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La problématique des eaux douces dans l'estuaire du fleuve Sénégal : l'exemple de la zone du Gandiolais

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par El Hadji Ibrahima THIAM
Université Cheikh Anta DIOP (UCAD) Dakar - DEA chaire UNESCO/UCAD 2005
  

Disponible en mode multipage

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SOMMAIRE

Sigles et acronymes  : 1

Avant-propos : 2

Méthodologie  : 4

Discussion des concepts  : 5

Introduction Générale  : 7

Problématique : 11

Première Partie : Les composantes physiques et humaines du Gandiolais 14

Chapitre I : Le milieu physique du Gandiolais 15

Chapitre II : L'hydrologie du Gandiolais 18

Chapitre III : Le cadre humain 21

Deuxième Partie  : Les facteurs de modification de la qualité des eaux souterraines et ses conséquences 24

Chapitre I : Les facteurs naturels 25

Chapitre II : Les facteurs anthropiques 30

Troisième Partie : Les conséquences de la modification de la qualité des

eaux et leurs conséquences 35

Chapitre I : Les conséquences 36

Chapitre II : Esquisse de solutions 42

Conclusion Générale  : 50

Bibliographie : 52

Liste des tableaux : 54

Liste des cartes : 54

Liste des graphiques : 54

Table des matières : 55

Annexes : 58

SIGLES ET ACRONYMES

A.G.R : Activités Génératrices de Revenus

A.P.R.H.N : Agence de Promotion du Réseau Hydrographique National

B.C.I : Budget Consolidé d'Investissement

B.U : Bibliothèque Universitaire

C.R : Communauté Rurale

D.G.P.R.E : Direction de Gestion et de Prévision des Ressources en Eau

I.F.A.N : Institut Fondamental d'Afrique Noire

I.R.D : Institut de Recherche pour le Développement

M.A.R.P : Méthode Active de Recherche Participative

O.N.G : Organisation Non Gouvernementale

R.S.F.G : Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul

S.D.E : Sénégalaise Des Eaux

T.E.R : Travail d'Etude et de Recherche

Avant-propos

Les eaux de surface et les eaux souterraines constituent l'essentiel du potentiel hydraulique sénégalais. Mais seules 3% des premières et environ 30% des secondes sont utilisées pour l'ensemble du secteur de l'hydraulique urbaine et rurale. La question de l'eau au Sénégal ne se pose pas en termes de quantité mais surtout en termes de disponibilité des ressources. 
En effet, les experts s'accordent à dire que le potentiel hydraulique dont dispose le pays pourrait largement couvrir les besoins de l'intégralité de la population sénégalaise. 
Cependant, il existe des problèmes d'accès aux ressources (eau douce) dus à son inexistence ou son inadaptation à la consommation. C'est ce type de phénomène que l'on rencontre au niveau du Gandiolais où les ressources existent mais sont soit contaminées par le sel ou tarissent vite. Notre objectif est d'établir les relations entre la sécheresse et les différents aménagements sur le Sénégal d'une part et les ressources en eaux de surface et souterraines d'autre part. Cela va nous conduire à étudier tous les aspects (cités plus haut) pour ensuite identifier les relations qui existent entre eux.

Notre thème d'étude et recherche englobe les questions hydro-climatiques, environnementales et socio-économiques. Elle permettra de faire un état des lieux dans une zone où les demandes en eau douce et en eau potable sont de plus en plus fortes.

Le thème envisagé répond d'abord à des besoins de recherches fondamentales, mais surtout appliquées au développement, dans le cadre de la gestion des ressources en eau dans un environnement fortement convoité.

Les résultats attendus de cette étude permettront une meilleure connaissance des difficultés d'approvisionnement en eau potable des populations de la zone d'étude, des impacts négatifs des aménagements sur le fleuve et leurs conséquences sur la qualité des eaux de surface et souterraines, la santé des populations et sur les espèces végétales. Enfin il s'agira de proposer des esquisses de solutions à ces problèmes d'eau douce du Gandiolais.

Ce TER n'a pu être réalisé que grâce à l'appui de certaines personnes que nous remercions à leur juste valeur. Nous rendons grâce à Dieu qui nous a donné la force et les moyens de son élaboration, ainsi qu'à son Prophète (PSL). Mes remerciements vont à :

- Toute la famille Thiam à Gossas pour leurs soutiens, prières et encouragements. Particulièrement à mon père Aladji, ma mère Seynabou Ndiaye et à mes grands frères Massamba, Momath, Mamadou Ndiaye, Bitèye...

- Monsieur Amadou Abdoul Sow, Maître-assistant au département de géographie, pour avoir bien voulu assurer la direction scientifique de ce travail avec une rigueur et un amour du travail bien fait ;

- Monsieur le Professeur Alioune Kane du département de géographie pour son soutien matériel, ses conseils et orientations qui nous ont été d'un apport considérable. Et à travers lui tous les autres intervenants au DEA Chaire UNESCO/UCAD (enseignants et chercheurs de l'UCAD, ainsi que les chercheurs des différents ONG et Services Techniques) qui nous ont encadré tout au long de cette année,

- Monsieur Ibrahima Diop chef du Service Régional de l'Hydraulique de Saint-Louis pour son soutien logistique et ses orientations,

- Monsieur Samba Bâ de la DGPRE pour son appui et ses orientations,

- Monsieur Omar Faye inspecteur départementale de l'élevage de Gossas pour son soutien matériel,

- Aux familles Bousso (à Dakar) et Diallo (à Gossas) particulièrement mon ami Moussa Diallo,

- A toute la promotion 2004-05 de la Chaire UNESCO/UCAD pour leur gentillesse et ouverture en particulier Mamadou Diakhaté Lô et Ibrahima Sylla; ainsi qu'à mes camarades Daouda Dia, Samba Diack Sèye, Serigne Sy, Amar Kane...

METHODOLOGIE

Afin d'atteindre les objectifs, notre recherche a été basée sur :

\u9679oe la recherche bibliographique auprès des centres de recherche et de documentation comme le CSE, l'IRD et la DGPRE ; les instituts et bibliothèques universitaires (bibliothèque du département de géographie, BU, l'IFAN). Cette recherche nous a permis d'avoir un aperçu global du Gandiolais surtout le fonctionnement hydrologique de ses différents cours d'eau et cuvettes de dépression.

\u9679oe le travail de terrain a consisté à :

? effectuer des visites et des entretiens auprès des organismes et des acteurs impliqués dans la gestion des ressources hydrauliques. Il s'agit entre autre du Service Régional de l'Hydraulique de Saint-Louis, de la DGPRE et au niveau du barrage de Diama,

? et d'avoir des entretiens avec les populations concernées et les autorités locales. Cette phase s'est déroulée en deux temps et nous a permis d'avoir des informations, sur la qualité des eaux, en périodes de basses et hautes fluviales. Au début du mois de juillet, qui correspondait à la fin de la saison sèche, nous avons procédé à des mesures de la qualité des eaux qui ont démontré un fort taux de salinité. La deuxième visite de terrain a eu lieu dans la seconde quinzaine du mois d'août. Ces deux visites se sont accompagnées de séances de MARP avec les populations locales. L'outil administré est l'I.S.S (Interview Semi Structuré).

Les dernières phases ont été le traitement des données recueillies à travers la recherche documentaire et les études de terrain. Les données sont traitées à partir de trois (3) logiciels : Word, pour le traitement de texte, Excel pour le traitement des statistiques et des graphiques et Arc View pour la confection de cartes.

Les résultats obtenus sont répartis en trois (3) parties divisées chacune en chapitres :

- Première partie : Etude physique, hydrologique et humaine du Gandiolais.

- Deuxième partie : Les facteurs de la modification de la qualité des eaux.

- Troisième partie : Les conséquences et esquisse de solutions.

DISCUSSION DES CONCEPTS

Un estuaire constitue une catégorie de formes littorales qui désigne l'embouchure d'un fleuve sur une mer ouverte et où se font sentir les marées. De cette rencontre entre eaux salées et eaux douces naît une dynamique particulière et des mécanismes sédimentaires spécifiques. Au niveau de l'estuaire du Sénégal la circulation de l'eau salée et de l'eau douce suit un trajet complexe qui dépend du cycle des marées. La marée montante refoule l'eau douce en amont sur une distance qui peut être importante (Plus de 200 Km avant l'implantation du Barrage de Diama) : c'est la situation qui prévaut durant la saison sèche ; alors qu'avec l'arrivée des ondes de crue en fin d'hivernage, ce sont les eaux fluviales qui dominent et la circulation des eaux se fait dans le sens amont aval.

Un estuaire est la région d'interaction entre un cours d'eau et les eaux océaniques côtières, où l'action tidale et l'écoulement fluvial ont pour effet de mélanger les eaux douces et les eaux salées. L'eau salée poussée par les marées se mêle à l'eau douce du cours d'eau pour créer une région où la salinité varie (eaux saumâtres) et où des écosystèmes spécifiques subsistent. La salinité, l'action des marées et le flux d'eau douce sont autant de variables qui font que les conditions peuvent varier de façon importante.

\u9679oe Dans le Dictionnaire de l'Eau (1981) c'est un terme désignant les eaux continentales, souterraines ou superficielles (fleuves, lacs...) non salées.

L'eau douce est une eau ayant une faible concentration d'ions de calcium, de magnésium et de fer; selon les normes américaines, l'eau douce est une eau qui a une dureté de 60 mg/l, ou moins.

On peut donc retenir que l'eau douce est une eau de faible teneur en sel, qui la rend apte au captage, destinée à diverses utilisations, en particulier à l'alimentation humaine et à l'irrigation.

Le Dictionnaire de l'Eau (Québec, Canada, 1981) ne retient pour sa part que le mot « sécheresse » avec pour définition : «  période prolongée de temps sec, sans pluie ».

On peut donc le définir comme étant le phénomène naturel qui se produit lorsque les précipitations ont été sensiblement inférieures aux niveaux normalement enregistrés et qui entraîne de graves déséquilibres hydrologiques préjudiciables aux systèmes de production des ressources en eau.

Quelle que soit la définition donnée à la sécheresse, il reste que celle-ci est le résultat d'un certain nombre de facteurs pouvant être identifiés à travers leurs interrelations et actions réciproques.

INTRODUCTION GENERALE

Le Gandiolais est localisé dans le Département de Saint-Louis et plus précisément au niveau de la Communauté Rurale de Gandon. C'est une zone très pourvue en eaux de surface et en eaux souterraines. On note la présence du fleuve Sénégal (le grand bras ainsi que le petit) et un nombre important de cuvettes. Les eaux souterraines sont représentées par les nappes des sables du Quartenaire qui sont les plus répandues surtout dans la partie nord ; et celles du Continental Terminal. Les premières sont caractérisées par une salinité pendant une bonne partie de l'année (plus de neuf mois) et par et par leur faible profondeur (un à deux mètres dans les zones basses). Ce sont des nappes côtières localisables sur les zones périphériques aux eaux de surface. Les nappes du Continental Terminal sont plus continentales et se situent à des profondeurs assez importantes.

Malgré cette abondance de ressources hydrologiques certains villages du Gandiolais, situés au sud de Saint-Louis, ont des difficultés d'approvisionnement en pour leur besoin domestique et agricole.

Ce sont des facteurs naturels, à savoir la position estuarienne de la zone et les crises de sécheresse, combinés à l'action humaine sur le fleuve qui sont les causes de ce manque d'eau douce. Ils ont induit la salinisation des eaux (superficielles et souterraines) et le tarissement rapide des nappes. Les populations de cette partie du Gandiolais (sud de la ville de Saint-Louis) pâtissent de ce manque d'eau douce car elles sont alimentées par les localités environnantes. Les villages situés plus au sud sont raccordés au forage de Ndiock Sall du Département de Louga ; tandis que ceux du nord par la ville de Saint-Louis à travers des citernes du Service Régional de l'Hydraulique. Les populations de Doune Baba Dièye, qui est complètement isolé dans un îlot de l'estuaire, se ravitaillent par voie fluviale à Saint-Louis ou à Tassinère plus au sud.

Ce manque d'eau douce est à l'origine du délaissement du maraîchage et de la forte mortalité des arbres fruitiers comme les sapotiers, les manguiers et les cocotiers. Aussi sur la santé des populations on peut noter une fatigue chez les femmes de certains villages qui font des kilomètres à pied pour aller chercher de l'eau. Les enfants souffrent de maladies gastriques comme la diarrhée et la dysenterie quand ils consomment l'eau du fleuve ou des nappes locales salées.

Pour résoudre ce problème il faut la combinaison de plusieurs facteurs. Le premier d'entre eux doit être la résolution des problèmes d'alimentation en eau domestique. Pour cela les villages de Gueumbeul et de Ngaina Lébou, desservis en eau depuis Saint-Louis par des citernes, peuvent être raccordés au forage de Ndiakher situé à deux (2) voire trois (3). La RSFG voisine de ces villages est connectée à ce forage. Dieule Mbame et Mbambara, assez proche de Bountou Ndour qui est branché au réseau de la SDE, peuvent être desservis par cette même société d'eau.

Il y a entre autres solutions, pour résoudre les problèmes d'eau douce, le colmatage de la brèche ouverte sur la Langue de Barbarie afin de réduire la présence des eaux salées dans la zone et diminuant du même coût le taux de salinité. La construction du Canal du Gandiolais avec l'inondation prévue de la dépression de Rao Peulh, contribuera à la reprise des activités de maraîchage dans certaines zones du Gandiolais.

Mais le problème reste entier pour certains villages comme l'îlot de Doune Baba Dièye qui par sa position géographique (village complètement isolé à l'intérieur des îlots de l'estuaire) ne peut ni être raccordé à un forage ou encore moins au réseau de la SDE. Il s'y ajoute les conditions hydrogéologiques défavorables (nappes affleurantes et salées), et l'éloignement du village à la zone de déversoir du Canal du Gandiolais.

Cette étude qui porte sur les problèmes liés à l'eau douce nous conduira à étudier les paramètres physiques et humains du Gandiolais. Les éléments du milieu physique sont constitués du relief, du climat, de la végétation, des types de sols et de l'hydrologie. Le cadre humain porte sur l'étude de la population et des activités qu'elle pratique. Les contraintes notées pour l'approvisionnement en eau douce des populations seront étudiées de même que les esquisses de solutions pour leur résolution.

Carte 1

Carte du delta du Sénégal

Carte 2

PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE

L'eau, source de vie, est pour un état et pour un peuple la souveraine richesse, comme le disait BRUNHES J (1952). Elle représente également un élément essentiel du développement, mais constitue une équation majeure pour les pays en voie de développement et de surcroît sahéliens. La difficulté d'accès à l'eau potable dans les pays de l'Afrique au sud du Sahara est tellement posée que la plupart des O.N.G et des organismes internationaux y investissent de gros moyens financiers et matériels pour aider les gouvernements locaux à venir à bout de ce problème. Les populations locales, elles aussi essayent toutes formes de techniques pour trouver ce liquide précieux.

Généralement ce manque d'eau potable est dû à plusieurs facteurs comme la profondeur trop importante des nappes souterraines, leurs pollutions, leurs salinisation et tarissement rapide, l'inexistence de forages capables de capter l'eau de ces nappes et l'absence d'écoulement en eau douce. Au Sénégal le problème subsiste malgré une bonne desserte en eaux de surface et en eaux souterraines. Les eaux souterraines sont représentées par trois (3) grandes nappes : les nappes phréatiques, peu profondes, sont localisées dans les sables infra basaltiques du Cap-Vert, dans les sables du littoral nord et les alluvions du fleuve avec des affleurements de surface dans les « Niayes »; les nappes du Continental Terminal, plus profondes, atteignent dans certains endroits trente (30) à cent (100) mètres de profondeur ; et les nappes du Maestrichien, très profondes, dans tout le pays sont atteintes par les forages entre cent (100) et quatre cents (400) mètres de profondeur.

Dans le Gandiolais, zone faisant partie de l'estuaire du fleuve Sénégal, la plupart des villages souffrent de ce manque d'eau douce surtout ceux jouxtant le fleuve. Pourtant les disponibilités en eaux souterraines et de surface sont importantes car on a la présence du fleuve, les nappes des sables du Quaternaire et les nappes du Continental Terminal. Ce problème qui se pose avec acuité est causé par trois (3) facteurs : la salinisation, le tarissement dés le début de la saison sèche des nappes et l'absence de vallées d'eau douce.

Les facteurs explicatifs de ces phénomènes sont multiples : la sécheresse, la position estuarienne de la zone du Gandiolais, les effets du barrage de Diama et le canal de délestage ouvert sur la Langue de Barbarie. Le tarissement des nappes souterraines est lié à la sécheresse avec une diminution des totaux pluviométriques. La sécheresse a entraîné une

réduction de l'approvisionnement en eau douce des nappes souterraines. La pluviométrie est de plus en plus marquée par des débuts tardifs et des fins précoces.

La nature salée des nappes est d'abord liée à la position estuarienne du Gandiolais. Cette situation estuarienne de la zone permet à la mer d'inonder, une partie de l'année, le fleuve Sénégal et les cuvettes de dépression. Ainsi en saison sèche l'eau salée de la mer dominait dans le milieu et rendait saumâtre le fleuve et les nappes souterraines : c'est la période de basses eaux du fleuve. Mais dés que les ondes de crue du fleuve arrivaient, le phénomène s'inversait et les nappes devenaient à nouveau douces. C'est la saison de hautes eaux du fleuve et la zone est entièrement occupée par ces eaux.

Le barrage de Diama a accentué la salinité du fait de la programmation faite pour l'ouverture de ses vannes, qui ne s'opère que quand la cote de crue atteint un mètre cinquante (1.5) de hauteur. Or ces crues sont rares et ne surviennent qu'à la fin de la saison des pluies avec l'arrivée tardive du maximum de crue. Ceci a comme effet une présence plus marquée des eaux océaniques sur les eaux fluviales dans la zone. Les cuvettes qui alimentent les nappes souterraines sont salées et par conséquent les nappes aussi.

Enfin la brèche ouverte sur la Langue de Barbarie a aggravé la situation avec un déversement rapide des eaux fluviales dans l'océan. La brèche s'est transformée en une nouvelle embouchure et de ce fait les eaux fluviales ne séjournent plus longtemps dans le milieu. Avec l'ancienne embouchure, qui se situe à des dizaines de kilomètres plus loin, les eaux fluviales parcouraient toute la zone et dessalaient une partie du milieu.

Tous ces facteurs ont ainsi contribué à priver une bonne partie des populations du Gandiolais en eau douce et potable. Pendant plusieurs mois, ces populations sont dépourvues d'eau potable pour leur alimentation.

C'est pour pallier cette situation que des camions citernes du Service Régional de l'Hydraulique de Saint-Louis alimentent régulièrement certains de ces villages en eau potable. L'eau leur revient chère puisque la bassine d'eau est vendue à soixante (60) francs CFA. Ce sont les villages de Gueumbeul et Ngaina qui sont concernés par ce type d'approvisionnement. Les autres villages, situés dans les îlots de l'estuaire comme Mbambara, Dieule Mbame et Doune Baba Dièye s'alimentent soit à Saint-Louis par voie fluviale avec des bidons; soit à Bountou Ndour, village situé sur la route de Gandiole et desservie par le réseau de la SDE depuis Saint-Louis, avec des bassines et des bidons. Ce village est localisé à deux kilomètres du premier des villages cités plus haut.

Les conséquences sur la vie des populations sont nombreuses. On peut citer les difficultés d'approvisionnement en eau douce, l'abandon du maraîchage, les problèmes de santé et la disparition de certaines espèces végétales. Cependant notre étude ne porte pas sur toute la zone du Gandiolais mais seulement la partie située au sud de la ville de Saint-Louis.

L'intérêt de cette étude est de montrer l'évolution des ressources hydrologiques de la zone du Gandiolais à travers les crises de sécheresse, l'influence de la mer sur le fleuve Sénégal, et les différents aménagements effectués sur ce dernier.

Les objectifs de recherche sont les suivants :

\u9679oe Il s'agit dans un premier temps d'étudier les aspects physiques, hydrologiques et humains de la zone,

\u9679oe Puis d'analyser les différents facteurs qui ont contribué à ce manque d'eau douce,

\u9679oe Pour ensuite démontrer l'évolution de cette situation,

\u9679oe Et enfin montrer les différentes conséquences sur la vie des populations et dégager des esquisses de solutions.

PREMIERE PARTIE

LES COMPOSANTES PHYSIQUES ET HUMAINES DU GANDIOLAIS

Nous étudions dans cette partie le milieu physique et l'occupation humaine. Le premier chapitre est réservé à l'étude du relief, du climat, de la végétation et des types de sols. Le deuxième est consacré à l'hydrologie ; tandis que le dernier chapitre porte sur l'étude de la répartition des hommes et des activités économiques.

CHAPITRE I 

LE MILIEU PHYSIQUE DU GANDIOLAIS

Le Gandiolais dans sa totalité appartient à l'écosystème des « Niayes » et il est localisé au sud et à l'est de la ville de Saint-Louis. La géologie du Gandiolais, qui date de l'ère Ogolienne (20.000 - 12.000 BP), est identique à celle de toute la zone des « Niayes ». Le relief est formé de systèmes de dunes abritant entres eux des dépressions souvent occupées par des lacs ou de cuvettes inondées une bonne partie de l'année. Son climat est de type sahélien avec des températures assez basses ; la zone est comprise entre les isohyètes 200-300 mm/an. La végétation, de type sahélien, dominée par la famille Acacia est soutenue par des sols sub arides, sableux et ferrugineux tropicaux.

Au plan hydrologique, le Gandiolais se présente comme un chenal rectiligne, bordé en rive droite par le cordon dunaire que constitue la Langue de Barbarie et en rive gauche par un réseau assez diffus de lagunes qui constituent de anciens paysages de mangrove aujourd'hui fossilisés. La section Saint-Louis Diama est caractérisée par quelques très larges méandres et des tributaires positionnés tant en rive droite qu'en rive gauche. C'est un estuaire artificiel et il est essentiel de rappeler que tous ses attributs le sont aussi.

I / : LES ELEMENTS DU RELIEF

Le relief du Gandiolais s'est développé dans une vaste plaine intégrant des systèmes dunaires et des bas-fonds occupés par des cours d'eau et des cuvettes. Ces ensembles dunaires, orientés NNE-SSW, sont parallèles et forment entre eux des couloirs inter dunaires qui constituent également un élément du relief : on les nomme « Niayes » et c'est à l'intérieur de celles-ci que sont installées les cours d'eau et les cuvettes. La mise en place, de ce relief, a débuté au Quaternaire, plus précisément à l'Ogolien, il y'a environ 20.000 à 18.000 BP. Les dunes rouges sont les premiers à s'implanter suivies des dunes jaunes et des dunes blanches.

- Les dunes rouges, ont une orientation NNE - SSW et couvrent un vaste espace. C'est durant la phase aride de l'Ogolien (20.000 - 12.000 BP) vers 17.000, qu'elles se sont formées. Elles ont ensuite évolué durant le Tchadien (9.500 - 7.500 BP), puis au Nouakchottien (7.000 - 4.200 BP).

- Les dunes jaunes se situent à l'intérieur de l'estuaire du fleuve Sénégal et sont séparées les unes des autres par des cuvettes permanentes. Leur formation remonte au Nouakchottien

(7.000 - 4.200 BP) durant la phase humide, avec l'édification de petits reliefs dunaires que Tricart a appelé « dunes jaunes » (P. Michel, 1969 p. 583). Ces dunes présentent des formes complexes avec parfois de grands alignements dont la hauteur atteint vingt (20) à trente (30) mètres. Elles sont localisables, dans leur majorité, au niveau des îlots de l'estuaire.

- Les dunes blanches sont situées au niveau de la Langue de Barbarie qui se présente sous la forme d'une longue flèche sableuse fragile et instable. Elle subit de manière régulière le jeu de la dynamique littorale qui le façonne.

D'une manière générale, la géomorphologique du Gandiolais est de topographie basse essentiellement constituée de plaines et de bas plateaux. Cependant, l'élément spécifique du paysage reste l'étendue des dunes rouges continentales appelées « Ogoliennes », qui s'adoucissent progressivement vers le littoral où elles laissent la place à des cordons littoraux sableux plus récents.

II / : LES ELEMENTS DU CLIMAT

Le climat est soumis à un régime sahélien accompagné d'une grande variabilité inter annuelle de la pluviométrie.

Les éléments du climat à étudier sont composés des flux, les températures, l'insolation, l'humidité relative, l'évaporation et la pluviométrie.

\u9679oe Les vents de quadrant Nord à Est dominent la circulation d'octobre à mai avec le secteur N qui a les fréquences les plus élevées. Ces flux sont accompagnés par des températures assez faibles avec des amplitudes thermiques peu élevées, des valeurs d'insolation et d'évaporation élevées ; ce qui réduit les taux d'humidité relative (inférieur à 70%). Ce vent frais et moyennement humide est l'alizé boréal maritime issu de l'anticyclone des Açores. Il est surtout présent dans la frange côtière Nord du Sénégal de Saint-Louis.

Cependant on a aussi la présence de l'alizé continental ou harmattan, caractérisé par une grande siccité dans l'air, une température élevée et un pouvoir évaporant important d'où sa faible teneur d'humidité relative. Son amplitude thermique est élevée avec une chaleur torride le jour et une fraîcheur accentuée la nuit. Généralement l'harmattan se manifeste entre février et avril c'est-à-dire avant la saison des pluies. Il est issu de l'anticyclone saharien.

\u9679oe Les flux de quadrant Ouest à Nord dominant de juin à septembre sont chauds, humides avec des amplitudes basses. Ce vent entraîne une température un peu élevée, des valeurs d'humidité relative maximales, une évaporation et une insolation connaissant leurs valeurs les plus minimes. Ce vent chaud et humide est la mousson provenant de l'anticyclone de Sainte-Hélène. C'est elle qui apporte le potentiel précipital.

III / : LES FORMATIONS VEGETALES

Au niveau du littoral les formations végétales caractéristiques sont la steppe et la végétation relictuelle des « Niayes » formée d'espèces guinéennes. Néanmoins quelques reliques de mangrove, composées essentiellement de Avicennia africana, associées dés fois de Rhizophora racemosa, sont présentes au niveau des rivages du fleuve et de certains plans d'eau (Cuvette de Gueumbeul). Plus à l'intérieur s'individualise en général une steppe arborée. Les espèces ligneuses, le plus souvent des épineux, sont dominées par la famille Acacia (radiana, seyal, albida...) associés aux plantes herbacées, clairsemées ainsi que les buissons d'euphorbiacées.

IV / : LES TYPES DE SOLS

La carte pédologique révèle d'une manière générale deux catégories de sols: les sols zonaux et les sols azonaux. Parmi les sols zonaux, on distingue les sols sub arides (sols bruns à brun rouges), qui se développent sur un substrat sableux ou sablo argileux (sols deck-diors) et parfois même sur quelques affleurements de roches calcaires et de marnes auxquels s'ajoutent les sols ferrugineux tropicaux (sols diors). Quant aux sols azonaux, il s'agit essentiellement des sols hydromorphes (sols engorgés d'eau en raison d'une submersion temporaire tels qu'on les retrouve dans les « Niayes », et l'estuaire du fleuve Sénégal) et des sols halomorphes ou salés.

La zone du Gandiolais appartient au grand écosystème des « Niayes » avec un relief constitué de systèmes dunaires qui surplombent des cuvettes de dépression inondées pratiquement toute l'année. Son climat aussi bien que sa végétation sont de type sahélien. Les températures assez basses et les sols dominés par le type « diors » supportent une végétation à majorité d'épineux.

CHAPITRE II

L'HYDROLOGIE DU GANDIOLAIS

L'hydrologie du Gandiolais, assez dense, est formée principalement du fleuve Sénégal avec un nombre important de cuvettes qui lui sont totalement tributaires. Les eaux souterraines sont dominées par les nappes des sables du Quaternaire avec des affleurements superficiels dans les zones proches du fleuve ou des cuvettes. L'autre type d'eau souterraine est représenté par les nappes du Continental Terminal. L'hydrologie du Gandiolais, dans son ensemble, est fortement affectée par la salinisation due à l'influence de la dynamique marine sur les eaux fluviales.

I /  LES EAUX DE SURFACE

L'artificialisation affecte l'intégralité du cours du fleuve. A l'extrême amont, le barrage de Manantali, édifié sur le Bafing, au Mali, régule la majeure partie des écoulements. En conditions naturelles, ceux-ci transitaient par l'embouchure entre juillet et septembre, provoquant alors un léger dessalement de l'océan au niveau de Saint-Louis. Dès la fin des ondes de crue, et sous l'effet constant de la poussée océanique, la salinisation de l'estuaire se refaisait progressivement. L'hydrologie du Gandiolais composée du fleuve Sénégal et d'un ensemble de cuvettes de dépression n'échappe pas à ces conditions. Localisé au sud et à l'est de la ville de Saint-Louis, le Gandiolais est traversé par le fleuve Sénégal qui sur sa rive droite est limité par la Langue de Barbarie ; tandis que sa rive gauche qui se rattache au continent se particularise par l'existence de vasières et d'îlots où se perdent les eaux dans un enchevêtrement de chenaux. C'est le fleuve qui alimente toute les cuvettes et lacs de la zone. L'hydrologie du Gandiolais est composé en plus du grand bras du fleuve du :

petit bras du fleuve entre la Langue de Barbarie et l'île de Saint-Louis, est en communication permanente au nord et au sud de la ville de Saint-Louis avec le grand bras du Sénégal,

complexe lagunaire en rive gauche, situé entre Saint-Louis et Gandiole, comprenant le Leybar, le Ndel. Ces chenaux et lagunes, peu profonds, remontés par la marée, temporairement inondés, sont partiellement bordés de mangroves (Rapport START 01).

de cuvettes établies dans des reliefs inter dunaires. Ce sont les cuvettes de Gueumbeul, de Ngaye-Ngaye, le Lac Salicorne en plus des petites autres adjacentes à celle de Gueumbeul.

Les longues périodes de fermeture de Diama conduit à des valeurs de salinité proches de quarante pour mille (39.6°\oo) observées en fin juillet (2005) au niveau de la cuvette de Gueumbeul et l'onde de marée devrait plus être ressentie dans ses tributaires (Ngaye-Ngaye...). L'hydrogramme de crue révélait une période de hautes eaux centrée sur juillet/ août, suivie d'un long tarissement. Le barrage de Manantali, par son système de régulation du maximum de crue, a fait aujourd'hui que ce maximum de crue est centré sur fin août.

II / LES EAUX SOUTERRAINES

Les eaux souterraines sont contenues dans des formations plus ou moins argileuses et sablo argileuses datant de la fin de l'ère Tertiaire début du Quaternaire et du Quaternaire. Ces nappes sont des aquifères c'est à dire des « corps (couche, massif) de roches perméables à l'eau, à substrat et parfois à couverture de roches moins perméables, comportant une zone saturée et conduisant suffisamment l'eau pour permettre l'écoulement significatif d'une nappe souterraine et le captage de quantités d'eau appréciables. L'aquifère est l'ensemble du milieu solide (contenant) et de l'eau contenue. » J MARGAT www.cig.ensmp.fr. On distingue les nappes des sables du Quaternaire et les nappes du Continental Terminal :

Les nappes des sables du Quartenaire se trouvent dans les sables du littoral Gandiolais et dans les sables infra-basaltiques avec des affleurements de surface. Ce système aquifère se prolonge à l'Est dans les calcaires lutétiens et dans les sables argileux du Continental Terminal. La nappe s'écoule à partir d'une ligne de partage des eaux vers l'Océan Atlantique à l'Ouest et vers les calcaires lutétiens à l'Est. Sa profondeur varie de trois (3) à dix (10) mètres dans les « Niayes » et de 10 à 20 m dans les zones élevées. Ce type de nappe représente l'essentiel du potentiel hydrologique souterrain du Gandiolais. Ces nappes sont étroitement liées au cours d'eau et soumises à la dynamique marine.

Les nappes du Continental Terminal, plus profondes, atteignent dans certains endroits trente (30) à cent (100) mètres de profondeurs ; et les nappes du Maestrichien, très profondes, sont atteintes par les forages entre cent (100) et quatre cents (400) mètres de profondeur.

Le Continental Terminal est constitué de formations sablo argileuses de la fin de l'ère Tertiaire et du début du Quaternaire. C'est un aquifère qui couvre presque tout le pays. Mais,

ses réserves au niveau du Gandiolais sont souvent salées et c'est ce qui explique la faible présence de forage dans le milieu.

L'alimentation de ces deux (2) types de nappes s'effectue en grande partie par les crues du fleuve Sénégal. On retiendra en conclusion, que la péjoration des conditions climatiques et les épisodes répétés de sécheresse ont engendré de multiples conséquences sur ces nappes tant du point de vue du niveau que de la qualité de leurs eaux.

Le Gandiolais est une zone très pourvue en eau aussi bien superficielle que souterraine. Les eaux de surface, constituées en grande partie de cuvettes, sont régies par le fleuve Sénégal selon qu'il est en période de hautes ou de basses eaux. Les nappes souterraines sont composées par celles des sables du Quaternaire et du Continental Terminal. Toutes ces eaux sont affectées pendant une bonne partie de l'année par la salinisation due à l'invasion marine de la zone.

CHAPITRE III 

LE CADRE HUMAIN

Le Gandiolais se caractérise par une mosaïque d'ethnies où dominent, en général, les wolofs. Mais il existe aussi des peulhs dans certains hameaux dispersés de part et d'autre des villages de wolofs. Les populations s'adonnent à des activités assez diversifiées dont les plus caractéristiques sont : l'agriculture, le maraîchage, l'élevage et la pêche. Cependant, avec les mutations intervenues dans cette zone (construction du barrage de Diama et ouverture de la brèche), on assiste à l'émergence de conflits potentiels entre ces différents secteurs d'activités vue la réduction des terres de culture et l'absence quasi totale d'eau douce.

I / REPARTION ET COMPOSITION DE LA POPULATION

1 / : Répartition de la population

Le Gandiolais est l'une des quatre (4) parties de la Communauté Rurale de Gandon qui compte quatre vingt un (81) villages. Le recensement général de la population sénégalaise de 1988 estimait à 29 547 habitants, dont 15 296 femmes et 14 251 hommes, les habitants de la C.R de Gandon. D'après le Rapport START 01 « en 1995, cette population est passée à 31 086 habitants soit une augmentation de 1 539 habitants en sept (7) ans et une croissance annuelle de 4,9 % ». 

Le recensement administratif de la population en 1999 effectué par le CERP de Rao l'évalue à 39 958 habitants. Ce qui donne une densité de 71 habitants au kilomètre carré alors que la moyenne nationale est de 45 habitants au kilomètre carré. Cette forte concentration de population peut trouver ses explications dans la richesse de la zone avec de fortes disponibilités hydriques et pédologiques pour les besoins du maraîchage.

2 / : Composition de la population

La population de la communauté rurale de Gandon est ainsi répartie : les wolofs représentent 45%, les peulhs avec 35%, les maures 15% et les autres ethnies estimés à 5%. Cependant dans notre zone d'étude il n'existe pratiquement pas de maures.

II / LES ACTIVITES ECONOMIQUES

Elles sont dominées par le maraîchage et l'agriculture sous pluie. Néanmoins d'autres secteurs d'activités existent notamment la pêche, l'exploitation du sel et dans un degré moindre l'élevage.

1 / : Le maraîchage

Il représentait l'activité principale des populations du Gandiolais mais est aujourd'hui complètement délaissé à cause du manque d'eau douce. Les sols les mieux adaptés au maraîchage sont les « deck-dior » caractérisés par une présence de l'eau pendant pratiquement toute l'année. Les produits sont la tomate, l'oignon, le navet, la carotte, les choux pommés, les aubergines, le piment, les pastèques, la patate...

2 / : Les cultures sous pluie

Elles sont dominées par l'arachide, le niébé, la pastèque, le mil, l'oseille et le manioc. L'agriculture sous pluie souffre des déficits pluviométriques qui sont les conséquences directes des crises de sécheresse. D'après les populations les rendements sont assez élevés. Mais elles constatent aussi dés fois que les productions n'arrivent pas à maturité.

3 / : La pêche

C'est une activité pratiquée sur le fleuve et dans les grandes cuvettes comme le Leybar, le Ndel. Les espèces capturées sont les sardines, les saules, le mérou, les raies, les langoustes, les crevettes, les « Dièyes » et les « Ngoth ». La pêche souffre des effets du barrage et du canal de délestage par une réduction des espèces capturées.

4 / : L'exploitation du sel

Elle était pratiquement délaissée par les populations suite à une réduction du niveau des cuvettes lieu de leur exploitation. Mais depuis l'ouverture de la brèche, on assiste a une reprise de ses activités. Ngaye-Ngaye représente la principale cuvette où elle est pratiquée. Ce sont les femmes qui s'adonnent le plus à cette activité et les productions sont disposées le long des cuvettes, de la route du Gandiolais et sur la Route Nationale numéro 2.

A dominance wolof, le Gandiolais est une zone où le maraîchage domine l'activité des populations. Cependant avec la salinisation de plus en plus élevée cette activité est fortement concurrencée par l'exploitation du sel. Les autres activités comme la pêche et l'élevage résistent dans le milieu qui leur est de plus en plus défavorable.

DEUXIEME PARTIE 

LES FACTEURS DE LA MODIFICATION DE LA QUALITE

DES EAUX

Cette partie est consacrée à l'étude des différents facteurs qui ont contribué à la modification de la qualité des eaux. Dans le premier chapitre nous étudions les facteurs naturels et dans le deuxième les facteurs anthropiques.

CHAPITRE I 

LES FACTEURS NATURELS

L'eau est très présente dans la zone du Gandiolais et sous différentes formes : cours d'eau, cuvettes de dépression, étangs, marécages, eaux souterraines. Cette situation très complexe est à mettre en relation avec le contexte physique : relief, climat, géologie et la position géographique. C'est la combinaison de plusieurs facteurs qui ont aussi fini par jouer sur la qualité des eaux douces de même que sur leur niveau. Ce sont les facteurs naturels qui sont les premières causes de ce manque d'eau douce. Ces facteurs sont composés de la sécheresse et de la situation estuarienne du Gandiolais.

I / : LA SECHERESSE

Les crises de sécheresse qui, sur un fond d'aridité permanente, caractérisent la zone du Gandiolais et accentuent le déficit hydrique. Cette diminution des précipitations est la cause première de toutes les crises (baisse du débit du fleuve, diminution du niveau des nappes), bien que la notion de sécheresse se dissocie de celle de précipitations déficitaires. Leurs origines ne sont pas bien expliquées : « Nous ne savons pas pourquoi les présentes sécheresses existent ni pourquoi des sécheresses se sont produites dans le passé » (Farmer et Wigley 1985). Cette sécheresse est de type pluviométrique et hydrologique.

1 / : La sécheresse pluviométrique

La zone nord sahélienne, située à peu près au sud du parallèle 17°05' N, a une pluviométrie moyenne annuelle pour ces trente (30) dernières années qui oscille entre 200/300 mm. Cette pluviométrie annuelle moyenne est répartie sur deux (2) à trois (3) mois.

Cependant ses conditions climatiques ont connu des variations chroniques et de grandes ampleurs, surtout depuis le début des années 1970. La station météorologique de Saint-Louis a enregistré une rupture nette des séries pluviométriques autour des années 1968-72, avec 1970 comme année charnière. La baisse de la pluviométrie entre la normale 1915-43 et 1944-72 est d'environ 7 %. Cette diminution s'est accrue et a atteint les 25 % entre la normale 1944-72 et 1973-02.

Les précipitations font partie des ressources en eau de la zone même si leur quantité sont nettement moindre comparée à celles des eaux de surface. Les pluies engendrent le ruissellement et participent à la recharge des nappes souterraines.

Graphique 1


Calcul de l'indice de sécheresse décennal

Ce calcul nous renseigne sur le niveau de sécheresse d'une localité donnée. L'indice de sécheresse s'obtient en divisant la moyenne pluviométrique décennale par la valeur moyenne de l'évapotranspiration décennale.

Tableau 1 : Données climatiques de la Station Synoptique de Saint-Louis 1961/00 Source : Pascal Sagna

Décennies

Pluies en mm

ETP en mm

I S

C C

1951/60

326.8

1754.2

0.18

Aride

1961/70

342.5

2201.2

0.15

Aride

1971/80

215.2

2175.2

0.09

Aride

1981/90

227.3

2060.7

0.11

Aride

1991/00

238.3

1931.1

0.12

Aride

ETP : Evapotranspiration Potentiel

IS : Indice de Sécheresse

CC : Classification Climatique

Le calcul des indices de sécheresse décennaux montre que Saint-Louis est caractérisé par une aridité chronique datant 1951 et qui se poursuit jusqu'à 2000. Les moyennes pluviométriques décennales sont de loin inférieures aux valeurs moyennes de l'évapotranspiration décennale. Ce qui signifie que les pertes par ETP sont supérieures aux apports pluviométriques. Le tableau suivant montre les écarts entre les moyennes pluviométriques décennales et les ETP décennales.

Tableau 2 Ecarts pluie/ETP à Saint-Louis 1950/00

Décennies

Pluies en mm

ETP en mm

Pertes en mm

1951/60

326.8

1754.2

1430.4

1961/70

342.5

2201.2

1858.7

1971/80

215.2

2175.2

1960

1981/90

227.3

2060.7

1833.4

1991/00

238.3

1931.1

1692.8

2 / Sécheresse hydrologique

La sécheresse hydrologique découle d'une longue sécheresse météorologique et se traduit par une brusque diminution du niveau des eaux de surface et souterraines. Dans le Gandiolais cette sécheresse résulte de la baisse de la pluviométrie sur le bassin du fleuve et qui à son tour entraîne une réduction des débits écoulés et par conséquent sur les nappes souterraines.

Le régime d'écoulement du fleuve Sénégal dépend essentiellement des précipitations dans le Haut Bassin. Il est caractérisé par :

une saison de hautes eaux, de juillet à octobre,

une saison de basses eaux à décroissance régulière, de novembre à mai/juin.

La saison des hautes eaux débute en fin août ou début septembre et s'achève rapidement dans le courant du mois d'octobre. A la fin de la saison sèche, en mai ou juin, il ne reste en général qu'un très faible débit d'étiage dans le grand bras du fleuve et dans ses affluents. A Bakel, qui est très souvent considéré comme la limite entre le Haut Bassin et la Vallée, et comme la station de référence du fleuve Sénégal parce que située à l'aval du dernier affluent important qu'est la Falémé, le débit moyen annuel du fleuve est d'environ 676 m3/s. Les débits moyens

mensuels changent entre les valeurs extrêmes de 3.320 m3/s en septembre et de 9 m3/s en mai.
Une autre particularité importante du régime du fleuve Sénégal est son irrégularité inter- annuelle. Par exemple pour la période 1903-04 à 1995-96, l'écart entre le débit moyen annuel de l'année la plus humide et celui de l'année la plus sèche peut être dans la proportion de six (6) à un (1). Ainsi en 1923-24, le débit moyen annuel est de 1.265 m3/s ;
et pour l'année 1987-88, il est passé à de 216 m3/s. Pendant la période d'étiage, comprise entre novembre et mai-juin et au cours de laquelle aucune précipitation importante n'est enregistrée, les débits du fleuve et de ses affluents diminuent progressivement.

L'implantation du niveau du barrage de Diama (fonctionnel depuis 1985) a permis la régulation des débits en soutenant les étiages. Les débits moyens annuels calculés tournent tous autour 600 m3/s : ainsi pour 1994-95 le débit est de 659 m3/s ; 629 m3/s pour 1999-00 et 679 m3/s pour 2003-04. Mais le débit moyen annuel reste toujours faible comparé à l'année 1923-24.

Tableau 3 Volume d'eau lâché au niveau du Barrage de Diama

Années

Volume d'eau en m3

1994-95

21 600 000 000

1999-00

18 917 797 600

2003-04

17 528 800 000

Cette irrégularité interannuelle et cette faiblesse de plus en plus croissante des débits jouent sur la présence de ces eaux douces du fleuve dans l'estuaire, car les lâchers opérés au niveau du barrage de Diama se font quand la cote de crue atteint au moins un mètre cinquante mètre (1.50) de hauteur. Mais avec ces faibles débits notés en saison sèche, le barrage est fermé et les eaux douces n'accèdent pas dans la zone du Gandiolais. Il s'y ajoute une diminution des volumes d'eau écoulés au niveau de ce barrage.

II / LA POSITION ESTUARIENNE

Cette position estuarienne du Gandiolais se traduit au plan hydrologique par l'influence du fleuve en période de hautes eaux fluviales ; alors que la zone est soumise à la dynamique marine en basses eaux fluviales. Cette situation est due au relief composé de dunes et de basses plaines d'inondation abritant des cuvettes.

C'est un milieu qui au point de vue hydrologique, le fleuve Sénégal constitue sa principale source d'approvisionnement en eau douce. Avant l'érection du barrage de Diama, l'invasion saline pouvait remonter jusqu'à Podor, à 250 kilomètres plus en amont. Cette période correspondait à la phase de salinisation, car la zone est soumise aux marées de l'Océan Atlantique. Le fleuve et ses dépressions sont inondés par les crues artificielles de l'océan. Cette phase était suivie par une intense évaporation qui s'opérait dans le milieu soumis à la seule influence de l'océan. Cette période n'était pas assez longue et ses influences sur les eaux douces étaient moindre et ne duraient au maximum deux (2) mois selon les populations.

Les eaux douces étaient, en quantité suffisante, résistaient à la salinité pendant une bonne partie de la phase de fermeture du barrage. Mais, l'ouverture périodique des vannes empêchait, par simple dilution, une sur salinisation des eaux sous l'effet de l'évaporation.

Pendant les périodes de hautes eaux fluviales le fleuve reprenait son influence dans la zone avec une présence très marquée des eaux douces sous l'impulsion des crues. Les nappes se rechargeaient et d'après les populations la présence des eaux douces se ressentaient jusqu'au mois de mai.

Ces deux (2) facteurs naturels représentent les causes premières de la modification de la qualité des eaux. La sécheresse, qui se manifeste sous forme pluviométrique et hydrologique, a plus d'effets négatifs sur les eaux que la position estuarienne. Cependant ces deux facteurs sont renforcés par l'action anthropique à travers l'implantation du barrage de Diama et le canal de délestage sur la Langue de Barbarie.

CHAPITRE II 

LES FACTEURS ANTHROPIQUES

La réalisation de grands ouvrages hydrauliques s'accompagne toujours d'effets plus ou moins néfastes liés à l'utilisation des ressources en eau et à la mise en valeur des terres agricoles. Au niveau de la zone du Gandiolais les facteurs anthropiques produisant des effets sur la qualité des eaux sont limités à l'implantation du barrage de Diama et à l'ouverture de la brèche sur la Langue de Barbarie. Ces deux (2) aménagements ont fortement joué sur le fonctionnement hydrologique du Gandiolais en favorisant la dynamique marine et par conséquent une présence plus accrue de la salinité.

I / : LE BARRAGE DE DIAMA

Le barrage anti-sel de Diama est érigé à cinquante (50) kilomètres de l'ancienne embouchure du fleuve Sénégal. Il est fonctionnel depuis novembre 1985 ; mais les travaux furent complètement achevés en 1986. Sa construction est consécutive aux années de sécheresse climatologique et hydrologique que connaissaient le fleuve et son bassin versant. Ces sécheresses avaient freiné la mis en valeur agricole des terres au niveau du delta par la salinité des eaux et des sols.

Ce barrage est constitué d'un évacuateur de crues qui permet la création d'une retenue d'eau entre les cotes +1.5 et +2.5 m IGN ; elle est aussi doté d'une écluse de navigation de cent soixante quinze (175) mètres de long sur treize (13) mètres de large.

La fonction première de cet ouvrage est d'arrêter l'avancée de la langue salée dans la vallée. Diama a aussi entre autres vocations, de créer en amont du barrage un lac artificiel d'une superficie de 235 km2 et d'une capacité de 250 millions de m3 destinés essentiellement à l'irrigation de quelques 120 000 ha de terres et d'alimenter le Lac de Guiers en eau douce (Rapport START 01). Le barrage de Diama, sert aussi à remédier aux difficultés entraînées par la baisse de la pluviométrie et la sécheresse, a complètement bouleversé la dynamique naturelle du fleuve.

Mais vus les faibles débits du fleuve en période de basses eaux, ce qui équivaut à des cotes inférieurs à +1.5 m, les vannes du barrage sont fermées pour éviter la remontée des eaux marines. A cette période l'hydrologie de l'estuaire est totalement soumise à l'action de la dynamique marine. Cette période étant très longue, plus de six (6) mois parfois, les eaux

océaniques s'étalent sur tout l'estuaire (fleuve et cuvettes de dépression) et par l'infiltration alimentent les nappes des sables Quaternaires les plus répandues dans le Gandiolais. Ce phénomène induit une salinisation des eaux superficielles et souterraines. Les eaux douces sont quasi inexistantes dans la zone surtout pour les villages riverains du fleuve. Ainsi plus qu'on avance dans le continent moins la salinisation se fait ressentir.

La construction du barrage a limité la progression des eaux salées. Celles-ci restaient prisonnières entre l'ancienne embouchure et le barrage et du coût augmentait leur effet sur la qualité des eaux. L'étroitesse de l'estuaire a été très décisive dans l'augmentation de la salinisation du Gandiolais car avant le barrage les eaux salées ne stagnaient pas et circulaient librement dans le sens aval amont en période de basses eaux du fleuve.

II / : LE CANAL DE DELESTAGE

Construit à la hâte en octobre 2003 pour «sauver» Saint-Louis des inondations, le canal de délestage de la Langue de Barbarie fait craindre tous les dangers. La Langue de Barbarie est une bande de sable longue d'une trentaine de kilomètres et large d'une centaine de mètres, qui sépare le fleuve de l'océan. La zone abrite des campements touristiques, une réserve naturelle où viennent nicher une multitude d'oiseaux et de tortues marines.

La brèche, qui à l'origine faisait cent (100) mètres de long sur quatre (4) mètres de large et un mètre cinquante de profondeur (1.5) mètres, ne cesse aujourd'hui de s'élargir vers le sud et menace de faire disparaître les îlots sablonneux abritant une dizaine de petits villages de pêcheurs (Doune Baba Dièye, Mbambara, Dieule Mbame...).

Au plan hydrologique le canal a accentué la salinisation des eaux aussi bien superficielles que souterraines. Avant son ouverture, la remontée de la langue salée se faisait à partir de l'ancienne embouchure qui se localise à environ trente (30) kilomètres vers le sud, à Potou dans la Région de Louga. Maintenant cette brèche s'est constituée en une nouvelle embouchure, les eaux marines rejoignent aisément l'estuaire car étant située à sept (7) kilomètres au sud de Saint-Louis. La brèche a encore réduit la longueur de l'estuaire. Il s'étend désormais entre cette embouchure artificielle et le barrage. La dynamique de l'océan se fait de plus en plus sentir avec une forte pression des vagues déversant des quantités d'eau importantes au niveau de l'estuaire. Ces eaux salées sont confinées dans cet espace et agissent fortement sur les eaux douces. D'après les populations de la localité, la salinisation a augmenté et a même atteint des zones jusque là épargnées. Aussi disent-elles la durée de

présence des eaux salées s'est accrue augmentant du coût le taux de salinité. La mesure du taux de salinité des eaux, le 17 juillet 2005, a donné les résultats suivants :

Tableau 4 Taux de salinité dans certaines localités du Gandiolais Source : El H. I. THIAM

Localités

Lieu de mesure/profondeur

Taux de salinité en g/l

Gueumbeul

céane (1 m)

2.2

Puits (4 m)

2.4

Cuvette de Gueumbeul

Pont Bountou Baat

39.6

Mboumbaye

céane (2 m)

7

Mouit

Céane (2 m)

1.9

Ngaina Lébou

céane (1 m)

3.8

Tougue Peulh

Céane (2 m)

22.7

Les différents aménagements sur le fleuve constituent les facteurs d'aggravation du manque d'eau douce. Le barrage de Diama a pour sa part réduit les volumes d'eau écoulés au niveau du Gandiolais à travers ses différentes phases de fermeture. L'action du barrage sur les eaux douces est renforcée par l'ouverture de la brèche sur la Langue de Barbarie qui a augmenté l'action de la dynamique marine sur le milieu et par conséquent la modification de la qualité des eaux douces quasi inexistantes.

Photo 1 Le Barrage de Diama à l'ouverture des vannes cliché : El H. I. THIAM août 2005

Photo 2 Pont-barrage de Mboubène sur l'entrée de la Réserve d'eau de Bango cliché : El H. I. THIAM août 2005

Photo 3 Pont-barrage de Ndiawdoune à l'entrée de la zone des trois marigots cliché : El H. I. THIAM août 2005

Photos 4, 5, 6, et 7 Clichés : El H. I. THIAM août 2005

En haut à gauche : Le canal de délestage vue de la zone sud

En haut à droite : Erosion de la partie nord

En bas : Erosion de la partie sud

TROISIEME PARTIE

LES CONSEQUENCES DE LA MODIFICATION DE LA QUALITE DES

EAUX ET ESQUISSE DE SOLUTIONS

Cette dernière partie porte sur l'étude des conséquences de la modification de la qualité des eaux sur la vie des populations et sur l'environnement. Elle est également consacrée à l'esquisse de solutions pour résoudre ce problème.

CHAPITRE I 

LES CONSEQUENCES

L'eau douce est devenue rare et n'est présente qu'avec l'ouverture du barrage de Diama. Cependant c'est avec l'arrivée des ondes de crue que la présence de ces eaux douces commence à se faire ressentir. Ceci s'explique par le fait que les eaux marines, par leur durée dans le milieu (7 à 8 mois), ne peuvent être diluées que par une quantité importante d'eau douce. Les conséquences sur la vie des populations sont nombreuses. Il s'agit en premier lieu des difficultés d'approvisionnement en eau douce pour les besoins de l'alimentation domestique et du maraîchage ; puis les conséquences néfastes sur l'environnement avec une forte mortalité de certaines espèces végétales et une reprise de l'exploitation du sel due à une augmentation du taux de salinité.

I / LES DIFFICULTES D'APPROVISIONNEMENT EN EAU DOUCE

C'est l'une des plus grandes contraintes des populations du Gandiolais, surtout celles riveraines du fleuve ou résidant dans les îlots de l'estuaire. Il s'agit d'un véritable problème pour ces populations de trouver de l'eau douce pour leurs besoins domestiques et agricoles.

1 / Pour les besoins de l'alimentation domestique

Les populations recourent à différentes méthodes afin de satisfaire leurs besoins en eau pour l'alimentation domestique. Pour certains villages leur besoin en alimentation domestique est satisfait par des forages. Il s'agit des localités situées plus au sud (Tougue Peulh, Tassinère, Mouit, Mboumbaye...) qui sont desservies par le forage de la Communauté Rurale Ndiock Sall du Département de Louga. D'autres villages localisés plus à l'est (Ndiakher, Ngaye Ngaye, Békhar, Diama Toubé et Ngaye Ngaye Peulh) s'approvisionnent par un forage implanté à Ndiakher. La Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul est aussi branchée à ce forage.

Ngaina Lébou et Gueumbeul situés sur la route du Gandiolais sont eux desservis par les citernes du Service Régional de l'Hydraulique de Saint-Louis. L'eau est ensuite déversée dans des réservoirs spécialement prévus à cet effet. Selon le gestionnaire du réservoir de Ngaina Lébou chaque semaine ils font deux (2) commandes de citernes d'eau de onze (11) mètres cube (m3) chacune. Ce qui leur revient à trente quatre mille (34 000) francs CFA. Ce

sont aussi eux qui payent à quinze mille (15 000) francs CFA le carburant de la citerne qui leur sert l'eau. Ils sont donc obligés de vendre la bassine d'eau à soixante (60) francs pour faire des bénéfices qui serviront plus tard de frais de carburant.

Par contre les villages, localisés dans les îlots de l'estuaire usent de méthodes très difficiles pour trouver de l'eau. Pendant les périodes de hautes eaux fluviales les populations s'alimentent directement sur le fleuve et remplissent en même temps leurs réservoirs à partir du fleuve. C'est avec ces réserves qu'elles s'alimentent pendant une bonne partie de la saison sèche. Au début de la saison sèche elles creusent des céans sur les rivages du fleuve pour avoir de l'eau ; puis elles utilisent les réserves d'eau. Mais au fil des mois avec, la présence des eaux de l'océan dans l'estuaire, l'eau devient salée. Mais depuis que la brèche est ouverte les disponibilités en eau douce se sont réduites entraînant du même coût l'abandon de cette technique.

Actuellement pour leur approvisionnement en eau destinée à l'utilisation domestique les populations de Doune Baba Dièye partent à Saint-Louis ou à Tassinère situé plus au sud. L'approvisionnement se fait par voie fluviale et il nécessite, selon Monsieur Diagne chef du village, cinq (5 000) mille francs de carburant par voyage. Une pirogue peut contenir jusqu'à trente (30) bidons de vingt (20) chacun. A Saint-Louis elles achètent le bidon à vingt cinq (25) francs ; et vingt (20) francs à Tassinère.

Dieule Mbame et Mbambara disposent aussi de réservoirs qu'ils remplissent avec l'eau du fleuve en périodes de hautes eaux. Mais depuis 2003 avec l'ouverture de la brèche ils rencontrent les mêmes difficultés que Doune Baba Dièye. C'est pourquoi leurs habitants rappliquent vers le village de Bountou Ndour situé sur la route du Gandiolais pour trouver de l'eau destinée à l'alimentation domestique. Ce village, raccordé au réseau de la SDE de Saint-Louis, se trouve à deux (2) voire trois (3) kilomètres du premier village Mbambara. Vue la distance assez éloignée et le mauvais état de la piste, qui est sectionnée par le petit bras du fleuve, les populations des deux (2) villages font certaines de leurs tâches domestiques (linge, lavage des ustensiles de cuisine) à Bountou Ndour avant de s'approvisionner en eau. Cet approvisionnement est le plus souvent effectué à pied par les femmes, bassine d'eau ou bidon à la tête. Car l'état de la piste ne permet pas aux charrettes de passer.

2 / Pour les besoins agricoles

Le maraîchage est la principale activité agricole des populations du Gandiolais. Mais ce maraîchage n'est pratiquement plus pratiqué. Avant l'ouverture du canal de délestage, cette activité se faisait avec les céanes et sous forme de culture de décrue sur les rivages du fleuve. Aujourd'hui ces activités tournent au ralenti. Ceci est lié à la salinisation des eaux de plus en plus élevée et de sa longue durée de présence. Les enquêtes effectuées auprès des populations ont révélé qu'avant l'érection du barrage à Diama elles disposaient d'au moins de dix (10) mois de présence des eaux douces dans les puits et céanes; après la mise place du barrage cette durée s'est réduite à trois (3) quatre (4) mois. Mais l'ouverture de la brèche a empiré la situation avec seulement un (1) à deux (2) mois pour pratiquer le maraîchage. Actuellement il n'est pratiqué qu'au niveau du village de Keur Barka prés de Bountou Ndour. Cette pratique est rendue possible par la présence de l'exutoire de la station d'épuration des eaux usées de Saint-Louis qui alimentent la nappe phréatique et la rende douce. Les maraîchers puisent directement ces eaux au niveau des céanes pour l'arrosage.

3 / conséquences sur la santé des populations

Nous n'avons pas fait des enquêtes auprès des services de santé pour déterminer les franges de la population qui pâtissent le plus de ce manque d'eau douce. Par contre nous nous sommes seulement limités sur les affirmations des populations. Lesquelles populations ont révélé que, du point de vue santé, se sont les femmes et les enfants qui pâtissent le plus de ce manque d'eau douce. Aussi les villages les plus atteints sont ceux des îlots de l'estuaire à savoir Doune Baba Dièye, Dieule Mbame et Mbambara.

Pour les femmes les principaux problèmes de santé tournent autour de la fatigue car ce sont elles qui font des kilomètres à pied pour aller chercher de l'eau. D'après certaines d'entre elles la plupart des cas d'avortement sont liés à des travaux pour trouver de l'eau.

Les enfants eux souffrent plutôt des maladies gastriques comme la diarrhée et la dysenterie. Ces maladies surviennent quand ils consomment directement l'eau du fleuve ou de l'eau des puits ayant une certaine teneur de sel.

Enfin la consommation des produits maraîchers originaires de Keur Barka peut entraîner des maladies. Les maraîchers de ce village utilisent les eaux usées non traitées de Saint-Louis pour l'arrosage. Ces produits doivent faire l'objet d'un bon nettoyage avant la consommation.

II / LES FORTES MODIFICATIONS SUR L'ENVIRONNEMENT

Cette absence d'eau douce et cette forte salinisation durant de longues périodes ne sont pas sans conséquences sur le milieu. Ces deux (2) facteurs ont entraîné successivement la disparition et l'apparition de nouvelles espèces végétales puis une reprise des activités d'exploitation du sel.

1 / Mortalité et apparition de nouvelles espèces végétales

La sursalinisation notée aux moments de fermeture du barrage de Diama entraîne la mortalité de certaines espèces végétales. Il s'agit surtout des arbres fruitiers comme le cocotier (Cocos nucifera), le sapotier (diospyros digyna), le manguier (Mangifera indica), le papayer (Carica papaya)...ce sont des arbres fruitiers intégrés aux cultures maraîchères. Il existe néanmoins des cocotiers (Cocos nucifera) non associés au maraîchage et qui sont très affectés par la salinisation.

Si la salinisation a causé la disparition de certaines espèces végétales, elle a aussi entraîné l'apparition de nouvelles. L'espèce nouvelle qui a fait son apparition dans certaines zones du Gandiolais est sesuvium portulacastrum. Il existait dans certains milieux mais son expansion a été favorisée par l'ouverture de la brèche en octobre 2003.

La mangrove est aussi menacée de disparition car Rhizophora racemosa ne peut pas supporter certains taux de salinité car n'étant pas dotée d'un fort système de dilution du sel. Et cette espèce, dans le zonage de l'implantation de la mangrove, est en première position dans la zone de balancement des marées.

2 / Reprise de l'exploitation du sel

L'exploitation du sel était délaissée par les populations du Gandiolais à cause d'une diminution de la salinité constatée ces dernières années. L'ouverture du canal de délestage a favorisé sa reprise elle est aujourd'hui l'une des activités principales des femmes. La cuvette de Ngaye-Ngaye est le lieu où l'activité se développe le plus. L'exploitation du sel y est possible car Ngaye-Ngaye est tributaire de la cuvette de Gueumbeul qui enregistre un taux de salinité de 39.6 g/l en début d'hivernage. Son taux de salinité est donc supérieur à celle de son affluent d'autant plus que les vannes du pont Ndiakher qui les relie sont fermées en périodes de basses eaux du fleuve.

Le manque d'eau douce dans ces localités du Gandiolais a induit des conséquences néfastes sur la vie des populations et sur l'environnement. L'approvisionnement en eau domestique est devenu plus difficile. Les populations développent différentes stratégies pour satisfaire leurs besoins en eau domestique. Ce qui n'est pas sans conséquences sur leur santé car on a constaté des cas de fatigue chez les femmes qui sont les principales actrices dans la recherche d'eau. Les conséquences de ce manque d'eau douce sur l'environnement se manifestent par une mortalité de certaines espèces végétales et l'apparition de nouvelles due à l'augmentation du taux de salinité.

Photo 8 : Femmes de Mbambara allant chercher de l'eau Photo 9 : File d'attente des populations pour chercher de

à Bontou Ndour l'eau à Bountou Ndour

Photo 10 : Anciennes réservoirs d'eau de Dieule Mbame Photo 11 : Réservoir d'eau de Ngaina Lébou

Photo 12 : Femme de Gueumbeul s'alimentant en eau Photo 13 : Camion citerne du Service Régional de

L'hydraulique de Saint-Louis

Clichés : El H. I. THIAM août 2005

Photo 14 : Puits céane asséché Photo 15 : Mortalité d'un sapotier (diospyros digyna)

Photo 16 : Risque de disparition Rhizophora racemosa Photo 17 : Mortalité des cocotiers (Cocos nucifera)

Cliché : A. Kane juillet 2005

Photo 18 : Maraîchage près du déversoir des eaux usées de Saint-Louis Photo 19 : Reprise de l'exploitation du sel

Clichés : El H. I. THIAM août 2005

CHAPITRE II 

ESQUISSE DE SOLUTIONS

Au vue des multiples facteurs de la modification de la qualité des eaux, des difficultés des populations pour trouver de l'eau douce et des conséquences causées il nous est opportun de proposer des esquisses de solutions. Celles-ci vont tourner autour de l'adduction en eau potable de certains villages, du colmatage si possible de la brèche et de l'espoir que suscite le canal du Gandiolais pour résoudre les problèmes d'eau douce pour le maraîchage.

I / ADDUCTION EN EAU DES VILLAGES

L'adduction en eau des villages est possible vu la proximité des villages concernés de Saint-Louis ou de villages dotés de forages. Dieule Mbame et Mbambara peuvent être raccordés au réseau de la SDE à Bountou Ndour qui se situe à deux (2) voire trois (3) kilomètres. De même les villages de Ngaina et Gueumbeul ont la possibilité d'être fournis en eau potable car tous les deux sont proche de la RSFG qui est desservie par le forage de Ndiakher. Le problème se situe pour Doune Baba Dièye qui est complètement isolé dans un îlot de l'estuaire à un (1) kilomètre au sud de la brèche. Son adduction poserait de grands problèmes dans la mesure où il isolé du continent par les deux (2) petits bras du fleuve Sénégal. Il est bien sûr évident que l'adduction en eau ne réglerait pas tous les problèmes liés à l'eau douce. Le maraîchage ne verra pas toujours ses problèmes satisfaits car avec la cherté de l'eau (25 francs pour 20 litres) ils ne peuvent pas se payer le luxe d'arroser avec l'eau du robinet.

II / COLMATAGE DE LA BRECHE

Il n'est pas facile à réaliser à cause de sa largeur actuelle. Le coût de sa réalisation devrait s'élever à des milliards de francs CFA. Ce qui veut dire que ce n'est pas un problème dont on peut imaginer la solution dans un avenir proche. Mais son colmatage permettrait au moins de revenir à l'ancienne situation c'est à dire celle qui prévalait après l'érection du barrage de Diama. Le taux de salinité sera moins élevé qu'à ce moment.

III / LE CANAL DU GANDIOLAIS

C'est un canal financé à hauteur d'un milliard de francs CFA (1 054 433 545 plus précisément) par l'Etat du Sénégal à travers le BCI du mois d'avril 2004. Le maître d'ouvrage est l'APRHN qui a assuré la conception, le suivi, l'exécution des travaux et le paiement régulier des comptes. L'APRHN a confié HYDROCONSUL International (bureau d'étude) les études d'ingénierie et de faisabilité ; et à l'entreprise GENITE l'exécution des travaux.

L'objectif principal de ce canal est de permettre le transfert d'eau du marigot Galam à la dépression du Gandiolais qui se trouve prés de Rao Peulh.

1 / Les différents équipements du canal et leurs fonctions

Le Canal du Gandiolais est constitué de plusieurs équipements :

? Le chenal d'amenée qui sert de relais entre le Galam et l'ouvrage de prise c'est-à-dire l'entrée du canal.

? L'ouvrage de prise se situe en tête du canal et il est doté de deux (2) passes vannées avec un seuil et un dispositif de dissipation d'énergie.

? L'ouvrage en terre représente le canal qui est en terre non revêtue. C'est un ouvrage en matériau sablo argileux construit en remblai et déblai avec une pente nulle. Ce sont les conditions hydrogéologiques du Gandiolais (la profondeur de certaines nappes est de un mètre cinquante) qui ont imposé cette pente. Il sert de voie de passage des eaux.

? L'ouvrage terminal se situe au bout du canal et il est équipé d'un système batardeau afin de contrôler le niveau des eaux dans le canal. Cet ouvrage permet aux populations riveraines du canal de pouvoir bénéficier des eaux de celui-ci.

? Les ouvrages annexes constitués du :

? Pont Tuwo, aussi appelé Pont Sinco, doté de quatre (4) buses équipées de vannes de sécurité. Son rôle est de permettre aux eaux de franchir la dépression de Rao Peulh dans sa partie méridionale.

? Pont Madiagne retenu en lieu et place du Pont Bountou Baat, à l'entrée de la cuvette de Gueumbeul qui est très détérioré, régule l'entrée des eaux dans la zone par un système de vannage.

? L'ouvrage de régulation de Gueumbeul ou Pont Albar, complètement rénové, est constitué de deux (2) vannes plates équipées de crémaillères, permet de faire des lâchers vers

la dépression du Gandiolais à Rao Peulh en périodes de hautes eaux du fleuve ou d'arrêter tout écoulement si le fleuve et les cuvettes qui lui sont adjacentes (Gueumbeul, Lac Salicorne et Ngaye-Ngaye) sont envahis par les marrées de l'Océan Atlantique.

2 / Le fonctionnement actuel du système hydrologique du Gandiolais

Le système hydrologique actuel du Gandiolais est maintenant dépendant des ouvrages hydrauliques. Les ouvrages ponts vannés de Bango, Madiagne et Albar régulent l'entrée des eaux dans la zone. Pour la partie nord, le remplissage de la dépression du Gandiolais est effectué à partir du Galam qui dépend aussi de l'ouverture du pont barrage de Bango. Une fois le canal rempli à une certaine hauteur, les vannes de l'ouvrage terminal sont ouvertes pour permettre l'inondation de la dépression qui représente une ancienne vallée asséchée.

Du coté ouest l'approvisionnement de la dépression se fait en périodes de hautes eaux du fleuve. Ce sont les ouvrages Madiagne et Albar qui assurent les points de jonction entre le fleuve et la cuvette de Gueumbeul d'une part et la dépression de Rao Peulh d'autre part. Le système fonctionne de la manière suivante : l'ouverture des vannes de ces deux (2) ponts s'opère en périodes de crue et leur fermeture aux moments de basses eaux du fleuve qui est sous la domination des eaux océaniques. Cet arrêt des écoulements permet d'éviter la salinisation de la dépression du Gandiolais.

3 / Le canal comme solution à la redynamisation du maraîchage

Le canal du Gandiolais est selon certains observateurs la principale solution de sortie crise pour le maraîchage dans la zone. Les ingénieurs agricoles prévoient, si le canal fonctionne normalement, la mise en oeuvre de trois mille cinq cents (3 500) hectares de terre pour des activités liées au maraîchage. La redynamisation de ce secteur d'activité dans le Gandiolais se fera avec l'inondation de la dépression de Rao Peulh via le canal. Cette dépression (c'est une vallée fossile) qui a été recreusée pour la circonstance pourra ainsi être inondée pendant une bonne partie de l'année. Il faut aussi rappeler que les eaux du canal peuvent être utilisées par les populations des villages qu'elles traversent et qui ne se situent pas dans le Gandiolais. Ce sont les villages de Poudioum Gouye Tour, Guineguélakh Peulh, Gandon et Diama Toubé Peulh.

Ce sont les multiples problèmes liés à l'eau douce qui ont imposé les nombreuses propositions de solutions pour leur résolution. Ainsi les problèmes relatifs à l'alimentation en eau domestique peuvent être réglés par le raccordement de certains villages au réseau de la SDE ou à un forage. Quant au maraîchage il peut être redynamisé grâce au projet du Canal du Gandiolais. Mais le village de Doune Baba Dièye pose toujours problème car il ne peut pas être alimenté ni par un forage ni par la SDE.

Carte 4

Carte 5

Source : HYDROCONSUL International

Graphique 2 Schéma du fonctionnement hydrologique du Gandiolais

Fleuve Sénégal

A

Marigot Ngalam

bras du fleuve

B

Cuvette de Ngaye-Ngaye

E

Canal du Gandiolais

D
C
F

Dépression du Gandiolais

G

Légende

A : Pont de Bango B : Ouvrage de prise C : Pont Albar D : Pont Bountou Baat

E : Pont Madiagne F : Ouvrage Terminal G : Pont Tuwo ou Pont Sinco

Source : El H. H. I. THIAM

Photos 20, 21 et 22 : Le Canal du Gandiolais

Clichés : El H. I. THIAM août 2005

CONCLUSION GENERALE

Le Gandiolais dispose de ressources hydrologiques importantes. Celles-ci sont constituées du fleuve Sénégal, de cuvettes de dépression inondable toute l'année, ainsi des nappes souterraines très pourvues en eau. Cette forte disponibilité en eau est favorisée par la nature du relief qui est formé de systèmes dunaires surplombant des zones très basses et souvent inondées. Le climat est soumis à un régime sahélien accompagné d'une grande variabilité inter annuelle de la pluviométrie. Les températures sont relativement basses en saison sèche (entre 17 et 25°) ; tandis qu'en période pluvieuse elles peuvent atteindre les 35°. Les sols du Gandiolais, constitués à majorité des types sablo argileux (deck dior) et argileux (deck), supportent une végétation sahélienne dominée par les épineux. Les eaux de surface sont représentées par le fleuve avec ses multiples méandres et par les cuvettes (Gueumbeul, Ngaye-Ngaye...). Les eaux souterraines sont formées par les nappes des sables du Quaternaire et celles du Continental Terminal. Du point de vue population le Gandiolais est peuplé de wolof, à majorité, avec des peulh très disséminés dans de petits hameaux. Le maraîchage constituait la principale activité des populations, mais il est de plus en plus dominé par la pêche et l'extraction de sel.

Malgré sa forte disponibilité en eau de surface et souterraine le Gandiolais, dans sa presque totalité, est confronté à des problèmes liés à l'eau douce. Ces difficultés se manifestent par la salinisation des eaux souterraines et de surface; et par un tarissement rapide des nappes. Cette situation est due d'abord à des facteurs naturels ; puis aggravées par l'action humaine sur le fleuve. Les crises de sécheresse, qui affectent le nord du pays en général, et la position estuarienne du Gandiolais sont les facteurs les plus déterminants. Les facteurs anthropiques sont liés aux multiples aménagements réalisés sur le fleuve. Ce sont le barrage de Diama et la brèche ouverte sur la Langue de Barbarie. On peut aussi y ajouter les petits ponts barrages érigés sur les petits bras du fleuve et à l'entrée de certaines cuvettes afin de contrôler le régime des eaux.

Les conséquences de ces multiples facteurs sont nombreuses et sont ressenties par les populations et l'environnement. L'approvisionnement en eau des populations est de plus en plus difficile elle se fait pour certains villages par des citernes venant de Saint-Louis ou par voie fluviale dans les localités voisine. Les autres villages qui disposent de l'eau courante sont desservis par des forages assez éloignés. Le maraîchage qui était l'activité dominante dans la zone est pratiquement délaissé à cause de la salinité des eaux et de leur tarissement rapide. Sur la santé des populations on note la présence de maladies liées à une mauvaise alimentation en eau. Ce sont les diarrhées et la dysenterie très fréquentes chez les enfants. Les femmes qui s'approvisionnent dès fois à plusieurs kilomètres souffrent en général de fatigue. Les conséquences de ce manque d'eau douce sur l'environnement se manifestent par la disparition de certaines espèces végétales et l'apparition de nouvelles très adaptées aux milieux salés.

Il est difficile de trouver des solutions pour ces multiples contraintes. Néanmoins l'approvisionnement de certains villages à travers des forages proches ou par le réseau de la SDE est bien possible. Ce sont les villages de Gueumbeul, Ngaina, Lébou, Mbambara et Dieule Mbame. Le maraîchage peut être redynamisé à travers la construction du Canal du Gandiolais qui à son terme permettra l'irrigation de trois mille cinq cent hectares de terres agricoles. C'est seul le village de Doune Baba Dièye, totalement isolé dans un îlot de l'estuaire, qui ne peut pas être branché à un forage ou à la SDE et ne bénéficiera pas des effets du Canal du Gandiolais.

BIBLIOGRAPHIE

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Mémoire de Maîtrise géographie UCAD. 88 pages

\u9679oeThiam, E. H. I (2004) : Les terroirs périphériques de la Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul.

Mémoire de Maîtrise géographie UCAD. 101 pages

Liste des tableaux

Tableau 1 : Données climatiques de la Station Synoptique de Saint-Louis 1961/00 26

Tableau 2 : Ecarts pluies/ETP à Saint-Louis 1950/00 27

Tableau 3 : Volume d'eau lâché à Diama 28

Tableau 4 : Taux de salinité dans certaines localités du Gandiolais 32

Liste des cartes

Carte1 : Carte du delta du Sénégal 9

Carte 2 : Villages du Gandiolais et ouvrages hydrauliques sur le fleuve Sénégal 10

Carte 3 : Tracé du canal du Gandiolais et les unités de sols vernaculaires de la Communauté

Rurale de Gandon 46

Carte 4 : Plan masse du Gandiolais 47

Liste des graphiques

Graphique 1 : Evolution de la pluviométrie à Saint-Louis de 1915 à 2002 26

Graphique 2 : Schéma du fonctionnement hydrologique du Gandiolais 48

Liste des photos

Photo 1 : Le Barrage de Diama à l'ouverture des vannes 33

Photo 2 : Le Pont -barrage de Mboubène à l'entrée de la réserve d'eau de Bango 33

Photo 3 : Le Pont-barrage de Ndiawdoune à l'entrée de la zone des trois marigots 33

Photo 4 : Le Canal de délestage vu de la zone sud 34

Photo 5 : Erosion de la partie nord 34

Photo 6 : Erosion de la partie sud 34

Photo 7 : Erosion de la partie sud 34

Photo 8 : Femmes de Mbambara allant chercher de l'eau à Bountou Ndour 40

Photo 9 : File d'attente pour chercher de l'eau à Bountou Ndour 40

Photo 10 : Anciennes réservoirs d'eau de Dieule Mbame 40

Photo 11 : Réservoir d'eau de Ngaina Lébou 40

Photo 12 : Femme de Gueumbeul s'alimentant en eau 40

Photo 13 : Citerne d'eau du Service Régional de l'Hydraulique de Saint-Louis 40

Photo 14 : Puits céane asséché 41

Photo 15 : Mortalité d'un sapotier (diospyros digyna) 41

Photo 16 : Risque de disparition Rhizophora racemosa 41

Photo 17 : Mortalité des cocotiers (Cocos nucifera) 41

Photo 18 : Maraîchage près du déversoir des eaux usées de Saint-Louis 41

Photo 19 : Reprise de l'exploitation du sel 41

Photos 20, 21 et 22 : Le Canal du Gandiolais 49

TABLE DES MATIERES

Sigles et acronymes  : 1

Avant-propos : 2

Méthodologie  : 4

Discussion des concepts  : 5

Introduction Générale  : 7

Problématique : 11

Première Partie : Les composantes physiques et humaines du Gandiolais 14

Chapitre I : Le milieu physique du Gandiolais 15

I : Les éléments du relief 15

II : Les éléments du climat 16

III : Les formations végétales 17

IV : Les types de sols 17

Chapitre II : L'hydrologie du Gandiolais 18

I : Les eaux de surface 18

II : Les eaux souterraines 19

Chapitre III : Le cadre humain 21

I : Répartition de la population 21

1 / Répartition de la population 21

2 / Composition de la population 21

II : Les activités économiques 22

1 / Le maraîchage 22

2 / Les cultures sous pluies 22

3 / La pêche 22

4 / L'extraction du sel 22

Deuxième Partie  : Les facteurs de modification de la qualité des eaux souterraines et ses conséquences 24

Chapitre I : Les facteurs naturels 25

I : La sécheresse 25

1 / La sécheresse pluviométrique 25

2 / La sécheresse hydrologique 27

II : La position estuarienne 28

Chapitre II : Les facteurs anthropiques 30

I : Le Barrage de Diama 30

II : Le canal de délestage 31

Troisième Partie : Les conséquences de la modification de la qualité des

eaux et leurs conséquences 35

Chapitre I : Les conséquences 36

I : Les difficultés d'approvisionnement en eau douce 36

1 / Pour les besoins de l'alimentation domestique 36

2 / Pour les besoins agricoles 37

3 / Les conséquences sur la santé des populations 38

II : Les fortes modifications sur l'environnement 38

1 / Mortalité et apparition de nouvelles espèces végétales 39

2 / Reprise de l'exploitation du sel 39

Chapitre II : Esquisse de solutions 42

I : Adduction en eau de certains villages 42

II : Colmatage de la brèche 42

III : Le Canal du Gandiolais 43

1 / Les équipements du canal et leurs fonctions 43

2 / Le fonctionnement actuel du système hydrologique du Gandiolais 44

3 / Le canal comme solution à la redynamisation du maraîchage 44

Conclusion Générale  : 50

Bibliographie : 52

Liste des tableaux : 54

Liste des cartes : 54

Liste des graphiques : 54

Table des matières : 55

Annexes : 58

GUIDE D'ENTRETIEN

L'ETAT DES RESSOURCES EN EAU ET LEURS CONTRAINTES
A / LES SERVICES HYDRAULIQUES

1- LES EAUX SOUTERRAINES

Quels sont les différents types de nappes existantes ?

Quelle est la profondeur des différents types de nappes ?

Quels types d'utilisation les populations font de ces eaux ?

Quelle est la qualité des eaux de ces nappes ?

Y-a-t-il des tarissements de ces nappes ?

Si oui dans quelle période de l'année ?

Quelles sont les causes de ces tarissements ?

Quelles sont leurs conséquences sur la vie des populations ?

Quelles solutions préconisées vous ?

2- LA PLUVIOMETRIE

A quel mois de l'année débute la saison des pluies ?

A quel mois de l'année arrête la saison des pluies ?

La pluviométrie connaît-elle des débuts tardifs ?

La pluviométrie connaît-elle des fins précoces ?

Quel est l'état de la pluviométrie ? Les quantités moyennes annuelles ?

Quelles sont les moyennes pluviométriques annuelles ?

La pluviométrie est-elle suffisante ?

Quelles sont les relations entre la pluviométrie et les nappes ?

Le déficit pluviométrique a-t-il des conséquences sur les nappes ?

Si oui lesquelles ?

Quelles solutions préconisées vous ?

3- LES VALLEES ET CUVETTES D'APPROVISIONNEMENT

Quelles sont les différentes vallées existantes au niveau de l'estuaire ?

Quelles sont les sources d'approvisionnement de ces vallées ?

Quels besoins les populations font-elles de ces eaux ?

Quelle est leur qualité? Sont-elles saumâtres ou douces ?

Si elles sont saumâtres à quelle période de l'année le sont-elles ?

Si elles sont douces à quelle période de l'année le sont-elles ?

Quels types de relations existent-ils entre ces vallées et les nappes ?

Ces vallées jouent-elles sur la qualité des eaux des nappes souterraines ?

Si oui comment le processus se fait ?

4- LES AMENAGEMENTS AU NIVEAU DE L'ESTUAIRE

Quels sont les aménagements hydrauliques au niveau de l'estuaire ?

Quelles sont leurs relations avec les nappes souterraines ?

Ces aménagements ont-ils des conséquences néfastes sur les nappes souterraines ?

Quelles sont les différentes conséquences qu'ils engendrent ?

Comment se fait le processus qui relie ces aménagements et les nappes ?

Y a t il des solutions pour remédier à cette situation ?

B / LES POPULATIONS

1- LES EAUX SOUTERRAINES

Quels sont les différents types de nappes existantes ?

Quelle est la profondeur des différents types de nappes ?

Quels types d'utilisation faites-vous de ces eaux ?

Quelle est la qualité des eaux de ces nappes ?

Y a t il des tarissements de ces nappes ?

Si oui à quelle période de l'année ?

Quelles sont les causes de ces tarissements ?

Quelles sont leurs conséquences sur le déroulement de vos activités économiques?

Quelles solutions préconisées vous ?

2- LA PLUVIOMETRIE

A quel mois de l'année débute la saison des pluies ?

A quel mois de l'année arrête la saison des pluies ?

La pluviométrie connaît-elle des débuts tardifs ?

La pluviométrie connaît-elle des fins précoces ?

Quel est l'état de la pluviométrie ?

La pluviométrie est-elle suffisante ?

Quelles sont les relations entre la pluviométrie et les nappes ?

Le déficit pluviométrique a-t-il des conséquences sur les nappes ?

Si oui, lesquelles ?

3- LES VALLEES ET CUVETTES D'APPROVISIONNEMENT

Quelles sont les différentes vallées et cuvettes existantes dans votre zone ?

Quelles sont les sources d'approvisionnement de ces vallées et cuvettes ?

Quels besoins faites-vous de ces eaux ?

Quelle est leur qualité? Sont-elles saumâtres ou douces ?

Si elles sont saumâtres à quelle période de l'année le sont-elles ?

Croyez-vous qu'il y a des solutions pour remédier à cette situation ?

Si elles sont douces à quelle période de l'année le sont-elles ?

Croyez-vous qu'il y a des solutions pour améliorer leur qualité ?

Si oui, comment ?

4- LES CONTRAINTES LIEES A L'APPROVISIONNEMENT EN EAU

Quelles sont vos différentes sources d'approvisionnement en eau ?

Quelles contraintes rencontrez-vous pour votre approvisionnement en eau ?

Quelle est la qualité des eaux de vos différentes sources d'approvisionnement ?

Les eaux sont-elles saumâtres ou douces ?

Si elles sont saumâtres à quelle période de l'année le sont-elles ?

Quelle est la cause de ce caractère saumâtre des eaux ?

Croyez-vous qu'il y a des solutions pour remédier à cette situation ?

Si oui, lesquelles ?






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote