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Microfinance et Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Haïti dans le courant des années 2000 à 2006 : Cas de Sogesol et ACME

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par Donija AUGUSTIN
Université d'Etat d'Haiti, Institut National d'Administration, de Gestion et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI) - Licence en Administration, option Gestion des Affaires 2008
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE D'ETAT D'HAITI (UEH)

INSTITUT NATIONAL D'ADMINISTRATION DE GESTION ET DES HAUTES ETUDES INTERNATIONALES (INAGHEI)

DEPARTEMENT DES SCIENCES ADMINISTRATIVES

Microfinance et Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Haïti dans le courant des années 2000 à 2006 : Cas de Sogesol et ACME

Par :

Donija AUGUSTIN

Mémoire présenté en vue de l'obtention du grade de licencié en Sciences Administratives 

OPTION : GESTION DES AFFAIRES

Port-au-Prince, Juillet 2008

Remerciements et dédicaces

Ce mémoire, couronnant la fin de mes études universitaires de premier cycle, ne saurait être réalisé sans la contribution éminente de certaines personnes dont l'Architecte de l'univers qui m'a donné l'intelligence fertile pour penser et écrire des idées consistantes. Je le remercie grandement de m'avoir accordé cette faveur.

Je dédie ce travail à deux personnes qui m'ont bercé depuis le jour de ma naissance jusqu'à la présente minute. Ce sont ma Mère, Mme Marie Christanna AUGUSTIN et mon Père, le Rév. Past. Lemoine AUGUSTIN.

Mes remerciements vont aussi à mes frères ainés Robenson - qui n'a jamais fait économie de ses efforts pour me soutenir tout au long de mes études académiques - et Micael.

Je le dédie aussi à :

Mes soeurs : Annechise, Florence, Gina et Marie Sonie

Mon Ame soeur : Flore Medjine Jean

Mes amis : Idson Saint-Fleur, Pierre Ornan Audain, Gétho Oxéus et Martine Berjeau.

Mes neveux : Jéhuchaël, Lensgothy, Dorley, Vierry, Ted et ma nièce, Endy Viode

J'exprime aussi ma gratitude à l'égard de mon encadreur M. Eddy Labossiere et de la Direction de la Recherche de l'INAGHEI, particulièrement M. Smith Metellus qui, n'ayant pas ménagé ses efforts, m'a soutenu dès le début jusqu'à la fin. Malgré son mauvais état de santé, il a accepté de me rencontrer et de me faire, après plusieurs lectures, des suggestions pour parfaire le travail. Je félicite la direction de la Recherche pour le PEMTS qui donne aux Etudiants finissants la possibilité de préparer leurs mémoires de sortie avec un encadrement efficace. Chapeau ! A la direction pour ses bonnes intentions. En revanche, je tiens à lui reprocher la longueur excessive enregistrée dans le processus. Il y a une partie de l'encadrement qui a absorbé trop de temps. La période accordée pour la rédaction proprement dite est trop courte. Beaucoup de camarades ne sont pas en mesure de remettre leur travail à temps et moi, j'ai dû me dédoubler en passant plusieurs nuits blanches pour être parmi les premiers à présenter.

Table des matières

Pages

i- Remerciements et dédicaces...............................................iii-iv

ii- Liste des sigles et acronymes .............................................viii-ix

iii- Table des matières .........................................................v-vii

iv- Liste des tableaux .............................................................x

v- Sommaire ..................................................................xi-xv

vi- Introduction..................................................................16-22

CHAPITRE I- MICROFINANCE ET PME EN HAÏTI : CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

HISTORICITÉ ET OPÉRATIONNALISATION DES CONCEPTS.........................23-45

1-1- Microfinance : Généralité.....................................................................24

1-1-1 Historicité de la Microfinance.....................................................25-27

1-1-2 Microfinance dans les différentes régions du monde.............................27

a) Amérique du Nord et Europe de l'Ouest..................................27

b) Asie et Pacifique..............................................................28

c) Afrique Sub-saharienne......................................................28

d) Europe de l'Est et Asie Centrale............................................29

e) Moyen-Orient et Afrique du Nord..........................................29

f) Amérique latine et les Caraïbes..............................................30

1-2- Microfinance en Haïti : ses étapes évolutives.................................................31-32

1-2-1- Vue panoramique des institutions financières haïtiennes.......................... 33

1-2-1- Les banques commerciales..............................................................33

1-1-4-2- Les institutions non-bancaires réglementées.......................................34

1-1-4-3- Les institutions non-coopératives pratiquant la microfinance..................34-36

1-1-5- Méthodologie de crédit .................................................................36

a) le groupe solidaire ...................................................................36

b) le crédit individuel....................................................................36

c) banques communautaires...........................................................37

d) les mutuelles de solidarité..........................................................37

2- Opérationnalisation des concepts ....................................................38

2-1- La Microfinance ...........................................................................38

2-1-2- Développement de la microfinance ................................................39-40

2-2-1- La notion de PME : historique et définition ........................................40-44

2-2-2- Expansion des Petites et Moyennes Entreprises ..................................44-45

CHAPITRE II-LA MICROFINANCE : LES GRANDS COURANTS DE PENSÉES .............46-54

3- Les courants de Pensées...................................................................47-54

CHAPITRE III- SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE D'HAÏTI DE 2000 À 2006......55-68

3-1- Situation Economique....................................................................56

3-1-1- Situation macroéconomique globale..................................................57

3-1-2- Déterminants du marasme économique de 2000 à 2006...........................57-60

3-1-3- Anatomie des différents secteurs de l'économie.......................................60

a) Le secteur Primaire.....................................................................60

b) Le secteur Secondaire..................................................................61

c) Le secteur Tertiaire...................................................................61-62

3-1-4- Niveau de développement humain.....................................................62-63

3-1-5- Problématique de la distribution du crédit formel dans l'économie..............63-65

3-2- Situation sociale..........................................................................66

3-2-1- Inégalités et pauvreté....................................................................66-68

CHAPITRE IV- LES PME À PORT-AU-PRINCE DANS LE COURANT DES ANNÉES 2000 À 2006.............................................................................................55-68

4-1- Rôle économique des PME..............................................................70-71

4- 2- Les Petites et moyennes entreprises à Port-au-Prince................................71-72

4-2-1- Caractéristiques organisationnelles et managériales ...............................72-74

4-3- Impacts de la microfinance sur les PME à Port-au-Prince de 2000 à 2006 .......74-75

4-3-1- Analyses des indicateurs d'expansion de 2000 à 2006.................................76

a) Aspect multiplicatif....................................................................76

b) Dynamisation en termes de chiffre d'affaires......................................76

b-1) La catégorie I.....................................................................76-78

b-2) la catégorie II......................................................................79-80

c) Création d'emplois....................................................................80-81

4-3- Contribution réelle de la microfinance dans la dynamisation des PME............................................................................................81-82

CHAPITRE V- LES ACTIVITÉS DE MICROFINANCE EN HAÏTI, PARTICULIÈREMENT À PORT-AU-PRINCE DANS LE COURANT DES ANNÉES 2000 à 2006....................................83-90

5-1- L'offre institutionnelle des services de microcrédit................................84

5-1-1- Sogesol ..................................................................................... 84

a) L'institution et ses Produits ......................................................... 84-85

b) l'évolution des activités de microcrédit de 2000 à 2006.......................85-86

c) Structure de portefeuille, maturités des prêts et taux d'intérêts............... .86-87

5-1-2- ACME.....................................................................................87

a) L'institution et ses Produits.........................................................87-88

b) l'évolution des activités de microcrédit de 2000 à 2006.......................88-89

c) Structure de portefeuille, maturités des prêts et taux d'intérêts................89-90

- Conclusion................................................................................ 91-92

- Recommandations........................................................................ .93-98

- Bibliographie ................................................................................ .99-104

- Questionnaire........................................................................................................ 105-110

Liste des Sigles et acronymes

ACME : Association pour la coopération avec la Micro Entreprise

ADA : Action pour le Développement Alternatif

ADIE : Association pour le Droit à l'Initiative Economique

ANIMH : Association Nationale des Institutions de Microfinance d'Haïti

BDS: Business Development services

BRI: Banque Rakiat Indonesia

BRH : Banque de la République d'Haïti

CCI : Cadre de coopération Intérimaire

CEPALC : Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes

CFI : Centre de Facilitation des Investissements

CGAP : Groupe Consultatif d'Assistance aux Pauvres

CGPME : Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises

CNC : Conseil National des Coopératives

DSNCRP : Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la

Réduction de la Pauvreté

ECVH : Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti

FENU : Fonds d'Equipements des Nations Unies

FHAF : Fondation Haïtienne d'Aide à la Femme

FHD : Fondation Haïtienne de Développement

FONKOZE : Fondasyon Kole Zepol

GRET : Groupe de Recherche et d'Echanges Technologiques

(Association de Solidarité et de Coopération Internationale)

HTG : l'Unité Monétaire Haïtienne (La gourde)

IDH : Indice de Développement Humain

IHSI : Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatiques

IMF : Institution de Microfinance

INAGHEI : Institut National D'Administration, de Gestion et des Hautes Etudes Internationales

IPC : Indice des Prix à la Consommation

MCN : Micro Crédit National

MIX : Microfinance Information eXchange

MPCE : Ministère de la Planification et de la Coopération Externe

OMD : Objectifs Mondiaux du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non-Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

PAS : Programme d'Apaisement Social

PEMTS : Programme d'Encadrement pour Mémoire ou Travail de Sortie

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petites et Moyennes Entreprises

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

Sogesol : Société Générale de Solidarité S.A

USD : Unité Monétaire des USA (Dollar Américain)

Liste des Tableaux

Pages

1- Tableau 1 : Evolution du taux de croissance de l'agriculture et sa part en % dans le PIB de 2000 à 2006 ............................................................................................59

2- Tableau 2 : Part en % du secteur secondaire dans le PIB de 2000 à

2006 ........................................................................................................60

3- Tableau 3 : Contribution du secteur tertiaire dans le PIB .......................................61

4- Tableau 4 : Classement de Haïti selon l'IDH de 2000 à 2006 .................................62

5- Tableau 5 : Tableau illustratif du nombre d'emprunteurs et de déposants dans le système bancaire de 2000 à 2006.................................................................................................64

6- Tableau 6 : Résumé de la catégorisation des entreprises opérée ............................. 74

7- Tableau 7 : Evolution du nombre d'emprunteurs actifs et du portefeuille de prêts actifs de 2000 à 2006.................................................................................................84

8- Tableau 8 : Evolution du nombre d'emprunteurs actifs et du portefeuille de prêts actifs de 2000 à 2006.............................................................................................87

Sommaire

Depuis la conquête de l'indépendance d'Haïti, elle se trouve confrontée à une situation de pauvreté ne cessant, à un rythme alarmant, de croître. Selon les rapports les plus récents émis sur Haïti, elle est classée le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental et la majorité de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté, ne disposant que de moins de un (1) dollar par jour. Au fil des ans, la détérioration se fait beaucoup plus menaçante. Considérant les dernières années, le taux de croissance démographique dépasse largement le taux moyen annuel de la croissance du PIB. Ainsi, les biens et services auxquels la population doit avoir accès, pour satisfaire ses besoins, sont quasi inexistants en raison de la faiblesse de la structure de production.

Toutes les interventions traditionnelles haïtiennes ou internationales, pour éliminer la pauvreté, se sont révélées inefficaces. Le programme en cours d'implémentation en Haïti est le DSNCRP, sur demande des institutions de Bretton Woods, qui se veut une large participation pour profiter à tous les secteurs de la vie nationale. A coté du DSRP, il y a les OMD qui sont un ensemble d'objectifs stratégiques dont la vision est la réduction de la pauvreté de moitié d'ici 2015. Ces objectifs sont soutenus par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Beaucoup de pays en développement intègrent ces objectifs, de manière opérationnelle, dans leur document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP).

Le succès de la Grameen Bank, au Bengladesh, dans la microfinance, canalise beaucoup d'organismes de développement vers cette nouvelle niche de marché. Désormais, plusieurs d'entre eux considèrent la microfinance comme un levier de croissance et de développement économique en faveur de pauvres inclusivement. C'est le cas de l'Organisation des Nations Unies qui est venu avec le programme consistant à construire un secteur financier accessible à tous et qui désigne, par cet effet, l'année 2005 : année internationale de la microfinance avec l'objectif d'atteindre plus de 100 millions de pauvres. Le consensus de Monterey reconnait explicitement que les financements et les crédits accordés aux petites et moyennes entreprises peuvent contribuer à amplifier les retombées sociales et économiques du secteur financier. Pour la Banque Mondiale, elle est un instrument permettant de stimuler la croissance et de réduire l'écart entre les riches et les pauvres. En Haïti, où vivent plus de quatre millions de pauvres, l'accession aux services financiers pour les activités entrepreneuriales pourrait leur permettre d'améliorer leur sort en devenant des acteurs économiques à fort potentiel.

Ce travail porte sur la microfinance et les petites et moyennes entreprises en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince de 2000 à 2006.

L'objectif de cette étude est de montrer la contribution réelle de la microfinance dans l'expansion des Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince. Ce travail contribuera à enrichir les réflexions pour trouver les instruments à mettre en oeuvre pour arriver réellement à réduire la pauvreté en Haïti. Il ne se situe pas copieusement dans le prolongement des travaux antérieurs. Nous faisons le tandem avec la microfinance et les PME et nous montrons qu'un renforcement de la microfinance peut être un élément catalyseur de la croissance des PME en Haïti. En termes d'impacts économiques et sociaux, c'est que, par un système financier inclusif solide, les pauvres trouveront la possibilité de camper leurs affaires, d'augmenter leur niveau de vie, de construire un patrimoine et de trouver du travail rémunéré pour investir dans l'amélioration de leur habitat, l'éducation des enfants, les soins de santé, bref, pour assurer une vie décente. Cela permettra aux exclus sociaux de s'intégrer dans la société en se valorisant et pour être capable de jouer pleinement leur rôle.

L'on se pose la question suivante : La microfinance contribue-t-elle à l'expansion des PME en Haïti ?

Nous supposons que le développement de la microfinance favorise l'expansion des petites et moyennes entreprises en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince.

Le concept « développement de la microfinance », utilisé dans le cadre de ce travail, est accepté comme un renforcement des activités de la microfinance qui se mesure par l'évolution du nombre d'emprunteurs et l'évolution du volume de crédit octroyés sur la période. Ainsi, selon les données disponibles sur la microfinance en Haïti, nous avons constaté une augmentation continuelle des activités, que ce soit en termes du nombre d'entreprises et des emprunteurs actifs. Et, par expansion des PME nous entendons une dynamisation du point de vue quantitatif, du chiffre d'affaires et du nombre d'emplois créés. Compte tenu de l'absence de statistiques officielles sur les PME en Haïti, et celle d'un cadre réglementaire, nous ne sommes pas en mesure de donner des chiffres exacts sur le nombre de PME qui s'y trouvent. Mais, en procédant par une logique déductive, nous avançons que les PME se sont beaucoup multipliées de 2000 à 2006 vu que le nombre d'emprunteurs des IMF augmentent considérablement sur la période.

Pour l'édification de ce travail, nous avons exploré plusieurs courants de pensées que nous pouvons résumer ainsi : l'organisation des Nations, à travers la vision des secteurs financiers accessibles à tous, soutient que la microfinance peut émanciper les personnes pauvres sur les plans économique et social et leur permettre aussi de se prémunir contre les chocs économiques. Pour Nicolas Blondeau, la microfinance permet à ses bénéficiaires d'augmenter leurs revenus, de réduire leur vulnérabilité, d'accéder aux soins de santé, à l'éducation, au logement, à une hausse de confiance et de l'estime de soi ; moyennant qu'elle s'accompagne de politiques clairement définies. Asli Deminguc-Kunt considère la microfinance comme un élargissement du crédit privé et acquiesce à l'idée que l'élargissement des services bancaires aux pauvres permet d'accroitre le niveau des activités économiques en créant plus d'emplois chez les pauvres. Mia Adams, de son côté, soutient que la microfinance donne les moyens aux pauvres de mettre à profit leur capacité en faveur du développement économique durable. Pour Axel de ville, la prestation des services financiers aux pauvres, par le biais de la microfinance, constitue un moteur de croissance pour les économies. Constituant la majeure partie des gens vivant en dessous du seuil de pauvreté, les femmes, au moyen de la microfinance, peuvent ériger leurs affaires, transformer leurs vies économiques et leurs représentations sociales.

Sebastien Boyé, Jérémy Hajdenberg et Chritine Poursat avancent que la microfinance peut contribuer au développement d'une filière de production d'une ville, d'une région, ou d'un pays. Elle permet de créer du travail, d'augmenter la bancarisation de la population. Elle constitue l'un des éléments à mettre en oeuvre dans la formulation des stratégies de développement. Sabrina Djéfal s'accroche à l'idée que la microfinance peut devenir un véritable catalyseur de développement économique dans ses zones d'implantation moyennant qu'elle sache concilier son rôle économique et son rôle financier. Pour cela, les IMF doivent construire un système d'information sur le milieu des affaires et orienter les emprunteurs vers des créneaux porteurs en identifiant les opportunités économiques. Enfin, Isabelle Guérin affirme que la microfinance est un outil qui peut favoriser l'autonomie et la liberté des femmes. En accordant des crédits à ces dernières, même de faible montant, on leur permet de stabiliser leurs activités et d'en créer de nouvelles. La microfinance est une arme dont disposent les femmes pour lutter contre leur dépendance de leur entourage et aussi des usuriers. Elle leur permet aussi de faire face aux dépenses imprévues ou aux situations difficiles en évitant la décapitalisation de l'unité familiale. Par cet effet, la microfinance crée un cercle vertueux et une dynamique sociale par lesquels les femmes s'émancipent, se valorisent et deviennent libres. Cette liberté est entendue comme la capacité des femmes à convertir leurs ressources et leurs droits en de réelles potentialités.

Comme méthodologie, nous avons utilisé une approche structurale consistant à rechercher les relations existant entre la prestation des services financiers et l'expansion des PME en Haïti. Le schéma méthodologique comporte deux parties : une recherche documentaire et une enquête de terrain.

L'enquête nous a permis de catégoriser les PME en deux groupes. On a opéré une première catégorie (catégorie I) qui comprend les très petites entreprises qui, en majorité, exercent leurs activités dans la commercialisation d'un ensemble de produits de premières nécessités importés ou locaux. Ce sont les petits détaillants, les étalagistes, les marchands ambulants, les très petites entreprises de production ou de services qui ont un modeste niveau de capitalisation et une faible capacité d'emprunt. Leurs propriétaires appartiennent aux couches défavorisées et/ou ont de faibles niveaux d'éducation

La deuxième catégorie (catégorie II) comprend les petites ou moyennes entreprises de production, de commerce ou de services. Ces entreprises ont un espace physique plus ou moins aménagé pour leurs activités d'exploitation. Elles ont du personnel, un niveau de capitalisation relative d'une certaine envergure, une capacité d'emprunt supérieure à la catégorie I. Pour les entreprises de production, elles utilisent les matières premières locales ou importées pour produire des biens et services destinés au marché local ou régional. Leurs propriétaires sont généralement des professionnels, employés ou anciens employés révoqués ou retraités, héritiers des entreprises familiales, Universitaires diplômés.

Compte tenu des contraintes internes et externes des PME, on a abouti à la conclusion suivante : le développement de la microfinance a contribué à l'expansion des PME à Port-au-Prince, dépendamment de leur degré de structuration et des caractéristiques socio-économiques de leurs promoteurs. Il ressort de l'étude que les Petites et moyennes entreprises non-structurées, et dont les propriétaires sont des gens ayant un très faible niveau d'éducation, connaissent une expansion non-significative grâce à la microfinance. Les autres PME, par contre, qui sont plus ou moins structurées et dont les propriétaires ont un certain niveau de développement socio-économique et une attitude plus entrepreneuriale, connaissent une expansion plus significative que les premières. Il y a aussi d'autres facteurs supplémentaires qui déterminent le poids des impactes de la microfinance sur le développement des PME. Ainsi retient-on : l'âge de l'entreprise, son niveau de capitalisation, le nombre de prêts contractés ou le cumul de prêts déjà obtenus et la dimension des activités de l'entreprise.

Introduction

Depuis son accession à l'indépendance, Haïti connait une situation de pauvreté qui ne cesse de s'aggraver. Selon les derniers rapports sur le développement, Haïti est le pays le plus pauvre de la région et la moitié de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de (1) un dollar par jour. De plus en plus, l'haïtien voit son niveau de vie se détériorer. Sur les vingt cinq (25) dernières années, le taux de croissance moyen annuel du PIB est de -0.78%1(*) versus un taux de croissance démographique de plus de 2%. Les structures de production s'effritent comme une peau de chagrin et ne sont pas en mesure de produire la quantité de biens et services nécessaire pour subvenir aux besoins de la population. Le niveau actuel de production ne représente qu'à peine 70% de celui de 1980, soit une chute de plus de 12%2(*) sur la période.

Pour enrayer le problème de la pauvreté en Haïti, plusieurs programmes ont été mis en oeuvre, entre autres, les programmes d'ajustements structurels, le Cadre de Coopération Intérimaire (CCI), le programme d'apaisement social (PAS) ; mais tous n'ont pas abouti à produire les résultats escomptés. Dans la plupart des cas, les projets, loin d'améliorer le sort des pauvres, produisent des effets contraires et les enfoncent davantage dans la misère. Le constat est donc évident de l'échec des actions des organisations internationales dans leurs approches des problèmes de pauvreté en Haïti.

Voulant changer de paradigme, les organisations internationales, fondamentalement les institutions de Bretton Woods (Banque Mondiales, Fonds Monétaire Internationale), cherchent d'autres instruments d'opérationnalisation des politiques de développement. Ainsi, en accord avec les secteurs de la vie nationale, le gouvernement élabore un document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) qui constitue, désormais, le cadre de référence des projets de développement.

Le Programmes des Nations Unies pour le Développement (PNUD) fait la promotion des Objectifs Mondiaux du Millénaire pour le Développement (OMD) qui sont un ensemble d'objectifs en huit (8) points fondamentaux signés par plusieurs gouvernements, en majorité des pays en développement, lors du sommet des Chefs d'Etats en 2000. Ils ont été élaborés et servent de fils conducteurs pour arriver à réduire la pauvreté de moitié d'ici 2015.

Les objectifs peuvent intégrer, de manière opérationnelle, le document stratégique de réduction de la pauvreté. Ils sont résumés et formulés ainsi:

1- Réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim en ciblant les populations dont le revenu est inférieur à un dollar par jour.

2- Assurer l'éducation primaire pour tous en permettant à tous les enfants (garçons et filles), partout dans le monde, d'achever un cycle complet d'études primaires.

3- Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie des femmes.

4- Réduire la mortalité infantile, en réduisant de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans.

5- Améliorer la santé maternelle en trois quart, entre 1990 et 2015, et faire baisser le taux de mortalité maternelle.

6- Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies en augmentant radicalement l'accès aux soins de santé.

7- Assurer un environnement durable par la réduction, de moitié, de la population n'ayant pas d'accès à l'eau potable, aux services d'hygiène et de stabilité.

8- Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

En effet, l'idée du DSRP est de faire des bénéficiaires des projets des acteurs directement impliqués dans la lutte contre la pauvreté. On plaide aussi, dans les pays en développement, en faveur des initiatives individuelles permettant aux pauvres d'améliorer leurs conditions de vie socio-économiques.

S'inspirant du succès de la Grameen Bank, au Bengladesh, les organismes comme le PNUD et la Banque Mondiale croient que les pays en développement peuvent atteindre les objectifs du millénaire par le biais des initiatives privées. Les Nations Unies viennent avec le programme consistant à construire des secteurs financiers inclusifs ayant pour mission le financement des activités génératrices de revenus des pauvres exclus du système bancaire traditionnel et désignent, par cet effet, 2005 : l'année internationale de microfinance avec l'objectif d'atteindre plus de 100 millions de pauvres. Dans la littérature économique, le concept désignant ces pratiques est la microfinance. Le consensus de Monterey reconnait explicitement que les financements et les crédits accordés aux petites et moyennes entreprises peuvent contribuer à amplifier les retombées sociales et économiques du secteur financier.

Plusieurs pays en développement accordent une place prépondérante à la microfinance et aux petites et moyennes entreprises dans leurs stratégies nationales de réduction de la pauvreté. Certains pays de l'Afrique conçoivent la microfinance comme un puissant levier de développement économique et social en faveur des couches les plus défavorisées. Pour la Banque Mondiale, elle est un instrument permettant de stimuler la croissance et de réduire l'écart entre les riches et les pauvres.

En Haïti, où vivent plus de quatre millions de pauvres, l'accession aux services financiers pour les activités entrepreneuriales pourrait permettre à ceux là d'améliorer leur sort en devenant des acteurs économiques à fort potentiel.

Le présent travail porte sur la microfinance et les petites et moyennes entreprises en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince de 2000 à 2006.

L'objectif de cette étude est de montrer la contribution réelle de la microfinance dans l'expansion des Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince. Cette étude est limitative. Elle se borne à l'étude de cas de deux institutions de microfinance qui ont un volume d'activité significatif du secteur non-coopératif dont Sogesol et ACME. L'étude s'étend sur la période de 2000 à 2006.

A un moment où l'on cherche les moyens de réduire la pauvreté massive qui gangrène la population, ce travail contribuera à enrichir les réflexions pour trouver les instruments à mettre en oeuvre pour arriver réellement à réduire la pauvreté en Haïti. Beaucoup de travaux de recherche ont été effectués sur ce thème. Des articles de journaux, des travaux des chercheurs, des mémoires d'étudiants, etc. Tous ont porté, soit sur la microfinance, soit sur les PME séparément. Notre travail ne se situe pas copieusement dans le prolongement de ces travaux. Nous faisons le tandem avec la microfinance et les PME et nous montrons qu'un renforcement de la microfinance peut être un élément catalyseur de la croissance des PME en Haïti.

Les premières retombées positives d'un système financier inclusif solide, c'est que les pauvres trouveront la possibilité de camper leurs affaires, d'augmenter leur niveau de vie, de construire un patrimoine et de trouver du travail rémunéré pour investir dans l'amélioration de leur habitat, l'éducation des enfants, les soins de santé, bref, pour assurer une vie décente. Cela permettra aux exclus sociaux de s'intégrer dans la société en se valorisant et pouvant jouer pleinement leur rôle.

L'on se pose les questions suivantes : La microfinance contribue-t-elle à l'expansion des PME en Haïti ?

Les activités de microcrédits, en termes de distribution de crédit, ont-elles été renforcées en Haïti pendant la période de 2000 à 2006 ?

Les PME ont-elles connu une expansion en Haïti de 2000 à 2006 ?

Dans le cadre de ce travail, nous formulons les hypothèses suivantes :

Hypothèse générale : Le développement de la microfinance favorise l'expansion des petites et moyennes entreprises en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince.

Hypothèse spécifique 1 : Les activités de microfinance, en termes de distribution de microcrédit, ont été renforcées en Haïti entre les années 2000 à 2006.

Hypothèse spécifique 2 : De 2000 à 2006, on a constaté une expansion de petites et moyennes entreprises en Haïti.

Pour arriver à la validation de ces hypothèses, plusieurs instruments sont mis en oeuvre. Ils sont explicités dans les paragraphes suivants.

Comme approche méthodologique, nous utilisons une approche structurale consistant à rechercher les relations réelles existant entre la prestation des services de microfinance et l'expansion des petites et moyennes entreprises de la commune de Port-au-Prince. Les indicateurs retenus sont le volume de prêts octroyés sur la période et l'évolution du nombre de clients qui en bénéficient d'une part, pour les IMF. D'autre part, on retient comme indicateurs d'expansion des PME : le nombre de PME créées, la quantité d'emplois générés par leurs activités et l'augmentation du chiffre d'affaires.

Nous avons suivi un schéma méthodologique comportant deux parties. La recherche documentaire et une enquête de terrain.

Pour les techniques documentaires, nous avons utilisé les sources primaires et secondaires. Comme sources primaires, nous avons, d'un coté, consulté des documents officiels de la République d'Haïti : des études effectuées par le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, du Ministère de l'Economie et des Finances, de l'Institut Haïtien de Statistiques et d'informatiques. Puis, nous nous sommes servi également des documents de l'Organisation des Nations Unies et de certains organismes la constituant, tels le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds d'Equipements des Nations Unies (FENU). D'un autre côté, il y a aussi le Portail Microfinance qu'on peut consulter à l'adresse URL ( http://www.microfinancegateway.org). Cet organisme a un web site très équipé qui donne le journal de la microfinance dans le monde, des dossiers thématiques. Il dispose d'une bibliothèque on-line dans laquelle on peut trouver plus d'un millier de titres sur la microfinance, principalement, et d'autres études complémentaires. Il y a aussi l'Action pour le Développement Alternatif (ADA), au Luxembourg, qu'on peut consulter à l'adresse URL (http:// www.microfinance.lu) qui donne aussi un volume d'information sur la microfinance. Le Groupe Consultatif d'Assistance aux Pauvres (CGAP) dont l'adresse URL ( http://www.cgap.org) est un autre organisme qui fait des études spéciales sur la microfinance et qui dispose d'un volume important de titres sur ce thème. Il y a encore le Microfinance Information eXchange (MIX) qui est un organisme, à but non lucratif, basé aux Etats-Unis dont la mission est d'aider à la création d'infrastructure de marché en offrant des services de sources de données, des benchmarks, des outils de suivi, de performance et des services d'informations spécialisées. Le MIX MARKET est la plateforme internet globale qui permet l'échange d'informations entre les différents acteurs de la microfinance (IMF, bailleurs de fonds, investisseurs et prestataires de services). La MIX est accessible à partir de l'adresse URL : http://themix.org. Toutes ces institutions cumulent une somme très importante d'ouvrages, d'études et de documents de toutes natures sur ce sujet. Il y a aussi d'autres institutions dont les liens sont présentés (supra, page 104) dans la bibliographie à la rubrique web sites.

Comme sources secondaires, nous avons utilisé des oeuvres d'auteurs, des mémoires d'étudiants, des articles de journaux disponibles dans différentes bibliothèques de la place.

Pour l'enquête de terrain, nous avons utilisé une première démarche qui consistait à repérer quelques petites et moyennes entreprises de la commune de Port-au-Prince qui ont bénéficié des services de microfinance. Une deuxième démarche par laquelle nous leur avons soumis un questionnaire qui nous a permis de collecter des informations pertinentes sur l'utilisation de ces services financiers. L'enquête fournira des informations sur les emplois créés, le chiffre d'affaires, les revenus générés, le niveau d'investissement. Le questionnaire est dans l'annexe du document. (Supra page 105-110)

Nous avons choisi un échantillon de vingt (20) petites et moyennes entreprises de la commune de Port-au-Prince qui exercent leurs activités économiques dans les secteurs commerce, production et services.

Le présent travail est divisé en cinq (5) chapitres. Le premier présente des généralités sur la microfinance en retraçant son histoire et son évolution à travers le monde et en Haïti, et l'opérationnalisation des concepts. Le deuxième chapitre est une révision de littérature sur la contribution de la microfinance au développement économique et personnel des gens pauvres exclus du système financier traditionnel. Le troisième chapitre est une description de la situation économique et sociale d'Haïti sur la période allant de 2000 à 2006. Le quatrième chapitre présente une analyse économique et financière de la situation des petites et moyennes entreprises bénéficiant des services de microfinance à Port-au-Prince en décelant la contribution réelle de la microfinance dans la dynamisation des petites et moyennes entreprises en Haïti. Enfin, le cinquième chapitre présente une analyse de l'offre de microfinance dans les deux institutions de microfinance parmi celles ayant un volume d'activités significatives et sur lesquelles porte notre étude.

Chapitre I

Microfinance et PME en Haïti : Considérations générales

Historicité et Opérationnalisation des concepts

2-1- Microfinance : Généralité

1-1-3 Historicité de la Microfinance

1-1-4 Microfinance dans les différentes régions du monde

g) Amérique du Nord et Europe de l'Ouest

h) Asie et Pacifique

i) Afrique et Sub-saharienne

j) Europe de l'Est et Asie Centrale

k) Moyen-Orient et Afrique du Nord

l) Amérique latine et les Caraïbes

1-2- Microfinance en Haïti : ses étapes évolutives

1-2-1- Vue panoramique des institutions financières haïtiennes

1-2-1- Les banques commerciales

1-1-4-2- Les institutions non-bancaires réglementées

1-1-4-3- Les institutions non-coopératives pratiquant la microfinance

1-1-5- Méthodologie de crédit

a) le groupe solidaire

b) le crédit individuel

c) banques communautaires

d) les mutuelles de solidarité

3- Opérationnalisation des concepts

2-1- La Microfinance

2-1-2- Développement de la microfinance

2-2-1- La notion de PME : historique et définition

2-2-2- Expansion des Petites et Moyennes Entreprises

1-1- Microfinance : Généralité

La microfinance est au coeur des politiques de lutte contre la pauvreté dans plusieurs pays en développement. Pour la compréhension du concept et de la place qu'il s'est taillée actuellement, le premier chapitre du travail se propose de présenter des généralités sur la microfinance. Il retrace l'histoire des pratiques de la microfinance en présentant aussi un état des lieux actuel dans les différentes régions du monde. Il met l'accent sur les étapes évolutives de la microfinance en Haïti et décrit, de manière laconique, les différentes composantes du système financier haïtien. En dernier lieu, il présente l'opérationnalisation des concepts constituant l'hypothèse générale.

1-1-1- Historicité de la Microfinance

La fourniture des services financiers aux pauvres, exclus du système financier formel, désignée sous le thème de microfinance, ne date pas d'aujourd'hui. Ces pratiques ont connu leur début en Europe et connaissent différents moments dans l'histoire. Au moyen-âge, en 1462, un moine italien a créé la première boutique de prêt sur gage pour lutter contre les usuriers. En 1515, le Pape Léon X autorise ces boutiques à facturer des intérêts pour couvrir leurs coûts de fonctionnement3(*). La dynamique est suivie en Irlande, au 18ème siècle, où Jonathan S., par le biais des associations de bienfaisance spécialisées en crédits sans intérêts, accordait des prêts de petit montant aux fermiers pauvres qui n'avaient pas de garanties à offrir. Ces associations utilisaient la méthodologie groupale de crédit, très à la mode dans le secteur jusqu'à date, et la pression solidaire en cas de non paiement. Elles prenaient le nom d'Irish Loan Funds qui pourraient collecter de l'épargne. Suite à la décision du gouvernement Irlandais, en 1843, d'instaurer un taux d'intérêt plafond, ces Loan Funds disparaissent complètement en 1850. Puis, en Allemagne, les caisses d'épargnes et de crédit, basées sur le principe d'entraide, furent fondées par Friedrich Wilhem Raiffeisen qui fut maire dans la commune de Westerwald dans le commencement de la deuxième moitié du 19eme siècle. Le modèle développé par Raiffeisen fait école en Europe, et attire beaucoup de monde dans la démarche et constitue le cadre de référence du mouvement coopératif international que l'on connaît aujourd'hui.

Ces sociétés d'intermédiation financière permettaient à la population locale d'épargner et de cumuler des actifs financiers pour améliorer leur bien-être. Elles les affranchissaient du même coup des usuriers qui exigeaient, dans les quartiers pauvres, des taux d'intérêts quotidien de 2% à 700% annuel. Au 20ème Siècle, des formes adaptées de ces modèles commencèrent à faire leur apparition dans les zones rurales de l'Amérique Latine, dans le souci de moderniser le secteur agricole, de mobiliser l'épargne improductive et d'augmenter l'investissement.

Entre les années 1950 et 1970, les gouvernements et les bailleurs de fonds ont tenté d'élargir l'accès au crédit agricole en érigeant des institutions publiques de développement ou coopératives de fermiers. Elles devaient offrir des prêts à des taux inférieurs à ceux du marché. Ces institutions étaient tombées en décrépitude, du fait de l'érosion de leur capital, car le taux d'intérêt pratiqué ne leur permettait pas de couvrir les coûts de fonctionnement.

La microfinance s'engage dans le quotidien des gens, à proprement parler, dans les années 70, sous la houlette du Professeur Bangladais Muhammad Yunus de l'Université de Chittatong. Ce dernier, las de voir la misère qui sévit dans son pays, a cherché à soulager la misère des villageois. Mais les théories économiques lui paraissaient inefficaces pour y parvenir. Son diagnostic révèle que le non-accès au crédit constitue un handicap majeur au développement économique de ces pauvres, les privant ainsi de la possibilité d'entreprendre ou d'augmenter la productivité de leur travail. Il était allé chercher de l'argent dans le système bancaire pour venir en aide à la population. Mais, du fait que cette dernière ne peut présenter aucune caution de garantie, les banques refusent catégoriquement de lui avancer de prêts. Alors, il décida de prêter de sa propre poche en substituant la garantie matérielle à la garantie sociale à travers une méthodologie de crédit qui fonctionne avec des groupes de personnes solidaires constituant une garantie les unes pour les autres. Il constate que tous les crédits sont remboursés normalement. Ainsi, l'idée que les pauvres sont bancables est née et la manifestation concrète est la Grameen Bank qui ne prête qu'aux pauvres, principalement les femmes qui représentent d'ailleurs 95 % des clients. Ainsi, Acción International emboite le pas en Amérique Latine tout comme la Self Employed Women Bank en Inde.

Le succès de la Grameen Bank fait tâche d'huile dans le monde entier et la microfinance se développe considérablement et devient, depuis plusieurs décennies, pour les organisations internationales oeuvrant dans le développement, un instrument de réduction de la pauvreté. Au tournant des années 1980, les activités de microcrédit fonctionnent partout dans le monde et l'affinage des méthodologies permet de défier les raisonnements traditionnels dans le domaine du financement des activités des pauvres. Le microcrédit s'effectue non sur une base caritative mais sur celle de la pérennité avec des taux de remboursement très élevés. Depuis, le terme microcrédit cède la place à celui de la microfinance, dans les années 90, désignant tout un éventail de services financiers offerts aux pauvres. Maintenant, au 20ème siècle, on parle de secteur financier accessible à tous dont la vision correspond à la prestation des services financiers solides sans rien à envier aux banques traditionnelles du secteur formel. D'ailleurs, selon Christina Barrineau, conseillère en chef auprès de l' «Année Internationale du Microcrédit », les pauvres ont besoin des services financiers leur permettant de gérer leur patrimoine. «  La microfinance est micro uniquement parce que le patrimoine des pauvres est micro4(*) »

Dans cette perspective, l'Organisation des Nations Unies (ONU) a déclaré 2005, l'année internationale de la microfinance et lui accorde une place prépondérante dans l'atteinte des Objectifs Mondiaux du Millénaire (OMD). De nos jours, la microfinance se développe sur tous les continents et les banques commerciales traditionnelles y voient une nouvelle niche de marché ayant une potentialité hautement économique et commerciale.

1-1-2 Microfinance dans les différentes régions du monde

Depuis son affirmation comme instrument de lutte contre la pauvreté, la microfinance gagne plusieurs pays à travers le monde. Toutefois, toutes les régions ne connaissent pas le même niveau d'activité et non plus le même modèle de croissance. Voici une description succincte de la microfinance dans quelques régions dans le monde.

a) Amérique du Nord et Europe de l'Ouest

Ces zones géographiques logent les pays les plus riches du monde. La microfinance y est très développée, notamment aux Etats-Unis, en France et au Québec. La microfinance est, dans cette région, un moyen de résorber le chômage. Aux Etats-Unis, le secteur a connu sa croissance dans les années 80 grâce aux congrégations religieuses et aux autorités publiques. Il est maintenant en stagnation à cause du retrait des organisations qui le soutenaient et de la baisse du chômage. Au Québec, ville réputée mondialement pour le mouvement coopératif, la microfinance est un instrument de développement et s'inscrit dans ce que les québécois appellent la nouvelle économie sociale. La France est l'un des pays où l'offre de microfinance est la plus riche, à la fois, en termes de diversité et de quantité. L'association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) en France, avec plus de 3000 prêts par an, est, à l'heure actuelle, l'un des opérateurs les plus ciblés pour les pauvres5(*). Le Mexique a connu un événement historique avec l'introduction en bourse de Compartamos, une des IMF les plus importantes de ce pays.

b) Asie et Pacifique

Dans la région Asie et pacifique, la microfinance a une orientation sociale. Ce continent a vu le succès phénoménal de la microfinance au Bengladesh précisément. C'est l'endroit où l'offre de la microfinance est plus élevée au monde, soit 84% des comptes6(*). La chine, l'Inde et l'Indonésie sont les pays où l'offre est majoritairement concentrée. La plus grande institution de microfinance du monde est la Banque Rakiat Indonesia (BRI), une société affiliée à une banque publique restructurée fonctionnant sur une base commerciale.

c) Afrique Sub-saharienne

La microfinance, en Afrique sub-saharienne, est en pleine expansion comme pour d'autres régions du monde. Les IMF offrent des produits qui semblent répondre aux besoins financiers des clients. Plus de 70% d'entre-elles offrent l'épargne, comme produit complémentaire, et qui constitue pour elles une source importante de fonds pour les prêts. Le niveau de rentabilité est, par contre, très bas en raison du niveau élevé des coûts opérationnels. Les prestataires sont des coopératives, des institutions non-bancaires, des banques rurales, des caisses d'épargne postale et des banques commerciales qui font de plus en plus leur entrée dans le secteur. On commence à intégrer la technologie pour moderniser les services et toucher plus de gens possibles. Selon un journal africain `` allafrica'' titré la microfinance impose ses marques publié sur le web le 13 septembre 2007 «  la microfinance devient les plus forts et entre, de plein pieds, dans le monde de la finance7(*) ». Cet article relate des progrès significatifs de la microfinance en termes de produits financiers et de technologie. L'equity Bank au Kenya a ouvert plus de 200 000 comptes d'épargne en un an, l'utilisation de la carte de paiement au Sénégal et en Tanzanie, la dissémination des terminaux points de vente transformant les caisses enregistreuses des boutiques en agences bancaires virtuelles. Selon l'article au Kenya et au Zambie, on exploite le téléphone portable pour faire des transactions comme retrait et dépôt ou transfert via un système de messagerie courte. D'autres institutions de microfinance africaines commencent à constituer des réseaux de guichets automatiques ou installent des systèmes à pile de faible fonctionnalité pour atteindre les plus pauvres.

d) Europe de l'Est et Asie Centrale

La région de l'Europe de l'Est et l'Asie centrale vient de découvrir la microfinance. On y constate une domination des ONG et d'autres institutions qui privilégient l'offre de crédit. La microfinance se développe de façon différente des autres régions du monde. Un niveau plus élevé d'instruction et de revenu explique en partie la taille la plus importante des prêts. Les institutions sont indépendantes des bailleurs de fonds. Le défi des IMF est la diminution des coûts opérationnels pour atteindre la viabilité financière8(*).

e) Moyen-Orient et Afrique du Nord

Dans cette partie du monde les activités de microfinance fonctionne sur une base caritative. La quasi-totalité des IMF sont des ONG qui sont dépendantes du financement des bailleurs. Le secteur connaît un fort taux de croissance annuel et les banque commerciales commencent à investir le secteur en adaptant leurs produits aux besoins de la clientèle pauvre.

f) Amérique latine et les Caraïbes

En Amérique latine et les Caraïbes, la microfinance est dominée par l'approche commerciale et, dans de nombreux pays, il se développe un véritable marché de la microfinance. L'approche commerciale est définie comme l'offre d'une gamme variée de services financiers à des personnes pauvres à faibles revenus par un ensemble d'institutions rentables et réglementées. Les institutions dans la région sont les plus rentables au monde9(*). Certaines accusent des taux de rentabilité même supérieurs aux banques traditionnelles. Comparées à la rentabilité des autres IMF dans le monde, celles de l'Amérique Latine sont plus compétitives. La typologie des IMF se présente en deux grandes catégories : les IMF règlementées qui se subdivisent en ONG de microcrédit transformées, institutions de microfinance dotées d'un agrément spécial, les banques traditionnelles ; et les IMF non règlementées. Les ONG de microcrédit transformées sont des institutions transformées en IMF agrées et obtenant le même statut juridique que les banques ou sociétés financières traditionnelles. C'est le cas de Prodem transformée en Bancosol en Bolivie ; Finansol devenu Corposol en Colombie, etc. Les IMF dotées d'un agrément spécial sont aussi d'anciennes ONG spécialement agrées comme coopératives de crédit ou intermédiaires non bancaires locaux appelés cajas. Les IMF sont placées majoritairement dans le milieu rural. Les banques et les sociétés traditionnelles, dominantes dans le système, sont celles qui voient, dans le microcrédit, une source supplémentaire de bénéfices. On désigne, dans la littérature, cette intervention sous le thème de downscaling. C'est le cas de la Sogebank en Haïti qui a créé Sogesol, de Banco del Pinchincha qui a créé CREDIFE en Equateur.

Il faut préciser qu'en Amérique latine, les pays les plus économiquement lotis ne développement pas des activités d'envergure de microfinance sur leur territoire. Ce sont les cas du Brésil et de l'Argentine.

1-1-3- Microfinance en Haïti : ses étapes évolutives

Les services financiers dans le secteur de la Microfinance en Haïti sont assurés fondamentalement par deux grandes catégories d'institutions. Celle de type coopératif et la catégorie non coopérative. A coté de ces deux catégories, se trouvent d'autres circuits, très divers, informels et peu étudiés, qui sont les tontines, les prêts personnels à taux nul ou sol, et les usuriers chez qui on dépose des objets de valeurs pour contracter de prêts.

Historiquement, le début des opérations de microfinance en Haïti remonte à 1937. Cette date coïncide avec l'élaboration de la première loi sur les coopératives en Haïti. Jusqu'à 1993, ces institutions utilisaient la méthodologie de caisse populaire. En 1995, la décision de la Banque de la République d'Haïti (BRH) de libéraliser les taux d'intérêt marque un tournant décisif dans le secteur. Des coopératives dites d'investissement et de placement voient le jour. Ces institutions se multiplient massivement dans les années 2000 - 2001, avec une campagne publicitaire déchaînée, et offrent des taux faramineux situant entre 10 à 15% et ceci, à contre courant de la loi de 1981 sur les coopératives. Le secteur se fragilise de plus en plus puisqu'à être incapable de répondre à ses promesses dans un environnement macroéconomique très corsé. Le système n'inspire pas confiance, la mauvaise gestion gangrène les institutions et c'est la débâcle. Cette situation a concouru à la décapitalisation de quasiment toutes les couches de la population haïtienne, principalement la classe moyenne, la diaspora et les plus défavorisés qui voient dans ce mouvement un moyen d'accéder à des services financiers auxquels ils n'avaient jamais eu le droit. Cette situation a porté le gouvernement à prendre les mesures visant à renforcer la capacité institutionnelle du Conseil National des Coopératives (CNC)- structure de régulation des coopératives- en accord avec la BRH pour sauvegarder le mouvement coopératif Haïtien.

Les coopératives représentent la majeure partie des prestataires de services de Microfinance en Haïti. Leur nombre est estimé en 1999 à 37010(*) et elles disposent d'une législation leur permettant de collecter volontaire de ses membres.

Le secteur non coopératif, de son coté, est constitué d'un ensemble disparate d'institutions qui se diffèrent non seulement par leurs statuts, mais aussi par leur méthodologie de crédit. Ce secteur a débuté ses opérations en Haïti en 1979 avec la création de la Fondation Haïtienne de Développement (FHD) qui octroyait des financements aux petites et aux microentreprises qui n'avaient pas accès au système bancaire traditionnel11(*). Puis en 1983, la Fondation Haïtienne d'Aide à la Femme (FHAF) emboîte le pas avec le soutien d'une institution internationale spécialisée dénommée women World Banking. La FHAF accordait des crédits aux femmes commerçantes de la Capitale.

Dans les années 90 beaucoup d'institutions de microfinance (IMF) naissent tant en milieu rural qu'urbain. Ce secteur a connu pendant cette période l'entrée des banques commerciales traditionnelles sur ce marché. Les prestataires dans ce segment sont, d'après l'Association Nationale des Institutions de Microfinance d'Haïti (ANIMH), au nombre de 2212(*) qui ont un volume d'activités plus ou moins important. Elles sont de plusieurs types : Associations, Fondations, Organisations non Gouvernementales (ONG), Unités de microfinance au sein des banques gouvernementales, Filiale de banques commerciales et des sociétés religieuses ou de droit privé13(*). Les méthodologies de crédit utilisées sont le crédit individuel, Groupe solidaire, Banque Communautaire et mutuelle de solidarité.

Les études sur le secteur font état d'une forte demande contre une offre très faible en raison de beaucoup de contraintes qui caractérisent le secteur non coopératif, fondamentalement, l'absence d'un cadre règlementaire qui permettrait aux IMF de ce secteur de collecter l'épargne publique.

1-1-4- Vue panoramique des institutions financières haïtiennes

Le système financier haïtien est coiffé par la Banque de la République d'Haïti (BRH) qui assure la supervision du système financier formel, en général, et la politique monétaire de l'Etat. Le système est composé d'institutions bancaires et non-bancaires. Les institutions bancaires sont régies par la loi du 14 novembre 1980 qui définit le métier de la banque en Haïti et les conditions à respecter par les opérateurs et ceux désirant rentrer dans le métier. Ainsi, le système est-il composé de banques commerciales, des institutions non-bancaires réglementées et non-réglementées.

1-1-4-1- Les banques commerciales

Celles-ci regroupent :

- Deux banques commerciales d'Etat :

. Banque Nationale de crédit (BNC)

. Banque Populaire haïtienne (BPH)

- Banques Commerciales à Capitaux privés Haïtiens :

. Capital Bank

. Banque Industrielle et commerciale d'Haïti (BICH)

. Banque de l'Union Haïtienne (BUH)

. Banque de promotion commerciale et industrielle (PROMOBANK)

. Société caribéenne de banques (SOCABANK)

. Société générale des banques (SOGEBANK)

. Unibank

- Succursales des banques commerciales étrangères

.Bank of Nova Scotia (Scotia bank)

. Citibank N.A (CBNA)

- Banques d'épargne et de logement à capitaux privés haïtiens

. Société caribéenne des banques d'épargne et de logement (Socabel)

. Société générale haïtienne des banques d'épargne et de logement14(*) (Sogebel)

1-1-4-2- Les institutions non-bancaires réglementées

. Le Fonds de Développement Industriel (FDI),

. La Société Financière Haïtienne de Développement Economique et Social (SOFIHDES)

. Une initiative de l'Etat haïtien : le Bureau du Crédit Agricole (BCA)

. Deux quasi-banques : Société Haïtienne d'épargne et de crédit (SHEC), le crédit coopératif (CREDICOOP) qui sont des coopératives offrant des services bancaires.

. Les coopératives, coiffées par le conseil national des coopératives (CNC).

1-1-4-3- Les institutions non-coopératives pratiquant la microfinance

Ce groupe est hétérogène. D'une part, on distingue les circuits financiers informels ou autonomes qui regroupent les systèmes de tontine appelés sabotage (tour quotidien) ; les prêts personnels à taux nul ou sol (tour hebdomadaire ou mensuel) et les usuriers chez qui on fait le dépôt des objets de valeur en vue de contracter des prêts personnels. Et, d'autre part, quelques institutions qui revêtent diverses formes. Dans cette sous-catégorie, on distingue :

a) des associations qui sont :

. Le Groupe Technologique Intermédiaire d'Haïti (GITH) créé en 1997.

. L'association pour la Coopération avec la Micro Entreprise (ACME) créée en 1997.

. Les ateliers pilotes de technologie-crédit (APTECH)

. Le collectif de développement (CODE)

. Le groupe d'Appui pour l'intégration de la femme du secteur informel (GRAIFSI), créé en 1992, intègre la microfinance en 1995.

b) des Fondations qui sont :

. La Fondation Hattienne de développement (FHD) qui a démarré ses activités en 1981 avec les fonds de l'USAID.

. Le FONDEPE

. La « Fondation Kole Zepòl » FONKOZE, créée en 1996.

c) des Organisations Non-gouvernementales :

. Les Fonds Haïtien d'aide à la Femme (FHD) créée 1982

. L'Action contre la misère (ACLAM) lancée 1993

. MEDA (1996)

. Catholic Relief Services (CRS) créée 1997

. Service and development Agency Inc (SADA) en 2000

. Concern Worlwide Haïti

. << Program Fomasyon pou oganization dyakona

. World relief/ MED

. Initiative Développement program St Martin (CID)

d) des banques qui :

. La banque de l'Union Haïtienne (BUH) avec le produit « Kredi Popilè » (crédit populaire) lancé en 1997.

. Micro Crédit National (MCN), une filiale du groupe Financier National, créé 1999 avec un fort actionnariat de la Unibank.

. Société générale de solidarité S.A (Sogesol), une filiale du groupe Sogebank lancée en 2000.

. Banque populaire haïtienne (BPH) qui a créé un département de microfinance dans sa structure.

e) des institutions religieuses qui sont :

. Coordination de l'Eglise catholique d'Haïti (COD-EMH) créée en 1992

. CRS de l'église catholique15(*).

Ces institutions, non seulement qu'elles se diffèrent par leur statut mais aussi, par leur structure organisationnelle. De ce point de vue, on répertorie des institutions dans lesquelles la gestion se fait sans participation des bénéficiaires à partir d'une organisation entrepreneuriale, indépendamment du statut légal. C'est le cas de ACME, FONKOZE et les filiales des banques commerciales. D'autres institutions sont gérées à la base par les bénéficiaires dans des groupes de base autogérés, regroupés en réseaux, gérés ou appuyés par de ONG16(*).

1-1-5- Méthodologie de crédit

Depuis la fondation de la Grameen Bank, la méthodologie de crédit est importante en termes de gestion des activités de crédit. On en distingue plusieurs types appliqués par les institutions de microfinance haïtienne:

a) Le groupe solidaire qui consiste à accorder le crédit à un groupe de personnes, généralement des femmes, qui se portent garantes l'une de l'autre pour le remboursement. Le groupe peut contenir 5 à 10 personnes. Les conditions de crédit sont fixées par les institutions de microfinance, le montant du prêt à accorder à chaque membre du groupe est fixé par eux-mêmes. Cette méthodologie de crédit est utilisée par FONKOZE en milieu rural.

b) Le crédit direct ou individuel est assimilable à la forme de crédit bancaire classique par laquelle les prêts sont consentis directement aux individus. Les officiers de crédit des IMF effectuent des visites dans les établissements des entrepreneurs pour évaluer leurs affaires, leur moralité et leur capacité de remboursement. Parmi les institutions qui utilisent cette méthodologie, on peut citer ACME, GITH et les filiales des banques commerciales. Les institutions de crédit, utilisant cette méthodologie, offrent des montants de crédit plus élevés.

c) Banques communautaires : ce sont des institutions locales formées de 20 à 35 personnes qui se mettent ensemble pour constituer un fonds utilisable pour chacun de ses membres. Les organisations de microfinance fournissent l'encadrement nécessaire au groupe, coordonnent les activités et déterminent les règles de fonctionnement. Les membres se portent mutuellement garants, les impayés des uns deviennent les responsabilités des autres lors des réunions de remboursement. Ces institutions sont COD-EMH, CRS et ACLAM.

d) Les mutuelles de solidarité : Une mutuelle de solidarité est un groupe de personnes socialement homogènes qui se connaissent et qui mettent ensemble leurs ressources en vue d'atteindre des objectifs communs ou de transformer les sommes collectées en crédit rotatif entre ses membres. Le complément de fonds externe est apporté par les IMF qui organisent une formation initiale ainsi qu'un encadrement continu pour les membres. Après une certaine période de maturité, la mutuelle se structure, se donne une raison sociale et devient une institution de microfinance qui, à son tour, accorde des financements à leurs membres. Les institutions qui encadrent les mutuelles sont, entre autres, GRAIFSI, KOFIP, FONSUP, CARITAS et le KNFP.

Les deux dernières méthodologies de crédit sont utilisées plus en milieu rural.

2- Opérationnalisation des concepts

Par opérationnalisation des concepts on entend le mécanisme par lequel on associe au concept un ou plusieurs indicateurs qui permettent de distinguer avec exactitude les variations observées dans la réalité du concept17(*). Dans la formulation de notre hypothèse générale se dégagent deux concepts qui sont : 1) développement de la microfinance ; 2) Expansion de Petites et Moyennes Entreprises. Dans les paragraphes qui suivent, nous procéderons à les opérationnaliser en fournissant les indicateurs à partir des données observées dans la réalité.

2-1- La Microfinance

Le concept de Microfinance est un thème à la mode dans la littérature de la finance, et il est aujourd'hui placé au coeur des politiques de développement dans les pays en développement et les organisations internationales. Il y a un luxe de définitions de ce concept. Mais, tous les acteurs dans ce domaine s'entendent sur l'idée que les services de la microfinance visent principalement les pauvres. Selon l'Organisation des Nations Unies, la microfinance est la prestation de divers services financiers à des populations pauvres et à faibles revenus18(*).

Historiquement, les pratiques de la microfinance remontent à la période du Moyen-âge en Europe ; mais, le concept rentre dans la terminologie de la finance dans les années 80 après le succès de la Grameen Bank sous l'auspice du professeur Bangladais Muhammad Yunus. C'était d'abord le microcrédit qui consistait à accorder des crédits de faibles montants aux familles pauvres et aux petites entreprises exclues du système bancaire pour conduire leurs activités génératrices de revenus. De nos jours, au microcrédit sont associés d'autres produits financiers comme l'épargne, assurance, transfert de fonds, crédit bail, etc. D'où le terme de microfinance englobant tous ces services financiers fournis au pauvres. Selon la nature des institutions prestataires, la microfinance peut être coopérative ou non coopérative. La première est assurée par les coopératives, selon le modèle Raiffeisen en Allemagne, dont les bénéficiaires sont les épargnants exclusivement. La deuxième est assurée par un ensemble disparate d'institutions dont certaines organisations non-gouvernementales (ONG), des institutions spécialisées et certaines banques commerciales.

Concept 1 : Développement de la microfinance.

Depuis le lancement des premières associations de coopératives en Haïti (1936) passant par l'implantation de la fondation haïtienne de développement (FHD) en 1979, les activités de microfinance n'ont pas arrêté de s'intensifier. La période de l'embargo et la misère qui s'en dégageait, ont permis aux activités de microcrédit de connaitre un regain énorme, que ce soit dans le secteur coopératif ou celui non coopératif. Sur le plan institutionnel, beaucoup de prestataires ont vu le jour. Même les banques commerciales ont subi l'effet d'entrainement et font leur entrée sur ce segment du marché financier. Du point de vue de la prestation des services, les montants de crédit ont augmenté et le nombre de clients bénéficiaires ont aussi connu une forte expansion année après année. Etant donné que juridiquement le secteur de la microfinance ne jouit pas d'un statut, il n'y a pas une institution nationale qui donne des statistiques officielles sur le secteur. Pour justifier nos propos, nous nous référons aux données d'une institution internationale qui travaille avec les institutions de microfinance à travers le monde. C'est le Microfinance Information eXchange (MIX) qui est un organisme à but non-lucratif basé aux Etats-Unis dont la mission est d'aider à la création d'infrastructures de marché en offrant des services de sources de données, des benchmarks, des outils de suivi, de performance et des services d'informations spécialisés. Le MIX MARKET est la plateforme internet globale qui permet l'échange d'information entre les différents acteurs de la microfinance (IMF, bailleurs de fonds, investisseurs et prestataires de services). La MIX est accessible à partir de l'adresse URL : http://themix.org. Selon les informations contenues dans la base de données sur sept IMF haïtiennes, la SOGESOL, qui est l'une des institutions de microfinance les plus importantes du secteur, a vu le nombre de ses emprunteurs croître de 2200 en 2000 à 11 776 en 2006. Ses prêts sont passés de $US 6 441 329 en 2000 à $ US12 696 736 en 2006. C'est le même cas de figure pour les autres IMF dans la base de données. L'Association pour la Coopérative avec la micro-entreprise (ACME) a vu son nombre d'emprunteurs actifs passer de 2051 en 2000 à 20 112 en 2006, les montants des prêts sont passés de $US 814 833 en 2000 à $US 7 049 763 en 2006. Pour Fonkoze, le nombre d'emprunteurs actifs passe de 4 794 en 1999 à 20 916 en 2006. Le volume de prêts passe de $US 930 220 en 2000 à $US 3 411 705 en 2006. Le Micro Crédit National (MCN) a vu le nombre de ses emprunteurs augmenter aussi, passant de 4 316 en 2002 à 12 045 en 2006, et le volume de prêts passe de $US 6 369 873 en 200619(*). Ses indicateurs sont aussi en expansion continue pour les autres IMF (FINCA-HAITI et Fondespoir) cataloguées dans la base de données. Ainsi, le concept « développement des de la microfinance », utilisé dans le cadre de ce travail, est-il accepté comme un renforcement des activités de la microfinance qui se mesure par l'évolution du nombre d'emprunteurs et l'évolution du volume de crédit octroyés sur la période.

2-2- La notion de PME : historique et définition

On ne dispose pas de donnés classiques sur l'histoire du concept PME, malgré les activités de ces formes d'entreprise se situent loin dans le temps. Selon Rein Peterson, le concept PME est aussi vieux que l'étude de l'économie elle-même20(*). Cette notion en France peut remonter à 1946 lors de la création de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprise (CGPME). L'acronyme PME a connu sa première utilisation officielle21(*).

Dans la littérature de la science économique, il n'y a pas une définition classique du concept « Petites et moyennes entreprises ». Cependant, selon le besoin, les définitions font fortune, que ce soit dans les plans des gouvernements locaux ou dans les travaux des chercheurs passionnés de ce domaine.

Depuis un bon bout de temps, le concept occupe une place prépondérante dans les formulations de politiques économiques de beaucoup de pays qui, chacun, donnent une définition selon les caractéristiques de son environnement économique.

En effet, plusieurs définitions ont été proposées selon le contexte qui a prévalu. Il faut dire que la majorité de ces définitions sont basées sur des critères d'effectif, de chiffre d'affaires ou de bilan. Ainsi, au Canada, la petite entreprise est-elle celle qui est possédée et gérée d'une façon indépendante et emploie moins de 300 personnes [Rein Peterson, 1984] ; Pierre-André Julien et Michel Marchesnay [1987] définissent les PME comme « toute entreprise juridiquement sinon financièrement indépendante, opérant dans les secteurs primaires, manufacturiers ou des services, et, dont les fonctions de responsabilité incombent le plus souvent à une seule personne, sinon à deux ou trois personnes, en général, seuls propriétaires du capital22(*). » Elles se caractérisent par la centralisation ou la personnalisation de la gestion, la faible spécialisation du travail, un processus de décision fonctionnant le plus souvent selon le schéma intuition-décision-action, un système d'information interne et externe très simple, la recherche d'environnement très stable et faibles barrières à l'entrée.

Selon la commission économique européenne, les PME sont des entreprises qui emploient moins de 250 personnes et dont le chiffre d'affaires n'excède pas 50 millions d'euros ou le bilan est en dessous de 43 millions d'euros. Ainsi, la Micro, petite et moyenne entreprise a respectivement moins de 10 personnes, moins de 50 et moins de 250 personnes comme effectif; moins de 2 millions, moins de 10 et moins de 50 millions d'euros comme chiffre d'affaires ou moins de 2, moins de 10 et moins de 43 millions d'euros comme bilan23(*).

L'atelier de Ouagadougou [juin 1997] opère une classification en retenant comme critères : les promoteurs, la nature des activités, l'environnement, les barrières à l'entrée et le potentiel d'évolution. En effet, il désigne par micro entreprises celles dont les entrepreneurs ont une attitude liée à l'acquisition de revenues de subsistance et n'ont pas de compétences particulières et s'auto emploient. Les activités peuvent être le commerce de détail ou autres activités complémentaires temporaires ou saisonnières. Les barrières à l'entrée sont très faibles ou inexistantes: pas de site formel et, non plus, un capital de départ, sauf un fonds de roulement de départ. Les potentiels d'évolution sont très faibles ou inexistantes et ce sont généralement des activités féminines.

Pour les moyennes entreprises, les propriétaires ont une attitude plus entrepreneuriale avec une vision à moyen ou à long terme. Ils ont une capacité technique et de gestion. Ils sont patrons et ont du personnel. Les activités sont plus ou moins spécialisées et s'exercent à titre professionnel. Elles sont souvent enregistrées dans les chambres de commerce. A ce niveau, les barrières à l'entrée existent au niveau des technologies de production, des moyens de production et du capital de départ. Elles ont un potentiel d'accumulation et de croissance.

L'autre segment de la catégorisation est les petites qui s'écartent, un peu, des premières pour se rapprocher des deuxièmes mentionnées ci-dessus24(*).

Selon l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE)

Les petites et moyennes entreprises sont des entreprises dont la taille, définie par un ensemble de critères, dont essentiellement le nombre de salariés, ne dépasse pas certains seuils. Les autres critères de taille sont le chiffre d'affaires et le bilan et on utilise parfois, de plus, le critère d'indépendance s'exprimant sous la forme de non-appartenance à un groupe important25(*).

Toutes ces définitions sont adoptées dans le cas des besoins particuliers, que ce soit le rapport de Bolton en Angleterre, le Small Business Act aux Etats Unis, la Nouvelle définition des PME de l'Union Européenne ou l'Atelier de Ouagadougou.

En Haïti, la littérature et les discours abondent sur la notion de PME sans avoir jamais une définition officielle.

Yves Michel B. Canal opéra une classification en termes de nombre de personnes employées. Ainsi, les micros entreprises emploient-elles 1 à 5 personnes, les petites emploient 5 à 9 et les moyennes 10 à 5026(*). Il s'accroche à l'idée que les PME ont un rôle fondamental dans la création d'emploi et la dynamisation de l'économie.

Yves Clément Jumelle ajoute au critère de nombre d'employés le chiffre d'affaires. Ainsi, les micro-entreprises emploient-elles 1 à 10 personnes et ont un chiffre d'affaires de 500 000 gourdes; les petites ont 10 à 20 personnes et un chiffre d'affaires compris entre 500 000 et 5 000000 gourdes; et les moyennes entreprises ont plus de 20 employés et un chiffre d'affaires supérieur à 5 000 0000 gourdes27(*).

Comme caractéristiques des PME, elle retient une fable barrière à l'entrée, un capital de départ limité, un processus de production simple basé sur la force de travail essentiellement, une qualification acquise par apprentissage, limitation de l'accès au crédit bancaire et utilisation de financement informel, production de biens simples pour satisfaire les besoins vitaux de leurs clients, grande concurrence du fait de l'absence de barrières à l'entrée et la non spécialisation des produits, un marché de proximité insuffisant, manqué de représentativité et de regroupement par rapport aux autres secteurs de l'économie.

De son coté Fred, Doura estime que les PME informelles se différencient peu des formelles. Se basant prioritairement sur le critère deffectif, il définit les PME comme ces entreprises du secteur primaire, manufacturier ou des services dont les fonctions de responsabilités incombent à une personne ou, tout au plus, à deux ou trois personnes, seuls propriétaires du capital. Il les assimile à la forme artisanale de l'entreprise déterminée par la non-séparation des apports en capital et du travail. Elles emploient 1 à 4 personnes pour la micro, généralement le propriétaire et sa famille, 5 à 9 personnes pour les petites et 20 à 99 pour les moyennes. Il distingue les PME de production et de transformation et les PME de services ou commerciales. Elles transforment les matières premières locales et se trouvent dans la fabrication des produits alimentaires, de boissons et de tabac; la fabrication des produits en métal et d'un éventail d'autres produits variés28(*).

Toutes ces définitions sont carrément des exercices intellectuels de leurs auteurs. Car au niveau officiel, c'est le flou total. D'ailleurs, dans le Code d'Investissement haïtien, la notion de PME ne fait l'objet d'aucune stipulation. Selon un cadre du Ministère du Commerce et de l'Industrie avec qui nous avons un entretien, il y a un problème de nomenclature des entreprises en Haïti. Conséquemment, une entreprise, considérée comme grande en Haïti, est une PME à l'étranger. Il arrive souvent que des avantages demandés par la communauté internationale en faveur des PME aillent aux grandes entreprises haïtiennes. Cela est dû à deux facteurs principaux :

Premièrement, il y a une absence de cadre juridique régissant et définissant le segment des PME.

Deuxièmement, il n'y a pas une politique nationale de PME. Ces entreprises, malgré leur importance, leur capacité de résistance dans les périodes de vache maigre de l'économie et des troubles sociopolitiques, sont tout simplement ignorées dans les programmes gouvernementaux. Abandonnées à elles-mêmes, elles se débattent pour se tirer d'affaire.

La typologie retenue regroupe les PME du secteur formel ou informel qui exercent une activité à but lucratif et qui ne sont pas des filiales de grands réseaux d'entreprises nationales ou internationales. Sont incluses les entités agissant à titre artisanal, individuel, familial, associatif, et les petites affaires qui exercent une activité économique. Notre typologie s'apparente à celle de l'atelier de Ouagadougou mentionnée antérieurement.

Concept 2 : Expansion des Petites et Moyennes Entreprises

En absence des statistiques officielles sur le secteur des petites et moyennes entreprises en Haïti, il s'avère difficile de donner des chiffres sur l'évolution quantitative des PME dans l'économie haïtienne. Si l'on se réfère à des études et des estimations de certains chercheurs, ils ont constaté leur forte proportion dans le tissu de l'économie. Selon des estimations, elles représenteraient plus de 70% des activités économiques en Haïti. Depuis la période de l'embargo, le secteur est en pleine expansion. Elles constituent la forme privilégiée de la résistance des ménages aux dysfonctionnements de l'économie pendant les périodes des perturbations politiques entravant le développement de l'économie formelle. Elles constituent aussi les activités indépendantes qui occupent, selon l'Enquête sur les conditions de vie en Haïti (ECVH), 81.2% des actifs occupés. Si nous opérons sur la base d'une logique déductive : les institutions de microfinance, dont les activités visent les PME strictement, ont connu une augmentation soutenue de leurs emprunteurs chaque année. Or, nous savons que la majorité des IMF haïtiennes ne financent pas les entreprises au démarrage. Donc, on peut conclure, sans ambages, que les petites et moyennes entreprises sont en forte croissance dans l'économie. Le concept « expansion des petites et moyennes entreprises », utilisé dans le cadre de ce travail, va être mesuré en termes de la multiplication quantitative des PME sur la période de 2000 à 2006, de l'évolution de leur chiffre d'affaires et des emplois créés.

Chapitre II

Les grands courants de Pensées se rapportant à la microfinance

3- Les courants de Pensées

S'agissant des impacts de la microfinance sur la vie des bénéficiaires, les points de vue divergent. Plus d'uns sont d'avis qu'elle peut améliorer durablement les conditions de vie des pauvres et peut se révéler un outil de lutte contre la pauvreté. D'autres s'accrochent à cette idée moyennant qu'elle évolue dans un cadre externe adapté et d'autres pensent que la microfinance n'a aucun effet sur la vie des gens qui en bénéficient.

Nous nous arrangeons à côté de ceux qui pensent que la microfinance peut être positive pour ses bénéficiaires. Voici les points de vue de ceux qui vont dans le même sens de notre préoccupation.

Les Nations Unies, à travers la vision des secteurs financiers accessibles à tous, affirment que : «  l'accès à un système financier qui fonctionne bien peut émanciper des personnes, en particulier des pauvres, sur le plan économique et social, leur permettant ainsi de mieux s'intégrer à l'économie de leur pays, de contribuer à son développement et de se prémunir contre les chocs économiques29(*). » Selon cette vision, ``l'inclusion financière» est un instrument pour atteindre les objectifs du millénaire et un facteur essentiel pour l'économie dans son ensemble, et ceci, pour les raisons que voici: les paiements entre les acteurs seront plus faciles à effectuer et avec plus de sécurité; le système favorise les transferts des excédents de ressources vers ceux qui en ont besoin bref, la transformation facile de l'épargne en investissement; il rend aussi possible la formalisation de l'épargne permettant aux ménages d'accumuler des actifs financiers pour saisir les opportunités économiques éventuelles; et enfin, la minimisation des risques par la prestation des services d'assurance et de crédit.

Par ce système, au fur et à mesure que le niveau de vie des ménages augmente et les PME ont la maturité économique, les services financiers doivent s'adapter à leur besoins. Cette «  extension des services financiers aux pauvres fait partie intégrante d'une politique de croissance économique et de développement du secteur financier. L'élargissement et l'approfondissement des services financiers aux pauvres doivent s'inscrire [...] dans des stratégies d'allègement de la pauvreté...30(*) »

S'accordant à la définition de la microfinance comme la prestation des services financiers aux exclus du système financier formel, Nicolas Blondeau croit que, outre le microcrédit, elle inclut l'épargne, les services d'assurance, de transfert d'argent ; des produits adaptés aux besoins des familles pauvres d'Afrique, de l'Amérique latine, de l'Asie, de l'Europe et des Etats-Unis. Il pense, en termes d'impacts, que la microfinance permet aux clients d'augmenter leurs revenus, de réduire leur vulnérabilité, d'accéder aux soins de santé, à l'éducation, au logement, à une hausse de confiance et de l'estime de soi.

Il appuie ses propos sur la base des études réalisées sur l'impact de la microfinance sur le niveau de vie des clients, notamment celle de Jeffrey Sachs au Bengladesh dont la conclusion reconnait que la microfinance réduit la vulnérabilité des clients. Les petits entrepreneurs trouvent, dans cet outil, les moyens d'investir dans leurs familles ou dans leurs entreprises et aussi d'augmenter leurs revenus. En conclusion, Nicolas Blondeau reconnait que le microcrédit peut faire reculer la pauvreté moyennant qu'elle s'accompagne de politique de santé, d'éducation, d'environnement et d'infrastructures31(*).

De son côté, Asli Demirguc Kunt, dans un article intitulé « le développement du secteur financier: un élément pour atteindre les OMD », souligne l'importance de la microfinance comme partie de la finance globale. Selon lui, « la finance en faveur des pauvres » est une composante de l'élargissement de la finance privée dont la contribution à l'économie est sans conteste. Son hypothèse est la suivante: « Dans les pays possédant des secteurs financiers bien développés où le crédit privé représente une grosse part du PIB, les pauvres bénéficient d'une accélération de leurs revenues grâce à la croissance32(*). » Il appuie ses propos sur une étude de la Banque Mondiale qui concluait que la proportion du crédit privé disponible stimule la croissance de toute l'économie en augmentant plus rapidement le revenu des pauvres et constitue un instrument puissant pour atteindre les OMD. Il prend, en exemple, une étude comparative des taux de croissance annuels moyens de la pauvreté et la part du crédit privé dans le PIB sur 20 ans. Il est démontré qu'il y a une relation inversement proportionnelle entre le niveau du crédit privé et le niveau de la pauvreté. Il prend l'exemple du Chili où, avec un crédit privé de 54% du PIB, la quantité des gens vivant avec moins d'un dollar par jour diminue de 14% par an de 1987 à 2000. Le Pérou a vu diminuer de 19% les personnes en dessous du seuil de la pauvreté avec un crédit de 13% du PIB de 1985 à 2000. Ce même mode de calcul relate des résultats décevants pour l'économie brésilienne, de 1960 à 1999, qui n'a pas augmenté le revenu moyen des pauvres comparativement à l'économie coréenne dont le crédit privé est de 74% du PIB contre 28% de celui du Brésil.

Donc, suivant l'idée de l'auteur, un secteur financier dynamique, qui élargit les services bancaires et de crédit à tous les entrepreneurs incluant les pauvres, permet d'accroître le niveau d'activités économiques en créant plus d'emplois et de revenus chez les pauvres. Cette croissance qui en résulte réduit les inégalités et apporte aussi une réponse au problème de la redistribution de la richesse.

Pour Mia Adams, la microfinance c'est «  donner accès aux moyens de financement à un maximum de pauvres et leur permettre de mettre à profit leurs capacités en faveur d'un développement durable33(*). » Suivant cette définition, Mia Adams identifie, en la microfinance, une porte de sortie pour l'intégration économique et sociale des pauvres qui ne sont pas en mesure de bénéficier de la mondialisation. Etant fondée sur les compétences propres de l'individu pauvre, la microfinance crée un « cycle vertueux» au cours duquel le petit entrepreneur trouve le crédit, l'investit et le rembourse. Conséquemment, il augmente son pouvoir d'achat, sa reconnaissance sociale, le bien-être de sa famille et se doter de la confiance en soi. Les femmes, particulièrement, arrivent à surmonter certains obstacles d'ordre administratif, légal, éducatif et ont un rôle plus actif dans leurs familles. En résumé, malgré toutes les vertus énumérées ci-dessus, l'auteure affirme qu'en matière de lutte contre la pauvreté, la microfinance, à elle seule, n'est pas une panacée. Pour rendre ses actions efficaces, elle doit, outre le microcrédit, s'associer à d'autres instruments financiers comme l'épargne, l'assurance en équilibrant la mission sociale et la pérennité financière.

En se référent à une étude de la Banque Mondiale concluant que les inégalités des gens constituent un frein au développement économique des pays en développement, Axel de Ville cherche le lien entre le développement économique et le financement des activités économiques des femmes. Il prouve, en effet, que prêter les services financiers aux femmes pauvres, par le biais de la microfinance, peut constituer un moteur de croissance pour les économies. Représentant le plus fort pourcentage des gens vivant avec moins de un (1) dollar par jour, les femmes sont transformées en des actrices économiques. Leurs revenus augmentent et la pauvreté des leurs familles se réduit.

Il affirme aussi, outre les transformations économiques, la microfinance permet aux femmes d'être représentatives socialement en renforçant leur empowerment, terme anglo-saxon qu'il définit comme « processus par lequel les individus ou des groupes vulnérables, qui n'ont, au départ, pas ou peu de pouvoir, s'affirment, se renforcent et deviennent capables de faire des choix qui affectent leur existence34(*)

En termes d'indicateurs d'empowerment des femmes, il retient une plus grande habilité à la prise de décision, davantage de confiance en soi, de meilleures relations au sein des ménages, de réductions des violences domestiques ; la possibilité d'augmenter leur capital de travail en développant leurs entreprises selon leurs besoins à divers horizons temporels et en entretenant des relations professionnelles, des meilleurs relations dans les familles bref, un plus grand rôle au sein de la communauté.

Dans leur ouvrage conjoint: Le guide de la microfinance: microcrédit et épargne pour le développement, Sebastien Boyé, Jérémy Hajdenberg et Chritine Poursat soutiennent l'idée que la microfinance a un impact positif sur la vie de bénéficiaires et peut se révéler un instrument de lutte contre la pauvreté mais indirectement. Pour convaincre, les auteurs appuient leur argumentaire sur un ensemble d'études réalisées dans plusieurs pays de l'Amérique latine et de l'Afrique tels que la Bolivie, le Ghana, le Bengladesh etc. Toutes ces études relatent des contributions significatives de la microfinance sur la vie des ménages bénéficiaires35(*).

De manière plus détaillée, ils étalent comme bénéfice social de la microfinance, le fait qu'elle a un impact sur la capacité des individus à prendre en main leur propre situation. « La possibilité d'emprunter et d'investir, d'épargner, de travailler a une valeur en soi: celle d'élargir les options disponibles36(*). » Les femmes bénéficiaires connaissent une amélioration de leur statut au sein des familles par le renforcement de leur estime d'elles-mêmes, de leur capacité d'organisation, d'expression et de revendication.

Comme bénéfice économique, la microfinance peut contribuer à développer une filière de production d'une ville, d'une région ou d'un pays. Ainsi, au niveau « méso économique », elle influence le marché foncier et celui du travail par la disponibilité de capital financier qui permet aux paysans d'exploiter leurs terres et aussi, à tous les autres clients des IMF, de créer du travail sur le marché. Au niveau macroéconomique, elle permet d'accroitre la bancarisation de la population. De ce fait, la microfinance peut être « l'un des éléments à mettre en place dans le cadre des stratégies de développement plus larges, impliquant la mise en oeuvre de politiques sociales (de santé et d'éducation), des réformes économiques et politiques au niveau national (démocratie et bonne gouvernance) ou international notamment dans l'équité des règles de commerce37(*). »

Comme instrument de lutte contre la pauvreté, les auteurs s'alignent sur les conclusions de certaines études soutenant que la microfinance ne peut pas toucher les « plus pauvres des pauvres » au sens strict parce que ces derniers ont les moyens financiers humains et techniques qui leur font toujours défaut. Par contre, les ménages non vulnérables, juste en dessous ou juste au dessus du seuil de pauvreté, ont la capacité de développer une micro entreprise. Dans cette perspective, la microfinance n'est qu'un instrument indirect car «  les individus non pauvres et les entreprises qui bénéficient des opportunités de croissance, grâce au microcrédit, peuvent, par la suite, créer des opportunités économiques pour les pauvres (emplois, travail en sous-traitance)38(*). »

Dans la même lignée des auteurs cités précédemment, Sabrina Djefal présente un état de fonctionnement de la microfinance, après vingt ans de pratique, et son rôle dans le développement économique. Son propos se situe dans une double dynamique : d'abord, mettre fin au débat houleux sur la question de pérennité versus utilité sociale des IMF; et deuxièmement, reconnaître le rôle de la microfinance dans le développement économique en proposant un cadre opérationnel de fonctionnement pour atteindre cet objectif.

Elle a souligné en passant les faiblesses dans la pratique de la microfinance et les erreurs à éviter par les IMF si elles veulent créer une dynamique économique chez les pauvres pour sortir de la pauvreté. L'idée est que, par l'effet de levier créé pour les emprunteurs, la microfinance peut devenir un véritable catalyseur de développement économique dans ses zones d'implantation moyennant qu'elle sache concilier son rôle économique et son rôle financier39(*). Selon le modèle proposé, on y parviendra en relevant ces deux défis: l'accompagnement des emprunteurs et le développement des synergies entre les IMF. L'accompagnement suppose, en clair, que les IMF construisent un système d'information sur le milieu des affaires, en général, et orientent les emprunteurs vers les créneaux porteurs en identifiant les opportunités économiques. Ainsi:

Les organisations de microfinance améliorent les chances de pérennité de l'entreprise qu'elles soutiennent, celles d'avoir un impact important en termes de développement économique et celle d'un remboursement sans défaillance. Elles peuvent contribuer à une meilleure distribution des rôles entre les emprunteurs, voire initier des activités innovantes en fonctions des besoins constatés localement40(*).

Ce faisant, les IMF jouent un rôle de conseiller régulateur et renforcent sa position d'outil d'entraide et de développement.

L'autre défi, qui est la synergie, suppose une articulation des politiques entre les IMF dans l'optique de l'accompagnement. Certaines s'assurent du financement et d'autres d'une formation en conséquence.

De son côté, Isabelle Guérin cherche à jauger les impacts de la microfinance sur l'autonomie des femmes41(*). Elle affirme que la microfinance est un outil qui peut favoriser l'autonomie et la liberté des femmes. En accordant des crédits à ces dernières, même de faible montant, on leur permet de stabiliser leurs activités, d'en créer de nouvelles. La microfinance est une arme dont disposent les femmes pour lutter contre leur dépendance de leur entourage et aussi des usuriers. Elle leur permet aussi de faire face aux dépenses imprévues ou aux situations difficiles en évitant la décapitalisation de l'unité familiale. Par cet effet, la microfinance crée un cercle vertueux et une dynamique sociale par lesquels les femmes s'émancipent, se valorisent et deviennent libres. Cette liberté est entendue comme la capacité des femmes à convertir leurs ressources et leurs droits en de réelles potentialités.

Dans la perspective de la réduction de la pauvreté, elle reconnait que la microfinance n'est pas une solution-miracle, car la privation des services financiers n'est qu'une facette de la pauvreté et ses études révèlent que les programmes de microfinance ne donnent pas les mêmes résultats dans toutes les couches de la population.

De la revue de la littérature présentée, la conclusion qui se dégage, est que tous les auteurs se mettent d'accord sur le principe que la microfinance peut avoir des retombées positives sur la vie de ses bénéficiaires. A part les nations Unies, à travers le système financier inclusifs, Asli Deminrguc-Kunt, et Sabrina Djéfal qui sont affirmatifs que l'idée que la microfinance peut réduire la pauvreté et peut aboutir au développement, les autres formulent à ce sujet, des réserves sans nier ses vertus pour les gens à faibles revenus. La critique qui peut être formulée à l'endroit de ses travaux, est que la plupart des points de vue exprimés partent des conclusions d'autres études réalisées dans le domaine. Isabelle Guérin a extrapolé à partir des études qu'elle a faites. Elle n'a pas précisé les caractéristiques sociales, économiques et culturelles des pays qui bénéficient des services de la microfinance et qui n'arrivent pas à les utiliser de manière efficiente dans une perspective de lutte contre la pauvreté. Les auteurs ont notés les potentialités et les conséquences positives que la microfinance peut avoir sans présenter un modèle de fonctionnement qui pourrait permettre d'éliminer l'exclusion sociale, de dynamiser les économies nationales en créant plus de riches en faveur des pauvres, grâce à la microfinance. Les propositions de Sabrina Djéfal semblent, de manière opérationnelle, être très appropriées pour permettre à la microfinance d'atteindre son objectif. Sa limite, c'est qu'un système qui fonctionnera de cette manière peut être très couteux et l'auteure n'a pas précisé comment va-t-il faire face aux coûts que cela va engendrer. On sait que les couts supplémentaires vont provoquer les taux d'intérêt, un facteur négatif pour les investissements. Dans le cadre ce travail nous choisissons les propositions de Sabrina Djéfal comme référence théorique. Nous allons les mettre en rapport avec les réalités socio-économiques haïtiennes et montrer comment la microfinance peut-être un levier de développement des petites et moyennes entreprises et que les pauvres, par cet effet, peuvent s'appliquer à améliorer leurs conditions de vie en réduisant leur pauvreté.

Chapitre III

La situation socio-économique d'Haïti (2000 à 2006)

3-1- Situation Economique

3-1-1- Situation macroéconomique globale

3-1-2- Déterminants du marasme économique 2000 à 2006

3-1-3- Anatomie des différents secteurs de l'économie

a) Le secteur Primaire

b) Le secteur Secondaire

c) Le secteur Tertiaire

3-1-4- Niveau de développement humain

3-1-5- Problématique de la distribution de crédit formel dans l'économie

3-2- Situation sociale

3-2-1- Inégalités et pauvreté

3-1- Situation Economique

Le fonctionnement des Petites et Moyennes Entreprises en Haïti n'est pas différent de celui de l'économie dans son ensemble. Pour saisir les mécanismes de fonctionnement des PME sur la période, il s'avère nécessaire de faire une description, plus ou mois, succincte de l'économie haïtienne de 2000 à 2006. En outre, l'économie haïtienne connaît un phénomène de pauvreté séculaire durement lié aux conditions d'accès à l'indépendance du pays et combiné à des facteurs d'ordre sociologique et politique. Depuis la proclamation de la souveraineté nationale, l'on cherche les moyens à assurer un niveau de vie adéquat à la population. Jusqu'à présent, les haïtiens succombent sous le poids de la misère et du sous-développement. Les politiques économiques incohérentes, les chocs sur le marché international, les turpitudes politiques, l'explosion démographique, les cataclysmes sont autant de facteurs qui inhibent le développement économique de ce pays. Par voie de conséquence, Haïti occupe, en permanence, la position du plus pauvre de l'hémisphère occidental, avec le revenu per capita le plus bas de la région, et est classée parmi les pays les plus pauvres du monde. Elle est toujours parmi les lanternes rouges dans tous les classements du développement. Dans les paragraphes qui suivent, nous ferons une description plus détaillée de la situation économique et sociale d'Haïti, principalement sur la période allant de 2000 à 2006.

3-1-1- Situation macroéconomique globale

En 2006, l'économie a affiché un taux de croissance de 2,30%, dans le prolongement du taux de croissance positif de 1,8% enregistré en 2005, mettant ainsi fin au cycle de ses croissances négatives qu'elle a connues depuis 2001. Avec la transition de 2004, elle commence à se remettre des situations de troubles socio-politiques qui, dorénavant, constituent une constante de notre histoire. La période 2000 à 2006 n'est pas différente des autres années très pénibles que connait l'économie depuis 1986. Pour un taux de croissance démographique de plus de 2%, le taux de croissance moyen annuel du PIB de 0.085% sur la période n'arrive pas à répondre aux besoins nés de l'augmentation de la population. Le taux d'inflation est maintenu à deux chiffres en connaissant une montée vertigineuse en 2003 avec un taux de 42.46% pour se maintenir à 12.41% en 200642(*). L'Indice des Prix à la Consommation(IPC), qui mesure le prix d'un panier de biens, est sans cesse croissant passant de 156.52 en 2000 à 193,54 en 200243(*). Le taux de chômage est estimé à 30% pour l'ensemble du pays et est le plus important en milieu urbain. Le faible niveau d'investissement témoigne l'étroitesse du marché du travail. Sur l'ensemble des actifs occupés 12,7% sont des employés et 82,1% sont des travailleurs indépendants44(*), généralement assimilables aux activités de débrouillard pour assurer la survie à cour terme. Le PIB/capita est estimé en 2004 à US$ 41145(*), le plus bas de la région.

3-1-2- Les causes du marasme économique de 2000 à 2006

Depuis 1986 jusqu'à nos jours, l'économie nationale a subi des chocs dont elle n'arrive pas encore à s'en remettre. Les conséquences pèsent encore lourd sur le fonctionnement des activités économiques. Selon les économistes haïtiens, les causes de la misère de l'économie nationale sont liées à plusieurs facteurs. On retient d'abord les chocs exogènes venant de l'économie mondiale. Dans les années 80, l'économie mondiale a connu une récession dont les retombées sont très négatives sur l'économie haïtienne dont le modèle de croissance est orienté vers les exportations et le tourisme. La détérioration des termes de l'échange a porté un coup fatal aux principales denrées d'exportations et l'économie entame un cycle de récession. En 1991, Haïti a fait l'objet d'un embargo commercial qui a contribué à affaiblir davantage les structures de l'économie. Tous les secteurs étaient durement touchés par cette situation qui a fait monter d'un cran le chômage. Les ressorts de l'économie sont brisés et elle n'arrive jamais à reprendre son niveau de croissance antérieur. A cela s'ajoutent l'élimination du cheptel de porc et la campagne du gouvernement américain par l'association au peuple haïtien du virus du SIDA (Syndrome Immunodéficience Acquis). Par l'effet de cette dernière, le tourisme, qui faisait la force de l'économie dans l'année 70, a reculé complètement. Haïti a perdu, désormais, la position de super destination touristique des caraïbes. Le modèle de croissance économique, assise sur l'exportation et le tourisme, n'est plus de mise. La combinaison de ces facteurs a contribué à maintenir le pays dans la pauvreté que nous connaissons maintenant.

En suite, il y a le facteur d'instabilité politique. Les troubles politiques sont monnaies courantes dans la vie sociopolitique et économique des haïtiens depuis 1986. Suite à l'embargo de 1991, le retour à l'ordre constitutionnel, en 1994, constitue un facteur de reprise pour l'économie. En témoignent les taux de croissance positifs enregistrés soit 2.7% en 1997, 2.2% en 1998, 2.7% en 1999 qui, on doit le préciser, sont loin de pouvoir assurer un niveau de bien-être à la population. On a assisté, par contre, à un retournement de la réalité en 2000 suite au pourrissement de la situation sociopolitique résultant des élections contestées du 21 mai 2000. Les conséquences sont visibles sur l'économie. Le taux de croissance du PIB a chuté à 0,9% en 2000, puis, est négatif, soit -1.1% en 2001, -0,9 en 2002, 0,4 en 2003 et -3,446(*) en 2004. La dégradation de la situation de 2000 à 2004 a annihilé les efforts de redressement effectués à partir de 1995. Le PIB s'est fortement contracté et, entre 2001 et 2004, il ne représente que 42,93% de ce qu'il a été entre 1981 et 198547(*). Les investissements publics ont baissé considérablement. L'apport de la coopération externe, dans le financement des secteurs productifs et des infrastructures, représente 16,85% de ce qu'il a été entre 1956 et 1991. Les investissements étrangers ont tout simplement rebroussé chemin pour esquiver le climat de turpitude politique d'Haïti. De 1990 à 2002, l'investissement direct étranger représente moins de 1%48(*) de l'ensemble des capitaux investis dans les caraïbes. La fameuse << opération Bagdad49(*) >> et la vague d'incendie, de kidnapping et de meurtre qui s'en suivaient, ont contribué, en moins d'un an, à la fermeture de plusieurs entreprises accentuant ainsi la descente aux enfers de l'économie sur la période.

Les économistes notent aussi les effets des politiques d'ajustement structurel dont le contenu visait un ensemble d'objectifs fondamentaux qui sont, entre autres : la réalisation des grands équilibres macroéconomiques, la libéralisation des échanges c'est-à-dire la régulation par les marchés et la réduction des rôles de l'Etat dans l'économie, la priorité accordée à l'investissement international et à la privatisation, une économie tournée vers les exportations, la flexibilité et la pression sur les salaires ainsi que la réduction des systèmes de protection sociale, la réduction des dépenses budgétaires de l'Etat et la dévaluation de la monnaie. Ces politiques économiques, appliquées en Haïti en deux occasions, ont aussi contribué à basculer l'économie dans les gouffres parce qu'elles n'étaient pas accompagnées des mesures complémentaires. La libéralisation outrancière de l'économie qui est l'une des filles de ces politiques, suivant une stratégie de promotion des exportations, a produit des résultats inverses par rapport aux objectifs fixés. Paradoxalement, les exportations ont chuté et les importations augmentent sans cesse. La production locale, n'étant pas en mesure de faire face à la concurrence des produits importés qui, dorénavant, sont astreints à un niveau plus bas de taxation, s'amenuise considérablement. Les effets de ces politiques ne disparaissent pas encore. Le taux de couverture des importations par les exportations en Haïti est de 33% en 200650(*).

D'autres causes sont aussi évoquées pour expliquer le drame terrible de l'économie haïtienne comme la faiblesse des dépenses d'investissement dans le budget de l'Etat. Le budget de fonctionnement a toujours la part du lion. Cet état de fait est à la base de l'absence quasi-totale des infrastructures publiques comparativement aux voisins de la région. Ce qui rentre dans l'ordre des facteurs structurels qui expliquent le drame de l'économie. Le faible niveau de capital physique, en termes de moyens de transport, de télécommunications, d'électricité, de ports et d'aéroports, combiné au faible niveau de capital humain expliquent la faible productivité et la faible compétitivité de l'économie haïtienne51(*).

3-1-3- Anatomie des différents secteurs de l'économie

a) Le secteur primaire

Selon la classification des comptes nationaux de l'Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique (IHSI), le secteur primaire regroupe l'agriculture, la sylviculture, l'élevage, la pêche et les industries extractives. Depuis plusieurs années, le secteur primaire est en décroissance. Sa contribution dans le produit intérieur brut s'amenuise de plus en plus. Cela s'explique par la baisse continue de la production agricole. En raison des faiblesses structurelles qui la caractérisent et sous l'effet de la libéralisation de l'économie, l'agriculture est évincée et n'arrive pas à résister à la concurrence des produits importés. La part de l'agriculture dans le PIB est passée de plus de 50% en 1975/76 à moins de 30% en 200652(*). Paradoxalement, le secteur primaire, principalement l'agriculture, emploie la majorité de la population active. Le taux de croissance de la production agricole et sa part, dans le produit intérieur brut, est donné dans le tableau suivant :

Tableau 1 : Evolution de taux de croissance de l'agriculture et sa part en % dans le PIB de 2000 à 2006

Années

00

01

02

03

04

05

06

Taux de croissance

-3,62%

0.90%

-3,72%

0.24%

-4,81%

2.60%

1,71%

Part du PIB

26,2

26,7

25,8

25,7

25,4

25,6

25,4

Source : http://www.brh.net

b) Le secteur secondaire

Ce secteur, regroupant, entre autres, les industries manufacturières, électricité et eau, bâtiment et travaux publics, ne représente pas une grosse composante du PIB en raison de la faiblesse du niveau d'investissement en Haïti, que ce soit l'investissent direct étranger ou l'investissement local. Sur les dix dernières années, ce secteur n'a pas contribué amplement à la croissance du PIB. Sa part du PIB reste, en moyenne, autour de 15%. Ce secteur n'est pas non plus un grand pourvoyeur d'emplois dans l'économie. Sa contribution dans le PIB est synthétisée dans le tableau ci-dessus.

Tableau 2 : Part en % du secteur secondaire dans le PIB de 2000 à 2006

Années

00

01

02

03

04

05

06

% du PIB

15,3

15,03

15,6

15,7

15,9

16,0

15,09

Source : http://www.brh.net

c) Le secteur tertiaire

Regroupant selon les comptes nationaux, le commerce, restaurants et hôtels, transport et communications, autres services marchands ; le secteur tertiaire est celui qui supporte l'économie. La contribution au PIB est en constante croissance. L'entrée sur le marché des nouveaux opérateurs dans le secteur de la communication contribue à amplifier le dynamisme du secteur. A coté de cela, les activités du secteur informel favorisent beaucoup la croissance du secteur. Le fait divers à signaler est que, dans tous les pays où le secteur tertiaire est en évolution, il a un effet d'entrainement sur les autres secteurs. Ironie du sort, en Haïti, le secteur tertiaire évolue en déconnexion avec les autres secteurs. Cela peut s'expliquer par la prépondérance des activités de commerce des produits importés et l'utilisation de ces produits comme matières premières dans le secteur de la restauration. Les activités de commerce, restaurant et hôtel représentent plus de 50% des activités économiques dans le secteur. Sa contribution dans le PIB est donnée dans le tableau suivant.

Tableau 3 : Contribution du secteur tertiaire dans le PIB

Années

00

01

02

03

04

05

06

% du PIB

50,8

50,9

51,6

51,5

51,4

51,1

51,3

Source : http://www.brh.net

3-1-4- Niveau de développement humain

Le développement humain est un concept récent de la littérature des sciences économiques. Fruit des oeuvres de l'économiste indien Amartya Sen (prix Nobel d'économie de 1998), ce concept est instrumentalisé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), dans les années 90, pour déterminer le niveau des avancées générales des aspects fondamentaux du niveau de vie des humains à travers le monde. Il construit, à cet effet, un indicateur dénommé Indice de Développement Humain (IDH) qui est une mesure chiffrée du développement. Il prend en compte les critères de longévité et de santé mesurés par l'espérance de vie à la naissance ; le niveau d'éducation mesuré par l'alphabétisation des adultes et la scolarisation au niveau primaire, secondaire et supérieur ; et le niveau de vie décent mesuré par le niveau du revenu per capita en parité du pouvoir d'achat (PPA). Un rapport global est publié chaque année pour beaucoup de pays à travers le monde. Ainsi, dans les différents classements généraux, Haïti est-elle toujours classée parmi les pays où les gens vivent en dessous du niveau moyen de développement. Selon le recensement général de la population et de l'habitat de 2003, le degré d'alphabétisme de la population de 10 ans et plus est de 61,0% dans l'ensemble du pays. Sur l'ensemble de la population de 5 ans et plus 37,4% n'ont aucun niveau, 35,2% ont atteint le niveau primaire, 21,5% ont le niveau secondaire et 1,1% ont le niveau universitaire dont 1, 04% hommes et 0,7% femmes. Les indicateurs démographiques sont très alarmants. Le taux de natalité est de 28 naissances vivantes pour 1000 habitants dans l'ensemble du pays. L'indice synthétique de fécondité est de 4,0 enfants par femme. Le taux de mortalité infantile est 68.3. L'espérance de vie à la naissance est de 49,1 ans pour les hommes et 55,0 ans pour les femmes53(*). Le revenu per capita en 2004 est de $US 41154(*) en parité du pouvoir d'achat. Il y a un très grand écart de ces indicateurs de développement par rapport à l'ensemble des pays de la région. Voici un tableau présentant l'évolution de l'IDH en Haïti, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Tableau 4 : Classement de Haïti selon l'IDH de 2000 à 2006

Années

Rang

IDH

00

150

0,440

01

134

0,467

02

146

0,471

03

150

0,467

04

153

0,463

05

153

0,48

06

154

0,482

Source : Programme des Nations Unies pour le Développement, Rapport mondial sur le développement humain (pour les différentes années ci-dessus mentionnées)

On doit préciser que selon l'appréciation de la valeur de l'IDH, les pays, ayant un indice en dessous de 0.5, ont un très bas niveau de développement humain, le niveau du bien-être est très faible.

3-1-5- Problématique de la distribution du crédit formel dans l'économie

Le système financier haïtien est composé des institutions bancaires et non bancaires et d'autres structures informelles. Dans cette partie, nous analyserons la distribution du crédit au niveau du système bancaire formel. Dans le chapitre 5, nous parlerons en détail de la distribution du crédit dans les institutions de microfinance.

L'analyse des données relatives au fonctionnement du système bancaire haïtien permet de constater des tendances lourdes suivantes :

a) la priorité est accordée à un seul secteur dans l'encours de crédit,

b) Faible nombre d'emprunteurs relativement au nombre de déposants,

c) Une faible quantité d'emprunteurs bénéficient presque de la totalité de l'encours des prêts.

En 2005, selon la BRH, 10% des emprunteurs du système bancaire ont bénéficié approximativement de 80% du crédit total. Les crédits, dont bénéficie cette minorité, se situent dans la tranche de prêt supérieure à 5000 000 de gourdes. Paradoxalement, les déposants, incluant les pauvres, voient leurs comptes rémunérés à un taux négatif, compte tenu du taux d'inflation. Fritz Deshommes parle « d'une subvention implicite des riches emprunteurs par les petits épargnants55(*) ».

Gerald Germain et Dal Brodhead parlent d'un conservatisme, au niveau du système bancaire, qu'ils expliquent par le fait de la concentration des crédits au niveau de la même minorité de bénéficiaires, dans la même géographie et dans le même secteur d'activité56(*). Ils appuient leur point de vue sur la base d'une enquête réalisée sur le système bancaire qui avançait que 90% des prêts sont concentrés dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Selon cette même enquête, près de deux tiers des prêts, soit 62.8% sont octroyés à des activités de commerce. Et, pour huit banques commerciales, 81% des crédits, en moyenne, se font à court terme. En fait, pas de financement pour les petites et moyennes entreprises qui, selon les banquiers de la place, présentent des risques trop élevés.

Selon les données de la BRH, on a pu observer cette tendance pour les années 2000 à 2006, période sur laquelle s'étend notre étude. L'offre de crédit est quasi statique sur la période considérée. Le tableau ci-dessous illustre cet état de fait.

Tableau 5 : Tableau illustratif du nombre d'emprunteurs et de déposants dans le système bancaire de 2000 à 2006.

Années

Nbre d'emprunteurs

Nbre de déposants

Ratio Emprunteurs/Déposants

00

6381

n/a

n/a

01

6223

375 386

0,0165

02

6124

404 470

0,0151

03

5963

487 470

0,0122

04

6462

580 276

0,0111

05

7138

680 374

0,010

06

7218

795 751

0,009

Source : BRH, Rapport Annuel pour les années sus-indiquées.

Moins de 1%, en moyenne, de gens empruntent tout l'argent déposé dans le système bancaire. Cette exclusion financière concourt à l'essor prodigieux, en parallèle, des institutions de microfinance et d'autres formes de crédits informels qui, par nature, visent les couches pauvres en leur permettant de bénéficier des prêts de faibles montants pour ériger ou renforcer leurs petites affaires.

3-2- La situation sociale d'Haïti de 2000 à 2006

La situation sociale d'Haïti est aussi dramatique que la situation économique. En effet, le tissu social haïtien est déchiré par la pauvreté entretenue par de violentes inégalités. Très peu de gens ont accès à l'eau potable, aux soins de santé, à l'éducation et aux infrastructures comme électricité et les technologies de l'information et de la communication. En fait, Haïti est l'un des pays les plus inégalitaires de la planète. L'image du pays montre un pays à plusieurs vitesses ou plusieurs pays dans un seul, tellement les disparités sont énormes. Les unités de la population se diffèrent suivant les zones de résidence, les structures de consommations, le niveau d'éduction, la distribution du revenu. Cette réalité renforce les poches de la pauvreté qui gangrène la population. Les paragraphes qui suivent mettront l'accent sur les différents indicateurs de la pauvreté et des inégalités qui caractérisent la société haïtienne.

3-2-1- Pauvreté et inégalités

La littérature des sciences économiques catégorise deux niveaux de pauvreté : la pauvreté extrême ou pauvreté absolue dans laquelle les gens vivent avec moins de $US 1 par jour, en parité du pouvoir d'achat, et un autre seuil de pauvreté dans lequel les gens vivent avec moins de $US 2 par jour, en parité du pouvoir d'achat. En 2006, la population est estimée à 9.6 millions d'habitants dont 56% vivent en dessous du seuil de pauvreté absolue et 76% vivent avec moins de $US 2 par jour57(*). La pauvreté est plus accentuée en milieu rural avec un pourcentage de 63%. Selon le type de pauvreté retenu, soit la pauvreté humaine mesurée en termes de consommation des services sociaux de base ou la pauvreté monétaire mesurée en termes de niveau du revenu, la situation est alarmante. En Haïti, pour ce qui concerne la pauvreté humaine, près de 24% des accouchements sont assistés par un personnel médical, conséquemment les risques pour un enfant de mourir avant 5 ans est de 86 %o, seulement 41% des enfants entre 12 et 23 mois ont été complètement vaccinés et 11% n'ont reçu aucun vaccin. Les maladies comme la grippe, la pneumonie, la diarrhée, la malnutrition sont souvent les causes principales de la mort des enfants. Le paludisme, la typhoïde, la tuberculose et les autres infections sont très répandues et constituent des maux majeurs qui gangrènent la population58(*). Le taux de couverture des services d'eau potable est de 54% à Port-au-Prince et 46% dans les villes secondaires et le milieu rural59(*). Malgré la diminution qu'il a connue ces dernières années, le taux de prévalence du VIH/SIDA est encore très élevé en Haïti. Cette situation de pauvreté constitue un facteur de blocage sérieux à l'épanouissement physique et humain de la population. Elle crée des marginaux, des gens qui n'arrivent jamais à s'intégrer dans la société en jouant pleinement leur rôle économique, politique et social. La lutte pour la survie est leur principale préoccupation. En corollaire, leurs actions contribuent davantage à dégrader l'environnement face à un Etat faible, dépourvu de la capacité à promouvoir le bien être de la population et aussi à assurer ses fonctions régaliennes.

Les inégalités se présentent en Haïti sous quatre formes : les inégalités spatiales suivant la dichotomie « rural/urbain », les inégalités de genre, les inégalités pauvres et non pauvres, et les inégalités liées aux catégories socioprofessionnelles60(*). La manifestation concrète de ces inégalités est reflétée dans la distribution de la richesse nationale et la consommation des biens et services. Ainsi, selon le Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP), sur 10 personnes, environ 7,6 sont considérées pauvres, ne disposant pas de $US 2 par jour par personne. Les 40% des plus pauvres de la population n'ont accès qu'à 5,9% du revenu total ; ce qui traduit une forte concentration de la population dans les couches pauvres, tandis que 20% des plus nantis captent 68%. Donc, 80% de la population ne disposent que de 32% du revenu total contre seulement 2% des plus riches disposant de 26%61(*). Le coefficient de Gini, qui mesure le degré d'inégalité de la distribution du revenu dans une société, est de 0.65362(*). Dans les pays développés, la part du profit dans la valeur ajoutée se situe entre 33 et 37% ; tandis qu'en Haïti, elle est entre 56 à 66%63(*). Au niveau de la consommation des biens et services, les inégalités sont aussi très poussées. Il ressort des études réalisées sur Haïti que les dépenses alimentaires représentent la majeure partie du budget des ménages pauvres, soit 53,4%64(*), puis les dépenses d'éducation. Les dépenses de santé et de loisir y sont pour un faible pourcentage. Ce qui laisse voir qu'un taux élevé de croissance du PIB ne peut rien signifier en termes de réduction de la pauvreté, car la richesse créée par cet effet serait toujours captée par la petite minorité. D'où la nécessité d'une politique économique cohérente, suivant une vision claire et bien définie dont les retombées profiteraient à tous indistinctement. Sans nous opposer aux efforts d'augmenter le niveau d'investissement au niveau de grandes firmes, il ne fait pas l'ombre d'un doute qu'une politique de promotion des petites et moyennes entreprises serait de nature à assurer une redistribution plus équitable de la richesse nationale.

Chapitre IV

Les PME à Port-au-Prince dans le courant des années 2000 à 2006

4-1- Rôle économique des PME

4- 2- Les Petites et moyennes entreprises à Port-au-Prince

4-2-1- Caractéristiques organisationnelles et managériales

4-2-2- Impacts de la microfinance sur les PME à Port-au-Prince

4-2-1- Analyses des indicateurs d'expansion de 2000 à 2006.

a) Aspect multiplicatif

b) Dynamisation en termes de chiffre d'affaires

b-1) La catégorie I

b-2) la catégorie II

c) Création d'emplois

4-3- Contribution réelle de la microfinance dans la dynamisation des PME

4-1- Rôle économique des PME

Les PME constituent une source d'emplois importante et contribuent fortement à la croissance économique tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Dans ces économies, les PME se voient attribuées un rôle d'intégration économique et sociale et aussi un rôle de redistribution de la richesse. Selon Alicia T, les PME ont un rôle économique et social prépondérant. Elles sont pourvoyeuses d'emplois et de formation. Dans les années 90, elles représentaient 50 à 80% des emplois non-agricoles, plus de 60% de l'emploi urbain et 90% des nouveaux emplois en Afrique65(*). Elles contribuent au PIB et à la croissance économique avec une fonction d'intégration pour les populations les plus démunies dont les jeunes et les femmes. Enfin, elles ont une fonction de redistribution. Donc, l'économie informelle exerce également les rôles d'intégration et de régulation sociale quand l'Etat s'est révélé défaillant ou impuissant dans ses fonctions. Plus loin, Alicia T. pense qu'en produisant des biens et services de proximité, à des prix très abordables, les PME contribuent à des objectifs plus larges de santé publique ou d'amélioration du cadre de vie66(*). Constatant l'ampleur des PME dans l'économie de la zone euro, on les considère comme le moteur de l'économie de la zone. D'ailleurs, elles représentent 99% des entreprises et 27 millions de PME fournissent 75 millions d'emplois. La dynamique des PME crée l'esprit d'entreprise, l'innovation, stimule la croissance économique, crée des emplois et la cohésion économique et sociale67(*). Le modèle de développement économique italien repose sur les PME et il est reconnu dans le monde entier comme un modèle de croissance endogène. D'ailleurs, 98% des entreprises industrielles italiennes comprennent moins de 100 employés. Elles exportent des produits de haute qualité et font la force de l'économie nationale. Ce dynamisme et cette compétitivité, doit-on le préciser, ne sont pas le fruit d'un phénomène aléatoire. Cela est dû à un mode de regroupement désigné cluster dans la littérature des sciences de la gestion68(*). Les PME présentent les avantages suivants :

- Elles utilisent une forte main-d'oeuvre et des techniques de production relativement simples, ce qui convient à l'abondance de main-d'oeuvre et de la pénurie des capitaux dans la plupart des pays en développement.

- Elles sont réputées plus efficaces en matière d'utilisation des capitaux et profitent de l'épargne, du talent pour entreprendre, et d'autres ressources qui, autrement, ne serviraient à rien.

- Elles peuvent être d'utiles fournisseurs des grandes entreprises

- Elles réussissent quelques fois en fournissant des marchés limités ou spécialisés, peu attrayants pour les grandes entreprises.

- Elles peuvent apporter plus de stabilité à la collectivité locale que les grosses entreprises dont les intérêts s'étendent par delà des frontières régionales et internationales.

- Les petites affaires sont plus aptes à élever le niveau de participation populaire dans l'économie69(*).

4- 2- Les Petites et moyennes entreprises à Port-au-Prince

Les petites et moyennes entreprises, en Haïti, sont les unités qui exercent leurs activités, le plus fréquemment, dans le segment inferieur du marché de l'offre des biens et services. Elles sont très nombreuses et versées dans les différentes activités. On peut essayer d'esquisser quelques unes parmi les plus communes, sans avoir la prétention d'être exhaustif. On peut recenser des boutiques, des quincailleries, des prêts-à-porter, des boulangeries, des studios de beauté, des pâtisseries, des studios de photo, barber shop, cyber café, épiceries, cordonneries, imprimeries, services de photocopie, ateliers de fabrication de meubles, des ferronneries, des étalagistes dans les trottoirs des grandes rues ou dans les marchés publics, les marchands ambulants, ateliers de couture, etc. Ce sont, entre autres, des petites et moyennes entreprises auxquelles nous avons soumis des questionnaires pour collecter les informations.

4-2-1- Caractéristiques organisationnelles et managériales

Les sciences de la gestion retiennent quatre fonctions fondamentales de l'entreprise : la fonction de production, la fonction marketing, la fonction finance et la fonction Ressources Humaines. Ce sont ces fonctions classiques qui déterminent, de manière opérationnelle, ce que font quotidiennement les entreprises. Au niveau des petites et moyennes entreprises haïtiennes, ces fonctions n'existent presque pas et celles qui en tiennent compte confondent toutes les fonctions. La fonction de production concerne les entreprises de production. Ces dernières sont peu nombreuses par rapport aux entreprises commerciales et faiblement capitalisées en termes d'actifs. Les équipements sont très simples et de faible technicité. Il n'y a pas, à proprement parler, des procédures et une définition scientifique de la production. Dans les unités les plus petites, on produit pour satisfaire la demande de proximité sans se soucier du seuil de rentabilité, du délai d'écoulement des stocks, du stock de sécurité etc. Dans les unités les plus grandes, il y a comme élément de différenciation, une extension de marché résultant d'une plus grande capacité relative de production. Mais, l'aspect scientifique de la production est ignoré. Le management des stocks, des approvisionnements, de la qualité n'est pas rigoureusement assuré.

En termes de conception et d'organisation du système de production, il n'y a pas une approche systémique. Tout se fait sur la base routine. Les produits sont conçus par imitation, sans avoir aucun élément de différenciation par rapport à la concurrence et sans aussi tenir compte des risques perçus par les consommateurs. Les procédés sont généralement manuels et, dans de rares cas, mécanisés pour les entreprises qui ont un plus haut niveau de capitalisation. La capacité de production est ignorée car on produit pour un marché dont les contours ne sont pas entièrement connus. Le choix de la localisation n'est pas déterminé scientifiquement mais en fonction, des fois, d'un effet d'entrainement de tout le monde vers le lieu où les activités économiques sont denses, ou en fonction des prix du loyer dans une zone ou lieu de résidence des promoteurs. Cet état de fait explique la situation qui présente souvent qu'une PME choisit décidément de rentrer en concurrence directe avec une autre. L'aménagement et l'organisation du travail sont arbitraires et ne respectant aucune norme de gestion des opérations de la production.

Pour ce qui a rapport à la fonction marketing, on fait des choses sans pour autant appliquer un mix marketing de manière formelle. Le manque de qualification des ressources humaines et l'absence d'un personnel préposé, à cet effet, expliquent le fait que ces notions sont ignorées. Pour s'assurer de l'augmentation du volume des ventes ou pour se tailler une place du marché, elles se fient à la superstition suivant un ensemble de croyances populaires plutôt qu'a une rationalité basée sur une intelligence marketing. La fonction commerciale ou marketing n'existent pas de manière académique. La relation entreprise-produit-client est déterminée par le hasard suivant les caprices du marché.

Pour la fonction finance au niveau des petites et moyennes entreprises, il n'en existe pas une, à proprement parler. La raison est qu'il y a l'absence de la tenue de livre ou d'un système comptable qui assure l'enregistrement et le traitement des informations financières. Il n'y a pas, non plus, un système d'information et de gestion qui permette de rationnaliser les décisions d'investissement et de financement. Encore, c'est le propriétaire qui exécute le rôle de caissier et de trésorier, un rôle qui n'a rien à voir avec une fonction de gestionnaire financier ou d'analyste financier interne à l'entreprise.

En matière de ressources humaines, une trop grande attention n'est pas accordée à ce facteur. Le personnel est formé, pour la majeure partie des PME, du propriétaire qui, dès fois, assisté de certains proches, fait tout. Il n'y a pas, dans ces structures, une politique de ressources humaines. Les impacts négatifs se font remarquer dans la structure administrative très faible. Pas de répartition scientifique du travail, ni une évaluation ex-post.

Quant aux caractéristiques managériales des PME, le processus de planification, d'organisation, de direction et de contrôle n'est jamais rigoureusement suivi, mais est souvent court-circuité. Puisque les PME n'ont pas de stratégie, la gestion du court terme est la seule préoccupation. A cet effet, la nécessité de planifier ne s'impose pas. Les décisions sont ordinaires et n'affectent pas la vie de l'entreprise à une longue échéance. Le seul aspect que l'on retrouve est la direction qui se résume à toutes les orientations possibles qui peuvent être données à l'entreprise par son propriétaire. La direction est centralisée et il n'y a pas de statut qui définit les responsabilités, ni délégation de pouvoir.

4-3- Impacts de la microfinance sur les PME à Port-au-Prince de 2000 à 2006

En ce qui a trait aux impacts des activités de microcrédit sur les PME à Port-au-Prince, les résultats sont nuancés suivant plusieurs facteurs qui peuvent entrer en ligne de compte. D'après l'enquête effectuée sur les PME qui bénéficient du microcrédit, il est nécessaire de procéder à une catégorisation selon les critères de niveau d'investissement, du volume de prêts contractés et des caractéristiques socio-économiques des bénéficiaires de la prestation des services.

On a opéré une première catégorie (catégorie I) qui comprend les très petites entreprises qui, en majorité, exercent leurs activités dans la commercialisation d'un ensemble de produits de premières nécessités, importés ou locaux. Ce sont les petits détaillants, les étalagistes, les marchands ambulants, les très petites entreprises de production ou de services qui ont un modeste niveau de capitalisation et une faible capacité d'emprunt. Leurs propriétaires appartiennent aux couches défavorisées et/ou ont un faible niveau d'éducation.

La deuxième catégorie (catégorie II) comprend les petites ou moyennes entreprises de production, de commerce ou de services. Ces entreprises ont un espace physique plus ou moins aménagé pour leurs activités d'exploitation. Elles ont du personnel, un niveau de capitalisation relatif d'une certaine envergure et une capacité d'emprunt supérieure à la catégorie I. Pour les entreprises de production, elles utilisent les matières premières locales ou importées pour produire des biens et services destinés au marché local ou régional. Leurs propriétaires sont généralement des professionnels, employés ou anciens employés révoqués ou retraités, héritiers des entreprises familiales, Universitaires diplômés.

Tableau 6 : Résumé de la catégorisation des entreprises opérée

Catégories

Entreprises

Activités Principales

Niveau de capitalisation

Niveau et capacité d'emprunts

Caractéristiques socio-économiques des propriétaires

I

Très petites entreprises

Marchands Ambulants, détaillants de multi produits, petits métiers rudimentaires de faible technicité,

De 1000 HTG à 30 000 HTG

De 1000 HTG à 15 000 HTG

Gens appartenant aux couches défavorisées, faibles niveau d'éducation,

II

Petites ou moyennes entreprises

Entreprises de production, de commerce ou de services

Supérieur à 30 000 HTG

De 15 000 HTG à 125 000 ou plus

Professionnels, Employés ou anciens employés révoqués ou retraités, héritiers des entreprises familiales, Universitaires diplômés,

4-3-1- Analyses des indicateurs d'expansion de 2000 à 2006.

a) Aspect multiplicatif

Par l'aspect multiplicatif nous entendons l'augmentation du nombre de PME créées grâce aux activités de microfinance. Notre enquête nous a révélé que le microcrédit ne contribue pas à la multiplication quantitative des PME. La totalité des unités touchées soutiennent que l'investissement de départ ou initial a été retiré de leurs fonds personnels ou du fonds des parents qui ont légué l'entreprise. D'ailleurs, pour obtenir le premier prêt, les agents du prestataire des services viennent effectuer la visite des affaires déjà existantes et la visite du patrimoine du propriétaire pour évaluer la capacité morale, économique et financière de contracter l'emprunt. Ce qui, pour l'institution, représente une forme de garantie. Sur la période de 2000 à 2006, beaucoup de PME ont vu le jour effectivement. Mais, suivant notre constat, cela est dû, dans une faible proportion, au microcrédit. On sait aussi que la majorité des institutions de microfinance ne financent pas les entreprises au démarrage.

b) Dynamisation en termes de chiffres d'affaires

L'indicateur principal de mesure des impacts de la microfinance sur les PME est le chiffre d'affaires. Ceci est un outil comptable qui permet de mesurer les avancées significatives des activités d'exploitation de l'entreprise sur les différents exercices. La cueillette des informations nous a été très difficile compte tenu de la structure administrative et de l'absence de la gouvernance financière de ces entreprises.

Par dessus tout, les informations recueillies nous permettent de constater ces états de fait explicités dans les paragraphes suivants.

b-1) La catégorie I

Au niveau de la catégorie I, les entreprises, sur lesquelles ont été menées les enquêtes, ont connu une augmentation de leur chiffre d'affaire. Les crédits obtenus leur ont permis d'offrir plus de produits et de dégager un chiffre d'affaires supérieur à celui des exercices précédents. On n'est, cependant, pas en mesure de mesurer les variations, en pourcentage, du fait du non enregistrement des transactions et du caractère très informel des activités dans ce segment.

Cependant, ces entreprises ont certaines choses qui jouent en leur défaveur. Premièrement, on constate une sorte de mimétisme caractérisé par la dissémination des mêmes types d'affaires dans le même espace géographique. Elles sont souvent séparées par quelques centimètres. Le choix d'un offreur fait par un acheteur a une base purement aléatoire. De ce fait, la concurrence est vive et acharnée. Les produits sont les mêmes sans aucun élément de différenciations. La stratégie de vente est la capacité d'élocution du vendeur qui représente la seule forme de communication marketing avec la clientèle. A ce facteur s'ajoute ce que nous appelons « multi produits ». Nous désignons, par ce concept, le fait pour l'offreur d'étaler une quantité indéfinie de produits sur un tréteau ou un étalage. Ces produits ne dégagent pas une marge de profits significatifs pour faire fructifier les affaires. La priorité du propriétaire est de maintenir l'investissement initial appelé « manmnan lajan70(*) ». La finalité est la survie à court terme. Si l'on se réfère à la logique, à la base, du capitalisme qui est l'accumulation, ces entreprises sont condamnées à faire du sur-place parce que la vision ou la stratégie n'est pas de grossir mais d'assurer la pérennité existentielle dans le temps. Il y a aussi la période d'écoulement de stock du produit qui pose problème. Avec un cycle très long, elle font face à un problème de fonds de roulement. Elles confrontent aussi un problème de saturation de marché à cause de la multiplicité des offreurs et de la faible marge de profit dégagée par les activités et de plafonnement rapide des activités. Donc, en fonction de ces contraintes, leur potentiel de croissance et d'accumulation est quasi nul.

Sur le plan externe, ces entreprises font face aux difficultés caractéristiques de l'économie et à celle du ménage propriétaire. Les facteurs venant de l'économie sont l'absence du pouvoir d'achat de la clientèle, l'inflation, le niveau du chômage. Tous influencent négativement la marche des affaires, annihilant ainsi tout effort de rentabilité. Les problèmes venant des ménages propriétaires se rapportent aux pressions exercées par les besoins personnels sur les ressources de l'entreprise. Généralement, les maigres profits générés sont tout simplement captés par ces besoins. Donc, le gonflement d'un cash-flow, dans les perspectives de saisir les opportunités de marché ou d'élargissement, est non envisagé. Les crédits bénéficiés par les PME permettent, certes, d'augmenter l'offre, mais le profit généré n'est pas cumulé pour constituer une capacité résiduelle de financement et pour financer un éventuel élargissement des activités.

Bizarrement, ces entreprises remboursent les crédits contractés. Le fait est simple, le montant des mensualités à savoir, intérêt plus principal, est calculé par l'IMF qui octroie le prêt. Ce montant, déterminé au préalable, est la partie intouchable des ressources de l'entreprise. Le remboursement des dettes est la condition sine qua non du renouvellement du crédit. Des fois, elles ont recours à d'autres sources d'argent pour rembourser les prêts. Elles font tout ça parce que le crédit de l'institution financière permet de faire face au besoin de fonds de roulement qui constitue, à son tour, la plaque tournante des affaires.

Il faut noter, par contre, que toutes les entreprises de la catégorie I ne sont pas prises dans cette spirale. Certaines ont pu franchir cet état avec succès pour connaître une expansion de leurs activités. Elles ne sont généralement pas dans le commerce, mais dans la production ou les services. Les propriétaires ont une attitude plus entrepreneuriale et un certain niveau de développement socio-économique différentiel. Leurs comportements sont moins prédateurs sur les ressources de l'entreprise. Eux, ils profitent plus de la microfinance pour renforcer leurs activités que les autres types.

Sur le plan financier, ces entreprises présentent un niveau de risque plus élevé pour les IMF. Par suite, elles sont astreintes à un taux d'intérêts plus élevé, ce qui amoindrit davantage les revenus générés par leurs activités.

b-2) La catégorie II

Les entreprises de la catégorie II connaissent aussi une augmentation plus soutenue de leur chiffre d'affaires et profitent mieux de la microfinance que celles de la première catégorie. L'effet est d'importance, dépendamment de deux facteurs : l'âge de l'entreprise et le nombre de prêts déjà obtenus. Celles qui sont plus anciennes ont déjà un certain niveau d'activité qui leur permet de bénéficier des montants de crédits plus élevés. Elles empruntent non seulement pour leur fonds de roulement mais aussi, pour saisir les opportunités de marché ou pour l'achat d'un nouvel équipement. Dans ce cas, les prêts contractés permettent un renchérissement des activités, un renforcement de la capacité de production pour les entreprises de production, une augmentation de l'offre pour les entreprises commerciales ou de services. Pour les entreprises très jeunes, par contre, elles ne bénéficient pas d'un montant de crédit élevé, surtout les premiers emprunts. Elles les investissent pour renforcer leur fonds de roulement et les crédits reçus contribuent légèrement à la rentabilité de l'entreprise.

Pour ce qui a rapport au nombre de prêts obtenus, plus, on bénéficie de prêts, plus, on rembourse, plus, on obtient des montants de crédits plus élevés et moins, les intérêts sont élevés. Les PME, qui bénéficient d'une succession de crédits, profitent, aussi mieux, du microcrédit pour renforcer leurs activités. Les bénéfices successifs générés sont à même de maintenir l'entreprise dans le temps et financer l'expansion.

En termes de dynamisme, les entreprises de cette catégorie ont un fort potentiel de croissance. Les crédits viennent en complément des ressources propres et permettent de stimuler le développement des affaires.

Certains facteurs inhibent leur croissance. Comme la première catégorie, on constate le mimétisme dans les activités, avec la ruée de tout le monde vers une seule niche de marché. On dirait qu'il n'y a pas d'autres créneaux porteurs dans l'économie haïtienne. Cela engendre une concurrence très vive entre les unités ayant souvent entre elles une grande proximité. On copie les grandes entreprises haïtiennes dans la concentration des activités sur le commerce des produits importés. Le même problème de saturation de marché et de plafonnement des activités sont les mêmes difficultés auxquelles font face les Petites et moyennes entreprises de la catégorie II. Ceci constitue un frein à l'innovation et aussi à une extension des activités des PME.

En termes d'engagement sur la durée, elles se caractérisent par l'absence de stratégie d'entreprise, une vision claire, la fixation des objectifs généraux pour étendre les activités. Les moyens existent, car elles font du profit ; elles se transforment sans avoir la volonté de devenir grandes. Ce choix s'explique par des facteurs d'ordre culturel.

Ces entreprises sont privilégiées par rapport à la catégorie I, car elles bénéficient des crédits à des taux d'intérêts plus bas renforçant ainsi leur capacité de profiter de l'effet de levier provoqué par les fonds empruntés.

d) Création d'emplois

Le secteur des PME en Haïti est très immense et emploie beaucoup de gens. Il est à signaler un fait révélateur au niveau des emplois créés, grâce aux activités économiques dans ce segment de marché de l'offre. L'enquête nous a permis d'avancer ce qui suit : Les PME ont une faible propension à créer de l'emploi, dépendamment du secteur d'activité. Dans la catégorie I, la quantité d'emplois est proportionnelle à la quantité de petites entreprises existantes. Il y en a quelques unes, par contre, pour lesquelles le nombre d'emplois évolue, en augmentant de plus d'un employé sur la période considérée. Elles sont généralement dans le secteur de la production ou des services. Cette faible propension à la création d'emplois s'explique par leur faible potentiel de croissance et l'absence de structure organisationnelle pour assurer la gestion rationnelle de l'entreprise et planifier son avenir.

Dans la catégorie II, ces entreprises emploient plus de personnes que les premières. Mais l'offre d'emploi est plus importante pour les entreprises de production et les entreprises de services. Du fait de l'importance des activités dans ces entreprises, la nécessité de disposer des ressources humaines s'impose. Dans les PME de commerce, ce sont les propriétaires qui, assistés par quelques membres de la famille, font tout. Dans les PME, il faut relativiser quant à la qualité des emplois créés. Dans la plupart des cas, ce sont des emplois très précaires qui ne sont pas en mesure d'assurer le minimum existentiel à leur bénéficiaire. Car ce sont, dans la majorité des cas, des taches routinières qui n'exigent aucune compétence spécifique. L'augmentation des emplois constatée est plus importante dans les entreprises de production et de services que dans les entreprises commerciales.

On doit remarquer que, dans les grandes entreprises traditionnelles, le besoin de recruter de la main-d'oeuvre se fait sentir quand l'entreprise révise ses stratégies en opérant, par exemple, une intégration verticale ou horizontale, en conquérant un nouveau marché ; et lance un nouveau produit, diversifie les activités, veut se renforcer dans le milieu concurrentiel et veut profiter d'une nouvelle technologie. Les petites et moyennes entreprisses haïtiennes se perdent dans la gestion du court terme sans vision stratégique. Voila pourquoi, la création d'emploi n'est pas massive dans les PME vue la grande quantité de ces entreprises dans le milieu des affaires haïtien.

4-3- Contribution réelle de la microfinance dans la dynamisation des PME

Compte tenu de la rareté des ressources financières sur le marché des capitaux haïtien et des difficultés à trouver du financement pour les projets, les ressources financières des institutions de microfinance sont nominalement un élément important dans la vie des petites et moyennes entreprises en Haïti. Les faiblesses internes et les contraintes de l'environnement externe constituent un facteur de rétention de leur croissance.

Les contraintes externes sont aussi liées aux conditions de crédit des institutions de microfinance. Selon les clients interrogés, ils ont un problème de maturité des prêts et les montants sont souvent trop inferieurs à leur requête. Le financement est à court terme et ne peut servir, généralement, qu'à financer le fonds de roulement. Les PME n'arrivent pas à profiter entièrement de l'effet de levier qui serait provoqué par les fonds empruntés. La règle de la synchronisation des échéances ou règle de l'équilibre des maturités veut qu'on ne finance pas des investissements à long terme par des ressources à court terme. Le microcrédit ne contribue pas au renforcement du stock de capital physique des PME. Ce qui réduit la possibilité de constituer une capacité de production à long terme. On comprend pourquoi le microcrédit en Haïti se tourne vers les activités de commerce au détriment du secteur des services et de la production.

Chapitre V

Les activités de microfinance en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince dans le courant des années 2000 à 2006

5-1- L'offre institutionnelle des services de microcrédit

5-1-1- Sogesol

a) L'institution et ses Produits

b) l'évolution des activités de microcrédit de 2000 à 2006

c) Structure de portefeuille, maturités des prêts et taux d'intérêts

5-1-2- ACME

5-1- L'offre institutionnelle de microcrédit

a) L'institution et ses Produits

b) l'évolution des activités de microcrédit de 2000 à 2006

c) Structure de portefeuille, maturités des prêts et taux d'intérêts

5-1- L'offre institutionnelle des services de microcrédit

Les activités de microcrédit se développent de manière très accélérée en Haïti depuis plusieurs années. Nous avons sélectionné, pour notre étude, deux institutions de microfinance qui sont parmi les plus importantes, en termes de couverture de marché et de dimensions des activités fonctionnant à Port-au-Prince. Voici une description de ces IMF et l'évolution des activités sur la période de 2000 à 2006.

5-1-1- Sogesol

a) L'institution et ses Produits

Société Générale de Solidarité SA (Sogesol) est une société de droit privé créée en 1999 par une banque privée haïtienne, la Sogebank. Elle vise exclusivement le secteur des micro-entrepreneurs en leur offrant l'accès au crédit et quelques services connexes. Sa mission est de promouvoir l'entreprenariat haïtien en adaptant les services bancaires traditionnels aux besoins de la clientèle des micro-entrepreneurs, tout en respectant les standards de rentabilité et d'efficience71(*). Elle est détenue à 47.34% par le groupe Sogebank en partenariat avec deux organismes internationaux : ACCION International à 9.64% et PROFUND à 5.07% et le reste des actions est détenu par des particuliers dans le secteur privé. Elle est étendue dans beaucoup de points sur le territoire national avec 6 succursales dans la zone métropolitaine et 8 en province. Ses produits sont les suivants :

1) Prêt aux micro et petits entrepreneurs du secteur informel : Fonds de roulement

2) Financement pour acquisition de stock pour les plus micro : cash rapid

3) Prêts à la consommation, spécialement développés pour la clientèle d'ouvrier d'usine et du commerce : Prêts aux salariés

4) Prêts pour l'amélioration de l'habitat des micro et petits entrepreneurs : kredi kay

5) Prêts pour l'achat d'actifs immobilisés pour le commerce : Byen pam

Et un produit d'épargne spéciale, conçu en collaboration avec la Sogebank, est aussi offert à la clientèle à travers laquelle sont possibles des décaissements et des remboursements automatiques sur compte72(*).

La Sogesol est affiliée au réseau Accion International, au réseau Microfinance Network, et est membre de l'Association Nationale des Institutions de Microfinance d'Haïti (ANIMH). La méthodologie de crédit utilisée est le crédit individuel en milieu urbain.

b) l'évolution des activités de microcrédits de 2000 à 2006

Sur la période de 2000 à 2006, les activités de la Sogesol sont très dynamiques. On a constaté que tous les indicateurs de performance sont à la hausse, année après année. Le tableau ci-dessous résume l'évolution des activités en mettant l'accent sur le nombre d'emprunteurs actifs et le portefeuille de prêt actif.

Tableau 7 : Evolution du nombre d'emprunteurs actifs et du portefeuille de prêts actifs de 2000 à 2008.

Années

Nombre d'emprunteurs actifs

Portefeuille de prêts actifs en USD $

Taux de change pour la conversion en HTG

Taux d'intérêt*

min et max

00

2 200

1 986 881

24,166

n/a

01

6 049

3 822 969

27,701

3,5%

02

7 534

6 817 853

38,462

3,5%

03

8 208

6 713 974

35,25

3,5% et 4,5%

04

6 896

7 780 924

41,883

3,5% et 4,5%

05

10 164

13 746 436

38,106

3% et 4,5%

06

11 776

17 112 016

35,558

2,5% et 5%

Sources : The Mix Market Exchage

Disponible sur : http://www.mixmarket.org. Page consultée le 13/08/08

*http : //www.sogebank.com/sogesol/chiffres.clefs.html.

Page consultée le 10/09/2008

c) Structure de portefeuille, maturités des prêts et taux d'intérêts

La structure de portefeuille de la Sogesol est composée de la manière suivante : 13% de l'encours des prêts est dans la tranche de 2 500 HTG à 12 500 HTG ; 23% de l'encours est dans la tranche de 12 500 HTG à 25 000 ; 49% de l'encours est dans la tranche de 25 000 HTG à 125 000 HTG et 15% dans la tranche supérieure à 125 000 HTG73(*).

En ce qui concerne la maturité des prêts et le taux d'intérêts pratiqué, les prêts alloués au fonds de roulement sont rémunérés à un taux compris entre 3% minimum et 4,5% maximum sur une période de 12 mois. Ceux alloués aux activités d'investissement sont rémunérés à un taux compris entre 3% et 3,5% pour une période de 18 mois. Sur ceux alloués à la consommation, le taux d'intérêts est de 3,5% pour une période de 18 mois74(*).

Plus de 55% de la clientèle est constituée de femmes avec la majorité dans les activités de petit commerce.

5-1-2- ACME

a) L'institution et ses Produits

ACME, dénommée Association pour la coopération avec la Micro Entreprise, est une association, à but non lucratif, enregistrée comme telle à la mairie de Port-au-Prince et au Ministère des Affaires Sociales. Elle a été créée en 1997 avec la mission d'aider les micro- entrepreneurs qui n'ont pas accès au crédit bancaire à développer leurs activités en leur fournissant des prêts sans garantie75(*).

Le produit offert est le microcrédit divisé de manière opérationnelle sous différents labels76(*) :

1) Le prêt traditionnel de 1000 à 75 000 HTG

2) Le prêt bouquiniste saisonnier, terme maximal autorise 4 mois

3) Le gros prêt à partir de 250 000 HTG

4) Le prêt projet spécial de GESKIO en fonction de la capacité de gestion du client

5) Le prêt maraicher de 2000 à 50 000 HTG

ACME est l'une des plus grandes institutions de microfinance d'Haïti en termes de volume d'activités. Elle offre des services de crédit dans 14 agences dont 12 réparties dans la zone métropolitaine. Les financements s'étendent à un éventail, très large, de PME dans les secteurs du commerce, de la production et des services. La clientèle est composée de 69% de femmes. Pour bénéficier du crédit, le client doit posséder une activité située dans un emplacement fixe, le prêt reçu ne dépassera pas 60% du fonds de roulement77(*).

La méthodologie de crédit est le crédit individuel78(*).

c) l'évolution des activités de microcrédit de 2000 à 2006

Selon les données disponibles, sur la période de 2000 à 2006, les activités de microcrédit de ACME ne s'arrêtent pas de croître. Le nombre d'emprunteurs actifs est multiplié par dix. Le portefeuille de prêt croît presqu'au même rythme ainsi que les autres indicateurs de performance. Ce tableau résume l'évolution des activités sur la période considérée avec les indicateurs intéressant notre propos.

Tableau 8 : Evolution du nombre d'emprunteurs actifs et du portefeuille de prêts actifs de 2000 à 2008.

Années

Nombre d'emprunteurs actifs

Portefeuille de prêts actifs en USD $

Taux de change pour la conversion en HTG

00

2 501

1 064 984

24,166

01

4 283

1 686 067

27,701

02

4 600

2 208 256

38,462

03

6 435

4 234 810

35,25

04

7 281

3 994 004

41,883

05

11 216

6 809 168

38,106

06

20 112

8 916 795

35,558

Sources : The Mix Market Exchage

Disponible sur : http://www.mixmarket.org. Page consultée le 13/08/08

c) Structure de portefeuille, maturités des prêts et taux d'intérêt

La structure du portefeuille de crédit est ainsi composé : 0,06% de l'encours des prêts est dans la tranche inferieure à 2 500 HTG ; 11,68% de l'encours est dans la tranche de 2500 à 12 500 HTG ; 15,18% est dans la tranche de 12 500 à 25 000 HTG ; 48,82% de l'encours est dans la tranche de 25 000 à 125 000 HTG et 24,27% de l'encours est supérieur à 125 000 HTG79(*).

En ce qui concerne la maturité des prêts et le taux d'intérêt, les crédits octroyés pour le financement du fonds de roulement et les activités d'investissement sont rémunérés à un taux de 3,5% pour une période de 6 mois80(*).

En décembre 2006, les crédits étaient alloués de la manière suivante : 92,5% dans le commerce ; 2,5% dans la production ; 3,7% dans les services ; 1,3% dans les crédits aux staffs81(*).

Conclusion

Au demeurant, ce travail réalisé sur la microfinance et les PME en Haïti nous a permis de rapprocher les deux concepts pour évaluer, en réalité, les impacts des activités de microcrédit sur la dynamisation des PME à Port-au-Prince de 2000 à 2006.

La revue de la littérature a dégagé les points de vue de certains penseurs sur la contribution potentielle de la microfinance dans le développement des affaires en faveur des pauvres et dans une perspective plus large de réduction de la pauvreté. Dans cette étude, il a été question de montrer la contribution réelle de la microfinance dans l'expansion des PME en Haïti, particulièrement à Port-au-Prince de 2000 à 2006. Nous avons posé comme hypothèse que le développement de la microfinance favorise l'expansion des PME en Haïti sur la période mentionnée. Pour la validation, nous avons procédé à la cueillette des informations au moyen d'une enquête de terrain par laquelle on a soumis un questionnaire aux PME utilisant le microcrédit. On a constaté que les activités de microfinance, en termes de distribution de crédit, sont en progression continuelle sur la période de 2000 à 2006. Les indicateurs retenus, comme le nombre d'emprunteurs actifs et le volume de crédit, sont en nette augmentation, année après année. C'est le même cas de figure pour les PME. En termes d'impacts des activités de microfinance sur l'expansion des PME en Haïti, mesurés en termes de multiplication quantitative, de chiffre d'affaires et de création d'emplois. L'étude nous a permis de dégager les conclusions suivantes : la microfinance a contribué réellement à l'expansion des PME à Port-au-Prince, dépendamment du degré de structuration de l'entreprise bénéficiaire et du niveau de développement socio-économique des promoteurs. D'autres facteurs supplémentaires déterminent le poids des impacts positifs du microcrédit sur le développement des affaires. Ainsi a-t-on retenu : l'âge de l'entreprise, son niveau de capitalisation, le nombre de prêts contractés ou le cumul de prêts déjà obtenus et la dimension des activités de l`entreprise.

En outre, que ce soit dans le secteur du commerce, de production ou des services, les PME profitent mieux de la microfinance pour dynamiser le rendement et la croissance des activités si une importance est, plus ou moins, accordée aux fonctions classiques de l'entreprise et celles du management. Cela s'associe à une attitude plus entrepreneuriale des propriétaires. En fait, la microfinance pratiquée en Haïti est faite sur une approche de rentabilité. Elle favorise certaines entreprises par rapport à d'autres. Malheureusement, ce sont les plus pauvres des pauvres qui n'en bénéficient pas, contrairement à la finalité première de cet instrument financier dont les vertus ont été mises en relief par la Grameen Bank. Nous sommes d'accord qu'on ne peut pas faire la finance sur une base caritative ; car suivant l'approche de la pensée économique néo-classique, l'argent est une ressource rare. Comme telle, il doit être utilisé de manière optimale, c'est-à-dire être investi dans des projets capables d'augmenter la richesse des promoteurs et de rémunérer les facteurs. A ce moment là, les IMF pourront contribuer à dynamiser les entreprises et à assurer, du même coup, leurs viabilités financières. Cependant, tel que se développent les activités de microfinance en Haïti actuellement, on craint une dérive de l'objectif premier de cet outil financier. Au lieu d'avoir des impacts directs sur la vie des pauvres, la façon dont elle imite le système bancaire traditionnel, elle pourrait arriver à créer une autre classe de privilégiés en creusant, davantage, l'écart entre les plus pauvres des pauvres et les plus lotis économiquement parmi les pauvres. Le rôle d'intégration économique et sociale de la microfinance et les PME sera tout simplement vilipendé. Les nantis pourront toujours disposer de cet instrument pour faire leurs choux gras au détriment des pauvres en créant plus de marginaux. Nous faisons les recommandations suivantes pour arriver, suivant la vision de la construction du secteur financier accessible à tous, à intégrer les pauvres dans la vie économique et sociale du pays en tant qu'individus à part entière.

Recommandations

La microfinance représente un élargissent du crédit privé. Les IMF, les PME, l'Etat et les institutions partenaires internationales sont les acteurs impliqués dans le développement du système financier inclusif dont la mission première est d'étendre les services financiers aux pauvres pour leur permettre de briser le spectre de la pauvreté. Au terme de ce travail, nous nous évertuons à faire les recommandations suivantes pour que le système financier accessible à tous, prôné par les nations unies, soit une réalité en Haïti, et les PME soient devenues de vraies entreprises, capables de contribuer à une croissance économique durable.

- Au niveau des Petites et Moyennes Entreprises

C'est un fait avéré que les PME ont un poids énorme dans le tissu des entreprises haïtiennes et qu'elles peuvent amplement promouvoir la croissance économique. Telles qu'elles sont maintenant, avec toutes ces faiblesses qui les caractérisent, leur assigner une tâche pareille est illusoire. Pour atteindre un seuil appréciable de productivité et de compétitivité, nous envisageons certaines révisions au niveau de leur fonctionnement. Celles portent, en effet, sur :

D'abord, une restructuration sur le plan organisationnel et managérial. Cela implique pour les PME de se doter du statut d'entreprise et d'intégrer, de manière formelle, les fonctions fondamentales de l'entreprise. Car, il y a une interrelation entre les différentes fonctions, la convergence des orientations concourent à la rentabilité des affaires. Sans peur d'être taxé d'orthodoxie, nous avançons que les conditions d'expansion des PME haïtiennes doivent passer par une restructuration sur le plan managérial et organisationnel.

Nous savons aussi que les PME font face à des problèmes de qualifications des ressources humaines. Donc, pour appliquer ces principes, il faut des compétences. Les bons plans ne servent à rien s'il n'y a pas de bons esprits pour les appliquer. Là, nous retrouvons Sabrina Djéfal dans l'effet de synergie et d'accompagnement auquel elle fait allusion en décrivant le rôle de la microfinance dans le développement. Nous sommes d'avis qu'il doit y avoir un transfert de compétence.

Deuxièmement, nous envisageons une diversification des activités économiques. Dans les pages antérieures, nous avons mentionné le phénomène de mimétisme considéré comme un facteur de blocage à l'expansion des PME. La présence de plusieurs opérateurs, dans une seule niche de marché, attise la concurrence et plafonne les activités dans ce segment. Ceci constitue un obstacle à l'innovation. Donc, l'identification des créneaux porteurs permet de résoudre le problème de saturation de marché en ouvrant de larges possibilités pour d'autres PME de se présenter sur le marché de l'offre des biens et services. Issa Barro considère comme un créneau porteur ce qui permet d'atteindre des objectifs techniques, économiques et sociaux en termes de création de la valeur ajoutée, la rentabilité économique et/ou financière, la création d'emplois durables et rémunérés, la valorisation des ressources ou d'un savoir-faire local, la promotion de l'économie par l'apport en devise et l'intégration avec d'autres secteurs créateurs d'emplois et de valeur ajoutée82(*). La diversification des activités et le choix des créneaux porteurs constitueraient un facteur d'explosion des PME et créeraient un effet d'entrainement sur les autres secteurs de l'économie.

Troisièmement, la spécialisation. Après avoir installé les activités dans le créneau porteur, les PME peuvent choisir de se spécialiser. A ce stade, l'entreprise choisit de faire ce qu'elle peut faire le mieux en choisissant un segment de marché dont elle connait tous les contours.

Quatrièmement, le regroupement ou cluster. Le concept de cluster est développé par un des maîtres à penser des sciences de la gestion, c'est l'américain Michael Porter, pour désigner un mode de regroupement des entreprises dans le souci d'exploiter les opportunités économiques. Ce qui fait, maintenant, la force de l'économie italienne. Un des modèles de regroupement d'entreprises les plus célèbres au monde est la Silicon Valley, en Californie, où sont installés des géants mondiaux dans le domaine de la technologie. Ce modèle est trop sophistiqué pour Haïti. Mais le fait qui doit retenir l'attention est sa cohérence interne qui doit s'appliquer à tous les modèles de regroupement quelle que soit la taille.

Le regroupement permet de développer des produits suivant une chaine. Cela permet, non seulement de rationnaliser les approvisionnements pour faire baisser les coûts opérationnels mais aussi, d'assurer une économie d'échèle ou de volume. Ces entreprises constitueraient des pôles de croissance économiques, des consortia de production. Les concepts de productivité retrouveraient leurs lettres de noblesse et la compétitivité de l'économie serait aussi améliorée pour donner à Haïti une place plus ou mois concurrentielle dans la région. On formerait des clusters agricoles, des clusters touristiques, des clusters technologiques etc. Tous auraient des retombées positives pour les promoteurs qui augmenteraient leurs revenus, pour les pauvres qui trouveraient du travail pour accéder au revenu et s'épanouir comme des individus à part entière, pour l'Etat qui trouverait la possibilité d'augmenter ses recettes pour investir dans les infrastructures et les services publics au profit de la société en général.

- Au niveau des Institutions de microfinance

Aux Institutions de Microfinance, nous faisons les recommandations suivantes :

1- Intégrer d'autres produits financiers dans la gamme de services offerts, sur une base de pérennité, suivant la vision du système financier accessible à tous, prôné par les Nations Unies et le CGAP. Vision selon laquelle : « un monde dans lequel les pauvres bénéficient d'un accès permanent à une large gamme de services financiers de qualité, délivrés par différents types d'institutions par le biais d'une variété de mécanismes adaptés83(*) ». Ces services sont entre autres : la micro assurance, l'épargne, crédit-bail, financement de l'habitat et d'autres services non-financiers comme un encadrement technique pour la bonne conduite des affaires. Car d'après le principe numéro #1 des principes clés du CGAP: « les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non seulement des prêts, des services d'épargne, d'assurance et de transfert d'argent84(*) »

2- Offrir des montants de crédits plus flexibles pour les PME.

3- Etendre le financement sur d'autres secteurs de l'économie, à côté du secteur du commerce.

4- Augmenter la maturité des prêts en diversifiant des prêts à court terme, à moyen terme et à long terme, donc, des prêts très adaptables aux besoins des PME.

5- Augmenter le volume du portefeuille de crédit pour toucher plus de clients possibles.

6- Développer des services financiers spéciaux pour les étudiants, diplômés des écoles de sciences économiques et des sciences de la gestion ou autres, désireux de trouver du financement pour se lancer en affaires. Cela sera possible en construisant un partenariat avec les écoles et les universités de la place.

- Au niveau de l'Etat

Dans la perspective de la construction du système financier inclusif et pour la dynamisation des PME en Haïti, l'Etat doit jouer sa partition dans les niveaux suivants :

1- Mettre en oeuvre un cadre règlementaire adéquat. On a révélé que le secteur de la microfinance non-coopérative et les PME ne font l'objet d'aucune disposition légale. Ce qui constitue un goulot d'étranglement au fonctionnement efficace du système. Claude Falgon, dans son étude intitulée « Cadre juridique des Institutions de microfinance non-coopératives », fait une esquisse complète des recommandations en faveur d'une législation des activités de microfinance, particulièrement dans le secteur non-coopératif.

2- Intensifier les infrastructures et les services publics. Les infrastructures adéquates sont des éléments indispensables à la vie de l'entreprise au niveau de son environnement externe. Ce déficit est un mal chronique dont souffre l'économie haïtienne. Pour un développement substantiel des activités de microfinance et une expansion des PME, l'Etat doit intensifier les infrastructures comme les routes, l'électricité, l'eau, les aéroports pour ne citer que ceux-là.

En termes de services publics, on peut noter, entre autres : la sécurité et les facilités pour les formalités administratives et légales.

3- Changer sa perception par les PME. En effet, beaucoup de PME préfèrent ne pas se formaliser, parfois, pour fuir le fisc mais aussi pour éviter l'Etat. On lui reproche son comportement de prédateur. Dès fois, au lieu de faire marcher les affaires, les interventions publiques les handicapent. Dans cette situation, les acteurs et l'Etat jouent le chat et la souris. Conséquemment, il est impossible d'impulser un mouvement de croissance économique durable.

4- Elaborer une politique nationale de microfinance et aussi intégrer la notion de PME dans la formulation de politiques économiques.

5- Créer une instance publique d'accompagnement des PME. On sait qu'en Haïti les choses publiques s'offrent un problème de gouvernance, mais ce serait une chose très importante pour le renforcement des PME. Dans certains pays en développement, il y a ces instances comme le Sénégal qui a un ministère des PME, de l'entreprenariat féminin et à la microfinance. Ce rôle pourrait intégrer la mission du Centre de facilitation des investissements (CFI)

- Au niveau des Institutions partenaires internationales

Les institutions partenaires internationales devront agir en ces termes :

1- Apporter des capacités techniques pour un transfert de compétence, en partageant d'autres expériences qui ont réussi ailleurs, aux acteurs locaux.

2- Participation au capital des IMF pour toucher plus de PME possibles, particulièrement celles qui sont dans des secteurs à fort potentiel de développement économique et social.

3- Financement des projets-pilotes. On sait que les IMF haïtiennes n'offrent que, dans leur quasi-totalité, le microcrédit. Pour lancer d'autres produits financiers au public, il faut les tester. On sait aussi que les IMF font face à des problèmes de moyens. Dans ce cas, les institutions partenaires internationales, dans le cadre d'une coopération, supporteraient ces projets.

Bibliographie

Section I- Ouvrages

1- BONFIGLIOLI, Angelo, Le pouvoir des pauvres; la gouvernance locale pour la réduction de la pauvreté, Fonds d'équipement des Nations Unies (FENU), New York, 2003,168 p.

2- BOURGUINAT, Elisabeth, Bâtir un secteur financier ouvert à tous, Haut conseil pour la coopération internationale (HCI), contribution à la conférence nationale de Paris 20-21 juin 2005, 72p.

3- BOYE, Sébastien et al. Le guide la microfinance: microcrédit et épargne pour le développement, Paris, éd. d'organisations, 2006, 290p.

4- BROUILLET, Anne-Sophie, BIM- Microfinance et lutte contre la pauvreté : regard du Réseau Impact, Paris, mars 2004, 8 p.

5- CAMILLERI, Jean-Luc, Microentreprises et Microfinance en Afrique, le soutien aux entreprises dynamiques : une arme efficace de lutte contre la pauvreté, Bruxelles, Institut Thomas More, les notes #4/Fr., 25 janvier 2005, 25p.

6- CGAP, Guide de bonnes pratiques pour les organisations qui financent la microfinance, Directives concertées en microfinance, 2 ème Ed., Washington, 2006, 57p.

7- CGAP, Microfinance, Subventions et instruments non financiers dans le cadre de la réduction de la pauvreté : Quelle est le rôle du microcrédit ? Note Focus, #20, 17p.

8- CGAP, Offrir aux pauvres des services d'épargne sûre et accessible dans le système financier formel, note focus #37, septembre 2006, 20 p.

9- CGAP, Commercialisation et dérive de la mission des IMF, la transformation de la mission en Amérique Latine, Etude Spéciale #5, mars 2001, 23p.

10- CHERY, Fréderic-Gerald et al., Statistiques économiques inventaires 2003, MPCE, Port-au-Prince, juin 2005, 98p.

11- DOURA, Fred, L'économie d'Haïti: Dépendance, Crises et Développement, Montréal, Ed. dami, 2001, 251p.

12- DOURA, Fred, L'économie d'Haïti: Dépendance, Crises et Développement, Montréal Ed. dami, 2002, 347p.

13- DOURA, Fred, L'économie d'Haïti: Dépendance, Crises et Développement, Montréal, Ed. dami, 2003, 481p.

14- DESHOMMES, Fritz, Politique économique en Haïti, Rétrospectives et perspectives, Port-au-Prince, Ed. cahiers universitaires, 2005,234 p.

15- FALGON, Claude et GUSTAVE, William, Cadre juridique des institutions de microfinance non-coopérative, (PRET/DAI/USAID), Port-au-Prince, 1999, 3p.

16- FORUM LIBRE, Finance populaire en Haïti, #23, Port-au-Prince, 1998, 52p.

17- FORUM LIBRE, Le secteur informel dans l'économie Haïtienne, #3, Port-au-Prince, 1989, 109p.

18- GALEN, Spencer-Hull, La petite entreprise à l'ordre du jour, Paris, l'Harmattan, col. Nouveaux horizons, 1987, 174p.

19- GUERIN, Isabelle, Microfinance et Autonomie Féminine, Document de travail #32, Programme finance et solidarité, Secteur de l'emploi de l'organisation Internationale du travail, Genève, 69p.

20- HELMS, Brigit, La finance pour tous, construire des systèmes financiers inclusifs, Montréal (Québec), Ed. Saint-Laurent, 2006, 180p.

21- JOSEPH, Jean-Robert, LALEAU, Marie-France, C. PROPHETE, Fatima Léonne, Inégalités et pauvreté en Haïti, Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Port-au-Prince, mars 2006, 165p.

22- JULIEN, Pierre-André, MARCHESNAY, Michel, La petite entreprise : principes d'économie et de gestion, Ottawa, Vuibert, 1987,288p.

23- LAFOURCADE, Anne Lucie, ISERN, Jennifer, MWANGI, Patricia et BROWN, Matthew, Etude sur la portée et les performances financières des institutions de Microfinance en Afrique, Pensylvania, Microfinance Information eXchange (MIX), avril 2005, 23p.

24- LOPEZ, Elizabeth, JOSE, Muchnik, Petites entreprises et Grands enjeux de développement agro-alimentaire local, Paris, l'Harmattan, tomme II, 355p.

25- LUSTIN, Danielle, La microfinance et son rôle potentiel dans l'allègement de la pauvreté et le développement en Haïti, Port-au-Prince, CEPALC, 74p.

26- MATHELIER, Richard et DUMAIS, Gilles, Des besoins du secteur de la microfinance non-coopérative en Haïti, Port-au-Prince, PNUD, 2004, 60p.

27- MONTAS, Rémy, La pauvreté en Haïti : situation, causes et politiques de sortie, Port-au-Prince, CPALC, 2005, 61p.

28- ONU, Construire des secteurs financiers accessibles à tous, New York, Nations-Unies, 2006, 202p.

29- PIARD, Frantz, Construire le mémoire de sortie, méthodes, procédés et procédures, Port-au-Prince, Ed. Duvalsaint, 2004, 300p.

30- REPUBLIQUE D'HAITI, Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté DSNCRP (2008-2010), POUR REUSSIR LE SAUT QUALITATIF, 2007, 167P.

31- REPUBLIQUE D'HAITI, Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Politique Macroéconomique et Pauvreté en Haïti (1981-2003), Port-au-Prince, 2006, 151p.

32- REPUBLIQUE D'HAITI, Ministère de l'Economie et des Finances, Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique, Enquête sur les conditions de vie en Haïti (ECVH), Port-au-Prince, vol II, 2001, 408p.

33- REPUBLIQUE D'HAITI, Une fenêtre d'opportunité pour Haïti, Stratégie Intérimaire pour la réduction de la Pauvreté (DSRP-I), 2006, 57p.

34- SACHS, Jeffrey D, (sous la direction), Investir dans le développement, plan pratique pour réaliser les objectifs du millénaire pour le développement, New York, millenium Project, 2005, 99p.

35- SAM, Daley-Harrs, (sous la dir.), Etat de la campagne du sommet du microcrédit, Rapport 2006, 165p.

36- WORLDBANK, Finance for all? Policies and Pitfalls in expending Access, Washington DC, a World Bank policy research report, Nov. 2007, 246p.

37- YVES, Clément Jumelle, Identification de mesures et mécanismes à privilégier pour la promotion des micro, petites et moyennes entreprises, Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Port-au-Prince, 2000, 56p.

Section II- Documents électroniques

1- ABRAHAM, Jacques. La petite et moyenne (PME) en Haïti, quelques considérations stratégiques, (Page consultée le 15/05/08), [En-ligne], Adresse URL : http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=&ArticleID=30418.

2- JOACHIM, Dieudonné. Qui fiance les PME en Haïti ? (Page consultée le 15/05/08), [En-ligne], Adresse URL : http : http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=&ArticleID=48913.

3- Le Nouvelliste. La question de financement rural : un passé de 150 ans, (Page consultée le 10/03/07), [En-ligne], Adresse URL : http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=&ArticleID=19039.

4- Le Nouvelliste. Le microcrédit pour sortir du chômage et de la misère en Haïti, (Page consultée le 26/09/07), [En-ligne], Adresse URL :http : lenouvelliste.com.

5- MAGLOIRE, Rachèle. Haïti gagne le 1er prix à un concours d'innovation sociale au Chili, (Page consultée le 02/08/0/), [En-ligne], Adresse URL : http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=22538.

Section IiI- Web sites

1- http://www.cgap.org

2- http://www.lenouvelliste.com

3- http://www.lamicrofinace.org

4- http://www.microfinancegateway.com

5- http://www.microfinance.lu

6- http://www.reseau.impact.org

7- http://www.uncdf.org

8- http://www.oikocredit.org

9- http://www.globalmicrocreditsmmit.org

10- http://www.animhaiti.org

11- http://www.haiti.info.com

12- http://fr.allafrica.com

13- http:///www.gret.org

14- http://europa.eu

15- http://www.web.wordbank.org

16- http://www.insee.fr

17- http://www.pme.gouv.fr

18- http://www.mpce.gouv.ht

19- http://www.pme.service.public.fr

20- http://www.knfp.org

QUESTIONNAIRE RELATIF A L'ENQUETE SUR L'IMPACT DE LA MICROFINANCE SUR LES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES A PORT-AU-PRINCE

A- L'Institution

1- Raison sociale................................

2- Statut de l'entreprise....................

3- Date de création ...................

4- Activité principale.........................

B- Le propriétaire

5- Niveau d'Etude...........................

6- Profession.....................

7- Vous êtes l'unique propriétaire de l'entreprise ? a) oui b) non

8- Travaillez-vous à plein temps dans votre entreprise ? a) oui b) non

9- Si non, quelles sont vos autres occupations ?......................................................

10- Combien de temps accordez-vous à votre entreprise ?...........................

11 Avez-vous d'autres sources de revenus en plus de votre entreprise ? a) oui b) non

Si oui, spécifiez.................................................

12- Quel pourcentage de vos revenus tirez-vous de l'entreprise ?...........................

13- Votre entreprise est-elle enregistrée à la DGI ? a) oui b) non

C- Capitalisation

14- L'investissement de départ, vous l'avez :

a) emprunté b) retiré de vos fonds personnels c) autres

15- Quel nombre de prêts avez-vous reçus ?

N° du prêt

Montant

Utilisation

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

16- Quels montants de vos ressources personnelles qui sont investies dans l'entreprise ?

N° des investissements

Montant

 
 
 
 
 
 
 
 

17- A quel taux avez-vous emprunté ?

N° du prêt

Taux

 
 
 
 
 
 

18-Remboursez-vous ?

a) chaque semaine b) chaque mois c) chaque trimestre d) chaque six mois

e) chaque année f) autre

19- Quelles informations vous a-t-on demandées lors de votre premier emprunt ?

..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

20- Quelle garantie vous a-t-on exigée ?

............................................................................................................

26- Quel a été l'objet de votre premier emprunt ?

a) Nouvel Investissement

b) Fond de roulement (FR)

D- Investissement

28- Description des matériels de l'entreprise :

........................................................................................................................................................................................................................

29- Valeur des équipements : a)........................b) .................c)...............d).....

30- Leurs durées de vie :a)..........b)..........c)...............d)............

31- Vos équipements, les achetez-vous ? a) oui b) non

E- Description de l'activité

32- Produits offerts....................................................

33- Segment de marché desservi

a) local b) exportation c) les deux

34- A combien s'élèvent vos dépenses mensuelles ?

Année

Montant

 
 
 
 
 
 
 
 

35- L'évolution de votre chiffre d'affaires mensuel

Année

Montant

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

36- De combien sont vos bénéfices mensuels ?

Année

Montant

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

35- Constatez-vous une augmentation de vos bénéfices après avoir utilisé l'argent emprunté ? a) oui b) non

Si oui à quel rythme ? a) légèrement b) fortement c) plus ou mois

36- Le nombre d'employés

Année

Quantité

 
 
 
 
 
 
 
 

37- Faites vous des réserves pour le renouvellement des actifs ou pour saisir une opportunité de marché ? a) oui b) non

38- Que reprochez-vous à votre prêteur ?.................................................................................................................................................................................................................................................................................

39- Les crédits qu'on vous offre, les estimez-vous adaptés à votre besoin ?

a) oui b) non

40- Désiriez-vous que votre préteur vous offre d'autres produits comme épargne, assurance ou d'autres services techniques pour faire fructifier votre affaire ?

a) oui b) non

41- Si oui, avez-vous les moyens de les payer ? a) oui b) non

42- Votre entreprise a-t-elle maintenant la capacité de fonctionner toute seule, sans avoir besoin de microcrédit, sinon des emprunts bancaires classiques? a) oui b) non

43- Quel est le cycle de production de votre activité ?

a) Chaque jour b) Chaque 15 jours

c) Chaque semaine d) Chaque mois

* 1 REPUBLIQUE D'HAITI, Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Politique Macroéconomique et Pauvreté en Haïti (1981-2003), Port-au-Prince, 2006, p.5.

* 2 Une fenêtre d'opportunité pour Haïti, (Page consultée le 11/11/2007), [En-ligne], Adresse URL :  http://www.haiti_info.com/spp.php?article3499

* 3 Brigit Helms, La finance pour tous, construire des systèmes financiers inclusifs, Montréal (Québec), Ed. Saint-Laurent, 2006, p-p 3-4

* 4 Microfinance Matters, #16, sept 2005, p.16 disponible sur : (http://www.uncdf.org/mfmatters)

* 5 Isabelle Guérin, La microfinance dans les pays industrialisés, Paris, ADA, Dialogue #31, mars 2003, p7-8.

* 6 Brigit Helms, op cit, p.7.

* 7 Allafrica. La microfinance impose ses marques, (Page consultée le 15/09/07),[En-ligne], Adresse URL : http : // fr.allafrica.com/stories/200709130176.html

* 8 Brigit Helms, op cit, p.7.

* 9 CGAP, Commercialisation et dérive de la mission des IMF, la transformation de la mission en Amérique Latine, Etude Spéciale #5, mars 2001, p.7.

* 10 Falgon CLAUDE, Cadre juridique des institutions de Microfinance non coopératives, (KNFP, PRET, DAI/ USAID), 1999, P.5.

* 11 Le Nouvelliste. La question de financement rural : un passé de 150 ans, (Page consultée le 10/03/07), [En-ligne], Adresse URL : http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=&ArticleID=19039

* 12 ANIMH. La microfinance en Haïti, (Page consultée le 03 avril 2008), [En-ligne], Adresse URL : http://www.animhaiti.org/index.php?option=com_content&task=view&id=45&Itemid=68

* 13 RICHARD, Matelier, Des besoins du secteur de la microfinance non coopérative en Haïti, PNUD, 2004, p 11.

* 14 Source : BRH, Rapport Annuel, 2005, p.49.

* 15 Source: Danielle Lustin, La microfinance et son rôle potentiel dans l'allègement de la pauvreté et le développement en Haïti, Port-au-Prince, CEPALC, p13-20.

* 16 Matelier Richard, op. cit, p 12.

* 17 André Lemelin, Méthodes quantitatives,

* 18 ONU, construire des secteurs financiers accessibles à tous, New York, Nations Unies, p.5. (Page consultée le 08/05/08), [En-ligne], Adresse URL : http: //www.uncdf.org/bluebook

* 19 Source : http://www.mixmarket.org (Page consultée le 14 Aout 2008).

* 20 Peterson Rein, La petite entreprise pour une économie équilibrée, Canada, 1984, p77

* 21 Source: Regard sur les PME no 15, observatoire des PME, OSEO, France, 2007, p77.

* 22 Pierre-André julien et Michel Marchesnay, La petite entreprise: principes d'économie et de gestion, Paris, Vuibert, 1987, p56.

* 23 Commission économique européenne. La nouvelle définition des PME, guide de l'utilisateur et mode de déclaration, 2006, p35, art. 2. (Page consultée le 14/05/08), [En-ligne], Adresse URL : http://europa.eu.mtinterprise/interprise_policy_/sme_definition/index_frhtm.

* 24 Portail Microfinance. Dossiers thématiques, diversification des produits en microfinance, (Page consultée le

15 avril 2008), [En-ligne], Adresse URL: http://www.lamicrofinance.org/ressource_center/diversification/produits/cr_dits_tpe

* 25Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE). Petites et moyennes entreprises/ PME, (Page consultée le 18 mars 2008), [En-ligne], Adresse URL : http://www.insee.fr/fr/nom_def_net/definitionhtm/petites_moyennes_entreprises.htm.

* 26 FORUM LIBRE, Le secteur informel dans l'économie Haïtienne, #3, Port-au-Prince, 1989, p-16.

* 27 Clément Jumelle Yves, Identification de mesures et mécanismes à privilégier pour la promotion des micros, petites et moyennes entreprises, Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Port-au-Prince, 2000, p16.

* 28 Fred Doura, L'économie d'Haïti: Dépendance, Crises et Développement, Ed. DAMI, Montréal, p.

* 29 ONU, Construire des secteurs accessibles à tous, New York, Nations Unies, 2006, p 4.

* 30 Ibid., p 6-7.

* 31 Nicolas Blondeau,. La microfinance. Un outil de développement durable? Etudes, sept 2006. (Page consultée le 25/01/08), [En-ligne], Adresse URL : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMF/pdf/0408_LamicrofinanceUnoutildedeveloppementdurabledeNicolasBlondeau.pdf

* 32 Asli Demirguc-Kunt., Le développement du secteur financier: un élément déterminant pour atteindre les OMD, Microfinance MTTERS, #16,2005, p.18. (Page consultée le 15/08/08), [En-ligne], Adresse URL : http://www.uncdf.org/francais/microfinance/pubs/newsletter/pages/2005_09/index.php.

* 33Mia Adams, La microfinance: un outil de lutte contre la pauvreté, ADA dialogue 31, Mars 2003, p17. (Page consultée le 15/08/08), [En-ligne], Adresse URL : http://www.lamicrofinance.lu/ada/internal.php?cn=269&SID=a8f726ae567ce9e1513f8f8a676b560f

* 34 Idem, p

* 35Sébastien Boyé, Jérémy Hajdenberg et Christine Poursat, Le guide de la microfinance: microcrédit et épargne pour le développement, Paris, Ed d'organisations, 2006, pp 93-96.

* 36 Ibid.

* 37 Idem, p. 100

* 38 Idem, p.105

* 39 Sabrina Djéfal, Après vingt ans de pratique: la microfinance, un catalyseur du développement économique, p.40. (Page consultée le 15/05/08), [En-ligne], Adresse URL : http://www.lamicrofinance.org/files/18919_file_TED78_article_DJEFAl.pdf

* 40 Ibid., p.41

* 41Isabelle Guérin, Microfinance et autonomie féminine, Document de travail #32, Programme fiance et solidarité, Secteur de l'emploi, Genève, Organisation Internationale du Travail, p. (Page consultée le 25/04/08), [En-ligne], Adresse URL : http: // www.lamicrofinance.org/files/14606_autonomiefeminine.pdf.

* 42 BRH, Rapport annuel 2006

* 43 BRH, Rapport annuel 2002, p 146.

* 44 http:// www.ihsi.ht.

* 45 http:// www.lamicrofinace.org

* 46 BRH, Rapport annuel 2005, p 141

* 47Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Politique Macroéconomique et Pauvreté en Haïti (1981-2003), Port-au-Prince, 2006, p19.

* 48 Ibid., p19.

* 49 Désignation, par leurs auteurs, des activités de violences urbaines effectuées après le départ pour l'exil de Jean Bertrand Aristide en 2004 et 2005.

* 50 Calcul effectué à partir de données de la BRH.

* 51 Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Politique Macroéconomique et Pauvreté en Haïti (1981-2003), Port-au-Prince, 2006, p29.

* 52 Wilson Laleau, Vingt cinq ans de reformes économiques en Haïti : les défis pour l'avenir, Pour le dialogue national, Port-au-Prince, 2006, p 5.

* 53 Etat du monde, Annuaire économique et géopolitique mondiale, Paris, éd. la découverte et Syros, 2003, p 607.

* 54 http:// www.lamicrofinance.org

* 55 Fritz Deshommes, Politique économique en Haïti, Rétrospectives et perspectives, Port-au-Prince, Ed. Cahiers universitaires, 2005, p95.

* 56 Dal Brodhead et Gerald Germain, UNDP microfinance Assement, Microstart Feasibility Mission, Port-au-Prince, May 1997. (www.uncdf.org)

* 57 République d'Haïti, Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté DSNCRP (2008-2010), POUR REUSSIR LE SAUT QUALITATIF, 2007, P31-32

* 58 Ibid, p39.

* 59 Ibid.

* 60 Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Inégalités et Pauvreté en Haïti, p13.

* 61 République d'Haïti, Document de Stratégie Nationale pour la croissance et la reduction de la pauvreté DSNCRP (2008-2010), 2007,p 31.

* 62 Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Inégalités..., p15.

* 63 Wilson Laleau, vingt ans de réformes économiques en Haïti : les défis pour l'avenir, Pour le dialogue national, Port-au-Prince, 2006, p 17.

* 64 République d'Haïti, Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté DSNCRP (2008-2010), POUR REUSSIR LE SAUT QUALITATIF, 2007, p 32.

* 65 Alicia T, Le Gret et l'appui aux petites entreprises : pratiques et perspectives, Paris, coll. Etudes et travaux, série en ligne #17, Ed. du Gret, www.gret.org., av. 2008, p13.

* 66 Ibid.

* 67 Commission économique européenne, la nouvelle définition des PME, guide de l'utilisateur et mode de déclaration, 2006, p35.

* 68 Patrizio Bianchi, Lee M. Miller et Silviano, Bertini, Cluster: l'expérience italienne et ses enseignements pour les pays émergents, in Les BDS (Business Developpment Services), l'actualité des services aux entreprises, clusters et réseaux d'entreprises, #4, France, février 2003, p.6.

* 69 Spencer-Hull Galen, La petite entreprise à l'ordre du jour, Paris, l'Harmattan, col. Nouveaux horizons, 1987, p 76.

* 70 Expression créole désignant le montant de l'investissement dans l'entreprise.

* 71 Source: http://www.sogebank.com/groupe/sogesol.html. Page consultée le 09/11/2008.

* 72 http://www.sogebank.com/sogesol/produits.html.

* 73 ANIMH, caractérisation des membres. (Page consultée le 08/09/08), [En-ligne], Adresse URL : http://www.animhaiti.org/images/docs/caracterisation%20membres%20avril%2006.pdf.

* 74 Ibid.

* 75 http://www.acme.org

* 76 ACME, Rapport de 10 ans, Port-au-Prince, p.23. (Page consultée le 10/08/08), [En-ligne], Adresse URL :

http://www.acmehaiti.org/documentspdf/acme_annualreport_fianl.pdf.

* 77 Ibid., p

* 78 Microstart Haïti, Rapport final, juin 1999-sept 2002, p. 17.

* 79 ANIMH, caractérisation des membres. (Page consultée le 08/09/08), [En-ligne], Adresse URL : http://www.animhaiti.org/images/docs/caracterisation%20membres%20avril%2006.pdf.

* 80 Ibid.

* 81 Microfinanza Rating. (Page consultée le 17/09/08), [En-ligne], Adresse URL : http://www.acmehaiti.org/DocumentsPdf/Rating2007.pdf 2007, P.19.

* 82 Issa Barro, Diagnostic approfondi du secteur de la microfinance et analyse des opportunités d'investissement, Microfinance et financement des PME et MPE, Sénégal, 2004, p15.

* 83CGAP, Guide de bonnes pratiques pour les organisations qui financent la microfinance, Directives concertées en microfinance, Washington, 2 ème Ed.,2006, p. viii.

* 84 Ibid., p ii.






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand