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L'exploitation des ressources marines et la protection de l'environnement

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par Fofana Djakaridja
Université de Limoges - Master 2 droit international et comparé de l'environnement 2007
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITÉ DE LIMOGES

FACULTÉ DE DROIT ET DES SCIENCES ÉCONOMIQUES DE LIMOGES

PROGRAMME UNIVERSITÉ PAR SATELLITE

AGENCE UNIVERSITAIRE DE LA FRANCOPHONIE (AUF)

MASTER DROIT INTERNATIONAL ET COMPARÉ DE L'ENVIRONNEMENT

TITRE DU MÉMOIRE:

L'EXPLOITATION DES RESSOURCES MARINES ET

LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT

Mémoire présenté par DJAKARIJA FOFANA

Sous la direction de monsieur Aenza KONATE

Août 2008

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier,

L'agence universitaire de la francophonie de m'avoir permis de suivre cette formation grâce à la bourse qu'elle m'a accordée.

Tout le personnel du campus numérique francophone d'Abidjan, particulièrement son directeur monsieur Charles SIDIBE.

Monsieur François PELISSON, le responsable de la gestion de la formation master DICE, notre soutient principal tout au long de cette formation.

Monsieur Jean marc LAVIELLE, le responsable de la formation master DICE de l'université de Limoges.

Monsieur Aenza KONATE, mon tuteur qui malgré toutes ses occupations professionnelles m'a servi de guide dans la rédaction de ce mémoire.

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 4

PREMIERE PARTIE : LE CONTEXTE ACTUEL DE L'EXPLOITATION DES RESSOURCES MARINES, UNE MENACE POUR L'ENVIRONNEMENT 9

CHAPITRE I : DES PRATIQUES D'EXPLOITATION NUISIBLES A L'ENVIRONNEMENT MARIN 9

Section I : la surexploitation des ressources vivantes 9

Section II : L'exploitation polluante des ressources non vivantes 15

CHAPITRE II : UN CADRE JURIDIQUE INADAPTE A LA PROTECTION 17

Section I : Au niveau normatif 17

Section II : Au niveau institutionnel 30

DEUXIEME PARTIE : POUR UNE POLITIQUE EFFICACE DE PRESERVATION DES RESSOURCES MARINES 40

CHAPITRE I : UN NECESSAIRE EQUILIBRE ENTRE LA PROTECTION DES RESSOURCES MARINES ET LEUR EXPLOITATION 40

Section I : Entre l'homme et la nature 40

Section II : Entre intérêt économique et intérêt écologique 44

CHAPITRE II : UNE INDISPENSABLE POLITIQUE DE GESTION INTEGREE DES RESSOURCES MARINES 48

Section I : Renforcement de l'approche globale 48

Section II : vers l'adoption de nouveaux concepts dans la conservation des mers 53

CONCLUSION GENERALE 62

BIBLIOGRAPHIE 66

INTRODUCTION GENERALE

Les hommes ont toujours prélevé dans la nature les ressources naturelles pour leurs besoins quotidiens. Depuis, l'avènement de l'industrialisation et de la société de grande consommation, cette situation a considérablement évoluée vers une destruction massive de la nature et le gaspillage des ressources naturelles.

En effet, depuis, la révolution industrielle, les états sont engagés dans une course pour le développement économique qui a pour leitmotiv l'exploitation au maximum des ressources naturelles. Aucun milieu n'a ainsi été épargné par cet appétit vorace qui s'est aiguisé au fil du temps L'air, les milieux terrestres et aquatiques et les ressources qu'ils contiennent ont été et continuent d'être soumis à une pression indescriptible.

La situation du milieu marin et plus précisément l'exploitation des ressources marines est particulièrement préoccupante car l'immensité des océans et les difficultés liées à leur connaissance ont longtemps été un argument contre leur protection.

Les océans ont ainsi longtemps été considérés comme la poubelle1(*)commune de l'humanité. Quant aux ressources marines elles ont été exploitées de manière irrationnelle car on considérait qu'elles étaient inépuisables. . Pour s'en convaincre il suffit de se reférer à cette réflexion de Thomas henry Huxley, 1884 : « La pêche au cabillaud, la pêche au hareng, la pêche à la sardine, la pêche au maquereau, et Probablement toutes les grandes pêcheries maritimes constituent des ressources inépuisables ; rien de ce Que nous faisons n'affecte réellement la quantité de poissons »

Aujourd'hui, les conséquences de cette exploitation anarchique sont dramatiques et tendent à s'amplifier avec l'évolution de la technologie et de la croissance démographique mondiale.

Au plan, écologique, des années d'exploitation des ressources halieutiques et minérales ont entraînées une dégradation importante de l'écosystème marin et une chute considérable de la biodiversité marine. Les récifs coralliens et d'autres habitats de poissons par exemple sont considérablement menacés de disparition. Pour les ressources halieutiques, le compte à rebours a déjà commencé. En effet, la production halieutique mondiale a connue une augmentation de l'ordre de 6% par an après la seconde guerre mondiale (troadec, 1990) pour s'établir à 68,3 millions de tonnes en 1993 (site de Fao), de 1998 à 2003, le niveau des captures réalisées par la pêche mondiale s'est stabilisées en moyenne à 98 millions de tonnes et baissé de 3% environ entre 2002 et 2003.On constate manifestement un déclin dû à la chute vertigineuse des stocks. Les chiffres sont éloquents à ce propos. 7% des espèces marines ont disparu depuis 1950, 76% des poissons commercialisés de la planète sont surexploitées à leur maximum. Les stocks des grands poissons qui présentent un intérêt commercial tel que le thon, la morue, l'espadon et le marlin ont diminué de 90% au cours du dernier siècle2(*).

Au plan socioéconomique l'effondrement rapide des stocks a privé certains états comme Sénégal et biens des communautés locales de ressources financières. On a ainsi, constaté dans certains cas un exode massif des populations vers les villes et l'amplification du phénomène de l'immigration. . Cet effondrement des stocks est aussi à l'origine de nombreux conflits. Au niveau local, il oppose les pêcheurs industriels aux pêcheurs artisanaux. Par exemple, les coups de feu sont fréquents dans les conflits qui opposent les différentes communautés de pêcheurs dans le sud et le sud-est de l'Asie. En juin 1999 les pêcheurs artisanaux, à côté d'un port de Trivandrum, dans l'état indien de Kerala ont mis le feu à 14 chalutiers, saisis 4 autres et pris un capitaine en otage3(*).

Au niveau international, il s'agit de conflits entre les flottes de différents pays. On a ainsi assisté à de nombreux affrontements dont la plus médiatisée est sans doute la « guerre de la morue » qui a opposé pêcheurs espagnoles et canadiens au début des années 90. Mais les désaccords les plus criants portent sur les zones de pêche .Dix ans plutôt , lors d'une dispute qui avait tourné au vinaigre, un navire danois avait pénétré délibérément dans les eaux territoriales du royaume uni pour y capturer une espèces protégée , au risque de se faire arraisonner par la marine britannique .Certaines disputes ont même retentit dans les couloirs de l'organisation mondiale du commerce comme le montre la récente tentative des états unis de faire interdire l'importation de crevettes et de thons en provenance de pays autorisant des techniques de pêche fatales aux dauphins et aux tortues de mer4(*).

C'est au regard de ce contexte de gaspillage des ressources et de tension permanente que la communauté internationale s'est mobilisée depuis quelques décennies pour la protection du milieu marin. Cette mobilisation s'est traduite par l'adoption de plusieurs conventions et l'engagement de diverses institutions.

Du point de vue des conventions, elle a procédé soit par une approche régionale soit par une approche universelle.

Au niveau régional, le programme des nations unis pour l'environnement (PNUE) dés sa création a considéré les océans comme un domaine prioritaire et a ainsi initié le programme pour les mers régionales en 1974. Cette initiative a donné naissance à plusieurs conventions régionales visant plus ou moins tous les aspects de la protection du milieu marin.

Dans cette même perspective, des conventions régionales ont été adoptées dans le domaine de la pêche couvrant presque toutes les pêcheries des différentes mers et océans.

Au niveau universel, des actions majeures ont été entreprises. En 1982, a Montego Bay a été adoptée la convention sur le droit de la mer qui peut être considérer a ce jour comme la convention la plus complète en matière de protection de l'environnement marin car elle embrasse presque tous les aspects de la protection milieu marin et met un accent particulier sur l'exploitation des ressources marines. A côté, on a la convention des nations unis sur les stocks chevauchants et les grands migrateurs. il ne faut pas oublier ,la convention sur la diversité biologique qui prend en compte tant la biodiversité terrestre que marine , le code de conduite pour une pêche responsable adoptée par la Fao , la convention MARPOL et le code de l'exploitation minière des fonds marins.

En ce qui concerne les institutions, il faut noter que plusieurs institutions sont impliquées dans la protection de l'environnement marin. On dénombre tant des institutions régionales comme les organisations régionales des pêches ou des organes de mise en oeuvre des différentes conventions régionales que des institutions universelles comme le programme des nations unis pour l'environnement, le tribunal du droit de la mer, l'autorité des fonds marins, l'organisation maritime internationale, la FAO, l'UNESCO et les institutions indépendante comme l'union mondiale pour la conservation de la nature, le WWF, GREEPEACE etc.

Malgré cette mobilisation, la situation n'a pas beaucoup changé car les océans sont le lieu d'enjeux majeurs non seulement pour les Etats mais pour les communautés locales et les multinationales et chacun compte bien satisfaire ses besoins sans s'imposer de limites malgré les recommandations des colloques internationaux.

Il faut noter en effet, que les océans contiennent des ressources halieutiques, génétiques et minérales qui ont une valeur économique et nutritionnelle considérable. En terme de valeur économique, il a été calculé que l'écosystème mondial fourni des produits et des services d'une valeur annuelle d'au moins 33 trillions de dollars et la mer à elle seule fourni 63% (20.9trillions)5(*). La part des ressources halieutiques est estimé 70 milliards l'année et elle fourni directement de l'emploi a environ 200 millions pêcheurs artisanaux et industrielles 6(*).Dans le même ordre d'idée, on estime qu'environ 500 millions de personnes gagnent leur vie indirectement de la mer7(*).

Concernant les ressources minérales, grâce au progrès technologiquement ont a découvert que La haute mer ainsi que les zones côtières sont pourvus de plusieurs variétés de minéraux.

Les zones côtières de la planète par exemple contiennent diverses ressources minérales ayant une valeur économique considérable. On a estimé que 2 trillions de barils de pétrole, soit environ la moitié des réserves terrestres connues, sont emmagasinés sur les plateaux continentaux. Les dépôts alluviaux de minéraux tels que le cuivre, le fer, l'étain, l'argent, le tungstène et les pierres précieuses se sont également accumulés à proximité des embouchures actuelles et anciennes des fleuves. On pense, par exemple, qu'il y a au large des côtes indonésiennes des gisements contenant 650 000 tonnes d'étain, et des diamants sont extraits au large des côtes de l'Afrique du Sud. Les zones côtières contiennent aussi de grandes quantités de sable et de graviers qui sont très utilisées par l'industrie du bâtiment8(*)

En plus des ressources traditionnelles, on a découvert récemment que la mer est riche en ressources génétiques utiles à l'industrie pharmaceutique et à d'autres secteurs industrielles.

Du point de vu alimentaire, les ressources halieutiques sont une importante source de protéine car elles fournissent 20% de la protéine animale mondiale et dans certains cas elles sont la principale source. A titre d'exemple dans certaines régions comme le sud est asiatique et le sud pacifique la mer fourni 90% de la protéine animal dans la ration quotidienne et Environ 950milions de personne, la plupart très pauvres ont la mer comme unique source de nourriture9(*).

L'environnement marin demeure par conséquent sous la menace de l'exploitation arnachique et irrationelle des ressources marines car comme on peut le constater les acteurs de l'exploitation des ressources ont opté pour une exploitation sans aucune concession au profit de la conservation des ressources marines et de la préservation des mers.

C'est cette vision que refusent les environnementalistes car ils estiment qu'elle entraînera à terme une catastrophe. C'est pourquoi, il préconise de concilier au maximum l'exploitation des ressources marines et la protection des océans pour une exploitation durable.

Sous leur impulsion, depuis quelques années, il est question d'une nouvelle gouvernance des océans pour une meilleure conciliation des intérêts environnementaux et des intérêts divers que suppose l'exploitation des ressources marines.

Dès lors, le problème qui pose, est de savoir comment le droit international de l'environnement peut effectivement aider à une meilleure conciliation entre l'exploitation des ressources marines et la protection de l'environnement marin.

Aborder cette problématique revient d'abord à mettre en évidence la menace que représente le contexte actuel de l'exploitation des ressources marines pour l'environnement avant d'envisager des solutions pour une politique efficace de préservation de l'environnement et de conservation des ressources marines.

PREMIERE PARTIE : LE CONTEXTE ACTUEL DE L'EXPLOITATION DES RESSOURCES MARINES, UNE MENACE POUR L'ENVIRONNEMENT

Le contexte actuel de l'exploitation des ressources marines est une véritable menace pour l'environnement marin mais aussi et surtout pour l'exploitation durable des mers par l'homme.

Il est en, effet, marqué par des pratiques nuisibles à l'environnement marin et un cadre juridique inadapté à la protection.

CHAPITRE I : DES PRATIQUES D'EXPLOITATION NUISIBLES A L'ENVIRONNEMENT MARIN

Plusieurs pratiques dans l'exploitation des ressources marines constituent des menaces pour l'environnement .On peut les regrouper en deux catégories. Il y a d'une part la surexploitation des ressources marines vivantes et d'autre part l'exploitation polluante des ressources non vivantes.

Section I : la surexploitation des ressources vivantes

La surexploitation se définit, comme le prélèvement des ressources biologique marines au-delà de leur capacité de régénération.

Elle est un fléau qui affecte considérablement la biodiversité marine. Elle se traduit par différentes manifestations qui s'attaquent soit directement aux ressources biologiques par le biais de leur prélèvement excessif et incontrôlé soit indirectement en détruisant l'écosystème marin avec l'usage des techniques destructrices pour les habitats marins et les espèces non ciblées.

§I- Les prélèvements excessifs et incontrôlés

Les prélèvements excessifs et incontrôlés s'illustrent sous la forme de la surcapacité des flottes et de la pêche illicites non déclarées et non réglementées

A/ La surcapacité des flottes

La flotte mondiale s'est considérablement accrue et a occasionné une augmentation de la production halieutique de 6% (TROADEC, 1990) par an après la deuxième guerre mondiale. Dans les années 80 les prises maritimes mondiales débarquées plafonnaient autour de 70 millions10(*). Elles sont passées à 90 millions dans les années 9011(*).On estime aujourd'hui que dans l'ensemble la capacité de pêche est supérieur à 250% par rapport au niveau nécessaire pour une pêche durable. Une étude conduite conjointement par le WWF et l'UICN estime que la capacité de pêche à augmenter de 150% depuis 1970.

Cette situation est due principalement aux importantes subventions que les pays développés accordent comme soutient à l'effort de pêche de leur flotte respective dans un esprit de compétition.

Elles sont estimées à 20 à 25% de la valeur totale des prises. Selon le WWF on peut les chiffrer à 15 milliards de dollar américain12(*) . Elles sont utilisées, entre autre pour augmenter la capacité des flottes, soutenir l'emploi dans le secteur des pêches et même pour faciliter l'accès aux zones sous juridictions des autres états surtout des états du tiers monde.

Les flottes ainsi subventionnées, sillonnent, toute l'étendu du globe, pratiquent la pêche de longue distance et écument les zones côtières, les zones économiques exclusives et la haute mer. Elles sont parfois impliquées dans la pêche dite illicite, non déclarées et non réglementées.

B/ La pêche illicite, non déclarée et non réglementée

La pêche illicite, non déclarée et non réglementée encore appelée la pêche pirate est aujourd'hui une préoccupation pour la communauté internationale car elle sape considérablement les efforts de conservation des ressources halieutiques. L'organisation des nations unis pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a adopté en 2001 le plan international pour la lutte contre la pêche pirate mais cette forme de pêche est encore développé tant en haute mer que dans les zones économiques exclusives des états du tiers monde ne disposant pas des moyens techniques nécessaires pour la combattre.

Pour mieux comprendre ce phénomène il convient d'aborder sa définition, ses manifestations et son impact sur les ressources halieutiques.

1- Définition

Selon les articles 3.1-3.3 du plan international pour la lutte contre la pêche pirate adopté par la FAO en 2001 la pêche pirate se défini à travers ses trois composantes à savoir : une pêche illicite, une pêche non déclarée et une pêche non réglementée.

Une pêche illicite est

d'abord une pêche qui est effectuée par un bateau battant pavillon national ou étranger dans les eaux sous la juridiction d'un état sans son autorisation ou en violation de ses lois et ses réglementations.

Il s'agit aussi de la pêche pratiquée par des bateaux battants pavillons d'états qui appartiennent à une organisation régionale de pêche mais opèrent en contravention des mesures de conservation et de gestion adoptées par l'organisation et qui lie les états ou en violation des règles nationales ou internationales.

Une pêche non déclarée est relative aux activités de pêche qui n'ont pas été déclarée ou on été mal déclarée aux autorités nationales compétentes en violation des règles nationales.

La pêche non déclarée peut aussi s'appréhender comme les activités de pêche qui s'exercent dans la sphère de compétence d'une organisation régionale de pêche mais qui ne lui sont pas déclarées ou qui sont mal déclarées en violation des règles de procédures prescrites par cette organisation.

Une pêche non réglementée se rapporte aux activités de pêche conduites dans la sphère de compétence d'une organisation régionale de pêche par des bateaux sans nationalité ou battant pavillon d'un état non membre de cette organisation aux mépris des règles propres à cette organisation. On peut aussi la définir comme les activités de pêche qui ont lieu dans les zones qui ne sont pas protégées par des mesures de conservation ou de gestion (la haute mer) aux mépris des règles internationales imposées aux états pour la conservation des ressources vivantes.

Malheureusement,ce type de pêche comme celles évoquées plus haut dans ses manifestation bénéficie d'un réseau bien organisée avec le soutient de certains états qui se sont spécialisées dans les pavillons de complaisances.

2- Les manifestations et l'impact de la pêche pirate sur les stocks halieutiques

La pêche pirate se déroule souvent sous le couvert des pavillons de complaisance. Il faut noter que cette pratique des pavillons de complaisance s'est considérablement développée avec le désir des sociétés et des navires de pêche d'échapper aux règles nationales et internationales. En effet, le pavillon de complaisance consiste pour ces navires à se mettre sous le pavillon d'un état qui ne compte pas exercer effectivement ses droits ni ses obligations nationales et internationales à l'égard des dits navires. De cette manière ils échappent à tout contrôle et peuvent ainsi se livrer aux pillages des ressources de la haute mer et même des zones sous juridictions des états.

Selon la FAO les navires de pêche à grande échelle sous pavillon de complaisance sont en constante augmentation .Des données corroborent aussi l'hypothèse que les pêcheurs, plutôt que de débarquer leur capture dans les ports pratiquent le transbordement. Ceci permet d'effacer tout lien entre les captures et le navire et d'ignorer ainsi leur origine réelle lors de leur arrivée sur le marché. La pratique du transbordement permet aux navires battant pavillon de complaisance de rester en mer et d'augmenter leur prise et d'échapper aux inspections des autorités des ports13(*).

La pratique des pavillons de complaisance s'est surtout développée avec l'aval de nombreux états qui en tirent des bénéfices conséquents. On a ainsi, d'un côté les états spécialisés dans la « vente » de leur pavillon et de l'autre les états qui sont les véritables propriétaires des navires sous pavillon de complaisance .Concernant ces derniers on est bien étonné de constater que certains états ou organisations régionales qui pratiquent une pêche responsable se taillent une part non négligeable.

Selon l'analyse des données des services d'assurances maritime llyods (llyods maritime services), GREENPEACE évalue à 1300 le nombre de navires de pêche industrielle battant pavillon de complaisance .Plus de 1000 d'entre eux environ 80% battent pavillon de BELIZE, de PANAMA, de l'HONDURAS ou de SAINT VINCENT et GRENADINE.

Les propriétaires de ces navires « immatriculés » sont localisés dans 80 pays dont la plupart à TAÏWAN, dans les pays membres de l'Union européenne (UE), au PANAMA, à BELIZE et au HONDURAS14(*).

Pour conclure, il faut dire la pêche pratiquée sous pavillon de complaisance en ce qui concerne sa part dans la capture maritime n'est pas négligeable et tend à augmenter avec l'entrée de plusieurs états comme le TOGO, le VANUATU, la MONGOLI, etc.

On estime à 1,2 milliards de dollar américain la part de la pêche pirate dans la seule haute mer15(*). Selon la fondation pour la justice environnementale, dans un rapport publié en 2005 les pays en développement subissent une perte annuelle de 2 à 15 milliards de dollars américains du fait de la pêche pirate16(*).

Au-delà d'écumer les mers, les océans et d'appauvrir des populations déjà accablées les pêcheries pirates sont aussi impliquées dans la destruction de l'écosystème marin autant que la pêche régulière avec l'utilisation de techniques de pêche fatales aux habitats marins et aux animaux non ciblés.

§II- Utilisation des techniques de pêche destructrices pour l'écosystème marin

L'augmentation de la demande en produit halieutique d'une population sans cesse croissante a poussé les pêcheurs a inventé des techniques de plus en plus sophistiquées et performantes. Le problème qui se pose est que certaines de ces techniques agissent négativement sur l'écosystème en détruisant les habitats et en faisant des prise accessoires importantes.

A/ La destruction des habitats marins par les techniques de pêche

Les habitats marins sont diverses et ont plusieurs fonctions dans la vie des ressources halieutiques et de tous les animaux marins. Ils servent entre autres de zones de pontes, de protection contre les prédateurs. Malheureusement plusieurs techniques de pêche leur sont très fatales. L'utilisation de ces techniques sont autant le fait des pêches artisanales que des pêches industrielles.

Concernant les pêches artisanales, l'utilisation de la dynamite est une pratique courante dans le sud et le sud est de l'Asie, dans le pacifique, en Afrique de l'est et même en méditerranée. Une bombe de la taille d'une bouteille de bière pulvérise trois mètres de diamètre, et détruit en quelques secondes une communauté qui a commencée à croître depuis des décennies .Le profit est rapide mais les conséquences de cette technique vont durer longtemps surtout sur les récifs coralliens car les coraux se développent très lentement. Certains types de coraux par exemple croissent de 5 à 25 millimètres par an ce qui fait qu'une colonie met environ un quart de siècle pour atteindre la forme de la tête d'un homme17(*).

La pêche artisanale utilise aussi des poisons comme le cyanure dans leurs activités de pêche.

L'utilisation du cyanure comme technique est répandu dans le sud est de l'Asie, dans l'océan et dans certaines régions du pacifique. Pour faire face à leurs besoins quotidiens en alimentation les pêcheurs avec cette technique capture des poissons d'aquarium ou d'autres types de poissons pour ravitailler les restaurants de Hong Kong, chine, japon et Taiwan 18(*)qui sont de gros consommateurs. Ce marché est estimé à 1 milliard de dollars américain par an et beaucoup de pêcheurs commencent à s'y intéresser. Cela signifie beaucoup en terme de destruction car déjà des milliers de tonnes de cyanure sont déversées dans la mer du fait de cette pratique.

La destruction des habitats marins n'est pas le seul fait des pêches locales ou artisanales. Elle est aussi due à la pêche industrielle surtout les chalutiers. Ce sont en effet de grands filets utilisés pour la pêche dans les fonds marins. Leur passage anéanti les habitats marins comme les récifs coralliens. Les résultats de recherches récents montre qu'après le passage des chalutiers on peut comparer leur impact à une forêt couper à blanc19(*).Dans beaucoup d'endroit de la mer de Barent et les mers du nord les fonds marins sont chaluter une fois au moins par ans et on constate la destruction progressive de tout l'écosystème. Il y a ainsi une évolution de la composition et de la diversité du benthos, qui est passé des grandes espèces benthiques et longévives à des espèces plus petites et plus opportunistes. De récentes investigations menées le long du littoral norvégiens prouvent que la pêche au chalut à causer d'énormes dégâts dans les récifs coralliens20(*).

La pêche au chalut a aussi une part importante dans les prises accessoires d'espèces marines non ciblées.

B/ Les prises accessoires

Les prises accessoires constituent l'un des facteurs qui menacent la biodiversité marine. Elle s'entend comme la capture d'espèces non ciblées ou d'espèces ciblées mais de petite taille.

Ces prises sont effectuées par des filets à petites mailles ou par les chaluts qui engloutissent tout sur leur passage. On leur a même donnée le nom de « mur de la mort ». A ce propos RYMAN et AL soutiennent que la plupart des pêcheries « tuent d'abord et décident ce qu'il faut conserver »21(*). Dans la plupart des cas ces prises fortuites sont rejetées à la mer, blessées- ou mortes .Ces captures accidentelles et rejets représentent jusqu'à 30% des captures mondiales, soit quelque 30 millions de tonnes chaque année. On comprend alors l'étendu des dégâts que subi tout l'écosystème car nul n'est censé ignorer que les être vivants dans un milieu vivent en interconnexion.

Cette destruction de l'écosystème n'est pas malheureusement le seul fait de l'utilisation des techniques de pêche elle est aussi due à l'extraction irrationnelle des ressources minérales qui entraîne la pollution.

Section II : L'exploitation polluante des ressources non vivantes

Les océans et la mer contiennent une variété de ressources minérales. On a de l'énergie sous forme de pétrole et de gaz, des matériaux de construction sous la forme de gravier, de sable et bien d'autres richesses. Pour la plupart d'entre elles l'exploitation a été limitée jusque là par les possibilités techniques mais la situation est en train de changer très rapidement et avec cette évolution s'accroît aussi le risque de pollution et de dégradation de l'environnement marin.

Déjà, l'exploitation offshore de pétrole pose des problèmes de pollution autant que l'extraction des autres ressources du fond marin.

§ I : La dégradation de l'environnement marin du fait de l'extraction du pétrole offshore

Elle se manifeste sous la forme de pollutions accidentelles ou de pollutions opérationnelles

A/ Les cas de pollution accidentelles

Les pollutions accidentelles peuvent subvenir lors des opérations de sondage ou même lors de l'exploitation du gisement.

Plusieurs accidents ont déjà marqué l'histoire récente de l'exploitation offshore de pétrole.

Il s'agit de l'éruption de pétrole lors d'un sondage du gisement Ekofisc dans la mer du Nord (1977), de l'explosion du puits de la plate-forme Ixtoc I située au large de la péninsule du Yucatán (Golfe du Mexique) en 1979 ou encore de fissure du sol marin comme à Santa Barbara en 1969. Dans le même ordre, d'idée l'explosion d'un puit de pétrole offshore le 17 juin 1980 au large des côtes nigérianes a rejetée 3000 tonnes de pétrole qui ont causés d'importants dommages aux eaux, à l'écosystème côtier, aux paysans et aux pêcheurs du bassin du fleuve Niger22(*).

A côté de la pollution accidentelle, on a les pollutions opérationnelles qui dégradent l'environnement marin de manière insidieuse.

B/ Les pollutions opérationnelles

Il s'agit de la pollution due au fonctionnement de l'installation pétrolière en mer. En effet, pour éliminer les débris de roches détachés du fond par les trépans on utilise la technique de la circulation des fluides23(*).Elle consiste en l'injection d'une boue à l'intérieur des tiges de forage afin que le débit du fluide de forage empêche les déblais de tomber au fond du puits. La boue de forage est, à l'origine, constituée d'eau à laquelle s'ajoute une argile spéciale mais divers produits chimiques sont également utilisés pour un meilleur filtrage. Non seulement, l'eau imprégnée d'huile qui se constitue lors du forage est parfois déversée à la mer, mais les débris graisseux ainsi que les amas d'huile de forage le sont également. De plus, certaines matières chimiques organiques sont utilisées comme enduit aux fins d'éviter le dépôt sur les installations des espèces sédentaires marines. Des estimations de 1991 avancent que dans la mer du nord environ 23000 tonnes de pétrole, et respectivement 84097 tonnes et 5934 tonnes de deux produits chimique utilisées dans la production du pétrole sont déversés par an de cette manière dans le milieu marin sans aucune précaution24(*).

Même si aujourd'hui on est incertain sur les effets environnementaux des rejets d'eau de production, il faut dire que comme les hydrocarbures, l'eau de production contient une gamme d'autres composés organiques, dont des hydrocarbures aromatiques monocycliques (autrement dit, des BTEX), des HAP à deux et trois anneaux, des phénols et des acides organiques. Parmi ces substances se trouvent des produits chimiques utilisés pour la production et peut être des composés organiques non encore identifiés. On a constaté que les teneurs en HAP chez les moules en cage et dans des échantillonneurs passifs avaient augmenté, et ceci jusqu'à une distance de 10 km des points de rejet de l'eau de production25(*).

La pollution du fait de l'exploitation des fonds marins n'est pas uniquement le fait de l'exploitation offshore de pétrole, elle est aussi due à l'exploitation des autres minéraux.

§ II : La pollution du fait de l'exploitation des autres minéraux

L'exploitation minière risque d'avoir des répercutions importantes sur la qualité du milieu marin et par ricochet sur l'écosystème même si aujourd'hui aucune étude scientifique ne permet de l'affirmé. On pense par exemple que l'exploitation des nodules de manganèse pourrait agir sur les communautés benthiques et sur les planctons26(*).

L'exploitation minière en effet dans son fonctionnement fait intervenir plusieurs produits chimiques qui peuvent être nocifs pour le milieu marin. Il est donc à craindre que la généralisation de l'exploitation minière du fait de l'évolution rapide des moyens technologiques soulève des problèmes environnementaux importants.

Quant à l'exploitation des matériaux de construction comme le sable et le gravier déjà pratiqué dans les zones côtières, des études montrent que le principal impact sur l'écosystème tient à la perturbation et à l'enlèvement des organismes benthiques dans la zone d'extraction. Des dégâts peuvent être causés aux zones de frai du poisson qui dépose ses oeufs directement sur le gravier comme le hareng.

A plus long terme, si la zone d'extraction met beaucoup de temps à se reconstituer, on constate une baisse des espèces benthiques. Les études effectuées au large des côtes de l'Angleterre ont montré que les espèces benthiques avaient baissées de 40% du fait de l'exploitation du sable et du gravier27(*)

En somme, l'exploitation des ressources marines non vivantes et vivantes dans sa pratique actuelle est nuisible pour le milieu marin. Cette situation est paradoxale si on se fie à l'intensité de la diplomatie environnementale et au nombre des conventions adoptées. Il faut noter que pour l'environnement marin uniquement, on compte environ 400 traités. Le problème qui se pose en réalité est que le cadre juridique est inadapté à plusieurs égards.

CHAPITRE II : UN CADRE JURIDIQUE INADAPTE A LA PROTECTION

L'inadaptation du cadre juridique international est perceptible au niveau normatif et au niveau institutionnel.

Section I : Au niveau normatif

Avant de mettre de mettre en lumière l'inadaptation du cadre normatif due à ses limites, il convient d'abord de le présenter.

§I : Le cadre normatif en vigueur

Le cadre normatif est fondé d'une part sur des règles non impératives et des règles impératives .Dans le cadre de cette étude, nous allons nous focaliser sur les règles impératives qui sont les conventions qui protègent le milieu. Elles relèvent du droit de la mer, du droit de la pêche et du droit international de l'environnement.

Elles abordent soit l'exploitation des ressources vivantes soit l'exploitation des ressources non vivantes.

A/ Les conventions relatives à l'exploitation des ressources vivantes

Les conventions relatives à l'exploitation des ressources vivantes sont soit universelles soit régionales.

1-Les conventions universelles

Il existe plusieurs conventions universelles visant la protection des ressources marines vivantes en ce qui touche à leur exploitation .Elles concernent soit l'exploitation de certaines espèces spécifiques soit l'ensemble des espèces marines. Dans le cadre de cette étude nous allons nous intéresser principalement à la convention des nations unies sur le droit de la mer (CDM), à la convention sur les stocks de poissons chevauchant et les grands migrateurs (ANUP), et à la convention sur la diversité biologique (CDB).

a- La convention de Montego Bay sur le droit de la mer (CMB) (CDM)

La CMB a été signée le 10 décembre 1982 et est entrée en vigueur le 16 novembre 1994. Elle contient des disposions pertinentes concernant la protection des ressources vivantes.

Elle impose aux états de protéger et de préserver les ressources vivantes dans les zones sous leur juridiction c'est-à-dire la mer territoriale, la zone économique exclusive et le plateau continental.

Dans cette perspective elle édicte des mesures relatives à la pêche de ces ressources. Pour les ressources de la zone économique exclusive auxquelles la convention s'intéresse particulièrement, elle requiert des états, l'établissement d'un volume admissible de capture pour éviter leur surexploitation (article 61).

Elle impose aussi une obligation de collaboration pour la gestion ressources qui traversent les zones de différents états. Ainsi, pour les stocks qui se trouvent au sein de la zone économique de plusieurs états ou à l'intérieur de la zone économique de l'un d'entre eux et dans une région adjacente de cette zone doivent être réglementées par les mesures de conservations prises par les états concernés que ce soit directement ou indirectement par l'intermédiaire des organisations internationales appropriées (article 63).

Pour la gestion des stocks de grands migrateurs comme le thon, le requin, la baleine, elle prévoit que l'état côtier et les autres états dont les ressortissants pêchent dans les régions adjacentes s'efforceront de se mettre d'accord sur les mesures nécessaires à la conservation et au développement de ces ressources (64).

En ce qui concerne les espèces anadromes c'est à dire les espèces qui se reproduisent dans les rivières et vivent dans les mers comme le saumon, la CMB en son article 66 met en priorité leur protection à la charge de l'état où se trouve les cours d'eaux qui abritent leur reproduction. Ils doivent donc prendre les mesures nécessaires pour le contrôle de leur pêche dans les zones sous sa juridiction. En dehors des zones sous sa juridiction, il doit se concerter avec les autres états qui s'intéressent à la pêche de cette espèce pour établir les modalités et les conditions en tenant compte de la conservation.

Relativement aux espèces catadromes c'est à dire qui se reproduisent en mer mais vivent dans d'autres environnements telles que les anguilles, la CMB en son article 67 met leur protection à la charge de l'état dans les eaux duquel elles passent la majeur parti de leur vie et il à l'obligation de permettre leur migration. En plus pour une meilleure conservation il est interdit de les pêcher en haute mer.

Pour la haute mer, les articles 116 détermine le régime de protection de ressources vivantes. Cet article reconnaît le droit à tous les états de pêcher librement en haute mer, il subordonne ce droit à l'obligation de veiller la conservation des ressources en évitant la surexploitation et en coopérant avec les autres états.

b- La convention des nations unis sur les stocks de poisson (ANUP)

Elle a été signée signé à new York la 04 août 1995 et est entrée en vigueur en 2001. Comme son nom l'indique elle concerne seulement la gestion des stocks chevauchants et les grands migrateurs. Elle vient pour renforcer et détailler les obligations des états déjà en vigueur sous la CMB. Ses objectifs son clairement affirmer par son article 2 en ces termes : « l'objectif de cet accord est d'assurer la conservation à long terme et l'utilisation durable des stocks de poissons chevauchant et des stocks de grands migrateurs »

Elle élargie les obligations des états à l'adoption d'une approche de précaution et une approche écosystémique en son article 5.elle énonce ainsi les principes suivants :

· Adoption de mesures pour s'assurer de l'utilisation durable des stocks chevauchants et des grands migrateurs et promouvoir l'objectif de leur utilisation optimum.

· S'assurer que ces mesures sont basées sur « sur les meilleurs preuves scientifiques disponibles et destinées à maintenir et à restaurer les stocks à des niveaux capable de produire un rendement durable.

· L'application de l'approche de précaution

· La protection de la diversité biologique marine

· La mise en oeuvre des mesures à travers un contrôle et une surveillance effective.

L'ANUP donne aussi un pouvoir important aux commissions régionales des pêches (ORP)) dans la gouvernance des océans. Plusieurs de ses dispositions concernent ainsi, les mécanismes et le statut légal des organisations régionales des pêches. Dans sa partie III par exemple, il défini le rôle et les buts des organisations sous régionales et des organisations régionales et élargi leurs compétences. A ce propos dans la partie IV, il donne les pouvoirs aux ORP pour veiller au respect des mesures de gestion .Même si, l'état de pavillon reste le premier recours en cas de violation des mesures de conservation en haute mer, désormais les ORP par le biais de la coopération international peuvent demander aux états membres de faire des inspections à bord des navires des états parties de l'ANUP.

c- La convention sur la diversité biologique et son mandat de Jakarta (CDB)

La convention sur la diversité biologique a été signée en 1992 et est entrée en vigueur le 29 décembre 1993.Elle vise la conservation de la diversité biologique et est axé principalement sur les ressources génétiques. Cette convention affirme la souveraineté des états sur les ressources génétiques se situant sur leur territoire. Elle leur impose de prendre les mesures nécessaires pour leur conservation en vu de leur exploitation durable. Dans le cadre de l'environnement marin, cette convention est clairement applicable aux ressources génétiques de la mer territoriale, de la zone économique exclusive et du plateau continentale vu que ces sont des espaces sous juridiction de l'état côtier. D'ailleurs, son mandat de JAKARTA  a identifié clairement la biodiversité côtière et marine comme un problème important. Le mandat réaffirme essentiellement l'importance de la conservation et l'utilisation durable de la diversité marine et demande à la conférence des parties d'initier immédiatement des actions.

En effet, le mandat de Jakarta sur la biodiversité côtière et marine a été établi lors de la deuxième conférence des parties tenue à Jakarta en Indonésie en novembre 1995. Elle met en avant dans la protection :

· La gestion intégrée des espaces marins et côtiers

· Les aires marines et côtières protégées

· La gestion écologiquement durable des ressources marines et côtières vivantes

· La mariculture et les espèces exotiques.

En somme, ces trois conventions précitées ont la vocation de créer un cadre global de protection des ressources vivantes contre une exploitation irrationnelle. Elles sont utilement complétées par un ensemble de conventions régionales.

2- Les conventions régionales

Les conventions régionales de protection des ressources vivantes peuvent être scindées en deux catégories. Il y a d'un côté les conventions régionales pour la pêche et de l'autre les conventions sur les mers régionales.

a- Les conventions régionales pour la pêche

Il est courant que plusieurs états partagent certains stocks de poissons par rapport à leur situation géographique. C'est pour gérer au mieux ces stocks que ces états signent des accords qui peuvent être régionaux, sous régionaux et même bilatéraux. Ces accords visent principalement la gestion et la conservation des stocks .On compte à ce jour plusieurs conventions de ce type. Certaines s'occupent de la conservation d'une espèce donnée mais d'autres visent la protection de toutes les espèces marines dans une sphère géographique déterminée. A titre d'exemple ,on peut citer la convention pour la conservation des ressources marines vivantes de l'antarctique (CCAMLR) qui combine de manière pertinente l'exploitation et la conservation .Elle est, en effet, l'une des conventions les plus avancées dans la protection dans la protection des ressources marines vivantes. Il convient donc de s'intéresser particulièrement à elle pour comprendre dans quelle mesure, elle protège les ressources vivantes et assure leur exploitation durable.

La CCAMLR a été adoptée le 20 mai 1980 et est entrée en vigueur le 7 avril 1982. Elle compte 36 membres et son objectif principal est comme son nom l'indique la conservation des ressources vivantes de l'antarctique. Elle parle à cet effet de leur exploitation rationnelle et évoque trois principes dans le paragraphe 3 de son article II qui doivent gouverner la capture et les autres activités dans sa zone de compétence. Ces trois principes sont aujourd'hui reconnu comme faisant parti des principes de base de l'approche de précaution et écosystémique de la pêche tel que défini par la FAO. D'ailleurs les mesures qu'elle a adoptées ont contribué à minimiser les prises accessoires des oiseaux comme les albatros.

Ce souci de conservation des ressources vivantes en zone marine est aussi perceptible dans les conventions des mers régionales.

b- Les conventions sur les mers régionales

Les conventions sur les mers régionales n'ont pas la plupart pour objectif premier la protection des ressources marines vivantes mais certaines leur accordent une place importante. Pour illustrer nos propos nous allons nous intéresser à la convention pour la protection de l'environnement marin de l'atlantique nord-est (OSPAR). Elle a été adoptée le 22 septembre 1992 et est entrée en vigueur le 25 mars 1998. Son annexe v adopté en 1998 et entrée en vigueur le 30 août 2000 concerne la protection et la conservation de l'écosystème et de la diversité biologique de la zone maritime. Elle impose aux parties de prendre les mesures nécessaires pour restaurer les zones marines affectées et de coopérer en vu d'adopter des programmes et des mesures pour contrôler les activités humaines en application avec les critères de l'appendice 3.Elle se veut aussi une mise en application de la convention sur la diversité biologique de 1992 concernant l'exploitation des ressources génétiques.

Au-delà de la protection des ressources vivantes et génétique la convention OSPAR comme d'autres conventions visent aussi les menaces que peuvent provoquer l'exploitation des ressources non vivantes

B/ Les conventions relatives à l'exploitation des ressources non vivantes

L'exploitation des ressources non vivantes porte sur les ressources énergétiques et les ressources minières qui se trouvent dans les fonds marins. Elle est encadrée en ce qui concerne la protection de l'environnement par des conventions universelles et des conventions régionales.

1- Les conventions universelles

Il s'agit d'abord de la convention des nations unies sur le droit de la mer (CMB). Elle impose en son article 208 l'obligation générale pour les états de prendre des mesures pour prévenir la pollution issue des activités d'exploitation des fonds marins dans les zones sous juridictions de l'état côtier. Elle prescrit aux états d'adopter des mesures conformes aux mesures internationales de protection de l'environnement et de veiller sur les installations et les dispositifs utilisés pour l'exploitation et l'exploration des fonds marins. Elle fait enfin obligation aux états de veiller à l'enlèvement des plates-formes désaffectées dans les conditions conforment aux impératifs environnementaux.

Concernant les fonds marins en dehors de la juridiction de l'état côtier, la CMB l'a appelée la « zone » et à créer l'autorité des fonds marins chargé de contrôler les activités qui s'y déroulent.

Ensuite, on a la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires, dite MARPOL (Londres, 1973/1978) qui impose des obligations aux états relativement à la pollution issue des installations offshore. Cette convention assimile les plates-formes fixes et les plates-formes flottantes aux navires. Elle devient donc compétente pour la réglementation des rejets et les déversements de pétrole en mer par les plates-formes.

Au-delà de ces conventions universelles, on compte plusieurs conventions régionales qui protègent le milieu marin contre les pollutions issues des activités des fonds marins.

2/ Les conventions régionales

Il s'agit principalement des conventions sur les mers régionales adoptées sous les auspices du programme des nations unis pour l'environnement (PNUE). Ces conventions visent plusieurs pollutions dont la pollution du fait des exploitations offshore de pétrole et des autres activités d'exploitation des fonds marins. A titre d'exemple on peut faire allusion à la convention OSPAR qui prévoit des mesures pour la lutte contre la pollution issue de l'exploitation offshore de pétrole dans son annexe III, la convention d'Abidjan, la convention de Nairobi, la convention de 1974 sur la protection du milieu marin de la baltique, la convention de Barcelone sur la méditerranée.

Au total, il existe un nombre important de conventions universelles et régionales qui s'intéressent aux menaces engendrées par l'exploitation des ressources marines. Si cela témoigne de l'intérêt de la communauté international pour l'environnement marin, on ne doit pas se faire d'illusion sur l'efficacité de ces mesures. En réalité, elles sont inadaptées à la protection de l'environnement marin compte tenu de leurs limites.

§II : Les limites des conventions de protection du milieu marin

Les conventions de protection de l'environnement marin présentent des insuffisances et sont ineffectives.

A/ Les insuffisances des conventions

On remarque une protection partielle de l'environnement marin en général, une protection faible de la haute mer, et un régime de responsabilité inapplicable en pratique.

1- Une protection partielle des océans

Dans le cadre de l'exploitation des ressources vivantes, la plupart des conventions de protection du milieu marin visent soit une espèce, un ensemble d'espèces ou un habitat particulièrement menacés et ayant fait l'objet d'une médiatisation accrue, soit une menace spécifique. On a ainsi, des conventions qui protègent uniquement le thon, le saumon, la baleine, les phoques. Cette approche écarte, la conservation des espèces non ciblées, la préservation de la santé et l'intégrité des écosystèmes marins. Elle est limitée si on part du principe que dans un écosystème toutes les espèces vivent en interdépendance. En effet, dans un écosystème la vie de chaque élément est conditionnée par les autres. Il ne sert donc à rien de réglementer la capture d'une espèce si on ignore la protection de son habitat ou les espèces qui lui fournissent différents services comme la nourriture ou l'habitat. Il est sûr qu'à terme cette espèce disparaîtra aussi avec l'extinction des autres espèces qui sont le plus souvent malmenées par l'exploitation de l'espèce ciblée. C'est évidemment une lacune qui risque de menacer l'exploitation même à long terme .c'est cette lacune qu'entendait combler la convention des nations unies sur les stocks de poissons (ANUP) qui est la dernière convention universelle a entrée en vigueur dans le domaine de la pêche en intégrant l'approche basée sur la protection de l'écosystème qu'on nomme approche écosystémique. Malheureusement,cet accord s'applique seulement aux poissons « chevauchant » les frontières politiques ou à un nombre limité d'espèces de poissons grands migrateurs, laissant les autres espèces de grands migrateurs les stocks de poissons des hautes mers (comme par exemple les mers profondes) moins visibles sans protection.

Concernant l'exploitation des ressources non vivantes c'est à dire le pétrole, le gaz et les autres ressources minérales, la CMB est laconique et les conventions sur les mers régionales ne font pas mieux. Il faut noter en outre que les protocoles sur l'exploitation offshore adoptée dans le cadre de ces conventions régionales reste pour la plupart lettres mortes car ils ne sont entrée en vigueur faute de ratification. A titre d'exemple, on peut citer la convention sur la méditerranée qui évoque dans son protocole de 1994 la pollution du fait de l'exploitation de toutes les ressources minérales.

La convention MARPOL quant à elle se limite aux pollutions dues aux rejets d'hydrocarbure et non aux autres rejets de produits chimiques provoqués par l'exploitation offshore.

2 - Une faible protection des espaces au-delà des juridictions étatiques

La haute mer est la colonne d'eau située au-delà des zones sous juridiction étatique qui sont la mer territoriale et la zone économique exclusive. Cette zone, selon la convention des nations unies sur le droit de la mer de 1982 (CMB) est ouverte à la liberté de pêche pour tous les états. Son article 117 oblige l'état de pavillon à prendre des mesures pour assurer la conservation des ressources biologiques et à coopérer avec les autres Etats intéressés dans cette perspective. Cette protection nous paraît gravement compromise pour plusieurs raisons. Dans le domaine de l'exploitation des ressources halieutique, il faut noter, effet, que certains navires pratiquent la pêchent en haute mer sans pavillon. Ils peuvent ainsi se livrer à des actes contraires aux règles internationales de conservation sans crainte d'être inquiéter.

Dans le même ordre d'idées, les états de pavillon supposés être responsable des navires battant leur pavillon négligent leurs obligations de contrôle .Il y a même certains états qui se sont spécialisés dans l'octroie de pavillon de complaisance ou la tolérance de la mise sous pavillon de complaisance par les exploitants .De cette manière beaucoup de navires pêchent en haute mer sans aucun contrôle et se livrent des actes nuisibles à l'environnement marin sans crainte.

Cette protection limitée de la haute mer est aussi perceptible en ce qui concerne les ressources génétiques. La CMB ne vise pas clairement les ressources génétiques, c'est donc la convention sur la diversité biologique qui fourni le cadre international de protection des ressources génétiques marines mais il s'avère que dans ses termes il ne tient compte que des ressources situées sur le territoire d'un état alors on se rend compte qu'elle n'est pas applicable à la haute mer. Les ressources génétiques des fonds marins comme les abysses connaissent le même sort car l'autorité des fonds marins s'occupe seulement des ressources minérales.

La haute mer et les fonds marins restent par conséquent sans protection explicite en ce qui concerne les ressources génétiques. Ce manque de protection de la haute mer se dégage aussi à travers le régime de responsabilité qui s'avère inapplicable en pratique.

3- un régime de responsabilité inapplicable en pratique

L'effectivité d'une règle de droit se mesure par sa capacité à engager la responsabilité du coupable en cas de violation. En droit international la responsabilité concerne le plus souvent les états mais aussi les personnes privées de manière exceptionnelle. Elle est particulièrement difficile à mettre en oeuvre compte tenu de plusieurs obstacles.

Cette difficulté s'accentue dans le cas de l'environnement marin à cause de sa spécificité .En effet le milieu marin est divisé en différentes zones ce qui fait que la régime de responsabilité varie . Dans les zones sous juridictions des états côtiers, il leur revient de définir le régime de responsabilité selon leurs propres lois alors que dans les zones hors de leur juridiction c'est l'état de pavillon qui défini le régime de responsabilité. Cette division présente des inconvénients quant à la conservation et la préservation. D'abord, pour les zones sous juridiction de l'état côtier, il se pose le problème de la surveillance effective car une surveillance efficace de la mer requiert des moyens financiers énormes. A titre d'exemple, une opération navale menée par les autorités australiennes qui a conduit à l'arrestation du navire Volga a coûté 7millions de dollars américains28(*).Certains états surtout, les états en développement ne disposent de moyens financiers conséquents donc leur confier cette responsabilité revient annihiler les efforts de conservation. On pourrait évoquer la surveillance dans un cadre régionale mais les organisations régionales sont aussi faibles eu égard à la réticence des états.

Pour la haute mer, selon la CMB c'est l'état de pavillon seul qui est habilité à engager la responsabilité d'un navire qui manque à ses obligations de conservation et de préservation. Quand on sait aujourd'hui que beaucoup de navires pêchent en haute mer sans pavillon ou se mettent sous des pavillons de complaisance, on se rend tout de suite compte que ce régime de responsabilité est inadapté aux besoins de la conservation de la haute mer. Cette situation est confortée par les difficultés voire l'impossibilité de poursuivre l'état de pavillon qui ne rempli pas ses obligations vis-à-vis des navires battant son pavillon. En effet, la CMB énonce l'obligation de l'état de pavillon mais ne prévoit pas un mécanisme de mise en oeuvre de sa responsabilité en cas de manquement .On serait tenté d'utiliser le mécanisme général de la responsabilité de mise en oeuvre de la responsabilité en droit international mais les obstacles surgissent aussi de ce côté pour au moins deux raisons.

A propos de l'évaluation du dommage écologique, il y a encore de nombreuses réserves et il n'est admis que quand il peut être traduit « en coût salariaux d'entretien ou en investissement financiers »29(*). C'est dire que si on poursuit un état sous la base des dommages que le navire battant son pavillon causé à la biomasse ou à l'écosystème, il y aurait peu de chance que cette action prospère. Cette position a été adoptée par les juges américains dans l'affaire de l'amococadiz30(*). Il a en effet estimé que le dommage écologique était complexe spéculatif et basé sur des suppositions, il a donc refusé d'accorder des compensations.

Concernant la personne habilité à saisir le tribunal et à recevoir les compensations, il se pose un véritable problème car la haute mer n'appartient à personne et en l'absence d'un organisme créer à ce effet, personne ne peut se prévaloir d'un tel droit. Ce genre de lacunes affaibli considérablement l'effort de conservation international .Il en va de même pour l'effectivité.

B/ l'ineffectivité des conventions

L'effectivité des conventions est souvent compromise par un contexte international dominé par les préoccupations d'ordre économique. En effet, les conventions de protection de l'environnement en général et particulièrement celles relatives à la protection du milieu marin butent sur deux obstacles majeurs qui les empêchent d'atteindre leurs objectifs réels et donc d'être effectives. Il s'agit d'une part de la souveraine des états côtiers sur leurs ressources marines et d'autre part des règles de commerce internationales.

1 - conflit entre la souveraineté des états côtiers sur leurs ressources marines et la protection globale de l'environnement marin, un obstacle pour l'effectivité des conventions

Il y a un conflit permanent entre la souveraineté des états sur leurs ressources marines qui constituent une richesse pour leur développement et la protection de l'environnement qui nécessite une approche globale. En effet, alors que l'approche globale impose à travers les conventions des limites à l'exploitation des ressources, l'Etat voudrait pouvoir disposer pleinement de ses ressources pour son développement. Cette opposition tourne presque toujours à l'avantage de l'exploitation sans conditions des ressources à un moment ou à un autre. Lors de la conclusion des conventions par exemple les Etats protègent jalousement leur souveraineté et on arrive à des conventions qui reflètent plus les différentes revendications des Etats que les préoccupations environnementales. Pour s'en convaincre il suffit de faire allusion à la CMB qui fait la part belle à l'exploitation des ressources marines. En effet, dans cette convention chaque partie a plutôt pensé à l'extension de ses droits d'exploitation vers le large y compris les états qui n'ont pas les moyens financiers et techniques pour surveiller une zone économique exclusive large. De même, alors que, la protection des stocks chevauchants et les grands migrateurs imposait pour leur protection efficace une vision globale compte tenu de l'unité de la mer, les états se sont contentés de morceler celle-ci en récoltant des droits d'exploitation et des pseudo obligations de protection dans le cadre d'une coopération qui n'a jamais vraiment fonctionnée. Le résultat est aujourd'hui, décevant, la communauté internationale est encore à chercher « le bon plan » comme témoigne l'adoption de l'ANUP un an seulement après l'entrée en vigueur de la CMB. Il faut remarquer que cette initiative s'est aussi soldée par un autre échec car elle est partielle comme on l'a précisé plus haut.

La convention sur la diversité biologique a subi le même sort à cause des oppositions des différentes parties qui voulaient une partie du grand gâteau que constituaient les ressources génétiques. Il s'agissait à la fois de contenter le clan de la mégadiversité31(*) formé par les états en développement riches en diversité génétiques qui revendiquaient la souveraineté sur ces ressources et les états développés pauvres en diversité génétique mais riches en technologie qui réclamaient la reconnaissance du brevet industriel. Tout ce marchandage a abouti a une convention qui au lieu servir de cadre globale à la protection de la biodiversité s'est avéré un cadre de partage des droits d'exploitation de la biodiversité. Certains critiques parlent même d'un accord de libre échange sur les ressources génétiques. Alexandre kiss, J.P .BEURRIER, Maljean DUBOIS  et J.P. MARECHAL font partie de ceux-ci. Pour, Maljean, les institutions établies au sein de la convention « s'intéressent tout autant, sinon davantage, à l'exploitation des ressources génétiques qu'à la conservation de la biodiversité »32(*). J.P. MARECHAL, renchérit, en ces termes « la biodiversité est une simple question de ressources génétiques dont il faut tirer les bénéfices les plus élevés 33(*)»

Avec l'exemple de ces deux conventions, on constate qu'il est difficile d'atteindre d'une convention qu'elle remplisse effectivement les objectifs qu'on lui assigne en matière de protection de l'environnement s'il n'y a pas un changement de mentalité de la part des Etats.

A cette tare de naissance que porte la plupart des conventions, s'ajoute le fait que les Etats ratifient les conventions par effet de mode ou sur la pression de la communauté international mais ne prennent pas les mesures nationales pour les rendre effective. Par ailleurs, dans certains cas le nombre de parties à la convention est tellement minime que leur application devient difficile dans un contexte international. Cette ineffectivité des conventions est aussi perceptible à cause de la prépondérance des mesures commerciales sur les mesures environnementales.

2 -La prépondérance des règles du commerce international sur les règles de droit internationale de l'environnement, une menace pour l'effectivité des règles internationales de conservation.

Les ressources marines sont des richesses pour les Etats. Ils les commercialisent sur le plan international et doivent donc respecter les règles du commerce international. Le principe fondamental en vigueur est la liberté de commerce sur lequel veille l'organisation mondiale du commerce (OMC). Les règles fixées par la défunte GATT encore en vigueur sous l'OMC représentent une menace considérable pour l'effectivité des conventions sur la conservation. Pour se convaincre de cette réalité, on va s'intéresser au secteur de la pêche et de commercialisation des ressources halieutiques. Relativement à ce domaine, l'accord des nations unis sur les stocks de poissons (ANUP) concrétisant les visions de la conventions des nations unis sur le droit de mer (CDM) en ce qui concerne la gestion des stocks de poissons chevauchants et les grands migrateurs prévoit plusieurs mesures dont les plus notables sont :

Que les Etats doivent prendre les mesures pour s'assurer de l'exploitation durable des dits stocks de poissons en prenant des mesures pour prévenir la surexploitation et éliminer l'excès de capacité des navires. A propos de l'élaboration des mesures, ils doivent se baser le plus possible sur des données scientifiques, sur une approche de précaution, et adopter une approche écosystémique prenant en compte les espèces ciblées et les espèces liées ; la pêche artisanale et la pêche de subsistance.

Que les organisations régionales des pêches sont chargées de la mise en oeuvre des mesures prescrites. Pour cela, l'accord les autorise à prendre des mesures en conformité avec les règles internationales pour dissuader les activités des états qui ne sont pas membres de l'organisation ou même des parties qui agissent contrairement aux mesures de conservation (article 17.4). C'est dans ce sens que, la commission internationale pour la conservation du thon de l'atlantique (CICTA) à sa réunion annuelle de novembre 1996 a autorisé à ses membres l'interdiction d'importation du thon rouge du BELIZE, du Honduras et du PANAMA34(*).

Le problème majeur est que cette mesure aussi intéressante soit elle est en contradiction avec la règle de commerce internationale qui interdit toute mesure de discrimination à l'égard d'un produit en se basant sur ses procédés et méthodes de production. Si un de ces états venait à le soulever devant l'organisation du commerce, il désavouerait sûrement cette mesure comme il l'a déjà fait dans les affaires des thons/ dauphins entre les états unis et le Mexique d'une part et les états unis(USA) et l'union européenne d'autre part. Dans les deux cas le Mexique et L'Union européenne (EU) contestaient la légalité de la loi américaine de 1984 sur la protection des mammifères marin visant à réduire la mortalité des dauphins causé par certaines méthodes de pêche en interdisant l'importation de thon venant des nations qui pratiquent ce genre de pêche à moins qu'ils adoptent un programme de contrôle de leurs navires thoniers comme aux états unis. En effet, les USA imposent à leur navire thoniers l'usage de techniques de pêche du thon qui minimisent les dommages causés aux dauphins.

L'OMC, a tranché en 1991 en faveur du Mexique et a décidé de même en 1994 pour l'UE.

Il a estimé que cette mesure ne s'inscrivait pas dans le cadre des exceptions de la protection de l'environnement et des ressources naturelles prévues à l'article XX du GATT35(*) parce qu'il tente de protéger des ressources en dehors du territoire des USA, que les états unis tentaient aussi de faire pression sur les autres pays pour qu'ils changent leur politique.

On se rend par conséquent compte de combien il serait difficile de rendre effective l'accord des nattions unis sur les stocks de poissons au regard des règles du commerce international. Par ailleurs le même problème se pose avec la convention internationale sur le commerce des espèces menacées (CITES) qui est l'une des conventions majeures en ce qui concerne la conservation des ressources marines. En effet, peu avant la conférence des parties10 tenue à HARARE au Zimbabwe en juin 1997, certains membres en préparant la réunion ont fait de manière informelle des suggestions car ils estimaient que certaines listes violaient les accords du GATT. Il s'agissait en particulier d'une technique de liste employée par la CITES qui consiste à promouvoir la protection de populations d'espèces en danger en permettant le commerce contrôlé de populations non menacées de la même espèces .Si une espèce est en danger dans un pays et ne l'est pas dans un autre, les membres devraient restreindre le commerce de spécimens provenant du premier pays en inscrivant les population d'espèces de ce pays en appendice I36(*)tout en imposant des limites moins strictes au commerce de ceux provenant de l'autre pays .

Si on se fonde sur les raisonnements passés de l'OMC, des spécimens provenant des populations des mêmes espèces peuvent être considérées comme « des produits identiques » parce qu'ils ont les mêmes caractéristiques physiques et le même usage final. Ainsi si, une partie à la CITES est membre de l'OMC et restreint l'importation d'une population listée en permettant en même temps l'importation d'une population non listée de la même espèce cela peut être vu comme une violation du principe de la nation la plus favorisée du GATT37(*).On s'aperçoit ainsi, des difficultés de cohabitation entre les règles du commerce international et les règles de doit internationale de l'environnement. Ce ménage difficile profite au commerce international car le droit international de l'environnement ne bénéficie de la force nécessaire pour s'imposer.

Au total, le contexte international dominé par la recherche du profit engendre évidemment des conventions inadaptées aux besoins de la conservation des ressources marines .Cette inadaptation est également perceptible au niveau des institutions.

Section II : Au niveau institutionnel

Pour mieux comprendre l'inadaptation du cadre institutionnel due à sa faiblesse, il convient d'abord de le présenter.

§I : Présentation du cadre institutionnel

On a d'une part le cadre institutionnel de l'exploitation des ressources vivantes et d'autre part le cadre institutionnel de l'exploitation des ressources non vivantes.

A/ Le cadre institutionnel de l'exploitation des ressources vivantes

On distingue des institutions universelles et des institutions régionales.

1- les institutions universelles.

Il s'agit principalement de l'organisation des nations unies (ONU) et ses organismes non-gouvernementaux.

En effet, l'ONU intervient directement dans les problèmes qui touchent l'environnement marin à ou indirectement par le biais de ses organismes non-gouvernementaux .

L'intervention directe de l'ONU se fait à travers un certain nombre d'organes. Il s'agit d'abord de l'assemblée générale des nations unies (AG) qui constitue le cadre politique où les états membres abordent les problèmes relatifs aux océans et au droit de la mer. Elle adopte ainsi des résolutions annuelles sur les océans et le droit de la mer .A côté de l'AG on a le Centre d'activité du Programme pour les océans et les zones côtières (OCAPAC) sur lequel s'appuie essentiellement le programme des nations unis pour l'environnement (PNUE). Il couvre les océans dans le cadre du système mondial de surveillance de l'environnement (GEMS) du PNUE. L'OCAPAC travaille en étroite collaboration avec les autres organismes non-gouvernementaux des Nations Unies, notamment la FAO et le COI, et avec les plus importants organismes non-gouvernementaux qui s'intéressent aux affaires maritimes, généralement dans le contexte des dix Plans d'action pour les mers régionales du PNUE.L'ONU dispose aussi d'une division des affaires maritimes et du droit de la mer(DOOS) qui résulte du fusionnement de l'ancienne Branche économie et technologie des océans et du plus récent Bureau du sous-secrétaire général au droit de la mer. Cette Division s'intéresse à un large éventail d'affaires maritimes de nature socioéconomique et juridique, principalement les problèmes liés à la prospection et à l'exploitation des ressources minières sous-marines38(*).

l'ONU intervient aussi indirectement à travers ses organismes non-gouvernementaux dans le domaine de l'environnement marin .Il s'agit principalement de la FAO et de l'UNESCO.

L'organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) s'occupe principalement de la pêche .A cette occasion, elle s'intéresse à la conservation des ressources halieutiques pour leur exploitation durable. Depuis 1989,elle s'est engagée dans la lutte contre les problèmes environnementaux qui affectent la pêche. Elle a organisé dans ce cadre plusieurs consultations d'experts de différents domaines dont celle portant sur la gestion des stocks de poissons chevauchant et les grands migrateurs. Elle a rédigé le code de conduite pour une pêche responsable qui est aujourd'hui un document de référence dans ce domaine. Dans le cadre de l'accord des nations unies sur les stocks de poisson, elle fait office de mécanisme global de collecte et de partage des données pour les pêches nationales et régionales.

L'UNESCO quant à elle agit à travers la commission océanographique internationale .Elle joue un rôle-clé dans la définition des facteurs chimiques, physiques et biologiques qui sous-tendent l'utilisation des ressources marines et dans la promotion de la recherche coopérative internationale et de la collecte des données sur les ressources marines et leur environnement. Elle encourage la formation, l'éducation et l'assistance mutuelle dans le domaine des sciences marines (TEMA) en océanographie comme en biologie marine. Par ses efforts visant à développer le Système mondial d'observation des océans (SMOO) dont le Système international et mondial des services pour l'océan (IGOOS) et le Système mondial d'observation du niveau de la mer (GLOSS), maintenant bien établis, sont les principaux piliers, la COI offre un cadre général pour mieux comprendre les liens qui existent entre les océans et le climat et entre le milieu océanique et les composantes biologiques qui supportent les chaînes alimentaires menant aux populations exploitées39(*).

En plus de l'ONU et ses organismes non-gouvernementaux, on peut également cité la commission baleinière international établi en 1946 qui s'occupe au plan universelle de la pêche à la baleine.

Outre ces institutions universelles, il existe aussi des institutions régionales qui ont un rôle notable.

2/ les institutions régionales

Il s'agit essentiellement des commissions régionales de pêche .En général, elles ont pour mission l'exploitation optimale des ressources. Bien que l'expression exploitation optimale peut avoir une connotation productiviste,il faut noter que les statuts de commissions lient intimement le déroulement même de l'exploitation à l'exigence de la conservation ou encore à la préservation ,double aspect recouvrant a peu près exactement la notion de développement durable. A ce titre les trois expressions récurrentes dans la terminologie des commissions évoquent ''le rendement, l'utilisation ou l'exploitation optimale'' '' la préservation permettant des prise maximales'' '' l'utilisation, la gestion ou l'exploitation rationnelle''.

D'ailleurs, la conservation fait explicitement parti des missions des commissions des pêches comme le montre la dénomination de certaines commissions. A titre d'exemple,on a la commission internationale pour la conservation des thonidés de l'atlantique, l'organisation pour la conservation du saumon de l'atlantique, la commission pour la conservation de la faune et de la flore marine de l'antarctique.

Pour remplir cette mission de conservation les commissions des pêchent disposent de diverses compétences. Quelques exemples de commissions nous permettrons de cerner ces différentes compétences .On distingue d'une part les commissions de la FAO et d'autre part les autres commissions.

Au titre des commissions de la FAO on a:Le Conseil général des pêches pour la Méditerranée (CGPM; 1952)40(*) qui se préoccupe de la mise en valeur et de la gestion des pêches dans la Méditerranée elle-même, mais également dans la mer Noire. Etant donné que la gestion des pêches nécessite le développement de politiques nationales des pêches ainsi que la coopération avec d'autres pays, le CGPM n'a pas le pouvoir statutaire d'imposer des règlements concernant la gestion des pêches dans cette région. Il insiste donc sur la mise en place d'une base scientifique adéquate pour les recommandations qu'il fait aux Etats membres. Ces recommandations sont élaborées par des consultations techniques d'experts - souvent au niveau sous-régional - et par des comités spéciaux du Conseil, pour approbation par le Conseil et soumission aux Etats membres (à l'heure actuelle, tous les pays de la région, ceux de l'ex-URSS).

La Commission des pêches pour l'Océan Indien (CPOI; 1967)41(*)couvre une zone beaucoup plus étendue, du Golfe Persique, de l'lnde et de la Baie du Bengale au Nord à la Convergence antarctique dans le Sud, et depuis les côtes africaines à l'Ouest jusqu' à la Thaïlande, l'Indonésie et l'Australie - incluant la Tasmanie - à l'Est. La plupart des Etats membres sont des pays en développement avec des pêcheries surtout artisanales et vivrières. Globalement, il n'y a aucun problème sérieux de surpêche. Cependant, les ressources en thon et en baleine notamment ont subi une pression de pêche élevée de la part de bateaux de pays ne provenant pas de la région. Alors que la CPOI continue ses efforts pour faire face à des problèmes de pêche importants au plan sous-régional, une Commission des thonidés de l'Océan Indien commence à travailler sur les questions spécifiques à cette ressource.

La Commission indo-pacifique des pêches (CIPP; 1948) 42(*)couvre également une vaste région qui s'étend de la limite Est de la CPOI - qu'elle recouvre légèrement) à 180° Ouest mais seulement 45°Nord. Son principal souci est le développement des pêches dans les nombreux états insulaires, notamment l'Indonésie, les Philippines, les Samoa Occidentales, le Kiribati, les Tonga et beaucoup d'autres. La prédominance des pêcheries japonaises et la forte présence des russes, des coréens et des taïwanais dans cette région sont aussi sources d'inquiétude pour la CIPP. Il n'y a pas d'organisme régional de la FAO dans le Pacifique Est surtout parce qu'il existe d'autres organismes régionaux bien établis et actifs, n'appartenant pas à la FAO.

La Commission des pêches pour l'Atlantique Centre Ouest (COPACO; 1973) 43(*)se consacre plus particulièrement au développement de la pêche dans les petits pays insulaires des Caraïbes. C'est un organisme plus récent que les précédents et les Etats membres doivent acquérir plus d'expérience pour l'utiliser comme un outil de développement et de gestion des pêches. Les problèmes de coordination sont aggravés par les fortes polarités régionales, notamment celles qui opposent les pays continentaux relativement grands aux petits Etats insulaires. De même, si les traditions hispaniques, françaises, hollandaises et anglaises permettent l'existence d'un riche héritage culturel et le regroupement des pays en fonction de leur histoire passée, elles contribuent également à l'atomisation de la coopération internationale dans cette région où les systèmes de communication sont relativement peu développés. De plus, les ressources halieutiques elles-mêmes sont souvent fragmentées, avec des stocks quelquefois limités à une seule île.

Le Comité des pêches pour l'Atlantique Centre-Est (COPACE; 1967)44(*) couvre l'Atlantique à partir de 40° ouest approximativement jusqu'à la côte africaine et, du Détroit de Gibraltar (36° Nord environ) au Gabon , son principal problème est le mélange de pêcheries côtières, artisanales et de subsistance d'un côté et de pêcheries industrielles pélagiques - principalement au large de la Mauritanie et du Maroc - notamment pour la sardine et au chalut de fond - dans le Golfe de Guinée - de l'autre. Une fois de plus, le vaste éventail de problèmes et de situations des différentes pêcheries ne permet pas l'application d'une stratégie unique régionale) de développement et de gestion des pêches, même si des progrès considérables ont été réalisés dans ce sens. La FAO a également trois organismes régionaux de gestion des pêches intérieures importants être relativement efficaces (la Commission européenne consultative pour les pêches dans les eaux intérieures, le Comité africain des pêches dans les eaux intérieures et, le Comité de pesca para America Latina).

Concernant les autres commissions indépendantes de la FAO, il y a certaines qui visent des espèces spécifiques et particulièrement prisée et d'autres qui ont la vocation de s'appliquer à toutes les espèces.

Pour les espèces spécifiques, on peut citer la Commission interaméricaine du thon tropical (CITT, La Jolla, Californie, USA; la CITT couvre le Pacifique Est et s'occupe également de la pêche des poissons à rostre); la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA, Madrid, Espagne; la CICTA s'occupe également de la pêche des poissons à rostre dans cette zone qui inclue la Méditerranée); la Commission internationale du flétan du Pacifique (IPHC, Seattle, Washington, USA); la Commission du saumon du Pacifique (PSC, Vancouver, B.C., Canada); l'Organisation pour la conservation du saumon de l'Atlantique Nord (NASCO, Edimbourg, R.U.).

Pour les commissions qui s'occupent de plusieurs ou de toutes espèces on peut citer en guise d'exemple : L'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest (OPANO, Dartmouth, N.S., Canada); la commission des pêches de l'Atlantique Nord-Est (CPANE, Londres, R.U.); la Commission internationale des pêches de la Baltique (IBSFC, Varsovie, Pologne); la Commission mixte des pêcheries de la mer Noir (MCBSF, l'emplacement du secrétariat est dans le pays du président en exercice et change donc souvent); la Commission internationale des pêches du Pacifique Nord (INPFC, Vancouver, B.C., Canada); le Conseil sur l'accord de pêche des thonidés dans le Pacifique Est (CEPTFA, pas encore en place); la Commission mixte nippocoréenne des pêcheries (JKFC, pas de secrétariat); la Commission nippo-soviétique des pêcheries du Pacifique Nord-Ouest (JSFC, pas de secrétariat); la Commission permanente du Pacifique Sud (CPPS, pour Comisión Permanente del Pacifico Sur, Santiago, Chili; en fait, la CPPS couvre seulement le Pacifique Sud-Ouest et toutes les formes de richesses marines dont les pêches, bien que ces dernières soient parmi les plus importantes); l'Organisme des pêches du forum (du Pacifique Sud) (FFA, Hoiniara, lles Salomon); la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR, Hobart, Tasmanie, Australie; la CCAMLR a des responsabilités qui dépassent le seul domaine de la pêche)45(*).

Des institutions régionales et universelles existent aussi dans le domaine l'exploitation des ressources non vivantes.

B/ Le cadre institutionnel de l'exploitation des ressources non vivantes

Il convient de préciser d'abord de préciser les institutions qui sont chargées du contrôle de l'exploitation des ressources non vivantes dans les eaux sous juridiction des états côtiers avant de s'intéresser à l'exploitation de ces ressources dans la zone hors juridiction des états c'est-à-dire dans la zone.

1- Les institutions chargées du contrôle de l'exploitation des ressources non vivantes dans les zones sous juridictions étatiques

L'exploitation des ressources non vivantes dans les zones sous juridiction des états côtiers est effectuée sous le contrôle de l'état côtier. Il faut noter toutefois, qu'au plan international l'organisation internationale maritime international (OMI) veille aussi que l'exploitation des fonds n'entraîne pas la pollution. L'OMI se consacre presque exclusivement à la navigation: sécurité du trafic, sécurité des équipages et autres personnes en mer, protection du milieu marin contre l'immersion par les bateaux, incluant les bateaux de transport des déchets et de substances polluantes ou dangereuses. Elle est à ce propos le dépositaire de la Convention de Londres qui réglemente l'immersion des déchets en mer et de la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL73/78), dont elle assure le secrétariat. L'OMI se soucie également des unités mobiles de forage en mer et même des platte-formes forme de forage fixent selon sa dernière modification, de la sécurité des bateaux de pêche et de la formation des pêcheurs. Dans ce cadre, en 1979 elle a adoptée un code pour la construction et l'équipement des unités mobiles de forage offshore. Elle a aussi élaboré en vertu de la convention sur le droit de la mer le guide pour le démantèlement des plates-formes désaffectées.

Le COI collabore étroitement avec l'OMI sur les éléments de son programme concernant la pollution marine. Plus récemment, l'OMI s'est consacrée à la définition des Zones marines sensibles par le biais de son Comité de protection de l'environnement marin.

En plus de l'organisation internationale maritime (OMI), on peut faire allusion aux différents secrétariats des conventions sur les mers régionales qui contiennent des dispositions ou même des protocoles offshores.

2/ L'institution chargé du contrôle de l'exploitation des ressources non vivantes en dehors des zones étatiques

Les fonds marins situés au-delà des zones étatiques ont été baptisés la zone par la convention sur le droit de la mer de 1982. Les ressources de cette partie de la mer sont considérées comme le patrimoine commun de l'humanité et doivent être exploitées dans l'intérêt de l'humanité. C'est pour un meilleur contrôle que la convention sur le droit de la mer de 1982 a institué l'autorité des fonds marins. Elle a une assemblée plénière et un comité exécutif de 36 membres. Elle adopte les mesures sur la prospection, l'exploration et l'exploitation des fonds marins .Le code minier des fonds marin constitue une illustration de l'expression de ce pouvoir. Elle est aussi compétente pour prendre des mesures liées à protection et à la préservation de l'environnement. Elle est dotée d'une commission juridique et technique qui est en charge de rédiger les projets de révisions des textes et de conseiller le comité exécutif sur les problèmes environnementaux. Cette commission, peut faire des études d'impact environnemental pour s'assurer qu'une activité prévue sur les fonds marins ne sera préjudiciable à l'environnement marin. Elle dispose même du pouvoir de suspendre ou de mettre fin à une activité d'exploitation jugée trop polluante pour la zone.

Au total le cadre institutionnel international de l'exploitation des ressources marines est composé de différentes entités désignées soit en fonction du type de ressource soit en fonction de leur situation par rapport à l'état côtier. Cela a pour inconvénient majeur de créer un cadre institutionnel faible.

§ II : Un cadre institutionnel faible

Le cadre institutionnel est faible dans la protection de l'environnement marin à cause d'un certains nombre de carences. Il y a un manque de cohésion entre les institutions et leurs pouvoirs sont limités.

A/ Un manque de cohésion

Le milieu marin connaît plusieurs types de problèmes. Aussi, la communauté internationale a réagi en prenant plusieurs conventions. Pour permettre le suivi et la mise en oeuvre, ces conventions des institutions ont été crées ou désignées en fonction des menaces, de la zone où elle est susceptible de se produit ou en fonction de la région maritime. On a ainsi plusieurs institutions indépendantes sur le même espace maritime. Cette situation, crée une incohérence au niveau de leur fonctionnement et compromet les efforts de conservation.

Quelques fois, on constate même des chevauchements. C'est le cas, entre autres, en atlantique du sud-ouest où opère la commission technique mixte pour le front maritime et la commission consultative régionale des pêches pour l'atlantique sud-ouest, ou encore dans la zone indo-pacifique pour laquelle deux institutions, l'organisation thonière de la région ouest de l'océan indien et la commission des thons de l'océan indien, ont été créées respectivement 1991 et en 1993. Ces situations s'expliquent soit par une absence ou une insuffisance de concertation soit une forme de compétition entre les États.

B/ Des pouvoirs limités

Tout d'abord il faut noter que la plupart des institutions qui interviennent dans la protection de l'environnent marin ne sont pas spécifiquement destinées à cette activité. La protection de l'environnement marin environnement marin est par conséquent accessoire. Ils ne disposent pas de ce fait pas de pouvoirs conséquents pour la protection de l'environnement marin au sens strict.

A propos, des institutions universelles, il faut noter que la FAO n'a pas de compétences clairement définies en matière de protection de l'environnement marin. Elle agit dans ce domaine par rapport à la pêche, domaine dans lequel il n'a que des pouvoirs de recommandation et de conseil. Il ne peut pas prendre des mesures obligatoires. Cela est bien regrettable car elle pourrait jouer un rôle considérable dans la conservation des ressources marines si ses compétences étaient renforcées dans ce sens.

Quant à l'OMI , il connaît plusieurs problèmes dont sa politisation, car en réalité les travaux échappent aux experts au profit des représentants des états. Ainsi les décisions prises répondent à des préoccupations politiques, que d'ordre technique46(*). Aussi, les états membres qui contribuent le plus au financement de l'OMI ne sont pas forcément ceux qui sont intéressés à mettre en oeuvre ses normes sévères47(*).

Les organisations régionales des pêches ou les commission régionales des pêches ont également de nombreuses limites concernant leurs pouvoirs et leur fonctionnement. Il faut préciser d'emblée en ce qui concerne ces commissions que leur premier objectif est de s'assurer de l'accès de leur membres aux ressources halieutiques de manière à satisfaire aux besoins alimentaires. Les préoccupations environnementales sont de nouvelles exigences pour elles à tel point que la problématique environnementale est insuffisamment perçue. La preuve est que lors des différentes réunions, les délégations des pays sont composées d'administrateurs des pêches dont la préoccupation première est souvent la défense des intérêts de leurs flottes nationales.

Ensuite, on note que certains de ces organismes sont relativement inactifs, d'autres n'ont qu'un rôle consultatif mais sans pouvoir législatif ou exécutif pour gérer les ressources (la CIEM par ex.) ou bien ils n'ont pas été capables d'utiliser leurs pouvoirs de réglementation pour la gestion des stocks transfrontaliers. Par exemple, la commission des espèces anadromes du pacifique nord-ouest(INPFC) et l'organisation des pêches de l'atlantique du nord-ouest (OPANO) ont des pouvoirs de réglementation mais sur une partie seulement de la région relevant de leur convention et ils ne gèrent qu'une fraction des espèces placées sous leur juridiction. Il en est de même pour la Commission pour la conservation du thon rouge du sud et la Convention interaméricaine pour la conservation du thon tropical qui couvre des pans entiers des océans mais leurs pouvoirs comme leurs résultats sont limités. Plusieurs stocks de thons sous leur gestion sont répertoriés sur la Liste rouge de l'union mondiale pour la conservation de la nature (UICN) comme menacés ou en danger de disparition.

Il y a des commissions qui se préoccupent surtout des ressources côtières et du plateau continental et ne s'intéressent pas aux ressources hauturières qui relèvent pourtant de leur mandat et de leur compétence. Par ailleurs, Elles n'ont pas encore réussi à concilier dans la pratique les dispositions explicites ou implicites des conventions (CDM, ANUP) et les facteurs techniques qui garantissent la conservation des ressources dans le cas de stocks partagé.

De nombreuses commissions ne bénéficient pas d'un support financier suffisant, parfois parce qu'elles ne sont pas en mesure d'exiger le versement rapide des cotisations des Etats membres. En conséquence, elles ne possèdent pas de Secrétariat efficace disposant du personnel voulu. Pour cette raison et souvent à cause du faible niveau d'engagement des Etats membres, elles n'ont pas accès aux données de base nécessaires pour identifier correctement les besoins en termes de conservation48(*).

Généralement, les commissions des pêches fonctionnent par consensus entre parties contractantes ou pays membres, elles n'ont ni contrôle sur la pêche par des non membres ni capacité indépendante pour détecter ou punir les violations ou les rapports inexacts des Etats membres. Il est souvent difficile de parvenir à un consensus sur certaines mesures de gestion.

Enfin, pour le moment, les organismes de gestion des pêches régionales, n'ont pas la compétence ou la capacité d'inclure dans leur travail les effets de la pêche sur les espèces non ciblées et sur les autres stress causés par la pêche sur l'écosystème et les habitats.

A la fin de cette première partie de notre démonstration, Il ne fait donc aucun doute que l'exploitation des ressources marines est une menace réelle pour l'environnement marin car face aux pratiques nuisibles qui tendent à s'amplifier, le cadre juridique existant prouve chaque jour son inadaptation aux besoins de la préservation et de la conservation des ressources. C'est pourquoi, il est aujourd'hui, urgent d'oeuvrer pour une politique efficace de préservation des ressources marines et de l'environnement marin.

DEUXIEME PARTIE : POUR UNE POLITIQUE EFFICACE DE PRESERVATION DES RESSOURCES MARINES

Les océans couvrent 70% de la surface du globe et représentent le plus important réservoir en biodiversité. Même si nos connaissances demeurent lacunaires, il existe un consensus global quant à la nécessité de préserver la biodiversité marine. Toutefois, le droit privilégie encore l'exploitation, souvent irrationnelle, de ses éléments et notamment celle de ses ressources. La Convention des Nations unies sur le droit de la mer et la Convention sur la Diversité Biologique témoignent de cette tendance et révèlent toute la difficulté d'appréhender la spécificité du milieu marin, tant du point de vue physique que juridique. Malgré leurs insuffisances, ces deux « forums » ont tout de même le mérite de réunir une grande partie de la communauté internationale et favorisent la discussion entre les différents acteurs impliqués dans l'exploitation et la protection de la biodiversité marine. Les sujets du droit international l'environnement sont donc invités, dans le cadre de la réalisation du développement durable, à mettre en place un mécanisme efficace de préservation des ressources marines. Une telle démarche devrait s'opérer à travers, d'une part, le nécessaire équilibre entre la protection des ressources marines et leur exploitation, et, d'autre part, une indispensable politique de gestion intégrée.

CHAPITRE I : UN NECESSAIRE EQUILIBRE ENTRE LA PROTECTION DES RESSOURCES MARINES ET LEUR EXPLOITATION

Pour réussir un véritable équilibre entre l'exploitation des ressources marines et leur exploitation, il convient d'établir du point de vu de la réglementation environnementale international un équilibre entre l'homme et la nature d'une part et entre intérêt économique et intérêt écologique d'autre part.

Section I : Entre l'homme et la nature

L'équilibre entre l'homme et la nature en droit de l'environnement en général et en droit international de l'environnement en particulier n'est possible qu'en opérant une rupture avec

L'anthropocentrisme du droit classique. Cela pourrait se faire en érigeant la nature en sujet de droit.

§ I : Rupture avec l'anthropocentrisme du droit classique

Cette phrase de Protagoras « l'homme est la mesure de toute chose » reflète la philosophie du droit classique hérité du droit romain ,lequel est largement organisé à partir de la notion d'appropriation et centré sur l'homme comme seul sujet de droit49(*) . Le droit a pour objet premier de régir les relations entre les hommes, pas entre l'homme et la nature. Son essence même est anthropocentrique50(*). Le droit n'est pas fait pour assurer la préservation de choses, et encore moins de relations écologiques, qui n'ont pas de valeur marchande et souvent pas même de propriétaire. Ainsi toute chose qui n'appartient pas directement à une personne ou n'est pas utile à l'homme ne mérite pas protection.

C'est malheureusement le drame que connaissent la nature et l'écosystème marin en particulier. En effet les éléments qui constituent la nature ne font pas l'objet de catégories et de concepts juridiques autonomes, distinct de ceux élaborés par le droit classique de sorte qu'ils ne trouvent protection qu'à travers un régime d'exploitation dans l'intérêt de l'homme. Il est donc évident que l'exploitation va toujours primer sur les besoins de la conservation ou de la préservation. Le droit de l'environnement tel qu'élaboré à ce jour n'a pas encore eu l'audace de ce démarquer de cette vision  .Il se contente d'être un droit prudent parce que peu imaginatif et insuffisant parce que trop classique51(*). Pour se convaincre de cette réalité il suffit dans le cadre de l'environnement marin de se référer à la convention sur le droit de la mer et à celle sur la diversité biologique.

Dans le cas de la convention du droit de la mer alors que l'unité de la mer demandait une protection globale, les Etats pour les besoins de son appropriation et son exploitation l'ont morcelé en zone d'influence et abandonné la haute mer au « pillage » .Il faut noter en effet, que la vérité sur ce partage est que chacun voulait avoir accès au plus de ressources possibles compte tenu du contexte de course effrénée pour les ressources marines. La question de la protection l'écosystème marin a été abordée comme une question secondaire.

La convention sur la diversité biologique adoptée 10 ans plus tard n'échappe pas non plus à cette vision classique du droit. Comme le disent certains critiques, il s'agit plutôt d'un accord de libre échange que d'un accord de protection de la biodiversité. Dans ce cas vu la situation géographique des ressources génétiques, les Etats n'ont pas pu procédé a un morcellement physique , il se sont quand même satisfait d'un partage des droits. Les uns ont ainsi récolté un droit de «  possession » et les autres du droit d'exploitation exclusif.

On comprend par ce développement que si le droit de l'environnement ne veut pas demeurer inapte à une appréhension juridique des phénomènes environnementaux et manquer sa mission de protection il devrait opérer une rupture radicale avec le droit classique en érigeant la nature ou plus précisément ses éléments en sujet de droit.

§ II : La nature comme sujet de droit, une voie vers l'équilibre entre l'exploitation des ressources marines et leur exploitation

Erigé la nature en sujet de droit est un pari audacieux que le droit de l'environnement en général devrait prendre. En effet cette question n'est pas nouvelle et au-delà des problèmes qu'elle soulève du point de vue de la technique juridique pure, elle pose surtout un problème d'éthique. Le droit est à l'origine conçu pour le bien être de l'homme en société, érigé, la nature ou les éléments naturelles en sujet de droit, c'est non seulement détourné le droit de sa fin première mais consacré l'égalité entre l'homme et la nature, de sortes que l'on pourrait évolué vers un droit de la nature sur l'homme qui certainement mettrait mal à l'aise l'homme dans son désir d'évolution. Il faut le dire, cela pourrait freiner l'évolution même de l'espèce humaine. Mais, laisser la nature à la merci de l'homme, le laisser continuer le gaspillage des ressources au nom de son désir d'évolution n'est ce pas le laisser se faire hara kiri et mettre fin à son évolution ?

C'est tout le dilemme, devant lequel se trouve la communauté internationale en général mais le juriste de l'environnement en particulier.

La solution, d'ériger la nature en sujet de droit, est sans doute une solution extrême mais il nous paraît la plus judicieuse si elle est correctement cernée du point de vue de la science juridique.

En effet, il ne s'agira pas dans cette entreprise de créer une nature toute puissante, un totalitarisme ou intégrisme écologique comme cela se dit souvent mais il s'agira de d'assurer une protection suffisante de la nature pour qu'elle puisse assurée son rôle économique et culturel.

En pratique, cette entreprise consisterait, à conférer à la nature un certains nombres de droits que l'homme possède. D'ailleurs ce n'est pas la première fois que le droit le fait, les personnes morales existent bel et bien en droit mais elles ne sont pas pour autant des hommes.

Un tel changement contribuerait à une meilleur protection de la nature car désormais les éléments naturelles seraient protégés non pas parce qu'ils peuvent être exploitables dans l'intérêt de l'homme mais parce qu'ils sont eux-mêmes. C'est d'ailleurs cette même vision qu'avait l'union internationale pour la conservation de la nature à propos de la diversité biologique dans son projet de convention internationale sur la protection de la diversité biologique auquel participait 25 pays, la FAO, l'UNESCO, le PNUE et la CEE. L'article2 de ce projet dispose « les États reconnaissent que la diversité biologique constitue un patrimoine qui doit être conservé pour les générations présentes et futures, aussi bien que sur le fondement de son propre droit »52(*) .

Par ailleurs, c'est ce fondement de propre droit qui a guidé le raisonnement qu'a eu le juge américain toujours à propos de la diversité biologique dans l'affaire de la Tennessee Valley

Authority (TVA). Il s'agissait, dans cette affaire, d'un grand barrage en cours de construction qui mettait en danger la survie d'une variété très particulière de perche, qui avait été inscrite sur la liste des espèces protégées. La TVA contesta ce classement au motif que la loi sur les espèces en danger serait uniquement destinée à protéger les espèces qui ont une place à part dans l'imagerie populaire comme l'aigle ou la baleine. La Cour Suprême a réfuté cet argument et arrêté la construction du barrage parce que « la valeur du patrimoine génétique est à la lettre incalculable... Il est dans l'intérêt de l'humanité de limiter les pertes génétiques. La raison en est simple : ce sont les clés d'énigmes que nous sommes incapable de résoudre et elles peuvent fournir des réponses aux questions que nous n'avons pas appris à poser »53(*).

Marie-angèle HERMITTE est totalement de cet avis quand elle préconise un statut juridique de la diversité biologique54(*). Pour elle, il faut que la diversité biologique soit un sujet de droit pour une meilleure protection car ainsi un milieu aurait donc le droit de conserver ses caractéristiques. Mais un milieu naturel peut-il exercer ses droits ? Évidemment la réponse est non. Comment assurera t-il sa protection dans ce cas ?

On comprend ainsi que si le droit s'engageait sur cette voie, c'est le premier obstacle qu'il devrait franchir. A ce propos on pourrait envisager, une première solution qui confierait à l'état en tant que premier responsable le droit d'exercer les droits de ce milieu sous le contrôle de la société civile et des citoyens. Ceux-ci détiendraient le pouvoir véritable d'engager une action en justice si l'état manquait à ses obligations.

Quant à la seconde solution, elle consisterait à désigner un gérant55(*) qui exercera tous les droits du milieu en question. Cette dernière est la plus appropriée dans un contexte international.

Par ailleurs, le fait de considérer la nature comme sujet de droit dans un contexte international, permettra de réaliser pleinement le concept de patrimoine commun de l'humanité car si désormais un élément naturel comme un lac international est à cheval sur plusieurs pays, le fait de le considérer comme un sujet de droit international enlèverait le droit à un pays de le polluer à l'intérieur des ses frontières impunément.

Dans le domaine de la mer, une telle révolution du droit de l'environnement serait salutaire vu l'unité écologique de la mer qui pourrait être considéré comme un écosystème unique à protéger. On se retournerait donc vers l'option de protection globale refusé par les états lors des négociations sur la convention sur le droit de la mer au nom de l'exploitation des ressources. Il faut préciser, en effet, qu'une internationalisation des ressources avait au préalable été imaginée.

Elle consistait à confier à une organisation internationale le soin de réglementer la pêche dans toutes les mers du globe. Cette idée, soumise par la Commission de droit international lors de la préparation de la première Conférence sur le droit de la mer1, n'a pas connu de succès. C'est bien, malheureux, car si cela avait été le cas beaucoup de problèmes serait résolus.

Pour finir sur ce point, il ne faut pas perdre de vue que le droit de l'environnement au contraire du droit classique est un droit humain et un droit de la nature. C'est donc sur l'équilibre entre l'homme et la nature qu'il doit être construit au risque de produire l'effet contraire.

La communauté internationale devrait aussi rechercher l'équilibre entre l'intérêt économique et l'intérêt écologique.

Section II : Entre intérêt économique et intérêt écologique

L'économie et l'environnement entretiennent une relation ambiguë et difficile. Ils paraissent opposés mais sont interdépendantes. C'est d'ailleurs pourquoi depuis quelques années est né le concept de développement durable qu'il convient maintenant de traduire en réalité juridique pour réussir leur conciliation.

§I : L'interdépendance entre l'écologie et l`environnement

Les préoccupations écologiques on pris corps dans un environnement dominé par les préoccupations de croissance économiques, d'économie de marché et de bataille pour le développement économique. Aussi, sait on que, le développement économique rime avec l'industrialisation et le commerce qui ne sont possibles sans un minimum de pollution et l'exploitation des ressources naturelles. Dans ce contexte, il est vite apparu que pour protéger l'environnement, il faut limiter la pression du développement économique sur les ressources naturelles. C'est pourquoi certains pensent qu'ils sont deux intérêts antagonistes non conciliables jusqu'à un certain point. On a ainsi ,assisté souvent à des bras de fer entre les associations écologiques et des états associés aux industrielles. En réalité, cette opposition n'est qu'apparente si on creuse davantage la question. En effet, d'un côté, on sait que, les ressources naturelles sont les matières premières pour les industries (le thon pour les thoniers), des ressources financière pour les acteurs du secteurs (les ports de pêche, les armateurs, les pêcheurs etc. ) et des ressources pour la satisfaction des différents besoins de l'homme , que ce besoin soit déjà identifié ou encore une énigme pour la science . C'est dire que compromettre l'utilisation durable des ressources naturelles, c'est en bout de chaîne condamné l'homme à la disparition certaine. On ne peut donc pas raisonnablement soutenir que, l'écologie qui entend veiller à ce que cela ne se produise pas, parce que les acteurs, les états et en général l'homme ne soucient que des retombées économiques, est opposé à l'intérêt économique. En fait, il s'agit de la même question économique abordée non sous une dimension productiviste mais sous une dimension de survie de l'espèce humaine.

D'un autre côté, nul n'ignore que pour une meilleure, protection de l'environnement, il faut des ressources financières car d'une part la pauvreté entraîne la surexploitation des ressources naturelles et d'autre part l'internalisation des coûts écologiques dans l'économie plus particulièrement dans les modes de production requiert des dépenses supplémentaires pour les entreprises et pour les états. Dans le domaine de l'exploitation des ressources marines par exemple, la plupart des communautés de pêcheurs dans les pays en développement n'ont que la mer comme source de revenu et de nourriture, il est difficile de leur demander de veiller à la protection de l'environnent en réduisant leurs prises .Quand aux états, ils leur est difficile d'imposer des mesures environnementales en fonction des standards internationaux au risque de refouler les investisseurs. Le problème se résume ainsi comme suit : si l'environnement n'est pas protéger, le développement économique par ricochet la survie de l'homme sera compromis ; sans développement économique, il ne sera pas possible de protéger l'environnement.56(*)

C'est par conséquent, un faux débat que d'opposé écologie et économie car elles sont interdépendantes. C'est sans doute ce qu'on compris les acteurs de la communauté internationale qui se sont engagé dans la voie pour établir un équilibre entre ces deux données qui constituent les deux pôles d'intérêts majeurs de ce 21 siècle. On a eu ainsi dans l'ordre chronologiques plusieurs forums dont les plus remarquables sont, la conférence de STOCKHOLM de 1972, la conférence de RIO sur l'environnement et le développement de 1992 où a été adoptée l'action21 qui consacre son chapitre 17 intitulé Protection des océans et de toutes les mers - y compris les mers fermées et semi fermées et des zones côtières et protection, utilisation rationnelle et mise en valeur de leurs ressources biologiques à l'environnement marin. Et enfin, la conférence sur le développement durable tenu en 2002 à Johannesburg en AFRIQUE DU SUD qui a débattu largement de la notion de développement durable un concept formulé dés 1980 et popularisé par le rapport BRUNDTLAND en 1987 .

Il faut toutefois noté que malgré cette intense diplomatique environnementale au plan internationale la notion le concept de développement durable qui est le point de convergence entre développement économique et intérêt écologique reste flou du point de vu droit international et n'est pas encore effectif.

Il est donc nécessaire, de lui donné une définition juridique clair afin le traduire en réalité juridique pour l'équilibre entre les intérêts économiques et les intérêts écologique.

§II : Le développement durable, un concept à traduire en réalité juridique pour concilier l'exploitation des ressources marine et leur protection

Le développement durable est un concept qui a reçu une multitude de définitions. Selon un auteur 57(*), il a plusieurs centaines de définitions. La définition communément acceptée est la définition de la commission Brundtland qui entend par « développement durable » celui susceptible de satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre ceux des générations futures. Même si cette définition à le mérite d'être claire et accessible son appréhension du point de vu juridique n'est pas aisée comme le fait remarquer Maurice kamto58(*). En ce qui nous concerne, il s'agit moins de lui trouver une définition que de déterminer ses implications dans l'ordre juridique international. A ce propos, il faut remarquer que pour le moment elle est ineffective car les règles internationales sont en faveur du développement économique et du commerce international. Quand une règle accorde de l'importance à l'environnement ce n'est que de manière exceptionnelle alors que le principe du développement durable est l'équilibre entre l'environnement et l'économie .On gagnerait donc à rétablir cet équilibre en intégrant les préoccupations environnementales dans les politiques économiques. Il s'agirait Concrètement dans le cadre de la politique commerciale international de prendre en compte l'environnement au lieu de le voir comme une simple limite au principe de libre échange. C'est dire que le GATT devrait opérer sa mue tant souhaitée par les environnementalistes. Il s'est déjà engagé dans cette voie, par exemple le préambule de l'Accord instituant l'Organisation mondiale du commerce les parties reconnaissent que leurs activités économiques devraient être menées «conformément à l'objectif de développement durable, en vue à la fois de protéger et préserver l'environnement». De même le préambule de l'Accord sur les obstacles techniques reconnaît aux pays membres le droit de prendre des mesures nécessaires à la protection de l'environnement. Cependant ces mesures ne doivent ni constituer un moyen de discrimination arbitraire ou injustifiable ni une restriction déguisée au commerce international. En évaluant bien le pour et le contre on arrive à la conclusion que la balance entre l'environnement et le commerce penche plutôt du côté du commerce. Ce qui achève de nous convaincre de cette réalité sont les procédures de règlement de conflit qui favorise le commerce international.

C'est pourquoi, nous pensons, que l`équilibre entre le commerce et l'environnement pourrait se faire par exemple , à travers la révision de l'article article XX pour faire directement référence à l'environnement car dans sa forme actuelle, elle donne lieu à des interprétations défavorables à l'environnement.

Particulièrement en ce qui concerne le commerce des produits de mer, les États devraient avoir le droit d'utiliser les mesures commerciales pour assurer la conservation des ressources marines sans qu'on puisse leur prêté des intentions protectionnistes. Dans cette perspective une mesure comme l'interdiction de l'importation des ressources marines pêchées au mépris des impératifs de la conservation devrait être encouragée. Ce genre de mesures disciplinerait les Etats qui obligeraient à leur tour les pêcheurs à observer les mesures de protection de l'environnement marin. La préservation des ressources marines serait alors une réalité vis à vis du profit économique. On pourrait arriver alors à un équilibre entre l'intérêt économique et l'intérêt écologique.

Parallèlement, à cet équilibre à établir, une politique de gestion intégrée est aussi nécessaire pour la préservation des ressources marines et la préservation de l'environnement marin.

CHAPITRE II : UNE INDISPENSABLE POLITIQUE DE GESTION INTEGREE DES RESSOURCES MARINES

Le milieu marin est contrairement aux frontières politiques et artificielles fixées par les états , un tout indivisible. Sa protection nécessite donc un consensus international bien établi. Le professeur Alexandre KISS est de ce avis quand il écrit « si l'environnement est indivisible, cela est particulièrement vrai pour le milieu marin pour des raisons évidentes : la pollution de la mer ne peut être combattue utilement qu'au plan international59(*) »

Les Etats, sont du même avis, ils l'ont affirmé dans le préambule de la convention sur le droit de la mer (CMB) en ses termes : « les problèmes des espaces marins sont étroitement liés entre eux et doivent être envisagés dans leur ensemble 60(*)» .Mais jusqu'à présent on remarque une hésitation à le traduire en réalité à travers un cadre juridique approprié. Le problème se pose en effet, en terme d'opposition d'intérêts. Pendant que les pays développés font la course aux ressources marines, les pays en développement craignent une appropriation de leurs ressources marines par les pays développés à travers le concept « effrayant » de patrimoine commun de l'humanité. La protection des ressources marines se trouve donc compromise dans un tel climat comme le montre la chute de la biodiversité. Il convient par conséquent de dépasser ces antagonismes et d'oeuvrer pour l'établissement d'une politique de gestion intégrée des ressources marines à travers le renforcement de l'approche globale d'une part et l'adoption d'une orientation nouvelle dans la réglementation fondée sur l'approche de précaution et l'approche écosystémique .

Section I : Renforcement de l'approche globale

Le renforcement de l'approche globale pourrait se faire à travers le renforcement de la coopération international et l'adoption d'un régime de responsabilité globale.

§I : Le renforcement de la coopération international

Il doit se faire au niveau de la coopération technique et financière d'une part et au niveau institutionnel d'autre part.

A / Au niveau de la coopération technique et financière

La protection de l'environnement marin nécessite des moyens financiers énormes. Tout D'abord, il faut noter que certaines populations n'ont que les ressources marines comme seules moyen de subsistance. S'il faut leur imposer des limites dans l'exploitation, il est indiqué de leur donner des compensations. Il revient donc à l'état de disposer des moyens financiers pour intervenir dans ce sens. Des moyens financiers sont aussi nécessaires pour la surveillance des zones sous juridiction étatique car les différentes opérations font appelle à une technologie avancée. Il n'est un secret pour personne que les pays en développement ne disposent pas de tels moyens. Il est donc nécessaire que les mécanismes de financement et de transfert de technologies du nord vers le sud soient effectifs. Les institutions comme le fond mondiale pour l'environnement, les institutions financières, les partenaires bilatéraux, les organisations non gouvernementales devrait intensifier leurs efforts. C'est d'ailleurs ce qui a été affirmé dans la déclaration de Johannesburg en 2002 en ses termes « Mettre en oeuvre le programme de travail découlant du Mandat de Jakarta sur la conservation et l'utilisation durables de la diversité biologique marine et côtière de la Convention sur la diversité biologique, y compris en mobilisant d'urgence des ressources financières et une assistance technologique et en développant les capacités humaines et institutionnelles, en particulier dans les pays en développement »

Cela pourrait se faire à travers la généralisation des mécanismes de réduction de dette commerciale appelé dette contre nature. De nombreux exemples témoignent de l'importance des fonds généré à travers ce mécanisme en faveur de l'environnement marin. L'exemple de la Philippine est édifiant à ce propos. En effet, entre 1988 et 1993, le fond mondial pour la nature (WWF) a négocié quatre mécanismes de dette contre nature pour la philippine qui ont engendré 23,7 millions de dollars américains au bénéfice de la conservation. La majeure partie des projets financés avait pour objectif la conservation de la biodiversité marine. En pratique, le WWF a acheté avec l'argent fourni par l'agence américaine de développement (la plupart du temps les banques commerciales ne reçoivent rien) que les banques commerciales internationales détenaient sur le gouvernement philippin d'une valeur de 19 millions de dollars à 17 millions. En échange, de l'annulation de cette dette par le WWF, le gouvernement philippin a alloué l'équivalent de 17 millions en monnaie locale à la fondation philippine pour l'environnement. Elle, à son tour l'a distribué sous forme de donations aux ONG et aux communautés locales. La banque de Tokyo a aussi fait don de ses dettes pour qu'elles soient utilisées pour générer des fonds pour le fond philippin pour l'environnement61(*).

Dans le même ordre d'idée, à travers son programme de réduction de la dette le gouvernement américain à adopter des lois pour la réduction de la dette de sept pays d'Amérique du sud à travers le mécanisme dette contre nature .Par exemple, La loi sur la protection des récifs coralliens prévoit une réduction de la dette au profit de la protection de la biodiversité marine pour les états dans les zones tropicales. Cette affirmation, du représentant du gouvernement américain Mark kirk est significatif à ce propos « même si les récifs coralliens occupent une petite partie des fonds marins, elles abritent la quart des espèces de plantes et animales connus .Mais les récifs sont assiégées, et les pays en développement endettés ont peu de ressources pour leur protection. Ce projet de loi est un moyen pour leur fournir des ressources »62(*).

Ce modèle de coopération doit aussi s'exprimer au niveau des institutions.

B/ Au niveau des institutions

Pour la mise en oeuvre des conventions de protection du milieu marin la communauté internationale a besoin d'institutions adaptées et fortes. On compte plusieurs institutions mais il existe plusieurs problèmes non résolus qui minent leur bon fonctionnement.

Au niveau de la coopération régionale, la coopération pourrait être effective si certaines lacunes étaient corrigées. Tout d'abord, les institutions des pêches devraient élargir leurs mandats à la protection de toutes les espèces marines et à la conservation des ressources de la haute mer. Elles devraient aussi se doter de pouvoirs réglementaires car les états gagneraient à mettre ensemble leurs forces pour combattre des fléaux comme la pêche illégale. Du point de vu financier, elles devraient avoir une autonomie financière pour éviter les problèmes de cotisation des états qui se posent souvent. Cela serait possible si les états se mettent d'accord pour instituer une taxe à la conservation directement prélevée sur les activités en relation avec la pêche et versée à l'ORP. Ce modèle de fonctionnement pourrait aussi s'appliquer aux institutions régionales sur les mers régionales créer par le programme des nations unis pour l'environnement (PNUE) dans cadre la lutte contre la pollution des activités offshore et la diversité biologique car un seul état ne peut pas valablement s'imposer aux multinationales.

Au-delà du renforcement des capacités des organisations régionales qui favorisent leur cohésion interne, il convient aussi de renforcer la cohésion entre les différentes institutions qui s'occupent de la conservation et de la préservation.

En effet, la division du milieu marin en plusieurs zones et l'approche sectorielle adoptée par la communauté international dans la réglementation ne facilite pas la tâche des institutions.

Il n'existe pas à ce jour une institution permanente chargée de la coordination des activités de toutes les institutions or tous les problèmes du milieu marin sont étroitement lié vu son unité. Chacun tente bien que mal de son côté d'apporter solution valable aux problèmes que connaît le milieu marin et cela se solde bien souvent par un échec. C'est pourquoi, il convient de créer une cohésion et une coordination suffisante entre les différentes institutions au plan universel en créant une institution globale qui jouera ce rôle. Cette institution pourrait être la forme améliorée du cadre informel des nations sur le droit de la mer créé en 2000.

Elle pourrait ainsi servir de cadre globale et permanent pour aborder les problèmes que connaît l'environnement marin (les pollutions, la chute de la biodiversité etc). Elle pourrait servir aussi de cadre pour l'harmonisation de la réglementation internationale vu la multiplicité des institutions et la diversité de leurs fonctions. En effet, étant donné que la pêche, l'exploitation des ressources minérales, génétique sont des problèmes économiques et environnementaux, il faut songer à l'harmonisation entre les mesures prises par les organisations économiques et commerciales universelles (l'OMC) ou régionales (ALENA, L'EU) avec celles adoptées par les instituions environnementale pour éviter les éventuelles frictions.

On devrait faire de même entre les organisations régionales et sous régionale des pêches qui sont autonomes les uns des autre et entre celle-ci et les organisations de protection des mers régionales créer par le PNUE.A ce propos l'exemple de La Commission pour la protection du milieu marin de la Baltique (Commission d'Helsinki, HELCOM) et la Commission OSPAR pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du nord-est (OSPAR) est édifiant .En effet, lors de leur première réunion ministérielle conjointe tenue du 25 au 26 juin 2003 à Brême ,elles ont adopté une déclaration conjointe dans la perspective commune d'une approche écosystémique en matière de gestion des activités de l'homme un impact sur le milieu marin dans leurs zones maritimes .

L'établissement d'une telle cohésion permettrait aux organisations régionales de couvrir toutes les parties des océans sans laisser de zone non protégées .Le problème de l'exploitation de la haute mer serait ainsi résolu étant entendu qu'en vertu de leur pouvoir de gestion stocks migrateurs et chevauchant, elles ont chacune une autorité sur la haute mer dépendant de leur zone. Cette cohésion est d'autant plus importante que les institutions régionales sont aujourd'hui considérées comme le cadre approprié pour aborder les problèmes qui minent l'environnement marin. L'accord des nations unis sur les stocks de poisson de 1995 confirme cette tendance et confie aux organisations régionales la mise en oeuvre des mesures prescrites.

Cette régionalisation de la conservation et de la préservation aura besoin de s'appuyer sur un régime de responsabilité adéquat et global.

§II : L'adoption d'un régime de responsabilité global

Dans le cadre de la protection du milieu marin, il existe un régime de responsabilité international des personnes privées en cas de pollution marine mais un tel régime est inexistant dans le de cadre des dommages causé à l'écosystème et aux espèces marines. Il convient donc de le créer pour rendre efficace l'action des organisations régionales.

Il pourrait, prendre la forme d'une convention en application de la CDM comme l'ANUP et pourrait s'articuler autour de la responsabilité des navires. Il s'agira d'une responsabilité de type pénale car une responsabilité civile serait presque impossible à mettre en oeuvre. Ce serait le meilleur moyen de palier à la mauvaise foi des états de pavillon et de régler le problème des bateaux dépavillonés qui se livrent à la pêche illégale. Il pourrait être calqué sur le modèle des infractions internationales comme la piraterie en haute mer et l'émission radio non autorisée.

Pour cela il faut clarifier les comportements répréhensibles c'est-à-dire les fautes susceptibles d'entraîner une sanction. Ensuite prévoir les mécanismes de constatation de la faute et enfin les sanctions applicables.

Au niveau de la faute elle pourrait consister aux manquements graves aux règles de conservations prévus dans les différentes conventions et codes de conduite. A titre d'exemple, on peut citer la pêche illicite qui est devenu un fléau, la violation d'une aire marine protégée, la capture d'une espèce protégée etc.

Quant au constat de la faute, il pourrait se faire par l'arraisonnement des navires en faute. Cette mission serait confié a tout état faisant parti d'une organisation régionale de saisir tout navire convaincu d'une faute dans les eaux sous sa propre juridiction mais aussi en haute mer et dans les eaux sous juridiction d'un autre état faisant parti de la même organisation régionale. L'extension des compétences de l'état en la matière pourrait être envisagé par des mécanismes de coopération entre les organisations régionales des pêches (ORP).

Dans cette perspective l'état disposerait du droit d'opérer des contrôles sur les bateaux en haute mer, à son propre port avec ses moyens techniques et humains renforcer par ceux fourni par l'ORP. Cela éviterait les initiatives unilatérales des états comme le CANADA qui ont consisté à l'instauration de manière unilatérale d'une loi visant à faire la police en haute mer en violation des règles internationales. En effet, le Canada prétendait avoir limité drastiquement ses prises, alors que les pêcheurs communautaires n'ont pas accepté les quotas OPANO, de plus cet État dénonce les armements ayant dépavillonné leurs navires de pêche. C'est pourquoi dans l'affaire du flétan du bouvet flanard, le Canada prendra la loi modificatrice du 3 mars 1995 sur la protection des stocks chevauchants qui instaure une compétence unilatérale pour arraisonner tout navire pêchant en infraction à sa loi de 199463(*).

Enfin, concernant, les sanctions, il pourrait imaginer plusieurs types de sanctions à part l'emprisonnement et les châtiments corporels. A titre d'exemple les navires saisis devraient payer une amende destinée à soutenir les efforts de conservation qui sera reparti entre l'état ayant procédé à l'arraisonnement et l'ORP dans la zone de laquelle l'acte a été commis. En plus on pourrait lui infliger des mesures d'interdiction de pêche temporaire et définitives au niveau régional et l'inscrire sur une liste des navires suspects que les ORP communiqueraient entre elles etc.

Ce régime de responsabilité serait très intéressant pour le renforcement des ORP et un bénéfice pour la conservation des mers. Un autre pas de plus dans la conservation et la préservation serait d'adopter les nouveaux concepts de la conservation qui sont l'approche de précaution et l'approche écosystémique.

Section II : vers l'adoption de nouveaux concepts dans la conservation des mers

La réglementation en matière de préservation du milieu et de conservation des ressources marines s'est contentée la plupart du temps soit de n'appréhender que les menaces ayant des conséquences connues sur l'environnement ou l'écosystème soit de privilégier la conservation d'une espèce .Cette manière de procéder a montré des limites importantes. C'est pourquoi, il convient de s'appuyer les nouveaux concepts qui sont l'approche de précaution et l'approche écosystémique.

§I : L'approche de précaution

L'approche de précaution est l'application du principe de précaution considéré aujourd'hui comme l'un des grands principes de droit de l'environnement. Par conséquent pour mieux cerner l'approche de précaution dans la préservation et la conservation des ressources marines afin de l'intégrer efficacement dans les normes, il convient de jeter un regard sur le principe de précaution en général.

A/ Généralité sur le principe de précaution

Il se défini comme la gestion a priori d'un risque mal connu ou inconnu. Elle vise à limiter des risques potentiels ou hypothétiques. On prend des mesures face à un risque mal connu ou inconnu. Il est donc distinct de la prévention qui se s'appréhende comme la gestion a priori d'un risque connu. Elle vise à contrôler des risques avérés.

L'adoption du principe de précaution est une nécessité aujourd'hui car le développement prodigieux de la techno science a mis l'homme face à des incertitudes qu'il vaut mieux encadrer pour éviter des dommages irréversibles. Pour jean marc LAVIELLE après l'ère de la certitude, suivi de celui du doute, nous somme entré dans l'ère de la précaution dans nos rapports avec la science64(*). Il faut donc malgré les objections des industrielles et de tout le mouvement productiviste apprendre à penser et à agir à long terme, à éviter l'irréversible. Cette même conception est partagée par Martine Rémond-Gouilloud en ces termes « Nous voici donc entrés, bien malgré nous, dans l'ère de la précaution. A y bien réfléchir, cette mésaventure est normale. Car Descartes nous avait octroyé des droits sur la nature, sans contrepartie. Or ce qui fait l'intérêt, sinon la noblesse du Droit, c'est d'imposer des devoirs corollaires aux droits. C'était la pièce manquante dans les rapports de l'homme et de la Nature. « L'organique, si on le viole, ne pardonne pas » dit Teilhard de Chardin. Et d'ajouter : « Tandis qu'avec le juridique, on arrive toujours à s'arranger... » Pour Teilhard, convaincu de l'unité organistique du monde, l'accroissement du rayon d'action humain implique un renouvellement de l'éthique à la mesure des possibilités technologiques. Hans Jonas, philosophe allemand nourri d'Heidegger et de communisme, donc en principe situé aux antipodes du destin, partage la même intuition. Il nous dit l'interdépendance entre l'homme et la nature : l'intégrité de la nature autour de nous, c'est l'intégrité de la nature en nous ; les agressions qui affectent l'une se répercute inéluctablement sur l'autre. Et il plaide pour une éthique nouvelle élargie dans le temps et dans l'espace, à la mesure des temps qui viennent.

Cette éthique élargie s'appelle le « principe de précaution ». Celui-ci comporte notamment une prise en compte de la durée. A la suite de Teilhard et de Jonas il faut désormais à notre société et à son droit apprendre à se projeter dans le futur, ménager les réversibilités, éviter l'irréparable au nom des générations futures. C'est tout le sens du développement durable »65(*)

Cette nécessité de l'adoption du principe de précaution a d'ailleurs été perçue par la communauté internationale qui l'a exprimé à plusieurs reprises à l'occasion de différents forums et conventions. A titre d'exemple on peut faire allusion au principe quinze de la déclaration de RIO « Pour protéger l'environnement, des mesures de précaution doivent être largement appliquées par les États selon leurs capacités. En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption des mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement. » .il est aussi consacré dans de nombreuses conventions : cours d'eau transfrontières et lacs internationaux (Helsinki, 1992, article 2), mer Baltique (Helsinki, 1992, article 3, alinéa 2), Atlantique du Nord-est (Paris, 1992, article 2, alinéa 2-a), Danube (Sofia, 1994, article 2, alinéa 4), zones spécialement protégées en Méditerranée (Protocole de Barcelone, 1995, préambule), émissions de soufre (Protocole d'Oslo, 1994, préambule), conservation et gestion des stocks de poissons chevauchant plusieurs catégories de zones maritimes et les grands migrateurs (New York, 1995, article 5, alinéa c et article 6)...66(*)

Si le principe de précaution n'est pas étranger à la communauté internationale comme on a pu le constater au cours du développement précèdent,sa traduction en mesures concrètes que constitue l'approche de précaution n'est pas évidente dans les conventions particulièrement celles portant sur le milieu marin . C'est pourquoi il nous revient, de fournir des pistes pour son intégration effective dans les conventions.

B/ L'intégration effective de l'approche de précaution dans les conventions de protection du milieu marin

L'approche de précaution demande aux états et aux décideurs de faire plus attention quand l'information est incertaine. Elle est affirmée par l'accord des nations unis sur les stocks de poisson qui demande aux états et aux usagers  « d'appliquer largement l'approche de précaution dans la gestion, la conservation, et l'exploitation des stocks afin de protéger les ressources marines vivantes et de préserver l'environnement marin ».Elle clarifie par la suite, que l'absence d'informations scientifiques adéquates ne doit pas être un moyen reporter ou refuser de prendre des mesures de conservation et de gestion  » . Les parties la CDB sont d'accord que l'approche de précaution doit être appliquée à toutes les activités humaines en milieu marin et pas seulement à la pêche .Il est donc clair que les conventions de protection du milieu marin prônent l'approche de précaution. Mais il est malheureux de constater qu'elles l'expriment souvent sous forme d'une affirmation de principe trop vague. L'approche de précaution devrait être traduite en mesures concrètes dans la codification des activités d'exploitation des ressources marines.

Ainsi dans les conventions sur l'exploitation des ressources vivantes, les conventions devraient demander aux états de ne pas considérer la difficulté qu'il y a à établir scientifiquement une relation entre les différentes espèces marines pour refuser de protéger toutes les espèces marines de la même manière. De même, les conventions pourraient imposer aux états l'obligation de déclarer une espèce menacée et imposer un moratoire quand les signes de la baisse de stock se manifestent. C'est par exemple le cas du thon rouge de l'atlantique aujourd'hui.

En ce qui concerne l'exploitation des ressources non vivantes, les conventions universelles et régionales pourraient obliger les états prendre des mesures pour diminuer la teneur en milieu marin de certains produits contenu dans les eaux de productions des exploitations offshore de pétrole même si aucune preuve scientifique ne montre une incidence claire de ces produits sur ce milieu. Dans le même ordre d'idée, les conventions devraient imposer aux états d'interdire l'exploitation des ressources minérales dans les zones de forte concentration de biodiversité.

De telles mesures favoriseront l'approche écosystémique prônée dans la nouvelle orientation de la gestion de l'environnement marin.

§II : L'approche ecosystemique

L'approche écosystémique dans la conservation et la préservation du milieu marin constitue aujourd'hui l'un des principaux remparts contre l'exploitation irrationnelle des ressources marines. Elle doit donc être intégrée dans les conventions de protection de l'environnement marin pour réaliser la conciliation entre l'exploitation et leur conservation .Avant de mettre en évidence la nécessité de son intégration dans les conventions, il convient d'abord d'appréhender le concept à travers sa définition et ses implications.

A/ La définition de l'approche écosystémique et ses implications

L'approche écosystémique est l'approche de la conservation et de la préservation basée sur l'écosystème et ses caractéristiques.

Tansley (1935) a définit un écosystème comme étant « une communauté écologique, de même que le milieu où elle évolue, envisagés dans leur ensemble ». Bien que cette définition donne lieu à de nombreuses variations, les concepts fondamentaux demeurent intacts.

Wang (2004) a résumé les principales caractéristiques d'un écosystème en faisant ressortir les cinq aspects suivants :

· Un écosystème s'inscrit dans un espace dont les limites ne peuvent être explicitement définies. Les écosystèmes se distinguent les uns des autres en fonction de leurs attributs biophysiques et de leur emplacement.

· Un écosystème se compose des organismes vivants qui s'y trouvent, ainsi que du milieu abiotique, notamment de bassins de matières organiques et inorganiques.

· Les organismes interagissent les uns avec les autres, ainsi qu'avec leur milieu, au moyen de flux d'énergie et de matières organiques et inorganiques qui sont présents dans le bassin. Les comportements des espèces et les forces environnementales médiatisent ces flux et en contrôlent le fonctionnement.

· Un écosystème est un ensemble dynamique. Cette structure et son fonctionnement évoluent dans le temps.

· Un écosystème comporte des propriétés émergentes. Ces propriétés sont des caractéristiques propres au genre d'écosystème et elles ne varient pas au sein de leur domaine d'existence.67(*)

Au regard de ces précisions, l'approche écosystémique doit se comprendre comme une approche qui prend en compte tous les éléments d'un système contrairement à la l'approche fondée sur un individu. En effet il s'agit de prendre en compte les interconnections ou les interdépendances entre les différents composants d'un écosystème, comprendre les relations qui les lient et prendre des mesures en fonction de ceux-ci. Dans cette approche l'homme est considéré comme un élément de l'écosystème, et les interactions entre lui et les autres composantes de l'écosystème sont aussi prises en compte. Dans cette perspective il ne s'agit plus de privilégier l'exploitation mais de veiller à ce que l'écosystème puisse conserver son intégrité, assurer sa régénération naturelle afin de pouvoir rendre à l'homme les services écologiques et économiques de manière durable.

Dans le domaine particulier de la pêche l'approche écosystémique reconnaît que la pêche doit être pratiquée de manière à éviter la destruction de l'écosystème .Elle vise ainsi à prendre en compte dans la protection non seulement l'espèce ciblée mais les prédateurs et les espèces associées et dépendantes . C'est d'ailleurs qui ressort des à travers les lignes directrices de la FAO qui proposent d'assujettir aux principes suivants la gestion des pêches fondée sur une approche ecosystemique :

· Les pêches devraient être gérées de manière à limiter autant que possible leurs effets sur l'écosystème;

· Les rapports écologiques entre espèces capturées, espèces dépendantes et espèces associées doivent être respectés;

· Les mesures de gestion doivent être compatibles dans toute la zone où se répartit la ressource (indépendamment de la juridiction et du plan de gestion);

· Il convient d'appliquer le principe de précaution parce que les connaissances sur les écosystèmes sont incomplètes.

· les pouvoirs responsables doivent veiller au bien-être et à l'équité pour les hommes et pour l'environnement.

On en déduit donc que l'approche ecosystémique entend maintenir l'intégrité de l'écosystème ainsi que sa productivité afin qu'il continue de remplir son rôle économique et écologique. Elle vise ainsi, à établir l'équilibre entre les besoins de l'homme et la protection et la conservation de l'écosystème.

C'est donc une nécessité de l'intégrer urgemment et largement dans les conventions de protection de l'environnement marin compte tenu du contexte général de dégradation avancée dans lequel se trouve l'environnement marin du fait des activités humaines.

B/ Nécessité de l'intégration de l'approche ecosystémique dans les conventions

Certaines conventions ont déjà intégré l'approche ecosystémique mais beaucoup de conventions ignorent cette approche .Il convient donc de généraliser cette approche pour réaliser une conservation globale efficace.

L'approche traditionnelle focalisée sur la protection d'une espèce a montré d'importantes limites à en juger par la dégradation des l'écosystèmes qui a entraîné des dommages importants pour la diversité biologique. L'approche ecosystémique constitue la planche de salut pour renverser cette tendance qui à terme risque de compromettre à coup sûr la survie de l'homme. Cette nécessité de passer de la réglementation traditionnelle de la conservation à une réglementation ecosystémique a été affirmée à l'occasion plusieurs forums sur l'environnement marin et certaines conventions font office de précurseurs.

En 1992 la déclaration de RIO sur l'environnement et le développement et agenda 21 ont demandé aux états l'adoption d'approches prenant en compte toutes les espèces et les liens en autres eux. En 1995, le code de conduite de la FAO a aussi demandé la conservation, la protection et la sauvegarde de l'écosystème et élaboré les principes et les standards internationaux pour s'assurer de la conservation effective et du développement des ressources aquatiques vivantes. En 2000, la décision V/6 de la conférence des parties de la convention sur la diversité biologique a élaboré un guide pour l'application de l'approche écosystémique. Dans le même ordre d'idée, le plan de mise en oeuvre de JOHANESBURG du sommet sur le développement durable a suggéré l'application de l'approche écosystémique d'ici 2010. Récemment, en 2006, la résolution sur le développement durable des pêches et la résolution sur les océans ont mis un accent particulier sur l'approche écosystémique. La résolution sur le développement durable des pêches a spécialement encouragé les états a intégré dans les règles de gestion de la pêche l'approche écosystémique pour s'attaquer aux prises accessoires, à la pollution, à la surpêche et à la destruction des écosystèmes .Quant à la résolution sur les océans, elle a noté que le écosystèmes continuent d'être menacé, qu'il faut urgemment protéger l'intégrité des écosystème à travers les mesures de gestions.

Par ailleurs certaines conventions ont intégré l'approche écosystémique et font aujourd'hui figure de précurseur. Au niveau universel, la convention la plus notable est l'accord des nations unis sur les stocks de poissons (ANUP) .Cette convention oblige les états à recourir à une approche de précaution et écosystémique dans la gestion de la pêche des poissons chevauchants et les grands migrateurs. Dans cette perspective, l'article 5 de la partie II sur les principes généraux énonce que les parties qui se livrent à la pêche en haute mer :

d) Évaluent l'impact de la pêche, des autres activités humaines et des facteurs écologiques sur les stocks visés ainsi que sur les espèces qui appartiennent au même écosystème que les stocks visés ou qui leur sont associés ou en dépendent.

e) Adoptent, le cas échéant, des mesures de conservation et de gestion à l'égard des espèces qui appartiennent au même écosystème que les stocks visés ou qui leur sont associés ou en dépendent, en vue de maintenir ou de rétablir les stocks de ces espèces à un niveau tel que leur reproduction ne risque pas d'être sérieusement compromise.

f) Réduisent au minimum la pollution, les déchets, les rejets, les captures par des engins perdus ou abandonnés, les captures d'espèces de poissons et autres non visées (ci-après dénommées espèces non visées) et l'impact sur les espèces associées ou dépendantes, en particulier les espèces menacées d'extinction, grâce à des mesures incluant, dans la mesure du possible, la mise au point et l'utilisation d'engins et de techniques de pêche sélectifs, sans danger pour l'environnement et d'u n bon rapport coût-efficacité

g) Protègent la diversité biologique dans le milieu marin.

Au niveau régional, l'une des conventions les plus remarquables en ce qui concerne l'approche écosystémique est la convention pour la conservation des ressources marines de l'atlantique car elle adopté cette approche depuis 1980. Elle reconnaît l'importance de la sauvegarde de l'environnement et la protection de l'intégrité de l'écosystème des océans qui entourent l'antarctique. Son article II énonce les principes de la conservation, et de la prévention des changements ou de la minimisation des risques de changement dans l'écosystème marin qui sont potentiellement irréversibles en s'appuyant sur les connaissances scientifiques disponibles en matière d'impact de la pêche.

Ces exemples ci-dessus évoqués montre certes l'engagement de la communauté international dans la voie vers une approche écosystémique de la réglementation mais il ne faut oublier que la nature globale de l'écosystème marin s'accommode mal avec des initiatives isolées concernant sa protection, il faut donc une généralisation de cette approche.

Pour se faire, les conventions qui sont focalisées sur la conservation d'une seule espèce et qui ne s'occupe pas des espèces liées et de protection de l'intégrité de l'écosystème devraient être révisées. Il s'agit surtout des conventions régionales des pêches qui instituent les organisations régionales des pêches. Ce serait ainsi, l'occasion de renforcer leurs pouvoirs pour qu'il puisse faire face aux nouveaux défis de la conservation. 

La convention des nations unies sur les stocks de poissons particulièrement doit être révisée car son champ d'action est limité aux seuls stocks chevauchants et aux grands migrateurs .Cette protection partielle limite considérablement la portée des innovations intéressantes qu'elle a apportée à la conservation et à la préservation .On pourrait alors envisager d'élargir son champ d'application à tous les stocks de poissons quelque soit leur nature.

Par ailleurs une des voies qui donnerait une impulsion sérieuse à la généralisation de l'approche écosystémique pourrait consister à intégrer dans les différentes conventions une obligation pour les états de créer des aires marines protégées dans les endroits particulièrement riches en diversité biologique. En effet, les aires marines protégées constituent un excellent outils pour concrétiser l'approche écosystémique qui bien souvent demeure à l'état de simple déclaration. Selon ROBERT et al les réserves marines « devraient être un élément de la gestion moderne des pêches parce qu'elle permet d'accomplir de nouvelle choses que les outils classiques ne peuvent pas. Seule une protection totale et permanente contre la pêche de protéger les habitats et les espèces sensibles .Seules des réserves permettront d'assurer le développement de structure par âge élargies et naturelles d'espèces visées, de maintenir leur variabilité génétique et de prévenir un changement délétère attribuable aux effets de la pêche. »68(*)

La définition la plus universelle de l'aire marine protégée a été établie par l'UICN en 1988. Il s'agit de « toute région intertidale ou subtidale, de même que les eaux la recouvrant, ainsi que la flore, la faune et les caractéristiques historiques et culturelles associées, classées par la législation dans le but de protéger partiellement ou intégralement l'environnement inclus ».

Défini comme telles, elles constituent d'excellents moyens pour la protection, la préservation des habitats ou des écosystèmes fragiles, uniques ou représentatives comme les monts sous marins, les récifs coralliens d'eau froide, les vents hydrothermales et autres éléments écologiques des mers et des fonds marins ainsi que les tortues marines, les mammifères marins.

Elles sont aussi, le meilleur moyen d'assurer la régénération des espèces couramment exploitées ou la sauvegarde des espèces qui ne sont pas utiles aujourd'hui mais qui peuvent servir demain car comme l'a montré le développement de la biochimie ces dernières années, toutes les espèces peuvent servir à quelque chose, il n'y que la connaissance de l'homme qui est limité à un certain moment de son histoire.

Dans la perspective d'une protection vraiment globale, on pourrait envisager la création d'aires marines protégées (AMP) tant dans les zones sous juridiction étatique qu'en dehors c'est dire dans la haute mer à travers les organisations régionales. En effet à ce jour plusieurs AMP ont été créées dans les zones étatiques comme en témoigne le répertoire des AMP de la méditerranée 2005 mais les AMP transnationale sont rares. Il faut donc penser dans le cadre des organisations régionales à créer des AMP en haute mer pour la protection de certains écosystèmes fragiles comme les monts sous marins et les récifs coralliens.

CONCLUSION GENERALE

Aborder la possibilité de concilier l'exploitation des ressources marines et la protection de l'environnement marin, c'est s'inviter dans le débat général de la conciliation de environnement et du développement .A ce propos, il faut remarquer que même si l'environnement est devenu peu à peu l'un des pôles d'intérêt majeur de ce siècle à la suite de la tenue de grands « forums » comme conférence de STOKOLM en 1972 , la conférence de RIO sur l'environnement et le développement en 1992 et la conférence sur le développement durable de JOHANNESBURG en 2002 , la réalité reste décevante à bien des égards car au-delà des déclarations diplomatiques l'environnement n'a pas encore trouver la place qu'elle mérite face au développement économique qui justifie encore les atteintes à l'environnement .L'exploitation irrationnelle des ressources marines constitue un exemple patent. L'exploitation des ressources marines demeure en,effet,une menace pour l'environnement marin en général et pour la biodiversité marine et l'intégrité de l'écosystème en particulier malgré une diplomatie environnementale active et un nombre impressionnant de conventions. La réalité qui prévaut est que d'une part les états hésitent à s'engager effectivement dans une politique de protection globale du milieu marin vu les enjeux socioéconomiques que représente l'exploitation des ressources marine pour eux, les communautés locales et les multinationales et d'autre part les conventions de protection de l'environnement marin sont inadaptée à la préservation et la conservation des ressources marines.

C'est pourquoi il nous est apparu nécessaire tout au long de notre analyse de fournir des pistes pour un cadre juridique international propice à l'exploitation des ressources marine dans le respect des impératifs environnementaux.

Concrètement, le droit international de l'environnement devrait d'abord établir un équilibre entre l'exploitation des ressources marine et la protection de l'environnement marin. En effet, le système juridique classique a été bâti autour de la philosophie d'appropriation de la nature de sorte que la règle de droit a toujours tendance à privilégier l'exploitation des ressources naturelles. C'est cette orientation qu'à épouser le droit de l'environnement dans sa forme actuel même si on note quelques évolutions .C'est pourquoi il nous paraît que pour qu'une protection efficace de l'environnement en général et de l'environnement marin en particulier voit le jour, il faut une rupture avec cette vision du droit classique qui est anthropocentrique. C'est semble t'il la position de Maurice Kamto quand il fait cette remarque «Il faudrait en tout état de cause comprendre le droit à l'environnement comme un droit bidimensionnel, c'est à dire la fois comme un droit humain et un droit de la nature ...si le droit à l'environnement s'entend uniquement comme un droit humain, il finira par conduire à un résultat opposé à celui recherché, c'est-à-dire à la dégradation d'une nature mise exclusivement au service de l'espèce humaine69(*) »

Dans la même perspective, il serait aussi intéressant qu'il traduise le développement durable en mesures concrètes en créant un équilibre entre l'intérêt économique et l'intérêt écologique car aujourd'hui leur indépendance n'est plus à prouver. En clair, l'opposition traditionnelle entre intérêt économique et intérêt écologique doit être considérée comme un débat dépassé. L'heure est à la recherche des meilleurs moyens de continuer le développement économique sans compromettre les chances de survie de l'humanité et c'est dans ce canevas que devrait évoluer les conventions de protection du milieu marin.

Cette évolution des conventions devrait également s'orienter vers une gestion intégrée renforcée des océans car même si les états pour les besoins de l'exploitation l'ont morcelé en plusieurs zones, il garde son unité de sorte qu'une bonne politique de conservation et préservation adéquate ne peut ignorer cet aspect. Certains poissons et animaux marins ne connaissent pas les frontières de même que les pollutions. Cette gestion intégrée devrait pouvoir se faire à travers un renforcement de l'approche globale et l'adoption de l'approche de précaution et de l'approche ecosystémique.

Du point de vu de la l'approche globale, il s'agit de renforcer la coopération international et de créer un régime de responsabilité globale.

Concernant la coopération international, elle devrait se faire tant au niveau des technique et financiers et au niveau des institutions.

Au niveau de la coopération financière et technique, les mécanismes de financement international devraient être renforcés et le transfert des technologies devait être effectif pour permettre aux pays en développement de faire face différents défis de la protection du milieu marin.

Au niveau institutionnel, une collaboration, une coordination et une cohésion suffisante entre les différentes institutions qui s'occupent de l'environnement marin est nécessaire pour une meilleure gestion de l'environnement marin. Une telle collaboration devrait exister également entre les institutions chargées de la protection de l'environnement marin et les organisations ayant des fonctions purement économiques et commerciales car la pêche est une activité économique.

En ce qui touche à la création d'un régime de responsabilité, il faut remarquer que les conventions sur le milieu marin s'en détournent souvent  alors qu'une règle de droit ne vaut que par sa capacité à sanctionner sa violation. Il est donc nécessaire, d'établir un régime de responsabilité pénale commune pour les exploitants des ressources marines en cas de violation d'une mesure de conservation et de préservation  car la responsabilité de l'état est presque difficile à mettre en oeuvre aussi bien que la responsabilité civile des exploitant qui buterait certainement sur des obstacles d'ordre technique.

Toujours dans la perspective de la gestion intégrée des ressources marine les conventions devraient intégrer l'approche de précaution et l'approche écosystémique pour une protection intégrale de l'écosystème qui constitue une voie privilégiée pour le maintient de sa productivité et donc de son exploitation durable.

Au total, en adoptant ces réformes le droit international de l'environnement pourrait mieux protéger l'environnement marin mais il reste que la question de l'exploitation des ressources marines n'est pas qu'un problème juridique, c'est aussi un problème socioéconomique et même politique. Dans ce cas les états sont les mieux indiqués pour créer un cadre international et national adéquat pour une meilleure conservation et une préservation de l'environnement marin. Il faut donc, au plan international que les états soient de plus en plus nombreux a signé puis à ratifier les conventions déjà existantes et ayant des dispositions intéressantes comme la convention des nations unis sur le droit de la mer, la convention sur le diversité biologique, l'accords sur les stocks de poissons chevauchants et les grands migrateurs car une convention ne peut pas jouer pleinement le rôle qui lui est attribué si selon une petite fraction d'états le ratifie .Dans le même ordre d'idée ,il faut qu'ils acceptent de renoncer à une portion de leur souveraineté sur leur ressources marines pour donner des pouvoirs suffisants aux organisations régionales pour une meilleure protection car le milieu marin est trop vaste et trop complexe pour un seul état .

Au plan national, les état devraient a adopté des lois en application des conventions internationales pour que les conventions internationales soient effectives et ne restent pas comme de simples déclarations d'intention comme c'est malheureusement le cas bien souvent en droit international de l'environnement . Aussi, dans l'élaboration des lois, les états devraient largement solliciter la participation des exploitants des océans, les scientifiques, les organisations non gouvernementale pour adapter au maximum les lois au contexte socioéconomique.

Pour finir, il faut que les états sachent qu'ils ont plutôt intérêt à s'engager dans la protection de l'environnement marin que de protéger leurs intérêts économiques car l'exploitation des ressources marines est rentable mais elle risque de compromettre la survie même de l'homme si elle n'est pas entreprise de manière rationnelle. Cette phrase de l'ex secrétaire général de l'UNESCO Fédérico MAYOR nous interpelle tous à ce propos «  Quoique nous fassions, l'océan survivra d'une façon ou d'une autre. Le problème est de savoir si l'état dans lequel nous le laisserons garantira la survie et le bien-être de l'humanité ».

BIBLIOGRAPHIE

1-ouvrages généraux

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· PRIEUR (Michel), Droit de l'environnement, 5ème édition, Précis Dalloz, Paris, 2004

2-ouvrages spéciaux

· BEER-GABEL (Josette) ; LESTANG (véronique) les commissions pêche et leur droit, éditions bruylant, éditions de l'université de Bruxelles, 2003,298 p

· BEURIER (Jean-Pierre), CHAUMETTE (Patrick) et PROUTIERE-MAULIO (Gwenaëlle), Droits maritimes, Tome III, Exploitation et protection de l'océan, Editions JURIS SERVICES, Lyon, 1998, 310 p.

· LANGAVANT (Emmanuel), Droit de la mer, Tome IV : Le droit des richesse Marines, Cujas, Paris, 1985, 344 p.

· SAHEB-ETTABA (Aziz), La protection juridique de l'environnement marin dans le cadre du transport maritime de substances nocives et potentiellement dangereuses,Editions THEMIS, 2000,149 p

3-Les articles et autres ouvrages

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· FRANKEL(G) , Ocean Environnemental Management : A primer on the oceans and how to maintain the contribution to life on earth , new Jersey, Prentice Hall PTR, 1995,P.xiii

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· GREENPEACE, l'Afrique de l'ouest victime des pillages des pêcheries pirates, septembre 2001

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· THE SOUTHAMPTON OCEANOGRAPHY CENTRE AND DR CHRALOTTE DE FONTAUBERT (A) The status of natural resources on the high-seas, published by the WWF, may 2001

· THE WWF/IUCN Marine Policy, creating a sea change, 64 p

· UNEP Regional Seas Report and Studies No. 178, Ecosystems and Biodiversity in Deep Waters and High Seas, 2006, 60p

· UNEP, training law manual on international environmental law, 393 p

4-Sites internets

l www.fao.org

l www.greenpeace.org/international

l www.imo.org

l www.panda.org/marine

l www.uicn.org

l www.unep.org

l www.unesco.org

l www.worldwatch.org

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS - 2 -

INTRODUCTION GENERALE 4

PREMIERE PARTIE : LE CONTEXTE ACTUEL DE L'EXPLOITATION DES RESSOURCES MARINES, UNE MENACE POUR L'ENVIRONNEMENT 9

CHAPITRE I : DES PRATIQUES D'EXPLOITATION NUISIBLES A L'ENVIRONNEMENT MARIN 9

Section I : la surexploitation des ressources vivantes 9

§I- Les prélèvements excessifs et incontrôlés 9

A/ La surcapacité des flottes 9

B/ La pêche illicite, non déclarée et non réglementée 10

1- Définition 10

2- Les manifestations et l'impact de la pêche pirate sur les stocks halieutiques 11

§II- Utilisation des techniques de pêche destructrices pour l'écosystème marin 13

A/ La destruction des habitats marins par les techniques de pêche 13

B/ Les prises accessoires 14

Section II : L'exploitation polluante des ressources non vivantes 15

§ I : La dégradation de l'environnement marin du fait de l'extraction du pétrole offshore 15

A/ Les cas de pollution accidentelles 15

B/ Les pollutions opérationnelles 15

§ II : La pollution du fait de l'exploitation des autres minéraux 16

CHAPITRE II : UN CADRE JURIDIQUE INADAPTE A LA PROTECTION 17

Section I : Au niveau normatif 17

§I : Le cadre normatif en vigueur 17

A/ Les conventions relatives à l'exploitation des ressources vivantes 17

1-Les conventions universelles 18

a- La convention de Montego Bay sur le droit de la mer (CMB) (CDM) 18

b- La convention des nations unis sur les stocks de poisson (ANUP) 19

c- La convention sur la diversité biologique et son mandat de Jakarta (CDB) 20

2- Les conventions régionales 21

a- Les conventions régionales pour la pêche 21

b- Les conventions sur les mers régionales 21

B/ Les conventions relatives à l'exploitation des ressources non vivantes 22

1- Les conventions universelles 22

2/ Les conventions régionales 23

§II : Les limites des conventions de protection du milieu marin 23

A/ Les insuffisances des conventions 23

1- Une protection partielle des océans 23

2 - Une faible protection des espaces au-delà des juridictions étatiques 24

3- un régime de responsabilité inapplicable en pratique 25

B/ l'ineffectivité des conventions 26

1 - conflit entre la souveraineté des états côtiers sur leurs ressources marines et la protection globale de l'environnement marin, un obstacle pour l'effectivité des conventions 27

2 -La prépondérance des règles du commerce international sur les règles de droit internationale de l'environnement, une menace pour l'effectivité des règles internationales de conservation. 28

Section II : Au niveau institutionnel 30

§I : Présentation du cadre institutionnel 30

A/ Le cadre institutionnel de l'exploitation des ressources vivantes 30

1- les institutions universelles. 31

2/ les institutions régionales 32

B/ Le cadre institutionnel de l'exploitation des ressources non vivantes 35

1- Les institutions chargées du contrôle de l'exploitation des ressources non vivantes dans les zones sous juridictions étatiques 36

2/ L'institution chargé du contrôle de l'exploitation des ressources non vivantes en dehors des zones étatiques 36

§ II : Un cadre institutionnel faible 37

A/ Un manque de cohésion 37

B/ Des pouvoirs limités 37

DEUXIEME PARTIE : POUR UNE POLITIQUE EFFICACE DE PRESERVATION DES RESSOURCES MARINES 40

CHAPITRE I : UN NECESSAIRE EQUILIBRE ENTRE LA PROTECTION DES RESSOURCES MARINES ET LEUR EXPLOITATION 40

Section I : Entre l'homme et la nature 40

§ I : Rupture avec l'anthropocentrisme du droit classique 40

§ II : La nature comme sujet de droit, une voie vers l'équilibre entre l'exploitation des ressources marines et leur exploitation 42

Section II : Entre intérêt économique et intérêt écologique 44

§I : L'interdépendance entre l'écologie et l`environnement 44

§II : Le développement durable, un concept à traduire en réalité juridique pour concilier l'exploitation des ressources marine et leur protection 46

CHAPITRE II : UNE INDISPENSABLE POLITIQUE DE GESTION INTEGREE DES RESSOURCES MARINES 48

Section I : Renforcement de l'approche globale 48

§I : Le renforcement de la coopération international 48

A / Au niveau de la coopération technique et financière 48

B/ Au niveau des institutions 50

§II : L'adoption d'un régime de responsabilité global 52

Section II : vers l'adoption de nouveaux concepts dans la conservation des mers 53

§I : L'approche de précaution 53

A/ Généralité sur le principe de précaution 53

B/ L'intégration effective de l'approche de précaution dans les conventions de protection du milieu marin 55

§II : L'approche ecosystemique 56

A/ La définition de l'approche écosystémique et ses implications 56

B/ Nécessité de l'intégration de l'approche ecosystémique dans les conventions 58

CONCLUSION GENERALE 62

BIBLIOGRAPHIE 66

* 1ERNEST .G.FRANKEL , Ocean Environnemental Management : A primer on the oceans and how to maintain the contribution to life on earth , new Jersey, Prentice Hall PTR, 1995,P.xiii.

* 2 Journée mondiale de l'environnement ,5juin 2004,avis de recherche ! mer et océans : morts ou vivants ?

Cinquante données essentielles concernant les mers .

* 3THE WWF/IUCN Marine Policy, creating a sea change

* 4 SUSAN WELLS et GORDON SHEPHERD membres du WWF, Menaces et Conflits, www.unesco.org/courrier /1998_08/

* 5COTANZA, R.ETAL.(12 others author)(1997) the value of the world's ecosystem services and natural capital . nature 387: 253-260

* 6MAC GINN, A.P. (1998) rocking the boat: conserving fisheries and protecting, worldwatch paper N°142, wordwatch institute, Washington .D.C, USA

* 7 WEBER, p.( 1993) abandoned seas :reversing the decline of the oceans worldwatch paper N°116,worldwatch institute , Washington D.C . USA

* 8UNESCO, Unité pour les Régions côtières et les petites îles (CSI) Environnement et développement dans les régions côtières et les petites îles.

* 9 WEBER. (1993) abandoned seas: reversing the decline of the oceans world watch paper N°116, world watchinstitute, Washington D.C. USA

* 10Emmanuel LANGAVANT, Droit de la mer, Tome IV : Le droit des richesses marines, Cujas, paris, 1985.p.8.

* 11Jean- pierre BEURRIER, Droit international de la mer ,livre 2 ,in Philipe jean HESSE , Jean- pierre BEURRIER ,Patrick CHAUMETTE ,Yves TASSEL ,André -Hubert MESNARD et Robert RENZETHEL , Droits maritimes,Tome 1 :mer , navire et marins,Ed. JURIS SERVICE, Paris Lyon, 1995, p.78.

* 12wwf. (2001).hard facts, hidden problems: A review of current data on subsidies fishing. A wwf technical paper October 2001

* 13 GREENPEACE, l'Afrique de l'ouest victime des pillages des pêcheries pirates, septembre 2001 p.4.

* 14IDEM

* 15MARINE RESSOURCE ASSESSMENT GROUP ltd, LONDON, UNITED KINGDOM Review of impacts of illegal, unreported, unregulated fishing on developing countries, FINAL REPORT, June 2005.

* 16 ENVIRONNEMENTAL JUSTICE FOUNDATION , LONDON ,UK , Pirates and profiters :how pirates fishing fleets are robbing people and oceans, EJF, 2005

* 17WELLS, S. and HANNAH, N ( 1992) the Greenpeace book of coral reef Blandford, UK .160pp in creating a sea change , the wwf /uicn marine policy(1998)

* 18BARBER ,C.V and PRATTS , C.R.( 1997) sullied seas: strategies for combatting cyanide fishing in south Asia and beyong World Resources institute / international marine Alliance , Washington , D.C.USA.

* 19S. Castillo & J. Mendo, Estimation of Unregistered Peruvian Anchoveta(Engraulis ringens) in Official Catch Statistics, 1951-1982, in THE PERUVIANANCHOVETA AND ITS UPWELLING ECOSYSTEM: THREE DECADES OF CHANGES 109(D. Pauly & I. Tsukayama eds., ICLARM Studies and Reviews 1987).

* 20COMISSION OSPAR, bilan de santé 2004 5.3.4

* 21Ryman, N., F. Utter, and L. Laikre. 1995. Protection of intraspecific biodiversity of exploitedfishes. Reviews in Fish Biology and Fisheries 5:417-446.

* 22 Voir le monde du 4 mars 19988

* 23Inventée par FAUVELLE en 1845

* 24MacGarvin, M. (1990) the North Sea. Collins and Brown, London, UK. Hudgins, C.M. (1991) Chemical

Useage in North Sea Oil and Gas Production andExploration Operations. Report for the Norwegian Oil Industry Association, Petrotech Consultants Inc., Houston, Texas, USA.

* 25Ospar, COMISSION OSPAR, bilan de santé 2004

* 26 An independent study conducted by:The Southampton Oceanography Centre & Dr. A. Charlotte de Fontaubert , The status of natural resources on the high-seas ( 2001)

* 27 Commission Ospar, bilan de santé 2004

* 28 Programme national des nations unies pour l'environnement, manuel judiciaire de droit de l'environnement p.188

* 29AZIZ SAHEB-ETTABA, La protection juridique de l'environnement marin dans le cadre du transport maritime de substances nocives et potentiellement dangereuses,Editions THEMIS, 2000,

* 30Arnaud DE RAULIN « l'épopée judicaire de l'amococadiz (1993) 120 journal de droit international 41

* 31Les états riches en diversité génétiques (les pays situés en zone tropicale)

* 32 S.MALJEAN-DUBOIS , « biodiversité,biotechnologie et biosécurité :le droit international désarticulé »,JDI ,4,2000,p .950

* 33 J.P ,MARECHAL , « Quand la biodiversité est assimilée à une marchandise » le monde diplomatique,juillet,1999,p.6 et suivantes.

* 34n Ces états sont les principaux pourvoyeur de pavillon de complaisance pour les navires engagés dans la pêche illégale et la plupart du temps nuisibles à l'environnement marin.

* 35 Cet article prévoit des exceptions au principe de libre échange en matière de commerce. Il prescrit que les états peuvent prendre mesures commerciales nécessaires pour protéger la vie ou la santé humaine, les plantes et les animaux. Cette exception fait l'objet d'une interprétation stricte de la part de l'OMC.

* 36La cites fonctionne sur un système de liste qui classe les espèces sous des appendices de I à III en fonction du degré de protection dont ils ont besoin. L'appendice I offre la plus grande protection et comprend les espèces envoie d'extinction. Le commerce des espèces listées ans cet appendice est soumis à des conditions très strictes et n'est autorisé que dans des circonstances exceptionnelles.

* 37 C'est l'article 1 du GATT , il oblige les états membres à étendre immédiatement et sans conditions tous les privilèges et avantages qu'ils accordent à un produit à tous les produits identiques importés ou à destination de tous les membres de membres de l'OMC.

* 38CADDY (JF) ; GRIFFITHS, (RC) FAO Document technique sur les pêches. No. 353. FAO, Rome. 1996. 174p. Les ressources marines vivantes et leur développement durable: quelques perspectives environnementales et institutionnelles

* 39 Id

* 40Id

* 41Id

* 42 id

* 43Id

* 44Id

* 45Id

* 46AZIZ SAHEB-ETTABA, La protection juridique de l'environnement marin dans le cadre du transport maritime de substances nocives et potentiellement dangereuses,Editions THEMIS, 2000,

* 47Id

* 48CADDY (JF) ; GRIFFITHS, (RC) FAO Document technique sur les pêches. No. 353. FAO, Rome. 1996. 174p. Les ressources marines vivantes et leur développement durable: quelques perspectives environnementales et institutionnelles

* 49M.KAMTO, Droit de l'environnement en Afrique, EDICEF, Paris, 1996.p.19

* 50DE KLEMM Cyrille, La conservation de la diversité biologique, Obligations et devoirs des citoyens, Revue Juridique de l'Environnement 1989/4, pp.397-408

* 51JAMO MAYDA, « Droit et écologestion »in l'impact de l'environnement, revue internationale des sciences sociales, UNESCO, évès, n°109, 1986, p.423

* 52HERMITTE Marie-Angèle, Pour un statut juridique de la diversité biologique, Revue Française d'Administration Publique, janvier- mars 1990, n°53, pp.33-40.

* 53Id

* 54Id

* 55Id

* 56G.MARTIN, le droit de l'environnement .de la responsabilité pour fait de pollution au droit de l'environnement, publications périodiques spécialisées, 1978, p.128et s.

* 57 L.BOUTHIER, « les forêt : riche champ d'application du développement durable » Rapport au colloque de Limoges des 7 et 8 novembre 1994 sur les forêts.

* 58M.KAMTO, Droit de l'environnement en Afrique, EDICEF, Paris, 1996, p.55

* 59Alexandre KISS, « La protection de la mer dans la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer,

10 décembre 1982 », in Droit de l'environnement marin, Développements récents, Actes du colloque

Organisé les 26 et 27 novembre 1987 à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Brest par le

Centre de Droit et d'Economie de la Mer et la section Grand-Ouest de la Société Française pour le Droit deL'Environnement, Collection Droit et Economie de l'environnement, Ed. Economica, Paris 1988, p. 13.

* 60Al. 3 du préambule de la Convention

* 61Spergel, Barry and Melissa Moye. 2004. Washington, D.C.: WWF Center for Conservation Finance p.16

* 62 Id p.18

* 63 Jean-Pierre BEURIER, Revue Juridique NEPTUNUS, été 1996 - Vol 1.3 / ISSN 1266-6912

* 64Jean-Marc LAVIEILLE, les principes généraux du droit international de l'environnement et un exemple : le principe de précaution, Cours de droit international et comparé de l'environnement.p.9

* 65Id

* 66 Id p.11

* 67 Scott Parsons, Ph.D. Professeur adjoint École de gestion Université d' Ottawa, ASPECTS ÉCOSYSTÉMIQUES DE LA GESTION DES PÊCHES : Théorie et pratique

* 68 Callum M. ROBERT , Julie P. HAWKINGS et Fiona R. WELL « the role marine reserves in achieving sustainable fisheries philosophical transactions royal society B,VOL.360,2005,P.123

* 69 M.KAMTO, Droit de l'environnement en Afrique, EDICEF, Paris, 1996, p .52






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault