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La problématique des eaux douces dans l'estuaire du fleuve Sénégal : l'exemple de la zone du Gandiolais

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par El Hadji Ibrahima THIAM
Université Cheikh Anta DIOP (UCAD) Dakar - DEA chaire UNESCO/UCAD 2005
  

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TROISIEME PARTIE

LES CONSEQUENCES DE LA MODIFICATION DE LA QUALITE DES

EAUX ET ESQUISSE DE SOLUTIONS

Cette dernière partie porte sur l'étude des conséquences de la modification de la qualité des eaux sur la vie des populations et sur l'environnement. Elle est également consacrée à l'esquisse de solutions pour résoudre ce problème.

CHAPITRE I 

LES CONSEQUENCES

L'eau douce est devenue rare et n'est présente qu'avec l'ouverture du barrage de Diama. Cependant c'est avec l'arrivée des ondes de crue que la présence de ces eaux douces commence à se faire ressentir. Ceci s'explique par le fait que les eaux marines, par leur durée dans le milieu (7 à 8 mois), ne peuvent être diluées que par une quantité importante d'eau douce. Les conséquences sur la vie des populations sont nombreuses. Il s'agit en premier lieu des difficultés d'approvisionnement en eau douce pour les besoins de l'alimentation domestique et du maraîchage ; puis les conséquences néfastes sur l'environnement avec une forte mortalité de certaines espèces végétales et une reprise de l'exploitation du sel due à une augmentation du taux de salinité.

I / LES DIFFICULTES D'APPROVISIONNEMENT EN EAU DOUCE

C'est l'une des plus grandes contraintes des populations du Gandiolais, surtout celles riveraines du fleuve ou résidant dans les îlots de l'estuaire. Il s'agit d'un véritable problème pour ces populations de trouver de l'eau douce pour leurs besoins domestiques et agricoles.

1 / Pour les besoins de l'alimentation domestique

Les populations recourent à différentes méthodes afin de satisfaire leurs besoins en eau pour l'alimentation domestique. Pour certains villages leur besoin en alimentation domestique est satisfait par des forages. Il s'agit des localités situées plus au sud (Tougue Peulh, Tassinère, Mouit, Mboumbaye...) qui sont desservies par le forage de la Communauté Rurale Ndiock Sall du Département de Louga. D'autres villages localisés plus à l'est (Ndiakher, Ngaye Ngaye, Békhar, Diama Toubé et Ngaye Ngaye Peulh) s'approvisionnent par un forage implanté à Ndiakher. La Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul est aussi branchée à ce forage.

Ngaina Lébou et Gueumbeul situés sur la route du Gandiolais sont eux desservis par les citernes du Service Régional de l'Hydraulique de Saint-Louis. L'eau est ensuite déversée dans des réservoirs spécialement prévus à cet effet. Selon le gestionnaire du réservoir de Ngaina Lébou chaque semaine ils font deux (2) commandes de citernes d'eau de onze (11) mètres cube (m3) chacune. Ce qui leur revient à trente quatre mille (34 000) francs CFA. Ce

sont aussi eux qui payent à quinze mille (15 000) francs CFA le carburant de la citerne qui leur sert l'eau. Ils sont donc obligés de vendre la bassine d'eau à soixante (60) francs pour faire des bénéfices qui serviront plus tard de frais de carburant.

Par contre les villages, localisés dans les îlots de l'estuaire usent de méthodes très difficiles pour trouver de l'eau. Pendant les périodes de hautes eaux fluviales les populations s'alimentent directement sur le fleuve et remplissent en même temps leurs réservoirs à partir du fleuve. C'est avec ces réserves qu'elles s'alimentent pendant une bonne partie de la saison sèche. Au début de la saison sèche elles creusent des céans sur les rivages du fleuve pour avoir de l'eau ; puis elles utilisent les réserves d'eau. Mais au fil des mois avec, la présence des eaux de l'océan dans l'estuaire, l'eau devient salée. Mais depuis que la brèche est ouverte les disponibilités en eau douce se sont réduites entraînant du même coût l'abandon de cette technique.

Actuellement pour leur approvisionnement en eau destinée à l'utilisation domestique les populations de Doune Baba Dièye partent à Saint-Louis ou à Tassinère situé plus au sud. L'approvisionnement se fait par voie fluviale et il nécessite, selon Monsieur Diagne chef du village, cinq (5 000) mille francs de carburant par voyage. Une pirogue peut contenir jusqu'à trente (30) bidons de vingt (20) chacun. A Saint-Louis elles achètent le bidon à vingt cinq (25) francs ; et vingt (20) francs à Tassinère.

Dieule Mbame et Mbambara disposent aussi de réservoirs qu'ils remplissent avec l'eau du fleuve en périodes de hautes eaux. Mais depuis 2003 avec l'ouverture de la brèche ils rencontrent les mêmes difficultés que Doune Baba Dièye. C'est pourquoi leurs habitants rappliquent vers le village de Bountou Ndour situé sur la route du Gandiolais pour trouver de l'eau destinée à l'alimentation domestique. Ce village, raccordé au réseau de la SDE de Saint-Louis, se trouve à deux (2) voire trois (3) kilomètres du premier village Mbambara. Vue la distance assez éloignée et le mauvais état de la piste, qui est sectionnée par le petit bras du fleuve, les populations des deux (2) villages font certaines de leurs tâches domestiques (linge, lavage des ustensiles de cuisine) à Bountou Ndour avant de s'approvisionner en eau. Cet approvisionnement est le plus souvent effectué à pied par les femmes, bassine d'eau ou bidon à la tête. Car l'état de la piste ne permet pas aux charrettes de passer.

2 / Pour les besoins agricoles

Le maraîchage est la principale activité agricole des populations du Gandiolais. Mais ce maraîchage n'est pratiquement plus pratiqué. Avant l'ouverture du canal de délestage, cette activité se faisait avec les céanes et sous forme de culture de décrue sur les rivages du fleuve. Aujourd'hui ces activités tournent au ralenti. Ceci est lié à la salinisation des eaux de plus en plus élevée et de sa longue durée de présence. Les enquêtes effectuées auprès des populations ont révélé qu'avant l'érection du barrage à Diama elles disposaient d'au moins de dix (10) mois de présence des eaux douces dans les puits et céanes; après la mise place du barrage cette durée s'est réduite à trois (3) quatre (4) mois. Mais l'ouverture de la brèche a empiré la situation avec seulement un (1) à deux (2) mois pour pratiquer le maraîchage. Actuellement il n'est pratiqué qu'au niveau du village de Keur Barka prés de Bountou Ndour. Cette pratique est rendue possible par la présence de l'exutoire de la station d'épuration des eaux usées de Saint-Louis qui alimentent la nappe phréatique et la rende douce. Les maraîchers puisent directement ces eaux au niveau des céanes pour l'arrosage.

3 / conséquences sur la santé des populations

Nous n'avons pas fait des enquêtes auprès des services de santé pour déterminer les franges de la population qui pâtissent le plus de ce manque d'eau douce. Par contre nous nous sommes seulement limités sur les affirmations des populations. Lesquelles populations ont révélé que, du point de vue santé, se sont les femmes et les enfants qui pâtissent le plus de ce manque d'eau douce. Aussi les villages les plus atteints sont ceux des îlots de l'estuaire à savoir Doune Baba Dièye, Dieule Mbame et Mbambara.

Pour les femmes les principaux problèmes de santé tournent autour de la fatigue car ce sont elles qui font des kilomètres à pied pour aller chercher de l'eau. D'après certaines d'entre elles la plupart des cas d'avortement sont liés à des travaux pour trouver de l'eau.

Les enfants eux souffrent plutôt des maladies gastriques comme la diarrhée et la dysenterie. Ces maladies surviennent quand ils consomment directement l'eau du fleuve ou de l'eau des puits ayant une certaine teneur de sel.

Enfin la consommation des produits maraîchers originaires de Keur Barka peut entraîner des maladies. Les maraîchers de ce village utilisent les eaux usées non traitées de Saint-Louis pour l'arrosage. Ces produits doivent faire l'objet d'un bon nettoyage avant la consommation.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault