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Radiographie de l'interactivité radiophonique

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par Blandine Schmidt
Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3 - Master 2 recherche Sciences de l'information et de la Communication 2008
  

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INTRODUCTION

Nous sommes tous Alice. Nous avons en tout cas, comme elle, la possibilité de passer «de l'autre côté du miroir» grâce aux médias. Lewis Carroll en 1871 imaginait un monde où tout est inversé ; de nos jours, le public a franchi la frontière invisible qui le séparait de l'espace médiatique. De récepteur, il est devenu énonciateur au sein de la sphère publique.

Phénomène omniprésent dans l es médias contemporains, l'interactivité est aujourd'hui très prisée par les professionnels. La radio est le média qui fait le plus appel à son public en l'invitant à participer à l'antenne à la création du contenu. Loin d'être récentes, les émissions interactives radiophoniques occupent une place importante au sein des grilles de programmes. Des radios jeunes aux stations généralistes, en passant par les radios associatives, toutes ouvrent leur antenne aux auditeurs sur des thèmes variés englobant de nombr euses sphères de la société. Prônant leur rôle d'agora par l'exercice d'une démocratie directe, les radios revendiquent la liberté d'expression des auditeurs sur les ondes. Toutefois les médias pratiquant cette ouverture sont souvent accusés d'instrumentaliser la parole des individus vers une logique utilitaire et / ou commerciale.

Le mémoire que nous avons entrepris se concentre sur la nature de la relation interactive établie dans le cadre médiatique. Pour qu'il y ait interactivité, l'échange doit être entretenu par deux entités distinctes fournissant une participation égale, active et réciproque. Les émissions interactives ont bousculé les fondements de la relation entre un média et son public. L'auditeur, ayant la possibilité de sortir du silence en intervenant à l'antenne, induit une modification dans sa position de récepteur, en devenant à son tour émetteur. Notre travail distingue en conséquence les auditeurs actifs, c'est-à-dire ceux qui entrent en contact avec une radio pour participer à une émissi on et les auditeurs passifs appelés aussi «écoutants ». Ce terme, correspondant à la traduction littérale de listener en anglais, qualifie les auditeurs qui ne souhaitent pas entrer dans le jeu de l'interactivité, mais qui écoutent toutefois ce type d'émission.

Les émissions interactives ont pu se développer grâce à l'arrivée et à la généralisation (tardive) du téléphone dans les foyers français. En effet, le téléphone est l'élément sine qua non de l'interactivité radiophonique. De nos jours, la modernisation des outils de communication tels que le téléphone (téléphone mobile, SMS), ainsi que la démocratisation de l'usage d'internet ont engendré des mutations au sein des médias. Les grandes radios ont su adapter leurs grilles de programmes en fonction de ces nouveaux usages par l'intégration de contenu multimédia, via la mise en place d'interfaces spécifiques: SMS, e-mails, chat, forum, blogs sont autant de moyens mis à la disposition de l'auditeur pour établir une relation avec le média radiophonique.

Nos recherches préliminaires nous ont conduits à faire émerger une particularité commune à un grand nombre d'émissions interactives. La volonté de rendre service aux auditeurs est un leitmotiv récurrent dans les médias. Les émissions service, comme nous avons décidé de les nommer, souhaitent aider, soutenir et accompagner l'auditeur dans sa vie quotidienne. Ces dernières couvrent de nombreux domaines, assurant à l'auditeur une assistance pour tous ses petits tracas. Chaque émission a sa spécificité et son champ d'action: consommation, généalogie, voiture, travaux domestiques, jardinage, animaux domestiques, soutien psychologique, sexualité, etc. Ainsi l'auditeur, anonyme de par son statut, est pris en charge dans tous les domaines de la vie ordinaire.

Les émissions service sont pour nous le révélateur d'une évolution des rapports sociaux dans la France du début du XXIe siècle. Nous souhaitons ainsi mettre à jour et comprendre la place qu'occupe le média radiophonique dans notre société. Nous postulons que les émissions service actuelles révèlent et reflètent de nouvelles orientations dans la pratique et les usages des médias; mais en ce cas, les stations de radios sont-elles actrices ou simplement outils de médiation? Les publics sont -ils instrumentalisés vers une logique de spectacle ou se saisissent-ils de ces espaces médiatiques de manière autonome? L'assistance apportée par le média est-elle effective ou ne constitue -t-elle qu'une stratégie de fidélisation de l'auditeur, répondant à une logique d'audience?

Pour répondre à ces questionnements, notre travail, par une démarche pluridisciplinaire, s'appuie sur des éléments théoriques complétés par une analyse de terrain. Celle-ci se compose d'une analyse de contenu de trois émissions service: «Service public» sur France Inter, « Ça peut vous arriver» sur RTL et « Lahaie, l'amour et vous» sur RMCInfo. Toutes trois portent sur des sujets différents, illustrant l'éclectisme de ces émissions. La première traite de thèmes liés à la consommation, la seconde aux arnaques en tout genre, et la troisième de l'intimité et des problèmes qui en découlent. Nous nous sommes attelé à comprendre et à analyser le dispositif mis en place pour chacune de ces trois émissions, en accentuant notre attention sur l'animateur.

Notre première partie: « La parole des anonymes à la radio » s'attache à définir et à délimiter notre champ de recherche. Des origines à aujourd'hui, nous souhaitons retracer les différentes étapes de la prise de parole des anonymes à la radio afin de mettre en perspective le phénomène actuel. Nous questionnerons la notion d'interactivité, tout en définissant les conditions et la nature des prises de parole au sein de l'espace médiatique. Notre seconde partie: « Les émissions service: une tendance à la spectacularisation » expose l'analyse des résultats de notre terrain de recherche. Nous apportons un éclairage sur les dispositifs mis en place dans les trois émissions étudiées, avant de fournir une analyse comparative. Enfin, sur la base des résul tats de notre travail, nous tenterons d'apporter une vision générale de ce type d'émission entre service et spectacle.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon