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Radiographie de l'interactivité radiophonique

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par Blandine Schmidt
Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3 - Master 2 recherche Sciences de l'information et de la Communication 2008
  

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C. Les émissions service

Nos recherches préliminaires sur les émissions interactives radiophoniques ont fait émerger un axe de réflexion, une particularité dans ce type de programme. En effet, de plus en plus de radios offrent une assistance, dans des domaines divers, à leurs auditeurs. Nous avons fait le choix de qualifier ces émissions de service. A la différence de Deleu, qui a mis en place une typologie des types de parole des anonymes à la radio, notre démarche souhaite mettre à jour un objectif commun à beaucoup d'émissions interactives. Nous souhaitons nous concentrer sur la manière dont le média se positionne par rapport à son public, ne correspondant pas for cément à un type ou à une thématique d'émission en particulier.

Afin de

légitimer notre terminologie, nous allons justifier le choix et l'exactitude de cette appellation.

Ainsi, pour offrir une définition complète du terme « service », nous allons nous arrêter sur les origines de ce mot, par l'adoption d'une approche étymologique et historique. Issue du latin servitium (servitude) et servus (esclave), il définit étymologiquement l'état, la fonction ou la condition d'un esclave ou d'un domestique: «le service de la chambre ». Dès l'ancien français, dans le vocabulaire religieux, le « service de Dieu» qualifie le soin de se consacrer aux oeuvres de piété ; alors que dans le vocabulaire médiéval, le « service féodal » est employé pour désigner les devoirs auxquels un vassal était obligé envers son seigneur:

e

« service de l 'ost », puis à la fin du XVIIIsiècle : « service militaire ». L'ancien français l'utilisait aussi au sens de « l'activité particulière que l'on doit accomplir auprès d'un maître », en particulier dans le vocabulaire amoureux: « service auprès d'une femme ». Au XVIe siècle, il désigne l'ensemble des opérations par lesquelles on fait fonctionner quelque chose: « mettre en / hors service ». A partir du XVII e siècle, il est utilisé dans le domaine sportif pour qualifier la mise enjeu de la balle, d'abord au jeu de paume puis par extension au tennis. Ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle, qu'il va exprime la manière ou l'action de servir à table. Au XIXe siècle, il apparaît dans le vocabulaire administratif, comme une fonction d'utilité commune, publique: « service public, services des postes »66.

66BAUMGARTNER Emmanuèle et MENARD Philippe, Dictionnaire étymologique et historique de la langue française, Paris, Librairie Générale Française, Le Livre de Poche, 1996, p 732 - 733

Aujourd'hui, les acceptions de ce terme sont multiples. Nous avons décidé de l'utiliser comme qualificatif d'un genre particulier de programme radiophonique: les émissions service. L'utilisation du terme «service» nous paraît particulièrement adapté à l'objet de notre recherche.

Avant tout, le terme « service » peut être utilisé comme formule de politesse pour dire à quelqu'un que l'on est son humble serviteur: «je suis à votre service ». Dans le langage familier, il se dit à une personne qui paraît vouloir nous demander quelque chose : « Qu Õy a-t- il pour votre service? » Par prolongement, ce terme qualifie aussi l'assistance que l'on donne, l'aide que l'on prête à quelqu'un: « rendre service à quelqu'un ». Dans ce sens, les émissions service sont des programmes qui se mettent à la disposition des auditeurs pour les aider à résoudre leur problème. Le média se positionne comme un soutien, un conseiller se mettant au service de son public. La notion d'assistance est ici très importante. De plus, pour qu'une émission soit considérée comme service, il est nécessaire qu'elle annonce ouvertement cet objectif. Il est aussi nécessaire que le programme soit à l'écoute physiquement des auditeurs; l'émission service est par essence interactive : les auditeurs peuvent intervenir à l'antenne. La radio, dans la mission qu'elle s'est donnée, peut adopter une position distante avec l'auditeur: l'écouter, l'orienter, le conseiller ou prendre une attitude plus active, en devenant acteur dans la vie de l'auditeur. Le média peut ainsi prendre le rôle de médiateur, mais aussi proposer directement les solutions et les outils à la résolution des problèmes des auditeurs. Ainsi le type d'assistance proposée dans le cadre d'une émission service va dépendre de la station, voire de l'émission elle-même.

De plus, l'appellation « émission service » fait implicitement référence à deux notions contemporaines : celle de numéro service et celle de service public. En effet, les numéros service tels que « SOS Amitiés» invitent les individus en détresse à joindre l'association, qui a mis en place une permanence téléphonique, afin de les aider et de les soutenir par la parole. Les émissions service peuvent se rapprocher de cette démarche, invitant les auditeurs à joindre le standard ; toutefois le dialogue s'instaure pour l'un dans un cadre intime et pour l'autre médiatisé. Nous assistons à une rupture entre la sphère privée et la sphère publique.

Puis, nous souhaitons emprunter l'idée de service public, que de nombreuses émissions service, appartenant ou non au service public s'approprient, pour justifier notre choix. En effet, par extension, le service public se définit comme une activité considérée comme devant être disponible pour tous, s'appuyant sur la notion d'intérêt général. Ainsi les émissions service entrent dans cette démarche, proposant à chaque auditeur de lui venir en aide.

Les émissions service programmées par les radios nationales sont nombreuses, et leurs thématiques variées. Les radios viennent en aide à leurs auditeurs pour tous les petits tracas de la vie quotidienne. Par exemple, sur RMC-Info, une série d'émission: «Tout surÉ » se consacre soit aux problématiques liées au domaine de la voiture, soit à celles liées au domaine de la maison, mais encore à celles liées au jardinage ou enfin à celles liées aux animaux domestiques. Les émissions service peuvent aussi proposer un soutien psychologique : sur Europe 1 par exemple, Caroline Dublanche, diplômée en psychologie clinique et pathologique, propose la nuit une «consultation» en direct aux auditeurs en adoptant une attitude d'écoute et de conseil. Les émissions service couvrent aussi les domaines juridiques avec «Ça peut vous arriver» sur RTL, ou ceux de la consommation avec «Service public» sur France Inter. Une ribambelle d'émissions service s'affirme ainsi peu à peu sur la bande FM, s'insérant dans ce mouvement croissant de programmes interactifs.

Ces programmes se démarquent de l'offre radiophonique par leur omniprésence mais illustrent aussi la (nouvelle?) place tenue par la radio dans la société. En effet, les auditeurs sont pris en charge par l'émission, qu'ils ont contactée afin de régler leurs conflits, permettant ainsi au média d'entrer, par le traitement du cas par cas, dans l'intimité des auditeurs. Peut-on dans ce sens considérer que les émissions service permettent au média radiophonique de devenir un acteur social de premier plan, empiétant sur le terrain des instances traditionnelles?

L'émission service se considère d'utilité sociale. En effet, elle accompagne un inconnu dans la résolution d'un de ses problèmes durant le temps de l'émission. Cette assistance est donc médiatisée et exposée à un large public. Les émissions service offrent donc à leurs auditeurs des actions concrètes. Les auditeurs écoutants peuvent s'appuyer ou prendre

exemple sur des propos tenus à l'antenne pour résoudre par eux-mêmes des difficultés similaires.

Jusqu'alors les médias étaient présents sur la scène publique, informant le citoyen afin qu'il puisse exercer en toute conscience ses devoirs civiques. L'arrivée et la multiplication des émissions service permettent aux radios de prendre part de manière plus active et de s'insérer dans le quotidien des individus. De plus, ce type d'émission, par son interactivité, stimule la création et l'affirmation d'une relation de proximité avec les auditeurs. Le média prend ici une position noble, soutenant et aidant les individus dans le besoin. Mais les intentions du média sont-elles dépourvues d'intérêt? Les émissions service apportent -elles une aide concrète ou fictive aux auditeurs ? Ainsi nous souhaitons nous interroger sur la nature de ces émissions.

Il est primordial à ce stade de se questionner sur le dispositif mis en place dans le cadre d'une relation interactive radiophonique.

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