S'il est admis que le développement du Bénin
passe par l'agriculture, il est aussi démontré que le socle de
tout développement durable reste fondamentalement tributaire de son
volet culturel. La culture s'impose incontestablement comme l'un des maillons
du développement comme le soulignait Léopold Sédar SENGHOR
lorsqu'il écrivait que : «La culture est au début et
à la fin de tout développement»1(*). Un
développement auto dépendant est donc impossible sans une
motivation culturelle profonde qui doit sous-tendre les données
technologiques de la transformation économique, sans pour autant
détruire les valeurs traditionnelles. Quarante années de
développement économique inadapté n'ont fait que ruiner
l'Afrique. Aujourd'hui, il n'est plus question de développement sans
bases culturelles saines, le changement n'est possible qu'à travers la
mémoire.
La diversité des sites touristiques et des monuments,
les lieux de culte aussi différents les uns des autres, les palais
royaux, les musées, l'impressionnante masse documentaire gardée
à la Direction des Archives Nationales (D.A.N), le fonds d'archives
privées résultant des activités des
familles, témoignent du potentiel culturel diversifié du
Bénin qui, utilisé judicieusement à l'heure de la
mondialisation, pourrait permettre la conquête de vastes marchés.
Elle constitue la base des échanges dans un monde qui tend à
s'unifier. C'est dans cette logique que l'Ambassadeur de l'Italie près
le Bénin et le Nigeria lors d'une visite à l'Ecole du
Patrimoine Africain déclarait que : «En dehors de ses valeurs
culturelles, l'Afrique ne saurait répondre efficacement aux défis
de la globalisation. Notre attente est très grande vis-à-vis de
l'Afrique pour équilibrer les forces sur le plan culturel»2(*). Au nombre de ces biens
culturels dont le Bénin peut s'enorgueillir figurent en bonne place les
archives photographiques.
Inventée dans les années 1822 par Niepce, la
photographie a pour particularité de retracer et de faire revivre des
souvenirs du passé. Elle aide à la reconstitution de l'histoire,
à attester certains faits racontés à travers les documents
écrits aux générations actuelles. C'est justement à
ce titre que Gérard DUCHEMIN écrivait que : «l'image
c'est ce qui reste quand on aura tout perdu. Pour certains elle réveille
la nostalgie de merveilleux souvenirs». Ce nouveau support d'information
diffère des supports traditionnels par sa sensibilité à
l'environnement dans lequel il se trouve. Cela exige donc un minimum de
conditions adéquates pour sa conservation. Conserver les photographies
devrait donc être une préoccupation majeure. Sans doute doit-on
y voir la preuve de l'angoisse qui étreint les hommes dans un monde
où tout change à un rythme accéléré,
où l'environnement se dégrade et les choses qui paraissent les
plus solides, les plus immuables se détruisent sous nos yeux plus
rapidement qu'elles ne l'avaient été au cours des siècles
passés. Faut-il que les témoignages que nous ont laissés
les générations passées comme ceux que nous laisserons aux
générations futures soient matériellement
préservés ?
Introduite au Bénin pendant la colonisation, la
photographie a été très vite adoptée par les
peuples et constitue dès lors un moyen d'immortaliser un souvenir, un
événement. Mais il est aujourd'hui difficile voire impossible de
se servir de ces chefs-d'oeuvre anciens pour des travaux de recherche ou autres
usages. Cet état de chose est dû à l'inexistence d'une
structure pouvant recueillir ces fonds ou l'inexistence d'une politique de mise
en valeur des archives photographiques. Et si rien n'est fait contre la
détérioration des supports, le trafic illicite, l'histoire est
menacée d'être dépossédée d'une partie
sensible de ses sources. Malgré toutes les dispositions contenues dans
la Constitution béninoise du 11 décembre 1990, la loi N°
91-006 du 25 février 1991 portant charte culturelle en République
du Bénin et l'article 4 de la Convention du Patrimoine Mondial qui font
de l'Etat dépositaire de l'identité culturelle, il est
fréquent de voir les archives photographiques qui constituent une source
de l'identité culturelle dans les mains des privés. Une
enquête faite auprès de certaines personnes confirment tout cela.
Pour donc pallier ces différents problèmes et
donner une autre vision à la gestion des archives photographiques au
Bénin, nous nous sommes proposé de réfléchir sur le
thème : Archives photographiques au Bénin :
Problématique de la gestion d'un patrimoine documentaire menacé.
Cette étude vise essentiellement à la
valorisation du patrimoine documentaire photographique par :
- l'identification des lieux potentiels de détention
des photographies,
- l'état des lieux,
- l'évaluation de ces fonds et
- les propositions d'actions et d'activités à
court, moyen et long terme.
Pour y parvenir, nous avons adopté quatre techniques de
recherche à savoir : la revue documentaire, les descentes sur le
terrain, les entretiens et les questionnaires.
La présente étude s'articule autour de quatre
grands axes. La première partie présente un bref historique et le
cadre légal de protection des biens culturels. La deuxième partie
est consacrée à l'identification des lieux de détention
des archives photographiques. C'est à cette étape que nous avons
fait le point de nos enquêtes de terrain quant à
l'évaluation et l'état de conservation des fonds photographiques.
Avant d'aborder la dernière partie des suggestions et propositions, nous
avons dans la troisième partie montré l'importance des fonds
photographiques pour la recherche et analysé les résultats des
questionnaires.
Bref historique de la photographie et cadre
réglementaire de protection des biens culturels
CHAPITRE I :
1.1. Bref historique de la
photographie
La photographie est à la fois une technique et un art
dont l'invention en 1822 a bouleversé les pratiques socioculturelles
dans le monde. Cette technique introduite en Afrique a permis de constituer des
mémoires visuelles de grande valeur à partir de la période
coloniale.
1.1.1. La photographie dans le
monde
1.1.1.1 Les débuts de l'invention
Le brouillard qui s'étend sur les commencements de la
photographie n'est pas si épais que celui qui recouvre les débuts
de l'imprimerie ; plus distinctement que pour celle-ci, peut être,
l'heure était venue de la découverte, plus d'un l'avait
pressenti, des hommes qui, indépendamment les uns des autres,
poursuivaient un même but : celui de fixer dans la
Camera Obscura ses images.
Niepce Nicéphore commence véritablement ses
recherches sur la fixation des images en 1816. Il avait cinquante et un ans (51
ans). Il expérimente d'abord le nitrate d'argent (chlorure d'argent)
étendu sur du papier glacé dans le fond de la chambre obscura. En
mai 1816, il obtient ainsi pour la première fois au monde, une image
négative sur papier. Pour Niepce, il s'agit d'un demi-succès car
les images qu'il obtient sont négatives et de plus il n'arrive pas
à les fixer. Elles se noircissent lentement à la
lumière. Afin d'obtenir des images positives, il s'oriente alors vers
les composés qui se décolorent à la lumière au lieu
de se noircir comme le chlorure d'argent. Dès lors, il
s'intéresse à tous les produits qui inter réagissent
à la lumière jusqu'en 1818. En 1822, il réussit à
avoir des images positives grâce au procédé chimique de
l'asphalte de Judée.
Après toutes ces expériences, en mai 1826, il
parlera de ses « travaux héliographiques » et en
décembre 1827 il appellera de son invention Héliographie.
Ayant connu des difficultés financières, Niepce
décida de s'associer à Daguerre qui aussi expérimentait
des procédés qui plus tard aboutirent au Daguerréotype.
Après de rudes batailles devant la Chambre des
députés pour officialiser cette nouvelle invention, la
photographie a connu une évolution fulgurante dans le temps.
Par ailleurs, il importe de savoir quelques dates
significatives dans l'invention de la photographie.
1.1.1.2 Quelques dates dans l'invention de la
photographie
Les travaux de Niepce et de Daguerre sont en
réalité les premières expériences qui ont
donné naissance à la photographie. A travers ce tableau
récapitulatif des faits marquants, nous essayerons de tracer la voie
qui a conduit jusqu'à l'invention de la photographie et les recherches
qui ont suivi.
Dates
|
Évènements
|
Avant la photographie IVè siècle avant
Jésus
|
Aristote découvre que la lumière du jour
pénétrant par un petit trou aménagé dans le mur
d'une pièce obscure projette sur le mur en face l'image de tous les
objets placés à l'extérieur devant cet orifice
|
1er siècle avant Jésus
|
L'architecte Jules CÉSAR, Marcus VITRUVE constate
l'action du soleil sur la coloration de certains corps organiques.
|
XIè siècle
|
Le mathématicien arabe Alhazen parle pour la
première fois de « Chambre noire »
|
1515
|
Léonard de VINCI décrit la
« Caméra obscura » (chambre noire)
|
1650
|
La chambre noire comporte des lentilles de différentes
distances focales et devient transportable
|
1816
|
Première image de Niepce sur le chlorure d'argent
|
1822
|
Images positives de Niepce
|
1829
|
Niepce s'associe à Lois DAGUERRE
|
1834
|
Après la mort de Niepce, Daguerre travaille seul sur le
procédé à l'iode d'argent
|
1839
|
François ARAGO rend public le secret de
la photographie et fait voter la loi sur la photographie le
07 juillet 1839
|
1844
|
Premier livre de photographie de TALBOT : The pencil of
nature
|
1846
|
Désiré BLANQUART-EVRARD améliore la
préparation du papier servant aux négatifs et fonde à
Lille la première imprimerie Photographie
|
1848
|
Image en couleur du spectre solaire par Becquerel
|
1862
|
René-Prudent DAGRON invente la photographie
microscopique
|
1868
|
Louis Ducos du Hauron dépose une demande de brevet
pour la photographie en couleur.
|
1873
|
Première reproduction de la photographie dans la presse
à New York par Daily Graph
|
1890
|
Alphonse BERTILLON invente la photographie judiciaire
|
1895
|
Auguste et Louis LUMIERE inventent le Cinématographe
(film à vitesse variable)
|
1937
|
Les premières pellicules couleur Kodachrome et
Agfacolor
|
1940
|
La première pellicule japonaise
|
1984
|
Le premier papier photo à longévité
supérieure à 100 années
|
1984-1985
|
La pellicule la plus sensible au monde (3.200 ISO)
|
1.1.2 Avènement de la photographie en
Afrique
La photographie a pris corps en Europe avec Niepce et
Daguerre. Quelques années plus tard, avec les mouvements des hommes et
surtout la colonisation, l'Afrique, l'Océan Indien et la Diaspora
connaissent cette `'humble servante des arts'' comme le qualifiait
Baudelaire.
Comment s'est fait ce transfert de technologie ? Qui en
sont les précurseurs des premières heures ?
1.1.2.1 La photographie en Afrique, l'océan
Indien et la Diaspora Noire
Rien qui n'est écrit ici ou là ne peut
être considéré comme une vérité intangible.
Cette première exploration globale de la photographie d'un continent, le
continent africain hors l'Afrique Méditerranéenne, mais
intégrant l'Océan Indien, ne peut y échapper.
On ne peut prétendre d'une parfaite connaissance de
l'histoire de la photographie africaine d'autant plus que les recherches dans
ce domaine ont été pour la plupart du temps menées par des
chercheurs étrangers, suscitées surtout par l'organisation des
Rencontres de la photographie africaine de Bamako dont la première
édition a eu lieu en 1994.
Dans l'état actuel des connaissances, chaque
étude et recherche voit dans la zone étudiée le point de
départ d'un style, d'une technique, une sorte de géocentrisme
à l'envers.
Dans la mesure où de nombreuses études et
investigations restent à faire sur des territoires importants, il est
peu rigoureux d'affirmer que tout part de Saint-Louis au Sénégal,
de Freetown, de Lagos, d'Accra ou de Cotonou. Par contre, les certitudes
éparses montrent que la route de la pénétration de la
photographie suit celle des comptoirs puis de la colonisation
européenne, que les ports avec leurs populations
étrangères importantes firent naître les premières
manifestations de la culture urbaine européenne en Afrique
intégrant la vulgarisation de la pratique photographique jusqu'en 1945.
Après la Deuxième Guerre Mondiale, chaque zone est
désormais en relation directe avec l'Occident, premier producteur
d'images. Par conséquent, chaque capitale est en contact direct avec les
producteurs d'images et de matériel.3(*)
Pour ces premières raisons, le début de la
photographie est tardif loin des côtes que des ports. Et ce ne sont pas
les feux d'un festival récent braqués sur Bamako qui donneront au
Mali le statut du début et de la fin de la photographie africaine. Loin
s'en faut, pour n'évoquer que ses portes côtières, elles
connaissent une pratique africaine de la photographie avec certitude dès
1880 en Sierra Léone (50 ans avant Bamako) et 1900 au
Sénégal (30 ans avant Bamako) dans une invention et une richesse
qui restent entières à découvrir.
Quant aux pays de la zone australe et ceux de l'Océan
Indien, ils vivent presque simultanément les développements
européens et américains de la photographie, par leur situation
privilégiée sur la grande route de l'Inde et de l'Asie.
Les débuts de la photographie à l'Ile Maurice
répondent aux mêmes règles que partout ailleurs. Paysages
et images que l'on qualifierait aujourd'hui de touristiques, portraits
réalisés par des Européens. Le témoignage
historique le plus frappant reste sans doute, au début du
siècle, le portrait systématique de tous les nouveaux immigrants
au Coolie Ghat4(*), place de
l'immigration, qui marque officiellement la récupération par les
autorités, de la photographie dans le contrôle et le recensement
des populations sur l'Ile.
La grande Ile de Madagascar, au centre de la fameuse route de
l'Inde par laquelle transite tout le commerce avec l'Asie, découvre la
photographie en même temps que l'Europe. L'arrivée des
Français et l'installation en 1896 de l'Institut Géographique et
Hydrographique National va développer, parallèlement aux studios
spécialisés dans les portraits de famille, une photographie
à des fins militaires et techniques. Cet institut qui changera de nom va
fournir au monde entier des images sur l'Ile.
L'Ile de la Réunion, département français
d'Outre-Mer depuis 1946, a vécu au rythme de l'Europe les
transformations techniques des XIXè et XXè
siècles. Les photographies témoignent d'abord, au-delà des
images classiques de paysages et de portraits d'une bourgeoisie qui se veut
l'égale de la bonne société parisienne et de types
raciaux. Aujourd'hui, l'Ile a bénéficié des programmes mis
en place partout en France, ce qui a permis de voir éclore une
photographie artistique originale portée par une nouvelle
génération formée aux critères de la production
internationale.
Rappelons pour mémoire que la photographie prise par un
Noir Américain date de 1840, point de départ d'une longue
tradition dont les centres d'intérêt ne se sont jamais
démentis.
La propagation de la photographie en Afrique est l'oeuvre de
certains artisans qui ont su marquer l'histoire de leurs noms. Ce sont les
précurseurs de la photographie africaine.
1.1.2.2 Les précurseurs de la photographie
africaine : 1840-1930
Dans la première moitié du XIXè
siècle, deux territoires africains, le Libéria et la Sierra
Léone, vont devenir terres d'élection des marroons et des
esclaves affranchis des USA. En Sierra Léone, ces anciens esclaves qui
se nomment eux-mêmes créoles, vont se mettre à la
photographie et faire de ce territoire un pays de cocagne5(*) pour la photographie.
Aujourd'hui encore, malgré une situation interne complexe, la
photographie continue à être une activité vivante en Sierra
Léone. Des personnages comme Dionysius Leomy, J.P. Decker, Alphonse
Lisk-Carew ont laissé leurs noms gravés sur la photographie en
Sierra Léone.6(*)
En 1927, l'association professionnelle des photographes du
Togo comptait déjà au moins une dizaine de photographes qui
s'étaient distingués dans l'édition de cartes postales, un
aspect de la photographie riche d'enseignements pour des recherches à
venir. Des anciens photographes dont Alex A. Acolaste, Olympio, les
frères Aguiar, John Badohu ont contribué à cette
éclosion de la photographie au Togo.7(*)
L'histoire du plus vieux photographe du Sénégal,
Meïssa Gaye rejoint celle de Saint-Louis, la première ville
européenne africaine d'Afrique, celle aussi où dès 1860
s'implante le premier studio de daguerréotype et se concentrent
d'innombrables commerçants, administrateurs, militaires, aventuriers en
mal de sensation et photographes. En 1958, Saint-Louis laisse son rôle de
capitale économique et politique à Dakar où les fortes
personnalités des photographes comme Mama Casset, Mix Gueye occupent le
devant de la scène.
En Afrique du Sud par contre le photographe Santu Mofokeng est
l'ancêtre de la photographie. Ses photographies remontent à la
fin du siècle dernier et révèlent un monde inconnu.
1.1.3 Diffusion de la photographie au
Bénin
1.1.3.1 Introduction de la photographie au
Bénin
Le Bénin occupe en Afrique une place stratégique
de par sa position par rapport à l'océan atlantique. Bien que
cela ait favorisé en partie le commerce triangulaire, elle a aussi
permis le transfert rapide de technologies de l'Europe et des autres
continents. Les villes côtières sont les premiers pôles
d'accueil. Elles vont connaître le même essor photographique que
celles des villes du Ghana, du Togo ou du Nigeria. Porto-Novo, ancien port
négrier de la côte des esclaves, devenue capitale coloniale
à la fin du XVè siècle en est l'exemple le
plus probant. La présence des Brésiliens, des Européens,
le commerce florissant ont participé à cet essor. La ville a
abrité probablement plusieurs studios tenus par des Nigérians.
Ouidah tout comme Anécho au Togo devient un foyer d'émigration
important durant la période coloniale et jusqu'à la fin des
années 1960. Cotonou, ville tardive abrite néanmoins de grands
studios à partir des années 1960.
Les villes du Nord Bénin sont enclavées, donc
moins touchées par la pénétration européenne et les
échanges transatlantiques. Malgré cette situation, elles ont
connu une histoire riche et mouvementée. Cela serait dû à
la proximité avec les peuples Yoruba du Nigeria dont la présence
s'explique par les premiers mouvements commerciaux entre le Nord de l'actuel
Ghana et toute la région Haoussa ( le nord du Niger et du
Nigeria)8(*).
Troisième ville du pays avec plus de 150.000 habitants après
Cotonou et Porto-Novo, Parakou est un carrefour commercial. En tant que
royaume, Parakou entretenait de très bons rapports avec les
Français et a même refusé de participer à la
révolte des autres royaumes baatombu.
La communauté nigériane est fortement
représentée à Parakou, ce qui fait de cette ville une
terre d'accueil comme l'indique même son nom. Le commerce est
l'activité prédominante, mais les gens s'adonnent à
d'autres activités telles que le métier de photographe.
L'histoire de la photographie dans cette région n'est pas facile
à recoller. Certes, sans le moindre risque de se tromper, on peut
affirmer que l'histoire serait liée à la migration des
photographes venus de la côte : Ouidah, Porto-Novo, Cotonou qui ont
suivi les pas du colon français. Le début de la photographie
remonterait dans les années 1956 selon les propos de Monsieur
Léopold OGATCHOROUN, secrétaire général de
l'association des photographes de Parakou joint au téléphone le
mercredi 6 octobre 2004.
En 1996, vingt-deux photographes ont été
identifiés à Parakou9(*) dont deux seulement sont originaires de Parakou et les
trois quarts venus du sud Bénin. Les effectifs se sont réduits
depuis ce temps car selon leur secrétaire, les gens de l'Atakora et du
Borgou ne s'intéressent pas aux activités qui requièrent
un apprentissage. Signalons que le premier laboratoire couleur a
été installé à Parakou en 1993.
1.1.3.2 Les précurseurs de la
photographie au Bénin
Bien que mitigée, l'histoire de la photographie au
Bénin a certes été mouvementée car contrairement
à d'autres pays, toutes les villes de la côte jusqu'au Nord ont eu
chacune à connaître à une époque de son histoire son
avènement.
Des noms très célèbres sont passés
à la postérité. Entre autres, on peut citer :
Alexandre GBEYONGBE, cité dans l'annuaire vert de la photographie de
1995, Moïse AGBODJELOU de `'Photo France'', la dynastie des frères
KIKI qui ont travaillé en dehors du Bénin dont l'un est le plus
grand éditeur de cartes postales en Côte d'Ivoire.
Justin TOMETY, premier président de l'association des
photographes du Bénin décédé en 1991, a
été l'un des pionniers de l'enracinement de la photographie
à Cotonou10(*) par
le nombre de professionnels qu'il a formés et qui exercent aujourd'hui
le métier. Barthélemy MEHINTO, père de Jean MEHINTO, un
des anciens photographes de Porto-Novo, fut aussi l'un des pionniers à
Ouidah avant de passer la main à son petit-fils Sébastien qui est
aujourd'hui le doyen des photographes à Ouidah et à son fils.
Léon AYEKONI digne apprenti de Sébastien MEHINTO et qui fait
partie de la génération des anciens est
décédé seulement en août 2004.
D'autres noms non moins importants comme DE-MESSE Zinsou,
Mathias ABIMBOLA, Jean MEHINTO, Jean DOTONOU, Pascal ABIKANLOU donnent toujours
au métier de photographe malgré leur âge toutes ses lettres
de noblesse et assurent la relève avec la nouvelle
génération de Porto-Novo.
De même à Cotonou, Lawani SIAKA, Benoît
ADJOVI, Franck KIDJO, Dominique ADJIWANOU, Pascal RODRIGUEZ et autres assurent
la pérennité de la photographie malgré toutes les
technologies qui envahissent la capitale économique.
A Parakou, Jean HOUMDE, `'Photo Souvenir'', Aimé SOSSA,
`'Photo Espoir'', Christophe LIMA, `'Well Come Studio'' et Gabriel KAYODE sont
les gardiens de la vieille garde.
D'autres photographes de l'ancienne génération
ayant travaillé dans les grandes villes sont partis pour s'installer
dans d'autres villes ou en campagnes où ils jouissent d'un paisible
repos.
1.2 Cadre réglementaire de protection des
biens culturels
Les biens culturels constituent la richesse d'un pays et
méritent une attention particulière. Avec le
phénomène du trafic illicite des biens culturels qui va
grandissant, nous essayerons dans cette partie d'étudier les instruments
juridiques mis en place par les institutions des Nations Unies l'UNESCO, les
organisations régionales africaines comme la CEDEAO et bien entendu la
politique mise en place par le Bénin pour protéger ses biens
culturels.
1.2.1 L'UNESCO et la politique de protection des
biens culturels
1.2.1.1 Les origines de la Convention
Dans un premier temps, ce sont les biens culturels les plus
menacés de destruction qui vont être protéges par des
instruments internationaux. Effectivement, puisque les objets d'art
étaient depuis longtemps considérés comme un outil du
vainqueur, c'est dans le droit de la guerre qu'apparaissent les
premières réglementations concernant la protection des biens
culturels.
Mais, rapidement il va s'avérer nécessaire de
protéger les biens culturels en temps de paix. Entre les deux guerres,
la Commission de la Coopération Intellectuelle de la
Société des Nations Unies élabora et accepta en 1933 un
avant-projet de convention sur « La restitution au pays d'origine des
objets d'une valeur artistique, historique ou scientifique, perdus ou
volés ou étant l'objet d'un contrat de vente-achat illicite ou
d'exportation à l'étranger »11(*).
Après la Seconde Guerre Mondiale, le problème du
patrimoine culturel des anciennes colonies, longtemps dépouillées
sans scrupule, va devenir une des préoccupations majeures de l'UNESCO
qui dans sa « Déclaration des principes de la
coopération intellectuelle internationale »
déclare : « Les biens culturels sont un des
éléments les plus importants de la civilisation et de la culture
nationale et ils ne conservent leur entière valeur que lorsque leur
origine, leur histoire et leur milieu sont étudiés avec le plus
grand soin ».
Les mesures nationales se révélant inefficaces,
l'UNESCO dans sa XIIIème session de novembre 1962 propose une
Recommandation concernant les mesures à prendre pour interdire
empêcher l'exportation, l'importation et le transfert de
propriété illicites des biens culturels qui sera adoptée
à la Conférence Générale de novembre 1964.
L'élaboration de l'avant-projet fut qui va aboutir
à la Convention de 1970 confiée à M. Robert BRICHET.
Ce rapport et l'avant-projet seront envoyés en
août 1969 à tous les Etats membres ; vingt-huit gouvernements
ont présenté leur amendement par écrit.
Le projet final fut approuvé par la Conférence
Générale en novembre 1970.
1.2.1.2 Le champ d'application
Les biens visés par la convention doivent avoir deux
caractéristiques :
être des biens culturels et
appartenir au patrimoine culturel de l'Etat
Ces deux notions sont définies dans la convention de la
manière peu précise. La définition des biens culturels est
composée de deux parties : une définition
générale et une énumération de catégories de
biens en fonction de leur nature.
De la définition des biens culturels ressort une
catégorisation à laquelle la Convention de l'UNESCO et d'autres
instruments juridiques internationaux ont recours12(*). Ainsi donc quatorze
catégories ont été retenues dont les archives (y compris
les archives photographiques)13(*).
De ce fait, les archives photographiques sont des biens
culturels protégés par l'UNESCO.
1.2.2 La réglementation des organisations
africaines : le cas de la CEDEAO
De même que les institutions internationales, les
regroupements régionaux africains ont tenté une
législation de protection des biens culturels. Nous essayerons de
remonter à ses origines avant de voir le contenu et analyser ses forces
et faiblesses.
1.2.2.1 Origines et contenu de l'Accord
Culturel Cadre de la CEDEAO
Les pays africains en général et en particulier
ceux de la sous-région ouest africaine ont pendant longtemps
négligé le rôle de la culture dans le développement
économique. Ils ont occulté cette dimension et se sont
empressés de constituer des organisations à caractère
économique. Mais peut-on aujourd'hui dans le contexte de globalisation
où chaque pays apporte un plus, négliger la culture ? Le
monde entier s'accorde sur la richesse culturelle dont regorgent les pays
africains. Toutes les tentatives économiques n'ont jamais réussi
à les développer.
La CEDEAO qui constitue le plus grand regroupement de la
sous-région ouest africaine14(*), après de multiples actions économiques
a jugé nécessaire d'intégrer dans sa politique le volet
culturel. Les peuples africains affaiblis par les guerres, les troubles
politiques ont su préserver bon an mal an leur patrimoine culturel. Ceci
constitue un poids dans le dialogue interculturel. Les pays de la CEDEAO ont
tous un potentiel culturel assez impressionnant. Un cadre de concertation et de
normalisation des politiques nationales s'avère alors indispensable.
Ainsi, le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays
membres tenu à Abuja au Nigeria a adopté le 09 juillet 1987
l'Accord Culturel Cadre qui régit la politique culturelle de la
CEDEAO.
L'importance et la diversité de la culture pour les
peuples de la communauté ouest africaine constituent les fondements de
cet Accord. Le rôle de la culture dans le développement
économique, politique et social de la sous-région a
été enfin perçu et constitue le leitmotiv de l'Accord. Il
met surtout l'accent sur la circulation des hommes de l'art et de leurs oeuvres
à travers les frontières des différents pays afin de
favoriser les échanges et la connaissance mutuelle, base essentielle du
renforcement de l'esprit communautaire et la de la coexistence pacifique des
peuples.
A cet effet, deux canaux ont été
définis :
{ l'approfondissement de la culture par l'éducation et
son enrichissement par l'information et la communication ;
{ l'enseignement de programmes culturels dans les
établissements de formation, écoles de journalisme et
d'administration.
1.2.2.2 Forces et faiblesses de l'Accord
Culturel Cadre de la CEDEAO
A l'instar de tout instrument juridique, l'Accord Culturel
Cadre de la CEDEAO présente des forces et des lacunes.
L'Accord a proposé un programme ambitieux de
développement culturel qui constitue le point de convergence et de
départ de toutes les actions à mener pour un développement
culturel ouest-africain. Ce programme a été adopté le 22
novembre 1996 à Lomé suite aux recommandations de la
8ème réunion de la Commission des Affaires Sociales
et Culturelles.
Pour assurer la mise en oeuvre du programme culturel et
l'élaboration de stratégies et programmes sectoriels visant
à accélérer la mise en exécution dudit programme,
un comité ad hoc composé de la Côte d'Ivoire, du Ghana, du
Mali, du Nigeria et du Sénégal a été mis sur pied.
Cela a permis la création de plusieurs festivals en Afrique de l'Ouest
dont les plus importants sont : le FESPACO du Burkina-Faso, la Biennale de
Dakar, le FITHEB du Bénin. La CEDEAO a créé
elle-même son festival dénommé ECOFEST.
Quant aux faiblesses, il faut dire que la CEDEAO n'a pas
échappé aux problèmes qui sont ceux de toutes les
organisations sous-régionales et internationales de ne pas faire
appliquer les décisions prises. En dépit des difficultés
propres au fonctionnement de la CEDEAO, l'Accord a péché par
endroits. Il s'est trop appesanti sur la circulation des biens culturels et de
des artistes à travers les frontières. Cette situation pourrait
être une porte de sortie pour le trafic illicite des biens culturels.
A l'issue donc de l'étude de l'Accord Culturel Cadre de
la CEDEAO, on peut conclure que les biens culturels en général et
les archives photographiques en particulier ne sont pas protégées
alors que nos pays africains sont pillés depuis l'organisation de la
Biennale de Bamako sur la photographie en 1994. Elle a braqué les
projecteurs sur cette richesse qui constitue le patrimoine visuel de l'histoire
africaine. L'exemple béninois qui a fait l'objet de notre étude
confirme l'effectivité de ce commerce illicite qui se mène au nez
et à la barbe de tous.
Nonobstant les mesures prises au niveau de l'UNESCO à
travers la Convention de novembre 1970 et l'Accord Culturel Cadre de 1987,
quelles sont les dispositions prises au niveau national ?
1.2.3 La politique nationale de protection des
biens culturels
Le Bénin s'est doté de textes juridiques pour
assurer la sécurité de ses biens culturels. Vu comme l'un des
réservoirs africains de richesses culturelles, l'armature
législative permet-elle réellement de consolider la protection du
patrimoine culturel ? Quelles en sont les origines ? Quelles sont les
forces et faiblesses des textes juridiques du Bénin ?
1.2.3.1 Origines et contenu des textes
juridiques du Bénin
L'histoire nationale des textes de protection des biens
culturels remonte à 1968.
En effet, le Bénin à l'instar des pays africains
est resté pendant plusieurs années sous domination coloniale.
Durant cette période, les lois étaient dictées par la
métropole et les administrations sous contrôle colonial. Ainsi il
a été créé pour l'Afrique francophone l'Institut
Français d'Afrique Noire (IFAN) qui était l'administration
centrale en charge de la gestion de la recherche scientifique et des biens
culturels publics. La France usant de son pouvoir dominateur, exportait les
biens culturels du Bénin alors Dahomey. Les biens culturels surtout des
palais royaux constituaient des butins de guerre pour les troupes
d'invasion.
Suite à la période coloniale, le Bénin
ancienne République du Dahomey est devenu indépendant le
01er août 1960. Avec la mise en place des institutions de la
République, la première loi en matière de protection des
biens culturels a été prise par ordonnance N° 35/PR/MENJS du
01er juin 1968. Elle est restée la seule force juridique dans
le domaine de la culture jusqu'en 2002 où un Avant-Projet de loi portant
protection du patrimoine culturel et du patrimoine naturel à
caractère culturel en République du Bénin a
été élaboré. L'ordonnance du 01er juin
1968 a déjà montré ses limites par rapport aux
réalités du terrain et mérite d'être abrogée.
L'Avant-Projet étant encore en étude au niveau
de la Cour Suprême, nous ne nous sommes pas permis d'étudier le
contenu.
Seule l'ordonnance N°35/PR/MENJS du 01 juin 1968 fait
office de loi relative à la protection des biens culturels en
République du Bénin.
Cette ordonnance est structurée en quatre (4) chapitres
dont :
- Classement des biens protégés
- Fouilles
- Exportation des objets classés
- Dispositions pénales.
Dans ce schéma, on voit clairement que les archives
photographiques ne constituaient pas aux yeux du législateur un bien
culturel à conserver. L'ordonnance a plutôt exposé les
modalités de classement des biens culturels dans lesquelles ne se
retrouvent pas les archives photographiques. En plus, elle a définit
dans les articles 15, 16 et 18 les conditions d'opérer des fouilles sur
le territoire national. L'exportation des objets classés est aussi une
priorité de l'ordonnance. Enfin les dispositions pénales
prévoient les sanctions en cas d'infraction a ces dispositions.
1.2.3.2 Forces et faiblesses
A l'issue de l'étude des lois de protection des biens
culturels au Bénin, amer est le constat que nous avons fait selon lequel
nous n'avons pas pu relever une seule vraie force qui garantit une protection
des éléments de notre patrimoine. Pendant et après la
colonisation, il n'est pas un secret pour quelqu'un d'affirmer que le trafic
illicite des biens culturels prend une allure vertigineuse.
Tout le mérite a été d'avoir
élaboré un texte juridique mais rien de consistant qui puisse
régler les problèmes qui sont les nôtres actuellement.
Paradoxalement, le Bénin est l'un des grands pays à forte
potentialité culturelle, doit donc avoir un arsenal juridique
correspondant.
Les problèmes que nous pouvons inscrire dans les
faiblesses de l'ordonnance N°35/PR/MENJS du 01er juin 1968 se
résument en ces points :
- Vétusté de la loi : elle remonte à
36 ans en arrière et, en aucun cas ne peut être adaptée aux
réalités actuelles.
- Ambiguïté au niveau des biens à
protéger. La loi a stipulé que ce sont les biens qui ont un
intérêt du point de vue de l'histoire qui sont à
protéger. Mais quels sont les biens qui ont un intérêt et
qui est habilité à déclarer ce bien intéressant du
point de vue de l'histoire ou de la préhistoire ?
- De même que l'exportation des biens culturels est
interdite, l'importation des biens des autres pays doit être aussi
interdite. Mais dans notre loi aucun passage ne le stipule. C'est à
croire que le Bénin est autorisé à importer les biens
d'autrui,
- Les dispositions pénales en cas d'infraction ne
prévoient que le paiement d'amende. Cet état de chose n'est pas
du genre à décourager les écumeurs. Il faut davantage des
mesures beaucoup plus drastiques pour punir les fautifs.
Malgré toutes ces dispositions réglementaires
prises au niveau des pays, des organisations régionales et
internationales, il se développe un réseau de trafic des oeuvres
d'art surtout des pays africains vers l'Amérique et l'Europe. Une
esquisse de point sur le phénomène au Bénin est
envisagée de même que l'étude des fondements juridiques des
institutions dans la lutte contre le trafic.
1.3 Trafic illicite des biens culturels et
dégradation des éléments du patrimoine
1.3.1 Archives photographiques et trafic de
biens culturels
Les archives photographiques font partie des
éléments du patrimoine, donc protégées aussi bien
au niveau de l'UNESCO qu'au niveau des lois en vigueur au Bénin.
Avant de faire le point du trafic des archives
photographiques, nous analyserons d'abord le cadre général de
trafic des biens culturels.
1.3.1.1 Trafic des biens culturels
Les institutions internationales en charge de la culture ont
fait de la lutte contre le trafic des biens culturels une priorité en
élaborant des textes qui régissent leur circulation au niveau
des. De même, les gouvernements nationaux ont commencé timidement
à concevoir des lois pour assurer la sécurité de leur
patrimoine culturel. De nombreux ateliers, conférences, journées,
séminaires ont été organisés pour informer et
sensibiliser aussi bien les gestionnaires du patrimoine que les hommes des
frontières (douanes et police).
Au Bénin, le trafic illicite des biens culturels
demeure un phénomène mal cerné. Les palais royaux
étaient les lieux privilégiés où étaient
gardés des éléments très importants de l'histoire
des rois et de leur royaume. Les troupes de la colonisation française
après les guerres de conquête se sont empressées de piller
les trésors des palais royaux d'Abomey. Ces éléments
qu'elles prennent pour leur butin de guerre se sont retrouvés pour la
plus grande majorité dans les musées de France et dans les
collections privées ou publiques aux Etats Unis d'Amérique et
d'ailleurs15(*). Les
missionnaires et quelques administrateurs des colonies après avoir
détruit et emporté massivement les fétiches, ont
collecté des biens culturels pour, disent-ils, des besoins d'expositions
impériales. Le bilan de ces flux au niveau de nos frontières est
très lourd d'autant plus que ce trafic continue allègrement sans
que personne ne s'en indigne et prenne des mesures.
La situation financière des Béninois trop
précaire participe à la complicité et à la
facilité avec laquelle les biens sont pillés. Ils cèdent
aux sollicitations `'sonnantes et trébuchantes'' des démarcheurs
d'oeuvres d'art et antiquités ou à des `'touristes'' de passage.
Les autels familiaux sont dépouillés dans les temples de vodoun.
En dehors des produits de l'artisanat contemporain, les biens culturels les
plus en vue sont les vieux masques guèlèdè provenant de
Kétou, Pobè, Sakété, Zangnanado, les autels
portatifs dits `'assins'' et les poteries anciennes16(*).
Il est à noter que ces demandes en
`'antiquités'' ne proviennent pas seulement de démarcheurs
intermédiaires, des Africains de toute nationalité, mais aussi
des touristes, les coopérants, les volontaires, les diplomates ou leurs
épouses en fin de mission.
En définitive, le Bénin est l'un des pays qui
subit le plus des affres du trafic des biens culturels. Tout récemment
encore en 2002, le musée d'Abomey a enregistré le vol d'une
pièce très importante. Le `'Goubassa'' d'un poids de quinze
kilogrammes (15 Kg) environs a disparu du musée sans qu'on n'en ait
identifié les auteurs et la destination.
Par ailleurs, les photographies anciennes surtout en noir et
blanc ont ces derniers temps sur le marché international de l'art une
valeur très élevée. De ce fait, nombreux sont ceux qui
mènent leur commerce pour alimenter ces circuits illicites.
1.3.1.2 Archives photographiques et trafic des
biens culturels.
La photographie est introduite au Bénin au début
de la colonisation. Les administrateurs coloniaux débarquaient avec
toute une équipe dont des photographes. Après la période
de Pierre VERGER, ce fut le temps des autochtones de s'engager dans le captage
des images. Plusieurs générations de photographes vont se
succéder pour fixer à la postérité les belles
étapes de l'évolution de la vie du Dahomey jusqu'à
l'actuel Bénin. Les fonds photographiques qui sont en grande partie en
dépôt chez les privés constituent un élément
capital du patrimoine culturel visuel du Bénin.
Jusqu'en 1994, année où a été
organisée la biennale de la photographie à Bamako, personne ne
s'intéressait ou presque tout le monde ignorait l'intérêt
que peut avoir la photographie africaine. Dès lors, les photographes
deviennent le point de chute des `'touristes'' en quête d'oeuvres
d'art.
Ces photographies surtout en `'noir et blanc'' sont
aujourd'hui du domaine de l'art et connaissent des prix élevés
sur le marché international. Leur résistance aux
intempéries environnementales, leur clarté, leur beauté et
leur rareté car talonnée par la photographie couleur, ont accru
leur valeur marchande. Dans les pays africains qui ont connu une période
assez mouvementée de la photographie comme le Sénégal, le
Mali, la Sierra Léone, le Nigeria, ce phénomène de pillage
bat son plein mais à des degrés différents.
Au Bénin, des enquêtes que nous avons
menées, il en ressort que bon nombre de photographes (surtout anciens)
ont été l'objet de pillage. Encore que ce pillage est possible
grâce à leur consentement et à leur volonté de
vendre leurs oeuvres. Même des compatriotes qui mettent en avant leurs
propres intérêts, participent à ce commerce en identifiant
les lieux potentiels de détention de ces chefs-d'oeuvre et avec quelques
promesses ou coupures de banque, deviennent les guides de ces écumeurs
sans foi ni loi. Très peu scrupuleux, ils opèrent en toute
tranquillité.
Les photographes, débordés par la masse de leurs
oeuvres, ne sachant à quelle utilité elles sont destinées
et compte tenu de leur situation financière précaire
n'hésitent pas à en céder facilement. De ce fait, notre
patrimoine se `'dessèche'' au jour le jour. « Une fois leur
forfait commis, ils disparaissent alors qu'au départ ils nous ont promis
de revenir »17(*). Il sera aujourd'hui impossible de faire le point et
d'avoir une idée quantitative sur la perte du patrimoine visuel de notre
pays. Certes, au terme de notre enquête, on est à même
d'affirmer que nous avons perdu une grande partie de ce patrimoine. Nous avons
constaté sur le terrain un réseau organisé entretenu par
un Belge qui se lance dans le commerce des photographies anciennes au
Bénin. Actuellement nous avons réussi à mettre la main sur
une quantité importante de photographies stockées au niveau d'un
photographe. Il se dit prêt à céder ce fonds si une
politique sérieuse est mise en place pour sauvegarder les archives
photographiques.
Comme si ce trafic ne suffisait pas, les oeuvres
photographiques sont aussi en proie à une dégradation.
1.3.2 La photographie, un patrimoine en
danger
Les éléments du patrimoine aussi importants les
uns que les autres du point de vue de l'histoire, de la science, de
l'éducation constituent un véritable problème de
conservation.
Les photographes africains, faute de moyens, travaillent avec
un matériel de plus en plus vétuste et des produits de
qualité douteuse. Outre les films couleurs bas de gamme diffusés
en Afrique de l'Ouest par les principales firmes internationales (Kodak, Agfa
et Konica), les films les moins chers (couleur et surtout noir et blanc ) qui
circulent sur le marché proviennent pour la plupart des pays de l'Est.
Tura, Orbi, Orwo (marque de l'ex-RDA) sont des marques de films diffusés
depuis l'époque de la guerre froide. Selon les photographes, la
qualité des produits photographiques noir et blanc a chuté.
`'Elégance photo'' à Parakou affirme, et il n'est pas le seul,
que `'les produits noir et blanc d'aujourd'hui ne sont pas bons''. Auparavant,
il avait l'habitude d'acheter des produits Agfa de meilleure qualité.
L'augmentation de la production entraîne une baisse de
la qualité et la diminution du choix : on ne trouve plus que des
films 100 ASA sur le marché, et pour le papier noir et blanc, surtout du
13x18 plastique de grade 1. Le reste est introuvable ou hors de prix. Quant aux
produits chimiques (révélateur et fixateur), ils se
présentent le plus souvent sous forme de poudre, pour certains,
fabriqués ou conditionnés au Nigeria. Cela mériterait une
enquête plus approfondie. Concernant le matériel, le modèle
d'agrandisseur noir et blanc le plus répandu reste le krokus 3 (marque
polonaise). A l'heure actuelle, les photographes conservent toujours ce
matériel vieilli dans leur chambre noire. L'appareil reflex 24x36 de
marque Zénith (russe) est plébiscité par les ambulants de
toute l'Afrique de l'Ouest : il est moins cher et plus simple
d'utilisation.
A travers ce rapide état des lieux, nous observons avec
inquiétude une baisse de la qualité des oeuvres photographiques.
Le problème est double : le niveau de savoir technique, de
même que la qualité des produits sont en baisse constante. Dans
les albums de famille, le constat est évident : les photographies
noir et blanc sont plus résistantes que celles en couleur prises
à partir des années 1980 qui ont toutes plus ou moins viré
au magenta , voire presque disparu de leur support. Le contexte
ouest-africain est alarmant, car le problème persiste, voire s'aggrave.
Malheureusement, seul le profit compte et non la qualité ; dans ce
contexte de crise, et pour les responsables de mini laboratoires et pour les
photographes ambulants qui bradent leurs clichés.
La photographie noir et blanc des années 1960-1970 se
conserve mieux que celle en couleurs des années 1980-1990. Les
photographes de studio inlassablement le répètent : rien ne
vaut le noir et blanc pour la conservation. La couleur requiert beaucoup plus
de précautions qui ne sont absolument pas respectées dans ce
contexte si fragile.
Outre le patrimoine de nature privée ou familiale, ce
sont les fonds photographiques noir et blanc eux-mêmes, les plus anciens,
qui sont menacés de disparition car devenus encombrants pour leurs
propriétaires. Ils sont soit détruits et jetés à la
poubelle par des photographes désespérés devant la
suprématie de la couleur et le règne des laboratoires ou
concédés au premier demandeur.
Il est urgent que des chercheurs se penchent de près
sur ce patrimoine très riche, avant qu'il ne disparaisse, emporté
par l'oubli ou la main peu scrupuleuse de quelques trafiquants d'art. En effet,
depuis quelques années, les archives des anciens studios sont devenues
l'une des cibles privilégiées de ces trafiquants, depuis que les
photographies de Seydou Kéïta ont fait le tour du monde et sont
cotées sur le marché de l'art.
En dehors de ces problèmes techniques que connaît
la photographie de nos jours, les photographes nous ont confié qu'ils
brûlent très souvent les oeuvres du fait qu'elles deviennent
parfois encombrantes. « J'ai brûlé plus de deux cartons
de négatifs et l'inondation en a apporté une quantité
énorme » nous a confié Mathias Abimbola, photographe
à Porto-Novo.
1.3.3 Lutte contre le trafic illicite des
biens culturels
L'accroissement du trafic des biens culturels prend une
ampleur grandissante au jour le jour et n'épargne aucune partie de la
planète. La perméabilité des frontières, les
conflits, la pauvreté et la misère, l'essor du marché de
l'art sont autant de facteurs qui expliquent pourquoi le trafic d'oeuvre d'art
se situe en seconde place après celui de la drogue.
Avant d'étudier l'efficacité des normes
internationales et des mesures nationales dans la lutte contre le trafic
illicite, il est important de savoir ce qu'est un bien culturel.
1.3.3.1 Notion de bien culturel
Les lois internationales de protection des biens culturels
entretiennent une confusion ou du moins ne donnent pas une définition
claire et exacte de bien culturel. Les hommes de la police, des douanes qui
sont impliqués dans cette lutte ont du mal à cerner ce qu'est un
bien culturel lors des fouilles au niveau de nos frontières.
La nécessité de donner une définition de
bien culturel a été perçue avec l'ampleur que prend le
trafic et il importe de clarifier un concept mal cerné. Le champ
d'application de biens culturels varie d'un pays à un autre car ils sont
le témoin de l'histoire, de l'identité d'une culture
donnée. En règle générale, on entend par bien
culturel tous les objets, aussi divers que variés, qui sont l'expression
d'une culture donnée et qui se distinguent par le fait qu'il n'en
existe pas beaucoup de semblables, parce qu'ils sont d'une facture artistique
supérieure ou que ce sont des échantillons exceptionnellement
représentatifs de la culture en question. On peut considérer
comme biens culturels aussi bien des objets d'art et d'artisanat que des
découvertes archéologiques, des édifices, de navires ou
des livres18(*).
L'UNESCO, dans le souci de permettre à chaque Etat de
pouvoir donner une définition concise et précise à la
notion de bien culturel, dans la Convention de 1970 en donne une
définition assez large qui sera reprise par chaque Etat suivant les
contextes nationaux. L'article 1er stipule : « aux
fins de la présente convention, sont considérés comme
biens culturels les biens qui, à titre religieux ou profane, sont
désignés par chaque Etat comme étant d'importance pour
l'archéologie, la préhistoire, l'histoire, la littérature,
l'art ou la science et qui appartiennent aux catégories suivantes :
(...)
j- archives, y compris les archives phonographiques,
photographiques, et cinématographiques ;
(...) ».
1.3.3.2. Dispositions légales
réglementaires de la lutte contre le trafic illicite des bien
culturels
L'UNESCO et UNIDROIT sont des institutions qui au plan
international s'investissent dans la protection des biens culturels et dans la
lutte contre le trafic illicite.
L'UNESCO dans sa mission d'institution culturelle, montre la
voie à suivre aux Etats membres quant à la protection de leurs
biens culturels. Elle y parvient par trois axes :
- favoriser l'échange d'information concernant la
sauvegarde du patrimoine culturel ;
- fournir une assistance pour certaines activités de
conservation ; et
- mener une action normative.
Pour aider les Etats à mettre en oeuvre cette
réglementation, l'UNESCO consciente des problèmes que chaque pays
surtout africain gère a essayé de définir certaines
actions. Entre autres, elle invite les pays à :
élaborer et adopter des textes législatifs
nationaux appropriés ;
établir un système national d'inventaire et une
liste des biens culturels protégés ;
promouvoir le développement ou la création
d'institution telles que les musées, les archives ;
mettre en place des services de protection ;
adopter des mesures éducatives afin d'éveiller
et de développer le respect du patrimoine culturel.
Au vu de ces dispositions prévues par l'UNESCO, quelles
sont les mesures prises par le Bénin en matière de lutte contre
le trafic illicite des biens culturels ?
Au Bénin, l'ordonnance N°35/PR/MENJS du
01er juin 1968 relative à la protection des biens culturels
constitue la seule force juridique.
« L'exportation hors du Dahomey des objets
classés est interdite », c'est dans ces termes que l'article
34 régularise l'exportation et le transfert illicites des biens
culturels au Bénin, éventuellement les archives
photographiques.
Egalement dans cette même logique de l'UNESCO, le
Bénin a mis sur pied des institutions chargées de la protection
des biens culturels, notamment la Direction du Patrimoine Culturel (DPC). A ce
titre, elle est chargée de l'inventaire, la protection, la conservation,
la restauration des sites, monuments anciens ou récents et la promotion
du patrimoine matériel et immatériel sur toute l'étendue
du territoire national ; de concevoir une stratégie en vue de
mettre fin à l'exploitation et au transfert illicite des biens culturels
et oeuvrer au retour des biens culturels exportés illicitement.
Malgré ces dispositions réglementaires, le
Bénin apparaît comme l'un des pays où le trafic des biens
culturels prend des proportions inquiétantes (cf. la carte du
marché international de l'art en annexe).
Les archives photographiques au Bénin :
localisation, évaluation et conservation
CHAPITRE II :
2.1 Identification et localisation
Les photographies anciennes qui constituent le patrimoine
visuel du Bénin sont réparties un peu partout sur le territoire
national. Nous avons essayé de repérer certains lieux que nous
avons visités pour avoir une idée plus claire de la situation.
Les photographes détiennent une plus grande partie qu'ils exploitent et
gèrent à leur manière. Dans les institutions de recherche
et les musées, les archives photographiques font partie également
de leur fonds. Nous verrons le traitement qui leur est réservé
dans ces différents lieux.
2.1.1 Lieux privés
professionnels : quelques anciens photographes
Dans la recherche des détenteurs des photographies,
nous avons exploré plusieurs terrains dont notamment les lieux
privés professionnels constitués en partie des photographes.
L'identification n'a pas été facile mais avec une
détermination à nulle autre pareille, nous sommes arrivé
à détecter les lieux possibles. Nous avons sillonné
notamment les villes de Porto-Novo, de Ouidah, de Cotonou et d'Abomey. Nous
essayerons de dresser une petite biographie de quelques-uns de photographes.
Nous prendrons en compte trois par ville.
2.1.1.1 Les photographes de
Porto-Novo
Nous avons identifié douze photographes (12) seulement
sept ont été contactés. Sans définir des
critères de sélection, nous feront la biographie de trois d'entre
eux.
Ù Edouard
MEHOMEY19(*)
Agent de la poste à Porto-Novo, Edouard MEHOMEY fut un
passionné de la photographie. Quand il sortait du travail les soirs et
même pendant les congés, il se consacrait à la photographie
jusqu'à abandonner son emploi. Après un certain temps, il pouvait
tenir un appareil photo, faire des prises de vue. Pendant son apprentissage, il
lui était interdit de se chausser car un apprenti ne pouvait pas le
faire derrière son patron. Nous n'avons pas pu avoir une
précision sur l'année d'obtention de son diplôme. Il ouvrit
son premier studio devant la Cathédrale Notre Dame de Porto-Novo, un
second au quartier Massé avant de rejoindre le site en face de
l'actuelle Direction Départementale des Enseignements Primaire et
Secondaire de Porto-Novo.
Avant d'être attaqué par la maladie, il initie
une de ses filles avec qui il s'était installé dans le studio
à côté du Musée Da-Silva. A 63 ans il paraissait
toujours jeune alors qu'il souffrait du diabète. Après plus d'un
mois passé à l'hôpital, ses paires de la ville lui ont
organisé une fête pour sa retraite. Ayant perdu la raison à
la suite de la mort d'une des filles en juillet 2003, il rendit l'âme un
mois après en Août 2003.
Ses oeuvres portaient sur le vodoun, les hommes, les
défilés nationaux, les cérémonies et fêtes
privées. Il était le seul photographe appelé à
couvrir les manifestations officielles à Porto- Novo et fut photographe
privé du Président Sourou Migan APITHY.
Rappelons que Edouard MEHOMEY était un mordu de la
photographie jusqu'à ces dernières heures. Il est marié
à trois femmes et père de dix huit enfants dont quatre ont
continué sur ses traces.
Ù Mathias
ABIMBOLA20(*)
Marié et père de sept enfants, Mathias ABIMBOLA
est né vers 1943. En 1957, il a passé le certificat
d'études primaires sans succès. A cause de sa formidable taille
qui lui valut le surnom « vieux », il a dû abandonner
les bancs pour partir en aventure de trois ans au Nigeria. De son retour, il
fut admis en apprentissage de photographie chez Martin KIKI de 1950 à
1959. Il a été engagé en 1959 par la Société
Dahoméenne de Cinématographie en tant que photographe. En 1973,
il a suivi un stage de six mois (6) sur la photographie en Belgique et d'autres
formations en Libye. Avant d'être admis à la retraite en 1990, il
été photographe du gouvernement.
En dehors des couvertures officielles, il s'occupait les
week-end à travailler pour les privés. Chrétien fervent,
il s'est associé avec ses amis qui aiment la photographie pour
créer une Organisation Non Gouvernementale dénommée Amen
dont il est le vice-président. Avec de belles initiatives, cette
structure à but non lucratif a pour objectifs entre autres de
pérenniser le métier de photographe, contribuer à la
formation des jeunes.
Ù DE-MESSE Zinsou Félix21(*)
Homme très sympathique, plein de souvenirs, DE-MESSE
vit seul dans une maison très calme sans le moindre bruit à
Porto-Novo. Passionné de la lecture, il n'a rien d'un homme
protocolaire. Partagé entre deux cultures, parce que né en
Côte d'Ivoire mais originaire du Bénin.
Né le 18 juillet 1929 à Abidjan, il a fait une
première partie de ses études primaires en Côte d'Ivoire
avant de revenir au Bénin où il n'a fréquenté que
pendant une année. En 1942, il obtint une bourse d'étude pour la
France où il s'inscrit au collège de Saint-Barbe à Paris.
Après les échecs au brevet et au baccalauréat, il a choisi
de passer un concours d'entrée à la Radio et la
Télévision de France. Il y a travaillé pendant plusieurs
années avant d'obtenir une autre bourse de formation dans une
école de Photographie et de Cinématographie. A la fin de sa
formation, il avait travaillé tout le temps en France avant de rentrer
au pays où il a pris sa retraite. Il a travaillé à
l'Information.
Ses oeuvres portent sur les danses rituelles, les folklores,
les statues, le paysage, bref tout ce qui est attrayant.
2.1.1.2 Les photographes de
Cotonou
Cotonou fut la capitale de la photographie au Bénin.
Quelques anciennes gloires y vivent aujourd'hui. Nous en avons identifié
sept (7) et tous ont été contactés. Quelques uns feront
l'objet de notre biographie.
Ù Dominique
ADJIWANOU22(*)
Né vers 1941 à Grand-Popo, après son
certificat d'études primaires obtenu en 1958, il a opté pour la
carrière de photographe. Ainsi, après l'obtention de son
diplôme de reporter photographe en 1964, il a travaillé comme
reporter libre dans plusieurs structures officielles comme : le Centre
Culturel Français, l'Ambassade d'Israël au Dahomey et la Loterie
Nationale du Dahomey.
Son doigté et sa passion pour la chose photographique
lui ont permis d'obtenir respectivement un prix pour sa participation au
concours organisé par l'Organisation Internationale du Travail (O.I.T)
lors de son cinquantenaire, et le premier prix du photographe professionnel
lors d'un concours organisé par le Centre Culturel Français en
1971. Ce prix de l'O.I.T lui a permis d'obtenir une bourse d'étude en
photographie en Allemagne Fédérale en 1972, sanctionnée en
1976 par une attestation équivalent au C.A.P plus un an de formation.
De retour d'Allemagne, il a été recruté
par l'Etablissement National d'Edition et de Presse (E.N.E.P) devenu Office
National d'Imprimerie et de Presse (O.N.I.P). Il jouit de ses droits à
la retraite depuis le 31 décembre 1996.
Son sérieux au travail et son talent lui ont valu le
poste de chef service de la section photographique au sein de l'office et un
détachement au Palais de la Présidence de la République de
1981 à 1985, où il a servi en qualité de photo-journalisme
au service de la presse et de la documentation.
Par ailleurs au plan international M. Dominique ADJIWANOU a
effectué plusieurs missions dans les pays de la sous-région, de
l'Europe, de l'Asie, de l'Amérique Latine et dans les pays
maghrébins pour couvrir des conférences et les visites
officielles.
Sa passion pour la photographie est telle qu'il pratique
toujours cette activité après son admission à la
retraite.
Son travail lui a même valu une décoration dans
l'ordre du mérite béninois.
Ù Siaka LAWANI23(*)
Né d'une famille polygame, il fut confronté
très tôt à des difficultés financières qui le
contraignent à abandonner les études en classe de
5ème. Après un passage dans le studio de son oncle,
studio Bel Ami, il choisit définitivement de faire carrière de
photographe chez Franck KIDJO, l'un des grands photographes de Cotonou. Il fut
admis en apprentissage de février 1963 au 27 février 1968. Il a
été photographe des Présidents APITHY, MAGA,
Général SOGLO et KEREKOU.
Brillant apprenti, son patron lui confia la destinée du
studio Photo Nouvelle. Avant de s'installer dans son studio Espérance
Photo, il a fait le tour du Ghana, Togo où il a rencontré des
grands photographes. Pendant ces sorties, il a appris beaucoup de choses. Il a
également fait des stages de formation en phot noir et blanc en France
(Lyon), en couleur à Grenoble, en maintenance à Grenoble et de
portraitiste à Lyon.
Il est le patron du studio Espérance Photo et a su
intégrer les technologies dans la formation qu'il donne aujourd'hui. Il
est l'actuel vice-président du G.P.I.B.
Ù Benoît
ADJOVI24(*)
De 1955 en février 1959, Benoît ADJOVI a suivi
une formation en photographie chez Justin TOMETY. Jusqu'en 1987, il travaillait
dans son studio Africa Photo. Avec l'avènement de la photo couleur, il
ferma son atelier car les jeunes ont assailli le marché et le noir et
blanc n'avait plus de valeur. Il fallait aller désormais vers les
clients pour avoir de petits marchés. Il fait des études
primaires jusqu'à l'obtention du certificat d'études primaires en
1953. Après avoir fait dix huit mois d'apprentissage dans un atelier de
forge, il décida de continuer en photographie car il était
fasciné par les oeuvres photographiques d'alors.
Père de onze enfants et marié à deux
femmes, Benoît ADJOVI vit actuellement en son domicile à Cotonou.
Il est le secrétaire du G.P.I.B.
Ses photographies portent sur les portraits d'hommes, les
reportages des cérémonies publiques et privées.
2.1.1.3 Les photographes de
Ouidah
Deux photographes ont été identifiés
à Ouidah. A notre descente sur le terrain le lundi 04 octobre 2004, nous
avons été informé de la mort de quelqu'un d'entre eux. Il
s'agissait de Léon AYEKONI. Nous avons essayé de prendre contact
avec la famille pour avoir des informations sur le disparu mais cela fut vain.
Les quelques-uns de ses amis qui le connaissaient ont estimé qu'ils ne
pouvaient pas donner des informations fiables sur lui. Nous savons quand
même qu'il a été formé par Sébastien MEHINTO
à Ouidah. Il était avec son patron de la vieille garde de
Ouidah.
Sébastien MEHINTO porte bien ses 66 ans bien
révolus. Marié à quatre femmes et père de plus de
vingt enfants, il a été initié à la photographie
par son grand-père Barthélemy MEHINTO. A la mort de ce dernier,
il fut admis chez Cosme DOSSA jusqu'en 1958. Basile ADJANOHOUN fut son dernier
patron chez qui il a reçu son diplôme de fin d'apprentissage. Il
était séduit par l'art de son grand-père, ce qui le poussa
à abandonner très tôt les classes. Il vit encore de son
travail et a initié un de ses enfants à qui il compte passer le
flambeau.
Il est l'auteur de plusieurs oeuvres qui portent sur le
vodoun, les manifestations publiques à Ouidah, les manifestations
privées et les photos de studio.
2.1.2 Les institutions publiques de
conservation des photographies
Aucune institution au Bénin n'a pour activité
principale la conservation des photographies. Certes il y en a certaines qui
dans leur fonctionnement ou dans leur fonds documentaire disposent d'une
importante masse photographique. Ce sont la Direction des Archives Nationales
(DAN), le Centre Béninois pour la Recherche Scientifique et Technique (
CBRST), l'Office Nationale d'Imprimerie et de Presse (ONIP) et les
musées.
2.1.2.1 La Direction des Archives
Nationales
Par décision, le gouverneur général
William PONTY crée les Archives Nationales. Logée dans le
bâtiment à côté de l'actuel siège de la
Cellule de Moralisation de la Vie Publique, la direction a depuis quelques
années intégré les nouveaux bureaux plus ou moins
conformes aux normes au quartier Ouando dans le cinquième arrondissement
de Porto-Novo. Elle a connu plusieurs tutelles avant d'être aujourd'hui
sous la tutelle de la Présidence de la République et ce depuis
1990.
Ses attributions, son fonctionnement et son organisation sont
régis par le décret 90-384 du 4 décembre 1990. En son
article 1er, les « Archives Nationales sont une direction
technique de l'Etat, compétente pour toutes les questions d'archives en
République du Bénin.... »
Elle est composée des services centraux et des services
extérieurs que sont les directions départementales et communales.
Son fonds documentaire est constitué des documents écrits, non
écrits, le produit des collectes orales, les documents audiovisuels, les
documents des services publics, semi-publics et privés.
Elle a pour missions de collecter, conserver, trier, classer,
inventorier et communiquer les documents dont elle a la charge dans les
conditions définies. Elle joue de ce fait le rôle de service
administratif, de service dépositaire des matériaux historiques,
de service vulgarisateur de la mémoire collective.
Elle est dirigée par un Directeur nommé en
conseil des ministres. L'actuelle Directrice est Madame Elise PARAISO.
2.1.2.2 Le Centre
Béninois pour la Recherche Scientifique
Direction technique du Ministère de l'enseignement
supérieur et de la recherche scientifique, le CBRST est
l'héritier de l'IFAN et de l'IRAD. Au départ la métropole
avait créé dans chaque colonie l'IFAN dont le pôle central
se trouvait à Dakar. Celui du Dahomey était créé
à Porto-Novo en 1942. Au lendemain des indépendances en 1960,
l'IRAD remplaça l'IFAN pour la gestion du fonds documentaire. Mais en
1975 tous les documents relatifs à l'histoire du Dahomey furent
cédés pour la création de la Bibliothèque
Nationale.
Avec le transfert des services à Cotonou, quelques
agents seulement vont rester à Porto-Novo pour la gestion de
bibliothèque et de la photothèque. Une grande salle au rez de
chaussée abrite la salle de consultation de la bibliothèque. La
particularité de ce centre est qu'il offre à ses usagers un fonds
très riche et ancien. La bibliothèque compte environ 7.000
ouvrages, 110 cartes et 4 gravures murales.
La réserve d'ouvrages à côté de la
salle informatique sert en même temps de photothèque. C'est une
grande salle de 73,66m2 où sont gardées les photos.
Le bâtiment du CBRST fait face dans sa partie orientale
au jardin de l'Assemblée Nationale. Le centre sert d'unité
d'appoint à la Direction pour la Recherche Scientifique et Technique. La
collection du centre n'est constituée que de positifs essentiellement en
noir et blanc. Les principaux auteurs sont : Pierre VERGER, A. COCHETEUX,
G. LABITE, Clément Da CRUZ, J. LOMBARD. Les formats sont de 9/13 et
13/18. Les thèmes abordés portent généralement sur
les divinités, les religions importées, les figures et portraits,
moyens de transports, l'architecture afro-brésilienne et autochtone,
traditions populaires du pays, les rois et dignitaires d'Abomey. Ce fonds est
constitué entre 1942 et 1954.
2.1.2.3 L'Office National d'Imprimerie
et de Presse
C'est l'institution qui abrite le journal national `'La
Nation''. Dans son fonctionnement, l'institution produit des photographies qui
constituent une grande partie de son fonds documentaire. Ayant
été identifié, nous avons entrepris des démarches
à l'endroit des autorités pour avoir l'autorisation de
travailler. Après moult tractations, l'autorisation nous a
été accordée mais dans la phase pratique nous
étions confronté à plusieurs problèmes
administratifs. Nous avons donc abandonné espérant que d'autres
travaux de recherche pourront prendre en compte ce centre dont l'importance du
fonds photographique est assez enrichissante pour des recherches.
Selon les informations, le fonds serait constitué
essentiellement des photographies des autorités politiques, des
manifestations publiques, de quelques activités à
caractère social telles que les marches des syndicats, les scènes
de marché. Bref toutes les photographies qui servent à illustrer
le journal. Elles sont sous la responsabilité d'un documentaliste qui
garde le centre de documentation et les archives.
2.1.2.4 Les
musées
Tous les musées implantés sur le territoire
béninois disposent dans leurs collections des photographies. Ces
photographies sont généralement prises pour les objets en cas de
perte ou de destruction. Elles permettent de garder une image des objets se
trouvant au musée et servent à constituer les albums.
L'importance des fonds photographiques varient d'un musée à un
autre. Ces fonds sont constitués pour la plupart par l'IFAN et ne sont
pas actualisés par les gestionnaires des musées. Il est donc
impossible de voir de façon exhaustive les photographies de tous les
objets de la collection des musées. Nous avons travaillé
essentiellement sur le musée ethnographique Alexandre Sènou
ADANDE. Excepté ce musée dans lequel l'accès nous a
été relativement facile tous les autres n'ont pas
été très favorable ou du moins dans le délai qu'on
aurait voulu. Aussi faut-il remarquer que le musée ADANDE est
gardé par Madame Colette GOUNOU, membre du réseau des
professionnels des photo-archivistes du WAMP dans lequel elle
représente le Bénin. Donc nous avons estimé que les
archives photographiques de ce musée seraient conservées dans des
normes un peu plus acceptables. Nous aurions bien voulu aller visiter les
musées implantés dans le nord du Bénin mais les
autorités de la DPC nous ont confié que ces musées sont en
reconstruction, donc ne disposent pas encore un fonds photographique assez
riche pour susciter des recherches.
Le musée ethnographique Alexandre Sènou ADANDE a
ouvert officiellement ses portes le 29 juin 1966 sous la dénomination de
musée ethnographique de Porto-Novo avant d'être rebaptisé
le 28 août 1993 en l'honneur de cette personnalité qui a
oeuvré pour la protection du patrimoine culturel national. Il est
implanté dans un ancien bâtiment de type colonial construit en
1922 situé entre l'école urbaine centre et le tribunal de
première instance de Porto-Novo. Comme tout musée, il a pour
missions de conserver, de préserver le patrimoine des ethnies du
Bénin, de participer à une éducation du public et offrir
des possibilités de recherche aux chercheurs.
2.1.3 Quelques lieux privés
particuliers
Les lieux privés sont des endroits potentiels des
archives photographiques. Nous avons identifié des personnalités
politiques, des leaders d'associations et des regroupements syndicaux, des
familles. A cet effet, nous avons choisi de nous intéresser aux archives
personnelles de certains grandes personnalités du monde politique et
intellectuel de même que des familles. Il y a par exemple Alexandre
ADANDE, Paul HAZOUME, le Président Emile Derlin ZINSOU et la famille De
SOUZA. A part les héritiers de Alexandre ADANDE qui ont accepté
collaborer pour le travail et le cas de la famille Hazoumè dont nous
n'avons pas retrouvé les traces, les autres ne comprenant pas le
bien-fondé du travail ont refusé catégoriquement de
collaborer. Mais il fallait réorganiser d'abord les archives de la
famille ADANDE avant de pouvoir disposer d'informations utiles. Avec les
contraintes liées au temps, nous ne pouvions que constater et
espérer que des chantiers de recherche soient ouverts pour faire le
point des archives photographiques à ce niveau.
2.2. Evaluation des fonds
photographiques
Cette opération d'évaluation consiste à
quantifier les fonds disponibles au niveau de tous les détenteurs de
photographies. Elle nous permettra de faire le point sur la quantité de
photographies disponibles pour montrer l'urgence de mettre en valeur ce
patrimoine qui subit une dégradation affreuse.
2.2.1 Au niveau des
photographes
Nous avons choisi pour donner beaucoup plus de
visibilité au travail de présenter cette partie sous forme de
tableau à quatre colonnes qui donnent l'identité, l'adresse, les
sujets abordés et l'évaluation des photographies. Elle se
présente comme suit :
Identité
|
Localisation
|
Sujets abordés
|
Evaluation
|
Edouard MEHOMEY
|
Porto-Novo
|
- Vodoun, portraits, défilé national à
Porto-Novo, manifestations privées.
|
Plus de 35 boîtes évaluées à plus
de 1000 négatifs et quelques positifs
|
Mathias ABIMBOLA
|
Porto-Novo
|
- Photographe officiel, personnalités politiques
(surtout les présidents), manifestations privées.
|
Fonds évalué à plus de 2000
négatifs dans des cartons et grands sacs et quelques positifs.
|
DE-MESSE Zinsou Félix
|
Porto-Novo
|
- Photographe officiel, personnalités
politico-administratives, nature, manifestations privées.
|
Près de 700 négatifs gardés dans des
boîtes et plus de 37 positifs.
|
Blaise AMEGAH
|
Porto-Novo
|
- Professeur de collège mais passionné de la
photographie, spécialiste des photos de cartes voeux, photos de
famille.
|
Des albums des photos de famille privées et quelques
négatifs.
|
Cosme DOSSA
|
Porto-Novo
|
- Vodoun, portraits, manifestations publiques,
privées.
|
Plus de 2000 négatifs dans des cartons et quelques
positifs.
|
Moise AGBODJELOU
(décédé)
|
Porto-Novo
|
- Manifestations publiques, privées,
cérémonies rituelles.
|
plus de 3000 négatifs et quelques positifs.
|
Jean MEHINTO
|
Porto-Novo
|
-
|
|
Jean DOTONOU
|
Porto-Novo
|
En voyage pour des raisons de santé.
|
-
|
Pascal ABIKANLOU
|
Sèmè- kpodji
|
- Photo-cinéaste, plusieurs réalisations de
films et de photographies.
|
Un fonds photographique assez important.
|
Dominique ADJIWANOU
|
Godomey (Cotonou)
|
- Photographe officiel, négatifs de
personnalités politiques, manifestations publiques et
cérémonies privées.
|
Près de 500 négatifs et quelques positifs.
|
Siaka LAWANI
|
Sikècodji (Cotonou)
|
- Personnalités politiques, privées, nature,
photos de studio.
|
Il rendait les négatifs quand il livrait les travaux
aux clients.
|
Benoît ADJOVI
|
Sikècodji (Cotonou)
|
- Portraits, cérémonies publiques,
privées, paysage.
|
Des cartons de négatifs évalués à
plus de 3000 négatifs et quelques positifs.
|
Pascal RODRIGUEZ
|
Houéyiho (Cotonou)
|
- Photographe officiel, négatifs des
personnalités politiques, manifestations privées, photos de
studio.
|
Plus de 1000 négatifs.
|
Franck KIDJO
|
Cotonou et Ouidah
|
-
|
-
|
Léon AYEKONI
(décédé)
|
Ouidah
|
-
|
-
|
Sébastien MEHINTO
|
Ouidah
|
- Vodoun, manifestations officielles à Ouidah,
cérémonies privées, danses rituelles, nature.
|
Plus de 300 négatifs et quelques positifs.
|
Félicien RODRIGUEZ
|
Bohicon
|
- manifestations publiques et privées, rituelles et
paysage.
|
Plus de 500 négatifs.
|
Certains photographes ont été identifiés
mais pour des raisons diverses nous n'avons pas pu établir cette base de
données avec leurs informations. C'est le cas de Jean MEHINTO qui est un
ancien incontournable dans la photographie mais il revenait d'un voyage quand
nous bouclions ce travail. Pourtant il a donné son accord de principe
pour collaborer dans le futur. Il en est de même pour Jean DOTONOU qui
après notre première rencontre est parti pour l'Europe pour des
raisons de santé.
Egalement le doyen Franck KIDJO avec qui nous avons eu les
premiers contacts est devenu rare et a même fermé son studio sis
à Saint-Michel à Cotonou. Selon nos sources d'information il
serait à Ouidah.
Nous continuons les négociations avec la famille de
Léon AYEKONI qui est décédé après avoir
donné son accord pour ce travail. A la suite de l'annonce de la nouvelle
nous avons essayé de rencontrer la famille pour leur expliquer la
relation qu'il y a entre nous mais pour le moment cela n'a pas encore
abouti.
Malgré la vente des négatifs et des positifs,
nous avons pu faire cette évaluation qui nous paraît assez
expressive. Il faut donc très tôt prendre en compte la
valorisation de ces photographies avant que les trafiquants ne
débarquent une autre fois.
Signalons au passage que tous ces négatifs ou positifs
sont en noir et blanc.
2.2.2 Au niveau des institutions
publiques
L'évaluation au niveau des institutions publiques se
fera aussi sous forme de tableau à quatre colonnes. Nous ferons le point
des institutions qui ont dans leur fonds documentaire des photographies
qu'elles conservent. De même nous ferons le point de la situation au
niveau de quelques musées. Exceptées la D.A.N et l'O.N.I.P, les
autres institutions ont des fonds clos.
Les résultats se présentent comme suit :
Nom de l'institution
|
Localisation
|
Sujets abordés
|
Evaluation
|
Direction des Archives Nationales
|
Porto-Novo
(Ouando)
|
- Art, histoire, ethnographie, architecture, manifestations
publiques, vie politique, religion, paysage, scènes de marché.
|
Plus de 1500 négatifs et positifs en noir blanc et
couleur.
|
C.B.R.S.T
|
Porto-Novo
(Oganla)
|
- Histoire, architecture, administration, religion,
ethnographie, musicologie, politique.
|
Environ 2500 positifs en noir et blanc.
|
O.N.I.P
|
Cotonou (Cadjèhoun)
|
- Personnalités politiques, cérémonies
officielles, évènements sociaux
|
-
|
Musée ethnographique ADANDE
|
Porto-Novo (Oganla)
|
- Art, archéologie, histoire, ethnographie,
ethnologie, manifestations publiques, architecture, cérémonies
religieuses, chasse.
|
Environ 1200 négatifs et positifs en noir blanc et
couleur.
|
Musée Honmè
|
Porto-Novo
|
- Histoire, ethnographie, architecture,
cérémonies religieuses et publiques.
|
Environ 1500 négatifs et positifs en noir blanc et
couleur
|
2.2.3 Au niveau des lieux privés
particuliers
Puisque nous n'avons pas eu accès aux lieux que nous
avons identifiés, nous ne sommes pas en mesure de faire une
évaluation des archives photographiques au niveau des lieux
privés particuliers. Mais une chose est certaine c'est qu'il existe des
photographies intéressantes pour l'histoire de certaines
personnalités que toutes les générations n'ont pas connu,
l'histoire des familles dont la célébrité n'est pas
à discuter et l'histoire nationale.
2.3 Etat de conservation des archives
photographiques
La pratique archivistique n'est la chose la mieux
partagée au Bénin. Ainsi il est fréquent de voir dans les
administrations publiques et privées des documents importants
négligés et laissés aux bons soins des rongeurs et des
intempéries de climat.
Les archives photographiques n'échappent pas à
ce triste constat qui entre progressivement dans nos habitudes. Elles subissent
un sort plus grave et dramatique que les documents écrits.
Le point sur leur état de conservation dans les
circuits publics et privés que nous avons sillonnés lors de nos
travaux en dira assez.
2.3.1. Au niveau des
photographes
`'Les photographes sont formés pour les prises de vue.
La conservation n'est pas de leur ressort. Néanmoins, ils ont grand
intérêt à avoir une petite idée sur la conservation
des négatifs et des positifs'' nous a confié un des photographes
avec qui nous avons travaillé.
Malgré ce déséquilibre dans leur
formation, ils reconnaissent tout de même qu'ils doivent faire un petit
effort pour bien garder leurs chefs-d'oeuvre. Ainsi, ils disposent tous des
boîtes dans lesquelles ils conservent les négatifs. Cette
manière de conservation ne garantit en rien la durabilité des
négatifs. Le seul avantage est que les négatifs noir et blanc
sont beaucoup plus faciles à conserver. Ils ne se
détériorent pas comme les négatifs couleur. Mais cela ne
doit pas justifier le fait que ces chefs-d'oeuvre ne soient pas
conservés dans de bonnes conditions. La conservation des photographies
requiert un certain nombre de garantie qui doit permettre leur
pérennité. Avec des moyens dérisoires, les photographes
consacrent encore un peu de leur temps à dépoussiérer
quelques fois leurs oeuvres par amour pour ce qu'ils ont fait. Lors de nos
enquêtes, nous avons constaté qu'aucune norme n'est
respectée dans la conservation. Comme nous l'avions souligné, les
négatifs sont conservés dans des boîtes de pellicules ou
de petits cartons qu'ils ont eu dans les laboratoires de développement.
Certains à défaut de ces boîtes ou cartons utilisent des
sacs de maïs parce que dépassés par la masse des
négatifs. D'autres les gardent dans des armoires de fortune.
En somme, les photographes font un effort de conservation des
négatifs et des positifs qui sont sous leur responsabilité. Cet
état de chose n'est pas sans conséquence négative. Les
négatifs sont collés et se détériorent au jour le
jour. D'où la proposition de prendre en charge ces photographes pour
sauver leurs fonds qui non seulement sont déjà en proie au trafic
illicite des biens culturels mais aussi se dégradent sous l'effet de la
mauvaise conservation.
2.3.2 Au niveau des institutions
publiques
La situation n'est pas plus reluisante au niveau des
institutions publiques. Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, les
archives en général sont dans un état déplorable et
leur conservation laisse à désirer. Plus de la moitié de
ceux que nous avons questionné sont allés dans ce sens.
La Direction des Archives Nationales qui est l'organe
compétent en matière de gestion des archives fait un effort de
conservation. Dans son fonds documentaire elle compte quelques photographies.
Elles sont conservées dans des boîtes d'archives disposées
sur des rayonnages dans les magasins. D'autres sont encadrées et
exposées dans une salle réservée à cet effet.
Toutefois, le traitement qui leur est réservé n'est pas celui qui
aurait été fait vu l'importance qu'elles revêtent pour la
science, l'histoire, l'éducation et la gestion de la prospective.
Les quelques passages que nous avons eus pendant les premiers
jours de notre recherche, nous permet d'affirmer que les photographies sont
plus ou moins mieux conservées à l'ONIP qu'ailleurs. Elles sont
gardées dans une salle d'environs 16 m2 entièrement
climatisée. Elles sont rangées dans des boîtes et du papier
kraft. Leur conservation permet à court sûr de les utiliser pour
illustrer les journaux. Certes il importe à nos yeux qu'un travail
beaucoup plus sérieux soit fait pour garantir leur conservation à
long terme.
Du côté du C.B.R.S.T, la confiance
accordée aux usagers a été retirée car ces derniers
ne respectent pas les conditions de prêt et de reproduction. De ce fait
nous avons été aussi frappé par cette règle
malgré nos différentes lettres de recherche dûment
signées. Cela ne nous a pas permis de constater de visu le traitement
qui est fait des archives photographiques. Mais si nous devons nous contenter
d'un travail qui a été fait par Mademoiselle Fatima FALL en 1997
dans le cadre du 8ème cours universitaire international
PREMA, nous pouvons affirmer que les conditions de conservation des archives
photographiques dans ce centre doit faire réfléchir
énormément. On note sur les photos agrafées sur les
fiches une corrosion active du métal sur le papier faisant
disparaître progressivement l'image (nous l'avons aussi remarqué
en tant que simple usager du centre en consultation des photos). Les
installations électriques défectueuses et les infiltrations d'eau
de pluie à divers endroits de la toiture exposent la collection à
un réel danger. Mais les autorités nous ont confirmé
qu'après ce travail de recherche, le centre a reçu une subvention
qui lui a permis de restaurer la photothèque et d'adapter la
conservation des photos aux normes.
Les musées conservent généralement leur
fonds photographique dans des fichiers rangés dans des armoires. Ce mode
de conservation propre aux musées ne garantit pas la parfaite
conservation des photos. Aucune norme n'est respectée et les
responsables se disent préoccupés par les collections et non les
photos. Egalement à ce niveau il nous paraît indispensable de
revoir cette méthode pour pouvoir garantir une survie aux collections
photographiques qui constituent une arme nécessaire pour la
sécurisation des objets des musées.
2.3.3 Au niveau des lieux privés
particuliers
Comme nous l'avons signalé précédemment,
l'accès à ces lieux n'était pas possible. Nous ne sommes
donc pas en mesure de décrire l'état de conservation des archives
photographiques. Mais après tous les autres lieux que nous avons
visités, nous ne pouvons pas quand même attendre mieux des
personnes privées.
Importance patrimoniale des archives photographiques au
Bénin
CHAPITRE III :
3.1 Intérêt des fonds
photographiques
Comme tout document d'archives, les photographies sont
indispensables dans la connaissance et la maîtrise de l'information et de
l'histoire. Son caractère graphique lui donne une autre dimension que
les documents écrits n'ont pas. Elles sont donc utiles pour la recherche
historique, scientifique et pour la gestion de la prospective. Mais avant de
montrer cet intérêt des fonds photographiques, il est important de
donner une brève définition des archives.
Les profanes considèrent les archives comme de vieux
documents poussiéreux sans utilité.
Considérées comme des supports d'accumulation du
savoir, les archives deviennent importantes et occupent une place de choix dans
les activités humaines. Plusieurs tentatives de définition seront
données pour limiter les contradictions.
Ainsi pour Jean FAVIER, « les archives sont
l'ensemble des documents reçus ou constitués par une personne
physique ou morale, ou par un organisme public ou privé,
résultant de leur activité, organisés en
conséquence de celui-ci et conservés en vue d'une utilisation
ultérieure ».
Lé décret N°90-384 du 04 décembre
1990 portant attributions, organisation et fonctionnement des Archives
Nationales en République du Bénin, définit en son article
2 les archives comme « l'ensemble des documents, quels qu'en
soient la nature, la date, la forme et le support matériel
élaborés ou reçus par un organisme public ou privé,
dans le cadre de son activité, documents organisés en fonction de
celle-ci et conservés à des fins administratives, culturelles et
scientifiques ».
3.1.1 Intérêt des fonds
photographiques pour la recherche scientifique
La science est la connaissance exacte et approfondie qu'on a
de quelque chose25(*). De
ce fait, tous les travaux de recherche scientifique ont besoin d'arguments
solides, de preuves palpables et tangibles. La photographie en plus de son
caractère de document d'information, est visuelle, donc atteste les
faits.
Les archives photographiques sont un outil indispensable pour
la recherche scientifique ; et ceci dans tous les secteurs. Il importe de
signaler que les champs de la science et des techniques augmentent sans cesse
et il se produit une extension des savoirs. Ceci entraîne
forcément une croissance de la recherche.
De ce fait, la communauté scientifique doit être
au courant de ce qui a été fait afin de coordonner les travaux.
En effet, la recherche devient scientifique dès lors qu'elle se
base sur la rigueur, l'exigence, l'objectivité. La recherche doit donc
montrer avec exactitude la réalité, donner les réponses
à tel ou tel problème. Elle doit fournir les
éléments qui permettent de vérifier les hypothèses
énoncées. Autrement dit, la recherche doit fournir de preuves.
Dans ce sens, le rôle des archives dans la recherche
scientifique n'est plus à démontrer car elles ont non seulement
une valeur de témoignage mais également d'information.
L'information contenue dans les archives constitue un trésor
inestimable. Ainsi, toutes les sciences humaines et sociales ont recours aux
archives. Il en est de même des sciences exactes.
3.1.2 Intérêt des fonds
photographiques pour la recherche historique
Les archives constituent le grenier de l'histoire car les
documents sont produits dans tous les domaines. Elles sont conservées et
servent d'outil pour les chercheurs et les historiens. L'histoire est aussi une
partie du passé qui est connue à travers des documents
écrits et iconographiques. Elle s'élabore à l'aide des
archives. Ces dernières sont constituées au jour le jour, au fur
et à mesure du déroulement d'une activité.
Les archives définies comme l'ensemble des documents
réunis, organisés et conservés en raison de leur valeur de
preuve ou d'information, constituent une documentation importante pour
l'histoire. Elles sont donc des sources d'information indispensable pour
l'historien. Ce dernier a pour rôle de reconstituer le passé
politique, économique, social et culturel des sociétés.
Pour y parvenir, il doit disposer des informations fiables. L'historien a
souvent recours à la tradition orale « à des
matériaux divers comme les monuments, les oeuvres d'art, les vestiges
mis à jour par les fouilles archéologiques ou encore
photographiques »26(*). L'historien a donc besoin des archives qui sont
des sources d'information authentiques pour éviter des erreurs et
prouver davantage la scientificité de l'histoire. Ceci est très
important car comme l'a signalé Fustel de Coulanges :
« l'histoire est une science, elle n'imagine pas, elle voit
seulement..., elle consiste comme toutes les sciences à constater les
faits, à les analyser, à les rapprocher, à en marquer le
lien... L'historien recherche et atteint les faits par observation des textes
comme le chimiste trouve les siens dans les expériences minutieusement
contrôlées ».
L'historien doit donc procéder par hypothèse,
à la recherche documentaire de la preuve. Sa méthode consiste
à établir l'authenticité du document, à
s'interroger sur la valeur du document. Ce qui permet de faire après la
synthèse historique. Il va sans dire que « l'histoire se
fait avec des documents ».27(*)
3.1.3 Archives photographiques et gestion de la
prospective
La prospective est l'ensemble de recherches concernant
l'évolution future de l'humanité et permettant de dégager
des éléments de prévision.28(*) Elle entre en ligne de compte pour le bon
fonctionnement des entreprises, d'une administration, de l'éducation et
d'une Nation. La prospérité des entreprises et des
administrations dépend en partie d'une meilleure circulation de
l'information et de sa maîtrise. C'est à juste titre que
François JACOB dans son ouvrage "La logique du vivant" a
écrit : « Dans un système organisé, ce sont
les échanges, non seulement de matières et d'énergies mais
d'information qui unissent les éléments ».29(*) Cette information
indispensable au fonctionnement des administrations est
générée par les archives.
En effet, les archives photographiques représentent la
mémoire visuelle de toute l'administration et permettent aux citoyens de
puiser dans les expériences passées pour mieux planifier
l'avenir. Elles sont un organe essentiel de l'administration en lui permettant
de gagner du temps dans la gestion et d'éviter des investissements
superflus. C'est pour cette raison que l'archiviste Karoly KECSKEMETTI disait
ceci : « En créant des structures administratives et
en organisant la gestion rationnelle des documents, l'Etat réduit les
frais généraux de son propre fonctionnement ; bref les
investissements archivistiques sont rentables »30(*). Elles constituent un
pouvoir de décision en ce sens que les Etats ont besoin de se reporter
fréquemment aux documents écrits et photographiques produits dans
le passé pour s'assurer des décisions prises
antérieurement afin de mieux conduire les affaires du présent.
« La conservation des archives répond
à un triple intérêt :
la gestion courante du service : disposer en
permanence des informations utiles à son activité ;
la justification des droits et obligations des personnes
physiques et morales, publiques ou privées : conserver les preuves
en cas de contestation ;
la sauvegarde de la mémoire : constituer les
matériaux de l'histoire »31(*).
Ceci est très important en raison des
différentes mutations du personnel d'une administration, l'Etat ne peut
plus compter sur la mémoire personnelle mais sur la mémoire
institutionnelle représentée par les archives qu'elles soient
écrites ou photographiques.
L'éducation n'est pas épargnée. En effet,
le service éducatif s'adresse aux enseignants et élèves et
permet de présenter des documents qui rendent vivants les enseignements
donnés. L'enseignant est l'intermédiaire entre l'enseignement et
les archives. Dans le service éducatif, son rôle est de choisir
les documents d'archives en fonction de son cours et de préparer les
publications aux élèves. Les archives photographiques jouent un
rôle pédagogique dans la formation des élèves par
leur contribution à la culture documentaire. Aussi l'enseignement de
l'histoire entraîne-t-il quelques fois le contact direct des
élèves avec les documents à travers les expositions, les
visites guidées. Cette méthode consiste donc à leur
montrer les papiers originaux, les images, les gravures et tableaux relatifs
à un événement. Quelle image la jeune
génération aurait-elle aujourd'hui sans les traces de la
photographie ? Les élèves pourront-ils croire à tout
le verbiage sans la présence des photographies ?
Il va sans dire que « les archives de l'Etat
constituent le moyen indispensable de l'administration, d'une
collectivité. Elles expriment et permettent à la fois la gestion
de l'Etat, tout comme elles renferment les replis de l'histoire de
l'humanité ; de ce fait elles sont utiles aussi bien au chercheur
qu'à l'administration. Secrètes ou publiques, elles
représentent un patrimoine ou un bien public dont l'Etat assure
généralement l'inaliénabilité,
l'imprescriptibilité »32(*).
3.2 Les données des
enquêtes
3.2.1 Objectifs et approches
3.2.1.1 Objectifs
Pour la collecte des informations indispensables à la
rédaction de ce travail de recherche, nous avons en plus de la revue de
la littérature, organisé des enquêtes des terrain. Les
objectifs poursuivis sont :
compléter et confronter es informations contenues dans
les documents. Ceci se justifie par le fait que les documents ne donnent pas
toujours l'information dont on a besoin.
recueillir les avis des `'hommes de terrain'' par rapport au
sujet abordé. L'enquêteur ne détient pas seul tous les
contours de son thème de recherche. Cela nous permet aussi de faire une
comparaison de ce qu'il connaît et ce que les autres pensent du
thème de recherche. Il est indispensable pour la critique du
thème,
appréhender une idée de l'intérêt
que suscite le travail de recherche. Tout travail de recherche a pour
finalité de répondre à un manque, de donner des
réponses à des questions longtemps posées. Dans ce sens il
doit intéresser le public auquel il est destiné.
s'assurer de l'utilité et de l'usage du produit fini de
la recherche.
Les enquêtes de terrain sont indispensables pour un
travail de recherche.
3.2.1.2
Approches
La démarche utilisée pour atteindre ces
objectifs est celle que tout chercheur doit adopter pour mener son travail de
recherche. Ainsi, pour notre cas précis, nous avons dans un premier
temps élaboré des questionnaires et des guides d'entretien.
Dans un deuxième temps, il fallait administrer ces
questionnaires c'est-à- dire assurer leur distribution aux cibles
retenues, et aller à la rencontre des personnes à interviewer.
Dans un troisième temps il fallait s'assurer que toutes
les personnes questionnées ont réellement répondu et
retourné le questionnaire. Ce qui implique le dépouillement et
l'analyse des données d'enquêtes.
3.2.2 Typologie des enquêtes et
cibles
3.2.2.1 Typologie
La méthodologie de recherche s'est appuyée sur
une série d'enquêtes orales et écrites. Les enquêtes
orales sont en fait des interviews avec des personnes-ressources pour tirer un
maximum d'informations. Ces enquêtes ont été
réalisées grâce à des enregistreurs. Après
avoir identifié la personne et un rendez-vous pris, nous
élaborons un guide d'entretien nous permettant d'obtenir des
éclaircissements sur des questions précises. Toutefois,
l'enquêté peut refuser que sa conversation ne soit
enregistrée. Une fois l'opération terminée, il faut
réécouter la cassette pour la transcription.
Quant aux enquêtes écrites, elles sont
constituées de questionnaires adressés à un public cible
pour avoir des informations. Ce questionnaire est rédigé en
français et de manière à ne pas embarrasser les
enquêtés et ne pas trop les soumettre à des questions
difficiles qui tendent à jauger leur niveau intellectuel (cf.
questionnaire en annexe). C'est un questionnaire qui non seulement nous permet
de lire le profil de l'enquêté à travers les
réponses mais aussi de nous donner des bases solides pour asseoir notre
raisonnement. Il est composé d'une série de questions auxquelles
il n'est pas fait obligation à l'enquêté de
répondre.
A ces enquêtes orales et écrites, se sont
ajoutées des descentes sur le terrain pour constater de visu
l'état dans lequel se trouvent les archives photographiques. Dans le cas
d'espèce, nous demandons à voir l'état de conservation des
photographies en dépôt chez les photographes et dans les
institutions sillonnées. Cette démarche nous a tout de même
permis de nous faire une idée claire et nette sur la situation des
photographies aujourd'hui au Bénin.
3.2.2.2 Cibles
La recherche est profitable à tout le monde et
répond à un besoin précis, mais tout le monde n'est pas
disposé à fournir des informations préalables lors des
recherches. Ainsi, pour atteindre les objectifs qu'on s'est fixés en
abordant ce travail de recherche, il fallait choisir un public cible
susceptible de nous apporter des informations complémentaires. Dans le
cadre de notre travail de recherche, nous avons ciblé trois
catégories de publics :
Les professionnels d'images que
sont les photographes,
Les gestionnaires du patrimoine
et
Les usagers des centres de
recherche
2 Les photographes
Inévitablement, les photographes sont les premiers
hommes concernés par ce travail car ils ont consacré toute leur
vie à ce métier et sont aujourd'hui les dépositaires de
la majorité des photographies, patrimoine national. Mais à part
notre volonté de réfléchir sur ce thème, cela ne
serait possible que s'ils ne donnent leur accord. Par les questionnaires qui
leur ont été donnés et les entretiens que nous avons eus,
nous avons suscité leur adhésion. Nous avons pu tirer le maximum
d'eux et ils ont donné leur opinion par rapport au travail que nous
faisons. Ce point de vue était nécessaire et est pris en compte
dans les suggestions que nous avons formulées. La collaboration a
été franche et enrichissante (cf. questionnaire N°2).
2 Les gestionnaires du patrimoine
Les archives en général et les photographiques
en particulier font partie du patrimoine de chaque pays. Sa gestion
relève des spécialistes qui ont reçu à cet effet
une formation adéquate. On ne saurait traiter des archives
photographiques sans intégrer l'avis des spécialistes
déjà sur le terrain. Malgré leur effectif réduit,
ils abattent certes un travail louable que nous voulons suivre en abordant ce
thème. Ils disposent d'armes nécessaires pour nous
édifier, consolider nos idées et nous orienter dans la recherche.
Qu'ils soient identifiés dans les institutions publiques ou
privées, à titre libéral, nous avons pu tirer des
idées essentielles qui sont entrées dans l'analyse (cf.
questionnaire N°1).
2 Les usagers des centres de recherche
Les centres de recherche sont les lieux où on peut
acquérir le savoir à travers les documents qui y sont
conservés. Les archives photographiques faisant partie intégrante
du fonds documentaire des centres de recherche, nous nous sommes
intéressés à cette catégorie de public pour savoir
si par moment les photographies leur sont utiles dans leur recherche. Penser
à la mise en valeur des archives photographiques devrait en principe
être opportun pour les chercheurs qui sont à l'affût du
savoir. Aussi, leur avis nous permettrait-il de savoir ce qu'ils proposent dans
le cadre de la mise en valeur des photographies. Faut-il créer un centre
de conservation ? Cela nécessite la fréquentation par des
personnes qui y trouveront satisfaction à travers les produits
exposés. Nul doute que la promptitude de leur action et leur
désir de voir se réaliser cette ambition pour combler un vide qui
a tôt fait de rendre inachevée cette recherche.
3.2.3 Les problèmes
rencontrés : interprétation et incidence sur les
résultats
Le chemin de la recherche est semé d'embûches et
il faut s'armer de courage pour y arriver. Nous avons vécu cette
théorie pendant notre travail et il est indispensable que nous en
fassions cas pour restituer les conditions dans lesquelles nous l'avons
conduit.
3.2.3.1 Interprétation des problèmes
rencontrés
Pendant la rédaction de ce mémoire, la phase la
plus déterminante et la plus difficile a été celle de la
collecte des données. Difficile parce qu'elle nécessite qu'on
soit sur le terrain et la tête dans les livres. Les problèmes
comme on peut s'en apercevoir sont de plusieurs ordres.
Sur le plan de la collecte des données :
insuffisance des documents traitant du sujet,
accès difficile dans certaines administrations,
difficile collaboration avec certaines personnes ressources,
questionnaires d'enquête non retournés,
non-maîtrise de la langue française par certains
enquêtés, ce qui rend l'enquête difficile.
Sur le plan de la gestion du temps :
le thème du mémoire étant assez vaste, il
ne nous a pas été possible de cerner tous les contours,
certaines personnes contactées hésitent à
s'accorder sur le programme que nous nous sommes fixé dans notre
planning,
le stage obligatoire de trois mois ne nous a pas permis de
disposer de tout notre temps pour les recherches sur le terrain.
Sur d'autres plans, surtout financier, nous devons nous
accorder sur le principe que l'argent est le nerf de la guerre. Nos
capacités financières nous ont parfois limité dans
certains élans de recherche. Toutefois, nous avons essayé
d'investir le peu dont nous disposons pour faire oeuvre utile dans la
rédaction de ce mémoire. Mise à part les contraintes
personnelles, certaines personnes-ressources exigent parfois de l'argent avant
de fournir des informations ou avant de nous conduire vers des personnes
ciblées. Dans la limite du possible, nous avons pu instaurer une bonne
ambiance de collaboration pour les amener à comprendre l'enjeu en les
impliquant davantage.
Tous ces problèmes énumérés ont eu
à coup sûr des répercussions non négligeables sur la
qualité du présent travail.
3.2.3.2 Incidence des problèmes sur les
résultats
Loin d'être une porte de sortie pour justifier les
incorrections et les tares de ce travail, l'honnêteté
intellectuelle nous oblige à une auto- critique pour pouvoir
déceler les erreurs qui sont inhérentes à tous travaux de
recherche.
Au début de ce travail, nous avons
élaboré un chronogramme qui avant la phase de recherche suivait
un déroulement normal. Mais nous avons été
confronté à la réalité du terrain qui est
différente de celle que nous croyions. La non concordance du programme
avec certaines personnes non moins importantes nous a obligé des fois
à ne jamais les rencontrer. Notre statut de stagiaire comme nous
l'avions rappelé ne nous a pas permis d'aller sur tous les terrains
que nous aurions voulus.
Nos ambitions de départ étaient de faire de ce
travail un instrument synthétique de tous les lieux de détention
des fonds photographiques. A titre d'exemple, nous avons identifié plus
d'une trentaine de photographes pour ce travail mais à peine la
vingtaine a pu être concrètement contactée ; c'est
pour cela que nous demanderons dans nos suggestions de poursuivre
l'inventaire pour disposer d'une base de données complètes des
éléments de notre patrimoine visuel. De même, certains
photographes identifiés au départ sont
décédés avant que nous ne les ayions rencontrés.
Monsieur Ayékoni Léon est l'un des anciens photographes
repérés à Ouidah et qui ont à l'avance donné
leur accord de principe. Nous en étions là le lundi 04 octobre
2004 quand nous avons appris impuissant sa mort. Voilà une
référence en matière de photographie qui venait ainsi de
disparaître à un moment où il s'attendait le moins si bien
qu'il n'a pas pu préparer sa suite. Il est parti en laissant un
héritage immense que personne ne pourra entretenir correctement comme
s'il était là. Des démarches ont été
menées en direction de sa famille pour tenter de sauver ses oeuvres mais
la collaboration n'est pas facile. Cette malheureuse situation prouve combien
de fois il est urgent de mettre en place une politique de sauvegarde et de
promotion du patrimoine archivistique photographique qui constitue
incontestablement la mémoire visuelle de notre histoire.
En dépit de toutes ces incidences, un effort a
été consenti pour donner à ce travail tout son
caractère scientifique.
Par ailleurs, les enquêtés en répondant
aux questionnaires ont fait savoir leur point de vue par rapport aux questions
qui leur sont adressées. Ces points de vue feront l'objet d'une analyse.
3.3 Les attentes des enquêtés et de
l'enquêteur : analyse des résultats
Pour savoir davantage le niveau d'information du public sur
l'utilité des archives en général et photographiques en
particulier, l'opportunité de conserver les photographies et
l'intérêt pour les photographes de confier la gestion de leurs
collections photographiques, nous avons réalisé une enquête
sur la base de questionnaires.
Nous nous sommes intéressé comme nous l'avons
souligné plus haut aux photographes (notamment les plus anciens), aux
gestionnaires du patrimoine (historiens, archivistes, archéologues),
étudiants, chercheurs au niveau des centres de recherche. Loin de faire
une discrimination de quelle que nature que ce soit, nous avons limité
nos enquêtes à un nombre restreint pour raisons de temps, de
moyens et d'efficacité.
L'analyse se fera de manière sectorielle,
c'est-à-dire les attentes des photographes, celles des gestionnaires du
patrimoine et bien sûr les attentes de l'enquêteur. Pour plus de
clarté, nous avons préféré faire cette analyse sous
forme de tableaux.
3.3.1 Les attentes des professionnels
d'images
3.3.1.1 Présentation du
questionnaire
Les professionnels d'images sont le socle de ce travail car
ils sont les dépositaires de la `'matière première'' que
constituent les photographies. Nous leur avons adressé un questionnaire
de sept (07) questions. Ce questionnaire vise à éviter de prendre
seul la décision de la mise en valeur des archives photographiques au
Bénin. Ainsi, nous avons jugé bon leur donner la parole à
travers ce questionnaire (cf. questionnaire N°2) en plus des interviews.
Nous avons travaillé sur un échantillon de vingt (20) personnes
notamment les anciens photographes. Tous les questionnaires ont
été retournés à temps pour nous permettre de faire
une analyse conséquente.
3.3.1.2 Analyse des
résultats
Dans le but d'une meilleure compréhension du sujet,
les résultats seront analysés sous forme de tableaux.
Question N° 1
Années d'entrée dans la profession de
photographe
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
1940
|
03
|
15%
|
1945
|
05
|
25%
|
1959
|
07
|
35%
|
1960
|
04
|
20%
|
1975
|
01
|
05%
|
Total
|
20
|
100%
|
L'analyse de ce tableau nous montre que la période dans
laquelle ont travaillé les anciens photographes est située entre
1940 et 1975. La période la plus mouvementée est 1959 à la
veille des indépendances.
Question N° 2
Raisons de la pratique du métier
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
Amour du métier
|
18
|
90%
|
Curiosité
|
02
|
10%
|
Argent
|
00
|
00%
|
Eviter le chômage
|
00
|
00%
|
Total
|
20
|
100%
|
Contrairement à ce qu'on pourrait voir aujourd'hui, les
anciens photographes se sont adonnés à cette profession non pas
pour de l'argent mais pour l'amour du métier. Cela se remarque dans
leurs travaux.
Question N° 3 et 4
Avez-vous des photos et/ou des négatifs ?
Et leur accessibilité ?
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
Oui
|
19
|
95%
|
Non
|
01
|
05%
|
Total
|
20
|
100%
|
Dans leur ensemble, les photographes ont su constituer sur eux
des archives personnelles des vues qu'ils prenaient à leurs clients. Le
seul qui ne l'a pas fait n'est pas à condamner car il tient un
raisonnement correct qui peut l'excuser.
Ils ont tous accepté qu'on puisse consulter leurs
fonds sans aucune forme de procédure.
Question N° 5
Utilité d'une structure pour la gestion des
fonds photographiques
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
Oui
|
16
|
80%
|
Peut-être
|
04
|
20%
|
Non
|
00
|
00%
|
Total
|
20
|
100%
|
Les photographes ont compris qu'il n'y a pas une meilleure
conservation de leurs fonds chez eux-mêmes et que la solution qui
peut-être la meilleure est la création d'une structure de gestion.
Pourtant, il y en a qui sont sceptiques même s'ils ont donné leur
accord de principe.
Question N° 6
Accord de céder les fonds
photographiques
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
Oui
|
18
|
90%
|
Non
|
02
|
10%
|
Total
|
20
|
100%
|
C'est un soulagement pour les photographes de savoir que leurs
oeuvres seront bien gardées quelque part où ils pourront aller
consulter à tout moment. Certes il y a certains qui sont
réticents mais qui peuvent à la longue céder leurs
fonds.
Question N° 7
Pour cette dernière question qui porte sur les attentes
et suggestions, les photographes, dans leur ensemble, ont souhaité que
la politique à mettre en oeuvre puisse intégrer leurs
préoccupations, à savoir : la formation des jeunes,
l'appropriation des technologies. Ils ont aussi mis l'accent sur le principe
"d'aide et subvention'' que doit contenir le programme ou la politique à
élaborer. Ils n'ont pas manqué de demander qu'ils soient
associés et qu'ils aient des garanties que leurs oeuvres seront bien
conservées. Les anciens photographes toujours passionnés de l'art
ont émis le voeu cher d'être aussi pris en compte par le volet
recyclage qu'on pourrait leur offrir.
En définitive, notre projet n'a pas connu une
opposition au niveau des photographes que nous plaçons toujours à
l'avant-garde dans ce travail. Comme nous l'avions souhaité, ce projet a
eu un écho favorable, toutes choses qui nous renforcent et nous
confirment que les archives photographiques ont de beaux jours devant elles.
Pourvu que les programmes à mettre en place puissent intégrer les
aspirations des uns et des autres.
3.3.2 Les attentes des gestionnaires du
patrimoine
3.3.2.1 Présentation du
questionnaire
Les gestionnaires du patrimoine comme nous l'avons
souligné dans les lignes rassemblent les historiens, les archivistes,
les archéologues, les architectes, les documentalistes, les
conservateurs et tous ceux qui ont la charge du patrimoine. De ce fait, ils ont
une vue sur la gestion et la conservation des éléments du
patrimoine. Le questionnaire qui leur est adressé est constitué
de dix (10) questions dont l'objectif est d'avoir leur opinion sur le
problème abordé dans ce travail.
Quant aux usagers des centres de recherche constitués
des élèves, étudiants, chercheurs de tous ordres
(anthropologues, historiens,...) leur avis nous permet de savoir ce qu'ils
pensent des produits de recherche qu'on leur présente, à savoir
les archives, leur état de conservation et surtout mesurer leur besoin
en constituant un fonds photographique. C'est notamment sur ces points que nous
avons mis l'accent dans le traitement des réponses. Les questions ont
des réponses multiples que l'enquêté choisit selon ses
convictions (cf. questionnaire N°1).
Nous avons distribué 70 questionnaires mais seulement
47 nous ont été retournés, soit un pourcentage de
67,14%.
L'analyse des réponses nous donne les résultats
suivants :
3.3.3.2 Analyse des
résultats
Les résultats sont consignés sous forme de
tableau pour faciliter la compréhension.
Question N° 1
Définition des archives
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
Vieux papiers
|
06
|
12,76%
|
Documents précieux
|
29
|
61,70%
|
Outil de recherche
|
12
|
25,53%
|
Total
|
47
|
100%
|
De cette analyse, on peut conclure que de plus en plus
l'utilité des archives comme documents précieux et outil de
recherche est perçue. Sur 47 questionnés seuls 6
considèrent les archives comme de vieux papiers.
Question N° 2
Etat de conservation des archives
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
Très satisfaisant
|
00
|
00%
|
Satisfaisant
|
09
|
19,14%
|
Passable
|
12
|
25,53%
|
Déplorable
|
26
|
55,31%
|
Total
|
47
|
100%
|
Plus de la moitié des questionnés
déplorent l'état de conservation des archives au Bénin. La
conservation passable ou peu satisfaisante est constatée au niveau de la
D.A.N et de quelques centres de recherche.
Question N° 3
Avez-vous eu recours aux archives ?
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
Oui
|
41
|
87,23%
|
Non
|
6
|
12,77%
|
Total
|
47
|
100%
|
Les archives deviennent incontournables dans toute recherche.
Leur consultation se fait la plupart du temps selon les enquêtés
à la D.A.N, au C.B.R.S.T, dans les préfectures et les
communes.
Question N° 4
Avez-vous connaissance d'un centre où sont
conservées les photographies ?
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
Oui
|
14
|
29,78%
|
Non
|
33
|
68,10%
|
Total
|
47
|
100%
|
Les enquêtés ne connaissent pas en grande partie
l'existence des centres où sont conservées les photographies. Les
quelques-uns qui sont informés nous ont indiqué qu'ils ne
connaissent que la D.A.N, le C.B.R.S.T et les musées. Ils les
fréquentent très rarement compte tenu de leur état de
conservation et dans le cadre des recherches.
Question N° 5
Que représente une photo ?
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
Simple représentation
|
9
|
19,14%
|
Outil de recherche
|
19
|
40,42%
|
Souvenir
|
17
|
36,18%
|
Rien
|
02
|
4,26%
|
Total
|
47
|
100%
|
La perception des photographies comme simple
représentation et souvenir persiste toujours même si plus de 40%
la considèrent comme outil de recherche.
Pour la question N°6, tous les questionnés
perçoivent l'urgence de mettre sur pied une politique de conservation et
de mise en valeur des archives photographiques car ils le considèrent
comme la mémoire visuelle de notre patrimoine et pour des raisons de
laisser à la jeune génération des témoins visuels
de notre histoire. Ils déplorent leur état de conservation.
Question N° 7
A la question de savoir sur quels sujets porteront les fonds
à conserver, les questionnés ont estimé qu'il faille tout
conserver car tout est important pour la connaissance et la maîtrise du
passé.
Question N° 8
Manière de conserver les
photographies
|
Nombre de réponses
enregistrées
|
Pourcentage
|
Créer une structure
|
43
|
91,48%
|
Conservation par les photographes eux-mêmes
|
4
|
8,52%
|
Total
|
47
|
100%
|
De cette analyse, il ressort que la gestion par une structure
est la plus souhaitée.
Les questions N° 9 et N° 10 nous ont permis de
compléter ou de vérifier la liste des photographes que nous avons
identifiés.
Commentaire
D'une manière générale, nous avons
constaté après dépouillement et analyse que la plupart des
questionnés reconnaissent l'utilité des archives dans leur
recherche et sentent le besoin de disposer également d'un fonds
photographique accessible et bien géré.
Ce souhait nous amène à penser que la politique
de mise en valeur des archives photographiques doit être une
priorité pour satisfaire les ambitions des usagers des centres de
recherche et des spécialistes du patrimoine.
3.3.3. Les attentes de l'enquêteur
En adressant des questionnaires à ces
différentes cibles de la population, nous attendions d'elles des
réponses pour compléter nos recherches bibliographiques. Nos
attentes étaient de vérifier la pertinence de notre projet.
Du côté des photographes, l'attente a
été comblée car ils sont restés dans notre logique
et nous ont assuré de leur soutien. Ils ont tout de même fait des
suggestions et formulé des souhaits auxquels ils tiennent fermement. Le
plus intéressant est leur accord de nous ouvrir leurs fonds et avoir
accepté de les céder dans la phase pratique du projet.
De même, les spécialistes du patrimoine et les
usagers des centres de recherche ont reconnu le vide créé par la
non disponibilité de structures de conservation des photos. Aussi
ont-ils exprimé le désir de voir une structure de conservation
des archives photographiques.
Toutes ces réponses nous interpellent sur le sort des
archives dans les quelques institutions qui les conservent.
En somme, les objectifs ont été atteints et il
reste à tenir compte de ces apports.
Réflexions pour une mise en valeur des archives
photographiques au Bénin
CHAPITRE 4 :
4.1 Mise en place d'un plan de sauvetage et de
sauvegarde des archives photographiques au Bénin
Après les constats faits sur le terrain de notre
recherche, nous sommes en droit de conclure que les archives photographiques
sont en état de dégradation avancée et il est urgent de
prendre des mesures importantes voire impérieuses pour sortir ce pan de
patrimoine du pétrin. De ce fait, nous avons pensé mettre en
place un plan de sauvetage et de sauvegarde.
4.1.1 Point sur les institutions publiques
en charge de la gestion du patrimoine archivistique photographique au
Bénin
Nous avons estimé qu'avant toute proposition visant
à améliorer les conditions de conservation et de gestion des
archives photographiques au Bénin, il s'avérait indispensable que
nous fassions un aperçu sur le traitement qui leur est fait par les
institutions publiques en charge de leur gestion. De ce fait, nous avons
identifié la Direction des Archives Nationales et la Direction du
Patrimoine Culturel qui s'occupent de la gestion du patrimoine culturel
documentaire, muséal, monumental et autres.
4.1.1.1 Présentation et
missions des deux institutions
Direction des Archives Nationales
La présentation et les missions de la D.A.N ont
été déjà abordées dans le chapitre
deuxième précisément au niveau du point 2.1.2
Direction du Patrimoine Culturel
Pendant la période coloniale, la métropole a
créé l'Institut Français d'Afrique Noire (I.F.A.N) dont le
siège était à Dakar au Sénégal. Chaque
colonie avait alors un démembrement. Celui du Dahomey centralisait les
écrits et faisait office de bibliothèque. Après
l'indépendance en 1960, l'Institut de Recherches Appliquées du
Dahomey (I.R.A.D) a vu le jour avec les mêmes prérogatives que
l'I.F.A.N jusqu'en 1980 avec la création de la Direction des
Musées, Monuments et Sites (D.M..M.S) et du Centre Béninois de la
Recherche Scientifique et Technique (C.B.R.S.T). Dès lors, deux
structures distinctes s'occupent de la gestion des éléments du
patrimoine à savoir la D.M.M.S pour les musées et la recherche
documentaire pour le C.B.R.S.T. La Direction du Patrimoine Culturel (D.P.C)
sera créée en 1992 en remplacement de la D.M.M.S et la Direction
de la Bibliothèque Nationale (D.B.N) en 1995 qui sera une direction
technique du ministère de la culture au même titre que la
D.P.C.
Au regard de l'article 1er de
l'arrêté N°048/MCAT/DC/SG/DA/DPC/SA de l'année 2003
portant attributions, organisation et fonctionnement de la Direction du
Patrimoine Culturel, la D.P.C a pour missions la mise en oeuvre de la politique
de l'Etat en matière du patrimoine culturel national.
A ce titre, elle est chargée entre autres de la
sauvegarde, de la conservation et de la réhabilitation du patrimoine
culturel ; de veiller à l'application des dispositions
internationales relatives au patrimoine ; l'élaboration et la mise
en oeuvre de la législation devant régir la protection des biens
culturels.
Elle est dirigée par un directeur nommé en
Conseil des Ministres assisté d'un directeur adjoint et d'une
équipe technique réparties dans les différents services.
L'exécution de ces différentes missions
s'insère dans une vaste politique d'actions dans laquelle nous verrons
la place accordée aux archives photographiques.
4.1.1.2 Politique mise en oeuvre
par les institutions
Direction des Archives Nationales
La D.A.N, en tant que direction technique de l'Etat
chargée de la collecte, du traitement, de la conservation et de la
diffusion des documents issus des activités de la Nation et ceux des
citoyens, dispose dans ses services d'un département consacré au
traitement et à la conservation des photographies : c'est la
photothèque. Mais malheureusement, jusqu'à ce jour elle ne
dispose pas d'une photothèque même si dans son fonds documentaire
elle compte quelques photographies isolées sans légendes qui ne
pourront servir à aucune recherche.
Vu les nombreuses sollicitations et les missions à
accomplir, la D.A.N avec à sa tête une professionnelle
déterminée, madame Elise PARAÏSO, a reçu une
subvention de l'Agence Suédoise pour le Développement
International (en anglais SIDA) qui lui a permis de lancer en 2000 une campagne
de prise de vue de la nature, des scènes de marchés, du paysage
architectural de certaines localités du Bénin. Cette campagne a
conduit cette équipe jusque dans la région septentrionale. De
nombreuses photographies ont été prises et
développées en noir et blanc pour assurer leur bonne
conservation. Malheureusement cette expérience n'a pas été
très concluante faute de métier du jeune photographe
recruté à cet effet. La Directrice ne compte pas s'arrêter
en de si bons chemins et nous a confié qu'elle initiera d'ici peu
d'autres projets pour les archives photographiques.
A cet effet, elle a loué et félicité ce
travail que nous avons enclenché qui rentrait dans sa vision globale de
mise en valeur des archives photographiques.
Direction du Patrimoine Culturel
Les archives photographiques comme élément du
patrimoine sont une évidence. De même que les autorités de
la D.P.C, l'avant-projet de loi d'octobre 2002 le reconnaît aussi. De ce
fait, aucune politique de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine ne doit
exclure les archives photographiques. Reconnaissons tout de même que
l'ordonnance N°35/PR/MENJS du 01er juin 1968 portant protection
des biens culturels au Dahomey (actuel Bénin) ne catégorise pas
les archives photographiques comme élément du patrimoine. Donc
leur gestion relevait de la D.A.N et du C.B.R.S.T. Mais avec
l'élaboration de l'avant-projet de loi dans lequel un effort a
été fait même si cela ressemble à une copie conforme
de la Convention de l'UNESCO de 1970, classant les archives photographiques
comme bien culturel à protéger.
Partant de cette théorie, nous nous sommes
rapproché le lundi 25 octobre 2004 des autorités de la D.P.C pour
mieux appréhender le plan d'anticipation qui est en train d'être
profilé pour la sauvegarde des photographies anciennes. Après
avoir exposé un certain nombre de faits et de constats lors de nos
enquêtes à la Directrice, assistée pour la circonstance de
son chef service Promotion des Musées et de l'Action culturelle M.
Richard SOGAN, elle a reconnu avec nous qu'effectivement les photographies sont
du patrimoine et sont en danger. Mais malheureusement aux dires de ces
autorités, aucune politique ou programme ne se dessine à court ou
moyen terme pour intégrer les archives photographiques. Certes, elles
ont estimé que les archives photographiques pourront faire partie d'un
vaste projet d'inventaire qui s'élabore au niveau de la D.P.C. Les
mêmes problèmes que sont le manque de moyens reviennent ici
également. C'est à croire que l'Etat n'investit pas dans la
culture. Il s'agit plutôt d'une méconnaissance des
priorités et de faiblesses avérées dans la gestion des
affaires de la cité. C'est tout de même regrettable qu'on fasse
toujours croire que la culture est l'enfant pauvre de la politique de
développement du Bénin. Espérons que d'ici là des
actions concrètes soient initiées en direction des archives
photographiques par les institutions étatiques car des initiatives
beaucoup plus sérieuses se prennent dans le privé avec la
floraison des associations de promotion du patrimoine et des institutions du
patrimoine à caractère multinational.
Loin de dresser un réquisitoire contre les
institutions publiques en charge de la gestion du patrimoine archivistique, il
nous paraît indispensable de faire ressentir quelques impressions dues
aux tristes constats faits sur le terrain :
- manque de synergie et de cadre de concertation entre les
différentes institutions culturelles, à savoir la Direction des
Archives Nationales, la Direction du Patrimoine Culturel et l'Ecole du
Patrimoine Africain,
- ressassement du problème non justifié de
manque de moyens,
- mauvaise gestion des fonds destinés à faire
telle ou telle activité surtout dans le domaine de la culture.
Ce point au niveau des institutions publiques nous montre
l'importance qui est accordée aux archives photographiques. Il
paraît donc nécessaire que des initiatives privées fusent
pour sauver ce pan de notre patrimoine. A cet effet, vu l'état de
dégradation des oeuvres photographiques et le phénomène du
trafic, nous proposons des actions qui doivent être inscrites dans un
chronogramme d'exécution des activités mener dans ce cadre.
4.1.2 Nécessité de poursuivre
l'inventaire
Au terme de ce travail et vu les objectifs que nous nous
sommes assigné au début, nous jugeons utile et important de
poursuivre cet inventaire pour qu'enfin nous puissions disposer des
données fiables sur l'état des archives photographiques au
Bénin. Mais avant de donner les éléments qui sous-tendent
cette proposition, il est important de rappeler les objectifs du présent
mémoire.
4.1.2.1 Objectifs du mémoire
Objectif général :
Constituer une base de données pouvant servir à
la mise en oeuvre d'une politique de valorisation des archives photographiques
au Bénin.
Objectifs spécifiques :
- Identifier les photographes et institutions disposant d'un
fonds photographique pour faire une évaluation de leur collection
;
- Recenser les photographes et les institutions en vue de la
constitution de la base de données ;
- Proposer des solutions en vue de la conservation et la mise
en valeur des archives photographiques.
4.1.2.2 Facteurs favorables
à la poursuite de l'inventaire
Avant de nous engager dans la recherche sur ce thème,
nous avons identifié certains photographes répartis un peu
partout sur le territoire national. La plupart ayant travaillé dans les
administrations à Cotonou ou à titre privé ont
préféré se retirer dans leur village pour éviter le
bruit comme le disent certains d'entre eux. Ils se retrouvent aujourd'hui dans
les zones périphériques des villes comme Porto-Novo, Ouidah,
Cotonou, Abomey, Parakou, Kétou et même dans le Mono Couffo. Dans
nos démarches préliminaires, nous avons été
informé de tous les lieux probables où ils se trouvent. Mais nous
n'avons pas pu réellement aller sur le terrain compte tenu des
contraintes financières et surtout le temps qui nous a manqué
très souvent. Nous avons essayé pourtant de rencontrer la
majorité dans des villes environnantes telles que Cotonou, Porto-Novo,
Ouidah. Pour ce qui est de Parakou, nous avons joint le Secrétaire
général de leur association qui nous a fourni le maximum
d'informations par téléphone. Quant au Mono et le Couffo, nous
n'avons pas trouvé au départ des personnes disposées
à nous guider sur le terrain mais par la suite, nous avons
été contacté par certaines personnes. La
disponibilité et l'ouverture d'esprit des photographes ont
été encourageantes.
Sur un autre plan, nous nous sommes intéressé
aux musées et aux centres de recherche qui disposent également
d'une collection photographique assez importante. Cette importance avait
été déjà perçue par le W.A.M.P qui a
publié en 2001 le "Répertoire des archives photographiques en
Afrique de l'Ouest" suite à un projet dénommé
Identification, Classification, Préservation et
Interprétation des Collections Photographiques. Ce projet avait
pour ambition de faire le point des institutions ayant dans leurs collections
des photographies, notamment les musées. Mais malheureusement les
attentes du W.A.M.P n'ont pas été comblées dans la mesure
où à peine la moitié des institutions surtout
identifiées au Bénin ont répondu favorablement à
cet appel. Donc dans ce sillage, si aujourd'hui on peut se faire une quelconque
idée des collections photographiques au niveau des institutions, il n'en
est pas de même au niveau des personnes privées.
L'expérience du W.A.M.P est cependant à achever pour qu'un suivi
régulier soit effectif sur les collections institutionnelles qui sont
aussi mal gérées.
Cette demande que nous formulons est à prendre en
compte pendant qu'il est encore temps car les trafiquants d'objets d'art ne
dorment pas et inventent chaque jour de nouvelles stratégies pour
contourner les mesures de protection prises à leur encontre. Ils
profitent de leur pouvoir financier pour embarquer les nôtres dans ce vil
trafic. Selon les informations qu'on aurait reçues des photographes, ils
connaissent tous les lieux de détention des anciennes photographies et
peuvent opérer en toute tranquillité. Il importe alors de prendre
des dispositions pratiques pour endiguer le mal.
4.1.3 Approfondissement, renforcement et
élaboration d'un cadre légal et réglementaire
protégeant les archives photographiques au Bénin
Les archives photographiques sont au même titre que les
autres biens culturels indispensables pour la maîtrise de notre histoire
et la reconnaissance de notre identité culturelle. Elles constituent la
mémoire visuelle de notre patrimoine.
Le problème de la législation demeure une
épine à laquelle il faut trouver des solutions adéquates.
Cela nous paraît important du fait de la vision que nous projetons pour
les archives photographiques.
4.1.3.1 Les raisons
Le trafic des biens culturels prend des proportions de plus en
plus inquiétantes dans le monde entier. Malgré les mesures
hardies prises par l'UNESCO pour enrayer le mal, il est constaté par
tous qu'il ne va que grandissant. Dans cette situation confuse où tout
disparaît à une allure vertigineuse, les collections
photographiques apparaissent aujourd'hui comme le nouvel `'or blanc'' qui a une
forte emprise financière sur le marché de l'art. Ainsi les pays
africains sont sillonnés par des occidentaux en "tourisme" disent-il,
pour repérer les anciens photographes et échanger contre leurs
fonds des billets de banque.
Au moins pour les biens culturels des musées ou qui ont
une certaine valeur historique, des dispositions existent pour espérer
appréhender le trafiquant qui s'expose à des sanctions
pénales. Mais pour les collections photographiques, quelle loi ou texte
juridique prévoit une sanction en cas de vol ?
Les photographes eux-mêmes ne mesurent pas l'importance
que leur confère leur richesse et se laissent duper ou abandonnent leurs
oeuvres dans un état de décrépitude avancé de telle
sorte que d'ici dans un futur proche on ne puisse plus compter sur ces vieilles
photographies qui sont pleines de sens.
Les exemples de la D.A.N et de la D.P.C auxquels nous avons
fait allusion plus haut laissent à désirer et il nous
paraît urgent qu'il faille légiférer dans le domaine des
archives photographiques pour que les institutions en charge de la gestion de
ce patrimoine puissent prendre leur responsabilité. La question que l'on
doit se poser quelle que soit la position est de savoir si les problèmes
que nous remarquons aujourd'hui au niveau des archives photographiques est une
affaire de manque de moyens ou de fuite de responsabilité ?
Malgré le fait que nous nous sommes refusé
d'étudier l'Avant - Projet de loi portant protection du patrimoine
culturel et du patrimoine naturel à caractère culturel, nous
avons de la peine à comprendre que les oeuvres d'art contemporaines
doivent avoir fait cinquante ans (50 ans) avant d'être
considérées comme des objets culturels. Dans cette logique, il va
falloir attendre l'année 2010 pour qu'une photo prise en 1960 puisse
être classée bien culturel. Alors que la même loi dit que
tout objet ayant un intérêt du point de vue de l'histoire, de
l'archéologie est déclaré bien culturel. Loin de mettre en
cause cette initiative de loi louable, nous attirons l'attention des uns et
des autres sur des dangers et des contradictions qui ne feront qu'empirer la
situation après même son adoption.
Dans ce sens, nous proposons qu'à défaut
d'élaborer un texte pour la protection des collections photographiques,
il faudra revoir les lacunes de l'actuel avant-projet de loi et d'approfondir
la partie concernant les archives photographiques. Dans le cas contraire, nous
avons émis quelques pistes de réflexions qui pourront être
exploitées pour élaborer un texte protégeant exclusivement
les archives photographiques au Bénin.
4.1.3.2 Proposition d'un cadre réglementaire de
protection des archives photographiques
A notre avis, le texte réglementaire protégeant
les archives photographiques ne doit pas être différent des autres
dispositions en vigueur dans notre pays, notamment la loi fondamentale qu'est
la constitution du 11 décembre 1990.
Nous avons estimé qu'il faille partir de l'existant
pour définir un canevas de la nouvelle réglementation. Dans ce
sens nous reconnaissons l'effort fait par l'ordonnance N°35/PR/MENJS du
01er juin 1968 qui reste le seul texte en matière de
protection des biens culturels et l'avant-projet de 2002 qui classe les
archives photographiques parmi les biens culturels. De ce fait elles sont
d'office protégées mais compte tenu de la convoitise qu'elles
suscitent parmi tous les biens culturels, elles mériteraient un texte
exclusif vu également les contradictions qu'on peut relever dans le
texte qui pourra entrer en vigueur d'ici peu.
A cet effet, loin de faire une discrimination entre les biens
culturels quant à leur intérêt et leur importance à
tous égards, les archives photographiques constituent des biens qui sont
beaucoup plus en proie à la destruction physique et au trafic. En dehors
d'elles, tous les autres biens culturels se trouvant pour la plupart dans les
musées, bénéficient d'une certaine attention qui les met
à l'abri des dégâts.
Cette proposition d'élaboration de texte de protection
du patrimoine graphique n'est pas différente des normes en vigueur. Par
ailleurs, la loi N°91-006 du 25 février 1991 portant charte
culturelle en République du Bénin en son article 12 stipule
que : « L'Etat béninois élabore la protection des
biens culturels dont la conservation présente un intérêt du
point de vue de la préhistoire, de l'histoire, de l'anthropologie, de
l'art contemporain, de la science de la technique et de
l'architecture ». Les lois dans l'état actuel sont
considérées comme des « fourre-tout »
où on fait un amalgame entre les biens culturels. En somme, ce sont les
musées et les documents écrits qui retiennent beaucoup plus les
attentions.
Fort de ces raisons, nous proposons que la
réglementation de protection des archives photographiques au
Bénin par excellence, élément du patrimoine soit
constituée de ces grands axes :
? le trafic illicite
? les mesures de conservation
? doter les institutions en charge du pouvoir d'action et de
répression
? la question du droit d'auteur
? les conditions d'utilisation : recherches,
reproduction
? les sanctions pénales lourdes en cas
d'infraction
L'élaboration d'une loi prenant en compte tous ces
aspects ne règle pas du coup tous les problèmes. Il faudra
pouvoir les appliquer rigoureusement. Les questions des droits d'auteur et
d'utilisation doivent être étudiées de façon
à ce que dans l'avenir il y ait des réclamations de la part des
ayant droit des photographes.
En tout état de cause, à défaut
d'élaborer un texte, il va falloir que des mesures soient
réellement prises pour décourager les mauvaises initiatives. Un
nouveau texte peut mettre fin aux dérives.
L'inventaire achevé et le problème juridique
réglé, il va falloir penser à des actions beaucoup plus
concrètes qui tendent à mettre en valeur le patrimoine
photographique à long terme. A cet effet, nous suggérons des
activités conséquentes.
4.2 Suggestions pour une meilleure mise en
valeur des archives photographiques au Bénin
Le but de ce travail de recherche n'est pas seulement de
relever des insuffisances constatées sur le terrain et de critiquer les
institutions et les hommes en charge d'une gestion mais tout travail
scientifique a pour finalité de corriger des malaises et d'apporter des
idées novatrices dans le domaine exploré. Dans le cas
d'espèce, nous avons une latitude d'actions qui pourraient nous sauver
des problèmes que nous rencontrons.
Trois actions pourront orienter notre démarche
future.
4.2.1 Formation, éducation
et sensibilisation
Au cours de nos enquêtes de terrain et de nos entretiens
avec les acteurs de la photographie, ils nous ont exprimé des
préoccupations qui constituent leur apport dans ce travail. Ils ont
notamment souhaité des actions concrètes à leur
endroit.
Ainsi, la plupart d'entre eux étant de personnes
âgées et ayant pris leur retraite depuis quelques années,
ils ont estimé qu'il serait intéressant que dans notre programme
on puisse insérer le volet formation. Ce volet formation tiendra compte
bien évidemment des technologies actuelles auxquelles les anciens n'ont
pas été initiés. Nous devons également inclure la
formation des jeunes qui sont des `'adeptes'' de la photo couleur. Seuls les
anciens détiennent le secret du noir et blanc. Beaucoup de jeunes y vont
pour éviter le chômage et gagner de l'argent. La formation est
donc essentielle et c'est tout ce que les photographes attendent de notre
travail.
La photographie constitue de nos jours un maillon
indispensable dans l'éducation. Elle sert à illustrer les livres
et à argumenter les écrits. Elle devrait donc prendre une part
importante dans les programmes d'enseignement. Nous devons faire
intéresser ce monde par l'intérêt et l'utilité des
photographies. Cela permettrait à la jeune génération de
prendre conscience dès la base de leur importance, ce qui contribue
à une sensibilisation. Toute action de mise en valeur doit passer par la
sensibilisation car on a beau former mais il faut une prise de conscience
avérée. La disparition des oeuvres photographiques n'est pas
uniquement l'action des trafiquants mais ils sont aidés par des
personnes averties qui connaissent auparavant les lieux de détention de
ces photographies. Les photographes sont eux-mêmes complices. Il faut
donc que les uns et les autres soient informés sur l'importance des
collections photographiques. Aussi ont-ils exprimé le voeu de voir
l'institution ou la création de prix pour les photos anciennes afin
d'amener leurs propriétaires à bien conserver les oeuvres.
De même, nous souhaiterions que les responsables de la
gestion de ces photographies soient formés. Cela est dû au fait
qu'aucun module de formation n'existe pour l'initiation aux techniques de
conservation des photographies. A l'Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature où sont formés les archivistes et documentalistes,
ceux-ci ne reçoivent que 40 heures de cours pendant leur formation de
trois ans. Ceci paraît insuffisant à nos yeux pour gérer un
centre de photographies.
L'Ecole du patrimoine Africain qui a pour vocation la
formation des conservateurs dispensent des modules de cours sana insérer
des horaires pour la conservation des photographies.
Il se pose donc un problème de formation auquel nous
devons aussi faire face au niveau des gestionnaires. Néanmoins certains
s'efforcent d'avoir un certain bagage pour être utile sur le terrain.
4.2.2 Expositions publiques
La finalité de la réflexion qui nous a conduit
au choix de ce thème de recherche est de constituer un fonds
photographique qui reflète le visage des temps passés par
l'image. Mais toute conservation n'est profitable que si elle est ouverte au
public.
Pour cela, nous avons sur la base des suggestions des uns et
des autres, proposé l'organisation des expositions temporaires. Elles
constituent l'une des formes de diffusion de l'information de la chaîne
documentaire. Avant toute exposition, il y a des préalables que nous
devons prendre en compte notamment, les trois opérations de la
chaîne documentaire que sont la collecte, le traitement et la
diffusion.
? La collecte
Pour une unité documentaire ou une opération
quelconque comme l'exposition, la collecte est l'action de réunir un
certain nombre de documents, de faits, d'objets... selon des critères
prédéfinis, en vue d'aboutir à un échantillonnage
ou une collection représentative.
Une collecte menée avec rigueur, efficacité,
méthode assure la cohérence par rapport au projet scientifique et
culturel. C'est pourquoi avant de déclencher le processus de la
collecte, il faut créer virtuellement la collection et se fixer des
objectifs à atteindre à la constitution de la collecte.
Ici dans le cadre de l'exposition que nous envisageons, la
collecte ne peut englober que les photographies d'évènements
majeurs, en somme des photographies expressives. Cette collecte se fera au
niveau des photographes qui sont les dépositaires des oeuvres que nous
recherchons. Elle doit s'appesantir sur les faits locaux.
? Le traitement
Le traitement des photographies est bien différent de
celui des documents écrits. Les collections photographiques ne sont
exploitables que si elles sont documentées.
Les photographies devront d'abord subir le traitement
matériel et après le traitement intellectuel à savoir le
catalogage et la codification. La codification tiendra compte des sujets
abordés par la photographie, l'année, l'auteur. Le cadre
général de traitement des photographies est en annexes.
? La diffusion
L'information n'a de valeur que dans le partage. Ainsi, il ne
suffit pas de faire une bonne moisson d'objets, d'organiser la collection dans
une bonne série et la conserver dans un lieu attrayant. Il faut pouvoir
la mettre à la disposition du public. C'est donc pour ce faire que nous
avons suggéré l'exposition qui est beaucoup plus ouverte au
public. Elle doit avoir un caractère attrayant, sensationnel et
répondre aux attentes des visiteurs. Des normes sont également
requises dans l'organisation des expositions, normes qui seront prises en
compte.
Par ailleurs pour favoriser les échanges entre les
différents corps dans la gestion du patrimoine photographique, nous
avons pensé à la création de réseaux ou
d'associations.
4.2.3 Création de réseaux de
professionnels et d'associations
L'une des suggestions que nous faisons à l'issue de ce
travail est aussi la création de réseaux de professionnels et
d'associations pour suivre et faire suivre les idées qui pourront germer
de ce travail.
De ce fait, nous avons pensé à la
création d'un réseau de professionnels des archives. En effet,
notre objectif est de fédérer ces professionnels notamment ceux
qui ont à charge la conservation des archives photographiques. Cette
idée a été déjà soulevée lors du
séminaire international organisé par le W.A.M.P du 25 au 27
janvier 1999 à Saint Louis au Sénégal sur le
thème : "La préservation et la promotion des archives
photographiques en Afrique de l'Ouest". A cet effet, les participants ont
accepté unanimement de mettre sur pied le réseau de
photos-archivistes de l'Afrique de l'Ouest. Mme Vicky James du Nigeria a
été élue coordonnatrice du réseau et Mme Colette
GOUNOU est la représentante du Bénin. Selon les informations que
nous a fournies le Professeur Alexis ADANDE, ancien Directeur Exécutif
du W.A.M.P, ce réseau ne fonctionnerait pas correctement comme il
l'aurait voulu pour des problèmes divers.
Une expérience à l'échelle nationale nous
parait beaucoup plus raisonnable et plus réalisable.
Egalement nous pensons à la mise sur pied d'une
association des photographes pour servir de tremplin où ils pourront
discuter de leurs problèmes et recevoir des informations
complémentaires sur la conservation de leurs oeuvres. Il se fait qu'au
niveau des photographes il existe déjà une regroupement
professionnel dénommé Groupement des Professionnels d'Images du
Bénin (G.P.I.B). Ce regroupement tant bien que mal fonctionne mais sur
des bases qu'ils se sont définis. Il serait bon que cette association
puisse continuer son travail mais sur de nouvelles bases qui prennent en compte
les actuelles orientations. Elle servira de relais au niveau des photographes
pour les informations qui les concernent.
4.3 La gestion des archives photographiques
proprement dite
Le but de ce travail est de déboucher sur la
création d'une structure de gestion des archives photographiques au
Bénin. Alors la question de la gestion durable doit être
étudiée de façon délicate pour ne pas tomber dans
des erreurs du passé. L'inventaire terminé, le problème
juridique résolu et les fonds collectés pour des expositions
thématiques, il faudra quand même que les photographies soient
gardées dans un lieu pour qu'elles définitivement bien
conservées. De ce fait, nous devons analyser le problème du
statut de l'institution qui aura cette charge, comment organiser la
conservation et bien sûr l'ouverture du fonds au public.
4.3.1 La structure de conservation
L'Etat a la responsabilité morale de conserver
l'héritage artistique, intellectuel, historique et culturel de la
Nation. Cet héritage constitué génération
après génération est riche d'une mémoire d'oeuvre
qu'il faut garder et transmettre à la postérité.
La Constitution du 11 décembre 1990 en son article 10
stipule que : « Toute personne a droit à la culture.
L'Etat a le devoir de sauvegarder et de promouvoir les valeurs nationales de
civilisations tant matérielles que sprituelles ainsi que les traditions
culturelles ». A cela s'ajoutent également les dispositions
contenues dans la loi N°91-006 du 25 février 1991 portant charte
culturelle en République du Bénin qui font de l'Etat
dépositaire de l'identité culturelle dont les archives
photographiques.
Nonobstant ces dispositions, rien ne pointe pour la sauvegarde
des archives photographiques. Les institutions publiques en charge dans le
point que nous avons sur elles n'accordent aucune importance aux archives
photographiques. A part la D.A.N qui fait un effort, la D.P.C quant à
elle est préoccupée par les musées, encore qu'à ce
niveau le travail n'est pas totalement parfait. Ainsi ne serait-il pas bon de
susciter et de soutenir des initiatives privées du fait de l'importance
de la question de la conservation des photos.
Des institutions ont déjà fait leurs preuves sur
d'autres terrains et leur confier cette expérience ne ferait que le
bonheur de tous. Dans ce sens, nous pensons à l'Ecole du Patrimoine
Africain qui a une expérience dans le passé. Elle pourra servir
alors de tutelle pour la mise en place de l'institution.
L'institution créée, il faut passer à
l'étape de conservation des photos qui doit la phase la plus
déterminante et la plus délicate car de la réussite de la
conservation dépendra le succès de l'institution.
4.3.2 La conservation des
photographies
Les photographies sont des documents très fragiles qui
demandent qu'on y accorde beaucoup d'attention et de soins. Ainsi, pour mieux
conserver la collection des photographies, nous avons jugé bon de
décrire les normes selon lesquelles le local les abritant doit
être construit.
Le site retenu pour la construction, le local devra être
sous forme carrée pour permettre de disposer de plus d'espace. Si la
lumière naturelle est indispensable, la lumière solaire directe
sur les documents doit être par contre évitée. Aussi, une
orientation du local au nord dans l'hémisphère Nord et au sud
dans l'hémisphère Sud sont les solutions idéales.
Un accent particulier doit être mis sur
l'équipement de centre surtout en ce qui concerne le matériel de
développement en noir et blanc, le matériel de restauration. Le
mobilier destiné aux usagers sera composé de tables et chaises.
Le mobilier du personnel sera constitué de tables et des chaises
tournantes qui sont beaucoup plus confortables. Le mobilier destiné au
classement et à l'exposition des photographies sera composé de
rayonnages et d'armoires vitrées, ainsi que de tableaux ou de panneaux
d'affichage mobiles. Tout le mobilier doit répondre à un certain
nombre de critères essentiels : être fonctionnel et
confortable, pouvoir durer, avoir un aspect esthétique. De plus, le
mobilier doit être en matériaux non combustibles avec finition
anticorrosion, non toxique et non acide. Il doit permettre une libre
circulation de l'air. Il faut aussi prévoir des appareils
photographiques. Le magasin de stockage, l'atelier de restauration, l'atelier
de reprographie et la salle de consultation doivent être chacun
équipé d'un extincteur. Le matériel informatique ne doit
pas être écartée. Son acquisition doit se faire en
prévision du travail que doit accomplir le centre.
4.3.3 La diffusion
Avant de passer à l'étape de diffusion qui
constitue l'activité fondamentale de valorisation des archives
photographiques, il faut d'abord pouvoir collecter les potos et les traiter.
Nous avion montré à travers l'analyse de nos
questionnaires que les photographes se disent prêts à céder
leurs fonds sans aucune condition. Mais il faudra régler auparavant les
problèmes juridiques liés à leur succession et aux droits
d'auteurs. A ce niveau de collecte donc il n'existe pas de crainte majeure.
Quant au traitement des photographies, nous n'aurons rien
à inventer car il existe une norme internationale dans leur traitement.
Il suffira donc de suivre cette norme pour fournir une bonne documentation aux
photographies.
La diffusion proprement dite doit être basée sur
une politique d'ouverture au public. Pour ce faire, nous devons trouver des
activités qui puissent amener le plus grand nombre de visiteurs et avoir
surtout à l'idée la valorisation des archives photographiques
dans notre pays.
Nous avions auparavant donné comme action urgente
à mener des expositions temporaires. Cela a pour avantage de faire
découvrir l'unité documentaire au public. Nous devons faire de
l'institution un centre de recherches où doivent se côtoyer les
chercheurs de tous ordres. Il doit être de recherche par excellence et
pouvoir répondre aux attentes des usagers.
Pendant nos recherches bibliographiques, nous avons
été sidéré par la beauté d'un document qui
retrace la vie de toute une ville depuis la nuit des temps. Il s'agissait du
document "Ballade dans Saint-Louis du Sénégal autrefois"33(*), document illustratif
essentiellement réalisé à partir du fonds photographiques
du Musée du Centre de recherches et de Documentation du
Sénégal (C.R.D.S). Nous avons donc pensé compte tenu de la
richesse du fonds photographique disponible initier un projet du genre toujours
pour valoriser les photographies du Bénin. De même beaucoup
d'autres projets peuvent être initiés. Dans ce sens
l'édition de cartes postales à partir de ces anciennes
collections, la publication de monographie ou de brochures sur les photographes
sont autant d'activités novatrices.
A l'heure de technologies de la communication, il serait
important de passer par ce canal pour faire découvrir au monde entier
par la création d'un site internet pour présenter la collection
photographique. Cette expérience a été faite par d'autres
institutions du genre comme la Maison Européenne de la Photographie.
Pour mettre en application toute cette panoplie
d'activités, il faudra trouver les moyens nécessaires. Mais
l'intérêt que suscite la question de conservation des archives
photographiques au Bénin est si préoccupante que nous ne doutons
pas un seul instant de la manifestation positive des "bailleurs de fonds " pour
financer ce projet. Donc la recherche des ressources financières ne fera
pas notre préoccupation dans le cadre de ce travail.
conclusion
La réflexion sur un thème comme celui-ci ne
saurait être ni complète, ni définitive d'autant plus
qu'elle l'oeuvre d'un profane qui fait ses premiers pas dans un domaine de la
recherche aussi complexe que celui de la conservation et de la valorisation du
patrimoine photographique.
L'invention de la photographie remonte en 1826 en Europe avec
Niepce et Daguerre. Elle fit son apparition en Afrique de l'Ouest dès le
début du 19ème siècle. Au départ ce
furent les missionnaires européens qui durant leur séjour
faisaient des prises de vue qu'ils laissèrent dans les différents
démembrements de l'IFAN pendant la période coloniale.
Après leur départ avec les indépendances, des photographes
africains seront engagés pour perpétuer l'oeuvre entamée
par l'administration coloniale. Par ce processus de nombreux africains dont des
béninois étaient initiés au septième art qu'est la
photographie.
Ainsi le Dahomey actuel Bénin était l'un des
pôles de développement de la photographie. Plus d'un siècle
de pratique photographique, la masse produite est énorme. Des noms sont
passés à la postérité. Le trafic des biens
culturels, la dégradation due à la mauvaise conservation sont les
maux qui réduisent la richesse culturelle que représentent les
archives photographiques. Face à cette situation, aucun effort
remarquable n'est fait pour restaurer aux photographies leur image de marque.
Les dispositions réglementaires et légales au niveau national ne
font pas de la protection des archives photographiques une priorité,
malgré leur reconnaissance par l'UNESCO comme bien culturel à
protéger depuis 1970. Cet état de chose laisse libre court aux
trafiquants qui opèrent en toute tranquillité, cela a
provoqué une énorme hémorragie culturelle comme le dit le
Professeur Joseph ADANDE et classe le Bénin parmi les plus grands pays
qui alimentent le commerce international de l'art.
Ces collections photographiques riches pour la recherche se
retrouvent pour la plus grande part au niveau des photographes privés
ayant travaillé à leur propre compte ou pour l'Etat. Grâce
à eux nous pouvons tenter une reconstitution de l'histoire à
travers les images, seulement si des actions concrètes sont
menées au plus vite pour sauver le reste du patrimoine en proie au
trafic illicite et à la dégradation. De même, au niveau des
institutions publiques il y a une masse importante de photographies qui tant
bien que mal sont conservées.
Par ailleurs la politique culturelle, bien qu'elle existe doit
être repensée, réorientée pour redonner au
Bénin tout ce qui lui appartient naturellement d'authentique et
d'original en matière de création et d'invention de l'art. Il est
du devoir de tous alors de légitimer l'histoire de l'art béninois
à travers l'édification d'infrastructures ou la mise de politique
de revalorisation du patrimoine culturel en général et
photographique en particulier comme nous l'avions souligné tout au long
de notre développement. Dans ce sens le cri d'alarme de Joseph
KI ZERBO nous paraît élogieux et édifiant :
« chaque jour qui passe voit disparaître les
témoins précieux .... Des musées doivent se constituer
pour ramasser le maximum de vestiges de ce passé avant qu'il ne soit
trop tard. Des musées doivent s'élever, des législations
doivent être dictées dans tous les
pays. »34(*)
En effet, « les archives à toutes les
époques, sont un enjeu de pouvoir : pouvoir administratif, pouvoir
intellectuel, pouvoir culturel, pouvoir politique »35(*) et c'est pour aider à
mettre en valeur ces sources riches de l'histoire que nous avons
suggéré leur mise en valeur à travers le
thème : Archives photographiques au Bénin :
Problématique de la gestion d'un patrimoine documentaire
menacé.
Loin de verser dans une rhétorique, nous avons
essayé tout au long du travail d'évaluer les ressources
existantes qui justifient le bien fondé de la mise en place d'un plan
urgent de sauvetage et de sauvegarde des archives photographiques au
Bénin, faire des propositions par rapport aux activités à
mener à court terme et montrer les goulots d'étranglement qui
s'opposent au développement culturel dans notre pays.
D'ores et déjà nous osons croire que ce travail
qui était un rêve puisse être transformé en
réalité pour qu'enfin le Bénin confirme sa place de pays
plaque tournante de la culture.
* 1 Il a été
cité par Gaston AGBOTON in Culture des peuples. Paris, Présence
Africaine, 1997, p.11.
* 2 Marcello RICOVERI, in
déclaration à l'EPA le jeudi 23 septembre 2004.
* 3 Anthologie de la
photographie africaine et de l'Océan indien. Paris, Revue Noire,
1998.
* 4 Ville de l'Ile de Maurice,
place de l'immigration
* 5 pays imaginaire où on
a fait tout en abondance.
* 6 Idem p.8
* 7 idem p.8
* 8 NIMIS, Erika. Etre
photographe en Afrique de l'Ouest : Les Yoruba du Nigeria et la diffusion
de la photographie au XXè siècle. Thèse de Doctorat
Histoire. Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
* 9 D'après une liste
établie à la suite d'un décès d'un des leurs.
* 10 Benoît ADJOVI,
secrétaire de l'association des photographes du Bénin et ancien
apprenti de Justin TOMETY
* 11 VIELLE, Alicia. Les
conventions UNESCO et UNIDROIT comme moyens de lutte contre les trafics
illicites de biens culturels. Paris, 1997.
* 12 Article 1er de
la Convention
* 13 Amendement de la Roumanie
dans la Convention
* 14 Elle regroupe quinze
pays.
* 15 De l'entretien que nous
avons eu avec M. Alexis ADANDE, Professeur d'Archéologie à
l'Université d'Abomey-Calavi, le samedi 02 octobre 2004 à
Porto-Novo.
* 16 ICOM. Le trafic illicite
des biens culturels en Afrique, Paris, 1995
* 17 Propos de Sébastien
Méhinto, photographe lors de notre entretien le lundi 04 octobre 2004
à Ouidah.
* 18 La lutte contre la trafic
illicite des biens culturels : Guide pour la mise en oeuvre de la
Convention de l'UNESCO de 1970.
* 19 Les informations ont
été fournies par Ida MEHOMEY, fille de Edouard MEHOMEY.
* 20 Les informations ont
été fournies par l'intéressé lui-même
* 21 Les informations ont
été fournies par l'intéressé lui-même
* 22 Les informations ont
été fournies par l'intéressé lui-même
* 23 Les informations ont
été fournies par l'intéressé lui-même
* 24 Les informations ont
été fournies par l'intéressé lui-même
* 25 Paul, Robert. Le petit
Robert : Dictionnaire de la langue française. Paris : 2001
* 26 Encyclopédie
Bordas. Vol Hafid L-S
* 27 Association des historiens
africains. Africa Zamani : Yaoundé, 1993. P.160
* 28 Paul, Robert. Le petit
Robert : dictionnaire de la langue française. Paris, 2001
* 29 Jacob, François. La
logique du vivant. Gallimard, 1970
* 30 KECSKEMETTI ,
karoly ; cité par Désiré AÏHONNOU dans Manuel de
procédure des Archives Nationales à l'usage des administrations.
P7
* 31 Association des
archivistes français. Les archives : c'est simple. Paris, 1999.
P.6
* 32 BORGIA, Gnamy, R.,S.
Organisation et réglementation des archives au Bénin.
Abomey-Calavi : ENA. P.44
* 33 C.D.R.S. Ballade dans
Saint-Louis du Sénégal autrefois. 1999
* 34 Cours Marketing dans les
Industries Culturelles 2ème année STID.
* 35 DELSALLE, Paul. Une
histoire de l'archivistique. Québec, 2000. P.216.
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