas les mêmes fonctions physiologiques (Malassis et GHERSI, 1992).

Utilisant 1990, date du démarrage des premières expériences du pays avec le régime politique démocratique et la fin du fragment officiel du marché des changes, comme année de référence pour le calcul des indices simples du prix des produits (riz, maïs, poulet et haricot sec) et du taux de change gourde /USD, on est parvenu à estimer quatre (4) modèles significatifs de régression linéaire simple dont un (1) pour le riz, un (1) pour le maïs, un (1) pour le poulet et l'autre pour le haricot sec. Chacun de ces modèles met en relation l'indice de prix du produit à l'indice du taux de change gourde par rapport au dollar (année 1990=100) pour la série temporelle 1990-2004.

La consommation alimentaire (riz, maïs, poulet et haricot sec) locale étant fortement tributaire des importations particulièrement celles provenant des USA, leurs prix à la consommation pour ces produits sont par conséquent fortement liés au taux de change gourde/USD. Cela est en conformité avec les théories économiques car les entreprises importatrices d'aliments dans leurs échanges commerciaux avec les USA sont contraintes d'utiliser le USD comme monnaie de facturation entraînant une incorporation du taux de change dans la formation du prix à la consommation. Toutefois, la corrélation partielle entre les deux variables de l'analyse varie d'un produit à l'autre. Elle varie de façon croissante dans l'ordre suivant pour les produits : riz - maïs- poulet- haricot sec dont les valeurs respectives sont 91.4%, 91.8%, 94.8% et 96.0%. Cela montre clairement que cette variation est plus faible pour les céréales que pour les deux autres produits. Ce faisant, la hausse du taux de change a entraîné directement un renchérissement du prix de ces produits importés entraînant un gonflement des prix sur le marché local de ces quatre produits alimentaires puisque localement c'est le USD qui norme les prix alimentaires de 1990 à 2004. Tout compte fait, la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain peut être retenue sans aucun doute comme un facteur déterminant des tensions inflationnistes alimentaires dans un contexte économique marqué par une relative stagnation de l'offre alimentaire face à une demande excédentaire satisfaite par les importations induite par la croissance démographique.

Cette situation n'est pas sans conséquence sur les conditions d'approvisionnement des ménages. Celles-ci sont variables suivant les catégories socio-économiques. Ainsi, chez les ménages les plus pauvres, la hausse de prix de ces produits alimentaires imputable essentiellement à la détérioration de la valeur de la gourde par rapport au dollar diminue incontestablement leur accessibilité à ces produits.

En ce qui a trait aux habitudes alimentaires, des substitutions se sont opérées. Il s'agit le plus souvent des substitutions du maïs au riz importé, du haricot sec au poulet à consommation réduite chez les ménages à très faible revenu et le recours à l'alimentation de rue par bon nombre d'entre eux. Dans cette substitution, la place du riz importé est devenue importante en préparation avec du haricot sec surtout dans la restauration populaire.

Dans l'ensemble, cette étude nous a permis de mieux comprendre la relation causale existant entre la dépréciation de la gourde et la hausse des prix de ces produits alimentaires. De plus, elle peut être considérée comme un outil permettant de comprendre la consommation de ces produits d'une part sur la base de l'interdépendance des prix ou des prix relatifs (élasticité croisée de la demande) et d'autre part, par suite d'augmentation des prix de ces produits pris isolément (élasticité demande - prix).

N'étant pas prises en compte toutes les variables explicatives de la relation existant entre l'érosion du pouvoir d'achat alimentaire et l'érosion monétaire au cours de la période d'étude, marquée surtout par des bouleversements socio-politiques intenses et répétitifs, d'autres études en ce sens s'avéreraient nécessaires afin de parvenir à une conclusion beaucoup plus pertinente.

Face à cette situation marquée par la dépendance alimentaire externe du pays, l'instabilité incessante du taux de change de la monnaie locale, la hausse continuelle des prix de ces produits alimentaires, il est impérieux de formuler les recommandations suivantes :

· Renforcer, par les différents acteurs du secteur, les capacités productives des branches suivantes : riz, maïs, poulet et haricot sec en vue de favoriser la compétitivité de ces produits dans les échanges commerciaux à l'échelle nationale et atténuer le problème d'inaccessibilité alimentaire à laquelle font face la plupart des consommateurs, particulièrement ceux évoluant en dessous du seuil de pauvreté ;

· Développer des créneaux d'exportation avec les principaux partenaires commerciaux du pays particulièrement les USA pour les produits alimentaires biologiques présentant une demande forte à l'échelle internationale tels que riz local et mangues, pour lesquels le pays est doté d'un certain avantage comparé en vue de contrebalancer le déficit de la balance commerciale, de favoriser l'injection de USD au niveau de l'économie haïtienne et de permettre au pays de bénéficier des avantages de la libéralisation.

· Relever le tarif douanier sur ces quatre produits alimentaires à l'instar du CARICOM en vue de protéger l'agriculture locale. Cette mesure freinerait la chute de la production et des pertes d'emplois dans le secteur. La mise en place d'un cadre légal ajouté à cette mesure stopperait les importations massives par contrebande et leurs répercussions négatives sur la balance commerciale ;

· Renforcer les capacités institutionnelles du Ministère du Commerce en vue de lui permettre de remplir efficacement sa fonction.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille