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Réfugiés Hmong à  Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) - rapports aux lieux et diaspora

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par Pilippe MICHEL-COURTY
Université de POITIERS - Migrinter - Master 2 2007
  

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3. Le choix de l'ancrage dans un milieu urbain

Quelle a été réellement la marge d'initiative laissée aux Hmong qui sont arrivés à Montreuil-Bellay ? Il nous paraît nécessaire de retracer brièvement l'histoire de la constitution de cette communauté ethnique, d'une part car elle illustre bien le fonctionnement des réseaux familiaux et relationnels qui en sont le fondement, mais aussi car elle permet de saisir le rôle que les politiques locales en matière d'accueil des réfugiés ont joué, attractives dans un premier temps mais dissuasives ensuite. Cette étude permettra aussi de vérifier dans quelle mesure certains ont pu réaliser un ancrage territorial.

a. Politiques d'accueil à Montreuil-Bellay

La municipalité de Montreuil-Bellay a procédé, en 1981, 1982 et 1987, à quelques recensements de la « communauté laotienne », véritable « communauté ethnique locale » (HASSOUN, 1988 : 39). Quelles étaient ses intentions d'alors ? Ces recensements n'ont-ils pas été réalisés à seule fin de mettre en place une politique migratoire ? Leur consultation nous a permis d'obtenir des informations quantitatives portant sur la date d'arrivée des chefs de famille, les compositions familiales (couples, ascendants, enfants) et les lieux de résidence.

v Une vague d'arrivée favorisée puis freinée par décisions municipales

Au cours de la période 1978-1987 (graphique n°2), on peut distinguer une première vague (1978-1981) au cours de laquelle arrivent 148 individus (45 adultes, 103 enfants, soit 19 familles), suivie d'une période d'arrêt total des arrivées, suivie elle-même d'une reprise de la migration (1986-1987) beaucoup plus faible cette fois-là (5 adultes, 15 enfants, soit 3 familles).

Graphique n°2 : Familles hmong arrivées à Montreuil-Bellay (1978-1987)

Comment expliquer ces importantes variations ? Les premiers arrivants vont bénéficier d'un contexte économique favorable associant des opportunités d'emploi et de logement, comme il est rappelé dans un courrier (annexe 1a) adressé au maire de Montreuil-Bellay  par monsieur L., secrétaire général de la mairie. Celui-ci déclare : « Vous savez qu'au début de l'année 1978, sans que n'existe aucun structure d'accueil, les premières familles laotiennes sont arrivées à Montreuil-Bellay, guidées par la disponibilité de logements et la possibilité de travail dans la région... ».

Les emplois proposés sont des emplois faiblement qualifiés dans les champignonnières du Puy-Notre-Dame, qui recrutent, par l'intermédiaire d'une assistante sociale, une main d'oeuvre essentiellement féminine, et dans une entreprise locale de menuiseries aluminium, UCP, rachetée par la suite par le groupe Euramax Industries. Quoiqu'en dise M. L., un comité d'accueil existe pourtant en la présence de Madame T., épouse d'un chef d'entreprise saumurois et responsable du « G.A.T.R.E.M. Indochine » (Groupe d'aide au travail, au reclassement et à l'éducation des migrants). C'est par le jeu de ses relations personnelles que des emplois dans l'industrie sont alors proposés. Ces réseaux relationnels ou professionnels jouent à ce moment-là un rôle capital car les familles hmong peuvent envisager de quitter le centre d'accueil provisoire dans lequel elles sont cantonnées depuis plusieurs mois.

Le travail dans les champignonnières a été décrit par Pi CHA34(*) dans la revue Hommes et Migrations (1999). Les conditions de travail et le rythme imposé aux ouvrières - « huit à dix heures de travail dans ces galeries sombres, avec une pause de deux heures pour le déjeuner, et quelques autres courts arrêts... » - sont particulièrement rudes, mais la nécessité d'un revenu indispensable, en l'absence d'autres qualifications professionnelles, ne leur laisse qu'une faible marge de choix. Dans une famille, les deux épouses travaillent dans les champignonnières et le chef de famille reste au domicile, assurant la garde des enfants, tout en exerçant une activité de couture à façon.

Les femmes qui n'ont pas de famille à Montreuil-Bellay logent dans une maison que leur employeur a mise à disposition, moyennant une petite rétribution financière, et où les enfants, pendant les vacances scolaires, peuvent résider en les attendant. Elles disposent également du jardin attenant au bâtiment où elles font pousser des légumes du Laos. Celles qui ont de la famille à Montreuil-Bellay sont hébergées par elle. En matière de logement, la commune s'est équipée, en quelques années dans le quartier de la Herse, de logements sociaux (photos n°2 à 5) régis par l'Office d'HLM d'Angers (Habitat 49), comprenant à la fois des appartements dans 6 immeubles collectifs de 4 étages (1969), une « tour » de 9 étages (1972), des pavillons appelés « Les Gémeaux » (1971) et enfin les « gradins-jardins » achevés en 1977. L'ensemble représente un parc locatif de 196 appartements et 60 pavillons35(*) (carte n°5).

Carte n°5 : Logements sociaux du quartier de « la Herse » (Montreuil-Bellay)

 

Immeubles collectifs

Rue des Vignes

En arrière plan la rue des Collèges

(construction : 1969)

 

« La tour », rue d'Anjou

(construction : 1972)

 

Les « gradins-jardins »

(construction : 1977)

Photos n° 2, 3, 4 : Trois types d'habitat collectif dans le quartier de la Herse

 

Les « Gémeaux »

Rue du Général de Gaulle

Photo n°5 : Les Gémeaux, pavillons mitoyens, dans le quartier de la Herse

* 34 CHA, P. 1999. "Hmong dans le Maine-et-Loire." Hommes et migrations. p. 68-75.

* 35 données Habitat 49 - Doué La Fontaine

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard