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La pluralité comme condition de l'action et du pouvoir politique chez Hannah Arendt

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par André-Joël MAKWA
Université Pontificale Grégirienne/ Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius-Kinshasa - Graduat en Philosophie 2006
  

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I. 2. PHENOMENOLOGIE DU TRAVAIL ET DE L'OEUVRE

I. 2. 1. Le travail

Hannah Arendt fait une critique de la société moderne et spécifiquement de Karl Marx qui, en valorisant le travail, en ont fait de lui la plus grande et la plus importante des autres activités de la vita activa, à savoir l'oeuvre et l'action. Le travail a été tellement sacralisé qu'il est devenu source de toute valeur sociale. « Le travail est le centre concret de réflexion des hommes d'aujourd'hui. »21(*) Or Chez Hannah Arendt, le travail n'est pas la plus importante de trois activités de la vita activa.

I. 2. 1. 1. Origine de l'indistinction entre le travail et l'oeuvre

Une distinction claire existe entre le travail et l'oeuvre, même si le travail tend à englober tout ce qui a trait aux besoins humains. Il n'est pas facile de percevoir cette distinction à cause de la tradition politique moderne où il n'y a jamais eu une distinction claire entre le travail et l'oeuvre.

Et pourtant, dans toutes les langues européennes22(*), la distinction est présente dans l'étymologie de deux termes. Pourquoi a-t-on minimisé cette distinction entre les deux concepts ? C'est parce que « le mépris du travail gagna du terrain en même temps que la polis qui dévorait les journées des citoyens en exigeant leur abstention de toute activité autre que politique, et, finalement, il recouvrit tout ce qui demandait un effort. »23(*) Le travail corporel rendu nécessaire par les besoins du corps était dans la catégorie des activités serviles, laissé aux esclaves. L'exécution du travail était donc un asservissement. Ce qui, dans la Grèce antique, justifiait l'institution de l'esclavage, qui était au fait la fuite du travail par les citoyens libres. Soulignons qu'avec l'avènement de la polis, la distinction a été négligée du fait qu'on était préoccupé de distinguer le citoyen libre de l'esclave, l'occupation publique de l'occupation privée, et plus tard, la vita activa de la vita contemplativa.

L'époque moderne a aussi distingué le travail productif du travail improductif, le travail qualifié de non qualifié et le travail intellectuel du travail manuel. Seule la première distinction va au fond du problème : le travail improductif renverrait au travail proprement dit puisque il ne laisse rien derrière soi, et le travail productif correspondrait à l'oeuvre. Toutefois, l'époque moderne n'a pas fait de distinction entre le travail et l'oeuvre. Pour Marx, tout travail doit être productif et il n'y a pas de différence à établir entre des tâches dites serviles et la production.

Hannah Arendt critique la doctrine de Marx car elle est centrée sur une productivité différente de celle de l'oeuvre. Tout devient objet de consommation puisque l'oeuvre est devenue le travail.

* 21 Etienne Borne et François Henri, Le travail et l'homme, Paris, Desclée de Brower, p. 12.

* 22 Hannah Arendt déclare que dans toutes les langues européennes anciennes et nouvelles, il existe deux mots séparés étymologiquement : en grec, pronei est différent de ergazesthai, en latin laborare diffère de facere ou fabricare, en anglais labor diffère de work, en allemand arbeiten et werken, etc.

* 23 Hannah Arendt, op. cit., p. 93.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus