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Méthodes d'animation et d'intervention en milieu réel (village de Hinvi-Dovo, commune d'Allada)

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par ARODOKOUN Ulrich, BODJRENOU Sam, IDOHOU Rodrigue, KOMLAN Chr
Université d'Abomey-Calavi (Faculté des Sciences Agronomiques) - 2ème Année d'Agronomie Générale 2007
  

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INTRODUCTION

Pour permettre aux étudiants d'avoir une meilleure compréhension des organisations paysannes béninoises, un stage a été programmé au cours de notre formation académique. Ce stage est dénommé Méthodes d'Animation et d'Intervention en milieu Réel (MAIR). Ce stage a différents buts. En effet, il vise à permettre aux étudiants entre autres :

) d'analyser le rôle des organisations par rapport aux unités de production domestique ; ) de décrire leur évolution ;

) de décrire la composition sociale et le mode de nomination ou d'élection des responsables au sein des OP ;

) d'indiquer la position sociale des responsables (cumul de responsabilités par exemple) ;

) d'analyser la gestion de l'argent et de la force de travail ;

) d'analyser le fonctionnement quotidien (calendrier de travail, périodicité des réunions, système de rendre compte aux membres de l'organisation, les principes de démocratie dans le groupement) ; et

) après une étude sommaire faite de toutes les OP recensées, une étude approfondie sur une OP choisie selon certains critères qu'on s'est défini. Ensuite, nous nous pencherons sur l'analyse des relations des structures d'interventions avec les OP du monde rural, les méthodes d'intervention utilisées par ces structures (approches de vulgarisation) et leurs conséquences sur l'évolution des groupements.

Méthodes d'Animation et d'Intervention en Milieu Réel, Hinvi Dovo.

Mars 2007

METHODOLOGIE

L'objectif du stage MAIR est d'étudier les OP. Pour atteindre cet objectif, le travail sur le terrain a été précédé d'une séance de préparation en salle. Cette séance a eu lieu les 27 et 28 février 2007 dans les locaux de la FSA et a été animée par les professeurs : Bernard AHAMIDE, Léonard AHOTON, Moutaïrou EGOUNLETY, Marcel SENOU et Elisabeth ZANNOU. Elle nous a permis de mieux cerner les objectifs du stage et les données à collecter sur le terrain. Nous avons été ensuite répartis en groupe de quatre (4) ou cinq (5) étudiants dans douze (12) villages des communes d'Allada, de Toffo et de Zê.

C'est ainsi que dès le 1er mars 2007, nous nous sommes retrouvés dans le village de Hinvi-Dovo dans la commune d'Allada. Dès notre arrivée, nous avions été installés avec l'aide de Mlle Ernestine AGOSSOU, un agent du CeCPA. Nous nous sommes ensuite rapprochés des autorités locales pour leur présenter les raisons de notre présence dans le village. Nous avons profité de la soirée pour nous familiariser avec le guide de stage et pour élaborer un guide d'entretien pour la première étape du travail qui est la présentation du village. Les discussions menées à ce sujet ont eu lieu avec les notables et certaines personnes ressources du village telles que les instituteurs. Ces discussions nous ont permis alors d'amorcer le recensement et l'étude sommaire des Organisations Paysannes de Hinvi-Dovo. Ceci constituait la deuxième étape du travail. Pour y arriver il nous a fallu nous constituer en deux (02) sous groupes de deux (02) et trois (03) étudiants et élaborer un nouveau questionnaire. Ainsi, chaque sous groupe se dirigeait vers les OP préalablement identifiées pour les recenser.

Le 06 mars 2007, nous avons reçu la visite des agents du CeCPA Allada. Nous leur avons exposé nos problèmes concernant la pose des carrés de densité et de rendement et certaines informations relatives aux caractéristiques physiques du milieu. Il a donc été prévu deux (02) séances de travail avec le CPV et le TSOPL. Mais elles n'ont eu lieu que les 15 et 16 mars 2007.

Le 13 mars 2007, nous avons reçu la visite de nos enseignants. Cette visite nous a

permis de corriger certaines erreurs et de pouvoir bien organiser la troisième étape du travail.

i) Cette étape consiste à faire l'étude approfondie d'une OP choisie sur la base de certains critères bien définis. Notre choix s'est donc porté sur le groupement TOGBEYA. Pour y arriver, nous avions opté pour un entretien semi structuré avec son président et les autres membres, et ce sur la base du guide d'entretien en annexe 01. Ainsi nous avons pu recueillir des informations sur sa gestion, ses activités, ses problèmes ainsi que sur les relations qu'il entretient avec les structures d'intervention. Notre cheval de bataille tout au long de ce stage a été le respect de la programmation des activités et la mise en commun des données chaque soir.

Nous avons toutefois été confrontés à des difficultés sur le terrain. Elles peuvent se regrouper en deux points essentiels :

) l'indisponibilité des paysans occupés par les travaux champêtres. Il nous a donc fallu plusieurs fois leur rendre visite tôt le matin ou tard le soir ; et

) la réticence de certains à livrer des informations. Dans ces circonstances nous nous rapprochions d'autres personnes plus disposées à nous aider.

Le travail sur le terrain a pris fin le 24 mars 2007. Pour améliorer la qualité du travail, nous avons bénéficié d'une séance d'exploitation des données le vendredi 30 mars 2007. Les différents conseils prodigués par les superviseurs nous ont permis d'aboutir à ce rapport. Ce rapport n'est toutefois pas parfait et se prêterait à des suggestions en vue de son amélioration.

Méthodes d'Animation et d'Intervention en Milieu Réel, Hinvi Dovo.

Mars 2007

1. Présentation du village

1.1. Historique

Hinvi Dovo est un village fon du sud Bénin. Son histoire remonterait au début du XVIIIème siècle.

Les premières populations à occuper l'actuel emplacement de Hinvi Dovo seraient des agriculteurs venus de l'Ouémé en quête de terres fertiles. Ceux-ci ont été rejoints plus tard par les populations Adja sous la direction de Ahossou HLIN. Ces derniers seraient réputés non seulement pour leur prouesse guerrière mais également pour leur maîtrise des forces occultes. Ils donnèrent alors au nouveau village le nom de «Kablougou» à cause du «kâ» (calebasse) fréquent dans la zone. Le dynamisme et la force du roi Ahossou HLIN ont conféré à «Kablougou» une notoriété et une réputation régionale qui n'a pas manqué d'arriver aux oreilles d'AGADJA, roi d'Abomey.

Le royaume d'Abomey organisa alors vers 1725 une expédition militaire contre «Kablougou». La plupart des autochtones s'enfuient donc vers les villages avoisinants. La victoire aboméenne ouvrit la voie à une vague de déplacement des fons vers le village de «Kablougou». «Kablougou» devint dès lors un point de transit important dans l'acheminement des esclaves d'Abomey vers la côte de Ouidah.

En 1727, alors que le royaume d'Abomey était en pleine préparation pour conquérir Savi, l'état de santé d'un prince ne cessa de s'empirer. AGADJA décida alors de partir au combat avec ce fils auquel il tenait beaucoup. Mais un probable décès du prince risquant de jeter la confusion et le découragement dans le rang de ses soldats, arrivé à hauteur de «Kablougou», le roi AGADJA décida alors de le confier à une vieille dame du nom de DEGUENON Vidégni. Il lui donna même l'ordre de l'enterrer au cas où il décèderait.

La vieille Vidégni se refusant de voir mourir un prince entre ses mains fit appel à ses connaissances en tisanes. Quelle ne fut alors la stupéfaction du roi quand il revit son fils sur pied. Le roi bénit alors le village en ces termes : « mi non hin vi nou vi non do do vovo mè >> ce qui signifie en fon « vous savez prendre soin des enfants d'autrui même dans vos concessions en terre battue >> d'où le nouveau nom : «Hinvi Dovo».

Il est à noter néanmoins que ce nom désignait en ce temps toute la commune actuelle de Hinvi. Il faudra attendre vers 1730 pour voir Hinvi Dovo dans sa configuration actuelle. En cette année Agadja confia la direction du village au chasseur KLAKLO en l'occurrence pour faire régner la paix sur son territoire.

Avant sa mort, KLAKLO prit le soin de partager son petit royaume à ses quatre fils. Ainsi naissait les quatre arrondissements de Hinvi dont Dovo.

1.2. Situation géographique du village de Hinvi Dovo

Hinvi est un arrondissement de la commune d'Allada dans le département de l'Atlantique. Il comporte quatre(04) villages et à chacun d'eux est annexée une agglomération. Ainsi, on distingue d'Est en Ouest :

) le village de Hinvi Tanga avec l'agglomération de TODO ;

) le village de Hinvi Dovo avec l'agglomération de AYIMINVO ;

) le village de Hinvi Aligoudo avec l'agglomération de BOSSA ; et

) le village de Hinvi Zoungbomey avec l'agglomération de ADJAKPATA.

De tous ces villages, celui soumis à notre étude est Hinvi Dovo. Il est situé à douze kilomètres (12 km) au nord du centre ville d'Allada et à soixante huit kilomètres (68 km) au nord de Cotonou. Limité au Nord par le village de Koudjanakô dans l'arrondissement de Houègbo, au Sud par le village de Assihoué dans l'arrondissement d'Attogon, à l'Est par le village de Hinvi Tanga dans l'arrondissement de Hinvi et à l'Ouest par le village de Hinvi

Méthodes d'Animation et d'Intervention en Milieu Réel, Hinvi Dovo.

Mars 2007

Aligoudo dans l'arrondissement de Hinvi, le village de Hinvi Dovo comporte six (06) quartiers Amikpémihouè ; Bossouhouè ; Fofohouè ; Noubatohouè ; Gonhossa ; et Houèdjohouè

1.3. Traits physiques et humains

1.3.1. Traits physiques de Hinvi Dovo

Le village de Hinvi Dovo est situé sur le plateau d'Allada et présente un relief très peu accidenté avec une légère pente à la sortie Nord du village.

Les concessions rencontrées dans le village sont de deux (02) types. On a :

) des cases de forme rectangulaire construites en terre battue, crépies ou non, et recouvertes de tôles ; et

) des concessions construites en briques et en matériaux définitifs.

Les sols de Hinvi Dovo sont de deux (02) types. On a des sols :

) roux argileux ; et

) rouges argilo sableux à friabilité plus grande.

Hinvi Dovo est caractérisé par l'alternance de deux (02) saisons pluvieuses et deux (02) saisons sèches. Le climat est donc de type subéquatorial (Plan de Développement Communal d'Allada, 2005). Elles se répartissent comme suit :

les deux saisons pluvieuses :

) une grande saison de mi mars à juin et ;

) une petite saison de septembre à novembre.

les deux saisons sèches :

) une de juillet à septembre et ;

) une de novembre à mars.

Mais selon les dires des paysans, on a :

deux saisons pluvieuse qui s'étendent de :

) avril à août pour la grande saison pluvieuse appelée `Houédji' ;

) septembre à novembre pour la petite appelée `Zodji' et;

deux saisons sèches qui s'étendent de :

) mi novembre à février pour la grande saison sèche appelée `Aloun' et

) la petite saison sèche qui ne dure que le mois d'août `Aloun' et est marquée par une période de grande fraîcheur sans pluie.

La végétation est quant à elle arbustive et parsemée de quelques essences forestières telles que : l'acacia (Acacia auriculoformis), l'iroko (Milicia excelsa). On y rencontre en plus de ces essences forestières des plantations de palmier à huile (Elaeis guinensis) et certains agrumes (Citrus sp.).

La pluviométrie moyenne annuelle varie entre 800mm et 1000mm. Cette diminution de la pluviométrie s'expliquerait par deux (02) raisons :

) des raisons cultuelles : l'abandon des pratiques religieuses ancestrales au profit des

religions importées et l'arrêt intempestif des pluies par des méthodes traditionnelles ;
) des raisons scientifiques : la déforestation sans reboisement systématique due au

manque de terres pour pratiquer l'agriculture.

1.3.2. Traits humains de Hinvi Dovo

D'après le recensement général de la population et de l'habitat en 2002 (RGPH 2002), la population de Hinvi Dovo est évaluée à environ 1255 habitants. Hinvi Dovo compte environ 608 hommes et 647 femmes répartis en 367 ménages, dont 173 ménages agricoles avec une population de 659 habitants, soit 52,51% de sa population totale.

Méthodes d'Animation et d'Intervention en Milieu Réel, Hinvi Dovo.

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Les ethnies rencontrées sont les Fons qui sont majoritairement représentés et les Adja. Les Aïzo rencontrés seraient présents à Hinvi Dovo en tant qu'ouvriers agricoles ou bien par alliance.

Les religions pratiquées sont entre autres :

) l'Animisme avec les divinités Goun, Sakpata, Xêviosso, Dan, Lêgba, Tolêgba....

) le Christianisme avec plusieurs de ses démembrements comme le Catholicisme, le

Christianisme Céleste, les Témoins de Jéhovah et l'Union Renaissance d'Homme en

Christ.

Il est à noter que l'Islam n'est pas pratiqué par les populations de Hinvi Dovo.

La gestion administrative du village de Hinvi Dovo est assurée par un chef de village qui répond au nom de Mr. Innocent AHOGAN. Il faut noter également la présence d'un roi. Il s'agit de Dah KPODO ALI de Hinvi ; il est le chef du culte traditionnel et il a le devoir de veiller au bien être de tous les habitants de Hinvi.

2. Etude sommaire des organisations paysannes recensées

2.1. Présentation et description des organisations paysannes

Pour vaincre la misère, les habitants du village de Hinvi Dovo ont compris qu'ils doivent s'unir. Pour ce faire, ils se sont réunis en des groupements. D'un groupement de quatre(04) ou cinq(05) membres à une organisation d'au moins sept(07) membres, les OP ont commencé par émerger à Hinvi Dovo depuis 1992. De nos jours, elles sont monnaies courantes dans le village mais la plupart d'entre elles n'est plus fonctionnelle.

2.1.1. Présentation des organisations paysannes

D'après notre recensement, le village de Hinvi Dovo compte vingt (20) organisations paysannes dont treize (13) formelles reconnues par le CeCPA (ex CARDER). On y retrouve aussi bien des groupements féminins et masculins que des groupements mixtes. Les résultats de ce recensement sont inscrits dans les tableaux en annexe 02 et en annexe 03.

2.1.2. Inventaire des OP

On distingue les organisations paysannes formelles et les organisations paysannes informelles.

Les organisations paysannes formelles

Les organisations paysannes sont dites formelles lorsqu'elles sont déclarées au niveau du CeRPA ou du CeCPA. Dès lors, elles disposent d'un numéro d'enregistrement, de documents de gestion (cahier de charge) et de textes (règlement intérieur et statut).

Au nombre de treize (13) recensées, les OP formelles représentent 65% des groupements recensées ; avec 07 groupements de femmes (GF), 05 groupement mixtes et un seul groupement d'hommes (GH) soient respectivement 53,85%, 38,46% et 07,69% des OP formelles recensées. Ces OP sont : Yémanlin, Vancan, Missogbéha, Aïdonouwou, Aïmonnou, Minandjangodo, Togbéya, Minangan, Enangnon , Aïdokpo, Tonangnon, Gbèdolé et CAVECA.

Les organisations paysannes informelles

Par opposition aux OP formelles, les OP informelles ne disposent pas de textes (règlement intérieur et statut) et ne sont pas enregistrées donc sont sans numéro

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d'enregistrement. Elles sont au nombre de six (06) soit 30% des OP recensées dans le village avec trois (03) groupements d'hommes et trois (03) groupements mixtes. Il n'existe pas de groupement féminin informel.

Au nombre des OP informelles on peut citer : GH Kossilatè, le GM Jésu kpéhou, le groupe folklorique de DANMANDOU Pénin, le GH Kouvito, le GH Oro et le groupe de tontine OGBE.

Notons que le groupement folklorique et artistique les `Génies' ou `Aziza' de Hinvi présente une particularité. Il dispose de textes : statut et règlement intérieur de documents de gestion mais il n'est pas enregistré au CeCPA et ne dispose donc pas d'un numéro d'enregistrement.

2.2. Caractérisation des organisations paysannes

Nous distinguons dans les tableaux en annexe 02 et en annexe 03 deux grands groupes d'organisations paysannes : les formelles et les informelles. Elles comprennent non seulement des groupements d'hommes et des groupements féminins mais aussi des groupements mixtes. On entend par :

) groupement d'hommes (GH), un groupement constitué uniquement d'hommes ;

) groupement féminin (GF), un groupement constitué uniquement de femmes. Mais il est courant de remarquer, dans de pareils groupements, la présence d'au moins un homme le plus souvent lettré comme trésorier ou secrétaire (cas des GF Minandjangodo, Aïdokpo et Missogbéha...). Les tâches trop pénibles pour les femmes leur incombent également (c'est surtout le cas du GF Vancan) ;

) groupement mixte (GM) un groupement constitué aussi bien d'hommes que de femmes, jouissant tous des mêmes prérogatives.

Au nombre des OP recensées, on dénombre huit (08) groupements féminins, quatre (04) groupements d'hommes et huit (08) groupements mixtes soient respectivement 40%, 20% et 40% des organisations paysannes recensées dans le village.

Dans ces OP, les effectifs varient entre sept (07) et trente cinq (35) membres à l'exception de la CAVECA qui compte quant à elle plus de 1825 membres.

La plus vieille OP existe depuis 1983 ; il s'agit du groupe folklorique de zinli de DANMANDOU Pénin, alors que les plus récentes ont été créées en 2004 ; il s'agit des GF Vancan et Aïmonnou.

Tous les groupements ont été créés pour bénéficier de l'assistance et des aides par certaines associations ou ONG comme le SCERAPIP qui distribuait des vivres PAM uniquement aux groupements. Outre cela, les autres raisons expliquant la formation des groupements à Hinvi Dovo sont : la réduction de la pauvreté, l'épanouissement de chaque membre et le développement du village.

Avoir une bonne moralité et jouir d'une bonne réputation dans le village constituent les conditions primordiales d'adhésion à un groupement. A cela s'ajoute :

) la part sociale qui est la participation de chaque membre à la constitution du capital social ou capital de départ du groupement. En fonction des activités menées, elle varie d'un groupement à l'autre entre mille francs cfa (1000 frcs cfa) et cinq mille francs cfa (5000 frcs cfa). Son paiement peut être échelonné ;

) les droits d'adhésion se résument aux frais d'inscription d'un nouveau membre à un groupement. Selon les groupements, son montant varie entre cinq cent francs cfa (500 frcs cfa) et cinq mille francs cfa (5000 frcs cfa). En plus d'être en espèce, ils peuvent également être en nature, c'est le cas du groupe folklorique de `'Zinli» de Danmandou Pénin et des `Génies' ou `Aziza' qui exigent les deux(02) formes.

) Plusieurs groupements exigent le payement du cumul des cotisations antérieures à tout candidat à leur adhésion.

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Il faut également noter qu'une demande d'adhésion doit être adressée au président du groupement et que le nouvel adhérent doit résider dans l'arrondissement de Hinvi.

Dans la plupart des groupements des cotisations sont instituées et leurs coûts varient de vingt cinq francs cfa (25 frcs cfa) à cent francs cfa (100 frcs cfa) par semaine. Le coût des cotisations est aussi faible pour permettre à chaque membre de pouvoir les payer facilement. Il faut noter que dans le GF Yémanlin, la cotisation est fixée en fonction de ses recettes entre deux cent francs cfa (200 frcs cfa) et six cent francs cfa (600 frcs cfa) à payer tous les cinq jours par chaque membre. Il faut noter que les cotisations sont absentes dans certaines OP (cas du GH Togbèya, GF Aïdokpo et du GM Minangan) et occasionnelles dans d'autres ; c'est le cas par exemple de l'OP Kossilatè où elles ne sont fixées qu'en cas de besoin.

Les relations entre OP se limitent exclusivement à des relations d'entraide (échanges de connaissances et de conseils) et des échanges commerciaux informels. Cette entraide entre OP avait conduit à la création d'une association de neuf (09) groupements des différents villages de Hinvi qui prit le nom de Houénoussou. Ce groupement était le point de rencontre des différentes OP du village. Il était également médiateur pour résoudre les différends entre OP et se chargeait de trouver des financements aux OP en les mettant en contact avec les structures d'intervention. C'est le cas de la Caisse Villageoise d'Epargne et de Crédit Autogérés (CAVECA) sous l'impulsion du CBDIBA. Tous ses membres ont contribué à l'élaboration de son capital social grâce à des cotisations. Il faut toutefois noter qu'aujourd'hui Houénoussou n'existe plus; cela est dû au non fonctionnement de bon nombre d'OP le constituant.

Les organisations paysannes suivent des formations qui sont données par certaines structures d'intervention comme le CeCPA (ex CARDER) et le CBDIBA. Ces formations visent à aider les OP à :

) mieux organiser leurs activités et se prendre en charge ; et

) adopter les innovations et les nouvelles techniques surtout dans le domaine agricole

afin d'améliorer leurs conditions de travail et pour l'obtention d'un bon rendement.

Le CeRPA intervient également au cours de l'Assemblée Générale Constitutive (AGC) par l'intermédiaire de son Technicien Spécialisé en Organisation et en Planification Locale (TSOPL). Le TSOPL entretient les paysans sur les étapes à franchir dans la création d'une OP et les aide à élaborer les textes ainsi qu'à la mise sur pied effective du groupement au cours de l'Assemblée Générale Constitutive (AGC). Le CeRPA organise aussi des formations qui ne visent pas spécifiquement les groupements mais l'ensemble des paysans.

Contrairement au CeRPA, le Centre Béninois pour le Développement des Initiatives à la Base (CBDIBA) assiste surtout les groupements et ce à leur création et pendant leur vie à travers leurs activités.

En dehors du CECPA et du CBDIBA, plusieurs ONG interviennent dans le village. On peut citer : CERAPIP, MAIS, FEPTM, Amis du Monde, Vidolé, OPESVAT, CLCAM et CAVECA.

3. Etude approfondie de l'OP TOGBEYA

Après étude sommaire des différentes organisations paysannes inventoriées, le groupement TOGBEYA a été retenu pour une étude approfondie en fonction des critères suivants :

) la pertinence des activités menées et des objectifs visés ;

) l'existence de relations avec l'extérieur ;

) le respect du principe d'égalité et du jeu démocratique entre tous les membres de OP et

) la disponibilité des membres à nous fournir des informations.

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3.1. Historique, objectifs et activités de l'OP

« Ensemble, on peut toujours mieux faire ». C'est dans cette optique que DAH FONTON Anagonou a eu l'idée de la création du groupement TOGBEYA en 1993. Il en parla à trois (03) agriculteurs : TODO Mathias, AZADJI Lazare, LOSSOTINDE Cyprien. Sur avis motivé de ceux-ci, ils décidèrent ensemble de créer le groupement TOGBEYA. A ceux-ci s'ajoutèrent cinq (05) autres membres, portant ainsi l'effectif de départ à neuf (09) membres, tous des hommes. Le CeCPA est également intervenu dans la formation du groupement lors de l'Assemblée Générale Constitutive (AGC) au cours de laquelle les membres du conseil administratif (CA) ont été élus. L'agent du CeCPA, le Technicien Spécialisé en Organisation et Planification Locale (TSOPL), les avait aidés à élaborer le règlement intérieur et le statut ainsi qu'à constituer une part sociale de cinq mille francs cfa (5000frcs cfa) par membre. L'OP TOGBEYA a été enregistrée au CECPA sous le numéro 020201068, le 05 janvier 1996.

Les objectifs visés par ce groupement se résument en deux (2) points :

) se mettre ensemble pour mieux produire ; et

) l'épanouissement de chaque membre et le développement de la communauté. L'OP TOGBEYA pratique les activités suivantes :

) l'agriculture, avec la culture du maïs, manioc, niébé ;

) l'élevage de porcins, de caprins et de volailles ; et

) la transformation du vin de palme en sodabi.

3.2. Evolution du groupement

L'effectif de TOGBEYA n'a pas été statique dans le temps. A sa création, TOGBEYA comptait neuf (09) membres uniquement de sexe masculin à cause de la difficulté des activités du groupement. Mais l'effectif actuel du groupement est de huit (08) membres. Ces chiffres ne traduisent pas bien les différentes évolutions qu'a connu le groupement jusqu'à cette date. Le groupement TOGBEYA a en effet connu beaucoup de sorties et d'entrées.

Au nombre des entrées, citons celles de : DAH FONTON Saturnin, AZADJI Julien, AZADJI Evariste, AZADJI Fulbert.

Au nombre des sorties :

) AZADJI Evariste et AZADJI Fulbert pour cause de mauvais comportement ) AHOUANLOKONON Honoré pour faux et usage de faux

) LOGLA Jacob et AZADJI Julien pour décès .

Ainsi, dès 1996, voyant la prospérité du groupement auquel appartenait son fils, monsieur AZADJI Julien, (Père d'AZADJI Lazare), décida de les rejoindre dans leurs activités. Il fut accompagné de deux (02) de ses neveux : Fulbert et Evariste. Mais ces entrées furent de très courte durée car dès 1998, le bureau du groupement décida de mettre à la porte Fulbert et Evariste pour cause de mauvaise conduite et de non respect des règles sur l'organisation des activités. Mécontent de cette décision, monsieur AZADJI Julien se retira peu à peu du groupement, mais ne s'en sépara pas pour autant totalement. Il mourut quelques années plus tard en 1999.

En 2000, l'effectif du groupement fut de nouveau réduit, après l'exclusion de monsieur AHOUANLOKONON Honoré pour malversations financières. En effet, ce dernier n'a pas voulu rembourser un prêt que le groupement lui avait accordé. Mais l'année suivante, Monsieur DAH FONTON Saturnin fut accepté dans le groupement après avoir rempli toutes les conditions d'adhésion.

Le dernier évènement qui affectera l'effectif de TOGBEYA survint en 2006 avec le décès de LOGLA Jacob. C'est depuis cette date que l'effectif du groupement s'est stabilisé à huit (08). Les membres ne pensent d'ailleurs pas que l'intégration de nouveaux membres pourrait

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avancer à quelque chose. En fait, on ne saurait envisager cela maintenant que les activités ne vont plus aussi bien.

3.3. Organisation du groupement

3.3.1. Organisation administrative

Suivant les textes du groupement, l'OP TOGBEYA serait dirigée par trois instances :

l'Assemblée Générale

C'est l'organe suprême du groupement. Elle se réunit une fois par an et ceci, en fin d'exercice social. Elle statue sur le fonctionnement du groupement, fait le bilan des activités de l'année écoulée et donne le programme d'action à suivre pour l'année à venir. Elle décide également du renouvellement des membres du bureau. De cette instance découle l'AGC, l'AGO et l'AGE.

) L'AGC

C'est la première assemblée au cours de laquelle le bureau exécutif du groupement a été mis sur pied. La présence du TSOPL fut indispensable.

) L'AGO

Elle est source de toute autorité et de tout pouvoir et devrait se réunir une fois par an. Elle réunit en son sein tous les membres du groupement.

) L'AGE

Elle n'intervient qu'en cas d'urgence. Elle dénonce les malversations, le mauvais comportement d'un membre et donne les nouvelles résolutions à prendre. Elle peut être convoquée par n'importe quel membre du groupement.

Le Conseil d'Administration

Il est composé de trois (03) membres et siège par quinzaine. Il rend compte de son travail à l'AGO qui, après analyse, l'adopte, le rectifie ou le rejette. Il est élu pour un mandat de trois ans renouvelable une seule fois en AG. La liste des membres du CA se trouve résumée dans l'annexe 05.

L'organe de contrôle

Il comprend deux commissaires aux comptes élus en AG. Ces membres n'appartiennent pas au groupement. Leur rôle est de vérifier la gestion des membres du CA.

La remarque faite lors de l'étude est que les textes ne sont pas respectés comme cela se doit. Depuis l'AGC, le CA n'a plus été renouvelé jusqu'à ce jour. La raison émise pour justifier le fait est que ses membres n'ont pas encore failli. Notons qu'il n'existe pas de sanctions qui soient réellement applicables.

3.3.2. Organisation des activités

Comme nous l'avons énoncé plus haut, le groupement s'occupe de la production animale et végétale et de la transformation.

La production végétale

Elle concerne surtout la production du maïs, du manioc et du niébé. Au démarrage des activités, étant sans terre, le groupement a dû louer 2 hectares de terres cultivables pour une durée de 2 ans renouvelable (selon les termes du contrat de location). Pendant la campagne 1993-1994, le groupement a pratiqué l'association maïs + manioc sur tout le domaine. Mais

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dès la campagne 1994-1995, le groupement a morcelé le terrain en autant de cultures à faire. Ainsi, le terrain a été utilisé jusqu'à ce qu'il montre des signes de carence.

Il est à noter que compte tenu de sa place dans l'alimentation de base, le maïs est cultivé à chaque cycle. Seules les variétés locales sont cultivées.

Les rendements obtenus sont :

) manioc : 4,5 tonnes environs ;

) maïs : 2 bassines (50 Kg) par kanti (environ 400 m2) soit 2500 kg (2,5 ha) à l'hectare ; et

) niébé : 1/2 bassine par kanti soit 625 kg (0,625 ha) à l'hectare.

Notons ici que les produits de la récolte sont vendus dans le marché de Houègbo ou à domicile.

Production animale

C'est l'activité de démarrage du groupement. Les espèces élevées sont les porcins, la volaille et les caprins. L'OP disposait de 10 têtes de porcins et de 10 têtes de caprins. Quant à la volaille, ils n'avaient pas pris le soin de la dénombrer. Actuellement, l'OP ne dispose plus de porcins. Cela serait dû au ravage causé par l'épizootie de la peste porcine ces dernières années. Quant aux caprins, ils sont cédés à des tierces personnes pour s'investir dans l'agriculture. Le groupement ne dispose actuellement que de la volaille.

Les transformations

Elles concernent essentiellement la transformation du vin de palme en sodabi. L'OP ne disposant pas de plants de palmiers, elle les achetait pour la production. Le prix d'un plant varie suivant son âge et la grosseur de son tronc. Dans tous les cas, il varie entre mille (1000) francs CFA et deux mille (2000) francs CFA.

Aucun membre du groupement n'intervient dans l'abattage des plants. Le coût de la maind'oeuvre employée varie entre 300 francs CFA et 500 francs CFA par pied de palmier abattu. Après l'abattage, les travaux sont répartis entre les membres du groupement qui les exécutent jusqu'à la prochaine saison culturale. Le sodabi obtenu est stocké à la maison. Le groupement ne vend ses productions qu'à partir du mois de mars. La raison évoquée est qu'ils attendent la période de la grande saison des pluies où l'on note l'augmentation du prix du sodabi. Pendant cette période, le prix de la vente peut atteindre 500 francs CFA le litre. Les produits sont vendus au marché ou sur place dans le village.

Le groupement utilisait l'usine de production du président pour la fabrication du sodabi. Quant au reste du matériel de travail le groupement dispose de : barils de 200 litres, de jarres et de bidons de 50 litres etc. L'essentiel des équipements du groupement se trouve résumé en annexe 06

Nous avons pu assister à une séance de transformation du vin de palme en sodabi. Cela nous a permis de comprendre le processus de fabrication du sodabi qui est résumé dans le diagramme en annexe 07.

3.3.3. La gestion financière

Le capital de départ du groupement a été constitué par les parts sociales (5000 francs CFA/membre) et les droits d'adhésion (2000 francs CFA /membre) des différents membres.

Les textes prévoient que le point de la gestion financière se fasse chaque année en Assemblée Générale Ordinaire (AGO). Cette AGO doit avoir lieu à la fin de la commercialisation des produits agricoles. Les fonds ainsi récoltés seraient répartis comme suit :

) la moitié de la somme est déposée en épargne ;

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) le quart est mis dans la caisse du groupement pour préparer le cycle de production suivant et pour remplacer les matériels défaillants ;

) le dernier quart sert à organiser une fête de fin d'année et son reste est distribué de manière équitable entre les membres du groupement.

C'est l'AGO qui décide de la somme à allouer à chaque activité pour l'année suivante. Les épargnes, au début, se faisaient au niveau de la CLCAM sous le numéro 2121366. Mais à partir du 10 mai 1996, le groupement a préféré mettre ses fonds au niveau de la CAVECA. Le taux d'intérêt ici est de l'ordre de 06% et donc largement supérieur à celui de la CLCAM qui était de 03%. Mais le compte de la CLCAM n'a pas pour autant été fermé. Mais il n'a plus été touché depuis plusieurs années. Par contre, à la CAVECA, le groupement possède encore plus de quarante (40.000) mille francs CFA.

Le groupement TOGBEYA a bénéficié de deux crédits depuis sa création :

) le premier, auprès de la CLCAM, a servi à augmenter le cheptel pour l'élevage. Nous n'avons pas pu connaître le montant de cette somme, mais aux dires des membres, cette dette a déjà été remboursée ;

) le second prêt a été accordé par le PNUD. Il s'est fait par l'intermédiaire de M. DJOGBENOU. Ce fonds a été partagé entre les membres. Mais au remboursement, certains n'étaient plus en mesure de s'acquitter de leurs dettes. Il a donc fallu que le groupement puise dans ses propres ressources pour payer cette dette qui était de deux cent mille francs CFA (200.000 francs CFA)

Nous n'avons pas pu avoir accès aux documents du compte du groupement, ni aux cahiers de charges. Le seul document qu'on nous présente est la fiche de compte du groupement auprès de la CAVECA. Celle-ci nous permet de dire que TOGBEYA dispose encore d'une somme de quarante (40.000) francs CFA à la CAVECA. Selon plusieurs membres, la caisse du groupement est complètement vide. En effet, sept (07) membres sur les (09) que comptait le groupement avaient consenti des prêts dans la caisse du groupement. Ceux-ci n'ayant pas remboursé, les deux (02) autres membres restant ont décidé de faire pareil en se partageant le reste de l'argent se trouvant dans la caisse du groupement.

L'objectif actuel du groupement est la redynamisation de ses activités. Mais un cruel besoin de financement se fait sentir.

3.4. Relations de l'OP TOGBEYA

3.4.1. Relations entre membres de l'OP

Mis à part les relations familiales et amicales qui existent entre les membres du groupement, elles se résument à l'assistance morale, financière et à l'entraide. En fait tout membre malade bénéficie d'une aide financière dont le montant ou la valeur est fonction de la gravité de la maladie. Il en est de même pour tout membre du groupement ayant perdu un parent. A cet effet le groupement, compte tenu de sa situation financière, peut se procurer un uniforme pour l'occasion. Notons que pour ces cas cet argent est prélevé dans la caisse et est généralement non remboursable. Au besoin, les membres du groupement peuvent susciter un prêt au près du groupement. Et le remboursement de ce prêt se fait avec un taux d'intérêt de 5%.

Pour les membres dont l'état de santé ne leur permet pas d'accomplir leur part de travail au sein du groupement, ce dernier prévoit des alternatives :

) soit ils diffèrent leur date de travail

) soit ils se font remplacer par un autre membre dont ils prendront le tour dans la programmation.

Dans n'importe lequel des cas, le travail doit être accompli avant la séance suivante.

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Les relations familiales et amicales existant dans le groupement se traduisent également par l'entraide dans les travaux champêtres individuels.

Mais notons qu'à cause de la mauvaise gestion et du non remboursement des prêts, les relations entre les membres de TOGBEYA sont actuellement très tendues.

3.4.2. Relation avec les autres OP

Le groupement TOGBEYA ne vit pas en autarcie. Il entretient en effet des relations avec les groupements de Hinvi Dovo. On peut notamment parler du commerce de produits agricoles. Ce commerce ne se fait pas sur la base d'un contrat. Ainsi TOGBEYA livre parfois du manioc au groupement de production de gari et de tapioca, tels que : GBEDOLE, VANKAN.

Le groupement bénéficie aussi de nombreux privilèges du fait de la notoriété de son président ; celui-ci assiste à de nombreuses formations. Il sert ensuite d'agent de vulgarisation des innovations dans le village en général et auprès des autres groupements en particulier.

Un autre aspect des relations qu'entretienne TOGBEYA et autres OP du village est l'échange des connaissances et conseils. En effet cet échange se fait par le biais du groupement HOUENOUSSOU qui en fait regroupait tous les représentants de tous les groupements de Hinvi Dovo et s'occupe de la défense des intérêts de ces derniers.

Signalons enfin qu'à ce jour TOGBEYA n'entretient aucune relation avec les OP des autres villages.

3.4.3. Relations avec les structures d'intervention

CERAPIP

Il s'agit d'une ONG, dirigée par Mr GNANCADJA, qui distribuait dans le village et ses environs des vivres PAM. Son intervention date de 1993 et ne concerne pas uniquement le groupement TOGBEYA. En effet, Mme ATCHEFFON Victoire, présidente de Houénoussou, est celle qui a permit aux groupements de Hinvi-Dovo de bénéficier de cette intervention. Au cours d'une de ses visites à Cotonou, elle est rentrée en contact avec une cousine à Mr GNACADJA. Cette dernière qui résidait dans un village d'Allada non loin de Hinvi (Ayou) incita alors le CERAPIP à intervenir à Hinvi vu que la plupart des groupements qui s'y trouvaient s'étaient formalisés. L'aide du CERAPIP a consisté en des dons de produits alimentaires (riz, niébé, huile), essentiellement destinés à la consommation. Aux dires des populations même le niébé ne pouvait être planté car était de variété inconnue. Les partages se faisaient de manière équitable par groupement. En marge de ces activités, le CERAPIP organisait de temps à autres des formations sur la gestion des groupements. Mais il est clair que si les populations assistaient à celles-ci, ce n'étaient que parce qu'elles attendaient les vivres en retour. L'intervention du CERAPIP n'a été que de courte durée (1993-1996) et beaucoup de villageois ne la considèrent que comme un simple souvenir comme ils le disent : « Ils ne nous ont donné que du poisson au lieu de nous apprendre à pêcher ».

CeRPA

C'est la seule structure d'intervention gouvernementale. Elle assiste les groupements dès leur création. En effet le TSOPL agent du CeRPA, procède à la mise sur pieds des groupements. Au cours de cette Assemblée Générale constitutive, il prodigue des conseils sur la bonne gestion du groupement et aide les membres du groupement à installer leur bureau.

En ce qui concerne le groupement TOGBEYA, cette AGC a eu lieu le 17 Avril 1993. Ensuite, le CeRPA a confié à un de ses agents la responsabilité de suivre ce groupement dans ses activités. Mais aux dires des membres du groupement, cet agent ne leur a été d'aucun profit car aucune des séances qu'ils avaient prévues de commun accord ne s'est tenue. Nous

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n'avons donc pas pu suivre une séance de travail organisée par le CeRPA à l'endroit du GH TOGBEYA.

Mais l'appartenance du président du GH TOGBEYA au noyau d'expérimentation des innovations du CeRPA, nous a permis de suivre une réunion dirigée par le Conseiller en Production Végétale (CPV). Cette réunion nous a permis de voir les techniques de vulgarisation que le CeRPA utilise au cours de ses séances de travail. Une étude plus approfondie en a été faite en annexe 10.

PNUD

Son intervention remonte en 1996. Elle a nécessité l'aide d'une interface en la personne de Mr DJOGBENOU Paul. Ce dernier, ressortissant de Hinvi Dovo était à la tête d'une ONG à Cotonou. Il se serait alors servi de ce statut pour trouver des financements et des structures d'intervention pour le groupement de sa soeur à Hinvi Dovo. C'est ainsi que, sur la demande des autres groupements du village, il élargit cette aide. C'est de cette façon que les groupements de Hinvi Dovo ont pu bénéficier de l'intervention du PNUD.

L'intervention du PNUD a consisté en une formation sur la gestion du groupement assortie d'une aide financière d'à peu près 200000 francs CFA. TOGBEYA à l'instar des autres groupements a donc bénéficié de cette aide.

La formation était hebdomadaire et dirigée par une animatrice envoyée par le PNUD. Aux dires des membres du groupement, elle les aidait juste à déterminer comment ils pourraient mieux organiser le groupement et ses activités. Pour appuyer cette formation, et permettre aux différents groupements de mettre en application les idées retenues, le PNUD a octroyé un prêt de 200000 FCFA de manière rotative. TOGBEYA a eu sa part en Février 1996. Cette somme a tout simplement été partagée entre les membres du groupement. Mais au moment du remboursement, certains étaient dans l'incapacité d'honorer leurs engagements. On a donc dû puiser dans les fonds propres du groupement. Nous pouvons donc retenir que l'approche de vulgarisation utilisée consiste à laisser aux bénéficiaires la liberté de mettre en pratique les enseignements reçus lors des formations tout en octroyant les moyens financiers nécessaires sans aucune forme d'évaluation ou de contrôle.

CBDIBA

C'est une ONG installée à Houègbo et qui est intervenue à Hinvi Dovo à cause des relations amicales qui existaient entre son directeur et dame ATCHEFON Victoire, présidente de Houénoussou. C `est la structure la plus appréciée du village. En effet depuis 1994, Hinvi Dovo a bénéficié de ses activités de façon permanente.

La première action du CBDIBA à l'endroit de TOGBEYA a eu lieu en 1995. L'ONG a fourni au groupement des plants d'orangers qui ont été distribués aux personnes intéressées et le remboursement des frais s'est fait deux ans plus tard.

Mais la plus grande réalisation du CBDIDA a été la mise sur pieds de la CAVECA. En fait l'ONG a aidé tous les groupements de Hinvi à se mettre ensemble pour former une caisse locale. Le CBDIBA s'est occupé de la formation des gérants et a aidé les paysans à acquérir plus tard un coffre-fort. Aux dires des populations, en les aidant à créer cette caisse aujourd'hui florissante, le CBDIBA leur a appris à pêcher au lieu de leur donner du poisson. Nous avons suivis une assemblée générale de la CAVECA qui a vu la présence de représentants du CBDIBA. Les invitations pour cette réunion n'ont été envoyées que 5 jours avant la date de l'AG alors que les textes prévoient un délai de 15 jours. Les gérants de la CAVECA expliquent que si on respectait ce délai, tous les paysans risqueraient de perdre leurs invitations ou d'oublier la date. Mais il faut retenir que l'approche de vulgarisation utilisée par le CBDIBA est également la participation associé aux stratégies TO DO FOR et ??TO DO WITH». Ceci se remarque aisément au cours des réunions. Le CBDIDA élabore les

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solutions et détermine avec les populations les modalités de leurs applications et les améliorations à apporter.

CAVECA

C'est la caisse d'épargne du village. Le groupement TOGBEYA dispose ici d'un compte ouvert depuis le 10 Mai 1996 sous le numéro 2121366. Les épargnes du groupement sont de deux sortes :

) DAT : Dépôt à terme (d'une durée d'au moins 6 mois avec un taux d'intérêt de 6%) ) DAV : Dépôt à vue (retirable à tout moment)

La fiche de compte du groupement a été régulièrement tenu jusqu'au 14 Juillet 2006, et le solde à cette date était de 40245. Cette solde demeure constante jusqu'aujourd'hui. Cette stabilisation est due au ralentissement des activités du groupement. Il faut noter la CAVECA organise des AG pour permettre à tous les groupements de comprendre son fonctionnement. Au cours de ces assemblées le conseil d'administration de la CAVECA, et les personnes présentes discutent des problèmes et élaborent ensembles les approches de solutions

CLCAM

C'est une structure d'intervention dont le siège est à Allada. Le groupement TOGBEYA a ouvert un compte à la CLCAM le 10 Septembre 1993. Ceci répond à un besoin : toutes les structures exigeaient un compte pour y transférer leurs aides financières. Mais depuis 1994, le groupement TOGBEYA a privilégié l'épargne à la CAVECA. Mais ils n'ont toutefois pas fermé le compte à la CLCAM. Qui sait si une autre aide ne viendrait pas ? Le montant en épargne est de 6433FCFA depuis la date de 22 décembre 1994.

4. Analyse et interprétation

4.1. Fonctionnement des groupements

D'après le recensement, le village de Hinvi Dovo compte un grand nombre d'OP (une vingtaine d'OP).

Ce nombre important d'organisations paysannes pourrait s'expliquer par la présence du CERAPIP qui encourageait les populations à se mettent en groupement pour bénéficier de ses actions.

De même, puisque cinq groupements s'étaient formés au début et avaient du succès, les autres habitants ont voulu faire comme eux. Ceci serait la seconde raison pour expliquer le nombre de groupements recensés.

D'après le recensement opéré dans le village de Hinvi Dovo, on note :

08 groupements féminins (soit 40% des OP recensées), 04 groupements masculins (soit 20% des OP recensés) et 08 groupements mixtes (soit 40% des OP recensés).

On note une certaine prédominance des groupements mixtes et féminins par rapport aux groupements masculins. A l'arrivée de la structure CBDIBA, ses objectifs étaient beaucoup plus orientés vers les groupements féminins. Ce qui a poussé beaucoup de femmes à s'associer pour bénéficier des prêts ou dons octroyés par l'ONG. Ces groupements s'investissaient dans la transformation du manioc en ses dérivés (gari, tapioca...), la production de l'huile rouge, l'achat, le stockage et la vente de produits vivriers et de fruits. Les travaux difficiles sont souvent réservés aux hommes.

Ayant été mis au courant, les hommes du village ont l'initiative de constituer des groupements mixtes mais en se faisant représenter par des femmes au niveau de l'ONG. Ce qui leur permettait de bénéficier des avantages octroyés par le CBDIBA.

Source : Enquête MAIR du 1er au 24 Mars 2007 Village : Hinvi Dovo (Commune d'Allada) 14

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En plus des activités sus-énumérés, ces groupements pratiquent également la production du sodabi et les autres activités nécessitant une force humaine importante.

4.1.1. Formalisation des organisations paysannes

Des 20 OP recensées, les 08 GF sont toutes formelles. Ceci s'expliquerait par le fait que ces groupements devraient acquérir leur reconnaissance légale avant de bénéficier du soutien et de l'appui de CBDIBA.

De même les 04 GM formels sont ceux dont nous avons fait cas plus haut.

La plupart des groupements formels recensés ne le sont que par écrit. En effet, ils disposent d'un règlement intérieur et d'un statut standard élaboré par le CERPA. La preuve est que les documents à nous présentés par le groupement TOGBEYA et tenant lieu de règlement intérieur et statut du groupement n'ont même pas été remplis. Les membres du groupement reconnaissent d'ailleurs que les textes (règlement intérieur et statut) ont été intégralement conçus par le CERPA. Mais ils prétendent avoir opéré certaines modifications pour les rendre conforme aux réalités du groupement.

4.1.2. Appartenance d'un individu à plusieurs groupements

L'appartenance d'un individu à plusieurs groupements est possible. Mais les textes prévoient que celui-ci ne soit membre d'un seul bureau. Ce qui n'est pas respecté dans la réalité. La preuve est que 02 membres de TOGBEYA en l'occurrence AZADJI Lazare et TODO Mathias bien qu'en étant membre du groupement occupent également des postes de responsabilités à la CAVECA.

Cette situation ne présente aucun aspect négatif. En effet, les personnes concernées se servent de leur statut pour aider les 02 groupements à la fois. Les 02 membres de TOGBEYA suscités ont par exemple ouvert au groupement des opportunités pour bénéficier de l'aide de l'ONG CBDIBA. Mais les cumuls de responsabilités au sein d'une même OP sont rares et n'interviennent qu'en cas d'indisponibilité d'un des membres du bureau .Ce qu'il faut néanmoins noter est que même sans cela, les membres du bureau peuvent s'aider ou se compléter dans leurs tâches respectives. Pour beaucoup de groupements, certes les conseils consultatifs sont presque non fonctionnels. Leur activité est souvent assurée par le trésorier qui devient du coup caissier et contrôleur.

4.1.3. Fonctionnement des bureaux

Un autre aspect du fonctionnement des bureaux est leur renouvellement. Les textes prévoient en général un mandat bien défini renouvelable une seule fois. Mais les meilleurs groupements sont ceux qui ont renouvelé leur bureau une fois. Sinon, la plupart du temps, c'est le bureau à la mise sur pied du groupement qui persiste toujours. Quand bien même les membres de ces bureaux sont jugés compétents, beaucoup de personnes sont contre le non renouvellement. Il va également sans dire que l'une des raisons au non fonctionnement de certains groupements est ce non renouvellement. En fait ce sont toujours les mêmes qui se voient et décident.

En ce qui concerne le premier bureau, son élection s'est faite la plupart du temps par vote à main levée. La reconduction est tout simplement décidée au cours d'une réunion et de commun accord. Remarquons quand même que le président de la plupart des groupements est l'initiateur. Serait-ce là une manière de le remercier ? En effet, les initiateurs des groupements sont en général des travailleurs avérés et reconnus en dehors du village. Ils peuvent alors non seulement permettre l'accroissement des activités mais également favoriser la mise en liaison avec les structures d'interventions.

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4.1.4. Autres

En général les effectifs des OP ont très peu varié. Les cas de sortie des groupements qu'on a souvent noté sont liés au décès du membre. Il est vrai que comme dans le cas de TOGBEYA, certaines personnes ont été exclues du groupement pour mauvais comportement, mais ceci est rare dans les autres groupements. En fait tous les membres se comportent relativement bien aux dires des différents présidents. Mais si cela n'était pas vérifié il serait difficile par exemple qu'un groupement décide d'exclure son président ou un autre membre du bureau, qui était l'un des principaux initiateurs du groupement. Finissons cette partie en mettant l'accent sur le fait que ces sanctions ne sont appliquées qu'en cas de fortes lourdes susceptibles d'être apprécié ou jugée par une AGE.

Le principal facteur qui bloque l'accès au groupement est un critère d'adhésion. Beaucoup de groupements posent comme condition le paiement du cumul de toutes les cotisations faites. Ils avancent comme argument que cela permet de jauger l'intérêt de la personne pour la chose. Ce critère décourage, néanmoins, beaucoup de personnes. Les groupements encore réellement ouverts aux nouveaux adhérents sont rares ; les autres ont des effectifs constitués depuis de très longues dates.

Le partage des bénéfices est un autre problème du groupement. En effet après épargne, après épargne, prévision pour la campagne à venir et les diverses dépenses, il ne reste plus assez d'argent. Chaque membre ne reçoit alors que quelques milles. Mais si aux dires de toutes les personnes ce partage est équitable, il ne répond pas aux attentes d'eux tous. Chaque membre avait ses propres objectifs en dehors de ceux du groupement. Ces objectifs se résument à l'amélioration de sa situation économique. Recevoir des miettes alors qu'on travaille tout le temps ne rimerait à rien. Beaucoup de personnes sont donc découragées et les activités, à la longue en pâtissent. C'est pourquoi beaucoup de groupements, aujourd'hui battent de l'aile. On peut le vérifier juste en discutant avec les paysans. Une autre preuve de cette réalité est le groupement VANCAN qui paie les travailleurs à la journée de travail .Les femmes, même si elles appartiennent à d'autres groupements, se bousculent pour bénéficier de cette opportunité.

4.2. Les méthodes d'intervention

L'objectif des structures d'intervention est de faire reculer la pauvreté dans le village en apportant leur soutien aux différents groupements. Ainsi paradoxal que cela puisse paraître, bon nombre de structures ne respectent pas les programmes qu'elles ont établis avec les paysans. C'est le cas du groupement TOGBEYA où cette situation a été décrite plus haut. Lorsque ces programmes sont respectés, les méthodes ou les types de vulgarisation utilisés ne permettent que rarement la réussite des projets. Les types de vulgarisation utilisés sont : la vulgarisation formative et la vulgarisation informative.

4.2.1. La vulgarisation formative

La vulgarisation formative vise à résoudre les problèmes d'une manière interactive en considérant que les paysans sont capables de résoudre leurs problèmes eux-mêmes. Ce type de vulgarisation est illustré par le proverbe chinois : « si tu donnes du poisson à celui qui a faim, tu devras lui en donner un autre le lendemain ; mais si tu lui apprends à pêcher, il pourra se nourrir lui même ». Nous illustrerons ce type de vulgarisation par les différentes interventions du CBDIBA.

Les actions menées par cette ONG visaient la création des conditions adéquates pour élaborer avec les paysans les solutions à leurs problèmes. L'approche de vulgarisation utilisée est celle participative. En fait le CBDIBA apporta un appui important aux populations de Hinvi Dovo en les amenant à se mettre en groupements pour dynamiser leurs actions. Par la

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suite le CBDIBA a porté main forte à des groupements en les aidant à construire un siège (cas de la CAVECA) et à mettre sur pied un jardin potager. Dans cette situation, l'ONG ne leur a presque jamais "donné" de l'argent. Elle les aide par contre épargner ou à trouver du financement. Comment ces solutions étaient-elles donc élaborées ? De commun accord avec les paysans. La stratégie est le ??TO DO FOR» et parfois le ??TO DO WITH». L'ONG organise à cet effet une réunion où les problèmes sont soulevés. Tous les paysans ont la liberté de parole aussi bien pour poser des questions que pour proposer des solutions. Mais les débats sont orientés par un agent du CBDIBA. C'est lui qui la plupart du temps propose la dernière solution. Celle-ci n'est rarement rejetée car elle n'est que la somme des différentes propositions. C'est ainsi qu'aux dire des gérants de la CAVECA, que cette dernière naquit. Le problème était de comment le village pouvaient acquérir son indépendance financière vis-à-vis de l'extérieur ? Les villageois ont décidé de créer une caisse où ils pourraient épargnés tout simplement. Mais petit à petit cette petite caisse s'est transformée en une petite banque d'épargne et de prêts. Le CBDIBA s'occupe toujours du suivi des activités et de la formation des gérants de la CAVECA. Quand subviennent des problèmes, les villageois leur font appel. Au cours d'une AGE, les solutions sont élaborés et les modalités de leur application définies.

Cette approche de la vulgarisation ne rencontre pas un grand nombre de difficultés. On peut néanmoins citer le fait que dès qu'il y a un problème, les villageois s'attendent toujours à bénéficier de l'aide du CBDIBA pour les solutionner. Même si cela demeure encore sans conséquence, il est à craindre une grande dépendance. Mais les avantages sont également très importants. Nous pouvons citer par exemple :

) l'application plus facile des solutions puisqu'elles ont bénéficié du soutien des populations ;

) les populations ont un certain zèle dans la participation aux différents programmes puisqu'elles savent que c'est dans leur intérêt qu'il est élaboré.

4.2.2. La vulgarisation informative

La vulgarisation informative donne une vue générale de toutes les solutions possibles à un problème donné.

La méthode de vulgarisation utilisée est celle de formation visites. En effet les séances de travaux bimensuels ne sont pas toujours d'une visite dans les champs des membres du groupe et plus précisément sur les terrains d'expérimentation. La stratégie de vulgarisation est une amalgame de ??TO DO TO» et de ??TO DO FOR». En ce qui concerne l'abandon de la technique de brûlis, la TPV ne voulait vraisemblablement qu'imposer son point de vue. Elle n'a alors tenu aucun compte de ce que pensaient les paysans et se bornait à dire que le brûlis était à abandonner sans autre explication. Mais ceci peut se comprendre si l'on tient compte du fait que ce n'est pas la première fois qu'ils discutent de ce sujet. Selon ses dires, elle leur aurait parlé plusieurs fois des inconvénients du brûlis et cette fois, elle n'entendait plus discuter, obligation de résultats oblige.

Pour l'adoption d'une nouvelle variété de maïs, la TPV avait ses buts à atteindre. Ceux-ci se résument en l'adoption de la variété et de toutes les implications de son adoption. Ici, l'agent du CeRPA a orienté les discussions et les a amené à découvrir par eux-mêmes les avantages et les inconvénients de leur probable choix. Une analyse de ces méthodes et stratégies de vulgarisation sera faite dans la partie analyse du présent document.

Illustrons cette méthode par les différentes interventions du CeRPA. Notons d'abord que les programmes que le CeRPA divulgue sont centralisés. C'est-à-dire élaborés par les institutions centrales étatiques mais qui sont destinés à des applications locales.

Les approches utilisées sont celle dite généraliste et celle de formation et visites. La première est illustrée par l'exemple donné en annexe 10. L'étude de ce programme qui

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concerne les cultures sur brûlis pose un problème majeur : de quelle liberté dispose les agents dans l'application des problèmes sur le terrain ? L'agent du CeRPA n'était préoccupé que par l'abandon du brûlis par les paysans. Pour comprendre ce fait, nous nous sommes demandés si ce dernier n'était sur le terrain que pour une stricte application d'un programme qui lui est étranger. Cela paraissait évident, mais crée d'énormes barrières à l'acceptation des innovations. A les entendre, du fait qu'on ne leur ait pas proposé de réelles alternatives pour la remplacer la technique de brûlis, les paysans se voyant très mal l'abandonner. Les inconvénients dont parlait le Technicien en Production végétale, l'agent du CeRPA qui entretenait les paysans sur le brûlis, leurs étaient certes familiers mais ne les perturbaient guère dans leur travail. En effet, dés qu'une baisse du rendement est ressentie, le terrain est abandonné pour un autre. Il en ressort que la stratégie ??to do to» utilisée par les agents n'a pas porté de fruits. Bon nombre des paysans appartenant au noyau d'expérimentation du CeRPA, étaient de grands producteurs en dépit du fait qu'ils pratiquaient encore le brûlis.

Mais la situation varie avec l'approche de formation et visites. Nous l'étudierons à la lumière de l'introduction d'une nouvelle variété de maïs à fort rendement dans le village. Les auditeurs de l'agent du CeRPA étaient toujours les membres de son noyau d'expérimentation. Après leur avoir exposé les avantages et inconvénients ainsi que les modalités de culture de cette variété de maïs, le TPV a déterminé avec les assistants sur quels terrains l'on pourrait faire les premières cultures expérimentales, et comment respecter les exigences de cette variété améliorée de maïs.

Après chaque séance de travail, des visites sont faites sur les aires et les partenaires (expression utilisée par l'agent du CeRPA pour désigner les relations qu'il entretient avec les producteurs) déterminent ensemble les améliorations à apporter aux cultures. Contrairement à la stratégie précédente, celle-ci, `'to do for», bénéficie de plus d'attention de la part des paysans tout au moins pendant la phase d'expérimentation.

Le fait d'utiliser un noyau d'expérimentation est une méthode indirecte pour atteindre la grande masse des paysans du village. En fait, on compte sur la divulgation des informations par les membres du noyau. Ceci est avantageux car la grande masse des paysans du village voudrait à coup sûr imiter les membres du noyau d'expérimentation qui sont considérés comme des paysans évolués. Mais les moyens financiers étant une limite pour ceux ci qui ne dispose pas d'assez de terres pour les expérimentations qui pourraient leurs récoltes contrairement aux `'paysans évolués» qui sont plus aisés et disposant d'assez de terres.

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