WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De ta tradition à  la modernité: étude du manichéisme discursif dans noces sacrées de Seydou Badian. Essai d'analyse sociocritique.

( Télécharger le fichier original )
par Sylvère DUSABIMANA
Université Nationale du Rwanda - Licence 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.5.2. La permanence de la tradition

« Celui qui n'entend plus la voix de ses dieux se fait surprendre par le malheur » (Bernard Dadié, Béatrice du Congo).

Cette citation de Bernard Dadié va dans le sens de ce que nous allons montrer dans ce point. En effet, Badian dans Noces sacrées montre des traits dans lesquels se manifeste la fidélité à une tradition qui, en dépit des vicissitudes de l'histoire, continue d'inspirer beaucoup d'écrivains dont le plus important est ici Seydou Badian.

Jacques Chevrier parle de Noces sacrées en ces mots pour expliquer cette permanence : « Les hommes ont su garder intacte la foi ancestrale qui leur permet d'exorciser, le moment venu, les démons de la démesure et de restaurer dans l'union sacrée l'équilibre menacée du clan » (1981 : 6).

Les différents genres qu'on trouve dans Noces sacrées  appuient la mise en récit de cette permanence de la tradition. Dans Dynamique des genres dans le Roman africain (1999), Semujanga parle des genres comme faisant l'esthétique de l'oeuvre à analyser. Il stipule : « De cette aptitude au détour des genres constitués [...] se construit la dimension esthétique du roman » (1999 : 64).

Le roman Noces sacrées n'a pas manqué à faire mention de cette permanence de la tradition où on retrouve les devins, les sorciers, le culte des ancêtres, survivants par des forces extraordinaires, ...C'est pourquoi N'tomo dont on parle beaucoup dans ce roman est « un masque humain surmonté de cornes » (N.S. : 13). Le dieu de la jeunesse, à la fois masque humain témoigne de l'union entre les hommes et les dieux. Quand on violait l'interdit en Afrique traditionnelle, les conséquences pouvaient être immédiates. Besnier est le point de cristallisation des tourments causés par N'tomo : « Je revins dans la chambre, le même phénomène : l'éclair dans ma chambre, N'tomo en face de moi. J'en conclus que j'étais intoxiqué » (N.S. : 17).

Senghor dans Chants d'ombre, (1945), a chanté l'Afrique traditionnelle et cette magnification a accouché d'un poème célèbre Prière aux masques  qui fait l'éloge des masques comme dans Noces sacrées  à cause de la valeur intrinsèquement hermétique qu'ils tenaient dans sa société : « Masques [...], vous gardez ce lieu forclos à tout rire de femme, à tout sourire qui se fane vous distillez cet air d'éternité où je respire l'air de mes Pères » (1945 : 28).

Dans le monde des dieux, Besnier ne pouvait pas retrouver sa joie manquée. Fotigui intercédera pour lui, malgré qu'il est européen :

« Prépares-toi à faire des offrandes aux âmes que tu as offensées par tes attitudes de suffisance, trouve-moi un taureau, un bouc et un coq rouge, je vais tenter d'intercéder en ta faveur » (N.S. : 81).

Besnier est même considéré comme un vaurien : « Tu sais à présent que tu n'es pas grand-chose devant nos dieux, toi qui croyais détenir par ton savoir européen la clé de tous les mystères » (N.S. : 81).

Les aspects montrant la permanence de la tradition sont très nombreux. Pour en finir, donnons à titre d'illustration cet extrait qui montre les hommes les plus puissants, intermédiaires entre les humains et les dieux : « Dounamba [...], pour sauver les hommes, a dû, sur le dos d'un animal, s'élever jusqu'aux nuées pour séduire Faro » (N.S. : 85).

La critique de l'époque coloniale s'avère très méticuleuse à l'égard des Européens : « Mais à l'ère européenne, tout est possible. On ne respecte rien. Il faut restituer aux gens leurs biens » (N.S. : 85).

Ces énoncés sont plus parlants, car les Européens ont en tous cas, selon le roman, négligé tout le sacré africain. Les exemples ont été donnés. Le fait qu'ils ne respectent rien attire immanquablement les conséquences.

Seydou Badian veut raviver la tradition dont la négligence dans l'ère coloniale ruinera la société romanesque et par là, la société réelle dans laquelle il vit. Ainsi, les événements survenus en Afrique depuis la conquête coloniale et les discours qui les prennent en charge sont naturellement très nombreux. Au christianisme, Badian oppose la magie, tout aussi puissante à son avis.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard