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Le role des femmes entrepreneurs dans le developpement local. cas des patissieres en ville de Butembo

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par Jean de Dieu AYBEKA KOPIKAMA
Université catholique du Graben - Graduat 2008
  

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c) La micro entreprise en Afrique12(*)

Les micro entreprises africaines, en tant que sous-catégorie des très petites entreprises, sont présentes dans tous les secteurs : commerce, production (artisanat), transport, services (y compris bars et restaurant), construction, pêche, agriculture. Elles fournissent à la majorité de la population les services et les produits de base dont elle a besoin. La production est effectuée à la demande et l'activité souvent avec une main d'oeuvre instable, constituée par des apprentis.

Les caractéristiques de ces micro entreprises sont :

- appartenance à un propriétaire -chef d'entreprise ;

- pas de séparation entre les comptes familiaux et les comptes de l'entreprise ;

- grande dépense par rapport à la main d'oeuvre familiale ;

- importance du nombre des femmes entrepreneurs ;

- peu de management et de formation technique ;

- peu d'accès à des services d'appui ;

- accès limitée au secteur financier.

Le domaine de la micro entreprise occupe donc un vaste espace qu'on peut segmenter en deux groupes : d'une part on a les micro entreprises embryonnaires ou de survie : elles sont plus proches de la survie que de l'économie. Ce sont surtout des petits métiers de survie, en particulier dans le domaine du commerce ambulant. Leur potentiel d'accumulation et de croissance est quasiment nul ; et d'autre part il y a les micro entreprises émergentes ou en croissance : celles-ci ont un potentiel de croissance plus élevé et dont l'accès est plus difficile car il faut des compétences et des outils. Elles ont parfois un local et un savoir-faire, comme par exemple les forgerons traditionnels ou les couturiers. Les technologies utilisées sont simples, les moyens de production élémentaires et les besoins surtout en fonds de roulement.

Ce genre d'entreprises africaines comprend plusieurs dimensions économico-culturelles.

d) Dimensions économico-culturelles de l'entreprenariat en Afrique

Selon B. TRAORE13(*), l'entreprenariat en Afrique est caractérisée par trois dimensions économico-culturelles.

L'entreprise en Afrique fait partie du patrimoine familial et communautaire. Quelles que soient les dispositions légales, l'entreprise n'a pas, dans les faits, d'existence juridique propre. Source de prospérité et de puissance, l'entreprise fait partie du patrimoine familial. Les recettes engagées par l'entreprise sont perçues comme des revenus que l'entrepreneur peut utiliser pour satisfaire ses besoins et ceux de toute la famille. Le patrimoine de l'entreprise se confond quasiment avec celui du propriétaire.

A ce propos Jean Luc CAMILLERI14(*) ajoute que pour les entreprises africaines :

- la grande famille est un vaste réseau de contacts parmi lesquels on trouve des fournisseurs, des consommateurs et des protecteurs (fonctionnaires) ;

- elle fournit en général une main-d'oeuvre qu'il faut ménager et qui est à la charge de l'entreprise malgré ses prestations médiocres ;

- les relations sociales au sein de la famille sont onéreuses, en particulier les cérémonies telles que mariages, baptêmes, funérailles, pèlerinages ;

- la caisse de l'entreprise est celle de la famille et sa croissance est fortement concurrencée par les besoins quotidiens de la parentèle.

Le recrutement familial correspond donc à un impératif de solidarité familiale : un tiers des employés sont des membres de la famille de l'employeur. Cependant cela permet aussi « l'exploitation économique des parents embauchées » : l'entrepreneur reçoit une main d'oeuvre peu productive, mais bon marché qu'il lui est difficile de licencier.

L'importance de la communauté traditionnelle explique le rôle joué, y compris dans l'entreprise, par la famille élargie.

Cependant malgré sa gestion traditionnelle ou empirique, la motivation pour le profit n'est pas absente dans l'entreprise. Cela rejoint la conception de Adam SMITH qui considère que le capitalisme est inhérent au comportement de l'homme dans l'échange rationnel avec autrui afin de réaliser au mieux ses motivations individuelles et égoïstes15(*)

.

L'entrepreneur est un « chef d'orchestre ». L'entrepreneur représente l'entreprise moralement et physiquement. Il y est généralement l'unique ressource humaine. Détenteur du « savoir-faire », il organise l'activité de l'entreprise à l'aide d'une main-d'oeuvre, habituellement familiale, dont il assure la formation, l'apprentissage. Ici l'entrepreneur est à la fois le père et maître qui éduque, forme à un métier, prend en charge les besoins de l'apprenti dont le seul apport est la force de travail.

Il y a enfin un individualisme lié à la reconnaissance sociale. Si la réussite individuelle commence à devenir une motivation forte sans toute fois prendre la forme occidentale (dite « capitaliste »), elle rejaillit en fait très souvent sur la communauté d'origine toute entière, avec laquelle elle est partagée dans une certaine mesure.

Signalons avant de finir ce point que d'après les études récentes menées par Jean Luc CAMILLERI16(*), la plupart des micro entreprises africaines évoluent dans un secteur difficile à appréhender avec des outils tels que la comptabilité, le secteur informel : leurs activités ne sont pas enregistrées, elles évitent ainsi le paiement de l'impôt, elles sont marquées par des patterns culturels africains et elles sont traversées par des solidarités transversales (familiale, ethnique, religieuse). Ces Petites et Moyennes Entreprises sont présentes dans tous les secteurs : commerce, production (artisanat), transport, services (y compris bars et restaurant), construction, pêche, agriculture.

Peut-on déceler des aspects tout à fait particuliers des entreprises tenues par les femmes ? Cette question nous permet d'aborder un point concernant l'entreprenariat féminin proprement dit.

* 12 CAMILLERI J.-L., La micro entreprise rurale en Afrique : de la survie à la croissance. Le cas rwandais, Ed. L'Harmattan, Paris, 2007, p. 22 - 25

* 13 TRAORE B., « La dimension culturelle de l'acte d'entreprendre en Afrique », in L'entrepreneuriat en Afrique francophone : culture, financement et développement, Ed. John Libbey Eurotext, Paris, 1990, p.11.

* 14 CAMILLERI J. L., Op. cit., p. 26-27

* 15 VAHAVI B., Op. cit. (inédit)

* 16 CAMILLERI J. L., Op. cit., p. 21-22

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