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Réfugiés Hmong à  Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) - rapports aux lieux et diaspora

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par Pilippe MICHEL-COURTY
Université de POITIERS - Migrinter - Master 2 2007
  

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3. L'élargissement du bassin de vie familial par les mariages

Si le domicile, prolongé par le jardin, et le quartier sont vécus comme « un ancrage identitaire » (RAMADIER, 2002 : 121), ils constituent en quelque sorte pour les membres de la communauté un territoire approprié, un bassin de vie construit progressivement et dans lequel les lieux sont habités en pratiquant avant tout une « mobilité de proximité ». Pourtant ces « bassins de vie » que chaque famille a construits se sont peu à peu élargis : les enfants, pour leurs études, pour accéder à un emploi ou parce qu'ils se marient, se déplacent et changent de domicile. Quelle est la part de choix et de contrainte dans ces formes de mobilité ? La centralité identitaire du quartier est-elle alors remise en question ?

v La scolarité et la recherche d'emploi contraignent à un éloignement temporaire

Tous les enfants des familles arrivées dans les années 1980 dans le quartier de la Herse ont fréquenté l'école et le collège voisins (carte n°5), ce qui avait pu faire écrire au Maire de l'époque, s'adressant à son homologue de Saumur dans un courrier en date du 15 juillet 1981 (annexe 1a), que « les enfants de ces ressortissants représentent 20% de l'effectif du groupe scolaire du quartier ».

Si les proportions ont diminué depuis cette date, il n'en demeure pas moins que les plus jeunes continuent d'être scolarisés au collège Calypso (9) et à l'école (3). La ville dispose d'un autre établissement d'enseignement secondaire, en l'occurrence le lycée professionnel agricole spécialisé dans la viticulture et l'horticulture. Pour les adolescents des familles hmong, les poursuites d'études se font obligatoirement en dehors de Montreuil-Bellay, généralement dans trois lycées proches : le lycée Jean Moulin à Thouars, les lycées Duplessis-Mornais et Sadi Carnot à Saumur. Cette proximité oblige ces jeunes à « navetter » quotidiennement entre Montreuil-Bellay et l'établissement scolaire. Ils demeurent en contact permanent avec leur quartier mais découvrent parfois un nouveau mode de vie en particulier dans le domaine alimentaire.

... Nous, on mange jamais français... on mange beaucoup de choses à la vapeur... on pose tout sur la table et on se sert... on n'a pas de couteau, seulement une fourchette... Chez nous la viande est déjà coupée... Je mange français à la cantine. Au début je demandais à Pierre [un camarade] de me montrer...

(Phong-Yu, 19 ans)

Demi-pensionnaires pour la première fois de leur vie, ils doivent faire l'apprentissage de nouveaux modes comportementaux et l'Autre devient le référent qui permet d'encoder de nouvelles règles. Nous avons pu effectivement constater, à l'occasion de repas pris dans des familles, l'absence de couteau à table et leur inutilité compte tenu des modes de préparation culinaires : viande déjà coupée et riz gluant accompagné de sauce ne nécessitant pas ce couvert dont un Occidental ne peut se passer. C'est au travers des parcours scolaires, contraints par l'absence de structure locale dans une petite ville, que se mènent au quotidien ces apprentissages indispensables pour « une population qui présente les caractéristiques d'une  `société de l'ailleurs' mais qui habite désormais la société d' `ici' » (ANTEBY, in SIMON-BAROUH, 1998 : 56). L'obtention d'un diplôme professionnel (CAP, BEP, Baccalauréat Professionnel) marque souvent la fin des études pour bon nombre d'entre eux et, dans le cas contraire, ils doivent aller à Angers ou à Poitiers, et, comme tout étudiant, faire l'apprentissage d'une certaine autonomie. La non poursuite d'études est souvent liée à des problèmes financiers et, par le réseau communautaire, les jeunes hommes trouvent du travail, comme leurs aînés, dans l'entreprise Euramax. Ainsi la décohabitation n'est que provisoire car très souvent, après quelques mois d' « indépendance », ils reviennent au domicile parental. Le quartier aurait-il sur eux un pouvoir attractif ? Cette hypothèse sera vérifiée par l'observation des comportements de jeunes hommes mariés ne résidant pas sur la commune.

Cependant la cause essentielle de décohabitation demeure le mariage dont nous allons présenter certaines particularités en étudiant les pratiques matrimoniales en oeuvre dans 3 familles retenues dans l'échantillon. Il s'agit là encore de familles polygames (graphique n°3) dont le nombre d'enfants élevé - 56 enfants pour 7 épouses - va constituer un sous-échantillon. Cela correspond à un taux de fécondité particulièrement élevé - 8 enfants par femme - par rapport au niveau français - 1,94 (INSEE, 2005). De plus, on a un nombre de garçons nettement supérieur à celui des filles - 33 contre 23 soit un ratio garçons/filles de 143/100, alors qu'en France ce ratio est de 105/100. Ce profil démographique déséquilibré peut-il avoir des conséquences sur l'ancrage de la communauté ? Nous procèderons à un double niveau d'analyse : en premier lieu la forme du mariage, en distinguant les mariages « hmong » et les mariages « mixtes », puis le lieu de résidence, et ce afin de vérifier l'incidence éventuelle de l'un sur l'autre. Le graphique n°3 présente pour 3 familles la répartition des enfants par filiation maternelle et les couples constitués par les enfants mariés. Nous tenons toutefois à préciser que la notion de « mariage » est à entendre dans le sens où cela a donné lieu à une cérémonie familiale qui n'est pas toujours complétée par un acte d'Etat civil.

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