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Mesure et indicateurs de pauvreté dans le monde

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par Giscard ASSOUMOU ELLA
Université du Sud Toulon-Var - Master 1 2007
  
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Les problèmes de pauvreté sont d'un grand intérêt pour les praticiens du développement. Dans le souci d'apporter une solution à ces problèmes, la communauté du développement tente de définir les indicateurs qui permettent de mesurer et de délimiter ce phénomène. Mesurer la pauvreté signifie produire des nombres, par lesquels nous pouvons évaluer le degré de pauvreté dans une société donnée et d'identifier les membres de la société qui doivent être considérés pauvres. Or, il n'est pas sûr que ce que nous voulons mesurer soit effectivement mesurable. En effet, ni le bien-être économique, ni les capacités d'un individu, encore moins la satisfaction des besoins ne sont directement observables. Dans ces conditions, le recours à des variables observables qui permettent d'inférer approximativement la réalité à laquelle nous référons par le terme pauvreté est nécessaire. Ces dites variables portent le nom d'indicateur. Un indicateur de pauvreté peut être défini comme étant une variable « proxy » mesurable et aussi presque possible d'une dimension particulière spécifiée dans l'espace de pauvreté. Ainsi, si nous prenons comme mesure de pauvreté ; être adéquatement nourri, l'indicateur à ce niveau pourrait être la consommation journalière de denrées de base comme le riz.

Mais, comment peut-on mieux définir la pauvreté et la mesurer avec ses indicateurs ? Comment les différentes formes de pauvreté évoluent - elles à travers le monde, et quelles leçons pouvons-nous en tirer ?

La grande difficulté à laquelle les théoriciens du développement sont-ils confrontés à ce niveau, est qu'il n'existe pas une définition unique da la pauvreté. Plusieurs définitions sont ainsi proposées, qui engagent des instruments différents pour la caractériser et la mesurer sous ses diverses formes. Ils existent donc plusieurs approches pour aborder et comprendre la pauvreté dans l'espace temporale et temporel entre les sociétés. Dans ce contexte, les analyses divergent d'un auteur à un autre. Néanmoins, tous semblent unanimes que la pauvreté est un problème sérieux auquel il faut s'attaquer pour l'équilibre social. Déjà, au Vème siècle avant Jésus Christ, Platon prévenait le législateur athénien de la menace que représentait l'inégalité : « Il ne faut pas que certains citoyens souffrent de la pauvreté, tandis que d'autres sont riches, parce que ces deux états sont causes de dissensions » (in PNUD 2005, p.55)1(*). Ce n'est que bien plus tard, au début du XIXème siècle, que le problème et les solutions de la pauvreté commencent à prendre leur forme moderne.

L'économiste anglais Thomas Malthus faisait déjà une analyse pessimiste à la fin du XVIIIème siècle. Selon l'auteur, les subsistances croissent à une progression arithmétique, alors que la population a une progression géométrique, d'où la stagnation économique inéluctable. Pour lui, les pauvres doivent arrêter de procréer, car ils sont incapables de subvenir aux besoins de leur progéniture. Si les pauvres sont pauvres, c'est de leur faute et leur fécondité excessive en est responsable. Il propose donc que les familles qui désirent un, ou plusieurs, enfants soient capables de les nourrir ; les aident par des prestations en nature ou autres ne feraient qu'accentuer la paupérisation globale. C'est cette vision que Galbraith développait quand il affirme que « Dans la vie économique comme dans le développement biologique, la règle suprême était la survie des plus aptes [...] l'élimination des plus pauvres est le moyen utilisé par la nature pour améliorer la race. La qualité de la famille humaine sort renforcée de la disparition des faibles et des déshérités ».

C'est contre ces perceptions que s'éleva Adam Smith dès la fin du XVIIIème siècle. L'idée selon laquelle il existe des limites aux privations tolérables est fondamentale selon la plupart des sociétés et systèmes de valeurs : « aucune société ne peut être florissante et heureuse si une écrasante majorité de ses membres vivent dans la pauvreté et la misère ... ». C'est Smith qui élabora l'idée de la pauvreté relative, arguant que tous les membres de la société devaient jouir d'un revenu suffisant leur permettant de se monter « sans honte » en public » (in PNUD, 2005, p.56).

Pour Tocqueville, la pauvreté n'existe pas en elle-même mais permet de cerner la différenciation des besoins entre sociétés, entre époques, entre groupes ou classes sociales d'une même nation. La création des richesses dans un contexte de révolution industrielle ne peut qu'accroître les besoins et, de fait, les insatisfactions et les inégalités : «  le nombre de ceux qui auront besoin de recourir à l'appui de leurs semblables pour recueillir une faible part des besoins, le nombre de ceux-là s'accroîtra, sans cesse » ( in Paugam, 1983, p. 23 et 24)2(*). Il aborde également la question de l'assistance aux pauvres et s'interroge notamment sur le sens du droit à l'assistance aux pauvres : «  Toute charité publique ne peut guère résoudre le problème de pauvreté, si ce n'est que créer une classe oisive et paresseuse, vivant aux dépens de la classe industrielle et travaillante » (in Pogam, 1983, P. 30).

Karl Marx3(*), contrairement à Tocqueville, pense que les indigents ne sont pas « un accident » de l'histoire mais forment une armée industrielle de réserve. Pour lui, dans les pays capitalistes, la classe propriétaire des moyens de production domine la classe des prolétaires. Les inégalités sont profondes et croissantes. Elles s'inscrivent dans un mouvement historique de lutte des classes, et la richesse et la pauvreté sont des aspects d'un même processus d'exploitation du travail par le capital. La solution réside dans la création d'une société sans classe et sans Etat du communisme.

Georg Simmel, quant à lui, considère qu'un individu est pauvre dès lors qu'il est assisté. « Les pauvres, en tant que catégorie sociale, ne sont pas ceux qui souffrent de manques et de privations spécifiques, mais ceux qui reçoivent assistance ou devraient la recevoir selon les normes sociales. Par conséquent, la pauvreté ne peut, dans ce sens, être définie comme un état quantitatif en elle-même, mais seulement par rapport à la réaction sociale qui résulte d'une situation spécifique » (Ibid.p.98 in Paugam, 1983 p. 42). Tout comme Marx, l'auteur pense que les pauvres ne sont pas en dehors de la société mais bien en dedans. SEN4(*) utilisera cette même vision pour donner un contenu révolutionnaire à la mesure de la pauvreté, en introduisant les notions d'inégalité, de capacité...

Pour l'auteur, « les égalités formelles doivent être soutenues parce qu'elles appellent les libertés de fond, les capacités de choisir un style de vie et de faire ce à quoi on attache de la valeur [...] les grandes inégalités dans les chances de vie limitent ces libertés de fond et vident l'idée de l'égalité devant la loi de son sens » (in PNUD 2005, p. 59). Ainsi, évaluer l'impossibilité des individus à choisir ce qui leur semble utile ou appréciable est une méthode plus efficace pour mesurer la pauvreté. 

Comme nous le constatons à travers les divergences de conceptions dans l'approche théorique de l'explication de la pauvreté, les praticiens du développement semblent partagés quant à la manière de concevoir et d'expliquer ce phénomène. Nous pouvons néanmoins synthétiser les différentes conceptions en trois groupes d'intérêts.

Tout d'abord, l'approche essentiellement économique de la pauvreté s'appuie sur les revenus, la consommation et, la qualité de vie en tant qu'indicateurs indirects pour saisir et mesurer le degré de pauvreté et de bien-être d'une personne. Le concept de bien-être économique, à cet égard, découle de la question de savoir si une personne dispose de moyens suffisants pour parvenir à un niveau indispensable de consommation ou de qualité de vie.

En suite, d'autres approches lient la pauvreté au manque de capacités individuelles, telles qu'éducation ou santé, qui empêche de jouir d'une qualité de vie indispensable.

Enfin, les approches un peu plus récentes se sont concentrées sur les facteurs sociaux, comportementaux et politiques de la qualité de vie. Si c'est alors le comportement aberrant ou l'isolement qui sont considérés, les avis divergent quant à savoir qui, des individus ou des institutions, écartent les pauvres du reste de la société ou les isolent. Si les études sur la pauvreté ont adopté certains indicateurs de définition et de mesure que l'on peut résumer en gros au bien-être économique, aux capacités et à l'exclusion sociale, il reste encore d'importants efforts à faire pour les intégrer afin de combattre cette pandémie.

Concevoir la pauvreté sous ces multiples aspects implique une réflexion profonde sur les mesures à prendre pour lutter efficacement contre ce phénomène. Les Institutions de Bretton Woods5(*) ont longtemps privilégié le rôle du marché dans la lutte contre la pauvreté. Elles ont à ce titre conditionné l'aide apportée aux pays en développement à la mise en place des programmes d'ajustements structurels (P.A.S.)6(*) pour relancer leur croissance. Mais, si la croissance est nécessaire pour lutter contre la pauvreté, elle n'est pas cependant suffisante. L'échec des P.A.S. a conduit d'une part à élaborer les stratégies qui prennent en compte les spécificités de chaque pays. D'autre part, il interpelle la communauté du développement à considérer les problèmes de redistribution, de justice sociale, de réduction des inégalités... Ainsi, l'Etat apparait donc prépondérant pour compléter le marché, même si certains libertaires nient l'existence de la justice sociale. L'économiste F.A. Hayek, défenseur du libre échange, estimait à ce propos qu'il est insensé de parler de distribution équitable ou inéquitable des moyens. Pour lui, il incombe aux marchés libres et non au facteur humain de déterminer la répartition appropriée de la richesse et des biens. Toute tentative de réduire la pauvreté via l'intervention de l'Etat apparait veine. Dans ce sens, Galbraith affirmait que « l'Etat est incompétent et inefficace, on ne saurait lui demander de se porter au secours des pauvres : il ne ferait que mettre davantage de gaspillage et aggraverait encore leur sort. » Malgré tout, il précise que la plupart des initiatives à prendre en faveur des pauvres relèvent, d'une manière ou d'une autre, de l'Etat. L'aide publique aux indigents permet de se « laver les mains du sort des pauvres ».

Malgré cette vision pessimiste du rôle de l'Etat dans la réduction de la pauvreté, beaucoup de théoriciens du développement, ainsi que les Institutions de Bretton Woods, reconnaissent actuellement le rôle moteur que l'Etat doit jouer dans la lutte contre ce phénomène. En effet, le combat touche plusieurs domaines de la société, et il apparait prépondérant d'associer en même temps l'Etat et le marché, l'un venant compléter l'autre.

L'intégration des externalités, la prise en compte des générations présente et future, le souci de lutter contre toutes les formes de pauvretés tout en respectant les systèmes vivants donnent une dimension planétaire à ce combat. La mise en place des objectifs du millénaire pour le développement nous permet de voir l'importance que la communauté internationale accorde désormais à cette lutte.

Ainsi, en septembre 2000, les dirigeants du monde réunis sous l'égide des Nations Unies ont adopté la déclaration du millénaire, engageant ainsi leurs pays à consentir des efforts plus importants au plan international en vue de réduire la pauvreté, d'améliorer la santé et de promouvoir la paix, les droits de l'homme et un environnement durable. Dans ce contexte, la société civile a également sa place pour atteindre ces objectifs. Mais, l'analyse de la situation des pauvres et des déshérités à travers le monde laisse présager un certain scepticisme quant à la réalisation du premier engagement de cette déclaration.

La pauvreté mondiale a globalement diminué depuis 1981, mais les résultats restent inégaux (Nations Unies 2004, Rapport Mondiale sur le Développement Humain)7(*). La pauvreté monétaire varie fortement entre les différentes régions du monde. Dans les pays développés, on constate « le paradoxe de la pauvreté dans l'abondance ». Mais, c'est en Afrique Subsaharienne qu'on enregistre des niveaux de pauvreté plus élevés. Cependant, l'extrême pauvreté pourrait affecter moins d'individus si la distribution des revenus évoluait en faveur des pauvres. En ce qui concerne la pauvreté humaine, l'étude montre un retard de développement pour une majorité de pays. Les niveaux les plus élevés de l'indicateur du développement humain sont localisés globalement en Amérique du Nord, en Australie et en Union Européenne, tandis que les niveaux les plus faibles sont en Afrique. Mais les résultats cachent parfois de fortes disparités tant au sein d'un même pays qu'entre pays de niveaux économiques différents. La pauvreté sociale quant à elle, apparait très difficile à mesurer ; la difficulté de trouver des données renforçant de plus en plus cet obstacle. Cependant, la réalité peut être saisie par la prise en compte de certains risques familiaux, naturels, sanitaires et politiques. Il apparait donc que beaucoup reste à faire pour mesurer et mieux lutter contre ce phénomène. Car, si certaines formes de pauvreté sont d'origine naturelle, il est clair qu'elle est la résultante des actions de l'homme. Ainsi, l'homme crée la pauvreté ; il lui appartient naturellement de la combattre.

Vu la complexité de la définition de ce que la pauvreté est réellement, une conception réductionniste de ce phénomène axée sur un aspect seulement ne nous permet pas de bien comprendre les facteurs qui sont au coeur des problèmes de pauvreté dans le monde, afin de trouver des solutions adéquates. Notre analyse intègrera donc toutes les approches de la pauvreté que nous avons évoquées. Ainsi, au lieu de parler de la pauvreté dans le monde, il est nécessaire de parler des pauvretés dans le monde. La question est de savoir comment évoluent les pauvretés dans le monde en intégrant toutes ces différentes approches. Il convient de voir les disparités de développement entre les pays et au sein des pays, afin de prendre en compte la notion de « développement durable »8(*). L'étude des données des pauvretés dans le monde nous révèle un fort taux de concentration des pauvres en Afrique Subsaharienne, et le nombre ne fait qu'augmenter. Alors que cette évolution est à la baisse dans les autres parties du monde. Il convient donc de trouver les déterminants de ce phénomène en Afrique Subsaharienne, afin de proposer une solution. Aussi, si la communauté du développement a-t-elle formalisé les indicateurs pour saisir la pauvreté monétaire et humaine, beaucoup reste encore à faire en ce qui concerne la pauvreté sociale. Conscient que la société varie d'une partie du monde à une autre, nous proposons un indicateur de pauvreté sociale pour l'Afrique Subsaharienne qui peut servir de piste de réflexion. Dans ce contexte, après avoir mis en exergue la nécessité d'une approche globale dans l'étude des pauvretés et les disparités des résultats obtenus dans la lutte contre les pauvretés dans le monde, nous nous concentrons sur le cas spécifique de l'Afrique Subsaharienne.

Dans la suite de notre analyse, nous aborderons, dans une première partie, les fondements théoriques de la mesure et indicateurs des pauvretés. Elle conduit à la nécessité d'une approche globale, c'est-à-dire intégratrice du phénomène de pauvreté. La deuxième partie sera consacrée à l'étude empirique des pauvretés dans le monde. Elle nous amènera à avoir une approche critique du phénomène.

«  Face à la pauvreté, et avant toute intervention visant à la réduire, on se pose généralement deux grandes questions. La première, de source conceptuelle, consiste à déterminer ce qu'est la pauvreté, ce qui, en termes opérationnels, peut se traduire par : à partir de quand peut-on considérer que l'on est pauvre? Ceci amène alors à distinguer diverses formes de pauvreté. La deuxième question, plus méthodologique, concerne la façon d'appréhender et de mesurer ces différentes formes. Elle se déduit naturellement de la question précédente et implique le recours à des méthodes particulières et, dans certains cas, à des instruments spécifiques », disait J.L. DUBOIT9(*). Mesurer la pauvreté sous ses différentes formes implique le développement des indicateurs pouvant nous permettre de bien appréhender ce phénomène. Cependant, un indicateur de pauvreté ne doit pas être confondu avec une mesure de pauvreté ni avec un indice de pauvreté. Les mesures et les indices vont plus loin que les indicateurs de pauvreté en donnant un sens précis au niveau critique appelé seuil de pauvreté. Ces deux concepts sont plus fréquemment utilisés lorsque l'indicateur est une variable numérique. « Soit y un indicateur de pauvreté numérique mesuré sur une unité statistique U, et soit y* le seuil de pauvreté, toute fonction de (y, y*) est alors une mesure de pauvreté, comme par exemple : y<y*, y*-y, etc. C'est un nombre prenant sa valeur au niveau de l'unité statistique. Toute fonction de l'ensemble des valeurs y pour un groupe de la population ou pour la population complète est un indice de pauvreté ». Nous devons donc bien distinguer, par exemple, un indicateur de revenu d'un ménage (indicateur de pauvreté), y, avec le fait que ce ménage soit pauvre (mesure de pauvreté) selon un seuil de pauvreté y*, ou encore avec le pourcentage des ménages pauvres dans la population (indice de pauvreté). Pour être utile à un cadre conceptuel centré sur la mesure de la pauvreté, la notion d'indicateur doit être développée autour d'une typologie des indicateurs de pauvreté, ce qui requiert l'attribution d'un ensemble de caractéristiques à chaque indicateur. Ces caractéristiques varient donc en fonction des indicateurs qui sont spécifiques à la mesure de pauvreté que nous voulons saisir.

Dans cette partie de notre travail qui analyse les fondements théoriques de la mesure et indicateurs des pauvretés, nous développerons les approches selon le bien-être économique (pauvreté monétaire), les capacités (pauvreté humaine) et l'exclusion sociale (pauvreté sociale). Nous reprenons et soutenons la thèse selon laquelle pour mieux saisir et lutter contre la pauvreté, la communauté du développement doit adopter une approche intégratrice qui prend en compte toutes ces manifestations du phénomène (U. WAGLE, 2002)10(*). En terme clair, il y a interdépendance entre ces différentes approches, d'où la nécessité de parler des pauvretés dans le monde, et non plus de la pauvreté dans le monde.

Le critère le plus utilisé par la communauté du développement pour définir et mesurer la pauvreté est le bien-être économique. A ce titre, la théorie du bien-être sert de référence à l'analyse de la pauvreté monétaire. Ainsi, dans leurs recherches sur la pauvreté, les économistes ont tenté de la définir selon divers modes quantifiables. Du fait de l'impossibilité de mesurer les utilités, la littérature sur cette question donne trois types d'indicateurs du bien-être économique : le revenu, la consommation et la qualité de vie. De surcroît, les trois indicateurs sont définis à l'aide de concepts absolus, relatifs et subjectifs. La pauvreté monétaire est, à ce titre, retracée par un revenu insuffisant, ou à défaut par une trop faible consommation. En Afrique, notamment, vu les aléas dans le revenu des individus, on préfère s'appuyer sur la consommation comme le meilleur estimateur du revenu. On peut donc dire qu'une trop faible consommation traduit un niveau de vie trop faible. En ce sens, cette approche peut-être considérée comme la plus quantitative de toutes car elle ne fait appel à aucun aspect de conditions de vie, notamment concernant la composition des dépenses du ménages (DUBOIT J.L., 1998)11(*). Depuis Rowntree (1901), la pauvreté monétaire se détermine à partir de l'élaboration d'un seuil de pauvreté au dessous duquel un individu pourra être considéré comme pauvre. Ce seuil de pauvreté peut-être absolu, en s'appuyant sur une consommation calorique donnée à partir d'une composition donnée du panier de la ménagère. Il peut être relatif en considérant une part de la consommation médiane ou moyenne ou une part de la population. Sur la base de ce seuil de pauvreté, et de la distribution de la consommation par tête, on peut alors calculer des indicateurs de pauvreté.

1/ Pauvreté absolue

Selon cette approche, est pauvre toute personne qui ne peut consommer, faute de moyens, un certain nombre de biens d'usage ordinaire ou de consommation de base (biens nécessaires), selon la Banque Mondiale. On définit un seuil monétaire en deçà duquel on est considéré comme pauvre, et l'on comptabilise le nombre de pauvres par référence à ce seuil (ligne de pauvreté). Ce seuil peut être estimé soit à partir de revenu, très variable, soit de la consommation plus stable dans le temps. Il est sensé déterminer une pauvreté absolue, en considérant le revenu nécessaire à l'achat du panier minimal de biens alimentaires indispensables à la survie quotidienne auquel on ajoute le revenu nécessaire à l'achat de biens non alimentaires indispensables (habillement, transport, hygiène...). Dans le cas de ces comparaisons internationales, la Banque Mondiale se fonde sur un seuil fixé à 1dollar américain par jour et par personne. Il est recommandé d'utiliser un seuil de pauvreté monétaire correspondant à 2 dollars par jour et par personne pour l'Amérique Latine et les Caraïbes, 4 dollars pour l'Europe de l'Est et la communauté des Etats indépendants. Pour les comparaisons entre pays industrialisés, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a adopté le seuil de pauvreté valable pour les Etats Unis d'Amérique, autour de 14,4 dollars par jour et par personne. En termes simples, il faut à une personne 1 dollar par jour pour bien vivre en Afrique, 2 dollars par jour en Amérique Latine,... Dans ce cas, le non pauvre est celui qui échappe à la misère absolue. « Cependant, si l'on veut définir ce que sont les moyens essentiels de survie, on est notamment amené à arrêter des normes arbitraires parce que la question de la survie a un lien immédiat avec la qualité de la survie. Il y a des désaccords considérables sur ce que sont les éléments essentiels de la survie ; une personne peut par exemple avoir besoin de moyens de survie économiques, sociaux, psychologiques et politiques, et nombre de ces moyens ne sont pas quantifiables, à plus forte raison en termes pécuniaires », affirmait WAGLE U12(*). Aussi, convaincue que les besoins de revenu, de consommation et les besoins de bien-être d'une personne sont-ils fonction de ceux des autres membres de la société et que l'indicateur de la richesse d'une personne est fonction de la richesse du reste de la société, la communauté du développement a également défini des seuils de pauvreté à l'aide d'indicateurs relatifs.

2/ La pauvreté relative et subjective

Il y a bien longtemps que les économistes ont remarqué que lorsque ton voisin s'achète une grosse voiture, notre niveau de vie relatif baisse. La pauvreté est donc également un phénomène relatif. A ce niveau, le seuil est déterminé d'une manière relative en considérant, sur la distribution des revenus ou de la consommation, un pourcentage de population : soit les 20% de la population les moins riches, ou ceux qui ont un revenu inférieur à la moitié du revenu médian. On obtient alors une estimation de la pauvreté relative. Mais, cet indicateur utilisé par la Banque Mondiale mériterait mieux d'être appelé : indicateur d'inégalité de répartition.

Car, dans un pays donné, à chaque fois que le revenu médian s'élève, le nombre de pauvres peut augmenter mécaniquement si l'enrichissement profite moins aux ménages modestes qu'aux plus aisés. C'est ainsi que les périodes de forte croissance économique et de recule de chômage peuvent s'accompagner d'une montée de la pauvreté relative (les riches s'enrichissant plus que les autres) ; inversement en période de récession et de reculs boursiers, les nantis sont les plus affectés par la baisse des revenus. Si l'on double d'un coup de baguette magique tous les revenus, cela ne diminue en rien le nombre de pauvres. Selon le seuil de revenu retenu, le nombre de pauvres change ; en augmentant avec l'augmentation de ce dernier. En outre, dans les sociétés plus égalitaires, davantage d'individus sont regroupés autour de la médiane des revenus. On peut donc avoir les pays où la pauvreté monétaire relative est quasiment inexistante en raison d'une pauvreté absolue partagée par beaucoup.

Ainsi, de l'analyse de la pauvreté monétaire relative se déduit l'étude des inégalités monétaires. «  De même qu'on peut opposer pauvreté monétaire et pauvreté des conditions ou des potentialités, on peut opposer inégalité en termes monétaires - concernant la distribution du revenu ou de la consommation - à l'inégalité des conditions de vie, qui tient compte des différences qualitatives et à l'inégalité des chances qui considère l'accès à nombre de biens et services fondamentaux », disait DUBOIS J.L13(*). L'inégalité monétaire est retracée par trois courbes reliées les unes aux autres : la courbe de distribution de la consommation par tête qui donne le nombre de personnes par niveau de revenu, la courbe de répartition qui donne le pourcentage de population au dessous d'un certain seuil de revenu, et la courbe de Lorenz qui donne le pourcentage de population détenant un pourcentage de richesse.

Il existe une panoplie d'indicateurs pour mesurer l'inégalité monétaire : coefficient de Gini, d'Atkinson, indicateurs de Theil  et variance logarithmique. Dans la pratique, l'indicateur le plus fréquemment utilisé est le coefficient de Gini et, dans une moindre mesure, l'indicateur de Theil. Le coefficient de Gini traduit l'écart entre une distribution hypothétique uniforme des revenus et la distribution effectivement ajustée sur les données recueillies. Allant de 0, pour l'égalité absolue, lorsque chaque individu ou ménage reçoit une part identique du revenu, à 100, lorsqu'une seule personne ou un seul ménage reçoit la totalité du revenu, il présente plusieurs inconvénients. A l'inverse, l'indicateur de Theil permet de décomposer l'inégalité totale entre inégalités interclasses et inégalités intra-classes et donc être utilisé pour comparer différentes catégories sociales.

S'agissant de la pauvreté subjective, elle désigne toute personne qui estime que son revenu donne un niveau de satisfaction inférieur au minimum qu'il juge nécessaire pour vivre, selon la Banque Mondiale. On fait des enquêtes. L'approche subjective consiste donc, non pas à se référer à un seuil minimal de ressources défini conventionnellement ou à des conditions objectives d'existence, mais à interroger directement les ménages sur la perception qu'ils ont de ces réalités, à partir de questions sur leur revenu, le revenu minimum nécessaire selon eux "pour joindre les deux bouts" et/ou leur degré "d'aisance financière". Différentes méthodes permettent ensuite, sur la base de ces réponses, d'établir un seuil de pauvreté subjectif : les ménages dont le revenu est inférieur à ce seuil seront alors considérés comme pauvres (insécurité d'existence objective). Un autre indicateur (insécurité d'existence subjective) consiste à dénombrer les ménages qui déclarent éprouver les difficultés financières à boucler leur budget. « Les réponses à ce type de questions ne sont pas dénuées d'ambigüité. D'abord parce que, dans leurs réponses sur le revenu minimal nécessaire, la référence retenue par les ménages n'est pas nécessairement la même et peut traduire une aspiration plus qu'une nécessité. Ensuite, parce que la perception que les ménages ont de ces réalités peut être influencée par le besoin psychologique de minimiser les écarts entre les aspirations et la réalité », s'inquiétait VEREZ J.C14(*). Les ménages les plus démunis, qui "doivent faire avec" peu de ressources, peuvent avoir ainsi tendance à minimiser les difficultés objectives qu'ils rencontrent dans leur vie quotidienne, ce qui risque de biaiser les résultats. La mesure subjective de la pauvreté monétaire s'effectue donc par l'introduction de questions relatives au sentiment pour le ménage d'être à l'aise, de pouvoir mettre de l'argent de côté, à la comparaison entre le revenu reçu et le montant déclaré comme minimal pour vivre décemment, qui permettent de construire des lignes de pauvreté subjectives. Ces méthodes peuvent cependant donner une image de la pauvreté plus importante que celle déterminée par les mesures objectives d'une part parce que les effets subjectifs du phénomène d'appauvrissement sont retracés par les questions, d'autre part parce que la croissance économique créant de nouveaux besoins, ceci maintient l'insatisfaction du consommateur.

Si les économistes n'ignorent pas que de nombreux autres facteurs jouent sur les revenus, la consommation et la qualité de vie des personnes, ils tendent à croire que tous les problèmes de pauvreté peuvent se réduire à des questions de bien-être, ou plus précisément de revenus. Cette approche de la pauvreté en termes de bien-être donne évidemment à penser que l'on peut remédier efficacement aux problèmes de pauvreté en augmentant les revenus ou les possibilités de consommation des pauvres. Les débats ne cessent cependant pas sur la façon d'y parvenir : faut-il accélérer la croissance économique et augmenter les perspectives d'emploi (Banque Mondiale, 2001)15(*) ou améliorer la structure de la répartition des revenus pour aboutir à plus d'égalité (Townsend, 1999) ? Si, avec la conception fondée sur le bien-être économique, le débat est essentiellement axé sur les questions de revenu et de consommation, des études portant sur l'ensemble du monde en développement donnent à penser que la croissance économique avec ou sans développement de l'emploi n'entraîne pas nécessairement des améliorations du bien-être des pauvres (Friedman, 1996 ; Gaiha et Kulharni, 1998). De même, ces études et d'autres comme celles du PNUD (2000)16(*) ont indiqué que la notion de bien-être humain allait au-delà du bien-être économique. Au départ, il y a l'idée que le bien-être humain est fonction de la qualité de vie, elle-même résultante de toutes sortes de facteurs tels que consommation, capacité et engagement social.

1/ Approche selon les capacités

La pauvreté humaine a fait l'objet d'études et de comparaisons internationales à la suite des travaux de SEN et de l'élaboration de l'indicateur de développement humain (IDH) par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). L'IDH qui chiffre le niveau moyen de développement atteint dans un pays est construit à partir de la combinaison de l'espérance de vie à la naissance, le niveau de l'éducation qui prend en compte le taux d'analphabétisme des adultes et le taux de scolarisation qui intègre en son sein le primaire, le secondaire et le supérieur, enfin le Produit Intérieur Brut (PIB) par tête exprimé en parité du pouvoir d'achat (PPA). C'est donc une moyenne arithmétique de la somme de ces trois indicateurs. La valeur de l'IDH est comprise entre 0 et 1. Aucun pays n'a la valeur 0 et aucun n'a la valeur 1. La distance entre la valeur obtenue pour un pays et 1 montre le chemin que ce dernier a déjà parcouru et la distance qui lui reste à parcourir pour atteindre le maximum théorique 1. Ainsi, on distingue des pays disposant d'un indicateur de développement élevé, ceux ayant un IDH moyen, ceux enfin d'un faible développement.

L'IDH se calcule comme moyenne des indices de longévité, niveau d'éducation et niveau de vie. Ces indices sont calculés à partir d'une donnée chiffrée par interpolation linéaire entre deux valeurs extrémales possibles et/ou admissibles de cette donnée ; la valeur maximale correspond à un indice de 1 (excellent) et la valeur minimale, de 0 (exécrable).

L'IDH vaut :

17(*)

A, D et E sont respectivement les indices de longévité, niveau d'éducation et niveau de vie.

Les formules des indices qui composent l'IDH peuvent être présentées sous la forme d'un tableau (selon le PNUD) :

Tableau n°1 : indices composites de l'IDH

Calcul des indices composant l'indice de développement humain.

Indice

Mesure

Valeur minimale

Valeur maximale

Formule

Longévité

Espérance de vie à la naissance (EV)

25 ans

85 ans

 

Education

Taux d'alphabétisation (TA)

0%

100%

 

Taux brut de scolarisation (TBS)

0%

100%

Niveau de vie

Logarithme du PIB par habitant
en parité de pouvoir d'achat

100 USD

40 000 USD

 

Source : www.wikipedia.org 18(*)

Les indicateurs de la pauvreté humaine peuvent aussi se calculer selon les sexes pour mettre en évidence les inégalités entre les hommes et les femmes.

En 1995, le PNUD a introduit l'indicateur sexo-spécifique du développement humain (ISDH) et l'indicateur de participation de la femme (IPF) qui sont aussi des instruments composites permettant de mesurer les inégalités entre homme et femme en termes de développement. La constitution de l'ISDH nécessite de calculer la variable de revenu pour les populations féminine et masculine. On utilise donc le PIB par habitant (en PPA) pour chacun des deux sexes. L'ISDH est composé des mêmes variables que l'IDH. Il s'en distingue toutefois car il corrige les niveaux moyens obtenus par chaque pays en termes d'espérance de vie, de niveau d'instruction et de revenu, de façon à refléter les disparités sociologiques entre hommes et femmes dans ces trois domaines. Hormis l'ISDH, le PNUD a aussi développé l'IPF pour mettre en exergue les disparités de développement entre les différents sexes.

L'IPF mesure les inégalités entre les hommes et les femmes sur le plan des opportunités économiques et politiques. Il intègre le pourcentage des parlementaires hommes et femmes, le pourcentage des postes d'encadrement supérieur et des postes techniques occupés par les hommes et les femmes. Enfin, il intègre le revenu par habitant perçu par les hommes et les femmes corrigés par les PPA.

Les indicateurs que nous venons de voir souffrent d'une grande limite. Ils ne prennent pas en compte l'importance de la pauvreté humaine et résiduelle. C'est pourquoi en 1997, le PNUD a développé l'indicateur de la pauvreté humaine ( IPH) basé sur une approche par manque. Il vise spécifiquement à exprimer la condition des pauvres et des déshérités dans les communautés des divers pays. L'IPH se concentre sur trois aspects essentiels de la vie humaine : la longévité, l'instruction et les conditions de vie en les envisageant sous l'angle des manques. La longévité (P1) mesure la probabilité de décéder à un âge relativement précoce. L'instruction (P2) est un critère à partir duquel on se trouve exclu du monde de la lecture et de la communication. Enfin (P3) concerne l'absence d'accès à des conditions de vie décentes et s'attache en particulier à ce que procure l'économie dans son ensemble. Pour les pays en développement, l'IPH intègre dans son calcul le pourcentage d'individus dont l'espérance de vie ne dépasse pas 40 ans, ensuite le taux d'analphabétisme des adultes, le pourcentage de la population privée d'accès à l'eau potable, et enfin le pourcentage des enfants de moins de 5 ans souffrant d'insuffisance pondérale. S'agissant des pays industrialisés, l'IPH intègre dans son calcul le pourcentage d'individus dont l'espérance de vie ne dépasse pas 60 ans, le taux d'illettrisme des adultes et le pourcentage de la population vivant en deçà du seuil de pauvreté monétaire, et enfin le taux de chômage de longue durée (au moins 1 an).

L'IPH-1(pour les pays en développement) est calculé à partir de la moyenne cubique de trois indicateurs exprimés en pourcentages P1, P2 et P3 :

§ P1 est le pourcentage de décès avant 40 ans.

§ P2 est le pourcentage d'analphabétisme des adultes.

§ P3 représente le manque de conditions de vies décentes, il est lui-même la moyenne arithmétique de trois sous-indices P31, P32 et P33 :

§ P31 est le pourcentage de personne privées d'accès à l'eau potable ;

§ P32 est le pourcentage de personne privées d'accès aux services de santé ;

§ P33 est le pourcentage d'enfants de moins de cinq ans souffrant d'insuffisance pondérale (modérée ou aiguë).

§ On calcule alors :

Et

19(*)

L'IPH-2 (pour les pays développés) est calculé à partir de la moyenne cubique de quatre indicateurs exprimés en pourcentages, P1, P2, P3 et P4.

§ P1 est le pourcentage de décès avant 60 ans.

§ P2 est le pourcentage d'illettrisme.

§ P3 représente le manque de conditions de vie décentes, estimé par le pourcentage de personnes vivant en dessous de la demi-médiane de revenu disponible des ménages :

si M est niveau de revenus tel qu'une moitié de la population a un revenu supérieur à M et l'autre moitié un revenu inférieur à M, alors P3 est le pourcentage de personnes ayant un revenu inférieur à M/2.

§ P4 est le pourcentage de personnes en chômage de longue durée, c'est-à-dire membre de la population active et sans emploi depuis au moins 12 mois.

On calcule alors :

20(*)

2/ Approche selon l'exclusion sociale

Le dernier critère de définition et de la mesure de pauvreté utilisé par la communauté du développement est l'exclusion sociale. Certaines personnes peuvent être pauvres bien qu'elles aient un revenu suffisant ou des moyens de survie suffisants, c'est-à-dire une consommation adéquate en matière notamment d'alimentation, de logement et de vêtements. De même, « des personnes peuvent être pauvres même si elles sont, de manière générale, capables de fonctionner dans une certaine mesure. Tel qui jouit d'un revenu et d'une capacité suffisants pour assurer un certain fonctionnement peut néanmoins rester pauvre si, par exemple, il est exclu des activités économiques, civiques et culturelles dominantes inscrites dans la notion même de bien-être humain », affirmait Vérez J.C21(*). Le concept d'exclusion sociale dépasse donc les explications du bien-être fondé sur l'économie et la capacité. La solitude et l'isolement frappent de plus en plus d'hommes et de femmes dans le monde, sans que ce soit leur choix. Au sein des pays pauvres, diverses catastrophes, de nature différente, peuvent engendrer de l'isolement et, de fait, de la pauvreté sociale soit des conditions de vie dans lesquelles les relations familiales, professionnelles, sociales sont réduits au minimum. Quand ce n'est le sentiment de l'abandon qui prédomine. Les épidémies tel que le sida sont nombreuses et touchent un nombre croissant d'individus. Certaines familles sont décimées et les rescapés se retrouvent seuls. Nous pouvons y associer les victimes des problèmes politiques tels que les conflits armés, les attentats, les luttes ethniques etc. Se retrouver sans famille, sans emploi, sans toit ..., handicapé d'un point de vue physique et /ou psychologique, peut conduire au-delà de l'isolement, à l'exclusion voire à la marginalité. Cependant, la notion de pauvreté sociale parait imprécise, d'autant que la quantifier est délicats car les risques sont multiples et recouvrent des situations très variées. Mais, un indicateur de pauvreté sociale dans les pays développés pourrait se concentrer dans un premier temps sur les risques familiaux et sur les aspects essentiels des risques de solitude subie : le divorce, le veuvage, le célibat et les familles monoparentales (Vérez J-C, 2007)22(*).

Depuis longtemps, et en particulier depuis David Hume et Adam Smith, le concept de pauvreté est associé à la notion de dénuement matériel, auquel on a parfois tenté de remédier par d'autres politiques sociales visant à satisfaire les besoins fondamentaux. Les efforts pour définir et mesurer la pauvreté en termes de bien-être économique reposent sur des notions de dénuement matériel et ont été vigoureusement critiqués pour insister de façon exagérée sur les explications centrées sur les biens matériels. Nombre de spécialistes ont contesté la conception absolue que la Banque mondiale se fait de la mesure de pauvreté. Les conceptions relative et subjective sont, elles aussi, sévèrement critiquées pour leurs tendances à sous-estimer le noyau absolu irréductible nécessaire pour assurer une existence minimale (Sen, 1987, 1992,1999). Les êtres humains ne veulent pas seulement survivre comme le suggèrent les concepts de « minimum vital » ou de minimum calorique. Ils veulent une vie qualitativement meilleure et digne. Le concept de pauvreté fondé sur la capacité considère plutôt les dimensions individuelles de la pauvreté : l'éducation, la santé, la nutrition, les relations entre les sexes et le statut ethnique... Cependant, si elle a fortement contribué à l'élaboration d'explications plus réalistes de la pauvreté, la notion de capacité n'a pas reconnu la valeur des processus sociaux, politiques et psychologiques qui poussent certaines personnes vers la pauvreté. D'où l'idée que tout débat sur la pauvreté est incomplet s'il écarte les aspects d'exclusion économique, politique, civique ou culturelle. Par ailleurs, cet ensemble riche d'idées sur les trois problèmes qui maintiennent certaines couches de la population dans la pauvreté nous conduit à la nécessité d'intégrer toutes ces approches dans une démarche de lutte contre la pauvreté (U. WAGLE, 2002)23(*). Ainsi, il apparait désormais justifié de parler des pauvretés dans le monde, plutôt que de la pauvreté dans le monde.

1/ Analyse de la pauvreté monétaire dans le monde

Pour étudier comment évolue la pauvreté monétaire dans le monde, nous allons utiliser le rapport 2004 de la Banque Mondiale24(*).

Ainsi, la proportion de la population vivant dans la pauvreté absolue (avec moins de 1 dollar par jour) dans les pays en développement a été réduite pratiquement de moitié entre 1981 et 2001, passant de 40 à 21% de la population mondiale (Banque Mondiale, 2004). Toutefois, si la rapidité de la croissance économique en Asie du Sud et de l'Est a permis de tirer de la pauvreté plus de 500 millions de personnes dans ces deux régions, la proportion de pauvres a augmenté, ou du moins n'a décliné que légèrement, dans de nombreux pays d'Afrique, d'Amérique latine, d'Europe orientale et d'Asie centrale.

Au regard de l'inégalité des résultats obtenus, il est à craindre que les huit objectifs de développement pour le Millénaire (OMD), approuvés par 189 nations en 2000, dont le premier vise à réduire de moitié, d'ici 2015, le taux de pauvreté enregistré en 1990, soient hors d'atteinte de certains pays. «  La croissance économique en Chine et en Inde a entraîné une réduction spectaculaire du nombre de pauvres » déclarait François Bourgnon, économiste en chef de la Banque mondiale. «  Mais d'autres régions n'ont pas connu une expansion soutenue et trop souvent, le nombre de pauvres a en fait augmenté. Il est vraisemblable que le premier des objectifs de développement pour le Millénaire qui vise à réduire la pauvreté de moitié dans le monde d'ici 2015 sera réalisé, mais pour que tous les OMD soient atteints dans tous les pays, il faudra consentir une aide beaucoup plus considérable, libéraliser davantage les échanges et généraliser les mesures de réformes. »25(*)

Le rapport statistique de la Banque Mondiale (Indicateurs du développement dans le monde, 2004) fait apparaitre une diminution du nombre absolu de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour dans l'ensemble des pays en développement, ceux-ci passant de 1,5 milliard en 1981, à 1,1 milliard en 2001, les progrès les plus substantiels étant réalisés au cours de la décennie 1980. Entre 1990 et 2001, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue a baissé d'environ 120 millions, passant de 1,2 milliard à 1,1 milliard de personnes, soit un certain ralentissement de cette tendance à l'échelle mondiale, alors que la proportion de personnes pauvres tombait de 28 à 21% du total de la population.

En Asie de l'Est, la proportion de la population vivant dans la pauvreté absolue est tombée de 58 à 16%, plus de 400 millions de personnes ayant été tirées de la pauvreté absolue depuis 1981.

Des progrès spectaculaires dans la lutte contre la pauvreté absolue ont été enregistrés en Chine, le nombre de personnes vivant dans un état de pauvreté absolue passant de 600 à un peu plus de 200 millions de personnes, soit une diminution de 64 à 17%. La moitié environ des progrès se sont produits durant la première moitié des années 1980.

En Asie du Sud, au cours de la décennie 1990, la proportion des personnes vivant dans une pauvreté absolue passe de 41% en 1990 à 31%. Toutefois, le nombre absolu de personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour n'est tombé que de 34 millions depuis 1990, pour atteindre 428 millions en 2001.

A l'inverse des résultats obtenus en Asie de l'Est et du Sud, la pauvreté a augmenté en Afrique subsaharienne. Depuis 1981, le nombre des personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour a pratiquement doublé passant de 164 à 314 millions, soit une augmentation de 42 à 47% de la population de cette région.

De même en Europe orientale et en Asie centrale, les taux de pauvreté absolue pratiquement nuls dans les années 1980 passent à 6% en 1999, même si l'on assiste depuis peu à un déclin du taux de pauvreté. Le nombre de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour en Europe orientale et en Asie centrale est passé de huit millions (2%) en 1981 à plus de 100 millions (24%) en 1999, pour retomber à un peu plus de 90 millions (20%) en 2001.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, la pauvreté n'a été réduite que de façon marginale. En 2001, la proportion de pauvres vivant dans la région, englobant aussi bien ceux vivant avec moins de un dollar par jour que ceux vivant avec deux dollars par jour, (10% et 25% respectivement) était sensiblement la même que celle enregistrées en 1981, soit 10% et 27%.

Au Moyen Orient et en Afrique de Nord, la pauvreté absolue a été réduite environ de moitié depuis 1981, passant de 5 à 2% en 2001, tandis que la proportion de la population vivant avec moins de 2 dollars par jour est passée de 29% en 1981 à 23% en 2001. L'évolution de la pauvreté monétaire dans le monde est présentée dans les tableaux et graphique ci-dessous, par la Banque Mondiale :

Tableau n°2 :

Source : Banque Mondiale, Rapport 200426(*)

Tableau n°3 :

Source : Banque Mondiale, Rapport 2004

Tableau n°4 :

Tableau n°5 :

Source : Banque Mondiale, Rapport 2004

Graphique n°1 :

Source : Banque Mondiale, Rapport 200427(*)

Ces statistiques révèlent l'inégalité des résultats obtenus dans la lutte contre la pauvreté. Si certaines régions semblent s'en sortir, d'autres par contre éprouvent de sérieuses difficultés. C'est ce qui nous amène à étudier les écarts de revenu dans le monde et leur impact sur la pauvreté.

Le débat relatif à la répartition et à l'évolution du revenu mondial reste animé, notamment à propos du rapport entre cette évolution et la pauvreté. L'intégration des économies aux marchés mondiaux entraîne-t-elle une convergence ou une divergence des revenus entre les pays riches et les pays pauvres ? Pour répondre à cette problématique, regardons la variation du taux de croissance du PIB par habitant (%), de 1975 à 1999.

Graphique n°2 :

Source : calculs du bureau du Rapport mondial sur le développement humain, d'après la Banque Mondiale, 200128(*)

Nous remarquons que le taux de croissance du PIB a été élevé en Asie de l'Est et Pacifique (6%), moyen en Asie du Sud et OCDE (2%), un peu moins en Amérique Latine et Caraïbes et les Pays arabes. En Afrique Subsaharienne, il est de -1%. Cette évolution cadre parfaitement avec celle de la pauvreté monétaire des tableaux précédant. Les régions, comme l'Afrique Subsaharienne, qui ont un nombre important de pauvres enregistrent un faible taux de croissance. Ainsi, les inégalités de croissance entre les pays peuvent être considérées comme l'une des causes de disparités des résultats obtenus dans la lutte contre la pauvreté dans le monde. Pour approfondir l'analyse de l'impact des inégalités de revenu dans la lutte contre la pauvreté, examinons le graphique ci-dessous :

Graphique n°3 :

29(*)

Nous remarquons que les pays en développement qui ont un revenu proche de celui de l'OCDE ont réussi à réduire sensiblement le nombre de pauvres (en se référant aux tableaux qui ont les évolutions de la pauvreté monétaire dans le monde de 1981 à 2001). L'Afrique Subsaharienne et les pays les moins avancés sont très loin de l'OCDE et ont également un grand nombre de pauvres. Ainsi, l'écart de revenu se creuse entre les régions. Ce qui est illustré dans la figure ci-dessous :

Graphique n°4 :

30(*)

Entre 1960 et 1998, le revenu a fortement augmenté dans les pays de l'OCDE. Il a également eu une augmentation considérable en Amérique latine et Caraïbes et en Asie de l'Est et Pacifique. L'Asie du Sud, l'Afrique Subsaharienne et les Pays les moins avancés sont à la traine. Ainsi, l'écart de revenu se creuse entre les régions. Ce qui entraine des inégalités dans la lutte contre la pauvreté dans le monde, les pays à revenu élevé s'en sortant mieux que ceux à revenu faible. Voyons maintenant ce qui se passe au sein des pays, s'agissant des inégalités de revenu. Nous nous inspirons de la figure ci-dessous :

Graphique n°5 :

Source : calculs du bureau du Rapport mondial sur le développement humain, d'après la Banque Mondiale, 200131(*)

L'indicateur retenu est le coefficient de concentration de Gini. On mesure la concentration d'une distribution en la comparant à une distribution (de revenu) où la masse totale (des revenus) serait également répartie entre les individus. Dans une répartition totalement égalitaire, 10% des individus sont titulaires de 10% de la masse totale des revenus. Le coefficient de Gini a le mérite d'éviter l'ambiguïté de la référence à la moyenne. Il est généralement compris entre 0 et 1. Sur le graphique, il est compris entre 0 et 100.

Bien qu'il n y ait pas de valeurs de seuil clairement établies, les pays dont le coefficient est supérieur à 50 sont considérés comme faisant partie de la catégorie d'inégalité de revenus élevée. En termes généraux, plus le coefficient de Gini est élevé, plus la part de revenu national correspondant aux catégories les plus pauvres de la société est faible. Il est aisé de constater que l'inégalité dans le revenu varie fortement entre les régions.

En Amérique latine et Caraïbes, les inégalités sont trop élevées au Nicaragua, Brésil, un peu de 50% au Mexique et moins de 40% en Jamaïque. En Afrique Subsaharienne, elles sont élevées au Nigéria et un peu moins au Burundi. Les autres régions ont des pays à inégalités de répartition, mais elles ne sont pas trop prépondérantes. Nous remarquons donc que les inégalités existent entre les pays et au sein des pays.

L'étude des inégalités dans le monde montre la nécessité, pour la communauté du développement, de promouvoir le « développement durable »32(*). C'est un genre de développement qui prône l'équité entre les générations et au sein des générations. Le progrès doit favoriser le rattrapage des revenus entre les habitants des différentes régions du monde, dans le souci de vaincre la pauvreté.

2/ Analyse de la pauvreté humaine et sociale

a/ La pauvreté humaine

Pour analyser la pauvreté humaine dans le monde, nous allons utiliser les rapports de la banque mondiale et du PNUD sur le développement humain dans le monde. La première étude concernera l'IDH, ensuite l'ISDH et enfin l'IPH.

S'agissant tout d'abord de l'IDH, nous utilisons la carte ci-après qui nous donne les écarts d'IDH dans le monde.

Carte n°1 : IDH dans le monde en 2003 :

Ainsi, nous remarquons que les écarts d'IDH sont considérables selon les pays et les continents. Les niveaux les plus élevés sont localisés en Amérique du Nord, en Australie et en Union Européenne. Les niveaux les plus faibles se trouvent dans les pays en développement, particulièrement en Afrique Subsaharienne. «  Ce qui nous paraît essentiel, c'est à la fois la hiérarchie des niveaux de développement dont la compréhension ne peut ignorer l'histoire de l'humanité et la distance entre ces niveaux qui montre le chemin qui reste à parcourir pour les pays les plus pauvres. S'il faut se réjouir de l'évolution positive des IDH depuis 30 ans (sauf en Afrique Subsaharienne, infra), il reste que les indices compris entre 0,3 et 0,8 attestent des progrès considérables qu'il reste à accomplir et des efforts à fournir », affirmait Vérez J.-C33(*).

En somme, cette carte montre les disparités qui existent entre les pays en termes d'IDH. Le monde n'est donc pas un ensemble homogène, d'où la nécessité, pour la communauté du développement, de favoriser les progrès dans les pays pauvres afin de permettre le rattrapage.

S'agissant ensuite de l'ISDH, les inégalités entre hommes et femmes en matière de capacités sont souvent énormes dans les différentes régions du monde. La figure ci-dessous montre l'évolution des inégalités entre les populations masculine et féminine (entre 1997 et 2000) en ce qui concerne certains aspects du développement humain.

Graphique n°6 :

Nous remarquons que le taux d'alphabétisation des adultes et le taux brut de scolarisation dans le secondaire ont beaucoup plus augmenté dans la population masculine que dans celle féminine entre 1997 et 2000. Le taux de mortalité à la naissance est également élevé dans la population féminine que dans celle masculine. Ce qui prouve qu'il y a une augmentation des inégalités entre les hommes et les femmes en matière de développement humain dans le monde.

S'agissant enfin de l'IPH, nous utilisons le classement de 2000 du PNUD (tableau se trouve dans les annexes)34(*). En ce qui concerne les pays développés (IPH-2), la Suède est en tête, suivis de la Norvège. Les Etats Unis d'Amérique et l'Irlande occupent la dernière place. Ils régressent, en comparant avec le classement de l'IDH. Cela signifie que ces pays ont encore beaucoup d'efforts à faire pour lutter contre la pauvreté humaine.

Le classement selon l'IPH-1 révèle que l'Uruguay et le Costa Rica occupent les deux premières places. L'Ethiopie et le Niger sont au bas du tableau. Ces pays ont encore d'énormes efforts à fournir pour lutter contre la pauvreté humaine.

b/ La pauvreté sociale

Dans les pays riches et dans ceux en développement, certaines personnes peuvent avoir un revenu élevé et les capacités, tout en étant pauvres socialement. La pauvreté sociale fait référence à l'isolement et/ou la solitude. Elle peut avoir différentes formes, selon qu'on soit dans les pays riches ou dans ceux pauvres. « La solitude et l'isolement frappent de plus en plus d'hommes et de femmes dans le monde, sans que ce ne soit leur choix », affirmait Vérez J.-C35(*). Comme cette notion parait encore un peu vague pour la communauté du développement, la Banque Mondiale se base sur les victimes de certains risques pour saisir le phénomène. Nous pouvons prendre les exemples des victimes du Sida, des attentats, des catastrophes naturelles, des guerres...

La carte ci-dessous montre les catastrophes naturelles par grande région dans le monde de 1970 à 2001.

Carte n°2 : catastrophes naturelles dans le monde de 1970 à 2001

36(*)

Nous voyons donc que le monde a été secoué par plusieurs catastrophes naturelles qui ont fait plusieurs victimes. La presse nous parle actuellement du tremblement de terre en Chine et la catastrophe de la Birmanie. Ainsi, la nature est l'une des causes de pauvreté sociale dans le monde. A côté des victimes des catastrophes naturelles, nous pouvons également voir ceux des conflits armés.

La figure qui va suivre montre les principaux conflits dans le monde dans les années 1990.

Carte n°3 : conflits dans le monde dans les années 1990

Source : www.monde-diplomatique.fr37(*)

Les conflits ont été beaucoup présents dans le monde en développement, causant beaucoup de victimes. Le nombre de refugiés, de mutilés, est important. Tout ce qui concourt à l'isolement et/ou à la solitude. Beaucoup d'autres causes peuvent favoriser la pauvreté sociale. Par ailleurs, parce que la structure sociale varie fortement et que la notion de pauvreté sociale est encore nouvelle, la communauté du développement n'a pas encore défini un indicateur fiable pour saisir cette forme de pauvreté. Nous allons, dans la suite de notre travail, proposer un indicateur de pauvreté et d'exclusion sociale pour l'Afrique Subsaharienne.

En effet, l'organisation sociale et culturelle de l'Afrique a des spécificités qui font naître, dans cette partie du monde, des formes et des causes de pauvreté sociale particulières qui ne se retrouvent pas dans d'autre société. Nous pouvons prendre l'exemple de la structure familiale. Dans la plupart des sociétés occidentales, la famille c'est le père, la mère et les enfants. Les autres membres appartiennent à la famille plus ou moins élargie. Par contre en Afrique, la famille regroupe bien sûr le père, la mère et les enfants, mais aussi les frères et soeurs de ton père, leurs enfants et petits enfants.

En Occident, le frère du père est un oncle, alors qu'en Afrique, il est considéré comme un père lui aussi en lui accordant le même respect et la même considération que le père biologique. Cet exemple nous permet d'affirmer que la structure sociale est différente selon qu'on soit en Afrique ou en Europe. Ce qui nous permet d'en déduire qu'un indicateur social doit être spécifique à chaque société.

L'indicateur que nous proposons est bien sûr limité, mais il nous permet d'avoir une approche de la pauvreté sociale plus spécifique au continent africain. Il nous permet de voir les liens qui peuvent exister entre la société africaine, la nature, l'économie, le politique, dans les causes de l'isolement et/ou la solitude. Nous l'appelons l'Indicateur de Pauvreté Sociale d'Afrique au Sud du Sahara (IPSASS).

Il est important de préciser que notre proposition n'est qu'une piste de réflexion. Les données ne sont pas encore disponibles. Nous ne pouvons donc pas calculer l'IPSASS. C'est donc un indicateur limité. Aussi, nous nous baserons sur certains travaux existants que nous citerons à chaque étape.

L'IPSASS est composé de trois indicateurs : l'indicateur économique et de redistribution (IER), l'indicateur du progrès démocratique (IPD), enfin l'indicateur de santé et les catastrophes naturelles (ISCN).

S'agissant d'abord de l'IER, beaucoup de personnes en Afrique Subsaharienne vivent l'isolement et/ou la solitude inhérentes aux difficultés économiques et aux inégalités de redistribution des richesses issues, pour la plupart, de l'exploitation des ressources naturelles. Beaucoup de liens peuvent être établis entre la situation économie d'un individu, l'isolement, et la solitude. Le chômage, par exemple, peut être considéré comme l'une des causes économiques. Combien de personnes se sont vues exclues de leur groupe d'amis et de relations professionnelles parce qu'elles n'appartiennent plus à la même classe sociale, une fois licenciées ? La pauvreté monétaire, les difficultés économiques poussent des familles entières à « tenter l'aventure »38(*) dans les autres pays africains où la situation semble meilleure, mais aussi et surtout en occident. Ces personnes laissent derrière elles un vide irremplaçable. Des gens d'un âge avancé se retrouvent seuls, dans des pays où il n'y a pas de structures d'accueil pour des personnes âgées. Leurs fils ou leurs proches parents sont partis demander ce que nous appelons l'exil économique. Ces personnes qui décident de « tenter l'aventure » courent le plus souvent des risques mortels ! Qui n'a pas été horrifié par des images de clandestins africains qui prennent des bateaux de fortune pour aller chercher la survie économique en Europe ? Des images de noyades, des morts assassinés par les passeurs, des violes...qui défilent les écrans de télévision ? Ceux qui ont la chance d'arriver sur le sol européen courent également des risques énormes tels : « l'exploitation de l'homme par l'homme »39(*), la brutalité policière...Par ailleurs, l'actualité nous apprend que les travailleurs immigrés sont chassés en Afrique du Sud. Certains, plus malchanceux, sont assassinés ! Ainsi, nous pouvons soutenir que le facteur économique est une cause de pauvreté sociale en Afrique, cette pauvreté sociale qui est traduite par la solitude et l'isolement qui sont d'un genre particulier.

S'agissant de la redistribution, les pays africains sont pour la plupart producteurs de matières premières. Une spécialisation qui trouve ses origines dans la colonisation. Les revenus sont le plus souvent mal redistribués.

En effet, dans la plupart de ces pays, on y trouve un déficit démocratique qui entraine la mauvaise gouvernance. Pour adopter l'économie de production, le système économique africain a subi d'énormes mutations. Même la conception et les formes de richesses avaient changé. Dans les sociétés traditionnelles, les plus riches étaient des personnes possédant une grande famille ; donc beaucoup de forces pour travailler le sol et faire l'élevage. Par contre dans la société moderne, le riche est différent. Nous pouvons donc dire qu'au départ, c'est-à-dire au début de la mutation économique, tous les africains étaient égaux. Ils suffisait tout simplement de mettre en place un système de redistribution des revenus issus des ressources naturelles qui fasse en sorte que tous puissent accéder à l'éducation, à la santé, au logement...Afin de donner à chacun des moyens de base nécessaires pour créer sa propre richesse en particulier, et celle de la société en général.

Malheureusement, cela n'a pas été le cas. Il y a eu la mise en place des régimes dictatoriaux qui pensaient d'abord à leur ventre, et non à ceux de la collectivité. Les occidentaux, soucieux de préserver d'abord leurs intérêts stratégiques, soutiennent ces régimes contre les peuples africains. On a donc un jeu à trois joueurs où l'optimum social ne peut pas être atteint car les deux leaders qui sont l'occident et les dirigeants politiques ont chacun un intérêt particulier qui se trouve aux antipodes de l'intérêt du peuple africain qui est la redistribution équitable des richesses. Les conséquences peuvent être les guerres civiles, la recherche d'asile économique en occident... Tout se qui concoure, d'une façon ou d'une autre, à l'isolement et à la solitude, et donc à la pauvreté et l'exclusion sociale.

Pour prendre en compte l'aspect économique ici (Ie), nous utilisons le Produit Intérieur Brut (PIB) qui mesure la richesse produite dans un pays. Nous adoptons donc l'approche de la création de richesse des modèles de croissance. Ainsi, nous utilisons l'indicateur du PIB du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). On intègre une notion d'utilité marginale décroissance des richesses en prenant le log du PIB.

40(*)

Ln (PIBi) = PIB du pays i, Ln (PIB min) = PIB minimum, Ln (PIBmax) = PIB maximal

et Ln = Logarithme népérien.

Pour prendre en compte l'aspect de redistribution, nous utilisons l'indice de Gini (Ig). C'est un indice qui mesure les inégalités de revenu au sein d'un pays. Le coefficient de Gini est un nombre variant de 0 à 1, où 0 signifie l`égalité parfaite (tout le monde a le même revenu) et 1 signifie l'inégalité totale (une personne a tout le revenu, les autres n'ont rie).

41(*)

Où X est la part cumulée de la population, n l'effectif total et Y la part cumulée du revenu.

Ici, nous mettons l'hypothèse que cet indice prend en compte tous les contours du développement durable. Car, il permet de mesurer les inégalités au sein d'une génération. Nous pouvons, par extension, affirmer que s'il y a une meilleure redistribution des revenus au sein d'une population, il y a également équité entre générations, avec l'hypothèse supplémentaire que les africains sont altruistes. Dans ce cas, nous avons la formule suivante pour l'IER :

IER : (Ie + Ig) / 2

S'agissant ensuite de l'IPD, il mesure le progrès accompli par ces pays sur le plan démocratique. La définition de la démocratie varie d'un régime à un autre. Ici, nous tentons d'élucider certains déterminants qui caractérisent en général toute forme de démocratie. Nous pouvons citer la participation, la sécurité, la non discrimination... La Banque Mondiale prend déjà en compte le progrès démocratique accompli par les Etats en donnant un classement qui reflète le niveau de leur démocratie. Notre analyse s'appuie donc sur cette base.

Concernant la participation, les droits témoins de cette catégorie peuvent être : le droit de vote, le droit de prendre part à la conduite des affaires publiques, la liberté d'association et de réunion et la liberté d'opinion et d'expression.

     Si ces principes démocratiques sont, dans une proportion considérable, appliqués dans la plupart des sociétés occidentales, il faut souligner que cela n'est pas le cas de l'Afrique.

En effet, ces pays sont caractérisés par un déficit démocratique qui se manifeste par la tenu des élections truquées, le bâillonnement de la presse, les assassinats politiques, le tribalisme... Comme le dirait l'ancien président congolais Pascal Lissouba42(*) : « On n'organise pas les élections pour les perdre ». Ce qui entraine des guerres civiles, la mauvaise gestion des biens publics... Le nombre de refugiés politiques, de mutilés, s'accroit, provoquant la pauvreté sociale.

La situation démocratique en Afrique est illustrée sur la carte ci-dessous :

Carte n°4 : démocratie en Afrique

Source : www.monde-diplomatique.fr43(*)

Nous remarquons que les démocraties de façade ou régimes autoritaires, les coups d'Etat et processus démocratique impossible sont prépondérants sur cette carte.

Nous sommes conscients qu'il est très difficile de quantifier les progrès démocratiques accomplis. Nous proposons ici une piste de réflexion. Pour prendre en compte la liberté d'expression, nous pouvons nous baser sur le nombre de prisonniers d'opinion et d'assassinats politiques que compte un pays (Ilp). En ce qui concerne les élections politiques, nous pouvons prendre en compte l'existence des partis politiques de tout bord, le nombre de fois que la constitution a été manipulée, le nombre de refugiés politiques... On pourrait également, après chaque élection, demander à la population de donner une note qui juge la qualité des élections (Ip). En ce qui concerne la discrimination, nous retenons celle basée sur le sexe, car le PNUD, depuis quelques années, a trouvé les moyens de quantifier ce phénomène. L'indicateur de discrimination (Id) prend donc en compte l'IPH1, l'ISDH. Aussi, le tribalisme est-il l'une des formes de discriminations les plus répandues dans les administrations africaines. Favoriser les membres de son ethnie, tout en barrant la route à ceux des autres ethnies est souvent fréquent dans les relations interethniques en Afrique. Pour quantifier ce phénomène, nous proposons une méthode contingente qui est les enquêtes par sondage. Nous proposons de demander aux gens s'ils ont été victimes d'une discrimination tribaliste dans les administrations, leur environnement professionnel... Nous appelons Det ce phénomène. La formule de l'Id s'écrit de la façon suivante :

Id = (IPH1+ISDH+Det)/3

Ainsi, l'IPD est la moyenne de l'Ilp, Ip et Id :

IPD = (Ilp+Ip+Id)/3

S'agissant enfin de la santé et des catastrophes naturelles, nous retenons l'indicateur de longévité du PNUD et un indicateur qui prend en compte le nombre de personnes victimes des catastrophes naturelles (Vcn). Les liens entre la qualité du système sanitaire et la pauvreté sociale sont multiples.

En effet, beaucoup d'individus peuvent brutalement se retrouver sans famille, sans soutien, à cause de la perte d'un être chère. Les orphelins du SIDA, du paludisme qui n'est pas présent dans les pays occidentaux, sont multiples. Certaines personnes atteintes d'une maladie peuvent se retrouver abandonnées, isolées, dans des pays où il n y a pas un système sociale adéquat. Ainsi, la santé d'une population a un lien direct avec la pauvreté sociale de certains de ses membres.

Pour prendre en compte ce phénomène, nous utilisons l'indicateur de longévité du PNUD (Il) :

Il = (EVi - EVmin)/ (EVmax/EVmin)44(*)

Avec : EVi = espérance de vie à la naissance dans le pays i, EVmin = espérance de vie minimale (25 ans), EVmax = espérance de vie maximale (85 ans).

La formule de l'ISCN s'écrit ainsi qu'il suit :

ISCN = (2/3Il+1/3Vcn)/2

Nous mettons 1/3Vcn car, nous faisons l'hypothèse que les victimes inhérentes à la santé sont plus nombreuses que ceux provenant des catastrophes naturelles en Afrique.

Maintenant que nous avons montré les liens qui peuvent exister entre l'isolement et/ou la solitude et les quatre éléments que sont : la démocratie, l'économie, la santé et les catastrophes naturelles, nous pouvons en déduire l'Indicateur de pauvreté sociale que nous proposons pour l'Afrique Subsaharienne. La formule de l'IPSASS donne :

IPSASS = (IER + IPD + ISCN)/3

1/ Modèle

L'étude de la pauvreté monétaire dans le monde et l'évolution des inégalités de revenus révèlent que l'Afrique Subsaharienne est la région la plus défavorisée. Le nombre de pauvres est en constante augmentation. Ce qui n'est pas le cas dans les autres régions. La question est de savoir ce qui pourrait expliquer ce manque de résultats satisfaisants dans cette partie du monde.

Pour ce faire, nous l'expliquons par un modèle de régression linéaire simple dans lequel nous prenons comme variable endogène « le nombre d'individus vivant avec moins de 1$ par jour » (Y). Les variables exogènes sont :

- Consommation finale des ménages africains (CF) ;

- La dette extérieure (DETEXT) ;

- La valeur ajoutée dans l'agriculture (AGR) ;

- La valeur ajoutée dans l'industrie (IND) ;

- La valeur ajoutée dans les services (SER) ;

- La population (POP) ;

- Le produit intérieur brut (PIB).

Nous allons, dans le travail qui va suivre, justifier le choix des variables exogènes, présenter le modèle, analyser et commenter les résultats. L'étude concerne une région : l'Afrique Subsaharienne et la période est de 1981 à 2001.

S'agissant de la population, les études concernant l'impact de la population sur la pauvreté trouvent leur origine à la suite des travaux de Malthus45(*). Dans l'Essai sur le principe de population, l'auteur met en relief l'opposition entre la progression démographique et celle des subsistances. Il fait une description cyclique de l'évolution des sociétés humaines. Ainsi, il pose deux postulats :

- « La nourriture est nécessaire à l'existence de l'homme » ;

- « La passion réciproque des sexes est une nécessité ».

Le premier fait référence au besoin de nourriture et le second à la croissance démographique. Pour lui, la croissance des subsistances a une progression arithmétique46(*), alors que la population croit selon une progression géométrique47(*). Ainsi, la difficulté de se nourrir va constituer un frein à la reproduction ; donc à la croissance démographique. En réponse, il faut un frein actif et préventif. S'agissant du frein préventif, quand la population s'appauvrit, les plus pauvres doivent reculer l'âge du mariage, faire peu d'enfants... Le frein actif fait référence à la misère qui fera que la mortalité infantile augmente (il ne faut pas aider les pauvres). Il aboutit donc à un cycle démographique qui est en rapport avec les subsistances.

A la suite des travaux de Malthus, il y a eu le développement des théories démographiques malthusiennes et anti-malthusiennes. Les malthusiens prônaient la limitation des naissances comme condition de la prospérité générale, alors que les anti-malthusiens pensaient que la population est neutre dans le développement.

L'introduction de la variable population dans l'étude des déterminants de la pauvreté monétaire en Afrique nous permet donc de départager ces deux thèses dans cette partie du monde.

Par ailleurs, Modigliani, prix Nobel 1985, et Brumberg relient l'épargne au cycle de vie de l'individu. Ils proposent que l'individu cherche à maximiser l'utilité de sa consommation future. Ce dernier répartit sa consommation au cours du temps et accumule une richesse qu'il consommera au cours de sa retraite. Ainsi, l'épargne est déterminée par des facteurs économiques et démographiques.

L'introduction des variables : PIB, AGR, IND et SER est motivée par les travaux de certains auteurs physiocrates (Quesnay), classiques (Ricardo) et les théories de la croissance.

Dans les années 1760, le docteur Quesnay (1694-1774), dans son ouvrage le Tableau Economique48(*), propose un système de production qui repose sur deux conceptions : l'ordre naturel et l'existence d'un produit net. Selon cet auteur et les autres physiocrates, seule la terre est productive. Elle fournit un produit net : un rendement qui dépasse le coût. Rien de tel ne se passe dans le commerce ou l'industrie qui constituent des activités stériles en se contentant de la transformation des biens sans les multiplier. De son côté, l'économiste classique Ricardo, pensait que la production est fonction du travail, des ressources naturelles et du capital. Chacun de ces facteurs est rémunéré à sa productivité marginale. Après son analyse, l'auteur aboutit à l'état stationnaire à cause des rendements décroissants des terres. Ainsi, nous voyons que l'agriculture a un rôle prépondérant dans la création de richesses, et donc la réduction de la pauvreté.

Par ailleurs, en 2006, A. Sarris et S. Savastano49(*) ont réalisé une étude sur la Répiblique-Unie de Tanzanie concernant l'impact du développement agricole sur la pauvreté. Leurs résultats indiquent que les ménages les plus pauvres non seulement possédaient moins d'actifs mais aussi qu'ils étaient beaucoup moins productifs. Ceci confirme que la productivité agricole a une incidence directe sur la consommation des ménages et, par conséquent, sur la pauvreté et le bien-être en général.

En ce qui concerne les théories de la croissance, l'idée générale est que le niveau de vie dans un pays dépend de sa capacité productive. Les capacités productives dépendent à leur tour ; des ressources naturelles, du travail, du capital, du capital physique, de la technologie et du capital humain. Le modèle de base est celui de Solow50(*) (1956). L'utilisation du PIB permet donc d'évaluer le niveau de richesse produit dans cette partie du monde et son impact sur la pauvreté monétaire. L'IND et SER permettent de mesurer la corrélation spécifique qui peut exister entre ces secteurs d'activité et la pauvreté monétaire. L'idée est que le développement de ces secteurs peut générer des revenus qui permettent d'augmenter le niveau de vie des populations. Ainsi, le débat entre la création des richesses dans un pays et la pauvreté retrouve-t-il son intérêt. La croissance économique est-elle « pro pauvre »51(*) ou pas, s'agissant de l'Afrique Subsaharienne ?

La DETEXT soulève le débat de l'endettement des pays africains. Cette dette a-t-elle servi pour les objectifs de réduction de la pauvreté ou pour d'autres fins ? Si oui, les organismes et Etats préteurs doivent continuer à prêter aux pays africains afin que ces derniers continuent de financer les programmes de lutte contre la pauvreté. Si cela n'a pas été le cas, un suivi, pour vérifier l'utilisation du prêt, est nécessaire.

En ce qui concerne CF, le rapport entre la consommation des ménages et la pauvreté trouve son origine à la suite des travaux de Keynes. En effet, cet auteur pense que la meilleure façon de relancer une économie est d'encourager la consommation. A l'opposé des économistes de l'offre comme J.B. Say52(*), Keynes53(*) pense que la création d'emplois permet de donner le pouvoir d'achat aux ménages. Ces derniers vont augmenter leur consommation. Ce qui va, par le processus du multiplicateur keynésien, relancer l'économie et permettre la croissance. Dans ce conteste, la consommation a une relation avec la pauvreté. Aussi, la Banque Mondiale se base-t-elle sur la consommation des ménages africains pour voir la manifestation de la pauvreté monétaire dans cette partie du monde.

Ainsi, après avoir montré les liens qui peuvent exister entre la pauvreté et les variables exogènes, tout en insistant sur les auteurs qui ont fait des analyses dans ce sens, nous présentons le modèle théorique, celui estimé et les interprétations économétriques et économiques. Le modèle théorique est de la forme :

Y = c+aCF+bAGR+dIND+ePIB+fPOP+gSER+hDETEXT+u

Avec c la constante, a, b, d, e, f, g et h les coefficients de régression respectifs des variables exogènes, et u l'erreur.

Le test a été réalisé sur 21 observations54(*), allant de 1981 à 2001. Nous avons fait deux tests : un qui utilise les données brutes, et l'autre qui utilise les différentielles des logarithmes pour étudier la stationnarité des variables. Il est important de signaler que nous ne retenons que le test avec des données brutes dans notre analyse. Car, c'est ce dernier qui donne de bons résultats. Le nombre d'observation n'est pas suffisant pour que celui avec les différentielles des logarithmes soient significatifs. Nous l'avons mis ici tout simplement pour montrer la démarche que nous avons adoptée. Les résultats sont les suivants :

Test n°1 : des données en différentielles des logarithmes (ignoré)

Test n°2 : des données brutes (retenu)

Nous allons faire une interprétation économétrique et économique des résultats. Ainsi, en ce qui concerne l'interprétation économétrique, les fluctuations ou les variations des variables exogènes expliquent à concurrence de 99% la variance de Y, car, R^2 = 0.99.

Le Fisher est trop grand (346,94). Le test est donc bon. Il y a donc une relation corrélative entre les variables. L'ensemble des variables explicatives explique significativement la variable endogène, même si certains tests de Student ne sont pas significatifs.

Le Durbin-Watson est proche de 2 (2.53). Il y a donc indépendance des résidus. Le test est bon.

S'agissant de l'interprétation économique, les coefficients de CF (-0.000272), IND (-0.000468), SER (-0.000150) sont négatifs. Ce qui signifie que l'augmentation de la valeur ajoutée dans les secteurs de l'IND et SER entraine la réduction du nombre de pauvres. En termes de politique économique, il faut développer ces secteurs en Afrique Subsaharienne pour mieux lutter contre la pauvreté absolue, tout en mettant en oeuvre des politiques de relances néo-keynésiennes pour stimuler la consommation des ménages.

Les coefficients de : AGR (5.30 E-05), PIB (0.000312), POP (0.477635) et DETEXT (7.79 E-05) sont positifs. Ce sont des facteurs influençant la croissance. Ainsi, l'agriculture et la croissance en Afrique Subsaharienne ne sont pas « pro-pauvres ». Il faut donc oeuvrer pour une croissance qui réduit les inégalités de revenus entre les classes, tout en réformant le secteur agricole. Ce qui stimulera la consommation et l'investissement.

La dette extérieure contractée par ces pays n'a pas servi à réduire la pauvreté. Les institutions et les Etats préteurs doivent donc s'assurer que leurs prêts servent à atteindre l'objectif du millénaire qui est la réduction de l'extrême pauvreté. L'augmentation de la population a également un impact négatif dans la lutte contre la pauvreté. Les pays africains doivent donc réguler leur population. Ce qui confirme la thèse malthusienne et les recommandations du rapport Meadow55(*) qui suggère aux pays pauvres de réguler leur population.

La pauvreté monétaire en Afrique Subsaharienne peut être également analysée en se basant sur le lien que la Banque Mondiale établit entre la consommation et le revenu, d'une part, et le seuil de revenu utilisé par cette dernière pour définir le pauvre, d'autre part. C'est ce qui justifie la critique qui va suivre.

2/ Critique de la pauvreté monétaire en Afrique Subsaharienne

La pauvreté monétaire, selon la Banque Mondiale, fait référence à la survie pour un individu. On définit un seuil en dessous duquel on est pauvre. C'est le revenu nécessaire à l'achat du panier minimal de biens indispensables à la survie quotidienne. En Afrique Subsaharienne, on s'appuie sur la consommation comme indicateur du revenu, et le seuil retenu est 1$ par jour et par personne. Ce qui signifie que pour survivre en Afrique, il faut qu'une personne ait 1$ par jour. Sinon, on est pauvre du point de vue monétaire. Cette conception de la pauvreté a été beaucoup critiquée par les théoriciens du développement. Pour les uns comme SEN, les individus n'ont pas pour seul soucie la survie, mais aussi les capacités et les potentialités, pour les autres, il faut également regarder l'aspect social du phénomène.

Notre objet dans cette partie n'est pas de critiquer la notion ou le concept de pauvreté monétaire, mais de voir les limites qui peuvent apparaître lorsqu'on applique cet indicateur dans le cadre africain. Nous relevons les limites inhérentes au lien entre consommation et revenu, et à la valeur réelle du panier de bien.

S'agissant du lien entre consommation et revenu, la Banque Mondiale estime qu'il faut 1$ par jour pour survivre en Afrique. Mais, la survie quotidienne en Afrique peut dépendre d'autres facteurs qui ne sont pas souvent monétaires ou monnayables. Beaucoup d'études ont démontré que la fonction de consommation du ménage africain ne dépendait pas seulement de son revenu, mais aussi des revenus des autres ménages qui composent la famille. Si on prend la fonction de consommation keynésienne : C = cY+C056(*), avec C la consommation, Y le revenu, c la propension marginale à consommer et C0 la consommation autonome qui ne dépend pas du revenu. En Afrique, le C0 peut être trop grand pour un nombre important d'individus et de ménages sans revenus, grâce à la famille élargie... Donc, un individu peut ne pas avoir 1$ par jour, et survivre. Nous prenons une famille africaine composée de 20 membres. Nous supposons que cette famille a 7 de ces membres qui travaillent et qui gagnent au total 3500$ par mois. Selon la Banque Mondiale, le nombre de pauvres est de 13. Supposons en plus que ces 7 travailleurs consacrent 1000 $ pour l'achat des biens de survie et qu'elles gardent sous leur toit 5 de leurs parents sans revenus (les chômeurs à la recherche d'un emploi, les étudiants...). Chacun aura en moyenne 2$ par jour. Le nombre de pauvres passe à 8 au lieu de 13. La Banque Mondiale doit donc prendre en compte le revenu de tous les membres d'une famille pour calculer le nombre de pauvres de la famille en particulier, et en déduire celui du pays en général, au risque de surestimer la réalité.

Aussi, dans les campagnes, les populations pratiquent l'autosuffisance alimentaire. La plus grande partie de leur consommation journalière est composée des aliments qui sont produits dans leurs plantations. Donc, ils n'ont pas besoin d'acheter les biens alimentaires pour survivre, en faisant l'hypothèse que la nourriture constitue le principal élément de survie. La conséquence de cette approche est que la pauvreté monétaire est surestimée dans les zones rurales en Afrique.

Le dernier point concerne le prix du panier de bien qui est 1$. Nous pensons qu'il est nécessaire de prendre en compte l'inflation entre les différents pays et au sein des zones d'un même pays pour trouver le revenu nécessaire à la survie quotidienne. Pour un consommateur, détenir 1$ à Libreville57(*) (capitale politique du Gabon) qui est la quatrième ville la plus chère au monde et à Johannesburg58(*) (Afrique du Sud) qui occupe la 117eme place, selon le classement 2000 de l'Economist Intelligence Unit59(*), ne donne pas la même satisfaction.

Nous faisons l'hypothèse que le panier de bien de survie (B) coûte 1$ par jour comme l'estime la Banque Mondiale. Ce coût est le même à Johannesburg (Cj), avec le prix égal à l'unité. Le différentiel d'inflation est de 0.5 entre Johannesburg et Libreville. Le coût de B à Libreville (Cl), en calculant Cl par rapport à Cj, nous donne:

Cl = Cj*1 + Cj*0.5 = Cj*1.5

Ce qui signifie que le seuil nécessaire pour la survie journalière par personne est 1.5$ à Libreville et 1$ à Johannesburg.

En somme, la pauvreté est une notion multidimensionnelle. Elle évolue dans l'espace et dans le temps. Les transformations structurelles des conditions de vie des populations évoluent en enrichissant le débat sur les formes de pauvreté et la façon de mieux combattre ce phénomène. Dans ce contexte, la communauté du développement détermine trois grandes formes de pauvreté qui sont : la pauvreté monétaire, la pauvreté humaine et résiduelle et la pauvreté sociale. Ainsi, pour mieux comprendre la mesure et indicateurs de pauvreté dans le monde, nous adoptons une démarche qui intègre toutes ces formes de pauvreté. Il apparait donc justifié de parler des pauvretés dans le monde, en lieu et place de la pauvreté dans le monde.

S'agissant d'abord de la pauvreté monétaire, elle a régressé dans la quasi-totalité des régions du monde. Cependant, elle reste en constante augmentation en Afrique Subsaharienne. La croissance économique a permis de tirer des millions de personnes de la pauvreté absolue dans le monde. Cependant, les inégalités entre les différentes régions du monde en termes de développement économique constituent un frein pour avoir des résultats homogènes dans la lutte contre la pauvreté monétaire. C'est pourquoi nous relatons la nécessité d'un « développement durable ».

S'agissant ensuite de la lutte contre la pauvreté humaine et résiduelle, elle a également connu des résultats divers. Comme la pauvreté monétaire, les régions développées semblent mieux s'en sortir, en comparaison avec celles en développement. Mais, c'est en Afrique Subsaharienne que beaucoup d'efforts restent encore à faire. Par ailleurs, les inégalités entre les sexes persistent. Il reste donc encore un grand chemin à faire pour réduire les inégalités entre les pays, les classes sociales et les sexes afin d'établir « l'ordre juste ».

S'agissant enfin de la pauvreté sociale, c'est une notion qui varie d'une société à une autre. La lutte contre cette forme de pauvreté doit intégrer toutes les spécificités inhérentes à chaque société. Lutter contre l'isolement et/ou la solitude intègre les catastrophes naturelles, les risques politiques, les épidémies, les conflits sociaux... Dans ce contexte, la communauté du développement réfléchit sur les indicateurs qui peuvent bien saisir ce phénomène. Nous proposons un indicateur pour servir de piste de réflexion en ce qui concerne l'Afrique. Dans le sens d'une approche intégratrice des formes de pauvreté, nous faisons l'hypothèse que l'économie, les capacités et les risques naturels font partie intégrante des déterminants de la pauvreté sociale dans cette partie du monde.

Après l'étude empirique des pauvretés dans le monde, un constat se dégage : l'Afrique Subsaharienne est la région qui enregistre plus de résultats non satisfaisants. Les explications peuvent être : historique, politique, sociale, culturelle, économique... Dans notre analyse, nous tentons d'expliquer la pauvreté monétaire. Il ressort que la croissance de l'Afrique Subsaharienne n'est pas « pro pauvre ». Aussi, l'augmentation constante de la population annihile tout impact positif que celle-ci pourrait-elle avoir sur la pauvreté. Ce qui permet de faire un plaidoyer en faveur d'une croissance « pro pauvre » dans cette partie du monde, tout en maitrisant la croissance de la population. Le développement économique en Afrique doit beaucoup concerner les secteurs de l'industrie et les services qui ont un impact significatif sur la réduction du nombre de personnes vivant sous un seuil de pauvreté absolue, tout en stimulant la consommation et en réformant le secteur agricole.

Par ailleurs, la mesure et indicateurs de pauvreté monétaire en Afrique souffrent de plusieurs limites inhérentes au lien établi par la Banque Mondiale entre le revenu et la consommation, d'une part, et le seuil de pauvreté, d'autre part. Ce qui peut entrainer une surestimation ou sous-estimation de la pauvreté monétaire dans cette partie du monde.

En outre, la hausse actuelle du baril de pétrole entraine une inflation persistante dans toutes les régions du monde. Les manifestations contre la vie chère se multiplient. En Afrique Subsaharienne, le phénomène est plus persistant. Les programmes d'ajustement structurel imposés à ces pays et l'injuste spécialisation des économies africaines issue de la colonisation font que cette partie du monde est beaucoup dépendante des importations des denrées alimentaires de base comme le riz et les produits manufacturés. La crise a donc pour effet : l'augmentation spectaculaire du nombre de pauvres. Dans ce contexte, la nécessité d'une révolution profonde des structures : économique, sociale, politique, culturel... est prépondérante.

Bibliographie

I/ OUVRAGES

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II/ ARTICLES

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Wagle U., 2002, « Repenser la pauvreté : définition et mesure », Revue Internationale des Sciences Sociales, n° 17.

III/ SITES INTERNET

www.banquemondiale.org

www.bi.undp.ogr

www.fraternet.com

www.monde-diplomatique.fr

www.oecd.org

www.undp.org

www.wikipedia.org

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE.............................................................1

PREMIERE PARTIE : Fondements théoriques de la mesure et indicateurs des pauvretés.............................................................................................8

A/ Approches selon le bien-être économique..................................................9

1/ Pauvreté absolue................................................................................10

2/ Pauvreté relative et subjective.................................................................11

B/ Approches selon les capacités et l'exclusion sociale.....................................14

1/ Approche selon les capacités...................................................................15

2/ Approche selon l'exclusion sociale............................................................19

DEUXIEME PARTIE : Etude empirique des pauvretés dans le monde...............21

A/ Analyse des indicateurs des pauvretés dans le monde..................................21

1/ Analyse de la pauvreté monétaire..............................................................21

2/ Analyse de la pauvreté humaine et sociale...................................................30

a/ La pauvreté humaine............................................................................30

b/ La pauvreté sociale.............................................................................. .33

B/ Modèle et critique de la pauvreté monétaire en Afrique Subsaharienne.............42

1/ Modèle..............................................................................................42

2/ Critique de la pauvreté monétaire en Afrique Subsaharienne..............................48

CONCLUSION GENERALE..................................................................51

BIBLIOGRAPHIE.................................................................................53

TABLE DES MATIERES........................................................................55

* 1 PNUD, 2005.

* 2 Paugam, 1983.

* 3 Economiste, sociologue et père du socialisme scientifique.

* 4 Economiste et prix Nobel indien, il a introduit la notion de capacité pour définir la pauvreté.

* 5 C'est la Banque Mondiale (BM) et le Fond Monétaire International (FMI).

* 6 Ils ont été imposés aux économies des PED par la BM et le FMI.

* 7 Rapport Mondiale sur le Développement Humain, Nations Unies 2004.

* 8 C'est un genre de développement qui prône l'équité entre pays et au sein des pays.

* 9 Duboit J.C., 1998, «Integrating Poverty Reduction Policies into the Development Strategy: a Challenge for Cameroon», UNDP, New York, 36 p.

* 10 Wagle U., 2002, « Repenser la pauvreté : définition et mesure », Revue Internationale des Sciences Sociales, n°17.

* 11 Duboit J.C., 1998, «Integrating Poverty Reduction Policies into the Development Strategy: a Challenge for Cameroon», UNDP, New York, 36 p.

* 12 Wagle U., 2002, « Repenser la pauvreté : définition et mesure », Revue Internationale des Sciences Sociales, n° 17.

* 13 Duboit J.C., 1998, «Integrating Poverty Reduction Policies into the Development Strategy: a Challenge for Cameroon», UNDP, New York, 36 p.

* 14 Vérez J.-C., 2007, Pauvretés dans le monde, Ellipse.

* 15 Banque Mondiale, 2001, Rapport sur le développement dans le monde.

* 16 PUNUD, 2000, Rapport sur le développement humain dans le monde.

* 17 Selon la formulation du PNUD.

* 18 www.wikipedia.org.

* 19 Formulation du PNUD.

* 20 Formulation du PNUD.

* 21 Vérez J.-C., 2007, Pauvretés dans le monde, Ellipse.

* 22 Vérez J.-C., 2007, Pauvretés dans le monde, Ellipse.

* 23 Wagle U., 2002, « Repenser la pauvreté : définition et mesure », Revue Internationale des Sciences Sociales, n° 17.

* 24 Banque Mondiale, Rapport 2004.

* 25 François Bourgnon, économiste en chef de la Banque Mondiale.

* 26 Banque Mondiale, Rapport 2004.

* 27 Banque Mondiale, Rapport 2004.

* 28 Calculs du bureau du Rapport mondial sur le développement humain, d'après la Banque Mondiale, 2001.

* 29 Calculs du bureau du Rapport mondial sur le développement humain, d'après la Banque Mondiale, 2001.

* 30 Calculs du bureau du Rapport mondial sur le développement humain, d'après la Banque Mondiale, 2001.

* 31 Calculs du bureau du Rapport mondial sur le développement humain, d'après la Banque Mondiale, 2001.

* 32 Développement qui prône l'équité entre générations et au sein des générations

* 33 Vérez J.-C., 2007, Pauvretés dans le monde, Ellipse.

* 34 Selon le classement 2000, tableau se trouvant aux annexes

* 35 Vérez J.-C., 2007, Pauvretés dans le monde, Ellipse.

* 36 Documentation photographique n°8

* 37 www.monde-diplomatique.fr

* 38 Expression souvent utilisée par les aventuriers (es) quand ils partent en aventure.

* 39 Expression utilisée par Marx pour désigner l'exploitation du travail par le capital dans les sociétés capitalistes.

* 40 Indicateur du PIB du PNUD

* 41 Selon la formule de GINI

* 42 Ancien président du Congo Brazzaville, élu démocratiquement et renversé par l'actuel président SASSOU.

* 43 www.monde-diplomatique.fr

* 44 Indicateur de longévité du PNUD

* 45 Pasteur et économiste anglais

* 46 Une suite de nombres rangés dans un ordre tel que chacun d'eux s'obtient en ajoutant un nombre constant à celui qui le précède.

* 47 Une suite de nombres rangés dans un ordre tel que chacun d'eux s'obtient en multipliant un nombre constant à celui qui le précède.

* 48 Première tentative de représentation chiffrée du mécanisme de la vie économique. Elle distingue trois agents économiques : les propriétaires, les fermiers et les industriels et commerçants.

* 49 Sarris A., Savastano S., 2006, « Agriculture et pauvreté dans les pays africains dépendant de produits de base : perspective des ménages de zones rurales de la République-Unie de Tanzanie », Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, document technique sur les produits de base et le commerce n°9.

* 50 Théoricien de la croissance

* 51 Qui permet de réduire la pauvreté

* 52 Economiste français, il est souvent considéré comme le père de l'école classique française

* 53 Economiste anglais, père fondateur de l'économie de la demande

* 54 Les observations sont tirées de : B.M., Rapport 2004, Worl Bank Africa Database 2005, Worl Development Indictors 2004.

* 55 Construction d'un modèle qui représente l'écosystème mondial, basé sur des simulations

* 56 Fonction de consommation keynésienne de base

* 57 Capitale politique du Gabon

* 58 Ville Sud-Africaine

* 59 Economist Intelligence Unit, 2000, n°2.






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault