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Archives photographiques au bénin : Problématique de la gestion d'un patrimoine documentaire menacé

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par Franck Komlan OGOU
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature / Université d'Abomey Calavi - Technicien supérieur de l'information documentaire 2004
  

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1.1.2.2 Les précurseurs de la photographie africaine : 1840-1930

Dans la première moitié du XIXè siècle, deux territoires africains, le Libéria et la Sierra Léone, vont devenir terres d'élection des marroons et des esclaves affranchis des USA. En Sierra Léone, ces anciens esclaves qui se nomment eux-mêmes créoles, vont se mettre à la photographie et faire de ce territoire un pays de cocagne5(*) pour la photographie. Aujourd'hui encore, malgré une situation interne complexe, la photographie continue à être une activité vivante en Sierra Léone. Des personnages comme Dionysius Leomy, J.P. Decker, Alphonse Lisk-Carew ont laissé leurs noms gravés sur la photographie en Sierra Léone.6(*)

En 1927, l'association professionnelle des photographes du Togo comptait déjà au moins une dizaine de photographes qui s'étaient distingués dans l'édition de cartes postales, un aspect de la photographie riche d'enseignements pour des recherches à venir. Des anciens photographes dont Alex A. Acolaste, Olympio, les frères Aguiar, John Badohu ont contribué à cette éclosion de la photographie au Togo.7(*)

L'histoire du plus vieux photographe du Sénégal, Meïssa Gaye rejoint celle de Saint-Louis, la première ville européenne africaine d'Afrique, celle aussi où dès 1860 s'implante le premier studio de daguerréotype et se concentrent d'innombrables commerçants, administrateurs, militaires, aventuriers en mal de sensation et photographes. En 1958, Saint-Louis laisse son rôle de capitale économique et politique à Dakar où les fortes personnalités des photographes comme Mama Casset, Mix Gueye occupent le devant de la scène.

En Afrique du Sud par contre le photographe Santu Mofokeng est l'ancêtre de la photographie. Ses photographies remontent à la fin du siècle dernier et révèlent un monde inconnu.

1.1.3 Diffusion de la photographie au Bénin

1.1.3.1 Introduction de la photographie au Bénin

Le Bénin occupe en Afrique une place stratégique de par sa position par rapport à l'océan atlantique. Bien que cela ait favorisé en partie le commerce triangulaire, elle a aussi permis le transfert rapide de technologies de l'Europe et des autres continents. Les villes côtières sont les premiers pôles d'accueil. Elles vont connaître le même essor photographique que celles des villes du Ghana, du Togo ou du Nigeria. Porto-Novo, ancien port négrier de la côte des esclaves, devenue capitale coloniale à la fin du XVè siècle en est l'exemple le plus probant. La présence des Brésiliens, des Européens, le commerce florissant ont participé à cet essor. La ville a abrité probablement plusieurs studios tenus par des Nigérians. Ouidah tout comme Anécho au Togo devient un foyer d'émigration important durant la période coloniale et jusqu'à la fin des années 1960. Cotonou, ville tardive abrite néanmoins de grands studios à partir des années 1960.

Les villes du Nord Bénin sont enclavées, donc moins touchées par la pénétration européenne et les échanges transatlantiques. Malgré cette situation, elles ont connu une histoire riche et mouvementée. Cela serait dû à la proximité avec les peuples Yoruba du Nigeria dont la présence s'explique par les premiers mouvements commerciaux entre le Nord de l'actuel Ghana et toute la région Haoussa ( le nord du Niger et du Nigeria)8(*). Troisième ville du pays avec plus de 150.000 habitants après Cotonou et Porto-Novo, Parakou est un carrefour commercial. En tant que royaume, Parakou entretenait de très bons rapports avec les Français et a même refusé de participer à la révolte des autres royaumes baatombu.

La communauté nigériane est fortement représentée à Parakou, ce qui fait de cette ville une terre d'accueil comme l'indique même son nom. Le commerce est l'activité prédominante, mais les gens s'adonnent à d'autres activités telles que le métier de photographe. L'histoire de la photographie dans cette région n'est pas facile à recoller. Certes, sans le moindre risque de se tromper, on peut affirmer que l'histoire serait liée à la migration des photographes venus de la côte : Ouidah, Porto-Novo, Cotonou qui ont suivi les pas du colon français. Le début de la photographie remonterait dans les années 1956 selon les propos de Monsieur Léopold OGATCHOROUN, secrétaire général de l'association des photographes de Parakou joint au téléphone le mercredi 6 octobre 2004.

En 1996, vingt-deux photographes ont été identifiés à Parakou9(*) dont deux seulement sont originaires de Parakou et les trois quarts venus du sud Bénin. Les effectifs se sont réduits depuis ce temps car selon leur secrétaire, les gens de l'Atakora et du Borgou ne s'intéressent pas aux activités qui requièrent un apprentissage. Signalons que le premier laboratoire couleur a été installé à Parakou en 1993.

1.1.3.2 Les précurseurs de la photographie au Bénin

Bien que mitigée, l'histoire de la photographie au Bénin a certes été mouvementée car contrairement à d'autres pays, toutes les villes de la côte jusqu'au Nord ont eu chacune à connaître à une époque de son histoire son avènement.

Des noms très célèbres sont passés à la postérité. Entre autres, on peut citer : Alexandre GBEYONGBE, cité dans l'annuaire vert de la photographie de 1995, Moïse AGBODJELOU de `'Photo France'', la dynastie des frères KIKI qui ont travaillé en dehors du Bénin dont l'un est le plus grand éditeur de cartes postales en Côte d'Ivoire.

Justin TOMETY, premier président de l'association des photographes du Bénin décédé en 1991, a été l'un des pionniers de l'enracinement de la photographie à Cotonou10(*) par le nombre de professionnels qu'il a formés et qui exercent aujourd'hui le métier. Barthélemy MEHINTO, père de Jean MEHINTO, un des anciens photographes de Porto-Novo, fut aussi l'un des pionniers à Ouidah avant de passer la main à son petit-fils Sébastien qui est aujourd'hui le doyen des photographes à Ouidah et à son fils. Léon AYEKONI digne apprenti de Sébastien MEHINTO et qui fait partie de la génération des anciens est décédé seulement en août 2004.

D'autres noms non moins importants comme DE-MESSE Zinsou, Mathias ABIMBOLA, Jean MEHINTO, Jean DOTONOU, Pascal ABIKANLOU donnent toujours au métier de photographe malgré leur âge toutes ses lettres de noblesse et assurent la relève avec la nouvelle génération de Porto-Novo.

De même à Cotonou, Lawani SIAKA, Benoît ADJOVI, Franck KIDJO, Dominique ADJIWANOU, Pascal RODRIGUEZ et autres assurent la pérennité de la photographie malgré toutes les technologies qui envahissent la capitale économique.

A Parakou, Jean HOUMDE, `'Photo Souvenir'', Aimé SOSSA, `'Photo Espoir'', Christophe LIMA, `'Well Come Studio'' et Gabriel KAYODE sont les gardiens de la vieille garde.

D'autres photographes de l'ancienne génération ayant travaillé dans les grandes villes sont partis pour s'installer dans d'autres villes ou en campagnes où ils jouissent d'un paisible repos.

1.2 Cadre réglementaire de protection des biens culturels

Les biens culturels constituent la richesse d'un pays et méritent une attention particulière. Avec le phénomène du trafic illicite des biens culturels qui va grandissant, nous essayerons dans cette partie d'étudier les instruments juridiques mis en place par les institutions des Nations Unies l'UNESCO, les organisations régionales africaines comme la CEDEAO et bien entendu la politique mise en place par le Bénin pour protéger ses biens culturels.

1.2.1 L'UNESCO et la politique de protection des biens culturels

1.2.1.1 Les origines de la Convention

Dans un premier temps, ce sont les biens culturels les plus menacés de destruction qui vont être protéges par des instruments internationaux. Effectivement, puisque les objets d'art étaient depuis longtemps considérés comme un outil du vainqueur, c'est dans le droit de la guerre qu'apparaissent les premières réglementations concernant la protection des biens culturels.

Mais, rapidement il va s'avérer nécessaire de protéger les biens culturels en temps de paix. Entre les deux guerres, la Commission de la Coopération Intellectuelle de la Société des Nations Unies élabora et accepta en 1933 un avant-projet de convention sur « La restitution au pays d'origine des objets d'une valeur artistique, historique ou scientifique, perdus ou volés ou étant l'objet d'un contrat de vente-achat illicite ou d'exportation à l'étranger »11(*).

Après la Seconde Guerre Mondiale, le problème du patrimoine culturel des anciennes colonies, longtemps dépouillées sans scrupule, va devenir une des préoccupations majeures de l'UNESCO qui dans sa « Déclaration des principes de la coopération intellectuelle internationale » déclare : « Les biens culturels sont un des éléments les plus importants de la civilisation et de la culture nationale et ils ne conservent leur entière valeur que lorsque leur origine, leur histoire et leur milieu sont étudiés avec le plus grand soin ».

Les mesures nationales se révélant inefficaces, l'UNESCO dans sa XIIIème session de novembre 1962 propose une Recommandation concernant les mesures à prendre pour interdire empêcher l'exportation, l'importation et le transfert de propriété illicites des biens culturels qui sera adoptée à la Conférence Générale de novembre 1964.

L'élaboration de l'avant-projet fut qui va aboutir à la Convention de 1970 confiée à M. Robert BRICHET.

Ce rapport et l'avant-projet seront envoyés en août 1969 à tous les Etats membres ; vingt-huit gouvernements ont présenté leur amendement par écrit.

Le projet final fut approuvé par la Conférence Générale en novembre 1970.

* 5 pays imaginaire où on a fait tout en abondance.

* 6 Idem p.8

* 7 idem p.8

* 8 NIMIS, Erika. Etre photographe en Afrique de l'Ouest : Les Yoruba du Nigeria et la diffusion de la photographie au XXè siècle. Thèse de Doctorat Histoire. Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

* 9 D'après une liste établie à la suite d'un décès d'un des leurs.

* 10 Benoît ADJOVI, secrétaire de l'association des photographes du Bénin et ancien apprenti de Justin TOMETY

* 11 VIELLE, Alicia. Les conventions UNESCO et UNIDROIT comme moyens de lutte contre les trafics illicites de biens culturels. Paris, 1997.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery