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L'attitude des états de la CEMAC face au conflit de Bakassi et ses effets sur l'institution

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par Sali Aliyou
Université de Dschand - D E A  2008
  

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CHAPITRE II : 

L'ATTITUDE INDIVIDUELLE DES ETATS DE LA CEMAC DANS LE CONFLIT DE BAKASSI ENTRE NEUTRALITE ET ENGAGEMENT

Si sur le plan communautaire, les Etats de la CEMAC ont adopté la même attitude, tel n'a pas été le cas sur le plan individuel. Ici, en effet, les Etats ont adopté des positions variées. Les uns ont opté pour la neutralité alors que d'autres plus précisément la Guinée Equatoriale a opté pour l'engagement dans le conflit en faveur du Nigeria. A cette attitude participative de nature individuelle (Section 2) la majorité des Etats a opposé une position de neutralité (Section 1).

SECTION I : LA POSITION DE NEUTRALITE105(*) DE LA MAJORITE DES ETATS

Pendant le conflit de Bakassi, tous les Etats de la CEMAC, à l'exception de la Guinée Equatoriale, sont restés neutres. C'est-à-dire qu'ils n'ont pris parti ni en faveur du Cameroun, ni en faveur du Nigeria. Cette position de neutralité qui a donc été la position dominante (paragraphe 1) pourrait avoir plusieurs explications (paragraphe 2).

Paragraphe I : La neutralité, position dominante de la majorité des Etats

Le Gabon, le Congo Brazzaville, la République Centrafricaine et le Tchad ont fait profil bas pendant le conflit de Bakassi en observant un étrange mutisme.

Ce silence à notre sens pourrait être qualifié de neutralité, c'est-à-dire que les Etats n'étant pas directement concernés par le conflit ont préféré prendre du recul vis-à-vis des parties en conflit le Cameroun et le Nigeria.

Très souvent, face à un conflit interétatique, les Etats voisins et les autres Etats adoptent des positions de neutralité active. Cette dernière consiste à condamner les actes des différentes parties en conflit, à proposer des solutions pacifiques pour la résolution des différends, ou encore demander aux parties de respecter les engagements pris dans la résolution diplomatique du conflit. A notre connaissance, les Etats ci-dessus énumérés n'ont ni condamné les agressions camerounaises par les troupes nigérianes, ni proposer la résolution juridictionnelle devant la CIJ, ni demander aux parties de respecter les engagements pris par eux dans la résolution diplomatique du conflit de Bakassi. On comprend dès lors que ces Etats aient adopté une neutralité passive qui se justifie par plusieurs facteurs.

Paragraphe II : L'explication de la position de neutralité adoptée par les Etats

L'adoption de la position de neutralité par la majorité des Etats de la CEMAC pendant le conflit de Bakassi s'explique par les relations peu conciliantes ou peu harmonieuses entre ces Etats et le Cameroun. Le chef d'Etat Camerounais ne compte pas que des amis au Tchad, au Congo Brazzaville ou en RCA. En fait le chef d'Etat Camerounais est cerné par des voisins qui ne le portent pas tout en estime106(*). En effet les relations entre le Cameroun et certains Etats de la CEMAC ne sont pas toujours au beau fixe. Elles ont été entachées par des litiges opposant les dirigeants, parfois elles sont teintées par des fléaux sociaux qui sévissent dans les Etats ou à leurs frontières communes. Ainsi, les relations sont difficiles entre le chef d'Etat camerounais et les Chefs d'Etats gabonais et centrafricain107(*) (A).A cela on peut ajouter l'existence des liens d'insécurité entre le Cameroun et le Tchad (B).

A- Les relations difficiles entre le chef d'Etat camerounais et les chefs d'Etat gabonais et centrafricain

Les liens personnels108(*) entre les chefs d'Etat peuvent avoir des conséquences sur des relations entre leurs différents Etats. Ainsi lorsque les liens entre les dirigeants sont au beau fixe, les Etats entretiennent des relations conviviales. Cependant lorsque ces liens sont tendus, les relations sont aussi difficiles et par conséquent l'un des Etats peut rester neutre ou indifférent vis-à-vis de l'autre lorsque celui-ci est en difficulté : les relations entre les chefs d'Etat camerounais et ses homologues gabonais et centrafricain constituent une parfaite illustration de cette situation. Les relations du Cameroun avec la République Centrafricaine et avec le Gabon ne présentent pas de contentieux majeurs mais elles ne sont pas empreintes d'une grande chaleur du fait, parfois, des relations difficiles entre les chefs d'Etats respectifs de ces pays.109(*)

Les relations entre le chef d'Etat Camerounais et son homologue gabonais ont toujours été difficiles à cause de l'orgueil de l'un et de l'autre. A plusieurs reprises, le président gabonais Omar Bongo Odimba s'est ému dans les colonnes des journaux panafricains basés à Paris, de la condescendance affichée à son égard par son homologue camerounais. Dans l'une de ses interviews, il avait déclaré en substance : « Je me suis déjà rendu à plusieurs reprises à Yaoundé, Paul Biya ne vient jamais chez moi. Je ne pars plus chez lui »110(*). Le chef d'Etat gabonais a même failli ne pas venir au Cameroun lors du sommet France-Afrique organisé au Cameroun en 2001 n'eut été la pression du Chef d'Etat Français de l'époque, M. Jacques Chirac111(*). Le bras de fer qui existe entre ces deux chefs d'Etat qui comptent parmi les plus anciens d'Afrique à leur poste serait dû à la recherche du leadership sous régional. En effet, le Gabon a toujours affiché ses prétentions de leadership112(*). Sa tactique, ces dernières années, a consisté à s'associer au Congo en vue de s'imposer comme le moteur de la CEEAC et de la CEMAC et en s'opposant souvent aux projets communautaires initiés par le Cameroun113(*). Le Gabon remet donc en cause le « leadership naturel et légitime » du Cameroun au sein de la CEMAC. Pourtant, le Cameroun dispose de tous les atouts lui permettant de s'imposer comme le leader de la CEMAC par rapport au Gabon114(*).

S'agissant des relations entre le président camerounais et son homologue centrafricain, elles restent aussi difficiles. Mais contrairement au Gabon, ces relations ne reposent pas sur la recherche du leadership sous régional, mais sur la gestion de l'insécurité aux frontières consécutive aux actes des coupeurs de route qui selon le Cameroun proviendraient de la RCA.

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B- Les liens d'insécurité entre le Tchad et le Cameroun

Le Cameroun et le Tchad n'ont pas de problèmes frontaliers. Mais l'insécurité au Tchad a des incidences sur le Cameroun. D'où l'existence des problèmes d'insécurité115(*). Cette insécurité est entretenue aux frontières par des actes de banditisme souvent conduit par des mouvements de rébellion hostiles au pouvoir en place à N'djamena116(*).

Les liens d'insécurité entre le Cameroun et le Tchad sont alimentés par le phénomène du grand banditisme et des coupeurs de route qui sont le fait des éléments de forces armées tchadiennes et des ex-combattants qui se sont constitués en faction dissidents ou de brigands d'origine camerounaise et /ou tchadienne. Les filières de vol de voitures alimentées par le banditisme urbain au Cameroun, les conflits ethniques au Cameroun entre les Kotoko et les arabes Choa, repartis de part et d'autre, ces derniers traversent souvent le Logone, fleuve qui sépare le Cameroun et le Tchad, pour porter main forte à leurs frères au Cameroun117(*).

En outre, il faut noter que l'insécurité à la frontière entre le Cameroun, le Tchad et la RCA (Mbaïboum) rend davantage les relations entre ces trois Etats peu conviviales. Les populations de cette zone sont victimes des coupeurs de route et face à cette situation, les Etats ont adopté la politique de fermeture des frontières nationales et pire encore, les Etats s'accusent réciproquement, ce qui envenime de plus en plus les relations entre ces Etats. En effet, le Cameroun accuse les tchadiens et les centrafricains de couper la route sur son sol. Cette accusation entraîne une certaine zénophobie et contribue à ériger les barrières au niveau des mentalités. Il résulte des problèmes de perception et de représentation que les uns ont vis-à-vis des autres. Le complexe de supériorité et l'image négative qu'ont les camerounais vis-à-vis de leurs voisins tchadiens et centrafricains118(*) rendent difficile les relations entre le Cameroun et les autres Etats et portent atteinte à la fraternité et la solidarité entre ces Etats.

Dans ce contexte, l'intégration régionale, dans le cadre de la CEMAC marque le pas en raison des troubles sociaux dont plusieurs Etats de la région sont le théâtre mais aussi des craintes suscitées chez les pays voisins par une éventuelle hégémonie du Cameroun119(*) entraînant dans certains cas l'adoption d'une attitude de rupture entre les Etats, à l'instar de la Guinée Equatoriale dans le conflit de Bakassi.

SECTION II : L'ATTITUDE PARTICIPATIVE DE LA GUINEE EQUATORIALE

La Guinée Equatoriale n'a ménagé aucun effort pour choisir son camp pendant la crise bilatérale entre le Cameroun et le Nigeria. Très tôt en 1994, elle s'est engagée dans le conflit, à la différence des autres Etats de la CEMAC, non en faveur de son voisin de la communauté mais au côté du Nigeria (paragraphe 1). Il s'agit là d'une attitude de rupture justifiée par des multiples raisons (Paragraphe 2).

Paragraphe I : L'engagement de la Guinée Equatoriale en faveur du Nigeria

A la différence des autres Etats de la CEMAC qui ont préféré la neutralité, la Guinée Equatoriale a choisi son camp. Elle s'est montrée comme un allié du Nigeria à plusieurs reprises pendant le conflit. La Guinée a non seulement formé avec le Nigeria un deal diplomaticostratégique (A) mais aussi et surtout, elle s'est ralliée à la cause nigériane devant la Cour Internationale de justice (B).

* 105 La neutralité est un classique du droit international et développé à partir du XVIIe siècle. De manière prosaïque, la neutralité peut être définie comme la politique adoptée par un Etat qui reste à l'écart d'une guerre affectant deux ou plusieurs Etats en s'abstenant d'y participer, directement en prenant part aux hostilités, ou indirectement en assistant l'un ou l'autre des belligérants. V. Smouts (M.C), Battistela (D), Venesson (P), Dictionnaire des relations internationales, Paris, 2ed, Dalloz, 2006, p.376. La neutralité impose aux Etats un devoir ou une obligation générale d'abstention.

* 106 Ngogang (T.), Bongo et Sassou lâchent Paul Biya, quotidiens Mutation du 06/04/2004 p.3.

* 107 Au sein de la CEMAC ce sont les difficiles relations entre les chefs d'Etats centrafricain Ange Felix Patassé et tchadien Idriss Déby qui ont été les plus préoccupantes. En effet ces chefs d'Etats s'accusent mutuellement d'abriter sur leur sol des rebels dont ils ont refusé l'extradition. V. Moyé Bongyu (G), Op.Cit, p. 46.

* 108 En droit international, on parle des relations impersonnelles c'est-à-dire des relations entre les Etats. Mais ces relations sont souvent teintées de subjectivité. Ainsi, elles peuvent prendre un bon coup voire même se détériorer.

* 109 De Villepin (X.), Penne (G.) et Brisepierre (P.), « L'Afrique Centrale : un nouveau départ ? Les exemples du Cameroun et du Congo, Rapport d'information n°376, 1997-1998, p.1, http : //www.google.com.search.

* 110 Ngogang (T.) Op.Cit.p.3.

* 111 Moye Bongyu (G.) Op.Cit p.43.

* 112 Awoumou Côme (D.G) Op.Cit p.6.

* 113 Le Gabon a voulu diluer au sein de la CGG le projet camerounais de la création du COPAX et son intégration au sein de la CEEAC au détriment de la thèse camerounaise qui prônait l'autonomisation du COPAX.

* 114 Le Gabon a une population et une densité au km² faibles d'une part et d'autre part, il n'adhère pas au projet d'intégration régionale mais plutôt la coopération.

* 115 Mahamat (A), Ambassade du Cameroun au Tchad : les grands dossiers de la coopération, Rapport de stage académique, IRIC, Yaoundé, octobre 2002.

* 116 De Villepin (X.), Penne (G), Brisepierre (P.) Op.Cit p.2.

* 117 Mahamat (A) Op.Cit p.11.

* 118 Taguem Fah (G.L) et Mamoudou Op.cit p.118.

* 119 De Villepin (X), Penne (G), Brisepierre (P), Op.Cit.p.2.

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