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Libéralisation financière et intermédiation bancaire: le cas de la Côte d'Ivoire

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par Fidelia Beugre DAGO
Université de Cocody-Abidjan, UFR Sciences économiques et de Gestion, Programme PTCI - DEA-PTCI 2005
  

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CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Après avoir présenté la théorie de la libéralisation financière de Mac Kinnon et Shaw (1970), nous avons fait une analyse de celle de l'intermédiation bancaire. Les caractéristiques propres au système bancaire ivoirien ont été exposées et les différentes mesures de politique financière ont été également présentées. Nous avons construit à l'aide de la méthode de l'analyse en composante principale un indicateur qui synthétise l'ensemble des mesures majeures de la politique de libéralisation financière entamée depuis 1989 dans l'UEMOA et particulièrement en Côte d'Ivoire, par les autorités monétaires.

Nous avons tenté de mettre en évidence les corrélations entre les indicateurs de développement financier (mobilisation de l'épargne et financement bancaire de l'économie) d'une part avec un indicateur de politique financière, les taux d'intérêt (créditeur et débiteur) et d'autre part avec certaines variables macroéconomiques. Les relations ont été estimées par la méthode des moindres carrés ordinaires.

Nos résultats nous laissent penser qu'en plus de l'existence d'un impact indirect, il existe un impact direct de la libéralisation financière sur la mobilisation de l'épargne financière et du financement bancaire à l'économie.

Nos résultats, par ailleurs, ont montré également l'impact négatif de l'instabilité socio politique dans notre pays sur le financement bancaire et une corrélation positive entre le taux de dégradation du portefeuille bancaire (variable Proxy qui a mis en évidence la fiabilité du système d'information des banques ivoiriennes) et le financement bancaire.

Nos résultats démontrent bien que le processus graduel de la libéralisation financière entrepris en Côte d'Ivoire depuis plus de quinze ans, n'a pas atteint ses objectifs en matière de développement financier et d'approfondissement financier. Il semble donc que l'effet de court terme de la libéralisation financière et la structure du système d'information des banques ivoiriennes sont parmi les éléments qui font obstacle à l'objectif final de la politique de libéralisation financière. La conséquence immédiate de ces obstacles est notamment le phénomène de surliquidité du système bancaire ivoirien.

Nous voudrons à travers ces différents résultats, apporter notre modeste contribution, en proposant quelques recommandations de politique économique.

Sur le plan macroéconomique, il serait intéressant de mettre en oeuvre une politique de libéralisation financière sous contrainte par les autorités monétaires. En effet, les marges d'intermédiation relativement importantes dégagées par les banques (voir tableau I et II) d'une part et l'insuffisance relative du financement à moyen et long terme du secteur privé, engendrée essentiellement par un système d'information bancaire pas assez fiable, d'autre part, indiquent que les autorités monétaires semblent avoir une marge de manoeuvre pour le financement administré sans pourtant revenir à celui de la répression financière. Une telle politique permettra à l'Etat et le secteur privé de ne pas se substituer, mais de se compléter dans le cadre du développement du secteur financier et du secteur réel. Quant n'est il de l'aspect microéconomique ?

En effet, au niveau de la capacité des banques à mobiliser l'épargne financière il serait intéressant que les taux d'intérêt sur les dépôts soient totalement libéralisés, de sorte que la concurrence entre les banques dans le secteur financier améliore le niveau du taux créditeur bancaire à fin de les rendre plus attractifs et permettre à l'effet de substitution de dominer l'effet revenu. Elles se doivent aussi de proposer des produits financiers nouveaux et attractifs. En d'autres termes, promouvoir l'épargne à long terme. Il serait donc souhaitable de développer davantage des produits d'épargne contractuelle à des taux d'intérêt créditeur plus intéressant. Les diverses formules de crédit aux ménages doivent être liées à une épargne préalable ce qui réduira sensiblement l'effet de revenu.

Au niveau du financement bancaire à l'économie, les banques se doivent de reformer leur système d'information. En effet, le faible niveau de ce dernier contraint les banques à ne pas s'engager dans les financements de long terme à cause d'une forte asymétrie d'information sur le marché des fonds prêtables. Elles devraient réaliser un audit approfondit de leur système d'information afin de définir un standard minimum commun. La bonne qualité des ressources humaines qui sont chargées d'examiner les projets à financer est de mise.

La politique de crédit des banques étant un élément fondamental dans leur portefeuille, il importe pour celles ci de respecter les treize principes cardinaux en matière d'octroi de crédit tel que définis par Roger H. Hale (2001). Ces principes sont les suivants :

1- La qualité des prêts doit absolument primer sur la quantité ;

2- Il faut distinguer chez l'emprunteur deux sources distinctes et indépendantes de remboursement.

3- L'intégrité de l'emprunteur ne doit faire aucun doute ;

4- Il est indispensable de comprendre l'environnement et le fonctionnement de l'entreprise ;

5- La décision du conseiller en crédit doit être indépendante et libre de toute influence.

6- Le type de financement doit être en relation avec le but du prêt ;

7- L'analyse doit prendre en compte les cycles économiques ;

8- L'évaluation du management des entrepreneurs est aussi importante que celle des états financiers.

9- Les garanties ne sont pas un substitut à la capacité de remboursement ;

10- L'évaluation des garanties doit être faite de façon professionnelle et impartiale ;

11- Le suivi des prêts et la documentation sont aussi importants que l'analyse financière ;

12- Il faut prendre le temps de faire une analyse complète ;

13- L'intégrité des déposants prime sur celui des emprunteurs.

Les banques se devraient d'effectuer une prise de participation active dans le capital des entreprises afin de réduire l'asymétrie d'information entre elles et les entreprises. Aussi, elles se doivent de mettre en place des relations de long terme avec leurs clients à travers un traitement répété des contrats de crédit, ce qui permettra de produire l'information nécessaire à la gestion des risques.

Les pouvoirs publics se doivent de créer et entretenir un climat de stabilité sociopolitique favorable à une bonne conduite des affaires, ce qui augmentera la probabilité de recouvrement des prêts. Elles se doivent également de renforcer le système juridique et administratif à fin que soit bien définit les règles du jeu et les droits de propriété, ce qui permettrait aux banques de produire des informations et de mieux cerner les garanties. Ces lois renforcées, permettraient aussi de contraindre les débiteurs à rembourser les prêts octroyés. En effet, ce n'est plus un secret car il est constaté que la Justice ivoirienne est très lente et sans spécialisation en matière bancaire (le même juge intervient au pénal, au social, au commercial,...). Dans la pratique, les juristes de banque estiment que l'avènement des textes de l'OHADA n'a pas favorisé le saut qualitatif espéré. Ainsi, l'environnement juridique (les textes, la justice et ses auxiliaires) ne parait pas assez dissuasif pour prévenir le risque de défaut, et semble assez lourd pour faciliter le recouvrement des créances.

Au terme de notre étude, il est nécessaire de noter que des limites relatives à sa pertinence s'imposent.

En effet, notre étude a été fortement tributaire de la qualité de nos données qui d'ailleurs, ont été collectées en différentes sources. Il est aussi important d'émettre des réserves sur la qualité de notre indicateur de politique financière (IPF). D'ailleurs, l'estimation de la relation qui met en évidence la capacité des banques à mobiliser les dépôts bancaires montre que seulement 40 % des fluctuations des variables de contrôle expliquent la variation de la variable endogène. La significativité des constantes dans les différentes équations nous prévient sur l'omission de certaines variables qui expliqueraient davantage nos variables endogènes. Pour une meilleure compréhension de la libéralisation financière et de son impact sur le système bancaire, il serait intéressant de mener une étude profonde sur l'évaluation du système d'information des banques, d'analyser les déterminants de la dégradation du portefeuille des banques de l'UEMOA d'une part et d'analyser d'autre part, les nouvelles conditions de financement du crédit de ces dernières.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984