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Developpement d'un produit écotouristique dans le parc national d'Akanda : l'ornithologie

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par Gilbert NDONG ONDO
Institut National des Sciences de Gestion (I.N.S.G.) - Maà®trise es Sciences et Techniques du Tourisme 2008
  

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INTRODUCTION

Le pétrole semble être une ressource intarissable pour le Gabon qui a longtemps fondé la quasi-totalité des financements de ses projets et programmes sur la manne pétrolière. Les 25% de la production totale que reçoit le pays lui ont fait oublier d'autres ressources reléguées en arrière-plan, et qui pourtant sont exploitées presque dans l'anonymat, et pourraient permettre à la population de mieux se prendre en charge. La dépendance de cet « or noir » a provoqué une situation généralisée d'assistanat doublée d'une oisiveté virulente, avec pour conséquence la non-participation de cette population à la croissance du pays.

Couvert originellement à plus de 21 millions d'hectares de sa superficie, soit environ 85 %, le Gabon l'exploite depuis la période d'avant les indépendances. Pourtant considérée comme le troisième produit d'exportation brute, de par son importance après le pétrole et le manganese, son exploitation occasionne d'importantes conséquences : la dégradation de la forêt, les impacts sur la faune, la délocalisation et la destruction des modes de vie des Baka, des Babongo, des Bakoya, des Bakouyi, ~

Une autre vision de gestion de cette forêt consiste désormais à la conserver et à la préserver pour les générations futures, tout en permettant aux communautés locales présentes de profiter des retombées économiques qui découleraient des actions de conservation. Dans sa politique de valorisation de ses écosystèmes forestiers, le Gabon a résolument opté pour le tourisme durable comme modèle de développement au détriment du tourisme de masse, irrespectueux de l'environnement. Ce modèle de développement, selon l'Organisation Mondiale du

Tourisme désignerait : « toute forme de développement, d'aménagement ou activitétouristique qui respecte et préserve à long terme les ressources naturelles, culturelles et

sociales et contribue de manière positive et équitable au développement et à l'épanouissement des individus qui vivent, travaillent et séjournent dans ces espaces »2. La stratégie qui permettrait d'y parvenir est l'écotourisme qui concilierait le développement économique, la protection de l'environnement et le bien- être des communautés locales. C'est ainsi que depuis 2002, le Gabon a pu consacrer à la préservation de la diversité biologique 13 parcs nationaux représentant 11,25%3 de sa superficie totale, dont celui d'Akanda qui nous intéresse ici.

2 Site web : www.terres-lointaines.com

3 Discours du Chef de l'Etat gabonais du 22 aoüt 2002

Le Parc National d'Akanda, formé des baies de Corisco et de la Mondah sur 540 km2, situé sur le littoral de la province de l'Estuaire, au nord-est de Libreville (cf. Annexe n°2), se distingue par la plus grande concentration d'avifaune migratrice du Gabon. Les rias qui la composent sont essentiellement formés de vasières, habitats naturels des crustacés, des mollusques et des poissons servant de nourriture à des limicoles d'origines diverses et les mangroves qui protègent les côtes, fixent les sédiments et favorisent l'atterrissement. Les bancs de sable et la mangrove sont des lieux de repos des oiseaux à marée haute et leur servent aussi de lieu de nidification, de même pour d'autres espèces telles que les tortues marines et les poissons. Ce parc a donc pour particularités majeures d'être une grande station des oiseaux migrateurs sur la zone équatoriale, de présenter une cohabitation saisonnière entre l'avifaune migratrice et résidente, d'une part, et les autres espèces fauniques d'autre part, et de posséder de vastes étendues de mangroves, de vasières et de bancs de sable favorisant l'habitat de l'avifaune.

Le tourisme ornithologique démarre en 1995 et demeure toujours embryonnaire près de 13 ans plus tard. De simples excursions sont organisées sporadiquement dans ce site. Il n'y a pas de produit écotouristique véritable (séjour ou forfait) identifié dans ces lieux, l'avifaune qui devrait être la principale ressource attractive autour de laquelle seraient structurées toutes sortes d'activités et services est inexploitée. Ajouter à cela, les difficultés logistiques liées à la traversée des principaux cours d'eau, mais aussi la conquête incontrôlée de ce parc par les pêcheurs artisanaux ouest- africains et les industriels implantés à Libreville.

Concrètement, nous observions les éventualités de monter un séjour écotouristique tenant compte des caractéristiques de l'O.M.T. et dont l'utilité reposerait essentiellement sur la possibilité de proposer des méthodes de montage de produits ornithologiques écotouristiques qui maintiendraient les processus écologiques fondamentaux et qui conserveraient la diversité biologique.

Le but de notre étude est d'évaluer la faisabilité technique d'un produit écotouristique intégrant la rivière Ntsini, la traversée du parc, l'observation des richesses, particulièrement l'avifaune migratrice et endémique.

Elle devrait répondre aux questions suivantes :

(\y) Comment développer un produit ornithologique écotouristique intégré autour des oiseaux ?

yo) Comment le rendre rentable et générateur de revenus pour la conservation, supportable à long terme sur le plan écologique, équitable sur les plans éthique et social, et viable sur le plan économique ?

yo) Quels sont les ressources naturelles, culturelles et patrimoniales exploitables sous forme écotouristique ?

En premier lieu, nous avons réalisé des recherches bibliographiques sur les ressources avifaunistiques, floristiques et culturelles dans le but de tracer un itinéraire qui permettrait de les approcher. Un recueil d'informations ensuite a été fait auprès des personnes ressources en vue de déterminer les espèces phares de l'avifaune et les principaux traits culturels à exploiter. Un diagnostic complet en transport fluvial a aussi été fait afin de ressortir ses caractéristiques majeures (horaires, priorités, arrêts, informations,...). Par des prospections de terrain, une identification des sites a été faite, ainsi que la détermination des capacités de charge. Une enquête enfin a été réalisée auprès des réceptifs pour déterminer le profil type de ce genre de produit et des activités et services attachés.

Dans une premiere approche, nous présenterons l'état de connaissances sur ce site, puis dans un second temps, nous nous pencherons sur les différents constituants attractifs qui permettent de le penser rentable, respectueux de la biodiversité et du développement rural, tout en considérant les points fragiles, mais aussi les atouts du Parc National d'Akanda. Nous identifierons finalement les éléments forts du patrimoine naturel et culturel sur lesquels va s'appuyer notre séjour, et notamment la structure de la demande susceptible de consommer ce produit ornithologique.

I ~~ CONFIGURATION GENERALE DU PARC

I ~~ 1. APERÇU NATUREL DU PARC

Les Parcs Nationaux du Gabon

I ~~ 1. 1. ASPECTS CLIMATOLOGIQUES

Tous les phénomènes météorologiques auxquels est soumis le Parc National d'Akanda sont prélevés par les stations de Libreville et de Cocobeach, d'après la Direction Générale de la Météorologie Nationale (D.G.M.N.)4. Le climat équatorial de transition à cet endroit se caractérise par des régimes thermiques et hydriques de type austral subissant à la fois l'influence de la pluviométrie et des conséquences du courant froid de Benguela. Celui- ci prend naissance au large de la Namibie et de l'Angola, parvient jusqu'à hauteur de l'équateur et simultanément apparaissent des résurgences d'eau froide profonde.

Durant la mi-juin à la mi-septembre, il y a un rafraîchissement et une stabilisation des masses nuageuses venant du sud-ouest qui ne se précipitent pas, mais interceptent une bonne partie du rayonnement solaire. Le ciel reste couvert dans la quasi-totalité du pays. De remarquables variations importantes affectent ce climat, qui à son tour, influence la répartition saisonnière, avec pour finalité la tâche rendue difficile d'effectuer de meilleures prévisions. Car il faut le dire, Akanda est conditionné par le mouvement des marées (phénomènes climatiques).

Le Parc National d'Akanda est très humide et reçoit une pluviométrie annuelle d'environ 3000 à 3300 mm/an. Les précipitations mensuelles les plus fortes ont lieu en automne (octobre, novembre et décembre) et au printemps (avril, mai et juin), selon que l'on est en grande saison de pluies ou en petite saison des pluies. Les précipitations les moins fortes et quasi nulles ont lieu en hiver (janvier, février et mars) et en été (juillet, août et septembre), correspondant successivement à la petite saison sèche et à la grande saison sèche. Un dysfonctionnement climatique n'est pas à exclure, des rosées ou des crachins peuvent être observables même en saisons dites « sèches ».

Comme dans le reste du pays, le Parc National d'Akanda connaît aussi bien des fluctuations de pluviométrie que des fluctuations de températures. C'est ainsi que celles- ci peuvent varier de 25 à 26°c, connaissant une période de relative fraîcheur pendant l'été, avec des pics inférieurs au mois de juillet (températures < 25°c). Tout au long de cette période, la durée d'ensoleillement est faible, contrairement aux mois de mars et d'avril qui connaissent des périodes de grande chaleur, avec une moyenne de 27°c. Les journées sont très torrides (32°c <

4 Entretiens avec Monsieur ONDO ELLA, Directeur Général de la Météorologie Nationale sur le climat et les difficultés de prélèvement.

températures< 33°c). Les variations de pluies et d'ensoleillement sont très fréquentes. Le vent, généralement de nord- ouest entre février et avril, est souvent calme. Mais il peut arriver que lors de fortes précipitations, des tornades surviennent et provoquent parfois des inondations de la forêt.

Les trois (3) principales rivières qui composent l'hydrologie du Parc National d'Akanda sont la Nzémé, Moka et la Ntsini. Leurs débits ne sont pas élevés et n'influent pas sur le caractère marin prononcé de la baie de la Mondah.

Le phénomène climatique de ces milieux exceptionnels humides qui nous intéresse de prime abord et qui semble-t-il conditionnerait l'accessibilité des lieux est le mouvement des marées. Les prévisions météorologiques telles que celles proposées plus bas, sont le gage d'une bonne réussite de tout projet ou de tout produit écotouristique monté dans le Parc National d'Akanda.

Jour

Matin

Après midi

Temps

PM

Hteur

BM

Hteur

Temps

PM

Hteur

BM

Hteur

Je 1

 
 

3h30

1,00m

09h59

1,70m

 
 

15h25

0,70m

23h11

1,80m

Ve 2

 
 

4h54

1,00m

11h13

1,60m

 
 

16h59

0,80m

 
 

Sa 3

 
 

0h30

1,80m

06h19

1,00m

 
 

12h32

1,60m

18h18

0,80m

Di 4

 
 

1h33

1,90m

07h25

0,90m

 
 

13h43

1,70m

19h24

0,80m

Lu 5

24°c

Pluv

2h16

1,90m

08h24

0,88m

29°c

Ciel c

14h34

1,73m

20h23

0,89m

Ma 6

24°c

Ciel c

2h55

1,95m

09h03

0,78m

30°c

Ensol

15h16

1,80m

21h04

0,70m

Me 7

23°c

Ensol

3h28

1,99m

09h37

0,69m

29°c

Ensol

15h51

1,85m

21h41

0,73m

Je 8

24°c

Ciel c

3h56

2,02m

10h10

0,62m

30°c

Pluie

16h23

1,90m

22h15

0,72m

Ve 9

24°c

Ciel c

4h23

2,04m

10h41

0,56m

30°c

Pluie

16h54

1,93m

22h48

0,72m

Sa 10

24°c

Pluie

4h41

2,05m

11h13

0,53m

29°c

Pluie

17h25

1,94m

23h21

0,74m

Di 11

 
 

5h21

2,00m

11h42

0,40m

 
 

18h02

1,90m

23h48

0,70m

Lu 12

23°c

Pluie

5h47

2,02m

12h18

0,53m

29°c

Ensol

17h26

1,90m

24h28

0,70m

Ma 13

 
 

0h27

0,70m

06h22

1,90m

 
 

12h52

0,50m

19h05

1,90m

Me 14

24°c

Ensol

1h06

0,87m

06h55

1,91m

30°c

Pluie

13h52

0,50m

19h55

1,80m

Je 15

24°c

Ciel c

1h48

0,93m

07h37

1,84m

28°c

Ciel c

14h12

0,70m

20h48

1,80m

Ve 16

24°c

Ciel c

2h37

0,98m

08h33

1,76m

29°c

Pluie

15h01

0,70m

21h52

1,80m

Sa 17

24°c

Ciel c

3h38

1,02m

09h48

1,70m

30°c

Ciel c

16h01

0,82m

23h01

1,82m

Di 18

 
 

4h57

1,00m

11h09

1,70m

 
 

17h04

0,80m

 
 

Lu 19

24°c

Ensol

0h06

1,89m

06h11

0,93m

30°c

Pluie

12h27

1,74m

18h22

0,81m

Ma 20

 
 

1h12

2,00m

07h27

0,80m

 
 

13h34

1,80m

19h26

0,70m

Me 21

24°c

Pluie

0h58

2,09m

08h17

0,65m

30°c

Ciel c

14h31

1,90m

19h28

0,60m

Je 22

24°c

Ciel c

2h48

2,19m

09h07

0,52m

30°c

Ciel c

15h24

2,02m

22h06

0,60m

Ve 23

23°c

Ciel c

3h35

2,25m

09h54

0,41m

30°c

Ensol

16h14

2,18m

22h06

0,56m

Sa 24

24°c

Ciel c

4h22

2,28m

10h39

0,34m

29°c

Pluie

17h04

2,14m

22h54

0,55m

Di 25

 
 

5h10

2,30m

11h28

0,20m

 
 

17h53

2,10m

23h40

0,60m

Lu 26

 
 

6h00

2,20m

12h14

0,30m

 
 

13h46

2,10m

 
 

Ma 27

24°c

Ensol

0h29

0,66m

06h41

2,11m

30°c

Ciel c

12h54

0,41m

19h36

2,07m

Me 28

24°c

Ciel c

1h18

0,75m

07h30

1,99m

29°c

Ciel c

13h41

0,51m

20h32

2,00m

Je 29

24°c

Ensol

2h09

0,86m

08h24

1,84m

29°c

Ensol

14h30

0,63m

21h31

1,94m

Ve 30

24°c

Ensol

3h06

0,96m

09h25

1,76m

29°c

Ensol

15h23

0,75m

22h32

1,76m

Ensol = ensoleillé ; Ciel c = ciel couvert ; Pluv = pluvieux ; PM=pleine mer et BM=basse mer

Sources : le quotidien d'informations générales l'Union5 et le pratique du Gabon6

5 Direction Générale de la Météorologie, (novembre 2007), « Les prévisions météorologiques du Gabon », le Quotidien d'informations générales l'Union, Libreville :SONAPRESSE

6 Gabonaise d'Edition et de communication, (2007), « Le pratique du Gabon, Libreville - Port - gentil », Libreville : GEC, 254 p.

I ~~ 1. 2. LES RIAS

Couvert à près de 80% de forêts équatoriales abritant une biodiversité remarquable très peu dégradée, le Gabon consacre 11,25% de sa superficie à la préservation de la biodiversité biologique dans une partie de ce qu'il est convenu d'appeler le Massif Forestier du Bassin du Congo. Ce territoire est subdivisé en treize (13) parcs nationaux dont celui d'Akanda qui nous concerne ici.

Le Parc National d'Akanda est un grand ensemble de près de 540 km2 de superficie constitué des baies de Corisco et de la Mondah qui abritent de vastes étendues de milieux exceptionnels humides, recelant d'étonnantes disparités d'habitats, partant des formations typiquement marines (bancs de sable, plages, vasières, mangroves, ...), à des formations continentales (forêts marécageuses, forêts inondables, ...), en passant par tout un gradient de formations intermédiaires, plus ou moins saumâtres (tannes, ...). Ces rias sont des paysages, des vallées fluviales basses envahies par la mer lors de la remontée du niveau des océans depuis la fin de la dernière glaciation (15 000 à 18 000 ans) et s'étendent sur une profondeur nord-sud d'environ 40 km et une largeur est- ouest de 25 km7.

La diversité des types de biotopes que composent les formations végétales de ces milieux humides, sont essentiellement l'écosystème mangrove8 (une association végétale halophile caractéristique des régions littorales de la zone tropicale où croissent en pleine vase des forêts impénétrables de palétuviers) le long des chenaux dans le domaine amphibie (cf. Annexe n°8).

D'après Monsieur Constant ALLOGHO, bien que considérées comme pauvres sur le plan biologique pour tout ce qui évolue au-dessus de l'eau, les mangroves jouent un rôle biologique très important :

yo) Le captage des quantités énormes de sédiments ;

yo) La contribution à la stabilisation des côtes, ainsi que leur protection contre les tempêtes violentes et l'érosion ;

7 VANDE WEGHE J.P., (décembre 2005), << Les milieux humides côtiers du Gabon : les rias du Nord et du Bas Ogooué », Canopée n°25, p 3 -- 8.

8 LEBIGRE J. M. & MARIUS C., (1981), << Etudes d'une séquence Mangrove - Tanne en milieu équatorial, baie de la Mondah (Gabon) », Symp. Internat. Lagunes Côtières, Talence.

yo) La production et le recyclage des matières organiques ;

yo) L'atténuation de la variation de la salinité ;

yo) Le maintien des chenaux ;

yo) La production de la biomasse végétale grâce au soleil qui nourrit les mollusques, les crustacés et les poissons.

Les mangroves sont par conséquent suffisamment productives pour la survie de plusieurs espèces micro et macro-fauniques et sont d'une importance capitale pour la préservation de ces milieux humides.

Les 6 principales espèces ligneuses qui composent cet écosystème sont les trois palétuviers rouges : Rhizophora mangle, Rhizophora racemosa et Rhizophora harrisonii de la famille des Rhizophoracées ; le grand palétuvier blanc Avicennia nitida de la famille des Avicenniacées et les deux petits palétuviers blancs Conocarpus erectus et Laguncularia racemosa de la famille des Combrétacées. Cet écosystème est le trait de paysage le plus dominant du parc. En second plan, il y a les tannes, des espèces de sols dénudés hypersalés ; la grande fougère Acrostichum aureum ; quelques espèces herbacées et quelques rares épiphytes, principalement des fougères et des orchidées.

Les plages de sable ocre et les vasières qui s'étendent tout autour de la baie de la Mondah, généralement lors des marées les plus basses attirent aussi des mollusques, des crabes et des vers, constituant par excellence la nourriture tant prisée des limicoles et de certaines populations du parc. Les vasières sont favorisées par le ralentissement des courants marins et le ralentissement des vagues, à l'endroit où la mer et la terre se rencontrent. Dans le Parc National d'Akanda, elles couvrent un peu plus de 4 000 ha et le banc de sable de la baie de la Mondah en est le plus important. Ce sont tous deux des milieux très dynamiques et mouvants, d'ordinaire transitoires, mais facilitant l'accès de la terre par mer. Bien qu'elles subissent l'oscillation des marées, elles sont d'une part très productives, et d'autre part elles brassent les eaux et les sédiments, transportent les matières nutritives et apportent l'oxygene.

Dans le Parc National d'Akanda, par endroit on rencontre de larges plages de sable ocre, puis des plages de plus en plus vaseuses et enfin des vases quasiment liquides et inabordables par moment où l'aventure est interdite. Cette difficile accessibilité pourrait constituer un atout majeur pour la préservation des lieux.

I ~~ 1. 3. SITUATION DEMOGRAPHIQUE ET CULTURELLE

Les touristes attirés dans une région en raison de ses atouts naturels et culturels souhaitent participer ou assister aux manifestations et festivités locales en plus de consommer la nature. Au gré de l'évolution, les différentes populations qui ont séjourné aux environs du Parc National d'Akanda comme à l'intérieur ou continuent d'y vivre, sont pour la plupart dépositaires d'une culture qui peut être utilisée à des fins écotouristiques9.

La croyance en l'existence de divinités (forces) dans la nature a toujours été le propre de l'africain, et pour les célébrer, il use d'éléments de contacts (les rituels, les danses, l'érection de stèles, les statuaires, la célébration de nouvelles lunes...) et de sociétés secretes (le Ndjobi, le Bwiti, le Melane et le Ndjembè pour ce qui nous intéresse).

Nos investigations nous ont donc conduit à considérer cinq (5) groupes ethnolinguistiques évoluant dans le Parc National d'Akanda, plusieurs communautés, principalement ouest- africaines et les forestiers d'un effectif assez important. Les premiers essentiellement représentés par les Mpongwè, les Séké, les Kélé, les Benga et les Fang qui, semble-il, sont dans ces lieux depuis des siècles et un peu moins. Le second groupe est dominé en nombre par les Béninois, les Ghanéens, les Nigérians et les Togolais, tous de statut immigré, réfugié économique ou politique. Ce qui caractérise le premier groupe est qu'il est une population à connotation rurale, reparti dans une douzaine de campements de près de quinze (15) personnes et qu'il dépend tres largement des ressources de la nature par le moyen indirect de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Il pratique donc une économie d'autosubsistance et ses activités ne contribuent en rien à la destruction de cet écosystème, mais au contraire maintiendraient les habitats de cet ensemble composite de biotope et de biocénose. Le second groupe se retrouve dans deux villages (Nendé et Moka), au développement assez inquiétant du fait de l'amplification de ses activités. Il utilise le refuge des marées hautes des limicoles pour camper, travailler ses filets ou attendre la marée. Il dérange éventuellement les habitats des oiseaux, ses activités ont un grand impact sur l'écosystème, les hommes pêchent le gros poisson au filet maillant et à la palangre, les femmes attrapent quant à elles des crevettes, fument leurs produits en abattant les arbres de la mangrove. Sans émotion pour cet écosystème, certaines populations y causent d'énormes dommages, notamment dans la chasse

aux pélicans. Il est donc recommandé au gestionnaire de ce parc de leur interdire l'accès de ce site de crainte qu'elles ne deviennes incontrôlable et créent de sérieux problèmes environnementaux.

Lors de nos entretiens avec certains membres du RAPAC, on nous a expliqué qu'en 1925 lors de la création du Parc National des Virunga sur la rive du Lac Edouard en République Démocratique du Congo, la situation démographique des quelques campements et petits villages que comptait cet écosystème était identique à nos jours au Parc National d'Akanda. Ces regroupements de populations sont devenus près de trois quarts (3/4) de siècle plus tard d'immenses cités. De dix (10) à vingt (20) personnes au départ, ils en compteraient maintenant des milliers. Les petits pêcheurs, négligeables, sont par la suite devenus de grands commerçants, de trafiquants de tous ordres contribuant à dégrader de façon considérable ce milieu. Il en a été de même du Queen Elisabeth National Park en Ouganda, lors de sa création en 1952, les populations d'agriculteurs laissées en évolution dans ce site, contestent aujourd'hui les effets des éléphants (qui pourtant ont baissé en nombre) dans la dévastation de leurs cultures.

Les forestiers sont aussi destructeurs de l'écosystème au même titre que le second groupe, sans souci de reboiser ou de préserver, ils n'en font qu'à leur intérêt (et leur activité est interdit par le code forestier).

L'une des actions fondamentales de l'A.N.P.N. serait de les déguerpir de ces milieux exceptionnels humides et d'en promouvoir la culture du premier groupe considéré à raison comme véritable communauté locale.

En essayant de cerner la signification du vocable « Akanda », nous nous sommes rendu compte qu'il fallait approcher les initiés du Ndjembé, un genre de société secrète féminine plus répandue que le Bwiti au Gabon. Ce terme désignerait en fait les ossements de quelque vieille coryphée décédée (Ngw'Akanda).

Au regard de ce qui précède et à la lumière de nos investigations, les sites d'intérêt faunique, floristique et culturel se juxtaposent à Akanda. Cette contiguïté et cette divergence constituent leur principal potentiel à mettre en valeur. La promiscuité des cinq (5) groupes ethnolinguistiques dans ce parc permet d'envisager un détour culturel, leur dénominateur commun étant le Ndjembé qui pourrait constituer un attrait inusité pour les non- résidents.

Les initiés valoriseraient aussi l'aspect esotérique des rites et pratiques du Ndjembé, en pratiquant son côté folklorique par exemple et en multipliant la production des articles d'artisanat locaux de ce rite tels que :

yo) Les plantes initiatiques selon leur vertu thérapeutique; les costumes rituels pour les danses et autres cérémonies ;

yo) Les boîtes à Byéri destinées à contenir les crânes et tibias des grands ancêtres ; (\y) Les breuvages d'initiation ;

yo) Les fards rituels ;

(\y) Les instruments de musique ;

yo) Les statuaires rituelles ;

yo) Les fibres ;

yo) Les écorces ;

yo) Les racines ;

yo) Les feuilles ;

yo) Les poudres végétales et ;

yo) Les sucs divers entrant dans l'édification du temple.

La possibilité sera donnée aux écotouristes de les acheter en fin de démonstration. L'expérience du visiteur s'en trouverait donc enrichie. Offrir ces produits cérémoniels authentiques à la vente permet de donner aux visiteurs une connaissance plus approfondie de la destination Akanda, et d'en faire mieux percevoir les spécificités. Ce qui aura pour conséquence de favoriser le bouche-à-oreille, meilleur outil marketing de promotion et de vente d'un produit.

I ~~ 2. IDENTIFICATION DES PERSONNES RESSOURCES

I ~~ 2. 1. LES DIFFERENTS INTERVENANTS EN ECOTOURISME

Le concept « écotourisme » a été utilisé la première fois en 1983 par Hector COBAYEN qui décrit un voyage de découverte dans une nature préservée avec l'accent sur l'éducation et la sensibilisation, une proximité recherchée avec la nature. Il diffère du tourisme de masse du fait qu'il contribue à la protection de la nature et intègre le développement durable tout en cherchant à apporter à la population locale un certain bien-être social. Or, le Gabon s'est lancé depuis 2002, à travers ses treize (13) parcs nationaux, dans une politique de valorisation de sa biodiversité par le développement de l'écotourisme. Par conséquent, tout projet touristique devrait donc reposer sur des critères de durabilité, notamment être supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique et équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales. En d'autres termes, les acteurs du tourisme et les promoteurs des projets écotouristiques doivent avoir un niveau assez élevé de connaissance dans les domaines du tourisme, de l'environnement, de l'écotourisme... et assimiler la dimension communautaire dans toute entreprise liée à l'activité écotouristique.

C'est au terme de cette réflexion que nous nous sommes entretenus avec :

"y Deux (2) conservateurs des parcs d'Akanda et de l'Ivindo ;

"y Deux (2) chargés d'études des ministères de l'économie forestière et du tourisme ; "y' Deux (2) guides ornithologiques ;

"y Deux (2) scientifiques, l'un de l'I.R.E.T. (Institut de Recherche en Ecologie Tropicale) et l'autre est le Directeur Général de la météorologie et ;

"y Cinq (5) cadres des Organisations Non Gouvernementales (O.N.G.) locales et internationales oeuvrant dans la protection des espèces animales et végétales et la promotion des aires protégées par le développement de l'écotourisme.

Nous avons aussi pris attache avec des gérants d'agences de voyages et de tourisme qui n'ont pas accepté de remplir notre questionnaire, mais plutôt de simples interviews.

Les objectifs de l'étude étaient de collecter des informations différentes et parfaitement complémentaires. Lors des entretiens, certaines questions ont été posées telles que :

yo) Qui peut vendre l'avifaune tant migratrice que sédentaire et qui peut la consommer ?

"y' Où peut-on se l'observer à satiété ?

"y' Quand peut-on la voir ?

"y' Comment y aller ?

"y' Pourquoi est-il important de conserver ces milieux ?

L'étude qualitative10 consistait à collecter et à analyser les comportements et les motivations des uns et des autres dans la possibilité d'élaborer un tel produit. Elle précédait l'étude quantitative dans la mise sur pied d'une stratégie de vente. Elle s'est adressée à un petit nombre de personnes car l'écotourisme n'est pas très développé ; peu coûteuse, elle a permis d'explorer le problème en partant d'aucun a priori. Elle était incertaine quant à son issue, mais néanmoins nous a conduit à des hypothèses vérifiables quantitativement.

Nous avons usé des techniques mixtes (entretiens libres et semi-directifs) en commençant par interroger librement nos interlocuteurs puis à poursuivre sur un autre champ des que l'on sentait le thème initial épuisé par des entretiens semi-directifs. La consigne de départ permettait à l'enquêté de s'exprimer sans véritable repère autre que les siens. Il interprétait donc le sujet à partir de son propre cadre de référence. Ce qui nous guidait vers la mise en évidence de l'environnement de notre theme, des facteurs qui l'influencent. A l'égard de l'interviewé, nous adoptions une attitude de compréhension, d'écoute attentive, de non critique, de non-jugement, de bienveillance et de non-directivité pour éviter toute induction. Par exemple pour le transport, l'objet était les moyens sécurisées, la formulation de la consigne était : << pourriez- vous me parler du transport fluvial des touristes ? »

Pour avoir davantage de réponses aux opinions, attitudes et comportements de nos interviewés, nous procédions à la technique de reformulation telle que le miroir qui reprend mot à mot une opinion avec un ton interrogatif ; le résumé qui reprend l'essentiel de ce qui a été dit en une formule plus concise. << Des études exhaustives doivent être menées pour connaître toute l'avifaune qui peuple le Parc National d'Akanda, pour savoir quoi proposer aux écotouristes » nous donnait << l'inventaire de l'avifaune du Parc National d'Akanda est nécessaire pour proposer des produits fiables ». Et la question de reformulation qui transforme une affirmation en question : << le tourisme de masse fait entrer plus de devises dans plusieurs secteurs d'activités, mais il est tributaire de la dégradation de la nature, contrairement à

l'écotourisme qui contribue à préserver la nature et intègre le bien-être social des communautés locales » donne « oui, je comprends, vous préférez l'écotourisme ».

Avec l'équipe de « Nature et découverte » de Téléafrica

Durant les entretiens, il a été aussi fait usage des questions neutres (qu'entendez- vous par l'écotourisme est bénéfique aux communautés locales ?) et des synthèses partielles pour relancer la conversation. La durée des entretiens, se situant entre 30 minutes et 1 heure, variait en fonction du thème proposé et de la compétence des interviewés (la maîtrise de leur sujet). Les contraintes budgétaires et de temps nous ont contraint à recourir à quatre (4) entretiens libres et plusieurs entretiens semi-directifs, selon que nous tentions d'explorer le problème, de trouver des solutions et de les tester pour une prise de décision. Nous ne disposions que de quelques notes prises lors des entretiens papier/ crayon, la seule technique d'analyse a été le résumé. Elle a consisté en une première lecture des notes prises pour avoir une vision d'ensemble, une seconde lecture des notes, plus analytique, permettant d'isoler les unités de sens, les idées thématiques et une troisième lecture nous conduisait à analyser chaque unité de sens, à souligner l'idée directrice et les expressions qui mettent en évidence chaque argument, à mettre entre crochets ce qui n'avait pas beaucoup d'intérêt. Les themes des entretiens ont par conséquent servi de canevas, de plan d'analyse et de rédaction.

C'est ainsi que tour à tour nous nous sommes entretenu avec :

"y' Monsieur Simon ANGOUE (Conservateur du Parc National d'Akanda), le lundi 03 décembre 2007 ; les possibilités de séjour à Akanda, la gestion du parc et du plan de travail annuel (P.T.A.) ;

"y' Monsieur Joseph MOMBO (O.N.G. W.W.F.), le mardi 04 décembre ; le transport fluvial et la clientèle locale ;

"y' Docteur Joseph OKOUYI (Chercheur de l'I.R.E.T. CENAREST, membre de l'O.N.G. FIGET), les mercredi 05 décembre 2007 et lundi 25 février 2008 ; les 3 principales étapes de valorisation d'un produit écotoutistique, expérience du Baï de Langoué (Parc National de l'Ivindo) et la méthodologie du terrain ;

"y' Monsieur Aristide KASSANGOYE (Chargé d'études à la cellule écotourisme du Ministère du tourisme et des Parcs Nationaux), plusieurs séances ; les stratégies de valorisation d'un parc, la case Abietu, l'aspect communautaire ... ;

"y' Monsieur Patrice CHRISTY (Guide ornithologue), plusieurs séances ; l'ornithologie au Gabon, couplage espèces phares migratrices et endémiques dans un parc, l'importance de la conservation, la clientele et les produits... ;

"y Monsieur ONDO ELLA (Directeur Général de la Météorologie), le vendredi 14 décembre 2007 ; les difficultés d'établissement des prévisions de la météo nationale et les problèmes de fonctionnement du service météo ;

(\y) Monsieur Guy Landry EDOWIZA (Chargé d'études à la Direction de la Faune et de la Chasse), le mardi 18 décembre 2007 ; la problématique de l'érection des réserves en Parcs Nationaux ;

"y' Madame Alphonsine MFOUBOU (Conservatrice du Parc National de l'Ivindo), le 15 février 2008 ; les difficultés de préservation des zones humides ;

"y' Madame la Soupe Populaire, le lundi 03 mars 2008 ; l'excursion du Cap Esterias : exemple de produit attractif ;

"y' Monsieur Constant ALLOGHO (O.N.G. CARPE), le mardi 04 mars 2008 ; les six aspects de conservation de la mangrove et utilité des vasières ;

(\y) Mademoiselle Emilie VIARD (membre du RAPAC), le mardi 04 mars 2008 ; l'identification des sites attractifs du Parc National d'Akanda et le rôle du RAPAC ;

"y' Monsieur KOPANGOYE (Secrétaire Exécutif de l'O.N.G. Gabon Environnement), le mardi 04 mars 2008 ; les différentes excursions de l'O.N.G. Gabon Environnement dans le Parc National d'Akanda.

Notre préoccupation majeure était de transformer les ressources marchandes en produits finis ; nous avons donc été contraint d'entreprendre des démarches auprès des réceptifs aux fins de voir quelles en sont les modalités pratiques de commercialisation.

I ~~ 2. 2. INTERET DES PROFESSIONNELS

En parcourant les rues de Libreville et ses environs, au premier desquels le centre-ville, poumon de l'activité économique et administrative du Gabon, on est frappé par l'abondance des agences de voyages qui ont pignon sur rue. Mais à regarder de plus près, on se rend compte qu'elles ne remplissent pas toutes les conditions d'une agence de voyages pour la grande majorité, ou que leurs activités se résument à la simple billetterie (production de billets d'avions, de bateaux, de cars et trains).

Premièrement, celles qui sont des représentations des compagnies aériennes, ferroviaires, maritimes et terrestres ; deuxièmement celles qui ont une licence d'exploitation « agence de voyages et de tourisme », mais ne pratiquant que la billetterie avec des perspectives de diversification dans l'accueil des touristes ; et enfin troisièmement celles qui exploitent dans leur globalité une licence d'exploitation d'« agence de voyages et de tourisme », mais avec des activités touristiques quasi-embryonnaires. C'est cette dernière catégorie qui nous a intéressé.

D'autre part, nous avons identifié les Organisations Non Gouvernementales (O.N.G.) locales et internationales qui militent dans la protection de l'environnement et la promotion de l'écotourisme. A ce niveau, la tâche était encore difficile. Dans nos investigations, nous avons obtenu deux (2) groupes, le premier qui s'intéresse à la lutte pour la protection et la préservation de la nature et le deuxième qui associe à la première activité la promotion de l'écotourisme, dernier groupe nous intéressant.

Enfin, nous nous sommes aussi intéressé aux personnes morales qui agissent dans la
promotion de l'écotourisme et ayant des structures qui ne sont ni des agences de voyages et de
tourisme ni des Organisations Non Gouvernementales (O.N.G.). C'est au sein de ces trois (3)

genres de populations, pas assez nombreuses, que notre étude a été réalisée. Nous avons procéder à un recensement.

L'objectif de l'enquête était de valider les hypotheses émises lors des études documentaires et qualitatives, insuffisantes pour concevoir le produit écotouristique. Nous avons dénombré les individus appartenant à chaque catégorie d'unité statistique (O.N.Gs. locales et internationales, agences de voyages et de tourisme et bien d'autres) mise en évidence préalablement et nous avons tenté de répondre aux questions qui suivent :

(\y) Comment le parc National d'Akanda peut-il développer un produit écotouristique intégré autour de l'avifaune (migratrice et résidente) ?

(\y) Quels sont les aménagements appropriés à cette zone humide et en quoi contribueront- ils à implanter pérennement notre produit écotouristique (le séjour basé sur le circuit « débarcadère d'Ambowè- rivière Ntsini- Village Yombé- village Nendé- Village Moka- village Yombé et rivière Ntsini ») ?

(\y) Combien de touristes viennent chez vous, et partant, combien visitent Akanda ?

Ce recensement de la population des réceptifs de Libreville nous a permis de dénombrer les consommateurs de ce genre de séjour et de quantifier les principaux motifs de voyages.

Le choix du mode d'administration de notre questionnaire (cf. Annexe n°1) le plus approprié a été fait en fonction de cinq (5) critères :

yo) Les objectifs de l'étude : le grand nombre d'informations à collecter, ainsi que leur degré de réflexion ;

yo) La nature de la population à interroger : il était plus courtois de les approcher afin de recueillir un maximum d'informations ;

yo) La taille de la population : l'importance de leur statut comme acteur d'une nouvelle stratégie de développement ;

yo) La dispersion géographique de la population : le temps était accordé à chaque

interviewé de sorte qu'il sente son poids dans l'évolution de l'écotourisme, et ;

yo) La complexité des informations à recueillir : les questions trop impliquantes ont

nécessité notre présence.

Le mode d'administration privilégié a été l'enquête par interviews directes en face à face, mais nous avons aussi fait usage de la correspondance. Il s'agissait de distribuer à des gérants de structures économiques des questionnaires et de repasser les récupérer, puis par moment, nous avons procédé à l'enquête par téléphone. La technique dite « sur le lieu de travail » a été en grande partie la plus adoptée. Notre choix a été guidé par la longueur du questionnaire (dix sept (17) questions) en vue de collecter un grand nombre d'informations.

Il nous a été commode d'aborder des sujets difficiles, d'assurer la qualité des réponses et de reformuler les questions qui n'étaient pas claires, trop larges ou techniques.

Cela a été très enrichissant parce que nous avons eu la possibilité de noter des commentaires ou des omissions de notre part lors de l'élaboration du questionnaire.

2. 3. LES MISSIONS DANS LE PARC

Depuis la création des 13 parcs nationaux le 22 août 2002, des améliorations considérables sont appréciables pour la plupart d'entre eux. Ils sont ouverts à l'exploration et à l'exploitation scientifiques et économiques et, de nombreuses organisations non gouvernementales (O.N.G.) tant nationales qu'internationales, sans oublier des chercheurs et des fondations y opèrent quotidiennement.

Nonobstant les diverses potentialités uniques qu'offrent ces différentes aires protégées, le niveau de développement écotouristique y est très inégal. La majorité rassemble peu d'atouts : les sites sont pour le plus grand nombre tres enclavés ou d'accessibilité conditionnée par la météorologie ; les infrastructures font énormément défaut et les produits écotouristiques y sont quasi inexistants. Le Parc National d'Akanda fait partie des parcs d'accessibilité conditionnée par le climat, n'accueillant aucune structure et ne proposant pas encore de produits écotouristiques. Il présente néanmoins l'avantage d'être accessible depuis plusieurs points d'embarcations. Il abrite de vastes étendues de milieux humides et recèle une diversité d'habitations de formations typiquement marines (estuaires, plages de sable, vasières, mangroves...) dans lesquelles sont présents et cohabitent spontanément des animaux qui viennent se procurer de la nourriture nécessaire à leur vie. C'est un des meilleurs sites en Afrique Centrale où l'on peut observer côte à côte, pendant des mois l'avifaune migratrice et endémique.

Le développement du tourisme pourra être basé sur l'ornithologie. On y valorisera des produits uniques, spécifiques à Akanda, constituant la seule façon de mettre en adéquation les coüts d'exploitation et la capacité de charge, et de maintenir une demande relativement constante. L'originalité pour ce site sera la création des activités touristiques par des actions de conservation qui garantiront des observations de bonne qualité d'espèces phares d'oiseaux. Les quelques villages (Moka, Atanga, Lebé, Nzado, Nzong, Yombé, Nendé et bien d'autres) répertoriés dans le parc, ne sont fonctionnels qu'irrégulierement à l'exception de Moka et Nendé qui reçoivent d'importantes colonies de pêcheurs dont les activités s'étendent aussi bien dans les rivières de la mangrove qu'à la baie de Corisco, contribuant à la destruction et à la dégradation de ce milieu exceptionnel. Ce sont pour la plupart des Nigérians du delta du

Niger « les Calabars » auxquels se mêlent d'autres ouest-africains venus notamment du Benin, du Togo ou du Ghana.

Notre mission dans ce site visait à répondre à trois questions : Quels sont les différentes richesses naturelles, archéologiques et culturelles d'Akanda exploitables sous forme touristique ? Comment monter un produit ornithologique écotouristique qui maintienne les processus écologiques fondamentaux et qui conservent la diversité biologique ? Existe-t-il une clientèle pour ce produit ?

Les objectifs à la fin de l'étude étaient d'évaluer la faisabilité technique d'un produit écotouristique intégrant la rivière Ntsini, la traversée de part en part du parc, l'observation des richesses naturelles, particulièrement l'avifaune migratrice et endémique.

La proposition de notre séjour était sujette aux maintes informations collectées sur place. La première approche à consister à nous rapprocher des pêcheurs ouest- africains qui utilisent les différents débarcadères (Ntoum par la Nzémé, Ambowè par la Ntsini, Angondjé par la Ntsini et le Cap Esterias par la mer) situés aux environs de Libreville, comme points de départ. Des informations concernant l'accessibilité du parc ont été prises. C'est au terme de ces rencontres qu'un diagnostic transport a pu être établi. Celui-ci nous a permis d'évaluer le coüt du transport, la durée du trajet, les conditions de départ et bien d'autres choses.

Munis de ces informations, une autre approche qui a consisté en des prospections de terrain nous a conduit au coeur du Parc National d'Akanda, afin de nous imprégner des réalités du site. Le premier jour, nous avons pris une embarcation au débarcadère du Cap Esterias pour le village de Moka. Au cours de la traversée, qui n'était qu'étendue d'océan à perte de vue, nous subissions des gouttes d'eau qui nous incommodaient durant tout le voyage. Un autre voyage, plus agréable par le débarcadère d'Angondjé, nous a permis de mieux apprécier le paysage qui s'offrait à nous. Il était très instructif du fait que, détail par détail, nous constations de nous-même l'étendue de la beauté de ces ressources marchandes que nous rêvions de transformer en produit consommable. Ces potentialités écotouristiques qui défilaient devant nous, semblaient réclamer leur protection et leur conservation. Ce long trajet fluvial d'environ une heure et demie (1h 30) nous a conduit tour à tour aux villages de Nendé, celui de Yombé et enfin Moka, où nous avions eu la possibilité d'admirer les richesses archéologiques, les

vestiges du Général DEEMIN et l'architecture des cases d'habitation. Un repérage des activités et services à proposer a été élaboré.

Ces diverses prospections n'ont pas seulement tenu compte des patrimoines naturels (faune, flore, forêt, littoral...), architectural (bâti, tradition, ...) et historique, mais aussi de la rivière Ntsini comme levier majeur de développement économique, social et écologique.

II ~~ AKANDA, UN PARC NATIONAL

ORNITHOLOGIQUE

II ~~ 1. LE POTENTIEL ECOTOURISTIQUE

II ~~ 1. 1. L'AVIFAUNE MIGRATRICE

Du point de vue international, deux principaux textes régissent le parc national d'Akanda : la convention de Ramsar (1971) sur les zones humides, un traité intergouvernemental qui sert de cadre à l'action nationale et à la coopération internationale pour la conservation et l'utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources ; et la convention de Bonn (1979) protège les espèces animales migratrices sur terre, dans les airs et dans l'eau, ainsi que leurs espaces vitaux dans leur globalité.

Au Gabon, c'est le décret 608/PR/MEFEPEPN du 30 août 2002 qui classe les baies de Corisco et de la Mondah en Parc National d'Akanda, et l'ordonnance n° 6/2002 du 22 août 2002 attribue la gestion des Parcs Nationaux à l'A.N.P.N. (Agence Nationale des Parcs Nationaux) à l'époque C.N.P.N. (Conseil Nationale des Parcs Nationaux). Le Parc National d'Akanda est une importante station pour les oiseaux migrateurs en zone équatoriale. Il constitue donc un lieu de pèlerinage, durant des mois, pour de nombreuses espèces d'oiseaux .

La migration est un phénomène présent chez de nombreuses espèces qui effectuent un déplacement, souvent sur de longues distances, à caractère périodique qui implique un retour régulier dans la région de départ. Elle se produit en général à des périodes de changements de conditions climatiques, mais elle est en réalité due aux variations dans la disponibilité de la nourriture.

En toutes saisons, les baies de Corisco et de la Mondah abritent des rassemblements de
limicoles, de hérons, de cigognes, de pélicans, de sternes, de courlis, de barges, de pluviers, de
bécasseaux, de chevaliers et bien d'autres espèces venant d'Afrique, Amérique, d'Asie et

d'Europe11. Les espèces migratrices (cf. Annexe n°4) sont très abondantes dans ce milieu exceptionnel humide d'aoüt à avril.

Nous retrouvons facilement dans ces milieux humides :

"y les Pelecanidae, le Pélican blanc Pelecanus onocrotalus, observable dans le parc national d'Akanda, se nourrit en eaux peu profondes et revient d'Afrique subsaharienne ;

"y les Ardeidae sont principalement représentés par la grande Aigrette Egretta alba, l'Aigrette garzette Egretta garzetta et le héron cendré Ardea cinerea, ce sont des grands échassiers qui évoluent dans toutes sortes de milieux aquatiques, notamment les vasières et proviennent d'Europe et d'Afrique, certaines nichent dans la zone et d'autres pas ;

"y les Threskiornithidae, avec l'Ibis sacré Threskiornis aethiopicus, un grand échassier qui visite sporadiquement les vasières de la Mondah, chassant dans les mares résiduelles ;

"y' les Pandionidae, dont le Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus d'origine européenne (Finlande), ne niche pas en Afrique , mangeur de poissons ;

"y les Alcedinidae, principalement représentés par le martin chasseur du Sénégal Halcyon senegalensis qui chasse à l'aff~t, posé sur la végétation, très commun, insectivore et de moeurs terrestres.

Les espèces les plus abondantes et les mieux adaptées aux milieux exceptionnels humides semblent être les limicoles, un genre d'échassiers hauts sur pattes, moins grands que ceux cités plus hauts, et se nourrissant d'organismes vivants (cf. Annexe n°7) que l'on retrouve dans les vasières12.

Les différentes espèces qui composent ce groupe et qui sont visibles au Parc National d'Akanda sont :

"y les Charadrïdae (le pluvier fauve Pluvialis fulva, le pluvier argenté Pluvialis squatarola, le pluvier asiatique Charadrius asiaticus, le pluvier grand-gravelot Charadrius hiaticula, le pluvier de Leschenault Charadrius leschenaultii, le pluvier

11 VANDE WEGHE J.P., (2005), << Les Parcs Nationaux du Gabon : Akanda et Pongara, plages et mangroves », Libreville : WCS - Gabon, 208 p.

12 CHRISTY P., (1982), << Notes sur des migrateurs paléarctiques observés sur le littoral gabonais », L'Oiseau et la Revue Française d'Ornithologie, vol. 52, n°3, Pages 251 - 257

de Mongolie Charadrius mongolus, ...), nichent pour la plupart dans les toundras du nord de l'Europe ou en Asie, ce sont des chasseurs à vue qui repèrent leurs proies à distance et les capturent après une brève course, à quelques différences près, ils ont la même silhouette ;

"y les Scolopacidae, subdivisés en plusieurs groupes dont les Bécasseaux (le bécasseau sanderling Calidris alba, le bécasseau maubèche Calidris canutus, le bécasseau cocorli Calidris ferruginea, le bécasseau minute Calidris minuta) nichent dans les toundras du nord et se nourrissent à la limite de l'eau et des vases en picorant des petits animaux ; le combattant varié Philomachus pugnax niche dans les prairies humides d'Europe et d'Asie et se nourrit principalement dans les savanes inondées de la Mondah ; les Chevaliers (le chevalier aboyeur Tringa nebularia, le chevalier stagnatile Tringa stagnatilis, le chevalier gambette Tringa totanus, le chevalier bargette Xenus cinereus) se nourrissent en solitaire dans les mares peu profondes des vasières et capturent les petits poissons et les crevettes ; les Barges (la barge à queue noire Limosa limosa, la barge rousse Limosa lapponica) nichent dans les prairies humides tempérées d'Europe pour la premiere et dans les toundras arctiques, à Akanda elles se nourrissent de vers et de mollusques dans la vase molle, puis enfin les Courlis (le courlis cendré Numenius arquata, le courlis corlieu Numenius phaeopus) nichent dans les prairies, landes et marais herbeux des régions tempérées d'Europe et d'Asie, se nourrissent de crabes aussi bien sur les plages que sur les vasières.

Les populations de limicoles du Parc National d'Akanda représentent, d'après l'étude de Schepers et Martejn de 1993, plus de 30 000 individus, constituant près de 90%, pour certaines espèces, des populations hivernantes du Gabon et comprennent plus de 1% des populations globales. Un seuil qui pourrait être un critère d'éligibilité et élèverait ce parc au rang de zone d'importance internationale.

Lorsque la marée est haute, presque toutes ces populations de limicoles se réfugient dans la mangrove ou sur les îlots bien dégagés tels que les bancs de sable.

En dehors de ces limicoles, les mangroves et les vasières abritent d'autres espèces migratrices dans le Parc National d'Akanda qui constitue une zone importance pour leur hivernage. Il n'est donc pas surprenant de retrouver :

yo) Les Laridae, des oiseaux de mer palmipèdes vivant en colonie comme le Goéland brun Larus fuscus de Scandinavie, le Goéland dominicain Larus dominicanus d'Afrique du Sud et ;

yo) Les Sternidae, encore appelés hirondelle de mer, regroupés en deux principales sousfamilles dont les plus observables sont les Sternes (la sterne naine Sterna albifrons, la sterne des baleiniers Sterna balaenarum, la sterne caspienne Sterna caspia, la sterne pierregarrin Sterna hirundo, la sterne royale Sterna maxima, la sterne hansel Sterna nilotica, la sterne caugek Sterna sandvicensis), qui chassent les petits poissons sur les eaux de la baie de la Mondah ou sur les mares résiduelles des bancs. De façon phénoménale, lorsque certaines plongent, elles disparaissent complètement dans les eaux avant de reparaître, de s'ébrouer et de s'envoler avec leurs proies.

Les guifettes aussi sont présentes à Akanda. Celle qui y apparaît est, des trois espèces de Guifette, la Guifette noire Chlidonias niger d'origine paléarctique ou afropaléarctique qui pêche dans les creux des vagues ou sur des mares résiduelles des bancs à marée basse. Enfin, il y a les Rynchopidae, observables toute l'année. Ce sont ces fameux Becs-en-ciseaux Rynchops flavirostris d'Afrique qui ont à la fois le statut de migrateur et résident nidificateur, dont l'aire de répartition de la famille est limitée aux régions tropicales et subtropicales du monde. Ils pêchent sur les mares résiduelles qui se forment à marée basse sur les bancs, en fendant la surface de l'eau avec leur mandibule inférieure afin de happer les proies qui se présentent.

La plupart des oiseaux migrateurs observables dans le Parc National d'Akanda nichent
pendant trois (3) mois environ en Amérique et en Eurasie (dans les taïgas et les toundras, de la
Scandinavie à la Sibérie orientale), et migrent vers les quartiers d'hiver pour près de neuf (9)

mois durant. Ils recherchent prioritairement les milieux humides côtiers dont la productivitéfavorise d'importantes concentrations d'espèces différentes13.

A elles seules, les baies de Corisco et de la Mondah qui composent le Parc National d'Akanda
sont un écosystème, de par son classement Ramsar, d'importance internationale regorgeant
des ressources avifauniques abondantes et recherchées. Ce parc pourrait concurrencer des

régions réputées ornithologiques telles que la Camargue en France, le Costa Rica ou le Sénégal avec son Parc National Ornithologique de la Langue de Barbarie, qui reçoivent une part non moins importante des écotouristes ornithologues du monde.

II ~~ 1. 2. L'AVIFAUNE RESIDENTE

Les espèces qui peuplent les mangroves et les forêts inondables de la Mondah n'ont pas encore fait l'objet d'études poussées pour déterminer toutes les différentes espèces zoologiques endémiques qui peuplent ces biotopes. Il n'en demeure pas moins que des observations sporadiques ou peu fréquentes d'espèces tant maritimes, côtières, que forestières sont faites par des O.N.G., des ornithologues et des scientifiques. Nous pouvons donc être surpris par l'avifaune avec les fameux passereaux, un ordre d'oiseaux comprenant des percheurs et des chanteurs, généralement de petite taille et les échassiers, ordre d'oiseaux carnivores des marais auxquels leurs longues pattes permettent de marcher sur des fonds vaseux.

Cette avifaune a le statut, pour la plupart, d'espèces résidentes ou migratrices (totales ou partielles) mais présentes toute l'année ou d'espèces essentiellement résidentes et nidificatrices, ayant d'importants effectifs migrateurs. Elle peut donc être soit endémique (cf. Annexe n°3) à la sous- région d'Afrique centrale, soit appartenir à la région afro tropicale, à quelque exception près pour certains oiseaux marins.

Les oiseaux étant très dépendants du milieu naturel dans lequel ils évoluent, l'importance de leur aire de distribution ou de répartition (zone où l'espèce se reproduit régulièrement) conditionnera la présence d'espèces endémiques ou vulnérables. Elle sera réduite ou élevée selon que le milieu favorisera leurs ressources alimentaires, leur nidification.

Les diverses espèces qui forment l'avifaune résidente et nidificatrice d'Akanda sont donc plus ou moins localisées et on peut distinguer une avifaune ubiquiste (le palmiste africain Gypohierax angolensis vit le long des cours d'eau des régions forestières, maraudent autour des refuges de marées hautes à la recherche des poissons morts, mais ils se nourrissent aussi de fruits de palmiers à huile ; une avifaune aquatique (le martin- pêcheur huppé Alcedo

cristata, le martin-pêcheur azuré Alcedo quadribrachys,...) ; une avifaune de forêt (le tchitrec du Congo Terpsiphone rufocinerea, le bias musicien Bias musicus,...) et une avifaune de savane (le guêpier gris-rose Merops malimbicus, le guêpier à collier bleu Merops variegatus,...) pour les plus communs14.

Les populations d'oiseaux les plus fréquentes qui vivent sur les 540 km2 d'Akanda et ses environs sont réparties en fonction du biotope qui correspond à leurs besoins.

Au nombre des oiseaux qui sont dépendants des mangroves, de la forêt et des tannes :

"y les Nectariniidae (le Souimanga à queue violette Anthreptes aurantium, le Souimanga brun Anthreptes gabonicus, le Souimanga cuivré Nectarinia cuprea, le Souimanga carmélite Nectarinia fuliginosa, le Souimanga de Reichenbach Nectarinia reichenbachii...), espèces très répandues pour certaines du Congo en Gambie, vivant dans les fourrés à Dalberghia ou dans la lisière des forêts, se nourrissant généralement du nectar des fleurs ;

"y les Meropidae (le guêpier gris-rose Merops malimbicus, le guêpier à collier bleu Merops variegatus) nichant pour certaines espèces en lisière de forêt, dans les talus le long des pistes ou exclusivement dans les savanes côtières, ils chassent au ras des herbes ou à grande hauteur au-dessus des forêts et des mangroves;

"y les Sylviidae (l'apalis à gorge jaune Apalis flavida, ...), ce sont des petites fauvettes très discrètes, insectivores de la canopée des mangroves et de la végétation arbustive basse ou arborescente des tannes ;

"y les Remizidae (la remiz à front jaune Anthoscopus flavifrons, la mésangette rayée Pholidornis rushiae,...), espèces peu communes ;

"y les Alcedinidae (le martin-chasseur à poitrine bleue Halcyon mailimbica, le martin- pêcheur géant Megaceryle maxima ; le martin-pêcheur huppé Alcedo cristata, le martin-pêcheur azuré Alcedo quadribrachys,...), espèces insectivores ou carnivores, de moeurs terrestres ou aquatiques, chassent pour les uns à l'aff~t sur la végétation, pour les autres au ras de l'eau à découvert ou sous le couvert de la végétation riveraine et des racines des palétuviers en plongeant dans les vagues pour capturer les poissons ;

yo) les Columbidae (la tourtelette améthystine Turtur afer, ...), largement distribuées au Gabon où elles habitent surtout les milieux anthropisés des villes et des villages, ainsi que les lisières des forêts ;

yo) les Malaconotidae (le gonolek à ventre blanc Laniarius bicolor, ...), espèces difficilement visibles, vivent en couple et trahissent leur présence par des cris saccadés en duo, elles sont limitées aux mangroves et ne se retrouvent pas dans d'autres biotopes ;

"y les Ploceidae (le tisserin à bec grêle Ploceus subpersonatus, ...), insectivores, habitent quasi exclusivement les franges de Phoenix reclinata entre la mangrove proprement dite et la végétation terrestre, ainsi que les fourrés littoraux à Caesalpinia bonduc ;

"y les Campephagidae (l'échenilleur de Petit Campephaga petiti, ...), habitent les forêts

marécageuses juste en arrière des mangroves, notamment le long de la rivière Moka ; "y les Platysteiridae (le bias musicien Bias musicus, ...), une des rares espèces

d'oiseaux vivant en lisière de forêt qui survivent à la dégradation de la forêt ;

? les Monarchidae (le tchitrec du Congo Terpsiphone rufocinerea, ...), vivent dans les

forêts du bassin côtier et sont relativement faciles à voir ;

"y les Turdidae (le rouge gorge de forêt Stiphornis erythrothorax, ...), vivent dans le sous- bois ;

"y les Indicatoridae (l'indicateur pygmée Prodotiscus insignis, ...), vivent dans les forêts du Parc National d'Akanda ;

"y les Bucerotidae (le calao pygmée Tockus camurus, ...), espèces encore communes
dans les forêts de la région de Libreville, mais aussi celles de la baie de la Mondah.

Au nombre des échassiers résidents nidificateurs ou non, le Parc National d'Akanda compte :

yo) les Ardeidae (le héron strié Butorides striatus, l'onoré à huppe blanche Tigriornis leucolophus, ...), espèces très mimétiques, endémiques des forêts guinéo- congolaises ;

(\y) les Scopidae (l'ombrette du Sénégal Scopus umbretta, ...), vivent le long de la rivière Moka, actifs toute la Journée, mais plus encore au crépuscule ;

"y les Ciconiidae (la cigogne épiscopale Ciconia episcopus, ..), vivent par couples et se nourrissent sur les vasières ;

"y les Pelecanidae (le pélican gris Pelecanus rufescens, ...), se nourrissent également sur les vasières.

Ces milieux ne sont pas exclusivement propices aux seules espèces avifauniques. Les baies de Corisco et de la Mondah regorgent aussi de petits mammifères, de reptiles, de poissons et de papillons, mais aussi de la flore qui peuvent être inclus dans le circuit comme attraction secondaire. Car, comme les autres espèces de la faune, les oiseaux ne sont pas toujours visibles bien que perceptibles par leurs chants. Par ces derniers, on peut toujours les reconnaître sans les voir.

II ~~ 1. 3. LA FLORE ET LES UTILISATIONS PAR L'HOMME

A vol d'oiseau, le Parc National d'Akanda ressemble à un énorme tableau pittoresque dont deux éléments principaux apparaissent : la verdure paysagère et le bleu azuré de l'océan avec des branches marron clair. Il n'est pas facile d'imaginer la disparité d'espèces vivantes qui se meuvent dans ces deux biotopes.

Le biotope forêt a des variations de couleurs qui vont du vert sombre (la mangrove) au vert olive sombre (les forêts plus ou moins denses et les savanes côtières), en passant par le vert clair (les milieux anthropiques). C'est un ensemble de formations hétérogenes et discontinues (cf. Annexe n°8), variant en fonction du climat, du relief et des effets de l'homme. La canopée est subdivisée notamment :

"y En arbres de la haute canopée, pouvant atteindre 35m à un peu plus de 60m de haut, avec comme essences prédominantes l'okoumé Aucoumea klaineana (35m), l'ozouga Sacoglottis gabonensis (60m), l'alep Desbordesia glaucescens (60m), l'ozigo Dacryodes buettneri (50m), l'angoa Erismadelphus exsul (50m), le dabéma Piptadei astrum africanum (60m), le mubala Pentachletra macrophylla (65m) et bien d'autres non recensées ;

"y En arbres de la canopée inférieure, composée en plus des jeunes arbres des essences de la haute canopée, il y a aussi, entre autres, l'ébom Anonidium mannii, l'otounga Greenwayodendron suaveolens, l'endone Pausinystalia johimbe, ... ;

"y En lianes, difficilement remarquables, on peut citer la liane Cnestis ferruginea ou la Agelaea pogeana, et ;

"y En sous- bois par les petits et grands palmiers, les plantes herbacées, la végétation arbustive.

Les essences qui composent la forêt secondaire sont le parasolier Musanga cecropioides, l'ahinebé Anthocleista schweinfurthii, l'ilomba Pycnanthus angolensis, le fromager Ceiba pentandra, l'olonvogo Zanthoxylum macrophyllum, le kumbi Lannea welwitschii, l'okala Xylopia aethiopica, ~

Le Parc National d'Akanda est donc constitué en tout de mangroves qui forment l'écosystème au trait de paysage le plus dominant du parc ; d'une savane, souvent de toutes petites clairières, abritant des formations assez diverses et des galeries forestières. Toutes les essences qui forment son écosystème forestier n'ont pas encore fait l'objet d'un inventaire poussé. Mais n'empêche que les populations qui y vivent les connaissent et en font divers usages dont celui des cultes de dévotion aux mânes et autres esprits qui sont en harmonie avec la nature. Chez les Mpongwè de l'Estuaire du Gabon, l'association rituelle était autrefois l'Indo15. En revisitant les différentes dénominations pour désigner la grande baie qui occupe la part de superficie la plus importante du parc et le nom même du parc, nous avons été renvoyés vers des sociétés secretes usant de rites et des pratiques d'adoration.

Cinq groupes ethnolinguistiques évoluent dans cette région et ont en commun le Ndjembè, une société secrète initiatique féminine. La grande baie de la Mondah désignerait un sachet- talisman (en langue omyènè) se portant autour du cou, attaché à un petit collier. C'est une sorte d'amulette dont se servent les populations dans leurs pratiques rituelles pour porter bonheur ou communiquer un pouvoir surnaturel. Ces pouvoirs proviendraient directement des morts et l'amulette serait confectionnée par le nganga missoko (mélange d'ossements humains, de peaux, de plumes et de plusieurs autres choses hétéroclites). Quant au vocable

Akanda, il se dirait « Ngw'Akanda » et serait les ossements d'une vieille coryphée décédée ou la défunte présidente même de la société secrète initiatique féminine du Ndjembè.

Cette société secrete, comme tant d'autres rites du Gabon, se pratique généralement lors de certains événements (décès, initiation, mariages, naissances, ...) en faisant usage de toutes les composantes d'un arbre (racines, écorce, les feuilles, les graines, ...). Cet arsenal appelé matériel initiatique et rituel, est le support qui permet aux initiés de rentrer en contact avec les plans invisibles, et représenter certains éléments de ces plans.

Dans les différentes célébrations (en plein air ou dans un temple) de ces sociétés secrètes et rites, les principaux matériaux utilisés sont :

yo) Les racines d'iboga Tabernanthe iboga absorbées, favorisent la traversée des jeunes initiés dans les plans invisibles ; les racines de l'endone Pausinystalia johimbe sont un aphrodisiaque très puissant ;

"y Les écorces de l'oloumi Copaifera religiosa, l'arbre de la gloire et de la richesse, trempé dans l'eau, il devient une « eau lustrale » qui sert à purifier les adeptes de la secte, mais il est aussi utilisé comme talisman pour arriver aux honneurs ou acquérir des richesses ; les torches traditionnelles faites d'écorce d'okala Xylopia aethiopica ;

"y Le mubati, un tissu de jeunes folioles de Raphia textilis, est utilisé pour protéger les parties génitales des adeptes ;

"y Les graines de rameau de Monodora myristica sont utilisées, accompagnées de paroles, pour relâcher des bénédictions ;

"y' Le bois sert autant dans la fabrication de la peinture noire ou rouge de padouk Pterocarpus soyauxii, mais aussi dans la fabrication des masques en parasolier Musanga cecropioides ou d'Alstonia congensis, et ;

"y' La résine d'oloumi Copaifera religiosa servant de flambeau offert en sacrifice d'agréable odeur aux manes ; la résine blanchâtre de l'okoumé Aucoumea klaineana brûle bien comme torche ou pour colmater les brèches des pirogues ou comme antiseptique.

Les diverses essences sont donc utilisées dans leur entièreté aux fins de fabrication de breuvages et autres mixtures ; de confection de décors rituels ; de fabrication d'instruments de musiques et d'érection de statuaires rituelles.

II ~~ 2. LA FREQUENTATION DU PARC

II ~~ 2. 1. LES SAISONS FAVORABLES

Toutes les études s'accordent à montrer qu'en dehors des grands mammifères, les écotouristes visitent notre pays pour son avifaune tant migratrice que sédentaire. Le Gabon, en axant son développement sur le choix de l'écotourisme, mise sur la conservation et la préservation des espèces avifauniques. Une batterie de questions surgit alors des esprits : pourquoi justement les oiseaux ? Où pouvons-nous les approcher sans perturber leur mode de vie ? Quand est-il possible de les observer ? Comment accéder à leurs habitats tout au long de la période propice d'observation ? Et avec qui les voir ?

Les interviewés sont tous unanimes pour nous dire que les oiseaux sont des êtres vivants, source d'émerveillement, d'épanouissement et de plaisir à partager avec les autres. De par la migration de certaines espèces, ils relient les cultures et les hommes et font partie de la biodiversité, richesse pour les sociétés humaines. 75% des intervenants estiment qu'ils remplissent des fonctions vitales dans le fonctionnement des écosystèmes, et de ce fait, constituent d'excellents indicateurs de l'état de santé de notre environnement, de formidables ambassadeurs de la protection de la nature.

Il est possible de voir les oiseaux partout, pour les plus communs, à grande plasticité écologique. Dans les milieux adéquats voire exclusifs pour bien d'autres comme les oiseaux d'eau, dont la variété des canards, des échassiers etc. Le Parc National d'Akanda est situé sur la voie de migration qui passe par l'est de l'Europe et la Méditerranée centrale et orientale pour atteindre l'Afrique centrale occidentale, les côtes du golfe de Guinée et celles du sudouest du continent16. De par sa situation géographique (à proximité de l'équateur et sur le littoral) et les milieux humides (la mangrove, les belles plages, les bancs de sable, les vasières, les forêts inondables, les tannes...) qui le composent, c'est un haut lieu de l'ornithologie en Afrique centrale. Plusieurs centaines d'espèces d'oiseaux différentes ont déjà été observées sur ce site. Parmi elles, de nombreuses espèces ont un intérêt patrimonial fort de par leur rareté, les menaces (d'après l'U.I.C.N.) qui pèsent sur elles ou encore les effectifs en présence à Akanda. La juxtaposition de ces divers milieux complémentaires permet d'expliquer la richesse ornithologique du site. Car, toujours recouvert d'eau, nous pouvons observer bon

16 Entretiens avec CHRISTY P. , Guide ornithologue, sur les migrateurs du paléarctique

nombre d'espèces marines telles que les Sternes Caugek et Pierregarin, mais aussi le biotope vaseux ou sablo-vaseux est utilisé à marrée basse par les oiseaux pour s'y alimenter ou se reposer. On observe alors bon nombre de limicoles comme l'avocette, le bécasseau maubèche, le bécasseau cocorli, le bécasseau minute, le bécasseau sanderling, le courlis cendré, le courlis corlieu, le pluvier argenté, le pluvier grand gravelot, la barge rousse, le tournepierre à collier, le chevalier aboyeur, le chevalier stagnatile, le chevalier gambette. .et les Ardeidae tels que la grande aigrette, l'Aigrette garzette, le héron cendré. Le Parc National d'Akanda est un site qui accueille pratiquement une représentation de migrateurs de chaque continent durant toute l'année. Quant aux migrateurs, d'après P. CHRISTY, la grande saison de pluies (automne17) et la petite saison sèche (hiver18) sont les points forts. Cette période va de la mi-septembre pour les plus rapides, pour atteindre son apogée en mi-mars voire avril. D'autres migrations moins remarquables mais de grande importance s'effectuent pendant la petite saison de pluies (printemps19) et au cours de la grande saison sèche (été20) pour les Sternes des baleiniers Sterna balanaerum, une espèce d'Afrique australe placée par l'U.I.C.N. sur la liste des espèces menacées. Pour d'autres migrateurs, le Parc National d'Akanda ne représente qu'une étape en direction des côtes d'Afrique australe et pour le reste, c'est un lieu d'hivernage.

L'observation des comportements, même de nos oiseaux les plus familiers, est un sujet exclusif, intéressant et souvent fascinant. Leur identification n'est pas toujours une finalité. L'étude des oiseaux n'est plus guère une spécialité d'ornithologues, c'est une des rares sciences (selon les guides ornithologues croisés) pratiquée par une large majorité d'amateurs. En effet, l'observation des oiseaux et la collecte des informations relèvent toujours d'une technique simple et ne demandent guère de matériel. Les scientifiques officiels s'appuient sur des réseaux d'observateurs amateurs qui sont parfois très étoffés (les organisations non gouvernementales, les associations, les ligues...).

Voir un bec-en-ciseau voler très bas au-dessus de l'eau en fendant la surface avec sa mandibule inférieure, un tournepierre à collier retourner les coquillages et les débris de toutes sortes pour rechercher les petits animaux dont il se nourrit ou un Balbuzard pêcheur se dégager lourdement des flots où il vient de saisir un poisson, sont des spectacles propres à ravir les plus blasés.

17 Désignation occidentale de la grande saison de pluies

18 Désignation occidentale de la petite saison sèche

19 Désignation occidentale de la petite saison de pluies

20 Désignation occidentale de la grande saison sèche

Le temps d'un séjour, la découverte de ce milieu exceptionnel humide, par ce circuit, fait changer de comportement face à cette avifaune attractive. Agréables compagnons de promenade, objets de prospection férue ou sujets de recherche scientifique, les trois approches peuvent être inclusives. Les oiseaux sont farouches et déranger leur tranquillité, leur recherche de nourriture et leur reproduction peuvent occasionner leur départ définitif. Outre qu'il faut se tenir à bonne distance pour ne pas les perturber, la compagnie d'un guide naturaliste ou ornithologue est indispensable.

II ~~ 2. 2. LES NICHES ECOLOGIQUES

D'après l'O.M.T., près de 760 millions de personnes ont effectué des voyages d'agrément entre 2006 et 2007, la part la plus importante le réalisant dans le cadre du tourisme de masse. Cette forme de tourisme pose aujourd'hui le problème de la destruction de l'environnement. Le Gabon qui s'est tourné depuis 2002 vers la forme dite « écotourisme », un tourisme durable basé sur le patrimoine culturel et naturel contribuant à l'épanouissement de l'économie locale, pour le développement de ses parcs nationaux, a une demande quasi inexistante pour le Parc National d'Akanda.

Des clientèles se développent autour des produits fauniques particuliers et sont prêtes à payer de bons prix pour profiter d'une telle offre associée à des services de qualité. La demande touristique subit actuellement un virage important, celui de l'écotourisme. Ce type de clientèle recherche des activités en lien avec la faune et le milieu naturel qui prennent, pour les gens issus des milieux urbains (cf. Annexe n°2), de plus en plus la forme de séjour << nature-culture ». Cette clientele comprend un grand nombre d'Européens et d'Asiatiques curieux et avides de nature << sauvage ». Globalement, à Akanda, la qualité de l'hébergement et des services offerts en périphérie du parc ne correspond pas aux attentes de la nouvelle clientèle d'écotouristes.

L'évaluation quantitative réalisée auprès des réceptifs nous a aidé à faire un état des lieux en écotourisme au Gabon. Elle a permis de dégager des éléments concernant les comportements et les pratiques des écotouristes et de fournir une offre adaptée.

Deux grands segments de clientèles21, aux attentes différentes, ont été identifiés :

yo) Les résidents dont l'activité est totalement orientée vers la détente et ;

yo) Les non-résidents constitués en grande majorité de << soft écotouristes » qui mélangent l'observation et l'interprétation de la faune et/ou de la flore, les randonnées dans la nature et la découverte de la culture, mais aussi des << aventuriers » et des << passionnés ».

A cet effet, le Parc National d'Akanda peut être considéré comme un site récréatif qui, par le biais de l'écotourisme, constituera aussi une solution capable de concilier son développement économique, la protection de son environnement et le bien-être de ses communautés locales.

Au terme des services et activités, durant trois (3) jours et deux (2) nuits, les écotouristes seront appelés à vivre au rythme de la nature << intacte » en apprenant à connaître cet écosystème paradisiaque qui offre plusieurs angles de vue. C'est ainsi que les animations thématiques et les visites guidées suivantes seront proposées :

yo) Des sentiers «découverte» (cf. Annexe n°5), un ensemble d'itinéraires qui font découvrir le milieu en deux (2) trajets principaux. L'un fluvial partant du débarcadère au village Moka, permet à bord d'une embarcation de contempler toutes les richesses floristiques, avifauniques, ainsi que tous les biotopes qui les reçoivent. Le second trajet est lui pédestre, il se distingue par la possibilité qui sera offerte aux écotouristes d'approcher les richesses de cet écosystème ;

yo) Des visites guidées qui apprendront aux écotouristes à observer l'ensemble formé par le biotope et la biocénose, le fonctionnement de cet écosystème et les multiples relations qui unissent les êtres vivants (majoritairement l'avifaune) entre eux et à leur milieu ;

yo) Accueil, initiation et pédagogie nature, les guides nature accompagneront les visiteurs aux endroits les plus remarquables du parc à leur rythme. De même, la découverte peut être proposée aux élèves et entreprises pour des actions de sensibilisation.

21 Enquête réalisée auprès des réceptifs, cf. annexe n°

Selon que l'on est un érudit, un néophyte ou un profane de l'ornithologie, les visiteurs doivent avoir le choix de la balade pour s'imprégner au mieux de ce site. Le séjour propose donc deux types d'itinéraires. Le premier, un parcours d'initiation, assurera une visite superficielle du parc et le second parcours d'observation pour mieux apprécier les migrateurs, les sédentaires, les nicheurs et les divers paysages du Parc National d'Akanda.

II ~~ 2. 3. L'EXPLOITATION DU SEJOUR

aménagements permettant aux écotouristes de découvrir la nature environnante du parc tout en la respectant22. Le Parc National d'Akanda est connu pour être le site qui possède les plus grandes concentrations d'oiseaux migrateurs du Gabon. Il est toutefois peu fréquenté, hormis par les riverains, les pêcheurs et les forestiers. Concernant la biodiversité, la richesse de cette zone s'explique par la diversité des habitats : la mangrove, les belles plages, les bancs de sable, les vasières, les forêts inondables, les tannes~23 Le projet de création d'un sentier a pour objectif de permettre la découverte de ces milieux humides exceptionnels, d'amener les visiteurs à comprendre la vie des rias au cours des saisons en les sensibilisant à la nécessité de conserver ces milieux. Ce circuit doit, tout à la fois, éveiller la curiosité, favoriser la découverte d'un espace naturel et être un lieu de détente privilégié et accessible à tous. Il nous a donc fallu dans un premier temps délimiter un parcours. Notre réflexion s'est focalisée sur un tracé longitudinal, parachevé par une boucle.

Notre itinéraire d'agrément suit en grande partie la rivière Ntsini, le long des mangroves, des vasières et des bancs de sable, du débarcadère jusqu'au village Nendé, il continue jusqu'au village Moka, delà il passe dans la forêt inondable pour déboucher sur le village Yombé et reprendre enfin le chemin de retour par la Ntsini.

Nous ne pouvions proposer des détours pour s'approcher et observer les biotopes des oiseaux situés à proximité du sentier (cf. Annexe n°6), sans mesurer le dérangement que cela risquait d'occasionner. La délimitation concrete du parcours, notamment sur la rivière Ntsini à l'intérieur de la mangrove alluviale, de la forêt inondable et prenant en compte la faune, la flore et les attentes du public, relève de l'arbitrage de l'A.N.P.N. (Agence Nationale des Parcs Nationaux), organe de gestion du parc24.

Le juste équilibre entre le nombre d`écotouristes et la capacité d'accueil du Parc National d'Akanda nous a semblé être la clé de voüte d'une bonne stratégie de tourisme durable. En définissant mal ce nombre, nous courrions le danger de détruire l'essence même de l'attrait du lieu, car un envahissement du site risquerait de provoquer des dégâts à l'environnement, de

22 VIVES M., (1999), << Ecotourisme en Afrique centrale : l'importance des produits d'appel pour développer le tourisme en Afrique centrale », Canopée n°13.

23 VANDE WEGHE J.P., (2005), << Les Parcs Nationaux du Gabon : Akanda et Pongara, plages et mangroves », Libreville : WCS - Gabon, 208 p.

24 Ordonnance n°6/ 2002 du 22 août 2002 portant création des parcs nationaux et le décret n°608/ PR/ MEFEPEPN du 30 août 2002 relatif au classement des parcs nationaux

perturber les communautés locales, de nuire à la satisfaction des visiteurs et de réduire à terme les recettes touristiques.

De prime abord, nous nous sommes intéressé au réseau de voies praticables. Un inventaire patrimonial, naturel et culturel des ressources valorisant le circuit a été fait, ainsi que les éléments accessoires et les intérêts paysagers. De nos différentes observations, une analyse a permis d'entrevoir le profil de la clientele, le type de randonnée privilégié (fluvial, pédestre) et le type de pratique (familiale, individuelle, groupe, colonie) ainsi que le niveau des pratiquants.

Des niches de clientèles potentielles ont été proposées. Au cours de l'une de nos missions dans le parc, les activités suivantes ont été menées :

"y Définition du trajet provisoire, report de l'itinéraire sur la carte pour déterminer les lignes générales et identifier les recherches à effectuer ;

"y Reconnaissance sur le terrain pour recenser les possibilités, les difficultés et les adaptations éventuelles ;

"y Ainsi que des échanges avec les acteurs locaux pour confirmer l'itinéraire.

L'inventaire des travaux à effectuer, les aspects financiers, les autorisations et la communication, mais aussi la gestion du tracé relèvent de l'A.N.P.N. (Agence Nationale des Parcs Nationaux) et des éventuels exploitants du circuit.

Mais toujours est-il que la préservation des rias d'Akanda est compatible avec l'accueil de 1500 visiteurs par an, selon les entretiens avec les personnes ressources. Pour un maximum hebdomadaire de trois (3) excursions, nous aurons des groupes constitués de quatorze (14) personnes, dont un guide naturaliste, un pisteur, quatre (4) personnes chargées de l'entretien et du fonctionnement du séjour et huit (8) écotouristes. Il en ressort aussi trois principes de base : le zonage de l'espace avec des seuils de fréquentation donc un quart (1/4) de visiteurs dans la zone la plus sensible, dite zone de protection et plus de trois quarts (3/4) du total des visiteurs sur la moins sensible dite zone de découverte ; l'adaptation des infrastructures pour diminuer les impacts de la fréquentation et la fourniture aux écotouristes d'une offre variée.

En conséquence, pour un minimum hebdomadaire d'un séjour de près de trois (3) jours et deux (2) nuits, nous aurons des groupes de 14 personnes dans le parc, amoindrissant ainsi les impacts de fréquentation.

L'accès de la zone de protection sera conditionné par des guides et la seconde pourrait être libre d'accès, mais sous le regard d'un guide. Le circuit propose des parcours en bateau du débarcadère jusqu'au village Moka, via l'île Nendé, puis à Yombé, d'observatoire en observatoire. Il offrira des thèmes modulables en fonction des segments de clientèles. Les accompagnateurs (guides, pisteurs, ...) doivent être capables de répondre aux questions les plus pointues, sans aller au-delà des attentes du client. C'est à eux qu'incombe la tâche de s'adapter au niveau des attentes de leur auditoire selon les différents segments d'ages. Usant d'outils de meilleure vision à distance (jumelles, longues vues...), ils permettront aux écotouristes, avec la complicité du pisteur, d'observer et de comprendre les milieux humides, ainsi que les comportements et la biologie des espèces rencontrées. Ces balades seront un excellent outil pédagogique pour sensibiliser le plus grand nombre à la protection de ces paysages uniques.

Le produit écotouristique proposé dans notre étude est la résultante des entretiens que nous avons eus avec les personnes ressources et de nos investigations.

Nos investigations sur le terrain nous ont amené à penser que la capacité environnementale de la destination Akanda tiendra compte :

yo) De la superficie à utiliser à des fins touristiques (approximativement le centième de la superficie du parc, soit environ 540ha) ;

yo) De la fragilité du milieu (les habitats humides s'érodent plus rapidement que les habitats secs) ;

yo) Du profil de répartition des espèces sauvages (leur territoire est-il vaste ou leurs zones de reproduction et de nutrition sont-elles étroites) ;

yo) De la sensibilité comportementale de l'espèce d'oiseau (la présence de l'homme) ; (\y) Du degré d'encombrement des voies principales d'accès ;

yo) De la capacité de faire face à la pollution ;

yo) De la répartition des sites de découverte proposés (équilibre ou concentration) ; yo) Des principaux circuits modulables (quelques lieux ou un large éventail) ;

yo) De la motivation des écotouristes (le tourisme axé sur la pratique d'une activité permet d'accueillir un plus grand nombre de visiteurs que le tourisme proposant le silence et la quiétude) ;

yo) De la topographie des lieux (un paysage forestier occulte mieux qu'une plaine à découvert le nombre de visiteurs simultanément présents) et ;

yo) Du rapport entre le nombre d'écotouristes et le nombre d'autochtones en période de pointe.

III ~~ LE PRODUIT ORNITHOLOGIQUE

III ~~ 1. DIAGNOSTIC DU PARC D'AKANDA

III ~~ 1. 1. LES ATOUTS NATURELS DU PARC

Le Parc National d'Akanda, localisé entre 0°34 et 0°35 de latitude Nord et 9°19 et 9°21 de longitude Est, est situé sur les côtes de la province de l'Estuaire, proche de Libreville. Composé des baies de Corisco et de la Mondah, il couvre une superficie de près de 540 km2, soit l'équivalent de 270 fois la principauté de Monaco.

La presque totalité du parc est couverte de forêts dont les caractéristiques témoignent du climat et des propriétés du sol. Il recèle un potentiel inestimable pour l'écotourisme et offre des paysages et des écosystèmes très variés de milieux humides. Il abrite une grande diversité avifaunique qui pourrait servir d'assise à un réseau d'observation de l'avifaune.

Le Parc National d'Akanda se caractérise par la présence de trois (3) milieux écologiques25 :

yo) Un domaine continental riche en forêts et limité dans sa partie basse par la mangrove et les tannes. C'est le lieu de prédilection de l'avifaune résidente et de la petite faune qui composent cet habitat ;

yo) Un domaine amphibie composé de plusieurs îles, dont la plus importante est le bloc constitué de Moka et de Yombé, bordés par un réseau dense de chenaux entourés souvent de mangroves. C'est le milieu principal de reproduction, de nourrissage et de repos des espèces halieutiques et des espèces des oiseaux d'eau (majoritairement de l'avifaune migratrice). Cette richesse est maintenue grâce aux nombreuses vasières qui longent la côte de la baie de la Mondah et de chenaux bordés de mangroves ;

yo) Un domaine maritime qui renferme une série d'îlots, de bancs de sable et d'importants herbiers. Il constitue la principale zone de reproduction des oiseaux, les Sternidae en particulier. Au-delà du parc national, l'île de Corisco, grace à son herbier, est le domaine maritime de nourrissage de tortues marines (la tortus luth Dermochelys coriacea, la tortue imbriquée ou à écaille Eretmochelys imbricava, la

25 Entretiens avec ALLOGHO C. de CARPE sur les rias composant la Baie de la Mondah

tortue verte Chelonia mydas et la tortue olivâtre Lepidochelis), de crevettes et le lieu de convergence de plusieurs espèces halieutiques.

C'est une zone de haute importance de conservation. Toutes les grandes rivières qui constituent l'écosystème fluvial du Parc National d'Akanda sont navigables ou presque. L'exploration aisée du parc peut donc se faire par elles. Si la présence des grands mammifères n'a jamais été signalée dans cet endroit, il n'en demeure pas moins que la petite faune y est présente. Au gré de la découverte, le milieu peut dévoiler la présence dans les paysages des espèces suivantes : la loutre Aonyx sp., le lamantin Trichechus senegalensis, le miopithèque de l'Ogooué Miopithecus ogoouensis, le cercocèbe à collier Cercocebus torquatus, le sitatunga Tragelaphus spekei, le chimpanzé Pan troglodyeis, le cercopithèque hocheur Cercopithecus nctitans, le moustac Cercopithecus cephus, le pangolin Phataginus tricuspis.

Les trois (3) ressources halieutiques que sont les poissons, les mollusques et les crustacés s'observent facilement dans ce milieu. Plusieurs espèces de poissons de forme estuarienne et maritime abondent, il en est de même des mollusques avec les bivalves, les gastéropodes, les céphalopodes et les crustacés représentés prioritairement par les langoustes, les crevettes, les crabes.

Du point de vue archéologique, historique et culturel, des vestiges des passages des diverses populations et événements remarquables, sont encore visibles dans ces milieux26. Des fouilles et des inventaires de plusieurs sites effectués, témoignent de l'évolution de cette zone, qui pourtant n'a pas connu grand changement depuis des milliers d'années.

III ~~ 1. 2. LES FREINS AU DEVELOPPEMENT DU SEJOUR

L'avifaune est incontestablement le principal attrait du Parc National d'Akanda. La nature qui favorise la présence de ces différentes espèces, n'offre pas aisément des grandes modalités de développement écotouristique. Dans un contexte économique local marqué par une prédominance pétrolifère, l'environnement du tourisme présente des difficultés et des

26 RATANGA - ATOZ A. F., (1999), « Les peuples du Gabon occidental - Ngomuéné, Shékiani, Bakélé, Benga, Ngubi, Gisiré, Varama, Lumbu, Vili et Fang - pendant la période coloniale (1839 - 1914) », Libeville : Raponda Walker

problèmes de lisibilité et d'organisation. L'objectif majeur était d'évaluer la faisabilité technique d'un produit écotouristique, intégrant la rivière Ntsini, la traversée du parc, l'observation des richesses naturelles, particulièrement l'avifaune. Le résultat concret escompté était de proposer un produit écotouristique, dans le Parc National d'Akanda, notamment le séjour, le prix de vente et la commercialisation ; avec l'utilité de présenter des méthodes de montage de produits ornithologiques écotouristiques qui maintiennent les processus écologiques fondamentaux et qui conservent la diversité biologique.

Un diagnostic quasi-complet nous a dirigé vers l'établissement des principaux freins au développement de notre produit.

L'observation de l'avifaune est peu développée et mal agencée, alors que les phénomènes visibles sont ponctuels tant dans le temps que dans l'espace. On ne retrouve pas de circuits d'observation pour les événements les plus courants comme la présence des oiseaux migrateurs ou des manifestations culturelles. L'accessibilité au parc dépend des mouvements des marées, les coûts de transport et la longueur du trajet fluvial constituent des obstacles. Le Parc National d'Akanda est peu présent dans l'offre touristique et est fréquenté prioritairement par ceux qui y ont des campements. Il y a un besoin de consolider l'offre avifaunique autour d'activités complémentaires. Les attraits fauniques et paysagers sont méconnus et/ou difficilement accessibles, spécifiquement entre les villages Moka et Yombé. Une absence de balises sur les voies fluviales d'entrée au site et une défaillance de stationnement fixe pour y accéder.

Hormis ses possibilités écotouristiques insolites, Akanda rassemble peu d'atouts :

yo) Site pratiquement enclavé (les pêcheurs ouest-africains conditionnent encore son accès et sont source de pollution des débarcadères en plus de détruire l'environnement) ;

yo) Infrastructures d'accueil insuffisantes ou inexistantes (en dehors de celles retrouvées en périphérie de Libreville proposant des évasions illusoires) ;

yo) Et inexistence de réels produits écotouristiques.

Dans la région, sauf dans le domaine du transport fluvial, de la pêche et de la chasse, les emplois liés à l'avifaune sont précaires, davantage sporadiques que saisonniers et dépendent souvent des guides ornithologiques qui ne maîtrisent véritablement pas les lieux.

Les sites d'intérêt avifaunique, culturel et patrimonial se juxtaposent, proximité et disparité constituant un atout de mise en valeur, mais aucun zonage n'a été adopté, ce qui induit donc une difficulté d'identifier l'ensemble des attractions touristiques existantes et potentielles. Il n'existe pas encore de normes restrictives en matière de construction « verte » pour empêcher la prolifération incontrôlée de bâtiments peu esthétiques ne cadrant pas avec l'image globale des lieux. Le constat est aussi fait dans la protection des ressources à l'encontre de tout type de préjudice causé par le tourisme ou toute activité. La pêche artisanale à l'aide de grandes pirogues de mer et de filets maillants ou encerclants faits de matériaux plus durables et plus efficaces, pratiquée par les pêcheurs ouest- africains et la pêche industrielle basée sur l'utilisation de grands chalutiers, usant de techniques hautement destructives, en l'absence de moyens coercitifs, réduisent de manière effrénée les ressources halieutiques du Parc National d'Akanda.

Le tourisme peut contribuer à faire revivre des villages ou campements par des spectacles qui conservent toute leur authenticité, mais force est de remarquer que la plupart des jeunes se sont exilés en ville pour fuir l'oisiveté et la précarité.

Le diagnostic a fait ressortir :

yo) Les aménagements nécessaires au niveau de la formation des communautés locales ; yo) La prise de décisions des communautés locales d'être parties prenantes dans tous les projets du parc ;

yo) L'initiation d'une législation qui tienne compte de la protection de toutes les ressources du Parc National d'Akanda, visant une plus grande participation des communautés locales dans la gestion de ces ressources et ;

yo) L'adoption de textes législatifs et réglementaires qui veillent à la gestion des différentes ressources du Parc National d'Akanda.

III ~~ 1. 3. L'INTERPRETATION COMME MODE PRINCIPAL DE COMMUNICATION

Tous les interviewés s'accordent à dire que les activités classiques de chasse et de pêche sont, dans une vision à long terme, en baisse de popularité. Des clientèles se développent autour de produits avifauniques particuliers et sont prêtes à payer de bons prix pour profiter d'une offre associée à des services de qualité. Elles recherchent des activités en lien avec la faune et le milieu naturel qui prennent, pour des gens issus de milieux urbains, de plus en plus la forme de forfaits nature-culture. Elles comprennent un grand nombre de visiteurs d'origine anglophone et de francophone. Les écotouristes, visiteurs très exigeants, veulent connaître toutes les spécificités et le patrimoine du parc. Le mode de communication par excellence exposé ici est l'interprétation, une forme de prestation au service du développement et de valorisation des territoires la plus usitée. Il s'agit d'une démarche particulièrement importante pour les destinations touristiques basées sur le patrimoine culturel et naturel. Elle aide les visiteurs à mieux connaître et comprendre les lieux qu'ils explorent. Elle enrichit donc l'expérience touristique en ajoutant une dimension supplémentaire à la simple visite et sensibilise le visiteur à la conservation du patrimoine local. Elle peut prendre deux formes dont la plus courante est l'exposition, l'affichage et les panneaux. Dans notre contexte d'écotourisme, plus l'interprétation est individualisée, plus elle est efficace. Les ornithologues estiment que les randonnées guidées et les rencontres connaissent d'ailleurs énormément de succès auprès de cette catégorie de touristes.

Les éléments caractéristiques et remarquables des patrimoines historiques, culturels, humains et naturels du Parc National d'Akanda répertoriés plus haut gagnent à être mis en valeur et présentés sur le terrain le long de l'itinéraire « Débarcadère d'Ambowè (ou Angondjé)- Ntsini- Nendé- Moka- Yombé- Ntsini ». La vie dans les rias d'Akanda serait le fil conducteur qui pourrait mettre en relation tous ces éléments, en lui donnant une tonalité, lui assurant la cohérence de la perception d'ensemble du site par le public et en y faisant ressentir l'esprit.

Démarche consistant à valoriser le patrimoine dans tout son ensemble, l'interprétation se résumerait à six (6) principes de base dans ce site :

yo) Faire appel à un trait de la personnalité du visiteur ou de son expérience ; yo) Faire des révélations basées sur l'information subdivisables ;

yo) User d'un art, d'un ensemble de démarches et de techniques fondées sur la connaissance de ce milieu exceptionnel humide ;

(\y) Chercher à provoquer une réaction plutôt qu'à instruire ;

yo) Présenter les baies de Corisco et de la Mondah dans leur ensemble plutôt que d'en présenter des subdivisions et ;

yo) Informer, non par le nom des choses, mais par l'âme des choses, ces vérités qui se cachent derriere ce que l'on montre aux visiteurs.

Dans les thématiques réservées aux enfants, l'interprétation ne saurait être une dilution des informations qu'on présente aux adultes. Elle doit suivre une voie fondamentalement différente. Elle reposerait par conséquent sur une éthique de sensibilisation et non être assimilée aux seuls équipements. En optant pour cette prestation, on cherche à relever une dynamique de développement local et touristique, car elle peut être l'outil de valorisation du Parc National d'Akanda et contribuera à sa préservation.

Par elle, nous atteindrons trois (3) objectifs principaux :

yo) D'abord permettre une appropriation du site par les communautés locales en intégrant l'histoire des divers villages traversés par le circuit, les traditions locales, les spécificités écologiques du lieu dans la mise en valeur du site ;

yo) Puis dans un second temps, inviter les écotouristes et les communautés locales à découvrir, à prendre conscience de ce qui fait la spécificité, la valeur et la richesse du Parc National d'Akanda, à comprendre la problématique et la nécessité de protéger ce lieu si particulier et ;

yo) finalement accroître le plaisir et l'agrément des écotouristes grace à la découverte autonome du parc.

L'interprétation favorisera en somme, la perception émotionnelle des lieux avec le plaisir et la stimulation de la découverte en évoquant ici l'avifaune, et dans une moindre mesure la flore ; en dépeignant plus loin le paysage, le bâti et en racontant en d'autres endroits les traditions en usage, l'histoire et la vie du site. Cette démarche aura pour ambition d'inciter, par ailleurs, le public à suivre l'itinéraire proposé, tout en préservant les zones sensibles et fragiles. Les enfants pourront bénéficier d'une interprétation adaptée pour une découverte active et ludique du Parc National d'Akanda.

Le guide naturaliste formé aux techniques de guidage, à la connaissance de notre produit, à l'histoire du milieu et villages, à la botanique et à l'ornithologie, disposant d'outils didactiques (brochures et revues) et équipé en matériel de guidage (jumelles, longues vues, pirogues...) sera capable d'exposer sur une espèce avifaunique quelconque visitant le parc.

Pour illustration à l'ornithologie, tous les oiseaux sont plus ou moins apparentés et réunis, ils constituent ce qu'on appelle la « classe » d'oiseaux.

L'ensemble de plusieurs classes d'animaux pourvus d'une colonne vertébrale constitue le sous-embranchement des vertébrés, lequel fait partie à son tour du règne animal. La plupart des oiseaux sont désignés à la fois par un nom vernaculaire (propre à chaque langue) et par un nom scientifique27. Celui-ci se compose de deux éléments : genre et espèce. Un troisième élément s'ajoute dans le cas où l'oiseau fait partie d'une sous- espèce. Le nom scientifique est toujours latinisé et s'écrit en italique. Seule la première lettre du genre prend la majuscule. Cette méthode de dénomination permet une reconnaissance universelle du système de classification. Un même oiseau porte souvent des noms différents d'un pays à l'autre ou même selon les régions. Inversement, il arrive qu'un même nom arrive à désigner plusieurs espèces différentes. Le merle d'Europe n'est pas celui d'Amérique, la dénomination scientifique élimine alors toute possibilité de confusion. Le Merle noir est de la classe Aves (oiseaux), de l'ordre des passériformes, de la famille des turdidae, du genre Turdus et de l'espèce merula.

En définitive, l'interprétation de notre circuit tiendra compte premièrement de l'espace avec son patrimoine, sa fragilité, ses contraintes foncières, sécuritaires ; deuxièmement du public avec ses attentes, ses besoins, son temps de présence sur le site, et troisièmement des volontés et des moyens mis en oeuvre pour la matérialisation et la commercialisation de notre produit.

III ~~ 2. LE MONTAGE DU PRODUIT

III ~~ 2. 1. LA DECOUVERTE NATURE/ CULTURE

Les gens se déplacent à travers le monde, non seulement hors de leur pays de résidence mais aussi à l'intérieur de ceux- ci, pour diverses raisons (agrément, cure, sport, détente, études...). L'O.M.T. les estime à plus de 760 millions, pour près de 4 milliards de dollars de recettes par an. Cette forme de « tourisme de masse >> est perçue comme des déplacements lourds de conséquence pour la nature. Ils occasionnent des problèmes environnementaux énormes.

27 CHRISTY P. & VANDE WEGHE J.P., (1999), « Liste des oiseaux d'Afrique centrale >>. Les dossiers de l'ADIE, série biodiversité 1 : 1 - 32

L'accent est mis aujourd'hui sur le développement durable, la protection et la préservation de la nature. L'écotourisme semble être un palliatif à ces situations catastrophiques soulevées par le tourisme dit de « masse ». Il est perçu comme une stratégie de développement touristique axée sur un voyage responsable dans des aires naturelles pour comprendre la culture et l'histoire du milieu, avec le souci de ne pas perturber l'équilibre de l'écosysteme tout en produisant des occasions financières qui rendent la conservation des ressources naturelles profitable aux populations locales. L'ornithologie s'inscrit aisément dans cette perspective et permet par le développement des activités d'observation et d'interprétation, d'assurer aux générations futures les possibilités de bénéficier des largesses de la nature.

Le Parc National d'Akanda est un site réputé pour sa multitude d'oiseaux, les reconnaître n'est pas toujours aisé. Le circuit proposé profitera aux écotouristes en leur faisant visiter les panels de paysage d'Akanda. Un guide naturaliste les accompagnera pour leur faire découvrir une impressionnante diversité d'oiseaux et d'arbres. Il les amènera à découvrir comment les paysages, les espèces de faune et de flore sont protégés et quels en sont les enjeux.

Dans le cadre de renforcer les capacités de gestion écotouristique de ce circuit, la promotion de guides professionnels originaires des communautés avoisinant Akanda est son objectif majeur. Formés aux techniques de guidage, à la connaissance des sentiers, à l'histoire de la région, à la botanique et à l'ornithologie, ils disposeront d'outils didactiques (brochures et revues) et s'équiperont à partir des fonds écotouristiques en matériels de guidage (jumelles, canoës, pirogues, bateaux...).

Si Akanda est réputé pour être connu comme un milieu humide exceptionnel quasiment enclavé, l'avifaune est incontestablement son principal attrait touristique. Il y est possible d'observer, en toutes saisons, une grande variété d'espèces d'oiseaux d'eau, du littoral, de savane, de forêt d'origines diverses. Il existe une forte probabilité de surprendre et d'approcher plusieurs familles de tous les continents au même endroit et en temps réel (cf. Annexes n°3 & 4). Cet atout permet de penser le Parc National d'Akanda parmi les meilleurs parcs d'Afrique.

Espèce

Statut

Origine (écozone)

Période observable

Classement U.I.C.N.

Charadriidae :

 
 
 
 

Pluvier Fauve

Migrateur

Eurasie

Octobre-Mars

 

Pluvier de Leschenault

Mig. Occ

Asie Mineure

Octobre-Mars

 

Pluvier de Mongolie

Mig. Occ

Asie Centrale

Octobre-Mars

 

Scolopacidae :

 
 
 
 

Courlis Cendré Oriental

Migrateur

Asie

Octobre-Mars

 

Chevalier Bargette

Migrateur

Eurasie

Octobre-Mars

 

Sternidae :

 
 
 
 

Sterne Naine

Mig./ Séd

Eurasie et Gabon

Résidente

 

Sterne des Baleiniers

Migrateur

Afrique Australe

Mai-Octobre

Vulnérable

Sterne Hansel

Mig. Occ

Eurasie

Octobre-Mars

 

Rynchopidae :

 
 
 
 

Becs- en- Ciseau d'Afrique

Mig./ Séd

Gabon

Toute l'année

 

Laridae :

 
 
 
 

Goéland Dominicain

Migrateur

Afrique du Sud

Mai-Octobre

 

Nectariniidae :

 
 
 
 

Souimanga à Queue Violette

Séd/ Nid.

Gabon

Toute l'année

 

Souimanga Brun

Séd/ Nid.

Golfe de Guinée

Toute l'année

 

Souimanga Carmélite

Séd/ Nid.

Afrique Centrale

Toute l'année

 

Malaconotidae :

 
 
 
 

Gonolek à Ventre Blanc

Séd/ Nid.

Afrique

Toute l'année

 

Ploceidae :

 
 
 
 

Tisserin à Bec Grêle

Séd/ Nid.

Afrique Centrale

Toute l'année

 

Monarchidae :

 
 
 
 

Tchitrec du Congo

Séd/ Nid.

Afrique Centrale

Toute l'année

 

Ardeidae :

 
 
 
 

Onoré à Huppe Blanche

Séd/ Nid.

Afrique Centrale

Toute l'année

 

Mig Occ = migrateur occasionnel ; Mig = migrateur ; Séd = sédentaire ; Nid = nidificateur.

Source : « Liste des oiseaux d'Afrique centrale » & Entretiens avec CHRISTY P. sur l'avifaune

La vedette revient aux oiseaux d'Afrique centrale, car les migrateurs sont pour la plupart des paléarctiques observables facilement en Eurasie.

L'observation de l'avifaune constitue donc un élément essentiel de notre produit écotouristique global, une attraction principale qui attirera initialement les écotouristes dans le parc et animera leur séjour. Le « bain culturel » incitera quant à lui les visiteurs à venir, mais également les occupera plus longtemps, enrichira leur expérience et, avec un peu de réussite les fera revenir.

La première attraction a pour objectif de faire connaître la destination Akanda et la seconde contribue à diversifier l'offre. Notre produit composite concourt à faire revivre des événements et traditions du passé, et présente d'ailleurs autant d'intérêts pour les communautés locales que pour les écotouristes.

III ~~ 2. 2. LE CIRCUIT « NTSINI ~~ MOKA ~~ YOMBE ~~ NTSINI »

L'attention des autorités gabonaises a essentiellement porté jusqu'ici sur les produits touristiques classiques28 : attraction, hébergement, infrastructures, informations... Toutefois, même si ces éléments suffisent à constituer un produit viable, des activités complémentaires doivent être envisagées lorsqu'il s'agit de développer ou de réorienter un tourisme axé sur le patrimoine naturel et culturel. Les différents entretiens faits avec Monsieur P. CHRISTY, guide ornithologue, nous révèlent que les activités écotouristiques d'observation de l'avifaune sont susceptibles de redynamiser l'économie des communautés locales du Parc National d'Akanda. Car la flore et l'avifaune omniprésentes y sont associées et les activités de scientifiques aussi sont quasiment bien développées.

28 Direction Générale de l'Economie (2007), « Tableau de Bord de l'Economie gabonaise, Situation 2006, Perspectives 2007 - 2008 », Libreville : Ministère de l'Economie, des Finances, du Budget et de la Privatisation, n°37, 148 p.

Le tourisme ornithologique démarre en 1995 au Gabon29, les visiteurs sont envoyés pour la grande majorité par les sociétés de tourisme ornithologique sud-africaines, anglaises et américaines, et dans une moindre mesure nous observons des prospections des sociétés belges, espagnoles et françaises. Généralement, un tour normal comprend la Lopé-Mikongo ; Makokou (station de recherche d'Ipassa, propriété de l'I.R.E.T.- CENAREST) ; Léconi ou Loango ou Sette Cama et dure environ deux (2) semaines. Le Parc National d'Akanda fait presque toujours l'objet d'une visite (une excursion), par manque d'infrastructures hôtelières, soit le premier ou le dernier jour et le plus souvent aux alentours du village Moka sur la côte pour les oiseaux migrateurs et derrière le village Moka, les oiseaux sédentaires.

L'observation de l'avifaune est peu ou pas développée ni structurée. Les phénomènes observables sont ponctuels, tant dans le temps que dans l'espace. On n'y retrouve pas de circuits d'observation pour les événements les plus courants, comme la présence des oiseaux migrateurs ou de la grande faune. Le plus extraordinaire est que ces touristes viennent surtout voir les oiseaux de rivage et de forêt, regarder les tortues vertes Chelonia mydas à Akanda et apprécier sur le site la cohabitation sans heurt entre les espèces migratrices et les espèces sédentaires.

Notre projet s'articule autour de l'aménagement des infrastructures (sentiers d'interprétation, passerelles, tours d'observation, stationnement) autour de ces milieux humides exceptionnels. L'axe prioritaire retenu est la mise sur pied des observations de l'avifaune et de la nature- culture (circuit touristique avifaunique et de découverte nature-culture), une forme d'activité de randonnées fluviale et pédestre de longue durée qui met en valeur la rivière Ntsini, la mangrove, les vasières, les bancs de sable, les belles plages et tous les divers villages qui longent le bord de cette rivière.

Les touristes veulent savoir ce qui existe en terme d'équipements et de services à leur intention et doivent avoir la possibilité de mieux connaître les spécificités et le patrimoine de la région. Cette exigence nous a conduit à effectuer une analyse géographique qui a identifié la plupart des attractions touristiques existantes et potentielles, de les visualiser sur la carte du Parc National d'Akanda afin de déterminer leurs localisations géographiques respectives.

Nous avons donc été amené à distinguer précisément :

29 Entretiens avec CHRISTY P. , Guide ornithologue, sur l'ornithologie au Gabon

"y Les points d'accès à Akanda (les différents débarcadères de Ntoum, d'Ambowè, d'Angondjé, de Malibé et du Cap Esterias) ;

"y Les zones naturelles d'aménagement des infrastructures (les différents villages de Moka, Nendé ou Yombé) qui peuvent servir de point de départ vers les sites d'observation ;

"y Les zones fragiles (les habitats des oiseaux, ...) où l'impact du tourisme doit être minimisé, voire évité ;

"y' Le genre d'infrastructures appropriées pour étayer notre produit écotouristique (sentier fluvial navigable, pistes praticables, balises, panneaux de signalisation, ...) et ;

"y Les itinéraires thématiques ou circuits possibles entre les diverses attractions, y compris les chemins de randonnées (l'homme et la nature, ...).

Le type de produit écotouristique spécialisé (séjour basé sur le circuit touristique avifaunique et de découverte nature-culture) à proposer à toutes les niches de clientèles de la destination Akanda, résidentes ou non, est le séjour. Il faudra pour cela construire un lodge au village Moka, très riche en avifaune et pouvant accueillir quatorze (14) personnes, dont huit (8) touristes, un (1) guide ornithologue, un (1) pisteur et quatre (4) personnes attachées au fonctionnement et à l'entretien du lodge (cuisine, chambres, entretien du campement, ...). La durée du séjour sera de trois (3) jours et (2) nuits. Les deux principales activités seraient la promenade en bateau sur la rivière Ntsini, avec en prime la visite des villages de Yombé, Nendé et Moka, et enfin la randonnée pédestre de type découverte entre Moka et Yombé.

Ce séjour court sera planifié d'après le programme suivant, selon que tous les touristes viendront de Libreville :

yo) 1er jour : transfert au parc, visite de la Ntsini, visite des villages et de quelques sites des oiseaux migrateurs ;

yo) 2ème jour : randonnée pédestre entre le village Moka et celui de Yombé, visite des

sites des oiseaux endémiques de l'Afrique centrale, des sites archéologiques... ;

1y 3ème jour : visite des sites des espèces d'oiseaux migratrices le long de la Ntsini

jusqu'au débarcadère et retour à Libreville.

Sans pour autant vouloir occulter l'existence et le rôle de l'A.N.P.N. (Agence Nationale des
Parcs Nationaux), nous nous sommes vu contraint de procéder à une approche de zonage du
Parc. Car il permet d'identifier les aires en fonction de leur valeur de conservation, de leurs

potentialités touristiques et de leur vulnérabilité, sans oublier qu'il garantirait le succès de notre produit ornithologique.

III ~~ 2. 3. LES STRATEGIES DE COMMERCIALISATION DU SEJOUR

Toute l'année, le Parc National d'Akanda est le site idéal pour observer, découvrir et photographier de nombreuses espèces d'oiseaux, dont des centaines de Becs-en-ciseaux, des Sternes des baleiniers, etc. dans leur milieu naturel. Ces 54 000 ha de superficie entièrement consacrés à la découverte des oiseaux et de l'ornithologie, sont formés de mangrove, de vasières, de plages, de bancs de sable, de tannes, de forêt inondable... C'est une zone humide d'importance internationale pour la protection des oiseaux migrateurs.

Le développement de notre produit écotouristique ne pouvait pas s'envisager comme une consommation sans mesure et sans fin des ressources naturelles limitées dont dispose notre parc. C'est pourquoi il a été conçu en respectant les trois règles d'or du développement durable :

"y La protection de l'environnement qui permet de ménager les ressources et d'assurer la pérennité de milieu exceptionnel humide ;

"y Le développement économique ensuite qui organise la production des richesses et crée ;

"y La cohésion sociale enfin qui passe par la solidarité et qui permet une répartition équitable des richesses produites.

Au terme des activités et des services offerts durant le séjour, les sentiers de découverte par voie fluviale, du débarcadère au village Nendé et de là au village Moka, des itinéraires qui permettent de contempler en bateau toutes les richesses du parc au rythme du client ; du village Moka au village Yombé, un périple pédestre en forêt. Puis il y a des visites guidées pour accompagner les écotouristes aux endroits les plus mémorables du parc, en leur fournissant les clés nécessaires à la compréhension de cet espace, mais aussi en leur apprenant à contempler la faune et la flore. « Apprendre à écouter, observer, regarder et découvrir le parc national, comprendre le fonctionnement du site », tel pourrait se résumer l'esprit de ce séjour.

Sa commercialisation est axée sur la diversité de ses attraits et de ses services disponibles. Deux éléments essentiels composent sa stratégie écotouristique : l'objectif et la stratégie marketing30.

Le premier est le creuset des objectifs stratégiques fondés sur :

"y La durabilité, l'objectif global en terme de nombre de touristes, d'équipements et de services ;

"y Les attractions principales ;

"y Les offres dérivées (hébergement, restauration) ;

"y Les structures d'information et de commercialisation (offices du tourisme, guides, brochures, ...) ;

"y Les infrastructures et la législation ;

"y' L'organisation spatiale du produit touristique physique (pôle de croissance, circuits...) et la diversification des activités et services (événements, services complémentaires, vente de produits d'artisanat locaux, ...).

Le second est fondé, quant à lui, uniquement sur des enquêtes de clientèles, du matériel de promotion et du type de présentation du produit écotouristique.

Le Parc National d'Akanda recèle une multitude d'attraits culturels, naturels et patrimoniaux qui permettent de répondre à la demande écotouristique actuelle. Les deux principales catégories de clientèles retenues sont, d'après nos investigations, les résidents avec trois niches (découverte nature-culture, loisirs familiaux et la détente assez luxueuse) et les non résidents constitués aussi de trois niches (les passionnés, les aventuriers et les soft écotouristes).

Notre démarche nous a permis d'initier des activités et des services appropriés : sentiers de randonnées pédestres, visites fluviales, formation des autochtones aux métiers de guides, et autres. En fonction des exigences des écotouristes, d'autres itinéraires peuvent être créés, ils seront plus sophistiqués, mais n'évitant pas moins, eux aussi les zones les plus sensibles.

30 CHIROUZE Y., (1995), « Le Marketing stratégique : Stratégie, Segmentation, Positionnement, Marketing - mix et Politique d'offre », Poitiers : Ellipses, 235 p.

La proposition de produits d'artisanat locaux (les plantes, les décors rituels, les statuaires rituelles, les instruments de musique, ...) à la vente est une autre manière de diversifier l'offre écotouristique. D'après nos enquêtes, les visiteurs souhaitent de plus en plus souvent essayer et acheter des spécialités du territoire. Car ils sont notamment séduits par l'idée que ceux-ci sont plus spécialisés (par opposition aux produits industriels) et plus authentiques (on ne les trouve pas ailleurs). Ces produits d'artisanat locaux permettent de donner aux visiteurs une connaissance plus approfondie de la destination Akanda et d'en faire mieux percevoir les spécificités.

Les méthodes de communication les mieux indiquées pour atteindre cette clientèle et de donner une meilleure représentation de la destination Akanda sont :

yo) Les revues spécialisées du fait qu'elles s'adressent à des niches répertoriées ou des

invitations à des journalistes pour rédiger des articles sur la destination Akanda ;

yo) Les foires internationales afin de faire référencer la destination Akanda, le public

visé est attentif ;

yo) Les salons professionnels dont l'objectif est d'établir des partenariats avec l'extérieur ou des intermédiaires ;

yo) Le site web, à cause du franc succès qu'il remporte dans les destinations nouvelles, éloignées et à faible publicité, pour toucher un public international. L'écotourisme étant une activité saisonnière qui ne génère pas de recettes tout au long de l'année, le réseau Internet offrira un moyen convivial et rapide d'effectuer des réservations et des réponses tout aussi efficaces et immédiates.

L'image de ce séjour peut être aussi renforcée par la création d'un logo puisque le tourisme se ramène à des composantes éphémères telles que les attentes, les expériences, les impressions et les émotions. Il est donc nécessaire que celle-ci réponde à tous ces sentiments et conforte l'attrait général de la destination.

Notre séjour, dont le thème principal est axé sur la découverte de la nature sauvage, de la culture et des randonnées, comprend normalement le transfert local vers les débarcadères, le transport fluvial, l'hébergement, les repas et l'accès à un certain nombre d'attractions ou d'événements (les visites guidées culturelles, naturalistes et ornithologiques ; la vente d'objets d'artisanat locaux ; la participation aux manifestations culturelles...). Il peut être vendu directement aux résidents par des fournisseurs locaux (agences de voyages, O.N.G., . .) et aux voyagistes spécialisés (Tour operator, . .) afin de toucher les non résidents. Ceux-ci sont bien

implantés à l'international parce qu'ils peuvent faire venir des groupes de clientèles en hors- saison, même si les frais de commission réduisent quelque peu le chiffre d'affaires par client. Puis finalement une campagne d'annonces dans la presse nationale pour promouvoir les basses saisons qui inciterait l'écotourisme en dehors des périodes de pointe.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984