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Dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero

( Télécharger le fichier original )
par January KASEREKA KOMBI
Université catholique du Graben - Licence 2008
  

Disponible en mode multipage

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EPIGRAPHE

« L'Afrique ne se meurt pas. Elle se suicide dans une sorte d'ivresse culturelle, pourvoyeuse de seules gratifications morales. Les injections massives de capitaux n'y pourront rien. Il faudrait d'abord désintoxiquer les mentalités, remettre les pendules à l'heure, et surtout placer les individus face à leurs incontournables responsabilités ». S. RUJEMISON.

DEDICACE

A mon feu Père KASEREKA JEAN et à ma feue Soeur KAVUGHO KOMBI Anasthasie, qui nous ont quitté presque tôt sans avoir participé à l'achèvement de nos études.

REMERCIEMENTS

Cette oeuvre n'est pas le fruit d'une seule personne mais l'effort conjugué d'une multitude de personnes de bonne volonté. Il nous serait ingrat de ne pas les remercier dans ce travail.

Nos premiers remerciements vont tout droit au directeur de ce travail MAFIKIRI TSONGO Angélus, professeur Ordinaire et recteur de l'Université Catholique du Graben et au chef de travaux KASWERA MULYANGOTE Léonie pour avoir accepté la direction de ce mémoire. Leurs informations et éclaircissements, leurs conseils pratiques ont permis la faisabilité de ce travail.

Nous ne pouvons passer sans dire aussi merci au doyen de la Faculté de Sciences Economiques et de Gestion, le professeur KAMBALE MIREMBE Omer pour nous avoir édifié scientifiquement par ses conseils et ses qualités.

Que tous les professeurs et assistants de la faculté d'économie trouvent ici le fruit de leurs enseignements.

Que nos remerciements parviennent aussi à ma mère KAHINDO STEPHANIE ainsi qu'à toutes mes soeurs pour le lien de fraternité que nous partageons et à tous les membres de famille.

Au couple Jean-Claude KALWENE et MOMBI BASAGA Hélène, nous disons merci pour nous avoir soutenu financièrement pour l'impression de ce mémoire.

A la famille, Abdon KALEWA, à Lubero, pour nous avoir accueilli dans sa famille et avoir facilité ainsi la récolte des données ainsi qu'à l'Administrateur du territoire de Lubero.

A maman IDESE et toute sa famille, nous exprimons notre profonde gratitude pour les fournitures scolaires nous fournies mais aussi à la nutritionniste MAGAZANI Antoinette pour son soutien financier lors d'un moment difficile de nos études.

Aux membres du club « Les amis de l'UCG », pour leur parfaite collaboration et l'esprit associatif, qui ont participé à l'achèvement de nos études.

Nos profondes reconnaissances vont à papa BERTIN, agent à l'OCC-Butembo, pour nous avoir disponibilisé son ordinateur portable ayant favorisé la saisie de ce travail.

A mes très chers SIFA MWENGE, SAFI KASOLENE, EMERY et leur mère ELISABETH ; TANTINE, KASEREKA MUNDOLEKO, KAHINDO KALIMWAVENE, PALUKU NDAGHUSWA pour leur esprit d'attachement.

Notre reconnaissance s'adresse également à la famille LUSENGE pour différentes faveurs scolaires nous offertes : LUSENGE KALWAHALI Gaudens, MUGHOLE ATOSHA, MUSONDOLYA, MUYISA LUSENGE, WASINGYA LUSENGE, MUSANGANIA WA LUSENGE et WARIDI WA LUSENGE.

Nous n'oublions pas d'exprimer nos gratitudes à KAVIRA MUTSAKA Adidja, KAVIRA KALUGWANA, DEVOTE KAVUNGA, MUMBERE SIVIRIHAUMA, SOYO, et tous les autres compagnons.

Aux camarades avec qui nous venons de finir le deuxième cycle notamment ISMAILI, BORA, KIVERWA, KALONDERO, KAHONGYA, KALUBENGE, KIBENDO, KWARUSU, KITAHERUKA, MASUMBUKO, MAKELELE, TAVUGHA, MWERO, KATYA NDOVYA, NZOVOLI, MUSANGA, MUHAVWAMBOKO, KAKUNDIKA, KAMABU, MUNYAMBALU, MUHINDO BUNAMBO, et tous les autres.

A tous nos amis : AIMEDO, MUDOGO, SYLVIE MWANAMOLO, Gisèle MBWEKI, Eugénie KAVATSAWA, MUHINDO NGIGHE, Rosine WASINGYA,... qu'ils sentent à travers cette oeuvre notre attachement amical.

De même, nos remerciements s'adressent aux demoiselles MARRY et FAZILA pour avoir dactylographié ce travail avec promptitude et clarté.

Enfin, que tout le monde n'ayant pas été cité nommément dans cette oeuvre, se sente aussi gratifié à travers cette dernière phrase.

INTRODUCTION GENERALE

En introduisant ce travail, notre intention est de faciliter la lecture et situer le lecteur. Nous allons respectivement présenter l'état de la question, la problématique qui a inspiré notre recherche, les hypothèses aux questions qui ont orienté notre réflexion, le choix et intérêt du sujet, les objectifs poursuivis par ce travail et le cadre méthodologique qui a permis d'y arriver. Nous allons en outre préciser la délimitation spatiale et temporelle de cette étude et les orientations afin de la  lecture des chapitres de ce document.

1. ETAT DE LA QUESTION

L'état de la question est une étape qui consiste à chercher les hypothèses de travail par l'examen des résultats des recherches antérieures sur un phénomène donné. Sous cet angle, l'état de la question est un préalable pour l'élaboration d'un mémoire car il va lui attribuer un cachet spécial conformément à son aspect pour le domaine sous étude. Il s'agit de donner l'historique ou les fondements théoriques de la recherche menée.

La question d'entreprenariat ou entrepreneuriat a déjà fait l'objet de nombreuses études et analyses.

Ainsi KIYANI PALUKU1(*) se penchant sur l'entreprenariat en ville de Butembo est arrivé à conclure que «  la population de Butembo a un esprit d'entreprise, une fois un petit revenu trouvé elle songe à le fructifier soit par un petit commerce soit en investissant dans l'amélioration de ses équipements pour ceux qui font l'artisanat où la créativité bat le record pour cette population, à part l'activité principale il y a aussi à coté une ou plusieurs activités secondaires. Celles-ci sont bénéfiques tant pour la personne que pour la société. L'auteur poursuit en soulignant que les entrepreneurs de Butembo, à partir de leurs initiatives créent des richesses en produisant des biens et des services et redistribuent les revenus en payant les facteurs qu'ils utilisent. Quand une personne veut entreprendre, elle imite les autres au début en menant d'abord les investigations sur les avantages et les difficultés de l'activité choisie ».

Cherchant à connaître pourquoi les femmes ont choisi l'activité de tricotage en ville de Butembo, MASIKA MAYAO2(*) est arrivée à la conclusion selon laquelle « l'activité de tricotage joue un rôle dans la survie des responsables des ateliers et des employés oeuvrant dans ces ateliers ainsi que de leurs familles respectives... cette activité a réduit le nombre des chômeurs surtout féminins ».

Paraphrasant le CNUCED3(*), qui en analysant l'importance de l'entreprenariat, estime que « le développement du secteur privé et de l'entreprenariat est un élément essentiel de la réalisation de l'un des objectifs du millénaire pour le développement : la réduction de la pauvreté....Dans beaucoup de pays en développement, le développement du secteur privé est un moteur puissant de la croissance économique et de la création des richesses ».

2. PROBLEMATIQUE

2.1 Contexte

Le rôle de l'entreprenariat et de la culture entrepreneuriale dans le développement économique et social est sous estimé. Cependant, au fil des ans, il devient de plus en plus évident que l'entrepreneuriat participe réellement au développement économique.

Paraphrasant le professeur Gaspard BAGALWA MUHEME1(*depuis les années 1980, en tout cas, eu égard à toute la littérature sur les économies informelles dans le monde, l'entrepreneur est devenu un sujet digne d'intérêt pour les économistes. Pour SCHUMPETER cité par le même professeur, « l'entrepreneur devient un joueur qui sait exploiter les possibilités que lui offre l'économie du marché ».

L'entrepreneur est l'acteur central du développement socio-économique. G. Henault et R. M'Robert2(*) estiment que « sans entreprenariat, point de salut ». L'entreprenariat est donc le socle, le soubassement de tout développement. L'entrepreneur est ainsi le moteur de la croissance économique et du progrès technologique.

L'histoire montre que le progrès économique est surtout le fait des personnes pragmatiques animées par l'esprit d'entreprise et d'innovation qui arrivant à tirer partie des occasions qui se présentent et sont prêtes à prendre de risques. Elles sont persuadées comme l'énonce la devise du centre de recherche en développement Endogène : « on ne développe pas, on se développe ».

« L'avenir de l'Afrique, c'est le combat acharné des africains qui le construira »3(*)

L'homme a toujours imaginé, formulé et définit la réalité future. Il cherche des moyens nécessaires pour la concrétiser. Ainsi, naît un projet qui procure des revenus ou autres avantages monétaires ou non monétaires pour l'individu ou la collectivité entière4(*).

En effet, l'entrepreneuriat ou l'entreprenariat est caractérisé par l'esprit d'entreprise que Werner Sombart5(*) définit comme « l'ensemble des qualités psychiques qu'exige l'heureuse réalisation d'une entreprise. La passion de l'argent, l'amour des aventures l'esprit d'invention, etc. constituant les traits de l'esprit d'entreprise ».

Pour CAMILERI6(*, « les entrepreneuriaux ne sont pas en mesure d'exploiter les opportunités économiques par manque de moyens financiers : ces pauvres ont l'esprit d'entreprise c'est-à-dire des capacités de courage, de ténacité, de flexibilité et de créativité ».

Donc un pauvre doit chercher des voies et moyens pour survivre et cela en faisant de l'entreprenariat.

De tout temps, de nombreuses activités de taille très réduite (qualifiées habituellement de micro-entreprises) se sont développées dans les pays du Sud pour permettre aux populations pauvres de subsister. Celles-ci regroupent des activités diverses qui font intervenir des marchands ambulants, petits artisans, taximen, vendeurs de rue, etc.

Dans ces pays du sud, la période coloniale a vu l'implantation d'entreprises, commerciales d'abord, puis de production agricole ou minière et enfin industrielles et de services, axées sur le modèle des pays colonisateurs. L'Etat en est le seul entrepreneur économique.

Cependant, le secteur public, après avoir assuré tant soit peu la croissance dans la plupart des économies nationales au cours de la décennie 60, semble aujourd'hui, avouer son échec. L'Etat a failli à sa mission. Dans son rapport de 1994, la Banque mondiale4(*) déclarait : « L'économie formelle du pays (Ex-zaïre et actuellement la RDC), s'est presque effondrée, l'infrastructure et les équipements physiques ont subi de graves dommages, l'intermédiation financière a cessé presque d'exister. Le secteur public est en état de cessation de paiement et dans l'incapacité d'assurer jusqu'aux plus essentiels des services publics... La très grande majorité de la population vit dans la pauvreté ». D'où l'économie privée devrait désormais prendre le relais.

C'est ainsi que KAMBALE MIREMBE 5(*)affirme « qu'à la suite de la défaillance des Etats africains en matière de développement, de nouveaux acteurs non étatiques prennent le relais. Parmi eux, on retrouve les commerçants et leurs associations. Ce sont des acteurs de développement qui s'impliquent dans les initiatives locales de développement. Et ces initiatives sont surtout informelles mais permettent à ses acteurs de faire face au sous-développement et à la pauvreté ».

Le retour de l'entrepreneur serait d'une part lié à l'échec de la grande entreprise jugée trop lourde pour exploiter les nouvelles possibilités technologiques : microinformatique, micro électronique, nouveaux matériaux, biotechnologie, etc. Ce retour de l'entrepreneur s'explique également par le fait de vouloir être maître de son travail, pouvoir le penser, l'organiser, ne pas être le jouet d'une organisation dont on ignore les rouages6(*).

Plusieurs auteurs comme, GAUTHIER Bernard7(*), notent que « à la suite des échecs des politiques de substitutions sur les marchés qui ont freiné le développement des entreprises en Afrique et des déséquilibres des finances publiques, c'est sur l'initiative privée et l'entrepreneurship8(*) individuel que reposent maintenant les espoirs de croissance dans les régions en développement ».

Le territoire de Lubero et donc la RDC en général n'est pas du reste de cette réalité. D'ailleurs, actuellement le gouvernement congolais cherche à formaliser l'informel, le reglémenter, établir une fiscalité propre. Il faut donc appuyer le secteur informel. C'est qui est logique car en RDC (en territoire de Lubero plus particulièrement), on observe une multiplication des initiatives permettant aux populations de faire face aux problèmes de pauvreté, de chômage, de maigre revenu, de famine, etc. Bref, subvenir aux besoins urgents et élémentaires.

Pour accélérer la lutte contre la pauvreté, la population mise donc en priorité sur le dynamisme de micro et petites entreprises et sur leur potentiel entrepreneurial. CAMILLERI9(*) (2007) indique « qu'en effet, c'est par la dynamisation de micro et petites entreprises à fort potentiel que l'on aura les résultats les plus rapides et les impacts les plus élevés sur le milieu ambiant et, par conséquent, sur le développement économique, la croissance et, in fine, la lutte contre la pauvreté ». La priorité est donc accordée à l'entrepreneuship pour lutter contre la pauvreté.

Cependant dans le territoire de Lubero, l'entrepreneuriat est l'oeuvre de plusieurs acteurs et les initiatives sont de plusieurs formes. De ce fait MUSONGORA SYASAKA10(*) stigmatise qu'en territoire de Lubero, « les initiatives revêtent plusieurs formes ; il peut s'agir d'organisations non gouvernementales, de PME, de coopératives, des sectes, des églises, d'institutions de formation et d'éducation, organisation d'épargne et de prêt formel et informel, des fédérations associatives, de réseaux d'associations, d'associations caritatives, d'associations confessionnelles ; ... Cette situation montre une véritable diversité qui stimule la création des groupes spécifiques s'organisant autour de leurs propres activités ou financées par des bailleurs locaux ou étrangers ».

On constate donc que le dynamisme entrepreneurial de l'emploi indépendant et la création d'entreprises en territoire de Lubero est l'oeuvre des particuliers et certaines organisations qui ne peuvent rien attendre du fait que le pouvoir central a presque tout abandonné.

Ce sont les initiatives entreprises en milieu rural dans le territoire de Lubero qui nous intéressent dans cette recherche.

2.2. Questions de recherche

La préoccupation majeure dans ce mémoire peut être résumée par les questions suivantes : Quels sont les initiatives auxquelles s'a donne la population en milieu rural ? Quels sont les facteurs explicatifs du dynamisme entrepreneurial en territoire de Lubero ? Les banques interviennent-elles dans le financement des activités entreprises en territoire de Lubero ?

Ces questions nous poussent à soulever quelques sous questions :

- Les initiatives entreprises sont-elles privées, publiques, des Organisations Non Gouvernementales ou des institutions publiques ?

- Quelle est l'origine de financement ?

- Les entrepreneurs sont-ils des innovateurs au sens schumpétérien ?

Telles sont les principales questions auxquelles cette recherche va apporter des réponses et les mineures pourront suivre au fur et à mesure que la recherche continue.

Pour y arriver, il nous faut maintenant émettre les hypothèses qui seront infirmées, confirmées ou nuancées selon les résultats de la recherche.

3. HYPOTHESES

L'hypothèse est une proposition anticipée de réponse, une idée pressentie, le point de départ nécessaire de toute recherche mais qui attend confirmation par la vérification argumentative11(*).

A titre d'hypothèses, on pourrait affirmer que les types d'initiatives auxquels se livrent la population des milieux ruraux en territoire de Lubero seraient l'agriculture, l'artisanat, les petits métiers et le commerce souvent itinérant. Les facteurs du dynamisme entrepreneurial en milieu rural seraient le manque d'emploi et du travail donc du revenu, le redressement du chômage,... Ces facteurs seraient d'ordre économique, politique et socio-culturel. Les banques seraient invisibles dans le financement des activités car en milieu rural, les garanties sont inexistantes.

4. OBJECTIFS DE L'ETUDE

Les objectifs poursuivis dans ce mémoire nous permettent de décrire et d'identifier le but à atteindre. Ainsi distinguons-nous les objectifs généraux des objectifs spécifiques.

1. Objectifs généraux : trois objectifs généraux ont été retenus pour ce mémoire. Il s'agit pour nous de déterminer les types d'initiative entreprise en territoire de Lubero, précisément en milieu rural mais aussi déterminer les facteurs explicatifs du dynamisme entrepreneurial en territoire de Lubero. Et, in fine, voir si les banques financent les activités dans ce territoire.

2. Objectifs spécifiques : Les objectifs spécifiques permettent la réalisation des objectifs généraux. Pour ce faire, nous identifions les raisons qui poussent les entrepreneurs à oeuvrer en milieu rural. Aussi décrirons-nous les caractéristiques des entrepreneurs à partir de certaines variables. Nous déterminons l'origine de financement des entreprises mais aussi celle des entrepreneurs pour voir s'ils proviennent des milieux ruraux ou des milieux urbains. Nous essayons de voir si les entrepreneurs font de l'innovation ou l'imitation. Nous analysons de même le rôle de la famille dans l'entreprenariat en territoire de Lubero ainsi que celui de l'Etat.

5. CHOIX ET INTERET DU SUJET

Le choix d'un sujet serait inutile s'il n'y avait pas de problème. En effet, toute recherche naît de l'existence d'un problème qu'il faut élucider ou duquel il faut contribuer à la résolution.

Les pays qui sont développés sont ceux qui mettent plus l'accent sur l'entreprenariat et plus particulièrement sur l'innovation. Les économistes constatent que les pays en voie de développement manquent souvent de PME, syndrome connu sous le nom de « maillon manquant ».

Le choix de ce sujet a été motivé par le souci de connaître les types d'initiatives ou d'entreprises qu'on retrouve en milieu rural et aussi évaluer leur importance dans le développement de ce milieu. De même, il est utile de faire connaître l'esprit entrepreneurial dans notre milieu afin de mieux orienter les acteurs dans ce domaine. L'intérêt de cette étude est triple.

1. Intérêt théorique : la présente étude aura, d'une part, le mérite de mettre à la disposition de tout intellectuel désireux de cogiter sur l'entrepreneuriat en milieu rural un outil de travail judicieux. Sûrement que ce travail va ouvrir les voies ou les brèches à d'autres recherches ultérieures et proposera des actions de soutien aux acteurs de développement en vue d'une véritable promotion de l'entrepreneuriat en milieux ruraux.

2. Intérêt pratique : d'autre part ce travail permettra aux acteurs entrepreneurs de comprendre les mécanismes de fonctionnement de leurs entreprises pour un meilleur résultat. De même, c'est un appel lancé aux décideurs publics, afin qu'ils sachent que l'entreprenariat en milieu rural ne peut pas être négligé. Au contraire, il doit être protégé. C'est une issue de lutte contre le chômage et par conséquent des mesures judicieuses doivent être prises afin de permettre un développement durable de ces initiatives.

3. Intérêt personnel : non seulement ce travail est conditionnel pour achever notre cycle de licence, mais aussi il nous aide à amorcer une réflexion permettant d'apprécier le dynamisme entrepreneurial en milieu rural en vue de soumettre aux entrepreneurs, aux ONG, aux autorités publiques,... des propositions efficaces d'encadrement des initiatives conçues. C'est aussi l'occasion pour nous de mettre en valeur l'entreprenariat en territoire de Lubero.

La valeur pratique et scientifique de ce travail ne sera atteinte que lorsque nous aurons fixé des objectifs.

6. DELIMITATION DU SUJET

Le territoire de Lubero est vaste. Dans son organisation administrative actuelle, le territoire compte 4 entités coutumières (Bamate, Bapere, Baswagha, Batangi) ; 4 agglomérations semi-urbaines (Kanyabayonga, Kayna, Kirumba et Lubero et une ville : la ville de Butembo). La présente étude porte essentiellement sur les agglomérations semi-urbaines de ce territoire.

Pour des raisons des moyens et du temps, nous l'avons limité dans le temps et dans l'espace. Dans l'espace, l'étude n'a pas la prétention d'analyser la dynamique de l'entrepreneuriat dans tout le territoire, mais plutôt dans les agglomérations semi-urbaines, plus particulièrement LUBERO.

Dans le temps, il s'agit d'une étude de la dynamique. Ainsi nos données sont longitudinales. Nous considérons la dynamique entrepreneuriale pendant la période coloniale et post coloniale

7. METHODOLOGIE

Pour mener une recherche à bon port et avoir des résultats fiables, la rigueur et la pertinente de la démarche scientifique doivent reposer sur un choix judicieux et cohérent des méthodes d'analyse et des techniques de collecte des données afin d'éviter de tâtonnements du chercheur et réduire la probabilité d'aboutir à des conclusions erronées.

7.1. Méthodes

Dans le cadre du présent mémoire, nous avons estimé que l'usage de la méthode analytique, la méthode historique, la méthode statistique et la méthode inductive permettent la réalisation de nos objectifs.

1. La méthode analytique : elle a servi à analyser les informations collectées et l'interprétation des résultats.

2. La méthode historique : elle a été utilisée pour analyser les faits historiques qui sont à la base de la dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero car une dynamique suppose un mouvement.

3. La méthode statistique : avec elle nous avons pu calculer les fréquences simples pour différentes variables de ce travail.

4. La méthode inductive : elle a été utile pour la généralisation des résultats obtenus dans la seule agglomération de LUBERO à toutes les agglomérations du territoire.

7.2. Techniques

L'usage des méthodes susdites nous a obligé à recourir à certaines techniques qui nous ont également favorisé la récolte des données nécessaires à la rédaction du présent mémoire.

Ainsi, le recours à la technique documentaire et à celle d'interview ont été jugées plus appropriées pour cette étude.

1. La technique documentaire : consiste à puiser les données existantes dans les écrits en rapport avec le sujet. Nous avons consulté divers documents portant sur l'entreprenariat et le territoire de Lubero. Parmi les documents consultés, on a des ouvrages, des revues, des textes légaux, des annuaires, TFC, mémoires, des notes des cours ainsi que des sites Internet, bref toute la documentation disponibles.

2. La technique d'interview : consiste à puiser les données utiles à une enquête suscitant des déclarations orales de quelques personnes susceptibles de fournir ces données. Nous avons aménagé des entrevues avec les entrepreneurs du territoire de Lubero pour obtenir les informations nécessaires à la rédaction de ce travail.

8. ORIENTATIONS POUR LA LECTURE DU TRAVAIL

Le travail est articulé sur trois chapitres devancés par la présente introduction. Dans cette introduction, nous décrivons l'état de la question, la problématique de notre recherche, les hypothèses à vérifier, le choix et l'intérêt de l'étude, les objectifs poursuivis ainsi que les méthodes et techniques utilisées.

Le premier chapitre renferme le cadre théorique ou définitionnel et la thématique autour des notions d'entreprise, (section 1) d'entrepreneur (section 2) et d'entrepreneuriat (section 3).

Le deuxième chapitre quant à lui propose la présentation de la zone d'étude : le territoire de Lubero (section 1). Elle propose également l'approche méthodologique du travail (section 2) ainsi que une approche historique qui va du salariat à l'entrepreneuriabilité (section 3).

Le troisième chapitre est une étude des micros et petites entreprises ou initiatives dans la perspective entrepreneuriale.

Ce travail se termine par une conclusion et des suggestions émises en vue d'améliorer et d'amenuiser l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.

Chapitre Premier :

THEORISATION : ENTREPRISE, ENTREPRENEUR ET ENTREPRENARIAT

Ce chapitre présente un cadre théorique sur les concepts de base utiles pour la compréhension des informations recueillies auprès des entrepreneurs du territoire de Lubero ; informations traitées dans les deux derniers chapitres.

Nous aurons à définir les principaux concepts à savoir l'entreprise, l'entrepreneur et l'entrepreneuriat12(*), l'esprit et la capacité entrepreneuriale. Aussi, nous allons épingler les différentes caractéristiques de l'entrepreneuriat, en analyser les différents types selon certains critères retenus, en donner les exigences, les moyens de financement, les contraintes. Bien d'autres notions en rapport avec notre sujet de recherche seront développées dans ce chapitre.

Il contient trois sections principales : les notions sur l'entreprise, l'entrepreneur et l'entrepreneuriat.

I.1 NOTIONS SUR L'ENTREPRISE

Les entreprises font l'objet d'études complexes. En effet, elles constituent une catégorie hétérogène quant à la taille, à la nature de l'activité, à la forme juridique, etc.

I.1.1 Définition

Il n'existe pas de définition précise de l'entreprise qui fasse aujourd'hui l'objet d'un consensus entre les différentes disciplines qui s'y intéressent. Parler de l'entreprise comme d'une réalité unique et homogène pourrait passer pour un abus de langage.

La difficulté à appréhender la notion d'entreprise provient essentiellement de la multiplicité des regards dont elle est l'objet. Le manager, le syndicaliste, le salarié et les pouvoirs publics, ont chacun une représentation différente de la même réalité, l'entreprise, à laquelle ils sont associés. De même, la diversité de regards est encore plus frappante dans la communauté scientifique. L'économiste, le gestionnaire ou le sociologue analysent l'entreprise sous des hypothèses et selon des points de vue souvent complémentaires, parfois contradictoires, rarement convergents.

Pour DARBELET M. , et LAUGINIE J.-M.13(*), « l'entreprise peut être appréhendée de plusieurs manières. Pour l'économiste, elle résulte de l'agencement de facteurs différents : travail, capital, nature ; pour le sociologue, elle est une distribution de rôles et de statuts ; pour le financier, elle est une source de profits et d'investissements ; pour le juriste, elle est un contribuable, un instrument d'expansion économique et le siège de divers conflits sociaux (grèves, revendications diverses) ».

De toute cette multiplicité de regards et cette diversité d'appréhensions, la définition unanime et unique n'est pas facile à formuler. En l'absence d'une représentation de l'Entreprise qui soit globale, synthétique et admise par tous, le plus sage est de se contenter des définitions de certains auteurs.

Plusieurs économistes considèrent l'entreprise comme le lieu où se combinent les différents facteurs de production (travail, nature et capital) en vue de produire des biens et services. On comprend que l'entreprise est l'institution où se fait la production des biens et /ou des services.

Et pour produire, l'entreprise doit utiliser des intrants provenant de la nature (terre), le travail (le salaire) et le capital (le profit).

Dans son dictionnaire de gestion, E. Cohen14(*) considère que l'entreprise est « une organisation relativement autonome, dotée des ressources humaines, matérielles et financières en vue d'exercer une activité économique de façon stable et structurée ». L'auteur insiste ici sur l'autonomie et la pérennité de l'entreprise. Celle-ci exerce une activité économique (recherche du profit) qui doit être effective avec les moyens. Il faut des moyens pour exercer une activité économique.

Pour l'encyclopédie libre15(*), au sens large, le terme entreprise s'utilise pour des projets uniques mais d'apparence risquée ou difficile (par exemple, un grand voyage ou une recherche scientifique), car il y a un effort entrepris dans l'activité.

Dans un sens économique, une entreprise est une structure économique et sociale comprenant une ou plusieurs personnes et travaillant de manière organisée pour fournir des biens ou des services à des clients dans un environnement concurrentiel (le marché) ou non concurrentiel (le monopole).

Pour le professeur BAGALWA MUHEME16(*) (1998), le mot « entreprise vient du verbe entreprendre. Entreprendre, c'est se lancer, tenter une affaire, etc. A l'origine d'une entreprise, une personne (ou plusieurs) parie sur une opportunité, elle tente de réaliser son propre profit en apportant à la communauté un bien ou un service dont elle attend une rémunération ».

L'entreprise est le lieu où se créent les emplois, où se redistribue la richesse, où se réalisent les investissements et où naissent les conflits sociaux qui contribuent à évoluer la société. L'entreprise, poursuit-il est une communauté économique contribuant au bien-être humain. Son utilité, c'est rendre l'être humain plus heureux dans la vie17(*).

Avec ces quelques définitions, il y a lieu de conclure que l'entreprise est le lieu de fabrication des biens ou services répondant aux besoins de la population, un lieu de création d'emplois, des richesses, des investissements, d'épanouissement des hommes mais aussi un lieu où les conflits sociaux prennent de l'ampleur. Bref, l'entreprise est le laboratoire où se réalise les grandes opérations économiques : la production, la consommation, la distribution, l'investissement.

Elle produit des biens ou services, consomme des facteurs de production, distribue les biens produits et fait des investissements en achetant des biens durables ou en innovant.

I.1.2 Catégories d'entreprises

Pour CHARPENTIER18(*), traditionnellement, on distingue trois grandes catégories d'entreprises, selon qu'elles appartiennent au secteur privé, au secteur public ou au secteur de l'économie sociale (coopératives, mutuelles).

I.1.2.1 Les entreprises du secteur privé

Elles regroupent les entreprises individuelles, d'une part, et les entreprises sociétaires, d'autre part.

Les entreprises individuelles, qu'elles soient agricoles, artisanales ou commerciales se caractérisent par le fait qu'une même personne fournit le capital, le travail et la direction, et est responsable de ses biens.

Les entreprises sociétaires quant à elles comprennent les sociétés de personnes (sociétés en nom collectif, sociétés en commandite simple, sociétés des personnes en responsabilité limitée) et les sociétés de capitaux (société par action en responsabilité limitée, société anonyme).

I.1.2.2 Les entreprises du secteur public

Pour les entreprises du secteur public, P.CHARPENTIER distingue19(*) :

- Les sociétés d'économie mixte : ce sont des entreprises semi-publiques dont les capitaux sont publics (l'Etat ou d'autres collectivités) et privés ;

- Les entreprises nationalisées : ce sont d'anciennes sociétés privées dont l'actionnaire unique est l'Etat qui en nomme le Président Délégué Général. Les vagues de privatisations ont considérablement réduit le nombre de ces sociétés nationalisées et ;

- Les établissements publics administratifs et les établissements publics industriels et commerciaux : sont dirigés par un conseil d'administration et un directeur général nommé par l'Etat. Les établissements publics disposent d'une autonomie financière et possèdent une personnalité morale, ce qui les distingue des régies directes qui n'ont ni l'une ni l'autre.

I.1.2.3 Le secteur de l'économie sociale

Les entreprises de ce secteur ont la forme de mutuelles, nombreuses dans la branche des assurances ou des banques (crédit mutuel) ou des coopératives. Ces dernières peuvent être de distribution, de consommation ou de production.

Fondées sur des valeurs comme la solidarité, les rapports sociaux et humains et non sur la recherche exclusive du profit, ces entreprises cherchent à apporter à leurs membres un service au meilleur prix ; elles sont administrées par des mandataires, nommés administrateurs ou gérants, élus par l'Assemblée Générale. Les associés disposent du même pouvoir dans les assemblées générales (principe un homme = une voix). Dans ce secteur de l'économie sociale, on classe également les associations à but non lucratif20(*) (organisation non gouvernementales, mouvements religieux).

I.1.3 Les Différentes dimensions de l'entreprise

L'entreprise apparaît à la fois comme une unité économique de production et de répartition, une organisation sociale et un système politique, le poids de ces différentes définitions étant variable en fonction de la nature, de l'activité, du statut juridique de l'entreprise et de la taille21(*).

I.1.3.1 L' entreprise, unité de production et de répartition

La mission de production de biens ou de services vendus sur un marché est la dimension la plus évidente de l'entreprise. Cette dernière réalise une combinaison productive à partir des ressources en hommes et en moyens, matériels, technologiques, financiers. Elle crée de la valeur par la transformation de ces inputs en outputs (produits semi-finis ou finis, services).

En satisfaisant les besoins des consommateurs, l'entreprise remplit également une fonction d'utilité sociale. De plus elle est distributive de revenus. Elle joue ainsi un rôle de répartiteur de la richesse qu'elle a créée, grâce au partage de la valeur ajoutée.

Celle-ci a pour objectif principal de rémunérer les différents facteurs de production :

- Rémunération du travail (les salaires) ;

- Rémunération du capital (dividendes versés aux actionnaires et intérêts versés aux organismes prêteurs de capitaux) ;

- Paiement des impôts à l'Etat et des cotisations aux organismes sociaux ;

- Autofinancement, correspondant à la part de la valeur ajoutée que l'entreprise affecte à son propre développement.

I.1.3.2 L'entreprise, organisation sociale

L'entreprise est un lieu où se rencontrent ce que les sociologues appellent des « acteurs sociaux », c'est-à-dire des individus et des groupes plus ou moins institutionnalisés. Les hommes et les femmes impliqués dans l'entreprise sont porteurs de compétences diverses et de savoir-faire mis à la disposition de l'organisation, au sein d'une structure qui les met en relation. Ils sont donc insérés dans un réseau de flux physiques et de flux d'informations. Assurer la cohérence d'ensemble du système suppose une certaine communauté d'objectifs entre les participants à l'organisation, la mise en place de procédures de coordination, de coopération et de communication.

Mais les individus sont aussi porteurs d'aspirations, d'intérêts, d'exigences individuelles et collectives. Ainsi, par exemple, le salaire est considéré comme un coût pour l'entreprise alors que le travailleur le perçoit comme un revenu

A travers sa participation à l'organisation, chaque individu cherche à satisfaire plusieurs catégories de besoins, comme l'ont montré les travaux de l'école de relations humaines, en particulier ceux de MASLOW : accès à un emploi et donc à un revenu, besoin d'appartenance à un groupe, besoin de reconnaissance, besoin d'accomplissement personnel.

Cependant, les débats sur la dimension sociale de l'entreprise s'élargissent aujourd'hui à des considérations plus « sociétales ». Les difficultés croissantes du marché du travail tendent à remettre en cause le rôle de l'entreprise comme lieu privilégié d'insertion dans la société et vecteur de développement social. Tel est le cas actuellement de nombreux travailleurs qui sont en chômage (Entreprises minières de la RDC) suite à la crise financière internationale avec toutes ses conséquences.

L'entreprise étant un lieu d'insertion, toutefois une proportion croissante de personnes n'y a pas accès tel qu'on le voit dans plusieurs pays en développement. Ainsi, P. CHARPENTIER estime que cela est à la base de l'émergence de nouveaux thèmes de réflexion, notamment autour de l'idée d'une « citoyenneté de l'entreprise », traduisant l'idée que celle-ci a des droits et des devoirs envers la société.

I.1.3.3 L'entreprise, système politique

L'entreprise est aussi un lieu d'affrontements, d'antagonismes, de conflits, liés à des ambitions personnelles ou à des oppositions d'intérêts collectifs.

Les jeux de pouvoir dans l'organisation sont nombreux et difficiles à cerner, la notion de pouvoir étant elle-même complexe. En effet, elle ne se limite pas à l'influence exercée sur la structure. Plusieurs sources de pouvoir existent : celui, juridique et financier, porté par les détenteurs du capital, celui issu de la compétence, détenu par la technostructure et les managers, celui des salariés représentés par leurs syndicats. A cela, il faut ajouter les pouvoirs exercés de l'extérieur, les mouvements de consommateurs en constituant une bonne illustration.

I.1.4 Finalités et buts de l'entreprise

Les finalités poursuivies dépendent d'une entreprise à une autre selon son statut juridique, son caractère dimensionnel. Ainsi, une entreprise du secteur public n'a pas les mêmes ambitions q'une entreprise du secteur privé et moins encore une entreprise du secteur de l'économie sociale.

L'entreprise du secteur privé vise la recherche du profit alors que les deux autres visent l'intérêt collectif.

I.1.4.1 La recherche du profit

La recherche du profit maximum est une hypothèse centrale des modélisations de la théorie classique où la finalité des entreprises est réduite à la seule recherche du profit.

Pour Peter Drucker22(*), il est seulement légitime de rechercher « un profit suffisant pour couvrir les risques de l'activité économique et éviter ainsi une perte ». L'objectif de réalisation d'un profit est alors indissociable de la volonté de pérenniser l'entreprise et d'en assurer la survie.

La source de satisfaction unique du producteur est le profit, et l'objectif de l'entreprise est la maximisation du profit. GENEREUX23(*) précise que le concept économique de profit est différent du concept comptable de bénéfice. Ce dernier sert en partie à rémunérer le travail des entrepreneurs et les capitaux qu'ils ont investis dans l'entreprise. Or, pour l'analyse économique, le travail et les capitaux des propriétaires de la firme sont des facteurs de production comme les autres ; leur rémunération est donc un coût et non un profit. Le profit correspond au revenu résiduel de l'entreprise. Ce qui reste quand elle a payé tous les facteurs de production y compris la rémunération normale du temps que les propriétaires consacrent à la gestion et à l'administration, et celle des capitaux qu'ils ont investis.

Bien entendu, les critiques ne manquent pas de considérer l'objectif de maximisation du profit d'irréalisme. L'entreprise poursuit aussi d'autres objectifs que celui de maximisation du profit.

I.1.4.2 Les autres objectifs de l'entreprise

En raison de leur caractère multidimensionnel on ne peut réduire la finalité des entreprises à la seule recherche du profit, même si cette dernière est essentielle.

Il existe des entités économiques qui ne visent pas à titre principal la réalisation d'un profit. C'est le cas des entreprises du secteur public, et, dans le privé, de celles du secteur de l'économie sociale (coopératives, associations à but non lucratif,...)

Il paraît alors raisonnable de penser que les producteurs connaissent et recherchent d'autres satisfactions à travers leur activité : le prestige, la reconnaissance du public, la qualité de relation avec leur personnel, le pouvoir, etc24(*). Les managers peuvent être incités à user de leur pouvoir de décision pour atteindre leurs objectifs propres : prestige personnel (l'estime), puissance, solutions de facilité, paix sociale dans l'entreprise, beaux bureaux, jolies secrétaires, etc. La poursuite de ces fins personnelles peut engendrer des coûts qui réduisent les profits des propriétaires ou des entreprises.

D'autres objectifs peuvent alors être énoncés, comme l'utilité sociale, ou plus généralement, la pérennité et la survie de l'entreprise25(*).

Mais ces objectifs ne conduisent pas à remettre en cause l'hypothèse élémentaire de la maximisation du profit.

Une entreprise capitaliste dont les profits sont très faibles trop longtemps n'a pas de justification économique : elle est en général fermée ou rachetée. Dans le cas d'entreprise de l'économie sociale, elle perdura si elle apporte une utilité sociale à la société et si elle trouve un bailleur apte à en financer les pertes éventuelles. Parmi les différents buts possibles pour une entreprise la recherche du profit occupe une place importante.

I.1.5. Fonctions opérationnelles de l'entreprise

La fonction première d'une entreprise varie selon l'entreprise ou même selon les points de vue au sein d'une même entreprise (par exemple, point de vue de l'actionnaire, de l'employé, du syndicat, de la direction, ...)

Parmi les fonctions opérationnelles habituellement observées on trouve26(*) :

- Servir le marché, en produisant et distribuant des biens et services correspondant à une demande solvable. C'est sa seule justification économique, aucune entreprise ne pouvant survivre sans en faire sa priorité, à moins d'être protégée, et en dehors du champ de la concurrence (cas de certains services publics), ce qui, d'un point de vue purement économique, peut la conduire à consommer plus de ressources qu'elle ne présente d'utilité ;

- Gagner de l'argent, c'est-à-dire extraire des bénéfices financiers en « récoltant plus d'argent que d'argent investi », notamment pour attirer les investisseurs institutionnels et les petits actionnaires ;

- Produire un excédent de trésorerie, qui sera investi avec un plus grand profit dans le développement des activités ou une autre entreprise (dans le cadre d'un groupe) ;

- Maximiser, selon le statut, l'utilité sociale (améliorer la situation de la société) ou le profit et

- Atteindre un but technique : réalisation d'un ouvrage (tunnel, pont, route ...), fabrication d'un produit manufacturé, la conception et réalisation d'un service donnant satisfaction à un client. Ce but technique peut lui-même être extrêmement varié. On citera notamment :

· Les activités qui ne sont pas, pour l'entrepreneur, l'enjeu principal, mais un moyen au service d'une autre activité : par exemple la possession d'un groupe de presse, de production de ressources stratégiques ou d'entreprises vectrices d'images ;

· Les coopératives agricoles qui sont des entreprises qui visent à dégager un bénéfice non pour elles-mêmes, mais pour les coopérateurs adhérents et

· Les « entreprises d'insertion » qui visent à rendre apte leurs employés à occuper un travail « normal », sans chercher dans certains cas à générer du bénéfice.

Certaines sociétés peuvent détourner les fonctions premières de l'entreprise, notamment pour : camoufler des activités légales ou illégales (ex : certaines activités comme le jeu, le change, le lavage de voitures, l'immobilier ... sont connues pour permettre le « recyclage » ou « le blanchissement » de l'argent issu d'activités illégales).

Après cette revue de littérature sur l'entreprise, abordons en présent la deuxième section qui présente quelques notions sur l'entrepreneur.

I.2 L'ENTREPRENEUR

I.2.1 Elucidation du concept

Une entreprise est initiée et dirigée par un entrepreneur. Dans la littérature économique, l'entrepreneur est présenté sous son meilleur jour : il innove, crée des richesses.

A partir de 1970, trois économistes, Kirzner, Casson et Shane, enrichissent fondamentalement les analyses de trois variables de base : incertitude, risque et innovation27(*).

Kirzner cité par BOUTILLIER souligne que le propre de l'entrepreneur est d'agir dans un environnement incertain, remettant du même coup en cause l'idée de Schumpeter selon laquelle l'administration par les grandes entreprises allaient entraîner la disparition du marché, donc de l'incertitude.

Dans les années 1980, M.CASSON28(*) met l'accent sur le processus de socialisation des individus (origine familiale, éducation, réseaux de relation, accès à l'information, etc ...) mais aussi replace l'action entrepreneuriale dans le contexte concurrentiel, par conséquent d'incertitude et de prise de risque, qui est le sien.

Au début des années 2000, SHANE (2003)29(*), définit l'environnement institutionnel polymorphe dans lequel s'inscrit l'activité entrepreneuriale.

L'entrepreneur agit dans l'incertitude. Il appartient à la catégorie « des gens à gages incertains » car il prend des risques (Cantillon). Il contribue à faire circuler la richesse, tel A. de Montchrétien qui comparait les entrepreneurs au sang qui irrigue les organes du corps humain30(*).

J.B.SAY dans un contexte d'industrialisation naissante, ajoute à l'incertitude et au risque un troisième élément : l'innovation. L'entrepreneur est alors une sorte d'intermédiaire entre le savant qui produit la connaissance et l'ouvrier qui l'applique à l'industrie31(*). Il est l'agent principal de la production. Mais innover, c'est aussi prendre des risques car l'entrepreneur ne peut anticiper avec certitude ce que sera le marché à venir.

Schumpeter s'attache ainsi à définir l'entrepreneur comme étant non pas l'homme d'une institution (entreprise ou exploitation), ni le bénéficiaire du profit, mais le véritable agent de progrès économique, celui qui est capable d'innover32(*). Pour lui, l'entrepreneur est aussi l'agent économique qui réalise de nouvelles combinaisons de facteurs de production33(*). Cinq combinaisons sont possibles : création d'un nouveau produit, ouverture de nouveaux marchés, présentation d'une nouvelle méthode de production, découverte d'une nouvelle source des matières premières ou de produits semi-oeuvrés, nouvelle organisation productive (comme par exemple, le cartel entre différentes entreprises d'un même secteur d'activité).

L'innovation est, grossièrement, ce qui permet à l'entreprise d'accroître son chiffre d'affaires et sa position du marché. Par le pouvoir de l'innovation, l'entrepreneur délimite son propre marché, fixe ses propres règles, maîtrise l'incertitude propre au fonctionnement du marché.

Pour KIRZNER (2005)34(*), entreprendre c'est donc tirer profit d'une opportunité parce que l'on est en possession d'un certain nombre d'informations.

Ce qui distingue l'entrepreneur Kirznérien de l'entrepreneur schumpéterien ; est que pour Kirzner : « l'entrepreneurialité n'est pour moi pas l'incertitude de nouveaux produits ou de nouvelles techniques de production, inconnues des autres, que la capacité à voir insoupçonnable, appréciés par les consommateurs et l'endroit où les nouvelles méthodes de production, ignorées des autres, sont devenues praticables de façon imprévue »35(*). Kirzner met plus l'accent sur l'information alors que Schumpeter focalise son raisonnement sur l'innovation.

Keynes rejoint Schumpeter en soulignant que le véritable moteur des affaires est notre désir inné d'activités. En reconnaissant aux entrepreneurs un rôle moteur, Keynes marque nettement sa préférence pour ces agents investisseurs à qui il oppose les épargnants indécis, fauteurs de déflation et les rentiers pour qui, il souhaite l'euthanasie36(*). L'entrepreneur redevient, dans un monde marqué par la grande entreprise, le moteur de l'économie et du progrès technique.

L'entrepreneur est l'agent économique qui agit, qui participe au développement du groupe qu'il dirige, qui va de l'avant et qui pour ce faire rejette la routine37(*).

Pour le professeur Bagalwa Muheme, « l'entrepreneur n'est pas un caritatif. Il agit par intérêt, ce qui le différencie effectivement de mouvements humanitaires. Sa visée, c'est le profit qui résulte de la différence entre le coût de ses produits et services et le prix auquel il les vendra (...). L'entrepreneur est propriétaire, organisateur de l'entreprise : c'est un acteur économique. Il est différent du manager qui est, lui, salarié, gestionnaire et organisateur de l'entreprise : c'est un agent économique et il ne supporte pas le risque qu'il prend. L'entrepreneur est excité par l'idée de tout perdre ou de gagner davantage (...). Il mène une guerre juste contre la pauvreté en créant des emplois et des richesses. Il prend des risques car il dépend lui aussi des jeux de forces du marché ».

C'est ainsi que F.KNIGHT38(*) a développé, au début du 20e siècle l'idée selon laquelle « l'entrepreneur prend des risques qui ne peuvent être couverts par une compagnie d'assurances, précisément parce que trop aléatoires ».

I.2.2 Typologie des entrepreneurs

BOUTILLIER et FOURNIER (2006)39(*) ont recensé dans un tableau à travers l'histoire, les classifications faites sur les entrepreneurs.

Tableau 1 : Typologies des entrepreneurs selon BOUTILLIER et FOURNIER

Auteurs

Entrepreneur-artisan

Entrepreneur (autres typologies)

Collins et Moore (1964 et 1970)

Entrepreneur-innovateur : orientation technique

Entrepreneur-administrateur : orientation organisateur

Smith N. (1967) basées sur le niveau d'éducation et la formation

Entrepreneur-artisan : éducation limitée, peu instruit, formation et expérience essentiellement technique, homme d'atelier, peu de compétences de gestion, peu habile pour composer avec son environnement, peu sociable, paternaliste, se méfie des emprunts, travailler à son propre compte, propriétaire, d'une petite entreprise.

Entrepreneur opportuniste : plus instruits, plus actif socialement, mieux intégré dans son environnement, meilleur communicateur, capable de déléguer, cherche avant tout à agrandir et à développer l'affaire qu'il a créée, veut construire une véritable organisation

Laufer (1975)

Entrepreneur-artisan : professionnel-indépendant, refus de la croissance au nom de valeurs traditionnelles, recherche en priorité de positions protégées sur le marché, de l'indépendance personnelle et d'un avantage financier, survie. Souvent fils d'artisan, homme d'un seul produit, préfère la sous-traitance à l'innovation, son entreprise doit s'adapter aux besoins de la famille

Entrepreneur-propriétaire : favorable à une croissance maîtrisée, conservation de l'autonomie financière.

Entrepreneur-technicien : refus de la croissance, conservation de l'autonomie.

Knight (1983)

Artisan-inventeur : motivé par l'innovation

Promoteur : coordinateur, organisateur.

Ettinger (1983)

Indépendant-entrepreneur : désir d'autonomie, indépendance, délègue peu, faiblesse organisationnelle (crée une « pseudo-entreprise »)

Entrepreneur-créateur d'organisation : volonté de pouvoir, ambitieux, délègue.

Marchesnay et Julien (1987 et 1996) :

- Pérennité-indépendance croissance (PIC)

- Croissance-autonomie pérennité (CAP)

PIC : logique patrimoniale : pérenniser son affaire, indépendance financière, préférence de l'autofinancement, croissance non prioritaire (artisan « réactor »)

CAP : croissance, développement de son affaire, mobile, individualiste. Fait travailler l'argent des autres conserve l'autonomie de la décision. Ouvert sur son environnement.

Source : BOUTILLIER S. et FOURNIER C. , op.cit, p 26

De ce tableau, il ressort que l'entrepreneur a une histoire (éducation, expériences techniques de management ou entrepreneuriales, tissu rationnel, des aptitudes (confiance en soi, ténacité, esprit d'initiative et de compétition, capacité d'adaptation, attitude face à l'innovation et au risque, engagement personnel) et des besoins (besoin de sécurité, de statut, de réalisation de soi, de pouvoir, etc.).

De ces caractéristiques, les auteurs, adoptant chacun ses critères ont donné les différentes typologies des entrepreneurs, entrepreneur-administrateur, inventeur, innovateur, promoteur, opportuniste, créateur ... , toutes ces qualités peuvent être observées chez un seul entrepreneur. Il peut donc être à la fois, artisan, créateur, inventeur, innovateur, promoteur, coordinateur, propriétaire,...

MARCHESNAY40(*) distingue les typologies des entrepreneurs selon quatre points de vue : l'entrepreneur vu comme un « créateur » ; l'entrepreneur, vu comme un « innovateur », l'entrepreneur vu comme un « développeur » et l'entrepreneur vu comme un compétiteur.

Selon COLE (1959), il y a 4 types d'entrepreneurs : l'innovateur, l'inventeur qui calcule, le promoteur trop optimiste et le constructeur d'organisation (Wikipedia. Org).

L'entrepreneur doit être un manager, un technicien, un créateur (avoir un esprit d'entreprise), un innovateur (introduction des nouvelles techniques et nouveaux procédés), un développeur (contribuer aux problèmes qui rongent la société où il vit), etc.

Après cette présentation des notions sur l'entreprise mais aussi sur l'entrepreneur, la présente section nous explicite le concept « entrepreneuriat »

I.3. L'ENTREPRENEURIAT

L'entrepreneuriat fait l'objet d'un engouement médiatique et politique pouvant conduire à des amalgames. Il est parfois utilisé dans des formes adjectives surprenantes : création d'affaires, activité, ... En effet, l'entrepreneuriat est étudié par des économistes, des sociologues, anthropologues, des historiens et chercheurs d'autres disciplines ; d'où l'entrepreneuriat peut correspondre à une ou plusieurs terminologies selon la discipline du chercheur. Pour nous, nous le considérons comme activité économique.

I.3.1. Définitions

Il y a beaucoup de chemins différents où l'entrepreneuriat peut être défini. Une vue possible de la nature d'un phénomène entrepreneurial est de le considérer comme un phénomène d'organisation. Dans cette vision, l'analyse de l'entrepreneuriat revient à étudier la naissance de nouvelles organisations ou les activités permettant à un individu de créer une nouvelle entité.

L'entrepreneuriat est l'action de constituer une nouvelle organisation et en particulier la création d'entreprise. L'entrepreneuriat peut être une activité qui crée de nombreux emplois. Pour K.KNIGHT (1967) et Peter Drucker (1970), l'entrepreneuriat consiste à prendre des risques. L'entrepreneur est une personne qui est prête à mettre en jeu sa carrière et sa sécurité financière pour mettre en oeuvre une idée, à mettre son temps et son capital dans une entreprise risquée. Une autre définition de l'entrepreneuriat décrit le processus de découverte, d'évaluation et d'exploitation d'occasions. Ainsi un entrepreneur peut être défini comme « quelqu'un qui agit non en fonction des ressources qu'il contrôle actuellement, mais qui poursuit inlassablement une occasion » (Jeffry Timmons). Pour Howard Stevenson, de l'université de Harvard, l'entrepreneuriat est « la poursuite d'une occasion qu'elles que soient les ressources contrôlées actuellement ».41(*)

Pinchot (1985)42(*) introduit le terme d' « intrapreneuriat » où « corporate entrepreneurship » pour décrire les activités entrepreneuriales au sein même d'une grande organisation.

Selon Gasse43(*), l'entrepreneuriat s'entend comme l' « appropriation et la gestion des ressources humaines et matérielles, dans le but de créer, de développer et d'implanter des solutions permettant de répondre aux besoins des individus ». L'entrepreneur crée des activités pour lutter contre la pauvreté, pour produire des biens et services,... utiles à la société.

Pour BEN CHEIKH, l'entrepreneuriat est sans doute la suite logique de l'empowerment. L'entrepreneuriat consiste à mettre en relation avec d'autres afin de créer des échanges, des projets et de la richesse.

Gatner (1990)44(*) s'est beaucoup intéressé à la question de définition de l'entrepreneuriat. Il a interrogé des experts avec la méthode Delphi en essayant de répondre à la question suivante « What are we talking about when we talk about entrepreneuship ? ». Il a déterminé à la suite de cette étude 8 thèmes relatifs à l'entrepreneuriat :

- L'entrepreneuriat touche à l'entrepreneur comme un individu ayant des caractéristiques particulières.

- L'entrepreneuriat a trait à l'innovation en général.

- L'entrepreneuriat c'est la création d'une organisation ;

- L'entrepreneuriat c'est la création de valeur ;

- Certains réservent l'entrepreneuriat au seul secteur privé, d'autres estiment qu'il peut concerner le secteur public.

- L'entrepreneuriat intéresse les organisations à forte croissance ;

- L'entrepreneuriat implique chose unique ;

- L'entrepreneuriat concerne les dirigeants propriétaires.

Bruyat (1993)45(*) en s'inspirant des travaux de Gatner (1990), a présenté ces propositions et ses contributions épistémologiques dans le champ de l'entrepreneuriat. Pour ce chercheur « l'objet scientifique étudié dans le champ de l'entrepreneuriat est la dialogique individu/création de valeur ». Cette dialogique s'inscrit dans une dynamique de changement et peut être défini comme suit :

- L'individu est une condition nécessaire pour la création de valeur, il en détermine les modalités de production, l'ampleur... et il est l'acteur principal et le support de la création de valeur.

- La création de valeur, par l'intermédiaire de son support, investi l'individu qui se définit, pour une grande part, par rapport à lui. Elle occupe une grande part dans sa vie (son activité, ses buts, ses moyens, son statut social...), elle est susceptible de modifier ses caractéristiques (savoir-faire, valeurs, attitudes,...).

Il a montré que toutes les créations d'entreprises ne conduisent pas à des situations ou l'intensité du changement pour l'individu et l'importance de la création de valeur se situent à un niveau élevé. Des entreprises peuvent être créées par imitation, par reproduction ou encore par transfert d'une activité existante (reprise).

Les différents paradigmes de l'entrepreneuriat permettent aussi à donner des définitions supplémentaires du concept entrepreneuriat.

I.3.2. La dynamique entrepreneuriale

L'entrepreneuriat est un acte propre à l'entrepreneur et la « dynamique entrepreneuriale » peut être définie comme l'ensemble du processus qui tend à favoriser la création et le développement des entreprises. Ainsi présentée, la dynamique entrepreneuriale correspond à un certain nombre de pratiques tactiques et stratégiques. Elle se rapproche de ce que P. DRUCKER définit comme l'innovation et l'esprit d'entreprise, à savoir une intention délibérée, une tâche qui doit être organisée de façon systématique et qui fait partie intégrante du travail du dirigeant.

I.3.3. Paradigmes de l'entrepreneuriat

La théorisation de l'entrepreneuriat est au croisement de divers paradigmes constituant les points de vue sur l'entrepreneuriat.

I.3.3.1. Le paradigme de l'opportunité

Il a été conceptualisé par l'école autrichienne qui s'est véritablement inscrite dans le domaine de l'entrepreneuriat avec Scott Shane et S. Venkataraman. Ce courant de pensée s'est intéressé à la notion d'opportunité comme une explication de l'entrepreneuriat qui peut être défini comme une découverte et une exploitation des opportunités d'affaires. Chez ces deux auteurs, le contexte permet d'associer l'origine d'opportunité d'affaires, le processus de découverte, d'évaluation et d'exploitation de ces opportunités et les personnes qui ont permis d'y avoir accès. En anglais,  «The scholarly examination of how, by whom and with that effects opportunities to create future goods and services are discovered, evaluated and exploited. Consequently, the process of discovery, evaluation and exploitation of opportunites; and the set of individuals who discover, evaluate, and exploit them». (Shane, Venkataraman, 2000, p. 218) 46(*).

Dans cette conception, Shane et venkataraman (2000) considèrent l'entrepreneuriat comme un champ d'étude subjectif qui intègre deux phénomènes à la fois ; la présence d'une opportunité d'affaires d'aspect lucratif et la présence des individus entrepreneurs qui identifient, découvrent et exploitent cette opportunité. Selon ces deux auteurs, les fondements de l'entrepreneuriat résident dans l'identification d'une opportunité d'affaires la capacité à la percevoir et à engager les moyens de l'exploiter.

Et Arenius et De Clerq (2005)47(*), les opportunités entrepreneuriales proviennent essentiellement dans les différentes structures du réseau auquel appartiennent les individus. Ce réseau peut dépendre du capital humain (éducation) ou du territoire (environnement).

Ainsi, nous pouvons considérer que la création de nouvelles entreprises est un phénomène entrepreneurial qui se base essentiellement sur l'identification d'une opportunité.

I.3.3.2. Le paradigme de la création d'une organisation

A. Processus de création d'organisation selon Gartner

La création d'une nouvelle entreprise constitue le coeur de la modélisation de Gatner (1985)48(*) qui a mis l'accent dans cette étude sur la naissance des nouvelles activités (organisations) permettant à un individu de créer une nouvelle entreprise.

Pour Gatner, l'apparition d'une nouvelle organisation est la conséquence d'un processus d'émergence organisationnelle. Cet événement est l'essence même de l'entrepreneuriat, et l'objet sur lequel doivent se concentrer les études. Il signale d'ailleurs qu'il n'y a pas un processus mais des processus d'émergence. L'idée d'un processus unique, et par conséquent d'un phénomène unique, a été abandonnée. L'accent est mis sur l'extrême diversité des situations qui aboutissent à des nouvelles entreprises. Les composants pertinents de la création des nouvelles organisations dans son modèle sont : l'environnement, l'individu, la firme et le processus entrepreneurial. Comme variables caractérisant son modèle, Gartner a utilisé trois variable psychologiques à savoir : la propensité à la prise de risque, le lieu de contrôle (locus of control), le besoin en accomplissement (need of achevement) et certaines variables démographiques (éducation, âge, parents entrepreneurs, etc...). La composante la plus importante autant que le nombre de variables utilisées par plusieurs chercheurs qui définissent une nouvelle entreprise par l'entrepreneur est la dimension environnementale. L'environnement joue beaucoup dans la création des entreprises.

B. Processus de création d'organisation selon Verstraete.

Pour Verstraete (2000)49(*), l'entrepreneuriat est « un phénomène complexe et comme un type particulier d'organisation impulsé par un entrepreneur qui agit pour tenter de concrétiser, au sein de la structure dans laquelle il baigne, la vision qu'il se fait de cette organisation. Il s'efforce de la rendre conforme à la représentation qu'il en fait ».

L'entrepreneuriat est vu comme un phénomène conduisant à la création d'une organisation impulsée par un ou plusieurs individus s'étant associés pour l'occasion50(*).

La définition de Verstracte est reformulée sous la forme de l'équation ci-après : PhE = f [(CxSxP) inclus dans (ExO)].

Si l'on souhaite appréhender le phénomène entrepreneuriat (PhE) dans sa globalité, on est invité à le concevoir comme la somme, mais aussi les interactions réciproques, de trois dimensions ou niveaux (C,S,P) : cognitive (c) : (qui renvoie à l'entrepreneur et à ses processus mentaux : vision, réflexivité, apprentissage) ; Structural (S) (qui évoquent les différents milieux où l'entrepreneur et l'organisation qu'il impulse, crée prendront place) ; praxéologique (P) (qui fait les lieux entre les deux précédents, puisqu'il décrit les actions de l'entrepreneur pour se positionner par rapport aux parties prenantes et configurer son organisation de manière cohérente avec les choix précédents). Mais ces dimensions ne sont constitutives du phénomène que si elles sont mises en relation avec le couple symbolique que forment l'entrepreneur (E) et l'organisation impulsée (O), au sein duquel l'idée de mouvement, d'impulsion, associée à une personne ou une équipe (dans le cas d'une création d'entreprise à plusieurs personnes), fournit la clé d'entrée permettant la délimitation par rapport à des situations proches mais différentes sur le plan conceptuel51(*).

La principale caractéristique du travail de cet auteur est l'utilisation du terme impulsion au lieu de création d'organisation car il suppose le déclenchement croissant et dynamique et le développement d'une activité ou d'une entreprise. L'auteur signale que cette impulsion peut se concrétiser dans une entité préexistante (cas de certaines reprises d'entreprises ou le cas de corporate entrepreneuship) et ne signifie pas uniquement l'apparition soudaine et brève d'une nouvelle entité52(*).

I.3.3.3. Paradigme de la création de valeur.

La valeur est le résultat d'un processus de gestion dont chaque fonction de l'entreprise possède une interprétation généralement intimement lié à la partie prenante à laquelle elle se consacre prioritairement53(*).

En effet Ronstadt (1984) (cité par Verstracte (2003))54(*) a définit l'entrepreneuriat comme étant « un processus dynamique de création d'une valeur croissante, cette valeur est créée par des individus qui assument, les risques majeurs en terme d'équité, de temps, et/ ou de l'engagement de carrière de fournir la valeur pour quelque produit ou service. Ce produit ou ce service peut ou ne pas être nouveau ou unique mais la valeur doit être infusée par l'entrepreneur en se procurant et allouant les compétences et les ressources nécessaires ». Quelle que soit la nature de bien ou de service produit par l'entreprise (nouveau ou homogène), la création de la valeur est la préoccupation de l'entrepreneur qui, grâce aux divers risques pris, affecte des ressources et des compétences nécessaires à la production.

I.3.3.4. Le paradigme de l'innovation

Ce paradigme trouve ses origines dans l'oeuvre de Joseph Schumpeter et, plus récemment, dans les écrits de Peter Drucker. La présentation d'une innovation par l'innovateur culturel (l'entrepreneur) est considéré par Schumpeter comme le processus clé dans la force économique de changement.

Au niveau de cette approche, l'innovation est considérée comme beaucoup plus qu'une innovation. L'invention dévient une innovation seulement quand elle est appliquée à un processus industriel et génère une valeur ajoutée à la fonction de

production suite à cette application. Egalement, tous les directeurs ou propriétaires d'entreprises ne sont pas tous des entrepreneurs, pas parce qu'on peut diriger une affaire sans essayer de créer des nouvelles façons de « faire » des affaires. C'est le fait d'essayer de nouvelles idées et nouvelles méthodes de production qui séparent un groupe de pionniers connus comme entrepreneurs et cet effort est connu sous le nom d'innovation.55(*)

Drucker (1985)56(*) a suivi Schumpeter en distinguant entre l'administration et l'entrepreneuriat et en définissant l'innovation comme un moyen par lequel les entrepreneurs peuvent exploiter le changement pour créer un nouveau service ou une opportunité d'affaires.

Donc l'innovation, la créativité et la découverte constituent les sujets de coeurs vitaux évoqués par les auteurs adeptes de l'innovation comme un attribut de l'entrepreneur.

Et ces deux auteurs (Schumpeter et Drucker) consentent que l'innovation constitue le coeur et la base de toute recherche ou paradigme en entrepreneuriat. L'innovation devient, le moteur de développement qui implique des créations d'entreprises dans ce monde de « destruction créatrice ».

Cependant CASSON57(*) a critiqué l'alignement de l'innovation technologique avec l'entrepreneuriat et il a considéré que c'est une erreur, d'identifier l'entrepreneuriat exclusivement comme étant l'innovation et l'innovation comme étant de la technologie. En effet, peu d'entrepreneurs arrivent à s'engager dans une radicale innovation de type Schumpetérienne pure car elle est bien connue d'un type d'accroissement important d'activité.

I.3.4. La capacité et l'esprit entrepreneurial

L'entrepreneuriat s'incarne dans la capacité qu'a un meneur de développer des connaissances reliées au démarrage d'une entreprise, à sa gestion économique, à la gestion des ressources humaines et à la capacité à créer des partenariats afin de développer une vision à long terme de ce projet ou de cette entreprise. L'entrepreneur est lié à son environnement socio-économique. Son action transforme la dynamique sociale économique existante parce que l'entrepreneur construit de nouvelles relations ou partenariats. Ceux-ci ne lui seront profitables (pas seulement économiques) que si ses nouveaux partenaires socio-économiques y trouvent également un intérêt et en tirent de la valeur58(*).

En plus, Hitt et al (2001)59(*) attribuent la capacité à repérer les opportunités d'affaires à ce qu'ils appellent, la perspective entrepreneuriale qui la définissent comme étant l'identification et l'exploitation des opportunités précédemment inexploitables. En effet, ils considèrent l'action entrepreneuriale comme étant la création des nouvelles ressources ou la combinaison des ressources existantes dans le but :

- De développer et commercialiser de nouveaux produits ;

- De conquérir de nouveaux marchés

- Et/ou de satisfaire les besoins d'une nouvelle clientèle.

Quant à Albert et Marion (1997)60(*), ils considèrent que l'esprit entrepreneurial consiste à « identifier des opportunités et à réunir des ressources suffisantes et de natures différentes pour les transformer en entreprises ».

Werner Sombart définit l'esprit d'entreprise comme l'ensemble des qualités psychiques qu'exige l'heureuse réalisation d'une entreprise. La passion de l'argent, l'amour des aventures, l'esprit d'invention, etc. constituent les traits d'esprit d'entreprise. Pour dissocier l'entrepreneur du non-entrepreneur, il faut ajouter à l'esprit d'entreprise l'esprit bourgeois lequel se caractérise par la prudence, la circonspection, la raison, le calcul, l'ordre et l'économie61(*). L'entrepreneur idéal se signale d'abord par son esprit d'entreprise. La culture entrepreneuriale n'est pas une création ex Nihilo62(*) mais peut être une reprise, entreprise technologique, artisanale, etc.

I.3.5. Caractéristiques de l'entrepreneuriat

Dans la littérature, il y a plusieurs caractéristiques de l'entrepreneuriat. Un article de wikipédia (cfr. infra) en dénombre sept :

- Il y a un « leader », l'entrepreneur, qui est la force motrice à l'origine des faits économiques ;

- Dans l'esprit de cet entrepreneur il y a une vision de l'avenir qui est préférable à celle de l'état présent ;

- Tout au long d'un processus partiellement conscientisé d'intuitions et de perspicacité qui trouvent leurs racines dans l'expérience, l'entrepreneur développe une vision ainsi qu'une stratégie afin de la mettre en pratique.

- Cette vision est mise en oeuvre rapidement et avec enthousiasme par l'entrepreneur. Le travail réalisé peut procurer le sentiment de vivre pleinement ou la satisfaction de rendre service à la société.

- La stratégie est délibérée et la vision d'ensemble est claire en revanche les détails sont malléables, incomplets et émergents.

- Les stratégies entrepreneuriales s'accompagnent souvent de structures simples et centralisées qui répondent rapidement aux directions que donne l'entrepreneur.

- Les stratégies entrepreneuriales tendent à se développer dans des marchés de niche qui ne sont pas pris en compte par les acteurs dominants du marché.

Nous constatons que l'entrepreneur est un visionnaire, un stratège. Etant visionnaire (il doit savoir où il faut aller, ses vues étant plus vastes que la réussite) ; être capable de susciter l'engagement d'autrui, avoir une évaluation lucide de soi-même, connaître ses forces et ses limites.

I.3.6. Eléments de motivations et de compétences entrepreneuriales.

Avant toute chose, il faut comprendre ce qui a conduit à la décision d'entreprendre, c'est-à-dire repérer les éléments et les contextes ayant « socialisé » l'individu pour l'entrepreneuriat.

Les chercheurs s'interrogeront par exemple, sur les facteurs ayant conduit le candidat à la création de l'entreprise à passer à l'acte en explorant ses intentions, ses motivations et les contextes par lesquels il est passé et recelant quelques explications de la décision d'entreprendre.

Verstraete et Saporta63(*) ont cherché à mettre les caractéristiques individuelles favorables à l'entrepreneuriat. Ils ont écarté les facteurs tels que la chance ou la santé pourtant déterminants dans certains projets. Ainsi, ils ont présenté douze éléments constitutifs d'un bilan de motivations et de compétences entrepreneuriales qui sont :

1. La vision : c'est un aspect crucial de l'entrepreneuriat. Les véritables entrepreneurs ont cette capacité à se forger une vision de leur affaire, vision qu'ils vont tenter de concrétiser. L'un des pôles de cette vision, réfère à la connaissance que l'entrepreneur a de ses forces et faiblesses.

2. L'engagement, la persévérance et la détermination : ces auteurs comparent dans leur ouvrage, la création d'entreprise à un parcours du combattant. Comment passer ces épreuves et résoudre ces problèmes sans ténacité, sans persévérance et sans une forte détermination ? Si le temps consacré au projet peut être relatif au tout début du processus (créateur salarié devant fournir 35 heures de son temps à son employeur, étudiant ne devant pas négliger l'obtention de son diplôme), il s'avère vite nécessaire de s'engager totalement.

3. La capacité à conduire l'organisation et l'équipe vers le futur souhaité : l'entrepreneur doit présenter des qualités de leadership. Le leader est celui sachant justement guider les autres, qu'il aura acquis à sa cause, vers l'atteinte des buts et objectifs. Cette qualité est nécessaire pour l'entrepreneur, la conduite de l'organisation doit être orientée vers la croissance.

4. Une focalisation sur les opportunités d'affaires : avant de se préoccuper des ressources, de la stratégie et de la configuration organisationnelle nécessaire à la réalisation de celle-ci, tout entrepreneur a détecté ou construit une opportunité d'affaires, et ses actions, ses buts et ses objectifs sont orientés vers l'exploitation de cette opportunité. (Cfr. paradigme d'opportunités).

5. Le sens de l'initiative, la responsabilité et l'intégrité : prendre l'initiative de créer une entreprise responsabilise personnellement l'entrepreneur. Sa responsabilité est engagée vis-à-vis de toutes les parties prenantes qu'il aura convaincues, au premier chef desquels sa famille, puis les salariés, les actionnaires, les prêteurs de capitaux, etc. Une affaire en démarrage pose toujours une question d'éthique et adopter le comportement afférent constitue une ligne de conduite pour les salariés. Il en résulte un gage d'intégrité apprécié par les partenaires. L'entité créée n'ayant pas toujours une histoire accessible, ces partenaires parient sur un entrepreneur en qui ils peuvent avoir confiance.

6. La tolérance à l'ambiguïté, la confiance et l'optimiste : l'ambiguïté est inhérente au phénomène entrepreneurial. Rien n'est écrit par avance et les surprises sont inévitables. L'avenir est par essence incertain, indéterminable ou inconnu. La confiance, d'abord en soi et l'optimisme permettent de tolérer l'ambiguïté, mais il subsiste toujours des espaces incontrôlables ou inconnus. Donald Kuratko et Richard Hodgtts64(*) évoquent également la « tolérance pour les erreurs », c'est-à-dire la capacité à apprendre à partir des erreurs commises, lesquelles constituent de véritables expériences sur lesquelles on peut capitaliser par la suite.

7. La promptitude à décider et la capacité d'improvisation : l'incertitude place le créateur face à des situations nécessitant une prise de décision rapide. C'est surtout le cas dans les environnements de haute-technologie où la compétition internationale exige une innovation permanente. Les environnements turbulents sont mieux investis par les entrepreneurs et les configurations organisationnelles où l'improvisation est exploitée pour faire face à des circonstances changeantes. Improviser, c'est maîtriser les rythmes temporels, c'est chorégraphier l'organisation pour ne pas subir la cadence imposée par les événements et pour donner le rythme voulu aux changements souhaités. Mais pour improviser, il convient de posséder des informations en quantité suffisante et de savoir en tirer des connaissances utiles. La capacité d'improvisation est moins inaccessible qu'il n'y paraît. Elle peut appeler le sens pratique autant que le sens managérial. L'expérience y joue pour beaucoup. L'improvisation n'est pas forcement opposée à la planification.

8. La perception et l'estimation des risques : sans assimiler l'entrepreneur à un calculateur, le rapport qu'il entretient avec le risque est à la base de théories économiques aujourd'hui largement diffusées. Malgré cela, les études sur l'attitude des individus, et en particulier des entrepreneurs, face au risque fournissent des résultats contradictoires. Pratiquement, il est en général reconnu qu'un entrepreneur sait s'engager personnellement là où d'autres ne s'y risqueraient pas. De plus, il semble capable plus que d'autres d'identifier les opportunités à exploiter, mais ce constat est le plus souvent fait a posteriori, lorsque l'observateur étudie un parcours réussi. Les entrepreneurs se trompent aussi parfois, avec pour conséquence une répartition du risque sur l'ensemble des parties prenantes qui ont cru à leur projet...

9. Une forte capacité de travail et la résistance au stress : le phénomène entrepreneurial est consommateur d'énergie. L'observation du terrain confirme ainsi la proposition théorique selon laquelle le processus entrepreneurial démarre par une accumulation d'énergie, qui sera ensuite dépensée pour attirer les différentes ressources dont les créateurs ont besoin pour faire décoller leur entreprise. La pratique du sport, des exercices de relaxation et, si possible, une vie familiale équilibrée par une disponibilité régulière à défaut d'être fréquente, la rencontre avec des amis sortant du cadre professionnel, apportent une énergie nouvelle. Ces dérivatifs au travail permettent également de résister au stress, ou pire, au burn-out (surmenage)...

10. La créativité : cette capacité est essentielle dans le processus entrepreneurial, c'est-à-dire dès l'idée d'exploiter une opportunité ou de créer une entreprise (certains créateurs expriment leur désir de créer avant même d'avoir l'idée). La créativité se révèle et s'apprend par des méthodes aujourd'hui éprouvées. Elle est à la base de tout processus d'innovation.

11. La capacité à convaincre et à communiquer : l'exercice de conviction est permanent. Il faut convaincre les possesseurs de ressources d'adhérer au projet d'entreprendre en apportant leur concours. Il faut aussi convaincre les salariés de travailler, les financeurs de prêter, les fournisseurs de livrer, les clients d'acheter, etc. L'échange de valeur place l'entrepreneur en perpétuelle position de négociateur, et ses qualités en termes de communication s'avèrent importantes.

12. Le souhait d'indépendance : l'indépendance est très relative et ne correspond pas à la liberté. Un salarié peut être moins dépendant de son employeur qu'un créateur d'un client ....

Malgré ces qualités (atouts) l'entrepreneur oeuvre dans un environnement turbulent où il est confronté à certaines contraintes.

I.3.7. L'entreprenariabilité et ses contraintes

L'entrepreneuriabilité est l'autre moyen de réduire le chômage au niveau macroéconomique. Les contraintes relatives à la formation des sociétés et à la création d'entreprises de manière formelle sont des freins à la promotion de l'esprit d'entreprise et d'initiative. La création d'activités tout comme la création d'entreprises ne sont pas évidentes, car l'esprit d'entreprise repose toujours sur la conjonction d'un environnement institutionnel favorable, de programmes publics bien conçus et de facteurs culturels propices.

Les contraintes peuvent être de plusieurs ordres dont les principales s'expriment tel qu'il suit :

I.3.7.1. Les contraintes administratives

L'administration est un acteur important dans la création formelle d'une société. On estime que si des personnes se lancent dans l'activité d'auto emploi de façon informelle, c'est parce que l'administration ne leur allège pas la tâche.

Dans un ouvrage co-édité par la Banque Mondiale et la « International Finance Corporation », on recense les procédures, le temps et les coûts associés à la création d'une société à responsabilité limitée dans 181 pays du monde65(*).

Les indices examinent les coûts réglementaires liés à l'activité d'entreprise et peuvent être utilisés pour analyser des réglementations spécifiques, favorables ou non à l'activité commerciale, à l'investissement, à la productivité commerciale, à l'investissement, à la productivité et à la croissance. Ainsi, les pays sont classés selon qu'il est facile ou pas d'y entreprendre une activité commerciale. Nous retiendrons comme indices d'appréciation de la rigidité ou de la flexibilité administrative : la procédure, le délai, le coût, le versement obligatoire d'un montant minimum de capital.

1. Les procédures : Nous entendons par procédures toute interaction entre le fondateur de la société et les parties extérieures (organismes publics, avocats, commissaires aux comptes, notaires). Les procédures officielles requises avant et après la constitution pour un entrepreneur qui souhaite exploiter officiellement une entreprise sont enregistrées. Seules les procédures obligatoires pour toutes les entreprises sont concernées. Les procédures spécifiques à certains secteurs d'activité sont exclues.

2. Le délai : les délais sont mesurés en jours calendaires. La mesure correspond à la durée médiane nécessaire pour accomplir une procédure. Selon les juristes spécialisés dans la constitution de la société, on suppose que la durée minimale requise pour chaque procédure est d'un jour. Les procédures peuvent être accomplies simultanément, mais elles ne peuvent pas être initiées, le même jour. Une procédure est considérée accomplie une fois que l'entreprise a reçu le document final.

3. Le coût : le coût est exprimé en pourcentage du revenu par habitant du pays. Seuls les coûts officiels sont recensés. Le calcul des coûts est basé sur le droit des sociétés, le code de commerce ainsi que des règlements et des barèmes tarifaires spécifiques.

4. Versement obligatoire d'un montant minimum de capital : L'obligation de verser un capital minimum correspond à la somme que l'entrepreneur doit déposer dans une banque avant d'entamer la procédure d'enregistrement de l'entreprise ; le montant est enregistré sous forme de pourcentage du revenu par habitant du pays. En général, ce montant est fixé par le code du commerce ou le droit des sociétés.

Ces indices mis en place par la Banque Mondiale permettent d'apprécier les pays selon la facilité à y entreprendre une activité commerciale66(*)

Tableau n° 2 : Conditions de création d'entreprise en R.D.C

Indicateurs, création d'entreprise

RDC : 154/181

Région OCDE

Procédures (nne )

13

5,8

Durée (jours)

155

13,4

Coût (% du Rév./hab.)

435,4

4,9

Cap. Min. versé (% du RNB /Hab.)

0,0

19,7

Source : banque mondiale, doing Business 2009

De manière générale, la RDC occupe la 154ème place en terme de facilité de création d'entreprises. En terme de nombre moyen de procédures, ils représentent plus du double (13) de celui des pays de l'OCDE (avec seulement 5,8). Par rapport au cas idéal qui est le Canada dont les procédures ont été réduites à 2 en 2006 ; la création d'entreprises se caractérise par l'inadéquation en termes de temps de réponse entre l'urgence des besoins de l'entrepreneur et la longueur des délais d'obtention d'exécution des formalités administratives. Des reformes sont nécessaires dans ce sens afin de permettre un dynamisme économique et la liberté d'entreprendre.

Les contraintes administratives ont pour effets négatifs de forcer les entrepreneurs à agir dans l'informel, c'est-à-dire, les conditions où les affaires ne paient aucune taxe et où la protection sociale n'est pas garantie. Par conséquent, les produits n'obéissent à aucune norme de qualité, les affaires ne peuvent pas obtenir de crédit bancaire ou recourir à la justice pour résoudre les contentieux.67(*)

Les chiffres du tableau précédent sont établis, ceteris paribus, en supposant par exemple pour les procédures administratives qu'il n' y a pas des mesures spécifiques ou des avantages relatifs à la corruption. Selon NJAYA et NGONGANG68(*), on peut ajouter sur la liste des difficultés administratives, la complexité des circuits administratifs, la lenteur, les tracasseries et l'attitude bureaucratique.

Ces blocages administratifs allongent les délais de démarrage des activités de l'entreprise, consomment l'énergie de l'entrepreneur au détriment de ce qui nécessite à la conduite du projet. En RDC, vu le tableau ci-haut, il faut 155 jours pour créer une société. Cette hostilité de l'environnement institutionnel engendre un double risque69(*) : l'abandon du projet et l'usure initiale de la volonté d'entreprendre.

I.3.7.2. Les contraintes financières

Les conditions des institutions financières ainsi que le montant important du capital minimum pour commencer légalement une activité sont des contraintes fortes. L'effort personnel du créateur lui-même dépend de sa propension à épargner.

Pour CASSON M. , « le capital pose toujours problème. Il est difficile d'emprunter car les prêteurs potentiels ne partagent pas forcement l'enthousiasme de l'entrepreneur. » Il ressort que les fonds propres apparaissent comme une source de financement largement insuffisante.

Les contraintes financières constituent ainsi un frein à l'entreprenariat. La facilité d'accès au crédit autorise le financement des activités.

Pour Aloys Mahwa, « si des gens ne choisissent pas d'investir massivement, c'est en partie à cause des conditionnalités des banques qui ne sont pas à leur portée, mais aussi l'environnement macroéconomique qui entoure les règles de crédit. Dans un environnement essentiellement informel et où la densité des banques est insuffisante, le faible taux de bancarisation constitue aussi un frein à l'accès au crédit sans omettre la culture même du crédit [...] la relation entre les institutions financières et les PME en besoin de financement révèle une situation paradoxale : d'une part, il existe un secteur privé qui a un besoin de financement pour se développer et d'autre part le taux d'épargne est relativement élevé, ce qui se traduit par un secteur bancaire surliquide ».

I.3.7.3. Les contraintes fiscales

Les contraintes sont aussi d'ordre fiscal. La fiscalité peut être incitative ou dissuasive de la promotion d'emploi indépendant.

Laffer a établi une corrélation entre le taux d'imposition et les recettes fiscales, une relation à optimiser pour maximiser les recettes fiscales sans nuire à l'entreprise. Les analystes du secteur informel pensent que la rigidité fiscale contribue à la promotion du travail au noir.

La fiscalité, malgré le fait qu'il soit un outil de souveraineté de l'Etat, de l'amélioration de ses revenus et de la justice sociale, se conçoit comme source de pauvreté et limite l'entreprenariat70(*).

Un conflit existe entre le pouvoir public et les redevables (contribuables) : l'opinion voudrait, collectivement, plus de services publics et moins de taxes, pourtant les premiers ne vont sans les secondes. Le souci est de trouver une fiscalisation optimale répondant à la fois aux aspirations de l'Etat, sans décourager les entrepreneurs, des petits comme des grands.

Pour avoir une visibilité sur les conditions fiscales en RDC, nous analysons l'indicateur de paiement des taxes et impôts publié par la Banque Mondiale71(*).

Tableau n°3. : charges fiscales de la RDc

Rang : 153/181

Paiement des impôts

Payement (nombre)

32

Durée (heure)

308

Impôt sur les profits (% profits)

0,0

Impôt et charges sociales (% profit)

7,9

Autres taxes (% Profit)

221,9

Taux d'imposition totale (en pourcentage des bénéfices)

229,8

Source : Doing business, 2009

D'après ce tableau, la RDC occupe le 153ème rang (sur un total de 181) en matière de fiscalité. On constate donc qu'il y a une lourdeur fiscale en RDC. La durée de paiement est 308 heures (soit environs 13 jours, pour préparer, déclarer et payer l'impôt). Cette durée est la traduction de la lenteur administrative que nous avons déjà évoquée. Le nombre de taxes à payer et le taux d'imposition total sont aussi excessifs, respectivement 32 impôts et taxes et 229,8 % d'impôt sur les bénéfices.

Cette lourdeur fiscale peut contraindre les entrepreneurs à oeuvrer ou se réfugier dans l'informel.

I.3.7.4. Les contraintes culturelles72(*)

La culture est un critère très déterminant quant à l'encouragement ou découragement de l'esprit d'entreprise. Aujourd'hui, on évoque l'idée d'une certaine « culture d'entreprise » ou « la culture entrepreneuriale ». Difficile à définir, la culture d'entreprise moderne peut se résumer à travers le souci de rechercher le bénéfice (maximisation de profit) l'accumulation du capital dans une perspective d'un investissement productif, la culture documentaire permettant la transparence et le compte rendu des états financiers en vue d'un meilleur suivi. Cette manière de définir la « culture d'entreprise » se heurte, en Afrique, aux considérations et pressions sociales limitant l'achèvement des objectifs de maximisation.

Les notions de « pluralité de rationalité » et de « limite de rationalité » sont encore objets de recherche, puisque le domaine de rationalité des agents économiques possède des limites. Les deux limites importantes sont la pluralité des rationalités et la limite même de rationalité. Le fait que la rationalité soit plurielle permet de valoriser la manière d'agir des cultures autres qu'occidentales, réputées d'être rationnelles. La limite de rationalité tient compte des limites physiques et du caractère fini de la condition humaine qui l'empêcherait d'avoir de l'emprise sur toute chose.

En invoquant un des freins à l'esprit d'entreprise en Afrique, Alioune Sall parle de la prédominance des systèmes lignagères comme mode de production ayant comme conséquences « un caractère commun : la minimisation du risque y est préférée à la maximisation du profit ou de la productivité. La recherche de la minimisation du risque inspire les décisions de migrer, elle conduit surtout à investir dans les liens sociaux, à les diversifier et à les privilégier par rapport à l'accumulation du capital... Ainsi l'investissement dans le lien social amène-t-il à donner aux solidarités intra et intergénérationnelles un rôle clés dans la société ».73(*) La conséquence de ce choix est que ces deux systèmes de production minimisent autant que faire l'investissement physique et économique.

La culture documentaire quant à elle évoque les notions de gestion où règne le souci de transparence et de communication des états financiers pertinents, parfois une des conditions pour bénéficier d'un crédit auprès des établissements de crédit.

En entrepreneuriat, CASSON M74(*)., estime que , « le système éducatif joue un rôle important. Pour trouver les capitaux nécessaires au démarrage de l'entreprise, l'entrepreneur peut avoir recours aux banques, mais ces dernières ne se montrent pas toujours très favorables au financement du projet entrepreneurial », pour les personnes n'ayant pas étudié.

Nous venons de parcourir, un certain nombre de contraintes auxquelles sont exposées les promoteurs d'entreprises dans notre environnement. Ces contraintes justifient les limites d'entreprendre et de promouvoir de manière générale l'esprit d'entreprise. Elles peuvent justifier aussi le refuge du dynamisme entrepreneurial dans l'informel et dans les micros entreprises. Qu'en est-il alors du financement de l'entrepreneuriat ? Le point qui suit nous le révèle.

I.3.8. Moyens de financement de l'entrepreneuriat

Selon le professeur NSIMBA LUZOLO, 75(*)le financement correct d'un projet est une des conditions de réussite de ce projet. Il distingue 3 sources des capitaux dont les capitaux propres, les capitaux empruntés et les aides.

Les capitaux propres comprennent le capital social et l'autofinancement (on le trouve dans les comptes réserves, reports à nouveau, provisions, amortissement).

Les capitaux empruntés sont constitués des dettes à long et moyen terme, ces fonds peuvent provenir des institutions financières bancaires et non bancaires (banques commerciales et de caisses d'épargne et de crédit). Mais aussi des obligations.

Les aides, sont généralement distribuées par l'Etat ou la collectivité locale. Elles sont de nature financière (subventions, avances remboursables, garanties d'emprunt), fiscale (exonération d'impôt, réductions et abattement fiscaux) ou encore sociale (exonération des charges sociales).

Charles HOANG76(*)estime que pour démarrer son entreprise, le créateur doit faire un choix optimal de ses ressources financières. Il distingue ainsi deux ressources principales : les fonds propres et les dettes.

- Les fonds propres représentent les apports effectués par les associés et les subventions obtenues par les organismes gouvernementaux. Pour lui, les subventions deviennent aussi directement de fonds propres.

- Les dettes, l'endettement représente les montants qu'il faudra emprunter (à court terme, moyen et long terme) pour compenser l'insuffisance de fonds propres.

Nous avons essayer d'évoquer dans ce point les principaux moyens de financement d'une entreprise. Il existe aussi d'autres qui sont alternatifs. Ainsi Robert WANDA en cite des moyens de financement comme l'épargne personnelle initiale, l'aide familiale, le dette commerciale non tontinale, l'épargne personnelle postérieure contenue dans les tontines, la dette tontinale, le capital de réputation sociale (crédit de gré à gré)77(*).

I.3.9. Types d'entrepreneuriat

Nous avons déjà évoqué les différents types d'entreprises et d'entrepreneurs dans les deux premières sections. Nous inspirant de ces types d'entreprises, nous pouvons dire qu'il existe autant des types d'entrepreneuriat qu'il y a de types d'entreprises et/ou d'entrepreneurs. Ainsi, nous pouvons avoir l'entrepreneuriat public, l'entrepreneuriat privé, l'entrepreneuriat social, etc.

Si nous prenons les critères comme la légalité, le nombre d'entrepreneurs, la durée de l'activité, le sexe, le statut juridique de l'entrepreneur, nous pouvons classifier l'entrepreneuriat en :

1. Entrepreneuriat formel et informel : l'entrepreneuriat formel comprend les activités relatives à l'économie formalisée c'est-à-dire les activités autorisées et reconnues par l'Etat alors que l'entrepreneuriat informel est relatif aux activités qui s'exercent dans le noir, non enregistrées par l'Etat. On peut avoir aussi l'entrepreneuriat souterrain, par analogie à l'économie souterraine qui concerne les activités prohibées et illicites.

2. Entrepreneuriat individuel et entrepreneuriat collectif : l'entrepreneuriat individuel, c'est la volonté d'une personne de se démarquer, d'acquérir plus d'indépendance et de liberté sans qu'intervienne une autorité, explique Régis LABEAUME78(*). Les individus qui empruntent cette voie cherchent à se réaliser sur les plans personnel, professionnel et financier. L'entrepreneuriat individuel correspond en fait au travail indépendant. L'entrepreneuriat collectif ou communautaire est caractérisé par un groupe d'individus qui décèlent un même besoin et qui choisissent d'unir leurs efforts afin de répondre à ce besoin. Dans l'entrepreneuriat collectif, les individus partagent les bénéfices et les risques. Ils ont envie d'entreprendre ensemble et non d'être en concurrence.

3. Entrepreneuriat occasionnel et entrepreneuriat durable : selon la durée de l'activité, l'entrepreneuriat occasionnel reprenne les activités temporaires, journalières,... alors que l'entrepreneuriat durable correspond aux activités et surtout les sociétés dont l'exploitation dure longtemps.

4. Entrepreneuriat féminin et entrepreneuriat masculin : certaines activités peuvent être exclusivement exercées par les femmes alors que d'autres peuvent être spécifiques aux hommes.

5. Entrepreneuriat privé, entrepreneuriat public et entrepreneuriat social : ici le critère est le statut juridique de l'entreprise. Le privé concerne les entreprises du secteur privé ; le public, les entreprises du secteur public et l'entrepreneuriat social concerne les différentes entreprises du secteur de l'économie sociale.

CONCLUSION DU CHAPITRE

De tout ce parcours de littérature, il y a lieu de retenir qu'il n'existe pas de définition précise et unanime de l'entreprise qui fasse aujourd'hui l'objet d'un consensus entre les différentes disciplines qui s'y intéressent. Les entreprises constituent une catégorie hétérogène quant à la taille, à la nature de l'activité, à la forme juridique, etc. Trois grandes catégories d'entreprises sont distinguées selon qu'elles appartiennent au secteur privé, au secteur public ou au secteur de l'économie sociale. L'entreprise apparaît aussi comme une unité économique de production et de répartition, une organisation sociale et un système politique ; qui sont les 3 dimensions de l'entreprise. Les objectifs, les finalités de l'entreprise dépendent de son statut juridique et son caractère dimensionnel.

Une entreprise est initiée et dirigée par un entrepreneur. Celui-ci est un preneur de risques, un innovateur, un développeur, un organisateur, un créateur, un inventeur, un promoteur, un opportuniste.

On peut aussi retenir que l'entrepreneuriat fait l'objet ou peut correspondre à une ou plusieurs terminologies selon la discipline du chercheur.

Quatre paradigmes constituent la base ou le coeur du phénomène entrepreneurial. Les paradigmes d'innovation (Schumpeter et P. Drucker), d'opportunité (Shane et VenKataraman), de création d'organisation ou d'entreprise (Gartner et Verstraete) et celui de la création de valeur (Ronstadt). Toute création d'organisation provient d'un esprit ou d'une capacité entrepreneurial.

Parmi les éléments des motivations et des compétences entrepeneuriales, la vision et les relations sont considérées comme d'indéniables facteurs clés du succès de l'entrepreneur.

Les contraintes auxquelles sont exposées les promoteurs d'entreprises dans l'environnement sont multiples. Ces contraintes justifient des limites d'entreprendre et de promouvoir de manière générale l'esprit d'entreprise. Les principales contraintes sont de nature administrative, financière, fiscale et culturelle.

Chapitre Deuxième :

PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET APPROCHES METHODOLOGIQUE ET HISTORIQUE

Ce deuxième chapitre est consacré à la présentation de la zone d'étude (section I), à l'approche méthodologique de ce travail (section II) et à l'approche historique de l'entreprenariat (section III).

II.1 LE TERRITOIRE DE LUBERO : CADRE PHYSIQUE, ADMINISTRATIF, DEMOGRAPHIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE79(*)

Le territoire de Lubero est d'une superficie de 18096km2. Il est traversé par l'Equateur. Il juxte ceux de Rutsuru (au sud) et de Walikale (au sud-ouest), à l'est le lac Ex-Edouard, à l'ouest le territoire de Bafwasende et au Nord, les territoires de Beni et de Mambasa. Le chef lieu est situé à Lubero, à près de 300km au Nord de Goma.

Le territoire connaît un climat tropical d'altitude. Son relief est dominé par des collines d'une altitude variant entre 1500 et 2000m. A l'Est s'élèvent des montagnes de la chaîne des Monts Mitumba et des plateaux de la Crète Congo-Nil. C'est la région des cultures maraîchères. A l'ouest, commence la cuvette centrale. La diversité de culture est liée à celle du relief. La plupart des cultures sont vivrières, et une bonne partie de récoltes sert à l'autoconsommation. Comme culture industrielle, il faut citer le caféier, le quinquina, le pyrèthre.

Le territoire sous examen est une entité décentralisée située au Nord-Est de la R.D. Congo. Dans son organisation administrative actuelle, le territoire compte :

- 4 entités coutumières : Bamate, Bapere, Baswagha, Batangi

- 4 agglomérations semi-urbaines : Kanyabayonga (5km2), Kayna (5km2), Kirumba (5km2) et Lubero (8km)80(*). C'est sur l'agglomération de Lubero que notre recherche porte essentiellement.

- une ville : Butembo.

Sur le plan démographique, le territoire est occupé majoritairement par le nande. L'évolution de la population du territoire de Lubero et plus spécifiquement de la population de l'agglomération de Lubero est la suivante de 1999 à 2008.

Tableau N°4 : Evolution de la population de la cité de Lubero de 1999 à 2008

ANNEE

POPULATION

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Hommes

Femmes

Garçons

Filles

4431

6445

4999

4010

4457

6495

5077

4095

5247

5665

5056

5227

6272

7209

6440

6772

7312

8118

7172

7740

8779

8831

7749

8485

8404

10029

8085

8814

8692

10317

8718

9396

10049

11551

10830

12750

10804

12034

11645

14287

TOTAL

19885

20125

21195

26693

30342

32844

34332

37123

45180

48770

Source : Service démographique, zone de Lubero, 2008.

La population de Lubero comme l'indique ce tableau est en perpétuelle croissance. Elle est plus constituée des femmes et filles que des hommes et garçons. Et, on constate qu'actuellement cette population est jeune soit à 2008, 25932 garçons et filles contre 22838 hommes et femmes.

Sur le plan économique, le territoire de Lubero est axé sur l'agriculture actuellement1(*). On constate ainsi une certaine inversion sur le plan économique. En effet, dans le rapport de 19372(*), le territoire de Lubero était essentiellement minier. Son évolution économique était principalement fonction du développement de l'industrie minière qui y était représentée exclusivement par la Compagnie Minière des Grands Lacs Africains (MGL).

Pour KASAY81(*), « après l'agriculture, le commerce a servi d'élément catalyseur de toute l'économie locale, érigeant la zone de Lubero en une sous-région économique très dynamique à la croisée du Nord-Est du pays et de l'Afrique orientale. Les projets d'industrialisation visant à épauler le secteur commercial, à créer de nouveaux emplois et à accroître la valeur ajoutée des produits agricoles, ont été contrecarrés par la carence des sources d'énergie, l'absence d'investissements publics et l'ignorance des techniques de management par la majorité des opérateurs économiques autochtones ».

Avant cela, il affirme aussi que le Bunande, dont fait partie aussi le territoire de Lubero, n'est ni un pôle touristique remarquable (comme les zones de Rutsuru et Goma), ni une riche région minière, ni encore moins une zone de grande pêche individuelle.

II.2. APPROCHE METHODOLOGIQUE

Il s'agit ici d'exposer les démarches pratiques qui nous ont permis la réalisation de ce travail. Elles comportent plusieurs étapes à savoir : le choix des variables, la collecte des données, leur traitement et la méthode d'analyse, le calendrier de recherche et les difficultés rencontrées.

II.2.1 Choix et Justification des variables

La vérification des hypothèses repose sur l'analyse des variables. Afin de mener à bien nos travaux de recherche et de donner une meilleure approche de la dynamique entrepreneuriale, nous avons utilisé plusieurs variables :

1. Le sexe

Nous avons retenu cette variable non seulement pour donner la composition par sexe de la population enquêtée mais aussi et surtout pour faire la part de choses en établissant la part de responsabilité des femmes et des hommes dans l'entreprenariat. Cette variable nous a permis de savoir quel est le ratio sexe qui entreprend plus en Lubero. Ceci nous a indiqué au sein des acteurs, s'ils sont plus le sexe masculin ou féminin.

2. L'âge

Il est aussi une variable indispensable de notre étude puisqu'il permet de donner la structure par âge des agents économiques ou entrepreneurs. Ainsi l'âge est une variable déterminante dans le comportement de l'individu, face à ce phénomène d'entreprenariat. L'esprit de créativité peut dépendre de la structure d'âge. Aussi, on peut entreprendre telle ou telle autre activité selon qu'on est jeune, adulte ou vieillard.

3. Le niveau d'instruction

Le niveau d'instruction apparaît comme un facteur déterminant dans le comportement, les actions et les pratiques des individus à l'égard de l'entreprenariat.

Cette variable permet d'avoir une idée sur le niveau d'étude des entrepreneurs. Aussi, nous permet-il d'avoir une idée sur le niveau d'instruction de ceux qui créent différentes activités (instruits ou analphabètes).

4. L'état matrimonial

Il est question ici de déterminer la situation familiale des agents entrepreneurs. Ainsi, aurons-nous à distinguer parmi ceux qui entreprennent en territoire de Lubero les célibataires, les mariés (es), les divorcés (es) et les veufs ou veuves.

5. Origine des entrepreneurs

Il s'agit de voir si ce sont les autochtones du milieu qui créent plus ou alors des individus provenant d'autres milieux que l'agglomération de Lubero.

6. Profession des parents et le rôle de la famille

Les parents ou la famille peuvent influencer les membres de famille pour créer une activité. Le fait que le parent oeuvre dans telle ou telle autre profession peut être à la base de la création ou non d'une activité. La famille peut encourager ou décourager quelqu'un à entreprendre une activité.

7. Sources de financement

Cette variable sert à identifier l'origine de fonds de démarrage des activités et dégager le mode de financement le plus dominant.

8. Les facteurs ou motivations des entrepreneurs

Ici, nous cherchons à préciser ce qui a été à la base de la création des activités économiques en territoire de Lubero.

9. Les structures institutionnelles

Cette variable nous est utile dans l'analyse du rôle de l'Etat dans l'entreprenariat en territoire de Lubero parce que celui-ci peut être un facteur d'encouragement ou de découragement des initiatives nouvelles ou existantes. De même, elle nous permet de voir si les entrepreneurs appliquent et respectent les lois réglementant leurs activités (législation, taxes).

10. Les difficultés liées à l'entreprenariat

Les difficultés sont inhérentes à toute activité. Nous voulons dégager les principales difficultés auxquelles se confrontent les entrepreneurs en territoire de Lubero et voir laquelle domine.

II.2.2 La population-cible

La population-cible ou population de référence est l'ensemble des objets possédant les informations désirées pour répondre aux objectifs d'une étude.

Elle est celle qui est supposée la mieux placée, la plus apte à donner plus ou moins correctement les éléments de réponse aux questions posées par le chercheur avec le moins d'erreurs possibles. Sur ce, notre population de référence est constituée des entrepreneurs ou agents économiques c'est-à-dire des personnes exerçant toute activité économique en territoire de Lubero. C'est auprès d'elle que la collecte des informations (données) a été effective.

II.2.3 Collecte des données

La collecte des données est une phase indispensable de la recherche et s'inscrit de ce fait dans l'ensemble des objectifs et des dispositifs méthodologiques du travail. C'est une opération qui consiste à recueillir avec exactitude les informations indispensables auprès des personnes ou des individus retenus dans l'échantillon.

Nous distinguons deux types de données :

- Les données existantes ou secondaires : Elles sont formées de la recherche documentaire (mémoires, ouvrages, revues, publications,...)

- Les données non existantes ou primaires : Il s'agit des données recueillies suite à l'enquête de terrain, de l'interview.

1. Techniques de la collecte des données

Afin d'obtenir plus ou moins correctement les éléments de réponses aux questions d'entreprenariat, nous avons procédé à une combinaison progressive de quelques méthodes de collecte dont les principales sont les suivantes :

- Données existantes ou secondaires

- Données inexistantes ou primaires.

A. Données secondaires : La documentation

Pour cerner et identifier les éléments constitutifs de la problématique de notre étude, nous avons consulté les ouvrages, sur certains concepts d'entreprise, sur l'entrepreneur, l'entreprenariat et la micro entreprise. Ce sont ces concepts qui facilitent la compréhension de la partie pratique de ce travail.

Cette phase nous a conduit dans les structures appropriées telles que le service de l'Industrie, Petites et Moyennes Entreprises (IPME), le Service de l'Economie du Territoire de Lubero, la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), ainsi que dans la Bibliothèque Centrale de l'Université Catholique du Graben (U.C.G.) et différents Cybers cafés de la ville de Butembo. La recherche documentaire nous a ainsi permis d'asseoir notre problématique.

La collecte des données s'est ainsi déroulée à travers la lecture de certains documents : les mémoires de Sciences Economiques et Gestion, les rapports économiques du territoire de Lubero et autres ouvrages à caractères économiques spécialisés dans l'entreprenariat ainsi que certaines notes des cours.

B. Données primaires

B.1 Méthode d'échantillonnage

Un échantillon est un groupe relativement petit et choisi scientifiquement de manière la plus fidèlement possible dans une population. Ainsi, au lieu d'étudier l'ensemble de la population, on étudie une partie ou un sous-ensemble de cette population qui est représentatif et à partir duquel on peut tirer des conclusions pour l'ensemble de cette population. Son mode de désignation constitue un problème fondamental dans une étude scientifique. En effet, toute étude qui se veut scientifique est subordonnée par la représentativité de l'échantillon pour qu'elle soit fiable et crédible.

De même, toute la littérature consacrée à la méthodologie d'une manière générale, stipule que dans les enquêtes d'opinions, plus la population est grande, plus la taille de l'échantillon en raison des moyens à utiliser et du facteur temps devient petite et plus la population est petite, plus grande doit être la taille de l'échantillon.

Dans l'impossibilité de couvrir tout l'ensemble de la population des entrepreneurs de Lubero, nous allons construire un échantillon. Dans l'élaboration de l'échantillon, plusieurs méthodes d'échantillonnage sont connues (échantillonnage aléatoire, échantillonnage empirique).

Pour cette étude, nous avons opté pour l'échantillonnage aléatoire simple qui est basé sur le tirage, sur le hasard pour différents éléments de la population de référence. Mais vu la non disponibilité des sources statistiques pour les petites activités de survie, nous avons d'abord procédé au recensement de tous les acteurs oeuvrant au marché (le samedi 11 avril 2009)

Selon ROGER, cité par Kouessan TOYO1(*: « Dans la plupart de cas d'enquêtes d'opinions, il faut construire un échantillon, c'est-à-dire limiter l'enquête à un petit nombre d'individus soit (1/10 ou1/20) qui formera l'échantillon à l'intérieur de la population d'enquête ».

C'est dans ce cadre que nous avons opté pour une taille dans l'ordre de 25% soit le quart pour certaines activités afin de recueillir plus d'informations.

Au niveau de l'IPME, 127 entrepreneurs enregistrés, au niveau du service de l'économie 10 entrepreneurs et au niveau des activités de survie 1576 entrepreneurs et 55 entrepreneurs au niveau de la FEC. Ces derniers sont enregistrés au service de l'IPME ou de l'Economie. Ils ne font donc pas partie de notre échantillon pour éviter un double emploi. De même, pour ceux enregistrés au service de l'Economie, les données ne sont pas complètes, nous ne disposons que des chiffres de quelques années.

B.2 Echantillon 

Certaines données comme l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, le montant du capital de démarrage, des taxes, ainsi que les difficultés rencontrées étaient déjà disponibles pour les commerçants enregistrés au service de l'IPME. Le traitement concerne ici donc tous les 127 entrepreneurs enregistrés.

Pour l'échantillon, nous avons ainsi déterminé les 25% des entrepreneurs de survie soit 394 entrepreneurs (1576x25%) alors que pour les entrepreneurs enregistrés à l'IPME, nous avons 31 entrepreneurs (127x25%). Donc, c'est sur cet échantillon de 425 entrepreneurs que repose notre recherche pour les autres questions.

B.3 L'interview

Pendant l'étude, l'investigation s'est basée sur la technique d'interview directe auprès des agents économiques identifiés. Les interviews ont été réalisées au moyen d'un questionnaire écrit, visant à collecter les données sur les caractéristiques socioculturelles et économiques, démographiques des acteurs entreprenariaux privés, les difficultés auxquelles ils font face,...

Pour toutes les activités relevant du domaine couvert par l'enquête, la personne cible qui a été interrogée est l'initiatrice de l'activité concernée.

Les agents économiques ou les entrepreneurs ont été interrogés, pour la plupart, dans leurs lieux d'activité afin d'écarter ceux qui n'avaient que des intentions et n'exerçaient encore aucune activité au moment de l'enquête.

B.4. Le questionnaire d'enquête

Les différentes questions auxquelles ont été soumis les entrepreneurs enquêtés sont reprises dans le guide de l'interview (voir en annexe de ce travail).

2. Déroulement de l'enquête de terrain

L'enquête a été menée au mois d'avril 2009. Elle s'est déroulée par l'administration du questionnaire aux entrepreneurs. En plus, des interviews ont été faites afin de recueillir certaines informations discrètes aussi bien chez les agents de l'administration locale, les amis ou l'entourage du commerçant que chez les étudiants. L'enquête a effectivement démarré après que nous ayons reçu une autorisation spéciale au niveau de la Direction de l'administration du Territoire de Lubero par l'administrateur. Cette autorisation nous a rendu la tâche plus facile que ça soit au niveau des services étatiques qu'au niveau des entrepreneurs eux-mêmes. Pour les activités de survie, nous avons effectué nos enquêtes le mercredi 09 avril 2009 ainsi que le samedi 11 avril 2009, qui sont les jours ouvrables du marché. Les autres jours étaient consacrés aux enquêtes dans des boutiques, des pharmacies, des boucheries, ... et services étatiques.

II.2.4. Difficultés rencontrées

Nous ne pouvons en aucun cas dire que nous ne nous sommes pas confrontés à des problèmes, tout au long de ce travail en général et en particulier lors de l'enquête sur terrain. Nous avons donc connu certaines difficultés.

Pour les services étatiques, le manque des données chiffrées surtout pour certaines années choisies, nous a été une principale contrainte pour dégager ou étudier correctement la dynamique entrepreneuriale.

Au niveau des entrepreneurs, il n'y avait pas trop de problèmes. Seulement certains d'entre eux voulaient se rassurer de notre intention car ils nous considéraient comme leur futur concurrent et surtout comme un agent de la direction générale des impôts. A la justification de notre intention par nos pièces (carte d'étudiant et attestation de recherche), certains étaient plus rassurés de notre qualité d'étudiants mais d'autres restaient méfiants.

Un autre aspect des difficultés réside dans le fait que les activités ne se réalisent pas chaque jour et il n'y a pas d'heures ou d'horaire fixe du travail. Il fallait donc prendre des rendez-vous avec les enquêtés et cela pouvait prendre quelques jours (1 à 3 jours) avant de les rencontrer. Au pire des cas, ils reportaient le rendez-vous. Cela nous a bien retardé dans l'enquête.

A ces nombreuses difficultés s'ajoutent les moyens financiers qui nous ont fait défaut mais aussi le temps du fait qu'on devrait reprendre les cours après les vacances de Pâques desquelles nous avons profité pour faire nos enquêtes.. C'est ce qui explique le temps peut être court de notre enquête.

II.2.5. Méthodologie de traitement et d'analyse des données

Les méthodes utilisées pour le traitement et l'analyse des données sont brièvement présentées dans la partie introductive de ce travail. (Cfr. introduction générale). Après cette présentation de l'approche méthodologique, nous abordons en présent l'approche historique de l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.

II.3. APPROCHE HISTORIQUE : DU SALARIAT A L'ENTREPRENEURIAT

Dans cette section, nous analysons la dynamique entrepreneuriale du territoire de Lubero du point de vue historique. Partant du salariat (ou de l'employabilité) à l'entrepreneuriabilité (l'emploi indépendant ou l'emploi autonome).

En effet, le salariat ou l'employabilité consiste à un travail rémunéré, un travail dépendant, où on a un employé et un employeur alors que l'entrepreneuriabilité ou l'emploi indépendant représente les activités autonomes où parfois le propriétaire est gestionnaire et employé. Il est l'homme orchestre ; c'est lui-même qui fournit le capital et gère au quotidien son activité. C'est un fruit de l'initiative individuelle. Pour l'OCDE 82(*)(2000), « un emploi indépendant est un emploi dont la rémunération est directement liée aux bénéfices et dont le titulaire prend les décisions de gestion affectant l'entreprise ou est tenu pour responsable de la bonne santé de l'entreprise ». Il n'y a donc souvent pas de relation employeur-employé. On crée pour son propre compte et on gère soi-même.

Ainsi, en territoire de Lubero, on est passé de l'employabilité à l'époque coloniale via l'agriculture à l'entrepreneuriabilité vers les années 1990 et plus précisément pendant la guerre.

Nous ne donnons pas les analyses de la période précoloniale suite au manque des données chiffrées. Cela ne signifie pas qu'il n'existait pas d'entrepreneuriat ou d'initiatives avant cette période. Nos analyses commencent à partir de 1930, car c'est à cette date que nous disposons des données.

En bref, la dynamique est passée de l'entrepreneuriat formel à l'entrepreneuriat informel ou mieux du salariat à l'entrepreneuriabilité ou la créativité.

II.3.1. L'entrepreneuriat colonial 

Pendant la période coloniale, les initiatives entreprises étaient plus l'oeuvre des étrangers ou des colonisateurs en territoire de Lubero. Les « indigènes »83(*)étaient presque inexistants dans le domaine entrepreneurial. Ils étaient travailleurs des colons et occupaient des postes des vendeurs dans des établissements commerciaux des ces colons. Ils étaient « boys », cantonniers, ouvriers de ces colons,...

Ainsi, les cadres étaient plus des blancs, les noirs n'ayant pas pour un bon nombre de formation scolaire. Les entreprises étaient plus créées par les belges, les grecs, les anglais, les français,...

Le tableau ci-après permet de visualiser la dynamique entrepreneuriale pendant cette période coloniale.

Nous avons eu seulement les données chiffrées pour ces 6 années. Les archives du service de l'économie territoire de Lubero ne contiennent pas les données de toute la période coloniale.

Tableau n°5 : tableau numérique des établissements exerçant leurs activités en territoire de Lubero : 1930, 1935, 1936, 1937, 1943 et 1944.

NATIONALITE

INDUSTRIELS, COMMERCIAUX et AGRICOLES

INDUSTRIELS ET AGRICOLES

COMMERCIAUX et AGRICOLES

COMMERCIAUX et INDUSTRIELS

INDUSTRIELS

Années

1930

1935

1936

1937

1943

1944

1930

1935

1936

1937

1943

1944

1930

1935

1936

1937

1943

1944

1930

1935

1936

1937

1943

1944

1930

1935

1936

Belge

-

-

-

-

-

1

-

-

-

-

4

3

-

-

-

-

1

-

-

-

-

-

12

1

4

13

16

Britannique

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

-

-

-

1

1

Sud africaine

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

1

-

-

-

Grecque

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

1

-

8

17

-

-

-

Luxembourgeoise

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

2

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Portugaise

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

2

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

2

-

-

-

-

Russe

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Asiatique

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Américaine

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Française

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Indigènes

 

Néant

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Néant

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Totaux

-

-

-

-

-

1

-

-

-

-

4

5

-

-

-

-

2

2

-

1

1

1

23

19

4

14

17

 

COMMERCIAUX

AGRICOLES

TOTAL PAR NATIONALITE

1930

1935

1936

1937

1943

1944

1937

1943

1944

1930

1935

1936

1937

1943

1944

1930

1935

1936

1937

1943

1944

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

17

14

16

2

2

3

4

-

12

1

-

-

-

5

11

7

100

15

60

19

48,72

21

49,66

36

50,7

44

53,01

-

-

-

-

-

-

4

3

1

-

-

-

-

-

-

-

-

1

4

1

2,57

5

10,87

3

4,2

1

1,21

-

-

1

-

-

1

3

15

7

-

-

-

-

1

1

-

-

-

-

-

-

-

-

2

2,8

3

3,63

-

1

-

-

6

14

14

-

-

-

-

-

-

-

3

-

-

7

28

15

38,47

14

30,43

24

33,9

27

32,49

-

-

-

-

-

3

3

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

1,4

2

2,41

-

1

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

-

-

-

-

-

-

-

-

3

4,20

3

3,62

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

1

-

-

-

-

-

-

-

-

1

1,4

1

1,21

-

-

-

-

2

3

-

-

-

-

-

-

-

 

-

-

-

2

8

3

7,67

3

6,92

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

2

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1,4

2

2,42

-

-

-

-

-

1

3

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

2,57

3

6,92

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

4

6

-

-

-

-

1

1

-

-

-

-

-

-

-

-

5

-

7

-

17

16

17

2

10

21

28

22

26

1

-

-

-

9

20

7

100

25

100

39

100

46

100

76

100

90

100

Source : Archives, service de l'économie, territoire de Lubero.

Il ressort de ce tableau qu'en 1930, les entreprises implantées en territoire de Lubero étaient uniquement belges (la Belgique étant le pays colonisateur). Il y a eu au total 7 établissements exerçant leurs activités en territoire de Lubero en 1930. Ainsi, de ces 7 établissements, 3 étaient des établissements commerciaux qui s'occupaient de l'achat de l'ivoire ; 1 seulement dans le domaine agricole (cultures vivrières pour le ravitaillement du territoire) et 3 autres établissements industriels (briqueterie et menuiserie, garage de la MGL). Ainsi, en 1930, aucun indigène n'a figuré parmi les entrepreneurs de cette époque. L'entrepreneuriat était totalement belge.

Après 5 ans, soit 1935 ; les établissements indigènes sont restés inexistants. Mais, pour les non indigènes, on a pu constater l'arrivée de certains autres entrepreneurs autres que belges notamment les anglais, les grecs et les asiatiques. Les belges ont augmenté leurs investissements dans les établissements industriels passant de 3 en 1930 à 13 établissements en 1935. Dans les domaines commerciaux, les établissements belges ont diminué passant ainsi de 3 à 2 dans l'espace de 5 ans. Ce commerce était surtout un commerce de traite.

Ainsi, en 1935, on a eu 15 établissements belges (industriels, commerciaux) soit 60 % des établissements établis en territoire de Lubero ; 1 établissement industriel anglais (4 %) ; 7 établissements grecs (28%) et 2 établissements asiatiques (2%) soit un total de 25 établissements de non indigène contre aucun établissement indigène. Les congolais ne sont pas encore visibles dans les activités commerciales.

Une année après, soit en 1936, les établissements belges sont passés de 15 à 19 (soit 48,72 %) ; les anglais avec 1 seul établissement. Les grecs ont augmenté leurs établissements passant ainsi de 7 en 1935 à 15 établissements en 1936, soit une augmentation de plus du double dans l'espace d'un an. Les asiatiques ont aussi augmenté leurs établissements de 2 à 3 établissements. Les français aussi ont été visibles pendant cette année avec 1 établissement commercial. C'est au cours de cette année que le commerce de traite s'est développé considérablement.

Au cours de l'année 1937, la situation n'a pas bougé par rapport à la précédente, les établissements des noirs restent toujours invisibles. Est-ce parce qu'ils manquaient d'esprit d'entreprise.

Les établissements belges sont passés ainsi de 19 à 21 établissements à l'espace d'un an, ceux des britanniques de 1 à 5 établissements (avec 1 seulement industriel), les établissements français de 1 à 3 établissements alors que les grecs n'ont eu toujours que 14 établissements. Tous ces établissements grecs étaient commerciaux. Les grecs ont plus investis dans le commerce que dans l'industrie, comme les asiatiques avec toujours 3 établissements en 1937. Ainsi, sur 39 établissements existants en territoire de Lubero en 193, 21 établissements étaient commerciaux, 17 industriels et 1 seulement commercial et industriel84(*).

Vers les années 1943 et 1944, l'engouement a été observé avec l'arrivée des sud-africains, des russes, des portugais. Mais les belges et les grecs ont eu toujours le dessus avec respectivement 36 et 24 établissements en 1943 et 44 et 27 établissements en 1944 sur un total de 73 et 74 établissements pour les années respectives. En somme, on est passé de 7 établissements en 1930,  25 établissements en 1935,  39 établissements en 1936, 46 établissements en 1937,  76 établissements en 1943 et enfin 90 établissements non indigènes en 1944.

Ainsi en 1944, les belges avaient 44 établissements dont 1 dans le commerce et industrie,  3 dans le domaine agricole et industriel,  12 dans le secteur commercial, 11 dans l'agricole et 16 dans le domaine industriel. Les grecs quant à eux avec 27 établissements étaient plus dynamiques dans le secteur commercial avec 24 établissements commerciaux et 3 établissements agricoles. Les britanniques avaient 1 établissement commercial, les sud-africains 3 établissements industriels et commerciaux,  les luxembourgeois 2 établissements : un commercial et un autre agricole. Les portugais avaient 3 établissements commerciaux, les russes avec 1 établissement agricole et enfin les américains avec aussi deux établissements agricoles.

Sur 83 établissements non indigènes existants en 1944, on avait un seul établissement industriel commercial et agricole (belge), deux établissements commercial et agricole, 19 établissements commercial et industriel, 5 établissements agricoles et industriels,  20 établissements commerciaux, 19 établissements agricoles et 17 établissements industriels. On remarque que les colons ont plus entrepris dans le commerce que dans l'industrie. Or, le commerce est vulnérable à la conjoncture économique nationale que mondiale.

Néanmoins, on constate que c'est vers les années 1943 que les indigènes commencèrent aussi à entreprendre. En 1943, on a 4 indigènes congolais qui se lacent surtout dans le commerce de traite85(*) et dans le secteur agricole (1 établissement agricole d'un indigène). Les établissements indigènes commerciaux sont passés de 4 à 6 de 1943 à 1944 alors que l'établissement agricole est resté le seul (plantation café). Etant donné l'existence de ces établissements agricoles, industriels et commerciaux en territoire de Lubero, les indigènes ont été employés dans ces établissements. Ils devraient donc occuper quelques postes dans ces établissements ou devenir ouvriers des colons. De même, le traçage des routes était une des préoccupations des colons pour faciliter l'évacuation de leurs produits vers les centres de commercialisation qui étaient à l'époque Butembo, Bunia, Beni,... Ainsi plusieurs personnes devaient y travailler. Par rapport à l'implantation d'établissement dans divers secteurs pendant différentes années, nous avons le tableau ci-dessous :

Tableau n°6 : Nombre d'établissements selon les secteurs d'activités.

ANNEE

ETS

1930

1935

1936

1937

1943

1944

Industriels, commerciaux et agricoles

0

0

0

0

0

1

Industriels et agricoles

0

0

0

0

4

5

Commerciaux et agricoles

0

0

0

0

2

2

Commerciaux et industriels

0

1

1

1

23

19

Industriels

4

14

17

17

16

17

Commerciaux

2

10

21

28

22

26

Agricoles

1

0

0

0

9

20

Total

7

25

39

46

76

90

Source : nos calculs

Il ressort de ce tableau que ce sont les 4 derniers types d'établissement ou d'activités qui étaient plus entrepris par les colons c'est-à-dire les domaines commerciaux et industriels mais aussi agricoles.

Ainsi on constate que de 1930 à 1937, les établissements industriels, commerciaux et agricoles ; les établissements industriels et agricoles ; les établissements commerciaux et agricoles n'étaient pas visibles pendant toute cette période et même jusque 1943 pour les premiers types d'établissements.

Ce sont surtout les établissements commerciaux et les établissements industriels qui ont été plus créés pendant la période coloniale. Ainsi, on est passé de 4 à 17 établissements industriels de 1930 à 1944 et pour les établissements commerciaux, on est passé de 2 à 26 de 1930 et 1944. Aussi, ce sont ce deux types d'établissements qui ont été visibles pendant toute la période allant de 1930 à 1940. Pour les établissements agricoles, on assiste aussi à une augmentation du nombre d'établissements passant d'un seul en 1930 à 20 établissements en 1940.

II.3.2. Le salariat à l'époque coloniale

Comme déjà signalé, le salariat correspond à l'employabilité c'est-à-dire à un travail rémunéré. Ainsi, pendant l'époque coloniale, plus d'un indigène était dans le salariat que dans l'entrepreneuriabilité comme aujourd'hui.

En 1930, sur 34 765 hommes de couleur (indigène) ; 6849 étaient des employés ou travailleurs.

Tableau n°7 : tableau récapitulatif de la population au 31/12/1930

POPULATION BLANCHE

POPULATION DE COULEUR

EMPLOYES OU TRAVAILLEURS DE COUL EUR

Homme

Femme

Enfant

TOTAL

Homme

Femme

Enfant

TOTAL

Homme

Femme

Enfant

TOTAL

69

17

16

102

34765

37983

54741

127489

6849

-

-

6849

Source : Rapport économique, territoire de Lubero, 1930.

Il ressort de ce tableau qu'en 1930 la population blanche est très minime par rapport à la population de couleur86(*). De même, on constate que les enfants représentent une grande part de la population indigène soit 54741 enfants contre 34 765 hommes et 37 983 femmes. Ceci peut être dû au fait que les enfants étaient considérés comme richesse en Afrique mais aussi par le fait qu'au village, les gens se multiplient plus.

Ainsi, on constate que les femmes et les enfants n'étaient pas employés ou travailleurs en1930. Seul les hommes étaient employés par les blancs. Ceci du fait qu'à cette époque, les colons investissaient plus dans les infrastructures routières et donc ce sont les hommes qui étaient recrutés pour cette fin.

De même, sur 37 765 hommes seulement 6849 étaient employés soit 19,7 % de la population de couleur. Plus d'hommes étaient donc en chômage s'il faut le dire ainsi. Ceux qui travaillaient étaient reparties dans les industries, le commerce (capita-vendeurs au profit des colons), agriculture. Le tableau ci-dessous nous montre l'affectation de ces employés aux différents postes de travail ou secteurs d'activités.

Tableau n°8 : Personnel indigène occupé dans les différents établissements au 31/12/1930.

TRAVAILLEURS : 6818

EMPLOYES

CAPITAS VENDEURS OU ACHETEURS

TOTAL

INDUSTRIES, ROUTES

COMMERCE

AGRICULTEURS

 
 
 

Homme

Femme

Enfant

Homme

Femme

Enfant

Homme

Femme

Enfant

 
 
 

6506

-

-

12

-

-

300

-

-

27

4

6849

Source : Rapport économique territoire de Lubero, 1930.

De ce tableau, on peut lire que les indigènes étaient majoritairement travailleurs affectés dans les industries, au traçage de route, dans le commerce, l'agriculture. Une partie (minime) était utilisée comme des employés (27) et des capitas vendeurs ou acheteurs (4).

Il ressort donc de ce tableau que plus de gens ont été employés dans les routes et dans les industries par les colons ou la population blanche. Dans le commerce, on a que 12 personnes seulement alors que dans l'agriculture on a 300 personnes travaillant dans les plantations des blancs. Le commerce exige généralement une certaine capacité intellectuelle : compter par exemple. Ce fait a été l'un de facteurs explicatifs du nombre très réduit de travailleurs dans le commerce.

Le personnel indigène occupait surtout les fonctions d'exécutant et non de direction. Le tableau suivant nous fournit des renseignements sur la situation de 1930.

Tableau n°9 : Personnel non indigène employé en 1930.

Entreprises commerciales

Personnel de direction

Personnel européen

Personnel ni indigène ni européen

Employés

Artisans

MGL

1+7 chefs de services

26

13

Néant

SHUN

-

1

-

-

Particuliers

-

-

7

-

TOTAL

8

27

20

-

Source : Rapport économique territoire de Lubero, 1930.

Ce tableau illustre que le personnel de Direction dans les deux entreprises commerciales existantes en 1930 était au nombre de 8 personnes de la population blanche, 27 employés dont 26 dans la MGL et 1 seulement dans SHUN, 13 artisans européens à la MGL et 7 particuliers.

En 1937, soit 7 ans après, la situation n'a pas beaucoup changée. Seuls les hommes sont restés travailleurs et employés. Le tableau ci-dessous nous renseigne sur la situation du personnel indigène employé dans les différents établissements.

Tableau n°10 : Personnel indigène employé dans les différents établissements en 1937.

TRAVAILLEURS

Travailleurs industriels

Travailleurs commerciaux

Travailleurs agricoles

Homme

Femme

Enfant

Homme

Femme

Enfant

Homme

Femme

Enfant

6663

-

-

70

-

-

-

-

-

 

TOTAL DES TRAVAILLEURS

Employés

Capitas acheteurs et vendeurs

Divers

(1) dont 1343 travailleurs routiers

Homme

Femme

Enfant

6733

-

-

70

71

1799 (1)

Source : Rapport économique territoire de Lubero, 1937.

Pour 6733 hommes travailleurs, 6663 sont des travailleurs industriels et 70 sont des travailleurs commerciaux et aucun travailleur agricole. Pour les employés, on a 70 hommes et les capitas vendeurs 71 personnes.

Dans les activités diverses (boys, ouvriers, ...), on a 1799 hommes dont 1343 travailleurs routiers.

Cependant en 1944, les hommes, les femmes comme les enfants ont été des travailleurs et des employés des blancs. Le tableau ci-après nous  le montre.

Tableau n°11 : Recensement du personnel indigène employé dans les différents établissements en 1944

TRAVAILLEURS

Travailleurs industriels

Travailleurs commerciaux

Travailleurs agricoles

Homme

Femme

Enfant

Homme

Femme

Enfant

Homme

Femme

Enfant

4841

3562

2943

152

140

165

1708

1347

1529

TOTAL travailleurs

EMPLOYES

CAPITAS VENDEURS

DIVERS

Homme

Femme

Enfant

6701

5049

5437

92

90

2699

Auxiliaires : MGL cantonniers, SI : 290

Boys :246

Colonie : 370

CAC : 470

Auxiliaires : réfugiés Grecs : 61

Source : Rapport économique Territoire de Lubero, 1944.

On constate que la donne avait changé en 1944. Pour les travailleurs industriels, commerciaux les colons ont fait recours aux hommes, aux femmes comme aux enfants. Les hommes ont été majoritaires dans l'industrie, les enfants dans le commerce et l'agriculture. Les hommes et les enfants ont été plus employés que les femmes.

A part les activités des années précédentes, les indigènes ont aussi occupé des postes des cantonniers 290 personnes, de boys 246 personnes, et autres.

En sus, en période coloniale, l'entrepreneuriat a été formel (sauf pour l'agriculture d'autoconsommation et autres activités rurales des indigènes) et dominé par les initiatives étrangères. Les étrangers ont plus investis dans le commerce de traite, surtout les grecs et les belges. Les indigènes étaient travailleurs ou employés par les colons ; ce qui leur permettaient de gagner de revenu.

Pour ce qui est du salaire du personnel indigène travaillant dans les établissements des colons, notons que ces salaires étaient mensuels et hebdomadaires. Le salaire mensuel était payé en numéraire alors que les salaires hebdomadaires étaient en nature (farine, vivres frais, poisson, huile, sel, habit)87(*).

Nous venons de passer en revue la dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero pendant la période coloniale qui a été caractérisée par deux faits : un entrepreneuriat étranger et un salariat paysan. Il sied maintenant de passer en revue, la dynamique entrepreneuriale post-colonial.

II.3.3 L'entrepreneuriat post-colonial : 1960- 1998

Pour cette section, nous n'avons pas eu des données chiffrées. Il n'y a pas des archives reprenant les données de 1960 à 1998. Ainsi, nous avons effectué des entrevues avec certaines anciennes personnes du territoire de Lubero. Nous considérons ici la période 1960-1998 comme post-colonial car à partir de 1998 commence une autre ère dans le pays : les guerres de Libération.

Selon les investigations, l'entrepreneuriat a tourné pendant cette période autour de la meunerie mécanique ou le Grand Moulin du Kivu : la meunerie mécanique de Kihemba ou encore la MINOKI (Minoterie du Nord Kivu). La MINOKI installée à Lubero produisait de la farine de froment.

Vue que les blancs étaient déjà partis, nombreuses personnes indigènes ont perdu leur travail ou emploi. Tel est le cas des cantonniers pour le traçage des routes, les boys, les individus qui oeuvraient dans les boutiques ou les plantations des blancs.

D'où nombreuses personnes sont retournées dans l'agriculture cultivant surtout du blé ou du maïs qu'ils devraient vendre à la MINOKI.

Ainsi pendant cette période, on a quitté le salariat vers l'entrepreneuriat agricole.

Cependant, ce grand moulin a dû arrêter ses activités vers les années 1996 lors de la guerre en RDC dite de Libération de Mzee Kabila. Selon le responsable du service de l'économie zone de Lubero : « Le Grand moulin a dû fermer ses portes suite à la guerre qui a survécu en RDC et qui a eu comme conséquence, le non soutien des bailleurs de fonds de cette entreprise » 88(*).

Pour SARATA89(*), cette entreprise a eu comme difficulté, le fait que la population locale ne consomme pas souvent les produits fabriqués localement. Selon son constat, « la farine produite par la Minoki n'est pas achetée ou préférée au même titre que la farine venant de Dubaï ou d'ailleurs, ... ».

On constate que suite à l'arrêt du fonctionnement de ce grand moulin, plusieurs personnes se sont encore une fois retrouvées en chômage. Cette situation a conduit à l'entrepreneuriabilité caractérisée par l'agriculture et la création de petites et micro entreprises.

II.3.4 L'entrepreneuriabilité actuelle

Comme déjà souligné, actuellement on est à l'auto-emploi ou entrepreneuriabilité ou encore au travail indépendant sauf pour quelques fonctionnaires des services publics, qui curieusement, ont aussi d'autres activités à part leur fonction principale. Il en est de même des médecins et infirmiers.

A l'heure actuelle, l'entrepreneuriat est plus dominé par l'agriculture et le petit commerce. La plupart d'individus exercent ces deux activités à la fois.

L'agriculture est plus dominée par les cultures vivrières : maïs, pommes de terre, oignons, poireaux, tomates, ...) et occupe la plupart des populations.

C'est la culture du quinquina qui est plus pratiquée par la population de Lubero. La plupart des commerçants ont de champs de quinquina et d'autres ont eu leur capital de démarrage du petit commerce de cette culture. Presque tous les jeunes de Lubero aspirent à cette culture du quinquina pour avoir un avenir meilleur.

Le commerce quant à lui est dominé par des micro et petites entreprises rurales qui sont des entreprises informelles. C'est l'analyse de ces micro et petites entreprises qui fera l'objet du chapitre suivant qui est en même tant le dernier de ce travail. Toutefois, notons que ces entreprises sont informelles et caractérisées par l'artisanat et le commerce. L'industrie est quasi-absente car l'ancienne MINOKI a fermé ses portes.

II.4. CONCLUSION DU CHAPITRE

Le deuxième chapitre a comporté trois sections dont la première a été consacrée à une brève présentation de la zone d'étude : le territoire de Lubero notamment dans le cadre physique, administratif, socio-économique et démographique.

La deuxième section qui est celle de la présentation de l'approche méthodologique a exposé les démarches pratiques pour nous faciliter la récolte des données, leur traitement et interprétation.

La troisième section a été consacrée à l'analyse de la dynamique entrepreneuriale du territoire de Lubero, du point de vue historique. Nous avons ainsi subdivisé cette dynamique en trois phases : l'entrepreneuriat et salariat à l'époque coloniale, l'entrepreneuriat post colonial et l'entrepreneuriabilité actuelle dominée par l'agriculture et ce petit commerce.

Après cette présentation du milieu d'étude, de la méthodologie du travail et surtout du dynamisme historique de l'entrepreneuriat, il sied maintenant d'aborder le dernier chapitre consacré à l'analyse des micro et petites entreprises de Lubero.

Chapitre Troisième :

LES MICRO ET PETITES ENTREPRISES EN TERRITOIRE DE LUBERO

C'est dans ce chapitre que nous nous prononçons sur la plupart des nos hypothèses. Nous décrivons d'abord les différents types d'entreprises rencontrées, les facteurs explicatifs de la dynamique entrepreneuriale en Lubero, les modes de financement de cet entrepreneuriat, le rôle de la famille dans cette dynamique mais aussi le rôle de l'Etat, les contraintes à cette dynamique, etc. Mais avant tout, il convient d'abord de donner quelques précisions d'une micro entreprise et une petite entreprise dans le contexte de notre pays la RDC.

III.1. MICRO ET PETITES ENTREPRISES EN BREF, DANS LE CONTEXTE CONGOLAIS.

Dans la charte90(*)de Petites et moyennes entreprises de la RDC, à son article 2, une Petite et moyenne entreprise et artisanat (PMEA) est toute unité économique dont la propriété revient à une ou plusieurs personnes morales ou physiques et qui présente les caractéristiques suivantes :

- Nombre d'employés permanents de 1 et 200 personnes ;

- Chiffre d'affaires hors taxes comprises entre 1 et 400 000 $ ;

- Tenue d'une comptabilité selon le système comptable en vigueur en RDC ;

- Valeur des investissements nécessaires pour la mise en place pour les activités de l'entreprise inférieure ou égale à 350 000 $ ;

- Mode de gestion concentré ou ouvert à la décentralisation.

Rentrent aussi dans cette catégorie la micro entreprise, la très-petite entreprise (TPE), la petite entreprise (PE) et la moyenne entreprise (ME).

La micro entreprise ou la TPE répond aux caractéristiques et seuils suivants : (Art. 3)

- Effectif compris entre 1 et 5 employés ;

- Chiffre d'affaires annuel hors taxes variant entre 1 et 10 000 $ ;

- Tenue d'une comptabilité élémentaire selon le système comptable en RDC ;

- Mode de gestion concentré (seul le patron décide).

La PE quant à elle, répond aux caractéristiques suivantes : (Art.4).

- Effectif compris entre 6 et 50 employés ;

- Chiffre d'affaires annuel hors taxe : 10 001 et 50 000 $ ;

- Tenue d'une comptabilité selon le système comptable en RDC ;

- Mode de gestion ouvert à la décentralisation.

La ME répond aussi aux caractéristiques ci-après (Art. 5) :

- Effectif compris entre 51 et 200 employés ;

- Chiffre d'affaires annuel hors taxe variant entre 50 001 et 400 000 $ ;

- Tenue d'une comptabilité selon le système comptable en vigueur en RDC ;

- Investissement net = à 350 000 $ ;

- Mode de gestion ouvert à la décentralisation.

L'artisanat quant à lui correspond au secteur d'activité de métier de l'artisan. A son tour, l'artisan est toute personne physique exerçant une activité de production, de service ou d'art à caractère manuel ou mécanique. (Art. 6).

Ainsi, nous aurons à situer les petites et micro entreprises du territoire de Lubero selon ces différentes catégories. De prime abord, il est difficile de rencontrer une entreprise ou une activité qui satisfait à toutes les caractéristiques d'une catégorie. D'où alors les activités sont pour la plupart informelles surtout suite à la non tenue de la comptabilité.

III.2. NATURE ET STRUCTURE DES ACTIVITES OU INITIATIVES ECONOMIQUES DEVELOPPEES EN TERRITOIRE DE LUBERO.

Pour ce qui est des types d'activités, nous avons obtenu certaines informations auprès du service d'IPME91(*), territoire de Lubero et pour d'autres nous avons effectué des enquêtes au marché de Lubero mais aussi dans des quartiers comme signalé dans le deuxième chapitre. Comme souligné précédemment, les activités économiques des entrepreneurs oeuvrant en territoire de Lubero sont plus informelles que formelles.

Ainsi, nous distinguons deux types d'activités : les micro et petites entreprises de croissance et les micro et petites entreprises de survie. On peut considérer une menuiserie et une vente de légumes par une maman comme des activités informelles car ne tenant pas de comptabilité. Or leur potentiel n'est pas le même. Il faut une certaine formation technique pour être menuisier alors que pour vendre les légumes, on peut ne pas avoir une formation. La menuiserie peut être facilement formalisée (paie aussi certaines taxes) alors que la vente des légumes par une maman sera difficilement formalisée.

C'est ainsi que nous segmentons les petites et micro entreprises informelles en deux strates : les entreprises du « Secteur informel supérieur » (de croissance) et les micro entreprises plus proches de la survie.

Les premières peuvent payer les taxes, avoir des locaux alors que les secondes sont de la débrouillardise. Celles-ci peuvent ne pas payer des taxes et n'exigent pas des locaux (magasins, boutiques) pour les exercer. Elles ne sont pas régulières et/ou permanentes.

III.2.1. Les micro et petites entreprises de croissance

Comme indiqué précédemment, ces entreprises se caractérisent par ces faits :

- Leur enregistrement à un service étatique (IMPE, Service de l'économie);

- Paiement des taxes ;

- Détention d'un local malgré que l'exercice du métier est irrégulier ;

- Appartenance à un propriétaire-chef d'entreprise.

Ces petites et micro entreprises sont présentes dans tous les secteurs : commerce, production (artisanat), transport, services (bars, restaurant), agriculture,... Elles peuvent détenir des patentes ou registres de commerce.

Elles fournissent à la majorité de la population des services et produits de base dont elle a besoin et surtout des biens manufacturés que les commerçants achètent en ville de Butembo et à Kasindi : produits alcooliques, produits pharmaceutiques, boissons sucrés, produits de beauté,...

En 2008, les activités de croissance en territoire de Lubero ont été les suivantes92(*) :

Tableau n°12 : Micro et petites entreprises enregistrées en 2008.

NATURE D'ACTIVITES

EFFECTIF

Fréquence %

SECTEUR

1

Usagers par numéro (friperie)

5

3,9

Commerce

2

Boutiques

20

15,7

Commerce

3

Dépôts quinquina

2

1,6

Commerce

4

Kiosques

17

13,4

Commerce

5

Pharmacies

8

6,3

Commerce

6

Dépôts ciments

1

0,8

Commerce

7

Vente carburant

6

4,7

Commerce

8

Atelier de couture

4

3,1

Artisanat

9

Boulangerie

1

0,8

Artisanat

10

Restaurants

1

0,8

Service

11

Vendeurs pagnes

14

11,0

Commerce

12

Dépôts vivres

18

14,2

Commerce

13

Moulins à maïs, farine de manioc

4

3,1

Artisanat

14

Acheteurs quinquina

18

14,2

Commerce

15

Transporteurs

3

2,4

Service

16

Taximens

5

3,9

Service

 

TOTAL

127

100

 

Source : Registre des détenteurs des titres de commerce, service IPME-Territoire de Lubero, 2008.

De ce tableau, nous constatons que la population de Lubero se livre à plusieurs initiatives. Celles-ci peuvent être catégorisées à trois : le commerce (boutiques, kiosques, ventes des pagnes, friperie, dépôts, pharmacies...) ; artisanat (moulins, boulangerie-pâtisserie) et le service (transport...)

Ainsi, on remarque que la population se donne plus au petit commerce qu'à l'artisanat et le service. Selon ces statistiques de 2008 de l'IPME, la cité comptait 20 boutiques, 17 kiosques, 18 dépôts des vivres et 18 acheteurs de quinquina ; 14 vendeurs de pagnes, 8 pharmacies... Les produits les plus prisés sont les boissons alcooliques, la cigarette, le sel,...

Cependant plusieurs acteurs pratiquent une pluriactivité. Ils peuvent être à la fois commerçants, agriculteurs et artisans.

De même, en voyant l'ampleur d'activités qui se réalisent en cité de Lubero on constate que la plupart d'activités ne sont pas enregistrées. Ainsi, par exemple pour les taximen-motos, la cité compte plus d'une soixantaine de motos93(*).

Or, on constate que trois seulement sont enregistrés au service de l'IPME. Ceci est dû au fait que si quelqu'un s'enregistre, il est passible de paiement de différentes taxes, chose que les entrepreneurs ne veulent pas et considèrent comme une grande difficulté. « Vaut mieux attendre que le service vous découvre au lieu d'aller se faire enregistrer » nous a déclaré un entrepreneur de ce milieu.

En comparant le nombre des commerçants enregistrés à la FEC94(*)-Lubero avec ceux enregistrés au service de l'IPME, il existe des écarts significatifs. Ce tableau nous le révèle.

Tableau n°13 : Commerçants enregistrés à la FEC-LUBERO, 2008.

SECTEURS D'ACTIVITES

EFFECTIF

%

1

Agro-industriel

1

1,82

2

Finances

3

5,45

3

Transport

9

16,36

4

Hôtels

5

9,09

5

Boutiques

37

67,28

6

Acheteurs quinquina

-

-

 

TOTAL

55

100

Source : FEC-LUBERO, avril 2009

Les données de ce tableau montrent facilement que les entrepreneurs de Lubero s'intéressent plus au petit-commerce (avec plus de 67% des boutiques). Le domaine industriel est quasi inexploité. La population du milieu se lance plus dans le commerce. Le secteur financier est assuré aussi par deux coopératives d'épargne et de crédit et une institution de micro finance.

En comparant ces deux tableaux, il ressort nettement que plusieurs commerçants ou entrepreneurs ne font pas membres de la FEC. Alors qu'à l'IMPE, 127 entrepreneurs ont souscrit leurs patentes, à la FEC, 55 seulement y sont membres. Pouvons-nous alors dire que l'esprit associatif n'existe pas ?

Aussi, plusieurs commerçants ne se font pas enregistrer au service étatique. Rien qu'en considérant le nombre des boutiques, on constate que 20 seulement n'ont souscrit la patente alors que 37 font membres de la FEC.

Ce décalage révèle déjà que bon nombre de micro et petites entreprises oeuvrent dans l'informel c'est-à-dire ne se font pas l'objet d'enregistrement.

Qu'en-est-il finalement des statistiques du service de l'Economie ? Pour ce qui est des statistiques de l'économie, le tableau suivant renseigne sur les effectifs enregistrés :

Tableau n°14 : Effectif des commerçants immatriculés en territoire de Lubero

ANNEES

2005

2006

2007

2008

Sexe

Homme

Femme

Homme

Femme

Homme

Femme

Homme

Femme

Effectif

4

0

5

0

9

0

9

1

TOTAL

4

5

9

10

Source : - service de l'économie territoire de Lubero : Rapports économiques 2004, 2006, 2007, 2008.

On peut lire de ce tableau qu'en 2005 et 2006, 4 commerçants seulement ont été enregistrés c'est-à-dire détiennent de registre de commerce, alors qu'en 2007, l'effectif des commerçants enregistrés est passé à 9 contre 10 en 2008.. Seule une femme (vendeuse des pagnes) a été enregistrée en 2008 ou détient un registre de commerce..

Eu égard à tout ceci, il y a lieu de conclure que la plupart des commerçants oeuvrent sous la patente et l'informel. Quand l'activité devient florissante, on juge mieux se déplacer vers le centre urbain de Butembo. Et ceux là qui ont leurs registres, ils étaient déplacés jusqu'à Butembo.

Les activités plus porteuses de croissance sont entreprises par des hommes dans le milieu rural plus examiné.

III.2.2. Les micro entreprises de survie

Ces types d'entreprises sont quant à elles caractérisées par le non paiement des taxes (elles paient souvent la redevance de 100 Fc95(*) pour ceux qui vendent au marché) ; le non enregistrement au service de l'IPME (n'ont ni patente ni registre de commerce) ; elles sont irrégulière, temporaires et n'ont pas forcement besoin des locaux pour leurs activités.

La plupart d'activités se déroulent dans la journée, au marché ou en plein air. Elles peuvent aussi se dérouler à domicile, le long de la rue,...

Nous avons pu identifier ces activités lors des nos enquêtes au marché de la cité de Lubero96(*) du samedi 11/04/2009. Il s'y pratique ainsi  la vente de bananes, de pomme de terre, des aliments cuits (bouillie, pomme de terre, maïs, ...), vente des avocats, de fruits (prune de cap), tomates, piments, citrons, gros michelin, oignons, poireaux, grains de maïs, farine de maïs, choux, beignets, pains, arachide, éleusine, farine de manioc, cannes à sucre, poissons, légumes (sombé, amarantes), 

l'huile de palme ; manches de houes, casseroles traditionnelles, pagnes, friperie, pétrole lampant en détail, sel, soja et autres condiments (en détail), riz, charbon de bois ... ; boucheries, de restaurants, d'ateliers de couture,...

On constate que ces initiatives sont plus orientées vers la vente des produits de consommation alimentaire. Elles se déroulent surtout le jour du marché local. Or, en milieu rural, le marché est instable. Il ne se tient pas chaque jour.

Ainsi, lors de nos investigations, nous avons pu constater que ce sont les femmes qui entreprennent plus les activités de survie. Presque les ¾ du marché de Lubero est occupé par les femmes alors que les hommes sont dans des boutiques le long du marché.

Nous avons essayé de compter les différents entrepreneurs des activités de survie exerçant leur activité au marché de Lubero. Le tableau suivant relate cette situation.

Tableau n°15 : Recensement des entrepreneurs du marché de Lubero le 11 avril 200997(*).

ACTIVITES

EFFECTIF

SELON LE SEXE

En %

F

M

F

M

1

Ventes pomme de terre

906

905

1

99,9

0,1

2

Vente ananas

8

8

0

100

-

3

Ventes aliments cuits

9

9

0

100

-

4

Ventes avocats

30

30

0

100

-

5

Ventes bananes

26

26

0

100

0

6

Ventes légumes

47

45

2

95,7

4,3

7

Ventes fruits : prune de cap

11

8

3

72,7

27,3

8

Ventes tomates, citrons, piments

12

12

0

100

0

9

Ventes pains, beignets, arachides

18

18

0

100

0

10

Ventes oignons, poireaux

120

120

0

100

0

11

Ventes grains maïs et farine maïs

43

43

0

100

0

12

Ventes choux et carottes

64

63

1

98,4

1,6

13

Ventes Eleusine

35

35

0

100

0

14

Vente farine de manioc

97

97

0

100

0

15

Vente cannes à sucre

28

28

0

100

0

16

Vente poissons

16

15

1

93,75

6,25

17

Vente huile de palme

19

14

5

73,7

26,3

18

Moulins

5

-

5

0

100

19

Ateliers de couture

12

12

-

100

0

20

Vente casseroles traditionnelles

2

0

2

0

100

21

Vente houes et accessoires

2

0

2

0

100

22

Vente pagnes

9

9

0

100

0

23

Vente friperies

11

4

7

36,4

63,6

24

Vente pétrole lampant en détail

5

0

5

0

100

25

Vente sel, farine de soja et autres

15

15

0

100

0

26

Vente riz

6

5

1

83,3

16,7

27

Cordonniers

2

0

2

0

100

28

Tailleurs du marché

5

0

5

0

100

29

Restaurants

6

6

-

100

0

30

Discothèques

2

-

2

0

100

31

Vente braise et bois de chauffe

32

28

4

87,5

12,5

32

Boucherie

31

0

31

0

100

33

Vente à la crié-insecticide

1

0

1

0

100

34

Forge

1

0

1

0

100

 

TOTAL

1576

1495

81

94,9

5,1

Source : Notre recensement au marché de Lubero le 11 avril 2009 de 11hoo à 14h 15 min.

Il ressort de ce tableau que les activités de survie sont multiples. Nous avons pu identifier 34 activités. Ce sont les femmes qui s'en donnent plus aux activités de survie que les hommes. Les femmes sont donc plus nombreuses que les hommes. Soit 1425 femmes contre 81 hommes seulement (Cfr. profil des entrepreneurs).

Ainsi, on remarque un engouement dans la vente de pomme de terre (906 individus dont 1 homme seulement), la vente des oignons, poireaux (120 femmes), vente de farine de manioc (97 femmes), la vente de choux et carottes (64 dont seulement un homme) ; etc.

Il faut souligner que ce petit commerce se fait toujours en détail. Les seules activités masculines sont : les moulins (meuniers), la vente des casseroles traditionnelles et des matériels de forge (houes), la vente de pétrole lampant, la cordonnerie, la taillerie du marché (des papas qui cousent des habits à moitié déchirés leur apportés par ceux qui viennent au marché au marché) et l'activité de boucherie, la vente à la criée des insecticides. Les femmes s'en donnent plus à la vente des produits agricoles. Ce cas est tout à fait normal car dans ce milieu, ces femmes sont plus agricultrices. Elles vendent une partie de leur récolte pour se procure en contre-partie certains produits manufacturés.

Notons aussi que la vente de la boisson alcoolique, l'arac (bière locale obtenue à partir du maïs), est plus répandue en cité de Lubero. Dans plus d'une parcelle, on produit et on commercialise l'arac. Ce qui entraîne une atomicité du marché où on a difficile à vendre car tout le monde produit le même bien. Cette culture est ancienne à Lubero. La vente se fait à domicile et on ne paie aucune taxe. L'expansion de cette pratique peut être due au fait que l'arac provient de la farine du maïs qui est plus cultivé en territoire de Lubero.

Après cette présentation de la typologie des activités entreprises en territoire de Lubero, analysons à présent le profil des entrepreneurs.

III.3. PROFILS SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET CULTUREL DES ENTREPRENEURS

Dans cette section, nous analysons le profil des entrepreneurs selon certaines variables, comme le sexe, l'âge, le niveau d'instruction, l'origine des entrepreneurs. Mais tout d'abord disons un mot sur les différents entrepreneurs ou acteurs entrepreneuriaux qui font la dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero.

III.3.1. Les acteurs entrepreneuriaux

La dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero est l'oeuvre de plusieurs acteurs notamment des ONGS, des associations et syndicats, les églises, les partis politiques et les entrepreneurs privés. Notons que c'est sur cette dernière catégorie d'acteurs que porte notre analyse.

Le dynamisme entrepreneurial et la création d'entreprises en territoire de Lubero sont l'oeuvre des particuliers et certaines organisations de développement. L'Etat en tant qu'entrepreneur n'est pas visible en territoire de Lubero. Ce dernier ne s'occupe que des ses fonctions traditionnelles : la sécurité, la justice,... L'Etat est donc plus entrepreneur dans l'administration que dans l'économie. Ceci pourra être complété dans la section qui traite du rôle de l'Etat dans l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.

Les ONGS98(*) implantées en Lubero interviennent surtout dans les infrastructures routières. Elles interviennent dans le traçage des routes des dessertes agricoles. De même, ces ONG ont incité la population locale à construire des maisons modernes, durables. Leur construction est récente. La population locale construite des maisons pour profiter du loyer car elle estime que les ONG payent plus et sont solvables. Aussi, certaines personnes sont retenues par ces ONG surtout internationales comme travailleurs : sentinelles, ouvriers,...

Les associations locales et syndicats interviennent aussi dans l'entrepreneuriat. Ils sont surtout focalisés dans l'agriculture. Ils peuvent distribuer des semences aux paysans, leur livre des informations ou pour organiser de formations (ateliers, séminaires) une culture donnée. Tel est le cas du Syndicat pour la Défense des Intérêts Paysans (SYDIP) qui a vulgarisé certaines cultures et surtout actuellement celle du quinquina.

Les associations ou mutuelles de certains paysans interviennent pour l'entraide mutuelle, par exemple pour le déblayage des champs : le regroupement des paysans se fait autour de centres d'intérêts communs tels les crédits (tontines), l'équipements en moyens de production (on peut céder sa houe à son voisin qui n'en a pas). Les associations offrent toutes sortes de services : crédit, activités sociales, achat en gros, conseil, assistances diverses dans le cas des fêtes de mariage, de deuil et en cas de contentieux. Elles ont néanmoins une influence relative. Les partis politiques interviennent aussi surtout dans la distribution des semences (spécialement pendant la période de campagne électorale).

Les églises sont aussi actives dans les initiatives locales. Ainsi par exemple, pour l'Eglise catholique et plus particulièrement, chez les soeurs (religieuses) on assiste à la vente du jus, des rats, etc.

Les entrepreneurs privés sont les plus nombreux et sont très actifs dans l'entrepreneuriat en territoire de Lubero. Ils sont plus visibles dans l'agriculture et le petit commerce. Rappelons que c'est auprès de ces derniers que nous avons effectué nos enquêtes.

III.3.2. Caractéristiques des agents économiques (des entrepreneurs enquêtés)

1. Sexe des enquêtés.

Par rapport au genre, nous voulons faire la part des choses en établissant la part de responsabilité des femmes et des hommes dans la dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero.

Pour les activités de survie et de croissance, les caractéristiques des entrepreneurs par rapport au sexe sont synthétisés dans le tableau ci-après :

Tableau n°16 : Caractéristiques selon le sexe.

TYPES D'ACTIVITES

SEXE

MICRO ET PETITES ENTREPRISE DE CROISSANCE

ACTIVITES DE SURVIE

TOTAL

 

EFFECTIF

%

EFFECTIF

%

EFFECTIF

%

Masculin

107

78,7

81

5,1

188

10,9

Féminin

29

21,3

1495

94,9

1524

89,1

TOTAL

136

100

1576

100

1712

100

Source : services de l'IPME et de l'économie territoire de Lubero Source : Nos enquêtes

Par rapport au sexe, la dernière colonne montre que les femmes créent des activités économiques plus que les hommes soit 89,1 % contre 10,9 %. Toute fois, la création féminine est encore faible dans « le formel »99(*) car pour les micro et petites entreprises de croissance on a seulement 29 femmes contre 107 hommes. Cependant dans l'informalité (activités de survie) on retrouve plus des femmes que d'hommes soit 5,1% seulement d'hommes.

Ceci est le fait que les femmes du monde rural sont surchargées par le travail ménager et par l'agriculture. Elles ont difficile à créer une activité permanente suite aux activités champêtres qu'elles entreprennent. Elles s'occupent ainsi de la vente de produits provenant de leurs champs. Le développement des micro entreprises de survie est particulièrement important pour les femmes car elles y trouvent des revenus additionnels dont elles ont cruellement besoin pour assurer la survie de leur famille et de leurs enfants. En dehors des travaux d'exploitation agricole, les activités de survie des femmes correspondent à des surcroîts de travail et donc de revenu.

Les hommes sont plus visibles dans les micro et petites entreprises de croissance du fait que ces activités exigent un peu de déplacement pour acquérir les biens ou pour s'approvisionner en marchandises.

Bref, l'entrepreneuriat en territoire de Lubero est le fait des hommes et des femmes. Celles-ci sont plus créatrices d'activités de survie que les hommes qui eux s'en donnent plus à des activités de croissance. La présence féminine est plus manifeste dans le domaine commercial (de survie) où les femmes s'activent le plus dans les activités de la restauration, dans la vente des légumes et condiments et des produits maraîchers,...

2. Age des entrepreneurs enquêtés

Les caractéristiques de nos enquêtés par rapport à l'âge sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Tableau n°17 : Caractéristiques par rapport à l'âge100(*)

AGE

EFFECTIF

%

Moins de 10 ans

0

0

De 10 à 20 ans

3

2

De 20 à 30 ans

36

28

De 30 à 40 ans

62

49

De 40 à 50 ans

20

16

Plus de 50 ans

6

5

TOTAL

127

100

Source : service IPME

Le groupe d'entrepreneurs se caractérise par une prédominance des créateurs des micros et petites entreprises de croissance, compris entre 30 et 40 ans, soit 49 % des effectifs. Ceux ayant moins de 20 ans ne représentent que 2 % alors que ceux ayant dépassé 50 ans ne sont que 5 soit 6 %. Donc, la plupart d'entrepreneurs ont l'âge compris entre 20 et 50 ans soit 93 % des effectifs.

C'est dans les activités de survie qu'on retrouve des enfants de moins de 10 ans dans la vente de beignets, d'arachides grillées... et des gens ayant dépassé l'âge de retraite (60 ans) surtout dans l'artisanat (vente casseroles traditionnelles)101(*).

Bref, l'entrepreneuriat en territoire de Lubero est l'oeuvre des jeunes et des adultes dans les micro et petites entreprises de croissance mais aussi des enfants, des jeunes, des adultes, et des vieillards dans les activités des survie. Les adultes sont très biens représentés.

3. Par rapport au niveau d'instruction

Le tableau ci-après, représente les différentes modalités par rapport au niveau d'instruction.

MODALITES

EFFECTIF

%

Ecole primaire non achevée

9

7,1

Ecole primaire achevée

0

0

Ecole secondaire non achevée

9

7,1

Ecole secondaire achevée

3

2,3

Ecole post-secondaire

0

0

Aucune formation

106

83,5

TOTAL

127

100

Source : service IPME

En Lubero, le taux d'alphabétisation des entrepreneurs est faible. Plus de 83,5 % de nos enquêtés n'ont aucun niveau d'étude. Ils n'ont pas eu une quelconque formation technique ou professionnelle. Ce qui est normal car l'exercice du petit commerce, du travail indépendant n'exige pas un niveau d'instruction nécessairement élevé. Il suffit de savoir compter. Mais, ces derniers éprouvent des difficultés pour l'exercice de leurs métiers quand il faut payer certaines taxes de l'Etat. Pour pallier à cette lacune, on donne à son frère ou à son enfant tous les documents écrits ou à écrire. Un commerçant nous a confié : « bien que je n'ai pas étudié, je ferai tout mon mieux pour que mon enfant aille poursuivre les études universitaires »102(*). Ceci prouve que le fait de n'avoir pas étudié n'est pas bon pour cet entrepreneur.

On remarque de même que 9 seulement soit 7,1 % ont fréquenté l'école primaire et non pas eu la chance de l'achevée suite au manque des frais scolaires et d'autres raisons. Un boutiquier nous a dit : « si je n'ai pas étudié, c'est parce que mon père voulait que j'aille garder toujours ses chèvres au champ ». Aucun entrepreneur n'a achevée l'école primaire alors que 3 seulement ont pu avoir leur diplôme d'étude secondaire soit 7,1% des effectifs.

On constate que l'entrepreneuriat est le fait des intellectuels comme de non intellectuels. Et en territoire de Lubero, il ressort que ce sont les gens n'ayant pas étudié qui sont plus entrepreneurs que les intellectuels.

Alors, pouvons-nous affirmer que les intellectuels manquent d'esprit d'entreprise ! Peut-être non car les intellectuels ou les gens ayant étudié peuvent aussi faire plus d'activités.

4. Situation matrimoniale

Pour les variables qui vont suivre, nous n'avons pas eu des données au service de l'IPME. C'est pourquoi, nous avons tiré une échantillon de 425 entrepreneurs dont 31 pour les activités de croissance et 394 entrepreneurs pour les activités de survie103(*).

Ainsi, le tableau ci-dessous permet de visualiser la situation familiale des entrepreneurs.

Tableau n°18 : Situation matrimoniale des enquêtés.

SITUATION MATRIMONIALE

MICRO ET PETITES ENTREPRISE DE CROISSANCE

ACTIVITES DE SURVIE

TOTAL

EFFECTIF

%

EFFECTIF

%

EFFECTIF

%

Célibataire

3

10

87

22

90

21

Marié

26

84

303

77

329

78

Divorcé

0

0

0

0

0

0

Veuf (veuve)

2

6

4

1

6

1

TOTAL

31

100

394

100

425

100

Source : Nos enquêtes auprès des entrepreneurs

En général, les créateurs d'entreprises en milieu rural sont mariés (78 % des effectifs). Que ça soit pour les micro et petites entreprises de croissance ou les activités de survie, les mariés représentent une forte proportion (soit respectivement 84 % et 77 %). Ceci est dit au fait qu'en milieu rural, les gens se marient avec un très jeune âge soit 15 ans ou 18 ans. De même, on a vu par rapport à l'âge, que les entrepreneurs étaient plus des adultes que d'enfants.

Les célibataires sont surtout des enfants et des jeunes et représentent au total 21 % de nos enquêtés. Les veufs quant à eux représentent 1 %. On constate que les divorcés ne représentent aucun effectif.

Bref, en milieu rural et plus précisément en territoire de Lubero, l'entrepreneuriat est l'oeuvre des mariés. L'esprit entrepreneurial est prédominant chez les mariés du fait qu'ils ont une charge familiale lourde : satisfaire les besoins familiaux (besoins alimentaires, vestimentaires, scolarisation des enfants). Le mariage est souvent assimilé à la prise de responsabilité de l'individu dans la société. Cela s'expliquerait par le fait que le mariage dépend entre autres causes de l'obtention d'un travail rémunéré. Nous avons pu demander à nos enquêtés, s'ils ont des enfants. La question concerne donc ici les mariés et les veuves.

Nous avons constaté que 79 % de nos enquêtés avaient des enfants alors que 21 % n'en ont pas. Ces résultats sont présentés dans le tableau ci-après :

Tableau n°19 : Nombre d'enquêtés ayant d'enfants 

AVEZ-VOUS D'ENFANTS ?

EFFECTIF

%

Oui

265

79

Non

70

21

TOTAL

335

100

Source : Nos enquêtes

On constate que trois créateurs sur quatre ont des enfants. L'esprit entrepreneurial a devancé, souvent, la création d'entreprise.

5. L'origine des entrepreneurs

Cette question est une question ouverte auprès des créateurs d'entreprises :

Tableau n°20 : Par rapport à l'origine de l'entrepreneur

AVEZ-VOUS CREE DANS VOTRE REGION D'ORIGINE ?

EFFECTIF

%

Oui

276

65

Non

149

35

TOTAL

425

100

Source : nos enquêtes

Il ressort que plus de deux entrepreneurs sur trois ont créé dans leur milieu d'origine qui est la cité de Lubero. Malgré tout, un créateur sur trois n'hésite pas à créer hors de son milieu d'origine. Dans cette dernière catégorie, on retrouve les entrepreneurs provenant des villages environnants la cité de Lubero comme KASUGHO, KANYABAYONGA. Ils cherchent à sécuriser leur investissement du fait que leurs milieux d'origine sont en perpétuelle insécurité suite à des forces négatives (rebelles) qui restent dans la forêt.

L'entrepreneuriat est donc majoritairement le fait des originaires du milieu rural mais aussi de non originaires comme des nationaux (les gens des villages environnants, les églises, associations et syndicats...) ainsi que des étrangers surtout les ONG internationales (Cfr. les acteurs entrepreneuriaux).

Les parents ou sa famille peuvent aussi influencer ou être une opportunité pour un créateur d'entreprise. Ainsi, nous avons cherché à connaître qu'elle était la profession des parents des acteurs entrepreneuriaux en territoire de Lubero.

Tableau n°21 : Profession des parents des entrepreneurs.

PROFESSION DES PARENTS

EFFECTIF

%

Agriculteurs

268

63

Artisans ou commerçants

81

19

Professions libéraux

0

0

Cadres supérieurs

0

0

Employés

38

9

Fonctionnaires

9

2

Autres

29

7

TOTAL

425

100

Source : nos enquêtes

On constate que l'appartenance à des couches de population agricultrices et commerçantes ou artisanales prédisposent à la création d'entreprise. Près d'un créateur sur deux en est issu (82 % des effectifs).

Nombreux entrepreneurs sont de fils ou filles des agriculteurs (63%) et des commerçants ou artisans 19 %. Ce qui est normal car ces deux activités, et surtout l'agriculture, sont les plus actives en territoire de Lubero. L'appartenance à des couches privilégiées (profession libérales, cadres supérieurs...), ne semble pas prédisposer à la création d'entreprises. En milieu rural, ces types d'activités sont moins pratiqués.

Après cet aperçu sur le profil des entrepreneurs du territoire de Lubero, nous pouvons dès lors analyser les modes de financement de l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.

III.4. MODES DE FINANCEMENT DE L'ENTREPRENEURIAT ET GESTION FINANCIERE

Comment finance-t-on le démarrage ou la création des micro et petites entreprises rurales ? Les activités de survie sont généralement financées par l'épargne personnelle en 100 %, d'autres ne n'exigent pas un capital financier ou une mise de fonds pour leur démarrage (vente des légumes pour un agriculteur par exemple).

Ainsi, après enquêtes, nous pouvons synthétiser le résultat dans le tableau ci-après :

Tableau n°22 : Modes de financement de l'entrepreneuriat

SOURCES DE FINANCEMENT AU DEMARRAGE

EFFECTIF

%

Epargne personnelle

259

61

Aide la famille par un don

81

19

Prêts auprès de certaines personnes

4

1

Economie dans les tontines

13

3

Prêts auprès des banques

0

0

Aides et dons de l'époux

21

5

Héritage

38

9

Autres non spécifiées

9

2

TOTAL

425

100

Source : Nos enquêtes

Au vu de ce tableau, nous constatons que l'entourage du créateur d'entreprises intervient ou s'engage financièrement à aider le promoteur d'entreprise (famille, amis,...). 61 % des micro et petites entreprises sont financées par l'épargne personnelle et 19% par l'épargne familiale. C'est donc ce mode de financement par l'épargne personnelle qui prédomine.

Aide-toi, le ciel t'aidera ! Telle est la maxime du micro entrepreneur qui doit dans les deux tiers des cas trouver seul le financement de son entreprise avant d'espérer compléter sa mise par un apport familial, éventuellement tontinier ou un don ou encore un héritage. C'est ainsi que l'environnement familial joue un rôle dans la décision de créer une entreprise (Cfr rôle de la famille dans l'entrepreneuriat).

On constate aussi que l'héritage intervient comme source de financement en troisième position soit 9 % des effectifs. C'est surtout pour les champs de quinquina où pour récolter il faut 7 à 8 ans. Ainsi, un père de famille qui aurait planter du quinquina et rendre l'âme avant la récolte,  ses enfants ou sa famille pourront jouir de cet héritage.

Les aides et dons des époux représentent 5 % des effectifs. Ici, un mari peut donner une certaine somme à sa femme pour qu'elle fasse une activité entrepreneuriale en vue de subvenir aux besoins ménagers et donc contribuer au budget ménage.

Les prêts auprès de certaines personnes (les amis) et les tontines, sont aussi parmi les modes de financement des activités entrepreneuriales en territoire de Lubero, soit respectivement 1 % et 3 % des effectifs. Notons que les prêts se font sans garantie, tout est fondé sur la confiance.

On note cependant le rôle quasi-inexistant des banques dans la création des micros entreprises (0%) et le rôle mineur de la tontine (3 %). En Lubero, il n'existe aucune banque commerciale, on a que 2 coopératives d'épargne et de crédit et une institution de micro finance. Ces dernières interviennent dans la plupart de cas pour le transfert de fonds et moins dans l'octroi de crédit à des fins commerciales ou de création d'entreprises.

Souvent le promoteur se prépare pendant plusieurs années en accumulant l'épargne nécessaire au démarrage d'une micro entreprise de croissance. On est d'abord agriculteur, puis commerçant pour redevenir agriculteur-planteur du quinquina. Il y a donc interaction entre le commerce et l'agriculture (mais on sacrifie les cultures vivrières au profit des produits d'exportation). Nous avons cherché à connaître entre le commerce et l'agriculture, quelle est l'activité la plus préférée. Le tableau ci-dessous permet de montrer cette situation :

ACTIVITE PREFEREE

EFFECTIF

%

Commerce

416

98

Agriculture

2

2

Total

425

100

Source : Nos enquêtes

Nous constatons que la plupart de nos enquêtés préfèrent exercer le commerce que l'agriculture. 9 entrepreneur sur 10 veulent être commerçants et pas agriculteurs. Ces derniers sont vus et considérés comme pauvres ; est riche celui qui fait le commerce. Or cette conception n'est pas bonne car même les pays développés ont démarré à partir de l'agriculture pour arriver à l'industrialisation.

En cité de Lubero, le capital initial moyen de démarrage d'une activité entrepreneuriale de survie peut être nul comme dit précédemment mais pour les micro et petites entreprises de croissance, ce capital se situe entre 150 $ et 2000 $, soit entre 127 500 Fc et 1700 000 fc104(*). Le montant dépend de l'activité entrepreneuriale exercée par l'entrepreneur.

Tableau n°23 : Fonds de démarrage pour quelques micro et petites entreprises à Lubero

ENTREPRISE

MONTANT

Moulin

600 $- 1000 $

Pharmacie

500 $

. Kiosques

150 $- 850 $

Boutiques

300 $ - 2000 $

Secrétariat public

1000 $

 
 

Source : service de l'IPME, territoire de Lubero

Il ressort de ce tableau que pour les micro entreprises rurales de Lubero, les moulins demandent un capital initial variant de 600 $ à 1000 $ ; les pharmacies peuvent démarrer avec 500 $, les kiosques entre 150 $ et 850 $ alors que les boutiques peuvent démarrer avec un capital qui se situe entre 300 $ et 2000 $. Un secrétariat public démarre avec 1000 $.

Quant à la gestion financière, quelle soit à court ou à la long-terme, n'est pas d'application dans les micro entreprises du territoire de Lubero. D'ailleurs la structure organique n'y existe pas. Les notions de fonds de roulement, des rations, de solvabilité, rentabilité, liquidité,... sont inexistantes dans ces micro entreprises. Il n' y a pas subdivision des fonctions financières, le comptable, le caissier ne sont pas centré sur le propriétaire de l'entreprise. Il est l'home orchestre et pour la plupart de cas, ce propriétaire d'entreprise n'est pas un spécialiste de la comptabilité, de même, il est rarement aidé d'un spécialiste.

Les documents comptables comme le bilan, le tableau d'exploitation, le tableau de formation du résultat et autres sont étranges dans les micro-entreprises de Lubero.

En bref, la gestion financière n'est pas d'application dans les micro et petites entreprises du territoire de Lubero. Tout se fait sans document comptable. Le calcul du résultat est souvent confondu au calcul des recettes. Les décisions d'investissement sont prises sans étude financière de faisabilité et dépendent de la volonté du seul propriétaire de l'activité. Il n'y a pas de gestion des stocks, de trésorerie des créances...

Il sied maintenant d'analyser le marché de ces micro et petites entreprises de Lubero.

III.5. LE MARCHE DES MICRO ET PETITES ENTRPRISES DE LUBERO

Par rapport aux marchés urbains permanents, les marchés villageois sont en effets atomisés, instables enclavés et dépendent de paramètres non maîtrisables par une bonne récolte (une grande récolte peut occasionner une baisse des prix) ou le cours de cultures (comme le quinquina) fixé sur le marché international.

Les micro et petites entreprises rurales sont caractérisées par la saisonnalité de leur activité et leur marché plus restreint.

1. Atomicité du marché

La cité avec presque 40 000 d'habitants, est trop petite pour justifier le fonctionnement permanent d'une entreprise. Or on constate, que toutes les micros entreprises commercialisent les mêmes produits. Ce qui est une de difficultés pour les entrepreneurs. Par exemple, dans plus de 10 parcelles voisines, on produit de l'arac le même jour. Ce qui pose un problème pour trouver la clientèle.

De plus, la dispersion de différents villages multiplient le coût de transport, alors que les marchés de villages environnants (Kipese, Kasugho,...) sont de lieux de rencontre pour les paysans, qui s'y rendent chaque lundi et jeudi (Kipese) pour effectuer leurs achats ou vendre leurs produits.

L'enclavement peut être aussi un handicap supplémentaire. Non seulement certains villages sont éloignés des grands axes de communication mais leurs voies d'accès sont totalement délabrées. Aussi, les centres d'approvisionnement sont éloignés notamment la ville de Butembo et Kasindi.

2. Instabilité du marché

Le marché rural est un marché instable. Ainsi, en Lubero le marché se tient deux fois par semaine notamment le mercredi et le samedi. Le lundi et le jeudi, les entrepreneurs de Lubero partent à Kipese pour écouler leurs produits.

On constate cependant une certaine permanence des activités se trouvant en domicile. La vente se fait principalement en détail.

3. Concurrence

La concurrence est virulente pour 85 % des entrepreneurs interrogés. Selon les petits et micro entrepreneurs, la concurrence provient surtout du fait que l'on produit et on vend presque les mêmes biens. Les prix des biens sont fixés souvent par marchandage.

III.6. LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA DYNAMIQUE ENTREPRENEURIALE EN TERRITOIRE DE LUBERO

A la question de savoir les causes ou les motifs ayant poussé l'entrepreneur à entreprendre une activité, nous avons pu dresser le tableau ci-dessous :

Tableau n°24 : Facteurs explicatifs de la dynamique entrepreneuriale.

FACTEURS

EFFECTIF

%

Initiative privée et désir

51

12

Héritage, souhait des mes parents

21

5

A cause du chômage, emploi

234

55

Compléter mon revenu agricole

111

26

Autres

8

2

TOTAL

425

100

Source : Nos enquêtes

Nous constatons que les motivations de création d'entreprises sont multiples : 55 % des entrepreneurs sont motivés le manque d'emploi. Ainsi, ils créent de petites initiatives entrepreneuriales pour se créer de l'auto emploi. Aussi, 26 % des effectifs ont créé des entreprises par la simple raison de compléter leurs revenus agricoles. Ils sont des agriculteurs mais étant donné que tous les biens ne peuvent pas être produits aux champs. Ils doivent créer des initiatives qui leur procurent de revenu pour acheter certains biens manufacturés et bien d'autres comme les outils pour leur agriculture. De même 12 % des entrepreneurs sont poussés par le besoin d'indépendance. C'est donc le besoin d'entreprendre qui a poussé les personnes à se lancer dans les affaires et 5 % d'entre-eux ont hérité leur entreprise. On constate donc que, l'esprit d'entreprise est répandu en territoire de Lubero car seulement 5 % ont hérité et donc le reste 95 % ont créé leurs activités. Les autres soit 2 % sont surtout les facteurs tels que le goût du risque, le souci d'entreprendre...

Ces motifs ne sont pas a prendre isolement car tous les motifs ci-dessus peuvent être observés chez un seul entrepreneur. Ces facteurs sont liés et ne peuvent être considérés séparément.

Donc le manque d'emploi ou du travail , le besoin d'indépendance, la recherche de l'argent, du revenu sont des facteurs qui expliquent actuellement la dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero.

D'un point de vue analytique, nous considérons que ces facteurs sont d'ordre économique, politique, socio-culturel et historique.

- Les facteurs économiques : le manque d'emploi ou la non existence de grandes entreprises ou industries poussent les gens à entreprendre de petites activités indépendantes, ou personnelles. Le salariat a disparu mais aussi le déclin de la Minoterie du Kivu a plongé plus de gens dans le chômage. Ainsi, les gens font du travail autonome pour avoir de revenu.

- Les facteurs politiques : l'Etat n'interdit pas ces initiatives personnelles. Ce qui pousse les gens à considérer que créer sa propre activité n'est pas un problème. Aussi, on observe une absence de prise en charge par l'Etat. L'Etat est plus visible dans l'administration que dans les secteurs économiques.

- Les facteurs historiques : dans la section traitant du salariat à l'entrepreneuriabilité, nous avons estimé que le départ des colons, la guerre peuvent être des causes ayant poussé les gens à s'auto prendre en charge en créant de petites activités. De même, pendant la période coloniale, on a remarqué qu'on n'a pas tellement implanté des industries « lourdes » ou des entreprises en forte intensité de main-d'oeuvre à Lubero. Cela a entraîné un manque d'employabilité et donc laissé une place à l'entrepreneuriabilité.

- Les facteurs socio-culturels : la dynamique entrepreneuriale est aussi due aux facteurs socio-culturels. Nous avons souligné que la famille et l'entourage aident plus un créateur d'entreprise. Ces aides peuvent être matérielles, financières ou morales. Les amis ou les membres de famille peuvent prêter à l'entrepreneur sans exiger aucune garantie. Ce qui est une opportunité pour un créateur d'entreprises car il ne paie pas en contrepartie d'intérêt ni ne donne une garantie. Aussi, la solidarité qui y règne encourage parfois l'entrepreneuriat.

Analysons à présent le rôle de la famille dans l'entrepreneuriat.

III.7. ROLE DE LA FAMILLE DANS L'ENTREPRENEURIAT

Donner à la famille un rôle dans l'entrepreneuriat a de quoi surprendre. Mais, cette dernière joue un rôle très important dans la dynamique entrepreneuriale à Lubero milieu d'étude de ce présent travail. Nous avons pu demander à nos enquêtés, quel était le rôle de famille pour leurs initiatives. Ainsi, nous avons obtenu les résultats suivants :

Tableau n°25 : Rôle de la famille dans l'entrepreneuriat.

VOTRE FAMILLE

EFFECTIF

%

Vous a encouragé

174

41

Vous a été indifférente

115

27

Vous a aidé

106

25

Vous a déconseillé

21

5

Sans réponse

9

2

TOTAL

425

100

Source : Nos enquêtes

Les encouragements des membres de la famille représentent 41 % des effectifs et donc 41 % des entrepreneurs ont été encouragés par leur famille à créer leur activités. La proportion de l'indifférence représente 27 % alors que les aides financières ou morales représentent 25 %. Minimes sont les familiers qui ont déconseillé leurs membres à ne pas entreprendre une activité personnelle (5 % des effectifs).

L'environnement affectif du créateur est donc important et l'écoute de ses préoccupations aussi. Le créateur est de moins en moins seul face à son projet.

Les entrepreneurs mettent l'accent sur leur famille ou espère à la réussite dans les affaires car ils ont à côté d'eux des gens qui peuvent les aider les stimuler. Cependant les transactions entre les entreprises s'effectuent très fréquemment sans contrat ou dans des conditions juridiques défectueuses en territoire de Lubero. Les entrepreneurs sont souvent réticents vis-à-vis de formalités nuisibles à la confiance, car demander un contrat précis, c'est montrer que l'on n'a pas confiance à son voisin. Les relations sociales, basées sur la confiance réciproque, s'avèrent plus importantes que les relations (impersonnelles) institutionnelles.

Les relations sociales sont une source valorisable par les entrepreneurs. Pour améliorer leur bien-être économique, les entrepreneurs valorisent leurs relations sociales qui sont à la fois considérées comme un bien individuel et collectif.

Dire « bonjour » à son voisin tous les jours est un bon moyen d'enrichir son capital social car, en cas de difficulté, il pourra apporter de l'aide. Faire goûter tout passant à l'arac qui est vendu sans argent est une obligation sociale. Toute personne qui veut déguster l'arac se trouve satisfait sans pour autant en dépenser de fonds.

Les propriétés du capital social ou des relations interindividuelles sont les mêmes que celles du capital physique. L'entrepreneur fait tout son mieux pour concilier ces deux types de capitaux.

De liens très subtils sont aussi tissés entre le capital social et le capital humain. Etre dans un réseau de relations sociales est donc primordial (association, mutuelles).

La famille apporte main-d'oeuvre, capitaux, marché et conseils à l'entrepreneur. Or l'entrepreneur en milieu rural est propriétaire de son entreprise, laquelle, se confond d'une manière générale avec son patrimoine privé, familial.

La division entre propriété et gestion du capital n'est pas respectée dans les micro et petites entreprises. L'entrepreneur cumule plusieurs fonctions, d'ouvrier, de technicien, de commercial, de gestionnaire, de comptable, etc. fonctions qu'il partage cependant avec son conjoint ou ses membres de famille (frères, soeurs, fils, ...). Les objectifs de l'entreprise sont liés à des problèmes personnels ou familiaux.

Si les membres de la famille ne sont pas salariés de l'entreprise, ils lui apportent souvent des marchés par le biais de relations informelles (relations de connaissance et d'interconnaissance), les capitaux nécessaires au démarrage (la famille est le premier bailleur de fonds à part l'épargne personnelle), un soutien psychologique, des conseils, une aide pratique, par exemple pour aménager les locaux de la future entreprise,...

Nous constatons que la famille joue un grand rôle dans l'entrepreneuriat en milieu rural. Analysons maintenant le rôle de l'Etat dans cette dynamique entrepreneuriale.

III.8. ROLE DE L'ETAT DANS L'ENTREPRENEURIAT EN TERRITOIRE DE LUBERO

L'Etat est le garant du progrès économique. Pour CAMILLERI105(*), l'économie de marché fonctionne de manière plus efficiente quand l'environnement institutionnel est favorable aux entreprises. Or nombreux micro entrepreneurs considèrent l'Etat comme un élément perturbateur et gênant dans leurs activités en Lubero.

1. La législation

Les modalités d'immatriculation varient selon les pays. En RD Congo, toute personne physique ou morale de nationalité congolaise ou étrangère, exerçant une activité commerciale doit nécessairement solliciter son immatriculation au registre du commerce. Cette obligation comporte une dérogation en faveur des personnes faisant au village un petit commerce de détail de peu d'importance ou allant de porte à porte pour écouler leurs légumes ou leurs fruits ainsi que les personnes venant vendre sur les marchés des produits de leurs cultures vivrières, de leur chasse ou de leur pêche. Et aussi, cette immatriculation au registre du commerce doit nécessairement précéder l'exercice d'une activité commerciale106(*).

On constate donc que les activités de survie ne doivent pas demander une immatriculation au registre de commerce ou une patente. Mais elles sont de l'émanation de l'autorité locale qui perçoit des redevances.

Pourtant, 4 entreprises étaient immatriculées au registre de commerce en 2005, 5 entreprises en 2006, 9 entreprises en 2007 et 10 entreprises en 2008. Les petites et micro entreprises de croissance évitent de s'immatriculer. On a de commerçants qui oeuvrent sous la patente alors qu'ils devraient se faire immatriculer. De même au lieu que l'immatriculation précède l'exercice de l'activité, elle la suit. C'est à l'administration de venir informer et contraindre le commerçant à se faire immatriculer ou payer la patente.

Les codes de travail fixent non seulement les salaires mais aussi les obligations de l'employeur vis-à-vis de la sécurité sociale. En fait, les employeurs entrepreneuriaux de Lubero déclarent rarement leur personnel salarié, ils ne se préoccupent pas du code du travail. Ils appliquent leurs propres règles avec leurs salariés qui sont souvent des familiers ou des amis de l'entrepreneur. Le contrat est oral et se fait souvent au sein de la famille.

En RDC, par exemple, le marché officiel du travail est organisé : Salaire Minimum Inter Professionnel de Garanti SMIG : 3 $/jour ; Impôt Professionnel sur Revenus : 2,5 $/ agent. Toutes ses réglementations sont biens entendues évitées par les micro entreprises de croissance car elles tomberaient en faillite si elles les appliquaient vu la faiblesse de leurs marges bénéficiaires. Tout se fait par négociation entre entrepreneur et agent de l'Etat.

En cas de contentieux dans le secteur de petites et micro entreprises, on recherche un médiation traditionnelle, un arrangement à l'amiable : on sollicite l'aide de la famille, des anciens entrepreneurs, du voisinage ou des amis et même de la FEC pour beaucoup de cas. Le système juridique (peu fiable) est utilisé comme dernière alternative car la justice est complexe, coûteuse et lente. Les résultats de la procédure légale peuvent être influencés par des pressions sociales ou financières de l'une des parties en conflit et l'on n'est jamais certain que la loi sera interprétée équitablement. Un bon arrangement vaut mieux qu'un bon procès dit-on.

2. Taxes

Les activités de survie paient rarement des taxes mais elles paient ce que les percepteurs appellent « redevance ». Celle-ci est de 100 Fc par personne soit 0,12$. le jour du marché et donc 200 Fc par semaine. Ainsi, si au marché on a 1000 vendeurs, le montant sera de 100 000 Fc soit 120 $par jour. Et donc deux fois par semaine on aura 240 $ ; Ce qui constitue de recettes assez importante pour l'administration locale.

Les micro et entreprises de croissance paient quant à elles des impôts et taxes. Nous pouvons citer le permis d'ouverture (IPME), le permis d'exploitation (service de l'environnement), la fiche de recensement (DGI), la patente (IPME), IPR, l'Impôt sur le revenu locatif (IRL) et autres.

On constate souvent que les entrepreneurs ne savent pas le nombre des taxes ou d'impôts qu'ils doivent payer ainsi que leurs montants. Ces entrepreneurs confondent souvent le nom du service percepteur et la taxe à payer. Ils disent par exemple, « nous payons l'IPME au lieu de dire que nous payons la patente ou le permis d'ouverture au service de l'IPME ».

Le montant des taxes, qui est fixé par les agents percepteurs, est souvent négociable. Le montant varie selon qu'un entrepreneur est non réticent ou réticent à payer. Pour un entrepreneur non réticent le montant sera élevé alors que pour un entrepreneur réticent, le montant sera moins élevé. Les taux d'imposition sont inconnus et ne sont pas mis en application.

Aussi, les percepteurs d'impôts ou taxes ont difficile à appliquer le taux car la quasi-totalité des entrepreneurs ne tient pas de documents comptables. Il n'y a même pas de facturier dans plus d'une micro et petite entreprise. Un commerçant nous a confié : « Nous n'avons même pas pour la plupart des commerçants des facturiers. Il n'y a pas de grossistes, nous vendons tous en détail. Mais, nous faisons tout pour avoir des factures en cas de vente aux ONG et aux hôpitaux ». Ces organismes obligent souvent les entrepreneurs à leur fournir des pièces justificatives.

Les documents comptables étant le premier élément sur lequel se base le percepteur des taxes ou d'impôts, leur inexistence pose problème. Et on applique donc le forfait pour les micro et petites entreprises oeuvrant à Lubero. Or ce forfait peut être influencé par les relations de sentiment entre l'agent percepteur des taxes et l'agent payeur.

A cet effet, nous avons dépouillé le document reprenant les différents montants des taxes payées par les entrepreneurs de Lubero à l'an 2008.

Tableau n°26 : Montant des taxes payées.

ACTIVITES

MONTANT en Fc

Vente friperie

3000 Fc- 3130 Fc

Boutique

15800 Fc - 17000 Fc

Dépôt quinquina

20 000 Fc - 20620 Fc

Kiosque

13750 Fc - 14000 Fc

Pharmacie

10 000 Fc - 10310 Fc

Dépôt ciment

20630 Fc

Vente carburant

8400 Fc - 12650 Fc

Atelier de couture

5000 Fc - 5500 Fc

Boulangerie

5000Fc - 5670 Fc

Restaurant

3000 Fc - 5000 Fc

Vente pagnes

5500 Fc - 6880 Fc

Dépôts vivres

16000 Fc - 16800 Fc

Moulin

8250 Fc

Boucherie

10 000 Fc - 10870 Fc

Source : service IPME, notre présentation.

Il ressort de ce tableau que les montants à payer sont variables. Tout se fait par négociation. On constate que les secteurs qui paient plus les taxes sont  les dépôts de ciment, de quinquina, des vivres ainsi que les boutiques.

Nous constatons que les activités de survie comme celle de croissance constituent une source des recettes pour l'administration et donc pour l'Etat. Ansi, l'entrepreneuriat constitue une source de revenu pour le pouvoir public. Après cette analyse du rôle de l'Etat, disons un mot sur l'innovation et l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.

III.9. L'INNOVATION ET L'ENTREPRENEURIAT EN TERRITOIRE DE LUBERO

L'innovation constitue le fondement de l'entrepreneuriat, puisque celle-ci suppose des idées nouvelles pour offrir ou produire de nouveaux biens ou services, ou encore pour réorganiser l'entreprise.

Rappelons que Joseph A. Schumpeter (1939) a défini l'innovation comme l'établissement d'une nouvelle fonction de production. Cette définition a incluse cinq cas spécifiques qui mènent à une nouvelle fonction de production qui inclut : la présentation d'un nouveau produit, la présentation d'une nouvelle méthode de production, l'ouverture d'un nouveau marché, la conquête d'une nouvelle source d'approvisionnement de nouvelles matières , la mise en oeuvre d'une nouvelle organisation de toute une industrie.

Donc pour lui l'innovation correspond à une nouveauté et est plus adaptée à l'industrie.

L'entrepreneur en territoire de Lubero n'est certainement pas un innovateur au sens schumpétérien du terme. Nous avons signalé que l'agriculture et le petit commerce sont les deux activités les plus entreprises en territoire de Lubero. Or, on constate que l'innovateur ou l'entrepreneur schumpétérien est surtout un entrepreneur industriel. De même, les activités comme le commerce ne nécessitent pas une transformation, on achète pour revendre. Il n'y a pas moyen avec le commerce d'achat-revente de présenter une nouvelle méthode de production par exemple, car on ne produit rien. Les activités, en Lubero sont plus de l'imitation que de l'innovation. On fait comme son voisin, comme son frère, ses amis, etc.

Cependant, malgré cette absence d'innovation schumpétérienne, on assiste dans ce milieu à une construction de « l'innovation sociale » et à une « innovation entrepreneuriale ».

L'innovation sociale consiste à la création de méthodes de solidarité, d'entraide, d'association. Le recours à la famille ou aux amis est un domaine dominant en Lubero. Ces derniers interviennent et apportent du soutien à l'entrepreneur, des capitaux nécessaires, des aides financières, matérielles et morales ; un soutien psychologique. Ces différentes pratiques bien sûres informelles, sont considérées ici comme une innovation sociale. Ce sont des pratiques qui n'existent pas dans les entreprises capitalistes.

L'innovation entrepreneuriale quant à elle est représentée par la création de nouvelles micros et petites entreprises qui ne présentent pas les caractéristiques des entreprises capitalistes qui elles sont formelles. Des entreprises qui prolifèrent partout, qui n'oeuvrent parfois pas dans des locaux, des unités à petite échelle où le salariat est limité, le capital faible, une technologie obsolète (forge), une gestion quasi-inexistante, une irrégularité du travail... telles sont quelques innovations adaptées au milieu. Elles n'exigent pas parfois une capacité intellectuelle ou mieux une formation quelconque des chimistes, des mécaniciens, d'électriciens, des gestionnaires, etc). Or il s'agit là des innovations différentes de celles présentées par Joseph A. Schumpeter. Ce sont des innovations de contingence. C'est-à-dire adaptées aux problèmes de Lubero surtout celui de la pauvreté.

III.10. ENTREPRENEURIAT ET DIFFICULTES EN TERRITOIRE DE LUBERO

Les difficultés sont inhérentes à toute activité : contrainte technique, financière,... Les résultats de l'enquête révèlent que 90 % des agents interviewés ont des difficultés dans l'exercice de leurs activités.

En les classant selon leur fréquence de citation, la multiplicité des taxes figure au premier plan avec une fréquence de citation de 36 %. Ensuite, on observe le problème d'insécurité, de pillage et de vol des marchandises avec 19 % de citation, les difficultés liées à l'insolvabilité des clients et la concurrence avec chacune 9 % de citation, le problème de clientèle (4 %), le manque de fonds (3 %), la hausse de prix du carburant (2%), l'achat de produits périmés (2 %) et le marchandage des prix (6%), l'achat des produits.

Tableau n° 27 : Difficultés rencontrées par les entrepreneurs

DIFFICULTES

EFFECTIF

%

Multiplicité de taxes

46

36

Insuffisance de fonds

4

3

Insolvabilité des clients

11

9

Manque de clientèle

5

4

Concurrence

11

9

Insécurité, pillage, vol des marchandises

24

19

Achats marchandises périmées

3

2

Hausse de prix du carburant

3

2

Marchandage de prix

8

6

Sans réponse

12

10

TOTAL

127

100

Source : service IPME-territoire de Lubero

- Multiplicité des taxes : (36 %) ce sont surtout les boutiquiers, les couturiers, les pharmaciens, (les agents qui oeuvrent dans des locaux). Ils estiment que les taxes qu'ils paient sont nombreuses et ne sont pas proportionnelles à leur activité. Ils estiment que cette façon de prélever ces taxes constitue du vol par l'Etat.

- L'insuffisance de fonds (3 %) : est accusée par les acheteurs de quinquina qui veulent avoir de fonds pour leur champ. Au démarrage il faut avoir pour un champ de quinquina 150 $ pour 1 hectare de lopin de terre, pour la main-d'oeuvre (pour débrousser et déblayer) : 40 $ et pour la semence d'un hectare 150 tiges qui coûtent 1 $. Or un hectare demande 10 000 tiges. Ce qui donne au total 256,66 $ pour un hectare. Les agents économiques qui travaillent souvent avec de fonds personnel estime que le montant est élevé. Avec 10 hectares par exemple, le coût est de 2566,6 $. Ainsi, ils éprouvent des difficultés à trouver des fonds pour pouvoir rémunérer ces facteurs de production.

- Dettes impayées : les acteurs font des crédits qui ne sont pas honorés dans les délais. Le crédit découle de la relation de confiance et des rapports sociaux qui s'établissent entre vendeurs et acheteurs. De même, aucune garantie n'est remise à l'octroi du crédit. Le remboursement tardif peu détériorer la confiance. Faute de garantie, les clients remboursent tardivement ou ne remboursent même plus ces dettes.

- Concurrence : ce sont plus les artisans qui ne veulent pas accepter avec résignation la concurrence des produits importés qui tuent, en réalité, à petit feu leurs métiers. Cette concurrence est aussi liée au fait que tout le monde du secteur fournit presque les mêmes produits. On a difficile à trouver des clients, ce qui pose encore un problème de clientèle (l' exemple de la vente de l'arac).

- L'insécurité, le pillage, le vol des produits est aussi une des difficultés que les agents soulèvent. Au jour le jour, les biens de ces agents sont pillés ou volés et d'un coup l'entrepreneur se retrouve sans richesse et sans emploi.

- Achat des marchandises périmées : nous avons constaté que plus d'agents n'ont pas étudié. Le taux d'analphabétisme des entrepreneurs est élevé (83,5 %). Ainsi, les commerçants partent s'approvisionner en ville en certains produits sans consultation des dates d'expiration. L'autorité ravit ses produits impropres à la consommation ce qui constitue ou une perte pour l'agent économique.

- Hausse de prix du carburant : les transporteurs et le meuniers soulignent que le carburant est très cher. La cherté du baril de pétrole est sentie aussi bien par les transporteurs, les meuniers qui en dépendent maladivement que par les populations qui paient les frais de l'augmentation des tarifs de transport ou du kilogramme du moulin.

- Marchandage en longue haleine : 6 % de commerçants se disent fatigués de très longues négociations des clients avant d'effectuer leur achat. Au fait, le marchandage est inhérent aux activités du secteur informel. Les tarifs ne sont pas fixes et doivent s'appliquer aux bourses des différents clients. Le marché de nos entreprises enquêtées repose sur le marchandage, un rite qui remplace le système du monoprix régi, par une certaine fixité tarifaire. C'est aussi un prétexte de repérage et d'évaluation du client, d'entrer en communication mais aussi d'établir une relation d'amitié, de fidélité ou tout autre rapport social.

De ces difficultés, il ressort que l'Etat étouffe l'entrepreneuriat en territoire de Lubero. Presque plus de la moitié des problèmes, soit 52 % sont dus à l'Etat : multiplicité des taxes et insécurité. L'Etat est le garant de la sécurité ou de la paix qui sont des facteurs propices à l'entrepreneuriat. Pour qu'il y ait développement, il faut qu'il y ait une paix durable puisque sans celle-ci point d'entrepreneuriat. A quoi bon, créer une activité aujourd'hui alors qu'on sait que les biens seront pillés demain ? 

III. 11. CONTRIBUTION DE L'ENTREPRENEURIABILITE AU DEVELOPPEMENT LOCAL

L'entrepreneuriabilité contribue aussi au développement bien que constituée des micro entreprises de survie. Dans le domaine économique, la contribution des micros entreprises est observable en matière de production des biens et services, d'emploi, des revenus, des investissements. Cette entrepreneuriabilité intervient aussi au niveau social.

III.11.1. Au niveau de l'économie

Du point de vue économique, ces initiatives contribuent à la vie économique en fournissant une gamme variée des biens et services destinés à la satisfaction des besoins réels à travers d'innombrables activités productives telles que la restauration, le commerce, l'artisanat, la coordonnerie, l'agriculture, etc. De plus, les biens sont vendus en détail ou en plus petite quantité. Ce qui fait que ces initiatives offrent à la population des quantités adaptées au pouvoir d'achat de la population locale. Ces micro et petites entreprises témoignent d'une adaptation de la production des biens et services de qualité généralement modeste sur le marché. Elles permettent à la population généralement démunie d'avoir accès à des biens et services à bon marché. Les biens et services vendus sont adaptés au pouvoir d'achat de la population locale.

Au niveau du prix, nous assistons à une prédominance du petit commerce de détail adapté à la fonction de consommation de la plus grande majorité des ménages, vu le niveau généralement bas des revenus. Ainsi, on remarque une divisibilité des produits ou une vente à l'unité de certains biens et services (le paquet de cigarette, l'huile et le kérosène à la mesurette, etc.). Ces micro entreprises permettent aux moins nantis d'avoir accès à certains biens manufacturés, dont le coût est réparti généralement à la hauteur de leurs avoirs.

Lomami Shomba107(*) estime que « ce petit commerce contribue, cependant, à la multiplication des intermédiaires, laquelle multiplication devient nécessairement inflationniste. De la sorte, on peut attribuer au petit commerce du secteur informel la fonction d'accoutumance à l'inflation par des agents économiques tels les ménages »

Il est donc difficile d'avoir un « commerce équitable » avec les micro entreprises oeuvrant dans l'informel.

Aussi, nous avons constaté que cet entrepreneuriat constitue une source de revenu pour le pouvoir public local. Il génère des ressources minimes soient-elles à l'administration locale à travers la perception des taxes et des redevances.

Il se dégage de ce qui précède que les micro et petites entreprises ont un impact au niveau de l'économie du territoire de Lubero. Analysons donc leur apport au niveau de la société.

III.11.2. Au niveau social

Dans ce point, nous démontrons la contribution offerte par les micro entreprises dans la création d'emplois d'une part, et d'autre part présentons son rôle du point de vue de l'amélioration du pouvoir d'achat des consommateurs.

Les micros entreprises constituent aussi une importante source d'emplois indépendants et de revenu pour de larges couches de la population. Il s'agit parfois des activités refuges ou de survie ou mieux de débrouille. De ce fait, l'entrepreneuriat est un élément essentiel de la réduction de la pauvreté, un des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Cet entrepreneuriat encadre des chômeurs n'ayant aucune autre alternative que de créer d'activités pour leur propre compte mais aussi des individus qui bien que disposant d'un emploi, sont obligés d'exercer une activité ou créer une micro entreprise palliative à leur modique traitement. L'entrepreneuriat constitue un gagne pain aussi bien pour les chômeurs que les employés et les employeurs.

Quant au niveau du pouvoir d'achat, ces micro entreprises occupent une main-d'oeuvre qui bénéficie de maigres revenus, certes mais de revenus procurant la possibilité de pouvoir augmenter les consommations individuelles et collectives. De tout ce qui précède, l'entrepreneuriat occupe une place dans la vie sociale et l'économie d'un milieu.

C'est ainsi que nous avons cherché aussi à connaître lors de nos enquêtes si les agents économiques acceptent de continuer l'activité exercée. Cette question a été soumise uniquement aux 31 agents du secteur de croissance.

Pour apprécier le degré d'adhésion des agents économiques interrogées à propos de leur activité exercée, la question « comptez-vous exercer cette activité pendant longtemps ? » a été posée. Les réponses obtenues, sur 31 cas, sont affirmatives dans 86,3 % de cas (contre 13,7 % de non).

Les raisons d'acceptabilité à continuer l'activité exercée, ont prouvé que plus de la moitié (55,6%) des agents économiques interrogés justifient leur acceptabilité à continuer l'activité exercée par le fait qu' elle procure des moyens de subsistance. Les autres raisons renvoient à l'amour de l'activité exercée (16,1%) et l'importance des revenus procurés par l'activité (12,9%).

D'autres encore sont contraints d'exercer leurs activités actuelles par manque d'alternative (12,9%).

Tableau n°28 : Nature des raisons de l'acceptabilité à continuer l'activité.

RAISONS

EFFECTIF

%

L'activité procure des revenus

4

12,9

Amour de l'activité

5

16,1

Absence d'alternatives et de choix

4

12,9

Activité procure des moyens de subsistance

16

51,6

Non déclarés

2

6,5

TOTAL

31

100

Source : Nos enquêtes

Nous constatons que les activités entreprises par les agents privés en territoire de Lubero sont un moyen de vivre de la population et constitues une source de revenu.

Ces activités sont ainsi à prendre en considération dans des politiques de développement. Elles constituent un dynamisme porteur d'atouts pour le développement (KAMBALE MIREMBE, juin 2006, p. 29).

III.12. CONCLUSION DU CHAPITRE

Dans ce chapitre nous avons distingué la dynamique entrepreneuriale de Lubero en deux structures : les micro et petites entreprises de croissance et les activités de survie. La population se livre à l'artisanat, au commerce, au transport, à la production des services ainsi qu'à l'agriculture. Les activités auxquelles se livrent la population sont donc multiples en territoire de Lubero. Notre première hypothèse se trouve ainsi confirmer.

La dynamique entrepreneuriale en Lubero fait appel à plus d'un acteur : les ONGS, les associations et les syndicats, les églises, les partis politiques ainsi que les agents économiques privés. Ces derniers sont les plus nombreux et sont très actifs dans l'entrepreneuriabilité. Ils sont plus visibles et créatifs surtout dans le petit commerce mais aussi s'occupent de l'agriculture.

Quant aux profils sociodémographiques et culturels des entrepreneurs, il est à noter que l'entrepreneuriat en territoire de Lubero, pour le genre, est le fait de hommes et des femmes. La présence féminine est plus manifeste dans le commerce de survie alors que celle masculine est plus manifeste dans le commerce de croissance. Par rapport à l'âge, les adultes et les jeunes sont très bien représentés dans l'entrepreneuriat en territoire de Lubero. Les enfants et les vieillards sont aussi visibles dans les activités de survie. Aussi, ce sont les gens non instruits (analphabètes) et mariés qui créent plus d'activités commerciales en Lubero. Trois quart d'entre-eux ont des enfants. Cet entrepreneuriat est majoritairement les faits des originaires de Lubero. Beaucoup d'entre-eux sont des fils ou des filles des agriculteurs (leurs parents).

Le mode de financement qui prime est l'épargne personnelle mais aussi l'aide financière ou matérielle de la famille. L'entourage du créateur d'entreprise intervient financièrement dans la création d'entreprises. Les banques sont inexistantes et de ce fait n'interviennent pas dans le financement de l'entrepreneuriat. D'où même hypothèse confirmée.

Par rapport aux marchés urbains permanents, le marché de Lubero, un marché rural est en effet, atomisé, instable, enclavé.

La recherche de l'emploi ou du travail, le besoin d'indépendance (la recherche de l'argent ou du revenu) est les facteurs à la base de la dynamique entrepreneuriale à Lubero. Ces facteurs peuvent être catégorisés en facteurs économiques, politiques, historiques et socioculturels. Ce fait permet à cas les gens firmes la deuxième hypothèse.

Le rôle de la famille dans cette dynamique entrepreneuriale est la famille soutient financièrement, matériellement et moralement l'entrepreneur. La législation en matière d'immatriculation n'est pas respectée par ces petites et micro entreprises et elles paient souvent des taxes ou des redevances. De ce fait, elles constituent une source de revenu pour l'administration locale.

L'innovation n'est pas schumpétérienne ou technologique mais elle est une innovation sociale qui consiste à une création des pratiques, des méthodes, des habitudes de solidarité ou d'entraide ou encore d'association. Cette innovation sociale est contingente c'est-à-dire adaptée aux besoins de la population. Elle est peu ou pas capitalistique. Les initiatives entreprises ne se font pas sans difficultés. Elles sont confrontées à plusieurs difficultés dont la multiplicité des taxes et le pillage, le vol qui sont les plus déterminantes.

Enfin, l'entrepreneuriabilité en territoire de Lubero contribue aussi au développement local. Elle occupe une place dans la vie sociale et économique : elle est source de revenu, création d'emploi, ... bref de réduction de la pauvreté. Toutes nos hypothèses s'en trouvent ainsi confirmer.

CONCLUSION GENERALE

La dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero a constitué l'objet de notre recherche. L'objectif principal de cette recherche était de déterminer les activités auxquelles se livrent la population des zones non urbaines du territoire de Lubero, les facteurs expliquant cette dynamique mais aussi voir si les banques interviennent dans le financement des activités entreprises en zone non urbaine.

Pour l'atteinte de ces objectifs, nous sommes partis des questions suivantes constituant notre problématique : Quels sont les initiatives auxquelles s'a donnent la population en milieu rural ? Quels sont les facteurs explicatifs du dynamisme entrepreneurial en territoire de Lubero ? Les banques interviennent-elles dans le financement des activités entreprises en territoire de Lubero ?

La recherche des réponses à ces questions a conduit à subdiviser ce travail à trois chapitres. Le premier chapitre a été consacré à la théorisation sur les concepts entreprise, entrepreneur et entrepreneuriat. Ainsi, dans cette dernière section, nous avons défini l'entrepreneuriat, la dynamique entrepreneuriale, analyser les paradigmes de l'entrepreneuriat, la capacité et l'esprit entrepreneurial, les caractéristiques, les éléments de motivations et de compétences entrepreneuriales, les contraintes et les différents types d'entrepreneuriat.

Le deuxième chapitre quant à lui, présente le milieu d'étude ainsi que l'approche méthodologie du travail et l'approche historique de l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.

Enfin, le troisième chapitre présente les micros et petites entreprises ou initiatives du territoire de Lubero dans une perspective entrepreneuriale.

Ainsi, après traitement des données, nous avons constaté que la dynamique entrepreneuriale a été mouvante au fil du temps ; passant de l'entrepreneuriat colonial (étranger) caractérisé par le salariat à l'entrepreneuriabilité caractérisée par une créativité des micros activités pour assurer la survie de la population locale.

La population de Lubero se livre à plusieurs types d'activités de nature agricole, artisanale, commerciale ou de service. Elle s'a donne plus au petit commerce et l'agriculture qu'à l'artisanat ou le service. La plupart de commerçants oeuvrent dans l'informel et sous la patente.

La dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero est l'oeuvre de plusieurs acteurs. Les principaux acteurs entrepreneuriaux sont les particuliers, les églises, les Organisations Non Gouvernementales, les associations et syndicats, parfois des partis politiques. Ce sont les particuliers ou les privés qui sont plus dynamiques dans l'entrepreneuriat. L'Etat en tant qu'entrepreneur n'est pas tellement actif. Il ne s'occupe que des ses fonctions traditionnelles.

Par rapport au genre, l'entrepreneuriat en territoire de Lubero est le fait des hommes et des femmes. La présence féminine est plus manifeste dans le domaine commercial de survie où les femmes s'activent le plus dans les activités de la restauration, dans la vente des légumes et condiments et des produits maraîchers,... Les hommes s'activent plus dans les activités de croissance.

Cet entrepreneuriat fait intervenir toutes les tranches d'âge : des jeunes, des adultes, des vieillards y sont représentés. Et ce sont pour la plupart, des gens n'ayant aucun niveau d'étude.

Aussi, cet entrepreneuriat est majoritairement (65 %) le fait des originaires du milieu. Et la plupart, des entrepreneurs sont des fils et filles des agriculteurs (63 %), et des artisans (19 %).

Le mode de financement le plus prédominant des activités entreprises est l'épargne personnelle (61 %) mais aussi l'épargne familiale (19 %). Les banques sont inexistantes à Lubero et n'interviennent pas, de ce fait, dans le financement de l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.

Les facteurs explicatifs de la dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero sont d'ordre économique (le manque d'emploi, du revenu) ; d'ordre politique (rôle de l'Etat) ; d'ordre historique (la colonisation) et d'ordre socioculturel (besoin d'indépendance, aide familiale ou des amis).

Et la famille joue un rôle primordial dans cette dynamique. Elle apporte main-d'oeuvre, capitaux, marché, conseils, aides matérielle, financière, morale, etc. à l'entrepreneur. Mais aussi, la famille constitue une contrainte pour l'entreprise car l'entrepreneur prend en charge les membres de sa famille.

L'innovation n'est pas technologique comme celle schumpétérienne mais une innovation sociale qui consiste à la création et la pratique des méthodes de solidarité, d'entraide, d'associations ... Des pratiques bien sûr informelles mais qui peuvent aussi être un moyen de lutte contre la pauvreté. Ce sont parfois des pratiques qui n'existent pas dans les grandes entreprises capitalistes.

Les difficultés auxquelles se heurtent l'entrepreneuriat en territoire de Lubero sont multiples : la multiplicité des taxes, manque des capitaux, l'insolvabilité des clients, la concurrence, l'insécurité,... On constate que plus des difficultés relèvent du pouvoir public ou de l'Etat. Enfin, cet entrepreneuriat contribue au développement local. L'entrepreneuriat est bénéfique à l'entrepreneur ainsi qu'à la société entière. Il est source de revenu, créateur des richesses. Il permet aux entrepreneurs de faire face au sous-développement et donc à la pauvreté.

RECOMMANDATIONS EN VUE DE LA PROMOTION DE L'ENTREPRENEURIAT

Ainsi pour parachever ce travail, nous émettons les recommandations et/ou les suggestions suivantes pour une bonne continuité de l'entrepreneuriat à territoire de Lubero.

1. Encadrement des promoteurs ruraux et renforcement des capacités : la pauvreté s'observe plus en milieu rural qu'en milieu urbain. Il serait utile d'encadrer et renforcer les capacités des micros activités entreprises en territoire de Lubero. Celle-ci, si elles persistent, peuvent être un moyen de lutter contre le chômage, et donc de la pauvreté. Le développement de ce secteur peut être un facteur de croissance économique.

2. Adaptation du cadre juridique et institutionnel : il faut mettre des lois et règlements adaptés aux micro activités différents à ceux des entreprises capitalistes.

3. Renforcement du service de formation : nous avons constaté que la plupart d'entrepreneurs n'ont pas étudié. Cela peut influer négativement sur les activités entreprises. Il faut donc une formation professionnelle pour les entrepreneurs pour rendre plus efficace ces micros entreprises.

4. Installation d'une banque commerciale adaptée aux réalités des zones rurales pour permettre ou accroître le financement des activités, en perte de vitesse et pour promouvoir plus d'emplois.

5. Plaider pour des allégements fiscaux en faveur des promoteurs débutants et existants : certaines raisons de fermeture des activités ou de non pérennité relèvent de la macroéconomie. La majorité des entrepreneurs (36 %) estime que la plus grande difficulté qu'ils rencontrent est la pression fiscale ou la multiplicité des taxes. Cette inquiétude vient de l'environnement fiscal congolais en général. Il faut donc une adaptation de la fiscalité pour aussi éviter « les faux indépendants »108(*)

6. Création de mutuelles d'épargne et crédit : qui pourront suppléer financièrement les entrepreneurs membres. Mais aussi pour lutter contre l'exclusion financière formelle.

7. Amélioration des infrastructures et des moyens de télécommunication principalement les routes.

En somme, la dynamique entrepreneuriale ne peut provenir que de chaque individu et de la culture qui lui est inculquée et en des circonstances. La maîtrise de cette dynamique provient avant tout de notre faculté à entreprendre.

L'intention de créer et / ou de développer une entreprise ne peut être que l'effet d'une culture. Tout commence par la famille qui est la première éducatrice. De l'instruction primaire à l'enseignement supérieur doit apparaître un apprentissage à l'esprit d'innovation et de gestion de risques. Cette dernière est l'un des vecteurs qui font la dynamique entrepreneuriale. Il est surprenant que jusqu'ici l'idée d'entrepreneuriat soit surtout associée à l'enseignement supérieur, comme si les individus ne devaient l'acquérir qu'à ce stade. Si l'entrepreneuriat est bien encadré, il peut se métamorphoser et ainsi ouvrir des brèches à la lutte contre la pauvreté et devenir un moteur puissant de croissance et donc de développement.

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TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

INTRODUCTION GENERALE 1

1. ETAT DE LA QUESTION 1

2. PROBLEMATIQUE 2

2.1 Contexte 2

2.2. Questions de recherche 6

3. HYPOTHESES 6

4. CHOIX ET INTERET DU SUJET 7

5. OBJECTIFS DE L'ETUDE 8

6. DELIMITATION DU SUJET 8

7. METHODOLOGIE 9

7.1. Méthodes 9

7.2. Techniques 9

8. ORIENTATIONS POUR LA LECTURE DU TRAVAIL 10

Chapitre Premier : THEORISATION : ENTREPRISE, ENTREPRENEUR ET ENTREPRENARIAT 11

I.1 NOTIONS SUR L'ENTREPRISE 11

I.1.1 Définition 11

I.1.2 Catégories d'entreprises 13

I.1.3 Les Différentes dimensions de l'entreprise 15

I.1.4 Finalités et buts de l'entreprise 17

I.1.5. Fonctions opérationnelles de l'entreprise 19

I.2 L'ENTREPRENEUR 20

I.2.1 Elucidation du concept 20

I.2.2 Typologie des entrepreneurs 22

I.3. L'ENTREPRENEURIAT 24

I.3.1. Définitions 25

I.3.2. La dynamique entrepreneuriale 27

I.3.3. Paradigmes de l'entrepreneuriat 27

I.3.4. La capacité et l'esprit entrepreneurial 32

I.3.5. Caractéristiques de l'entrepreneuriat 33

I.3.6. Eléments de motivations et de compétences entrepeneuriales. 34

I.3.7. L'entreprenariabilité et ses contraintes 38

I.3.8. Moyens de financement de l'entrepreneuriat 44

I.3.9. Types d'entrepreneuriat 45

CONCLUSION DU CHAPITRE 47

Chapitre Deuxième : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET APPROCHES METHODOLOGIQUE ET HISTORIQUE 48

II.1 LE TERRITOIRE DE LUBERO : CADRE PHYSIQUE, ADMINISTRATIF, DEMOGRAPHIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE 48

II.2. APPROCHE METHODOLOGIQUE 50

II.2.1 Choix et Justification des variables 50

II.2.2 La population-cible 52

II.2.3 Collecte des données 52

II.2.4. Difficultés rencontrées 56

II.2.5. Méthodologie de traitement et d'analyse des données 56

II.3. APPROCHE HISTORIQUE : DU SALARIAT A L'ENTREPRENEURIAT 57

II.3.1. L'entrepreneuriat colonial 57

II.3.2. Le salariat à l'époque coloniale 64

II.3.3 L'entrepreneuriat post-colonial : 1960- 1998 68

II.3.4 L'entrepreneuriabilité actuelle 69

II.4. CONCLUSION DU CHAPITRE 70

Chapitre Troisième : LES MICRO ET PETITES ENTREPRISES EN TERRITOIRE DE LUBERO 71

III.1. MICRO ET PETITES ENTREPRISES EN BREF, DANS LE CONTEXTE CONGOLAIS. 71

III.2. NATURE ET STRUCTURE DES ACTIVITES AU INITIATIVE ECONOMIQUES DEVELOPPEES EN TERRITOIRE DE LUBERO. 72

III.2.1. Les micro et petites entreprises de croissance 73

III.2.2. Les micro entreprises de survie 77

III.3. PROFILS SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET CULTUREL DES ENTREPRENEURS 80

III.3.1. Les acteurs entrepreneuriaux 80

III.3.2. Caractéristiques des agents économiques (des entrepreneurs enquêtés) 81

III.4. MODES DE FINANCEMENT DE L'ENTREPRENEURIAT ET GESTION FINANCIERE 88

III.5. LE MARCHE DES MICRO ET PETITES ENTRPRISES DE LUBERO 92

1. Atomicité du marché 92

2. Instabilité du marché 93

3. Concurrence 93

III.6. LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA DYNAMIQUE ENTREPRENEURIALE EN TERRITOIRE DE LUBERO 93

III.7. ROLE DE LA FAMILLE DANS L'ENTREPRENEURIAT 95

III.8. ROLE DE L'ETAT DANS L'ENTREPRENEURIAT EN TERRITOIRE DE LUBERO 98

1. La législation 98

2. Taxes 100

III.9. L'INNOVATION ET L'ENTREPRENEURIAT EN TERRITOIRE DE LUBERO 102

III.10. ENTREPRENEURIAT ET DIFFICULTES EN TERRITOIRE DE LUBERO 104

III. 11. CONTRIBUTION DE L'ENTREPRENEURIABILITE AU DEVELOPPEMENT LOCAL 106

III.11.1. Au niveau de l'économie 106

III.11.2. Au niveau social 108

III.12. CONCLUSION DU CHAPITRE 110

BIBLIOGRAPHIE 112

I. OUVRAGES ET DICTIONNAIRES 112

III. TFC., MEMOIRES, THESE. 114

IV. NOTES DE COURS ET AUTRES RAPPORTS 114

V. SOURCES ELECTRONIQUES 115

CONCLUSION GENERALE 116

TABLE DES MATIERES 121

ANNEXE 125

ANNEXE

GUIDE DE L'INTERVIEW

1. Sexe :

2. Age :

3. Niveau d'instruction :

4. Origine sociale : paysanne ou urbaine

5. Type d'activité et année de commencement :

6. Motivation ou causes de création de l'activité :

7. Origine de financement :

8. Est-elle une initiative privée ? si non, de quelle organisation ?

9. Ya-t-il une institution qui vous a soutenu au départ ou qui vous soutient actuellement ? si oui, laquelle ? Dépendez-vous de cette institution ?

10. Comment s'est constituée votre entreprise ? Quelle est son évolution actuelle ? Et quels sont les éléments déterminants de son expansion ?

11. Quels sont les facteurs qui bloquent l'esprit entreprenarial dans votre milieu ? (jalousie, sorcellerie, facteurs administratifs,...).

12. Votre famille vous a encouragé, déconseillé, aidé,...

13. Quelles sont les opportunités pour votre entreprise ?

14. Quel est le rôle de l'Etat dans votre activité ?

15. Quel est le motif de votre installation en milieu rural ?

16. Si vous trouver un emploi en milieu urbain, continuerez-vous à travailler ici ? Pourquoi ?

17. Entre l'agriculture et le commerce, quelle activité préférez-vous ?

18. Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous heurtez dans la réalisation de votre activité ?

19. Quelles sont vos réalisations et vos perspectives d'avenir ?

* 1 KIYANI PALUKU S. (2003-2004), Esprit d'entreprise et exigences économiques et sociales cas de la l'entreprenariat en ville de Butembo, mémoire inédit, faculté des Sciences Economiques,

U.C.G.-Butembo, pp 63-64

* 2 MASIKA MAYAO G. (2005-2006), l'Esprit d'entreprenariat féminin en ville de Butembo cas des tricoteuses, TFC inédit, faculté des Sciences Economiques et Gestion UCG-BUTEMBO.

* 3 CNUCED (2003), Importance de l'entreprenariat, (en ligne) ; (réf du 18 décembre 2008) disponible sur http://www.unctad.org.

* 1BAGALWA MUHEME G. (1998), Economie et politique de l'entreprise: stratégies des affaires, cours inédit, U.C.G.-Butembo, p 3

* 2 HENAULT G., et M'ROBERT R., (1990), l'entrepreneuriat en Afrique francophone : culture, financement et développement, AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext, Paris, p 1.

* 3 Gaston NKOUIKA-DINGHANI-NKITA (2005), Economie populaire et lutte contre la pauvreté au Congo Brazzaville : Prôner pour un développement communautaire durable du bas vers le haut, (en ligne), disponible sur http://www.codesria.org consulté le 27 avril 2009.

* 4 cfr MAFIKIRI TSONGO A. (2008-2009), Préparation et évaluation des projets, cours inédit, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, L2 Gestion Financière, UCG-Butembo, p 1

* 5 werner Sombart cité par HENAULT G. et M'ROBERT, op.cit, p 8-9.

* 6 CAMILLERI.J-L, (2007), La micro entreprise rurale en Afrique : de la survie à la croissance de cas Rwandais, l'Harmattan, Paris, p 139.

* 4 Banque Mondiale (1994), « Zaïre : orientations stratégiques pour la reconstruction économique », Washington DC, p. 53.

* 5 KAMBALE MIREMBE Omer (juin 2005), Echanges transnationaux, Réseaux informels et développement local. Une étude au Nord-est de la République Démocratique du Congo, Thèse, Louvain-la-Neuve, Faculté des Sciences économiques, sociales et politiques, UCL, PUL, p . 200.

* 6 BAGALWA MUHEME G. Op. Cit, p. 37.

* 7 GAUTHIER B., Une enquête de la Banque Mondiale sur le développement de l'entreprise en Afrique. Le cas du Cameroun, Ecole des HEC, Montréal in BODSON P., et PAUL-Martel Roy (2003), survivre dans les pays en développement. Approches du secteur informel, L'harmattan, Paris, p 144.

* 8 Entrepreneuriat en français.

* 9 CAMILLERI J.L., Op. Cit, P. 141.

* 10 MUSONGORA SYASAKA E. [2007-2008], Mouvement associatif et dynamique de développement au Nord-Kivu. Cas des associations de tendance religieuse en territoires de Beni et Lubero, mémoire présenté en vue de l'obtention du diplôme de Master complémentaire en développement, environnement et société, UCL, p. 3.

* 11 BERE ZACHARIE, (2006), Techniques et stratégies d'un travail scientifique. Etude, mémoire, thèse, et autres recherches, Ed. UCAO, Abidjan (Côte d'Ivoire), p. 142.

* 12 Les termes entreprenariat et entrepreneuriat sont des synonymes. Dans ce mémoire, ,nous utilisons l'un ou l'autre.

* 13 DARBELET M. et LAUGINIE JM, (1981), Economie de l'entreprise appliquée, fascicule 1, Foucher, Paris, p11

* 14 COHEN. E (1994) Dictionnaire de gestion, La Découverte « Repères », p 24.

* 15 Entreprise, un article de wikipedia, Encyclopédie libre (www. Wikipedia.org) consulté le 30 décembre 2008.

* 16 BAGALWA MUHEME. G (1998), op.cit., p 13.

* 17 Idem, p 13.

* 18 CHARPENTIER P. (2004), organisation et gestion de l'entreprise, Armand Collin, p 7.

* 19 Idem, p 8.

* 20 CHARPENTIER P, op.cit., p 8

* 21 Idem, pp 17-19.

* 22 Peter Dructker, cité par P. CHARPENTIER. Op. cit., p 20

* 23 GENEREUX J. (1990), Economie politique 1 introduction et micro-économie, Hachette, Paris, p 55.

* 24 GENEREUX J., op. Cit,p.55

* 25 CHARPENTIER P., op. Cit, p 20.

* 26 XXX (2008), « entreprise », in Encyclopédie libre, (en ligne), (référence du 28 décembre 2008), disponible sur www. Wikipedia.org.

* 27 BOUTILLIER S. et FOURNIER ( 2006), Artisanat - La modernité réinventée, L'harmattan, Pars, p. 26.

* 28 CASSON M., (1991), l'entrepreneur, collection Gestion, Economica, Paris, p 278.

* 29 SHANE S. (2003), cité par BOUTILLIER S. et FOURNIER C. op. cit, p 26.

* 30 BOUTILLIER S. et FOURNIER C. op. cit, p 27.

* 31 Idem, p 27.

* 32 GREGORY C. (1974), Encyclopédia Universalis, vol 18, thesaurus. Index. A. GASSENDI, Paris, p 630.

* 33 BOUTILLIER S., op. Cit. P 27.

* 34 KIRZNER (2005), Concurrence et esprit d'entreprise, Economica, Paris, p 63

* 35 Idem

* 36 GREGORY Cl., op. Cit., p 630

* 37xxx (janvier 2002), «Quelle est l'utilité marginale de l'entrepreneur ? » in problèmes économiques, Col. Entreprises et marchés, n°2742, p 5

* 38 KNIGHT F. ci té par BAGALWA MUHEME G., p 36

* 39 BOUTILLIER S. et FOURNIER C., op.cit, p 86.

* 40 MARCHESNAY M., Typologies des entrepreneurs , [en ligne], Réf. du 09 janvier 2009 , disponible sur http : // www. Erfi-management. Net / acces _membre /actualiser / script 29 / Upload / CAHIER _ vol 13-n2. pdf., p. 124.

* 41 Xxx [2009], « Entrepreneuriat », in L'encyclopédie libre [en ligne] Réf. Du 20 février 2009], disponible sur www.wikipedia.org.

* 42 Idem.

* 43 Gasse cité par HENAULT G., Op. Cit., P. 121.

* 44 BEN CHEIKH, L'intention de créer une Start-up en TIC: cas des ingénieurs tunisiens, Institut supérieur de gestion de sousse-Tunisie, Master de recherché en Entrepreneuriat disponible sur www. Memoireonline.com.

* 45 GATNER W. (1990) «  What are we talking about when we talk about entrepreneurship ? » Journal of Business venturing, vol 5, p. 15-28 cité par Aymen BEN CHEIKH, Op.Cit.

* 46 Shane S ; Venkataraman S. (2000) : « The promise of entrepreneurship as a field of research », Academy of management. The Academy of Management; jan 2000; 25, 1; p. 217 cité par BEN CHEIKH A; Op. Cit.

* 47 Arenuis et De Clerq, cité par Idem.

* Le paradigme de l'entreprenauriat signifie ce qui est au coeur ou à la base de l'entrepreneuriat.

* 48 GATNER. W., Op. Cit.

* 49 VERSTRAETE T. (2000) : « Les universités et l'entrepreneuriat », document de travail, Editions de l'ADREG,

(www. adreg.net).

* 50 VERSTRAETE T. (2003) : « Proposition d'un cadre théorique pour la recherche en entrepreneuriat : PhE= f[(cxsxp) c(ExO)] ; Editions de l'ADREG, (www. adreg. net).

* 51 Aloys Mahwa, L'impact de l'auto emploi sur le chômage et la pauvreté au Cameroun, Maîtrise, Université Catholique d'Afrique centrale, disponible sur http : //www. memoireonline.com.

* 52 Verstraete T. (2002) ; «  Essai sur la singularité de l'entrepreneuriat comme domaine de recherche » , Editions de l'ADREG, (www. adreg. net).

* 53 BEN CHEIKH, Op. Cit.

* 54 Verstraete T. (2003), « Entrepreneuriat et management stratégique : des domaines singuliers se recouvrant par le truchement des stratégies entrepreneuriales », Management International, Spring 2002, vol. 6, n°2, p. 55.

* 55 BEN CHEIKH, Op. Cit.

* 56 Drucker P.F (1985) : « Innovation and Entrepreneurship : practice and principles », éd. Heineman, London, cité par BEN CHEIKH, Op. Cit..

* 57 CASSON M. Op. Cit.,

* 58 Voir office québécois de la langue française : www. olf. goux. qc. ca et chaire entrepreneuriat sociale : http : //www. Essc-Entrep-social. com/fr/ recherche O1. html.

* 59 Hitt M. A. et al (2001) cité par BEN CHEIK, Op. Cit.

* 60 Albert Ph., Marion S., (1997), « ouvrir l'enseignement à l'esprit d'entreprendre », les Echos19 / 20, septembre 1997, p. 34.

* 61 Werner Sombart, Op. Cit. ; p. 8-9.

* 62 La création ex Nihilo correspond à des créations par un individu ou un groupe (salarié, chômeur,...) d'une entreprise exerçant une activité nouvelle. Cette logique souligne « l'indépendance de la jeune entreprise, le fait que l'initiative est celle de l'entrepreneur et qu'il y a bien quelque chose de nouveau et non la simple continuation d'une activité existante » (Bruyat, 1993 : 101)

* 63 Verstraete T, Saporta B. (2006), création d'entreprise et entrepreneuriat, Editions de l'ADREG, janvier, p 287-292 [en ligne], [ref- du 20 mars 2009 ] disponible sur www. Adreg. Net.

* 64 Kuratko. D. , et Hodgetts R. , cité par Verstraete T. et Saporta B. , Op. Cit, p. 290.

* 65 La banque Mondiale classe les pays selon le niveau de facilités qu'ils offrent aux individus pour créer une entreprise (doing business).

* 66 Le groupe de la Banque mondiale [2009], Doing Business 2009. Données par économie : RDC, (en ligne), [Réf. Du 26 mars 2009], disponible sur http:// français. Doingbusiness.Org.

* 67 Aloys Mahwa, Op. Cit.

* 68 NJAYA J.B. et NGONGANG. D. , cité par Aloys Mahwa, Op. Cit.

* 69 Idem

* 70 Aloys Mahwa, Op. Cit.

* 71 Doing Business, RDC, 2009.

* 72 Aloys Mahwa, Op.Cit

* 73 FUTURS AFRICAINS, (2006), Afrique 2025, quels futurs possibles pour l'Afrique au Sud du Sahara, Paris, Karthala, p. 24.

* 74 CASSON M., Op. Citp, p. 278.

* 75 NSIMBA LUZOLO P. , Entrepreneuriat, Petites et moyennes entreprises (PME), cours inédit, G3 Economie UCG-Butembo, 2005-2006.

* 76 HOANG Abdelhamid. C. et SADI, Choix de la structure financière, [en ligne] [référence du 09 février 2009] disponible sur http://www.bibliothèque.refer.org.

* 77 WANDA R. (2007) : « Distance culturelle, modes de financement et rationnalité économique », in création, développement, gestion de la petite entreprise africaine (sous la direction de Victor TSOPI), Yaoundé, Edition CLE, p. 319.

* 78 Régis LABEAUME (2008), « Types d'entrepreneuriat » [en ligne] [référence du 30 janvier 2009] disponible sur http://www.defi.gouv.qc.ca.

* 79 KASAI L.L., cité par KAMBALE MIREMBE (2005), op.cit, pp 100-101

* 80Archives Etat-civil, territoire de Lubero, 2008

* 1 MUSONGORA S., Op.Cit., p30.

* 2 Rapport annuel, Affaires Economiques, 1937, Province de Costermansville, District du Kivu, territoire de Lubero.

* 81 KASAY KATSUVA Lenga Lenga, (juillet 1988), Dynamisme Déno-géographique et mise en valeur d l'espace en milieu équatorial d'altitude. Cas du pays Nande au Kivu septentrional : Zaïre, thèse, Université de Lubumbashi, p. 291.

* 1 TOYO K., Le marché des cybercafés à Lomé, mémoire, Université de Lomé, disponible sur http://www.mémoireonline.com

* 82 OCDE (2000), La renaissance partielle du travail indépendant, Paris, p. 166.

* 83 Les gens de couleur noir, les congolais

* 84 Rapport économique du 31/12/1937, établissements exerçant leurs activités en territoire de Lubero.

* 85 Les quatre indigènes sont : Kabangu Joseph, Abdulahamar, peruzi et Kalumendo qui font tous le commerce de traite.

* 86 Pour tout simplement dire population noire

* 87 Archives, 1944

* 88 Entretien avec le responsable du service de l'économie, territoire de Lubero, le 09/04/2009

* 89 PALUKU SARATA , « L'industrialisation de la ville de Butembo : un dynamisme freiné par la guerre », in Parcours et initiatives, CRG-UCG, n°1, Butembo, Août 2002, p 36.

* 90 Toutes ces précisions sont tirées de la Charte de Petites et Moyennes Entreprises de la RDC, Avril 2007.

* 91 Service de Industrie, Petites et Moyennes Entreprises : IPME.

* 92 Le souhait était de trouver les données d'au moins 5 ou 10 ans pour analyser la dynamique. Compte tenu de l'absence des données nous analysons les données de l'année 2008.

* 93 Entretien avec le secrétaire du SYTAMOL : Syndicat des Taximen motards de Lubero.

* 94 Fédération des Entreprises du Congo : Syndicat patronal.

* 95 A cette date du 11/04/2009, 100 Fc = 0,12 $ (1 $ vaut 850 Fc)

* 96 Le marché a lieu deux fois par semaine : mercredi et samedi

* 97 Ce recensement ne concerne que les hommes et femmes exerçant les petites activités en part ceux ayant des boutiques et kiosques.

* 98 Les ONG retrouvées lors de nos enquêtes en territoire de Lubero sont : Norvegian, Oxfam, Handicap International, MSF, Save children, Lets Protect children, PSSP, .

* 99 Nous empruntons ce terme dans cette phrase pour considérer les micro et petites entreprises de croissance et non dans le vrai sens d'une entreprise formelle.

* 100 Ici, nous ne prenons que les micro et petites entreprises de croissance enregistrées à l'IPME

* 101 Selon nos investigations

* 102 Entretien avec un commerçant de Lubero

* 103 Nous avons tiré un échantillon de la population avec une base de sondage de 25 % (cfr. chapitre deuxième).

* 104 1$ = 850 Fc, en période de nos enquêtes.

* 105 CAMILLERI J. L (2007), Op. Cit., P. 32.

* 106 DARTOIS P. (1971), Manuel de droit commercial Zaïrois, nea, Paris, P 37.

* 107 Lomami Shomba, économie informelle, université de Kinshasa, Licence en droit, www. Memoireonline.kom

* 108 Les « faux indépendants » ; les gens qui créent des activités d'auto emploi informelles pour échapper à la fiscalité.






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