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Organisation de marchés émergents: efficience et risque de sélection adverse

( Télécharger le fichier original )
par Donatien AVELE
Université Montesquieu Bordeaux IV - France - DEA Sciences de gestion 2004
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE MONTESQUIEU - BORDEAUX IV

Institut d'Administration des Entreprises

Organisation de marchés émergents : efficience et

risque de sélection adverse

Mémoire en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies
en Sciences de gestion

Présenté et soutenu le 7 juillet 2004 par :

M.Donatien AVELE

Sous la direction de Madame Joanne HAMET, Professeur

Année universitaire 2003 - 2004

DEDICACES

Je dédie ce présent mémoire à tous ceux qui me sont chers :

Spécialement à ma très chère mère, en témoignage de sa grande affection et de tout ce qu'elle a fait pour moi.

A mon père

A mes soeurs

A mes frères

A mes cousin (e) s

A Mme Rosine ntsama.

A mes amis

A Béatrice Atangana qui repose dans la gloire de Jésus Christ ressuscité.

REMERCIEMENTS

Ce mémoire n'aurait pas vu le jour sans le soutien et le concours de plusieurs personnes, dont les efforts ne sauraient être estimés à leur juste valeur.

Il me tient à coeur de leur exprimer ici ma profonde gratitude et leur adresser mes sincères remerciements.

Spécialement, mes remerciements vont à mon encadreur,

Madame HAMET Joanne

Pour son esprit de collaboration, ses critiques constructives, ses conseils, sa disponibilité, ses remarques et commentaires permanents qui m'ont conduit à toujours rechercher le travail bien fait.

Je saisis également cette occasion pour remercier tous mes professeurs du DEA de Sciences de Gestion pour leur esprit de collaboration, leur serviabilité et leur surveillance.

Je n'oublierais pas tous mes camarades du DEA pour toutes les discussions constructives que nous avions eues.

Enfin, mes remerciements vont au directeur du DEA des Sciences de
gestion, M. le Professeur Gérard HIRIGOYEN pour ses nombreux conseils.

RESUME :

Le marché boursier ne saurait être un moyen efficient pour les entreprises africaines de collecter les capitaux compte tenu de la panoplie d'obstacles auquel il est confronté. Croire aujourd'hui que le financement par les titres peut se substituer à la finance indirecte en raison de son système bancaire devenu imparfait est illusoire. Il faudrait plutôt réhabiliter le système bancaire.

Les marchés émergents d'Afrique se trouvent dans un contexte qui d'emblée ne leur permet pas d'avoir les mêmes performances que leurs homologues des pays occidentaux. Administration, fléaux sociaux et certaines caractéristiques leur sont propres : volatilité des cours, illiquidité, faible capitalisation boursière constituent les principaux obstacles à leur efficience ; mais malgré tout, ces marchés enregistrent quelques bons résultats.

Les opérations d'initiés doivent être réglementées dans les marchés boursiers émergents d'Afrique dans le but d'éviter les asymétries d'information et les risques de sélection adverse.

Mots-clefs : efficience, asymétrie d'information, risque de sélection adverse, marché émergent, finance directe.

LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES.

BAD : Banque Africaine de Développement BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

BFR : Besoins en Fonds de Roulement

BOAD : Banque Ouest Africaine de développement.

BRVM : Bourse Régionale des Valeurs Mobilières

BVM : Bourse de Valeurs Mobilières

BVMAC : Bourse de Valeur Mobilières de l'Afrique Centrale

BVME : Bourse de Valeurs Mobilières Emergentes

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale DSE : Douala Stock Exchange

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

FR : Fonds de Roulement

FMI : Fonds Monétaire International FMN : Firmes multinationales

JSE : Johannesburg Stock Exchange MBE : Marchés Boursiers Emergents OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole

PAS : Plans d'Ajustement Structurels PVD : Pays en Voie de Développement

SEAQ : Stock Exchange Automated Quotation SEC : Securities Exchange Commission

SFI : Société Financière Internationale TCN : Titres de Créances Négociables.

Sommaire

Introduction générale.

Première partie : L'émergence des marchés boursiers

Chapitre1: Les facteurs de création des marchés boursiers

Section 1. Définitions et caractérisation des marchés boursiers émergents

1. La notion de « Bourse de valeurs mobilières émergentes ».

2. Eléments d'identification des Bourses de valeurs mobilières émergentes.

3. Les principales phases de développement des marchés boursiers émergents.

4. Les facteurs de développement des marchés boursiers émergents.

Section 2. Création des marchés boursiers en Afrique.

1. Les mobiles de création des marchés boursiers émergents.

2. Obstacles au développement des marchés boursiers en Afrique subsaharienne.

3. Facteurs d'intégration des marchés boursiers africains.

.

Chapitre2 : Le rôle des marchés boursiers dans le financement des entreprises Africaines.

Section 1. L'accès au financement des entreprises africaines.

1. Les modes de financement des PVD.

2. Les moyens de financement des entreprises africaines.

3. Rôles de la Bourse : une lecture par la nouvelle théorie des institutions.

Section 2. La finance directe peut-elle se substituer à la finance indirecte ?

1. Intérêts des marchés financiers émergents.

2. Les liens de complémentarité entre la banque et le marché boursier.

Deuxième partie. Microstructure des marchés boursiers
émergents
.

Chapitre1. Typologie des marchés boursiers.

Section 1. Principes d'organisation des marchés boursiers.

1. Organisation de marché.

2. Règles d'organisation des marchés boursiers émergents d'Afrique

Section 2. Autres qualités d'organisation des marchés boursiers.

1. Critères d'organisation d'un marché boursier.

2. Risque opérationnel, Système de règlement- livraison et information

Chapitre 2. Efficience et liquidité des marchés financiers

Section1. Concept de l'efficience des marchés financiers.

1. Efficience informationnelle des marchés boursiers.

2. L'impact des opérations d'initiés sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers

Section 2. Liquidité des marchés boursiers émergents.

1. Définitions et importance de la liquidité des marchés boursiers

2. Qualité des marchés réglementés.

3. Conséquences d'opération d'initiés sur la liquidité.

Conclusion Générale et perspectives de recherche Bibliographie

Tables des matières.

INTRODUCTION GENERALE.

Les institutions de Bretton-Woods ont encouragé le développement des marchés boursiers qui constitue une partie importante de la libéralisation financière dans les années 1980. Durant la décennie 80, le domaine de la finance a connu de profonds changements tant dans les pays du Nord que dans les pays du Sud. En occident, les systèmes de financement organisés en circuits administrés au profit de financements directs via les bourses de valeurs ont été abandonnés. Cet abandon a permis une meilleure allocation de ressources financières. Le gaspillage des ressources a entraîné des déséquilibres majeurs des indicateurs économiques; ceci étant dû à l'ancien système qui était porteur d'effets pervers.

En ce qui concerne le tiers-monde, la quasi-totalité des endettés ont eu la nécessité de trouver des solutions au début des années 80 à la crise de la dette. Ces pays ont procédé sous l'effet des programmes d'ajustements structurels et de nouvelles réalités financières internationales, à la libéralisation et à l'ouverture de leur économie. La plupart d'entre eux ont enregistré des taux de croissance dépassant souvent ceux des pays développés. Compte tenu de la croissance de leur économie, les places financières des pays en voie de développement (PVD) ont réduit sensiblement le recours aux prêts bancaires et ceci les a conduit à développer d'autres sources de financements. Les gouvernements de ces pays ont procédé à d'importants programmes de privatisation sous la pression des grandes institutions financières internationales entraînant la création des marchés financiers.

Le concept « marché émergent » est souvent utilisé pour désigner les marchés financiers des économies en transition vers les économies de marché. Le qualificatif d'émergent recouvre deux notions : par émergent, on peut entendre tout marché développé ou non, pourvu qu'il soit localisé dans une économie émergente; ce qui suppose au préalable de qualifier une telle économie. Selon une approche plus restrictive, un marché émergent est un marché accessible, qui a entamé un processus de croissance et de modernisation, susceptible d'intéresser des investisseurs étrangers [Tchemeni E, 1997]. Si on s'entretient à la première définition, on peut alors

se poser la question de savoir si les marchés comme le Kenya, ou tout récemment le Cameroun encore embryonnaires et inaccessibles aux investisseurs étrangers sont dits émergents ? Un marché ne peut exister dans un pays que si celui-ci est doté d'une structure boursière suffisamment développée pour permettre aux agents d'investir [Tchemeni E., 1997]. Sont donc exclus à ce titre, les petits marchés embryonnaires sans véritables activités.

Le concept de marché émergent était uniquement attribué aux nouveaux pays industrialisés durant les périodes 1970-1980 à l'instar de Hongkong, Singapour et la Corée du sud. Mais au milieu des années 80, ce concept a été généralisé et utilisé pour la plupart des économies en développement. Le développement des marchés émergents a commencé au cours de la décennie 1980, mais c'est au début des années 1990 que leur essor a véritablement débuté. Ces pays ayant séduit progressivement les investisseurs étrangers sous l'effet de la mondialisation et de la libéralisation croissante des activités financières. Par exemple, la Société financière internationale (S.F.I.) recensait 32 marchés émergents à travers le monde. Aujourd'hui, elle en dénombre plus de 70, compte tenu du nombre croissant des pays qui répondent aux critères d'émergence. La crise qui a brutalement affecté les marchés émergents d'Asie à partir de l'été 1997 a constitué l'un des événements majeurs pour la nouvelle configuration de l'économie mondiale au début du 21e siècle. Par là même, elle a représenté une évolution essentielle à prendre en compte dans les firmes multinationales (FMN) qui structurent cette économie en voie de globalisation croissante depuis le début des années 1990, et à la fin de la guerre froide. Les économies qui avaient enregistré les plus forts taux de croissance de la seconde moitié du 20e siècle ont subi une série de reculs tout aussi spectaculaires. Les Dragons (Corée du sud, Taiwan, Hongkong) et les Tigres (Thaïlande, Malaisie, Indonésie et Philippines), qui s'étaient imposés dans la nouvelle répartition mondiale de la production industrielle, et parmi les marchés les plus porteurs de la planète, ont vu s'effondre leurs projets de développement surdimensionnés.

L'émergence des marchés boursiers est intervenue au cours de deux dernières décennies. Le recyclage des excédents financiers des pays

membres de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) par les banques occidentales vers les pays en voie de développements non pétroliers et aussi vers leurs économies propres intervient jusqu'en 1970. La réduction de ces excédents au début des années 1980, a entraîné au passage des carences de liquidité. Finalement ceci a conduit à la détérioration du système d'intermédiation mondiale. Durant cette période, on a assisté à un changement primordial en matière de politique économique et financière. Les pays occidentaux ont fait appel à un financement par les ressources monétaires inflationnistes. L'importance des marchés financiers et plus particulièrement des bourses de valeurs mobilières locales capables de mobiliser l'épargne domestique disponible se faisait ressentir à cette même période. Au regard de ce qui s'est passé dans les pays en voie de développement, le Mexique est parmi les premiers victimes de la crise d'endettement lorsqu'en 1982, ce dernier annonçait son incapacité à honorer ses engagements.

A la fin des années 70, les P.V.D vont faire recours à des emprunts extérieurs puisque les ressources d'exploitation des matières premières vont connaître une baisse spectaculaire suite au contre-choc pétrolier. Finalement, cette politique va se solder par des déficits des finances publiques. On assiste aussi à une crise financière qui va se propager dans la plupart des P.V.D (Brésil, Maroc, Philippines...) après son déclenchement au Mexique. Afin de permettre une bonne réussite des programmes d'ajustement structurels (P.A.S) mis en place et préconisés par le F.M.I. et la banque mondiale, ainsi que les programmes de privatisation et attirer un nombre important d'investisseurs étrangers, les gouvernements des P.V.D vont mettre en place plusieurs mesures favorisant le développement des marchés financiers, et particulièrement les marchés boursiers. L'ouverture d'importantes perspectives à long et moyen terme grâce aux plans d'ajustements structurels adoptés au milieu des années 80 vont permettre une réorganisation profonde du mode de fonctionnement de l'économie. La communauté financière internationale a considéré les P.V.D comme étant des marchés émergents quand ces derniers ont commencé à mettre en place des politiques de libéralisation économique et financière ainsi que des réformes favorisant le développement des marchés financiers.

On a souvent déterminé les relations entre les banques et la croissance économique, mais il reste à définir le rôle des bourses dans le développement économique des pays africains. De nombreuses questions se posent :

D'abord, il s'agit d'évaluer les avantages que ces marchés peuvent procurer aux économies africaines et aux investisseurs étrangers. Financent-ils véritablement les activités de production où sont-ils le lieu où peuvent être amassés? Ensuite le financement de la croissance économique pouvant être assuré par le système bancaire, le problème est de savoir si la finance par des titres peut se substituer à la finance intermédiée ou si à l'inverse, leur développement et leur bon fonctionnement sont corrélés. Enfin, le marché peut-il entraîner l'augmentation des agrégats macro-économiques? Ou fait-il peser sur le secteur réel des risques inutiles quand on considère l'importante volatilité des cours et les entrées massives des capitaux ayant des effets déstabilisateurs sur l'économie.

On ne compte que huit marchés financiers en Afrique sub-saharienne mis à part celui de l'Afrique du sud. Ce dernier constitue un cas particulier en raison de son importance et du développement économique relativement avancé de ce pays.

Sur les sept marchés (Kenya, Zimbabwe, Ghana, Botswana, Namibie, Zambie, Côte d'Ivoire)1, un seul se trouvait en Afrique francophone ( la Bourse d'Abidjan en côte d'Ivoire) bien avant la création toute récente dans le même espace économique en Afrique centrale de deux Bourses de valeurs : l'une au Cameroun, Douala Stock Exchange (D.S.E)2 née suite à la loi du 22 décembre c1999, créant un marché financier au Cameroun et inaugurée le 23 avril 2003 et la seconde à Libreville au Gabon : Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale (BVMAC)3. Au Kenya et au Zimbabwe

1 Depuis 1998 une Bourse régionale des valeurs mobilière (BRVM) a été mise en place en Afrique de l'ouest. Elles sont constituée des pays suivants : Côte d'Ivoire, Niger, Mali, Togo, Bénin, Burkina - Faso, Sénégal,

Guinée Bissau). C'est d'ailleurs le premier exemple d'une bourse de valeur régionale dans le monde.

2 D.S.E (Douala Stock Exchange) est la dénomination de la bourse des valeurs mobilières du Cameroun

3 BVMAC (bourse de valeurs mobilières de l'Afrique centrale) est un exemple d'une bourse sousrégionale en Afrique centrale au sud du Sahara après celle de l'Afrique de l'ouest. Elle a vu le jour en décembre 2002.

par exemple, pays de fort peuplement blanc, les bourses fonctionnent
depuis l'indépendance, environ quarante ans. Elles avaient été conçues
comme des outils d'«indigénisation»des sociétés à capitaux étrangers plus
que comme des outils de développement de secteur privé, aptes à canaliser
l'épargne locale et étrangère. Au Botswana, au Ghana, en Namibie et
Zambie, les Bourses ont ouvert leurs portes à la fin des années 1980 ou au
début des années 1990. Si nous tenons compte du manque de fiabilité et
de transparence dans ces types de marchés lié à leur fonctionnement, il
apparaît nécessaire de nous interroger sur leur efficience, car dans nos
pays, les investisseurs étrangers se plaignent souvent des lourdeurs
administratives et une absence d'information sur les opportunités d'affaires.
Les marchés boursiers en Afrique au sud du Sahara, sont jeunes et
possèdent les caractéristiques des marchés pré-émergents. Ils ont été
construits suite aux programmes de libéralisation financière et aux
privatisations massives du début des années 1990. Les marchés émergents
sont hétérogènes. Suivant les pays, les variations dans le nombre de
compagnies cotées, le nombre de nouvelles cotations par la capitalisation du
marché et les valeurs échangées sont considérables. Ces différences reflètent
les caractéristiques communes. Il s'agit souvent des marchés risqués, d'une
part à cause de la volatilité importante des cours et d'autre part à cause de la
moindre fiabilité des informations et du manque de transparence. L'excès de
volatilité (souvent compensé par un supplément de rentabilité) provient
généralement de l'insuffisance de liquidité et de faible capitalisation du
marché. En effet, les échanges concernent souvent quelques titres et seules
quelques sociétés dominent le marché. Par ailleurs, les marchés émergents
sont soumis à des contraintes réglementaires plus importantes que leurs
homologues des pays développés et très peu de sociétés étrangères y sont
cotées. Ils sont donc peu ouverts et mal intégrés au niveau international. Or
pour que de tels marchés boursiers puissent attirer le maximum
d'investisseurs possibles et compte tenu de leur étroitesse tant par l'effectif
des sociétés cotées et des investisseurs qui s'y intéressent que par le volume
de transactions, ces marchés doivent être organisés de façon à maximiser leur
efficience afin de limiter les asymétries d'information et les risques de sélection
adverse pouvant nuire à leur bon fonctionnement et assurer ainsi leur

crédibilité vis à vis des investisseurs internationaux. Au regard de nombreuses anomalies auxquelles sont confrontés les marchés émergents d'Afrique, la présence d'initiés sur de tels marchés aurait sans doute un impact sur le contenu informationnel des cours cotés, ce qui réduirait ainsi l'efficience informationnelle.

La littérature sur l'efficience forte des marchés financiers contrairement à l'efficience faible et semi-forte, est assez limitée. Elle est basée principalement sur les informations que détiennent les initiés sur un tel marché (efficient sous la forme forte), les cours des titres doivent refléter rapidement et correctement les informations privilégiées détenues par les initiés. Ces derniers sont représentés en général par les investisseurs qui, soit ils détiennent un certain pourcentage des titres d'une société, soit ils font partie de la direction. Or en matière d'asymétrie d'information, la littérature théorique prévoit que la réalisation des opérations d'initiés a pour conséquence l'augmentation du degré de sélection adverse sur les marchés qui devrait se traduire par un élargissement de la fourchette de prix.

Les délits d'initiés sont considérés dans la plupart des pays comme une infraction entraînant une atteinte au bon fonctionnement du marché ; ils remettent en cause le principe d'égalité entre les investisseurs vis à vis de l'information même si l'utilisation de cette information privilégiée sera rendue publique plus tard. En plus, ces investisseurs privilégiés peuvent réaliser des rentabilités supérieures à celles attendues pour le risque encouru.

Il apparaît alors légitime de s'interroger sur le problème de la qualité des marchés boursiers émergents (efficience, liquidité, automatisation, information, système de règlement- livraison ...), les problèmes d'asymétrie d'information et de risque de sélection adverse, des obstacles liés au développement des marchés boursiers en Afrique sub-saharienne et des problèmes de financement des entreprises Africaines.

Si on estime que la création des marchés boursiers en Afrique peut à travers les actions et les obligations qui seront émises favoriser la mobilisation de l'épargne intérieure et extérieure nécessaires au financement des activités, il y a lieu de s'interroger si ces pays ne

gagneraient pas en prenant des initiatives de mettre en place des marchés sous-régionaux comme cela a été le cas en Afrique de l'ouest.

Or, c'est à ce niveau que notre problématique prend véritablement corps avec un certain nombre de questions fondamentales dont les réponses restent à trouver. Il s'agit dans ce travail de recherche de répondre principalement à la question suivante :

Le marché boursier est-il un moyen « efficient » de collecter les capitaux pour les entreprises Africaines ? Cela suppose-t-il que :

· Les moyens de financement des entreprises Africaines sont-ils efficaces ?

· La finance directe peut se substituer à la finance indirecte en raison d'un système bancaire imparfait ?

La principale question posée et le corpus d'hypothèses attachés engendrent d'autres questions qui méritent d'être examinées.

· Pourquoi la création des marchés boursiers en Afrique ?

· Un marché boursier indépendant pour chaque pays d'Afrique est-il une solution viable ?

· Les Bourses Africaines peuvent-elles se développer ?

· Les opérations d'initiés ont-elles un impact sur l'efficience informationnelle ?

· Quelles sont les conséquences de telles opérations sur la liquidité des marchés boursiers ?

Afin d'apporter quelques éléments de réponse à ces questions, nous envisageons d'élaborer la principale recherche en proposant un état de l'art sur un certain nombre de concepts théoriques : marchés émergents, efficience, asymétrie d'information, risque de sélection adverse, liquidité, information, sources de financements, initié.

En mettant le problème des marchés émergents africains au coeur de ce travail, nous avons voulu remplir un vide ; car peu d'études à notre connaissance ont été consacrées à la question.

La présente étude se divise en deux parties. La première examine les conditions de création des marchés boursiers en Afrique tout en donnant les raisons qui ont conduit à leur prolifération ces dernières années. Elle aborde

également la question de financement des marchés boursiers émergents d'Afrique.

La seconde partie quant à elle est consacrée d'abord à l'organisation des marchés boursiers en Afrique puis à la problématique posée par l'efficience et la liquidité des marchés boursiers

Première partie : L'EMERGENCE DES MARCHES BOURSIERS.

 

Chapitre1. LES FACTEURS DE CREATION DES MARCHES
BOURSIERS.

Au cours de la dernière décennie, de nouvelles places boursières ont fait leur apparition en Afrique d'une manière générale et plus particulièrement en Afrique sub-saharienne.

L'objectif poursuivi dans ce chapitre est de présenter les raisons qui ont conduit à cette abondante création de marchés boursiers ce, malgré la panoplie d'obstacles auxquels ils sont confrontés (manque de liquidité, faible capitalisation boursière, importante volatilité des cours etc.). Face à tous ces handicaps, les pays Africains continuent de créer des marchés boursiers nationaux et indépendants pour chaque pays alors qu'ils gagneraient en prenant des initiatives de mettre en place des Bourses régionales.

Dans la première section de ce chapitre, nous tentons de définir le concept de BVME (1), ensuite nous identifions les BVME par leurs principales caractéristiques (2) et, examinons les principales phases de développement des marchés boursiers émergents (3) ; Enfin nous nous intéressons aux principaux facteurs qui permettent le développement des marchés boursiers émergents (4). La deuxième section est consacrée à la création des marchés boursiers en Afrique. En gros, le chapitre 1 essaie de fournir des éléments de réponses aux questions suivantes : les Bourses Africaines peuvent-elles se développer ? Cette question trouve des éléments de réponse aux facteurs de développement des marchés boursiers émergents (section 1) ; pourquoi la création des marchés boursiers en Afrique ? les éléments de réponse sont examinés à travers les facteurs de création des marchés boursiers (section 2) ; toutefois, nous essayons d'expliquer les obstacles liés au développements des marchés boursiers émergents en Afrique sub-saharienne (2) . Enfin, nous tentons de donner une réponse à la question de savoir si un marché boursier indépendant pour chaque pays d'Afrique est une solution viable (section 2).

Section 1. Définitions et caractérisation des marchés boursiers émergents.

Dans cette section, nous définissons tout d'abord les BVME (1), ensuite les caractéristiques des BVME sont examinées (2), les principales phases de développement des marchés boursiers émergents sont étudiées (3) et, enfin nous analysons les facteurs de développement des marchés boursiers émergents (4)

1. La notion de « Bourses des Valeurs Mobilières émergentes » (BVME).

Le qualificatif « émergent » évoque l'idée d'une économie en phase de démarrage et qui présente un potentiel de croissance et des opportunités de profit plus importantes que celles offertes par les marchés développés. Le concept d'émergence ne concerne pas uniquement un marché ou une place financière, il concerne aussi un pays tout entier. Nous pouvons même imaginer des situations dans lesquelles un marché financier connaît une évolution importante dans une économie en croissance très faible et, inversement un marché financier en retard par rapport à l'évolution de l'économie. En ce qui concerne l'émergence des marchés financiers, il n'existe aucune définition universellement reconnue. Les nombreuses tentatives restent simplement des classifications conventionnelles. Au départ, le concept de marché émergent a été employé pour les nouveaux pays industrialisés d'Asie tels que la Thaïlande ou la Corée du sud, et pour certains pays d'Amérique Latine comme le Mexique ou le Brésil. Ces nouveaux marchés qui considèrent l'affichage des prix de marché comme le moyen de favoriser la concentration du capital local et d'attirer les capitaux internationaux, notamment ceux des institutionnels, ont libéralisé les mouvements de capitaux et pris certaines mesures pour développer l'intermédiation financière à travers l'émission de titres financiers négociables. Aujourd'hui, le concept s'applique à plusieurs marchés financiers de l'Est (la Pologne, la République Tchèque...) et du sud méditerranéen (Turquie, Israël, Maroc...).

La notion de BVME diffère selon les auteurs, les institutions et surtout selon la finalité poursuivie ; d'où la nécessité de retenir une définition comme base de référence pour la description de ces bourses. Il existe plusieurs définitions des BVME dont les principales sont celles des investisseurs et celles de la Société Financière Internationale (SFI). En effet, pour les investisseurs, une BVME est un marché boursier accessible, qui a entamé un processus de croissance et de modernisation, le rendant susceptible d'intéresser les investisseurs, [Tchemeni, 1997]. Tandis que selon la SFI, toutes les Bourses dans les pays en développement seraient des marchés boursiers émergents, [Bittner, 1999]. La première définition est restrictive en ce sens qu'elle ne tient pas compte de toutes les bourses embryonnaires et inaccessibles aux investisseurs étrangers. En revanche, la seconde définition est aussi vaste que la notion de pays en développement. C'est pourquoi, la SFI opère une classification qui permet de distinguer quatre (4) types de BVME. Le premier type regroupe les bourses localisées dans les économies en transformation. Les bourses sont alors considérées comme indispensables dans le passage d'une économie de plan à une économie de marché. On peut citer en exemple : la Russie, la Hongrie, la Pologne et la Tanzanie.

Le second type de BVME est celui des bourses qui sont dans une phase de création ou de consolidation. C'est le cas de l'Ouganda, de la Zambie ou du Malawi. Les places financières, du Botswana, du Ghana, de la Namibie ou de l'Ile Maurice, sont qualifiées par la SFI de marchés frontières.

Le troisième type est celui des marchés ré-émergents : ces bourses existaient depuis longtemps, mais elles ont commencé à s'affirmer depuis quelques années. Ce sont les exemples de l'Argentine (1872), l'Inde (1887) ou Egypte (1910).

Le quatrième type est celui des pays en développement qui sont très actives depuis quelques décennies, mais qui ont été le théâtre de chutes de cours. Ce sont les cas du Brésil, de Taiwan, ou d'Afrique du Sud. Ces bourses occupent des places de choix dans le paysage boursier mondial (importante liquidité, technologie de pointe, négociation de produits dérivés, contrats à terme etc.).

La proposition de classification faite par la SFI permet de pallier la généralité de la définition de BVME et inscrit ces marchés boursiers dans une logique dynamique. Ainsi un marché embryonnaire comme la BRVM de l'Afrique

de l'Ouest encore au stade de consolidation, peut être considéré comme une BVME. Le choix d'une définition des BVME permet de s'accorder sur la compréhension de l'objet de ces marchés boursiers sans pleinement renseigner sur la réalité couverte. Il s'agit maintenant de procéder à une présentation des caractéristiques des marchés boursiers émergents en mettant particulièrement en exergue les BVME en Afrique au Sud du Sahara.

2. Eléments d'identification des Bourses de Valeurs Mobilières
émergentes.

Les marchés qualifiés d'émergents par la société financière internationale (SFI) et par d'autres banques internationales comme Citibank, Merrill Lynch et Morgan Stanley répondent à plusieurs critères de taille, d'activité et d'organisation. Toutefois des caractéristiques communes peuvent être soulevées sur la majorité des bourses émergentes comme :

· Des lacunes dans le fonctionnement et dans la réglementation ;

· Une taille limitée ;

· Une insuffisance de liquidité ;

· Une forte volatilité des cours ;

· Des taux de rentabilité plus élevés que ceux des pays développés ;

· Un « Price Earning Ratio » PER4 élevé;

· Une part importante des dix (10) premières entreprises dans la

capitalisation ;

· Une corrélation entre les rentabilités des titres et celles du marché très

faible ;

· Un attrait pour les investisseurs nationaux et internationaux.

En ce qui concerne les Bourses émergentes d'Afrique au sud du Sahara, elles totalisaient à fin décembre 1998 une capitalisation boursière de 165 milliards de dollars US dont plus de 80% étaient réunis par la Bourse de la République Sud Africaine, [Leslie, 1999]. En effet, la Johannesburg Stock Exchange (JSE) se distingue remarquablement des autres places du continent par la négociation de valeurs mobilières autres que les actions et les obligations. Elle est également une des rares places africaines qui accueille facilement des investisseurs étrangers. Par rapport aux caractéristiques spécifiques des BVME

4 Le PER est le rapport entre le cours boursier d'une entreprise et son bénéfice. Il reflète la croissance des bénéfices espérée par la bourse.

au Sud du Sahara, la JSE n'apparaît pas comme un bon exemple. De ce fait les caractéristiques suivantes (tableau 1.3) sont celles des autres places boursières en Afrique au sud du Sahara..

Le tableau 1.3 (page suivante) montre quatre (4) principales caractéristiques des BVME au Sud du Sahara qui sont des obstacles à leur développement. Aux caractéristiques précédentes, il faut ajouter d'autres traits tels que : les coûts élevés de l'information, les forts taux de taxation et l'absence d'instruments de couverture, etc. En dépit de ce portrait peu attirant des BVME, il faut cependant noter que certaines d'entre elles se hissent souvent parmi les meilleures places boursières avec d'exceptionnels rendements. En effet, cela a été le cas de la Ghana Stock Exchange qui a connu en 1998 la deuxième plus forte hausse de son indice (plus de 70% de l'indice).

En réponse aux nombreuses difficultés rencontrées par les bourses précédemment décrites, de nombreuses propositions mettent l'accent sur la nécessité d'intégration des économies et des bourses sub-sahariennes.

Tableau 1.3 : Caractéristiques des BVM en Afrique au sud du Sahara

Caractéristiques

 

Causes (non exhaustives)

Absence de liquidité

 


·

·

Faiblesse des transactions Taille réduite des marchés

Volatilité de cours

 


·

La faible diversification des

branches : secteurs miniers,
brasseries, agro-business

 
 


·

L'instabilité politique

 
 


·

L'insuffisance informationnelle :

 
 
 

manque de systèmes fiables et
efficaces de règlement et de

livraison, manque de

technologies et de
qualification...

Indépendance vis-à-vis des

bourses

autres


·

Absence de corrélation avec les autres bourses

Absence d'investisseurs étrangers


·

Contraintes réglementaires :

 
 
 

faiblesse des conventions de

protection des investissements et des épargnants

 
 


·

Mauvaise organisation générale de l'économie

 

Source : Par nos soins à partir de Bittner [1999] et Leslie [1999]

L'utilisation de technologies modernes de l'information, l'assainissement du cadre réglementaire et le développement des compétences sont aussi proposés pour améliorer la situation [Bittner, 1999]. Tout marché boursier suit une certaine évolution liée à son développement avant d'atteindre sa maturité. Ainsi, Azour [1997], présente les phases de développement des marchés boursiers émergents.

3. Les principales phases de développement des marchés boursiers
émergents.

L'émergence des marchés financiers est un des faits les plus marquants de cette dernière décennie, d'autant plus que les marchés émergents ont réalisé des performances supérieures à celles des marchés développés. Néanmoins, malgré leurs avantages potentiels, ces marchés naissants sont beaucoup plus risqués que les marchés financiers des pays développés, comme en témoignent les dernières crises Asiatiques et Russes.

Le développement des marchés boursiers des pays en développement représente une des modifications les plus importantes de l'environnement financier international. La nécessité pour ces pays de limiter le recours à l'endettement, le recours à de vastes programmes de privatisations, le développement d'une épargne domestique et l'entrée dans la mondialisation ont été les facteurs principaux de cette transformation.

Le décollage de ces marchés est le résultat de leur puissant retour à l'accès au financement par les marchés internationaux. Ils ont attiré l'attention des professionnels et des investisseurs en prenant une part grandissante dans le monde de la gestion des fonds d'investissements. Ils offrent de nouvelles possibilités de diversification aux investisseurs internationaux dans l'allocation de leurs actifs. Et c'est le couple traditionnel « rentabilité-risque » qui est à l'origine de cette nouvelle diversification financière internationale. Ainsi, les pays en développement qualifiés par la communauté internationale comme des pays émergents ont « payé » par des rentabilités extrêmement élevées l'attrait des investisseurs et leur intégration financière.

Même si chaque marché financier émergent évolue à son propre rythme, les ressemblances qui découlent de ces évolutions permettent néanmoins de distinguer quatre phases par lesquelles, selon Azour5 (1997), ces marchés semblent tous passer avant d'atteindre la phase de maturité et de stabilité.

La première phase est celle qui rend le marché boursier comme l'un des moyens
de financement de la croissance économique du pays. Les marchés des valeurs
mobilières apparaissent seulement lorsqu'un pays atteint un certain degré de

5 Azour J.B. (1997) « Marchés boursiers des pays émergents : une grande diversité dans le développement », Revue Banque n° 582, Juin.

stabilité économique et politique puisque c'est à ce moment que les investisseurs deviennent confiants dans le rôle des marchés. Le choix de ce mécanisme d'investissement au détriment des dépôts bancaires traditionnels et des obligations du trésor à court terme reste assez limité à cause de la petite taille et du volume réalisé sur ces marchés.

La deuxième phase est caractérisée par une libéralisation du système financier et par une certaine crédibilité vis-à-vis de ces marchés. Lors de cette phase active et volatile, le marché des valeurs mobilières améliore sa réglementation et modernise son organisation afin d'attirer les investisseurs potentiels, et de faire face à l'augmentation du volume des titres traités. Dans cette phase, il existe toujours des facteurs qui limitent l'intérêt des investisseurs tels que l'étroitesse du marché et la persistance de contraintes réglementaires inadaptées.

La troisième phase est celle de l'expansion c'est-à-dire la phase où le marché offre des rentabilités stables et surtout moins volatiles. Lors de cette phase, certains marchés voient l'apparition de mécanismes de transfert des risques, favorisant ainsi la création d'instruments de couverture des risques en capital et en change, tels que les contrats à terme et les actifs conditionnels.

La dernière phase est celle où les marchés deviennent matures, fonctionnant dans les mêmes conditions que les marchés développés avec un cadre réglementaire et institutionnel satisfaisant. A ce stade de développement, la capitalisation boursière des marchés émergents dépasse parfois celle des pays riches, et cela grâce à un très grand nombre de sociétés cotées, une activité assez élevée et une liquidité très satisfaisante.

Les stades de développement des marchés boursiers des pays émergents. > Premier niveau (cas de la Pologne, Hongrie, Maroc...)

o Nombre limité de sociétés cotées

o Faible capitalisation boursière

o Grande concentration du marché

o Volatilité assez élevée

o Cadre réglementaire et institutionnels élémentaires.

> Deuxième niveau (cas du Brésil, Chine, Chili...)

o Niveau de liquidité convenable

o Grande variété de sociétés cotées

o Présence d'investisseurs internationaux

o Taille des marchés réduite par rapport à l'économie locale.

Troisième niveau (cas de la Malaisie, de Thaïlande, Indonésie...) o Rentabilités stables

o Volatilité plus faible

o Capitalisation boursière en forte expansion

o Mécanismes de transfert de risques et de couverture adéquats. Quatrième niveau (cas de Hongkong, Corée du sud, Singapour...)

o Marchés matures avec liquidité suffisante

o Activité assez forte

o Prime de risque convergent vers les niveaux de l'économie locale.

Source : Azour J.B., 1997

4. Facteurs de développement des marchés boursiers émergents.

Dans de nombreux pays en développement, les marchés financiers n'ont pas encore atteint le stade de la maturité. Les interventions de l'Etat sur les marchés de capitaux, les restrictions aux transactions courantes ou en capital et la répression financière sont des facteurs qui limitent le développement des marchés financiers dans ces pays. En outre, la détention par l'Etat d'une grande

partie du capital des entreprises limite la progression de la capitalisation boursière et le développement des marchés d'actions.

Dans cette sous-section, nous nous intéressons aux principaux facteurs qui permettent de développer les marchés financiers des pays en développement. Parmi ces derniers figure la stabilisation des fondamentaux économiques qui doit être accompagnée de réformes structurelles pour libéraliser l'économie. Ces réformes consistent en la dérégulation des marchés internes (taux d'intérêts, prix, ...) avec une politique d'ouverture sur les marchés extérieurs (libéralisation du commerce extérieur et des mouvements de capitaux). Les programmes de privatisations font aussi partie des réformes nécessaires puisqu'ils permettent d'augmenter le nombre d'entreprises qui peuvent s'adresser au marché boursier. Les interventions de l'Etat, les restrictions aux transactions courantes qui limitent le développement des marchés boursiers vont céder place à d'autres facteurs aussi importants parmi lesquels le changement de politique économique sous l'égide des institutions internationales.

4.1. Le changement de politique économique.

A la fin de la crise de la dette qui a frappé plusieurs économies des pays en développement, des efforts importants ont été entrepris en vue de stimuler l'épargne interne et d'accroître aussi bien les investissements que les exportations. L'objectif est tout simplement de rétablir les équilibres internes et externes, ainsi que de mettre en place les bases d'une croissance économique saine et équilibrée. De ce fait, les politiques économiques adoptées par ces pays endettés étaient fondées sur une démarche permettant principalement le financement des secteurs productifs, la restructuration des entreprises industrielles et le relèvement des taux d'intérêts sur les dépôts pour encourager l'épargne. La solidité du système financier exige un contexte macro-économique stable, un secteur privé dynamique et un cadre juridique favorisant une bonne gestion des institutions financières. Ainsi, la mise en place d'un système financier solide n'est possible que si les principaux agrégats de l'économie évoluent à un rythme stable et régulier. La stabilisation macro-économique est

considérée comme une condition préalable majeure au développement du système financier en général.

Le changement de politique économique des autorités publiques, sous l'égide des institutions financières internationales, est considéré comme l'un des facteurs les plus importants qui favorisent l'émergence des marchés financiers dans les PVD. Ces pays ont adopté des programmes de stabilisation macroéconomique et d'ajustement structurel le plus souvent établis par des organismes comme le FMI et/ou la banque mondiale. Ces politiques économiques consistent généralement à améliorer les fondamentaux économiques soit par une politique monétaire afin de maîtriser l'inflation, les taux de change et d'éviter les dévaluations compétitives qui déprécient les avoirs des investisseurs étrangers détenus en monnaie locale, soit par une politique budgétaire qui permet de réduire le déficit de l'Etat d'où la nécessité de procéder à la libéralisation du système financier.

4.2. La libéralisation du système financier.

Les systèmes financiers dans les pays en développement peuvent être regroupés en deux principaux types. D'abord, les systèmes financiers dit « réglementés » dans lesquels la détermination des taux d'intérêts est fixe et établie de manière réglementaire. Dans ce cas, le gouvernement est de type interventionniste et contrôle les banques par une forte réglementation. En suite, les systèmes financiers dits « libéralisés » dans lesquels les institutions financières disposent d'une plus grande marge de manoeuvre et sont en concurrence avec les autres marchés financiers. Dans ce genre de système, les taux d'intérêts sont variables et librement déterminés par les forces de marché.

La plupart des pays en développement sont caractérisés par des systèmes financiers qui ne sont pas totalement libéralisés. Et c'est surtout en matière de libéralisation externe que beaucoup de choses restent à faire. Il existe encore beaucoup de barrières institutionnelles qui limitent les possibilités d'investissement comme les règles régissant le rapatriement en devises des bénéfices et des capitaux par les étrangers, les règles régissant le degré de participation des étrangers sur le marché et les règles formelles ou informelles à

l'égard de la propriété étrangère des sociétés. La libéralisation externe consiste à réduire le contrôle sur le transfert des bénéfices et des capitaux, à permettre aux étrangers d'offrir des services financiers concurrençant les établissements locaux (banques, assurances...) et à donner la liberté aux étrangers d'investir dans le marché financier tout en assurant une liberté totale de conversion. Cette libéralisation doit être accompagnée d'une fiscalité boursière souple et bien sûr d'une libéralisation interne pour laisser le taux d'intérêt fluctuer librement selon l'offre de la monnaie.

La libéralisation des marchés de capitaux permet d'accroître la capacité de financement d'un pays lorsque l'épargne domestique est insuffisante. En effet,la diversification des sources de financement contribuent à améliorer la sécurité des projets d'investissements puisque l'existence des marchés de capitaux permet une meilleure allocation des ressources. Cette allocation est basée sur la combinaison et la concurrence des systèmes de financement intermédiés et désintermédiés.

Cependant, l'afflux de capitaux peut devenir une source de fragilité de l'économie réelle. Cela dépendra notamment du degré de dépendance aux capitaux étrangers et de la structure de ces derniers, mais aussi des conditions de mise en oeuvre de la libéralisation financière (réformes financières et fiscales, choix des mesures de contrôle, etc.).

L'afflux de capitaux dans les pays émergents peut donc poser le problème de leur gestion. C'est la raison pour laquelle l'ouverture précipitée des marchés financiers aux capitaux extérieurs peut entraîner d'énormes conséquences. Pour ce faire, il faut voir si la structure des marchés financiers est capable d'absorber des capitaux privés étrangers. Gérard Marie Henry6 (1998) explique comment l'accroissement des fonds étrangers peut créer l'effondrement du système financier d'un pays en développement :

Si les banques proposent les dépôts en monnaie étrangère pour protéger les investisseurs des pertes résultant des fluctuations des taux de change, mais que dans leurs bilans elles enregistrent leurs prêts en monnaie locale, ce sont elles qui en définitive supportent le risque de change.

6 Gérard Marie Henry (1998) « Les marchés financiers »,Paris, Synthèse, Armand Colin.

Si les prêts issus de capitaux étrangers vont principalement à des personnalités bien connues (crédits privilégiés), l'accroissement des ressources des banques ne peut que conduire à la détérioration de l'allocation des ressources et à l'augmentation du risque.

Si les entreprises et les banques n'ont pas formé leur personnel à mesurer correctement les risques de l'accroissement de leurs placements, la qualité de leurs portefeuilles d'actifs se verra réduite.

Si les marchés financiers des pays en développement proposent des taux de rentabilités très élevés, les investisseurs étrangers n'hésiteront pas à profiter au maximum de cette situation et à retirer leurs fonds et à n'importe quel moment.

L'assainissement à effectuer après une telle crise financière est particulièrement difficile pour les pays en développement en l'occurrence les pays d'Afrique puisque leurs budgets publics sont déjà déséquilibrés et que les petites entreprises qui réalisent l'essentiel de la production et de l'emploi n'ont accès qu'au crédit bancaire comme source de financement. Les entrées massives de capitaux peuvent aussi provoquer une augmentation excessive de la demande globale et avoir ainsi des répercussions négatives sur le secteur financier en général. Cette augmentation de la demande peut se traduire par des pressions inflationnistes, une appréciation du taux de change réel et une détérioration des déficits des transactions courantes.

Les autorités des pays en développement ne doivent donc pas précipiter l'ouverture de leurs marchés aux capitaux extérieurs. Ils doivent privilégier une déréglementation progressive, rationnelle et sélective puisqu'une entrée massive de capitaux étrangers sur ces marchés peut avoir des conséquences néfastes entraînant même l'effondrement de leurs systèmes bancaires et financiers. Les programmes d'ajustement structurel sous l'impulsion des institutions internationales permettent d'assure le développement des marchés boursiers des pays en développement d'où la nécessité de mettre en place des programmes de privatisation.

4.3. Les programmes de privatisation.

La vague actuelle de privatisation7 dans les pays en développement est la conséquence du manque de performance des entreprises publiques. En effet, la majorité des entreprises publiques8 ont subi de lourdes pertes financières entraînant pour l'Etat des déficits budgétaires importants. La recherche de l'efficacité de ces entreprises est subordonnée à la redynamisation de l'économie et de l'intégration dans l'économie internationale, à la promotion de l'investissement, à la hausse de leur compétitivité, à la réduction du déficit des finances publiques et à la redistribution des revenus.

Les programmes de privatisation peuvent avoir plusieurs retombées sur les économies des pays en développement notamment les pays d'Afrique. Ils permettent d'abord une réduction du poids de l'Etat dans l'économie en le libérant de l'obligation de soutien aux entreprises déficitaires et en lui fournissant à court terme des ressources financières, et ensuite de réaliser le transfert des entreprises publiques au secteur privé afin d'améliorer leur gestion et leur compétitivité.

La privatisation permet donc de réduire l'intervention directe des organismes étatiques dans le processus de la production, de diversifier le droit de propriété et d'introduire de nouvelles techniques de gestion des entreprises. Les ressources de l'Etat cessent d'être l'unique source de financement des entreprises et on voit se développer progressivement le sens de la propriété privée, de la libre entreprise et de la concurrence.

Le transfert de la propriété des entreprises issues de la planification vers le secteur privé est l'une des conditions principales de la mise en place d'une économie de marché. Ainsi, le développement du moment de privatisation conduit généralement au développement d'un marché boursier. Ce dernier constitue un support primordial pour la réalisation de certains objectifs assignés aux programmes de privatisation, principalement la diffusion la plus large possible des actions des entreprises privatisables.

7 La privatisation est le transfert total ou partiel d'activités relevant du secteur public au secteur privé.

8 Les entreprises publiques ont été créées pour investir principalement dans les secteurs stratégiques de l'économie.

Il existe une forte interaction entre la réussite des programmes de privatisation et la dynamisation des marchés boursiers. En effet, la privatisation permet de dynamiser le marché boursier. Ce dernier peut être considéré comme un canal, soit pour la mobilisation de l'épargne, soit pour l'attrait de capitaux extérieurs sous des formes non génératrices de dettes.

De ce fait, les programmes de privatisation sont très important pour le développement des structures financières efficaces et d'un marché boursier capable de remplir son rôle principal c'est-à-dire l'évaluation des entreprises en fonction de la demande et de l'offre de titres financiers. Les pays en développement en l'occurrence les pays en Afrique sub-saharienne qui veulent encourager l'essor de leurs marchés boursiers doivent impérativement favoriser les politiques de privatisation en vue de transférer l'épargne placée en obligation vers le marché des actions. Si la privatisation est considérée comme un facteur nécessaire au développement des Bourses des PVD, il y a tout de même lieu de s'interroger sur l'importante création des marchés boursiers en Afrique ces dernières années.

Section 2. Création des marchés boursiers en Afrique.

Cette section met en perspectives les raisons qui ont conduit à une floraison des marchés boursiers en Afrique ces dernières années. Nous tentons aussi de fournir quelques éléments de réponses à la question de savoir si un marché boursier indépendant pour chaque pays d'Afrique est une solution viable.

1. Les mobiles de la création des marchés boursiers émergents.

La création des marchés boursiers ces dernières années est toutefois loin d'être un phénomène de mode car elle émane de différentes demandes : d'une part des Etats et des collectivités qui voient dans la création des marchés boursiers un moyen efficient de mobilisation et d'allocation de l'épargne et ; d'autre part des entreprises et des opérateurs économiques qui voient dans ces nouvelles places boursières un moyen de financement et de placement en adéquation avec des besoins jusque là non satisfaits. De toute évidence les

enjeux économiques qui sous-tendent la création des marchés boursiers sont réels et pertinents. La littérature économique et des sciences de gestion y répond par un regain d'intérêt pour le débat sur le rôle des banques et des marchés financiers dans la croissance économique; plus précisément de l'opposition entre les banques et les marchés boursiers. Afin de ramener le débat académique « sur terre », nombre d' auteurs ont cherché à savoir comment aider ces institutions à satisfaire pleinement à leurs objectifs, car les banques et les bourses fournissent des services financiers importants et non opposés [Demirguc-Kunt et Levine (1996) ; Levine (1996)]. Ainsi La Porta, Lopez-de-Silanes, Shleifer et Vishny [1997] ont oeuvré dans ce sens en faisant ressortir l'importance de l'environnement légal relatif à la protection des investisseurs pour le développement des marchés boursiers. Par ailleurs, d'autres auteurs ont mis en évidence l'importance de l'environnement socioculturel dans le développement des bourses [Beck, Levine et Loayza, 2000. Garretsen et Sterken, 2000].

Les raisons qui ont conduit ces dernières années à une floraison des marchés boursiers dans le monde et plus particulièrement en Afrique au Sud du Sahara sont pertinentes, nous allons maintenant expliquer la création de ces marchés par un certain nombre de faits qui ont aussi servi de motifs à la création de plusieurs marchés boursiers émergents (MBE). Il s'agit de facteurs économiques (niveau du revenu national et niveau de l'épargne), de facteurs institutionnels (option libérale et de marché) et de l'inadéquation du système financier existant [Tchemeni, 1997 ; Grimbert, Mordacq et Tchemeni, 1995]. Nous montrons successivement comment ces trois facteurs peuvent favoriser la création d'un marché boursier.

1.1. La croissance économique.

La croissance économique a pour conséquence une augmentation du niveau de revenu national. En réponse à cette augmentation du revenu, la consommation croît d'une valeur inférieure à l'accroissement du revenu [Keynes, 1936]. Ainsi, la proportion du revenu qui n'est pas consommé constitue une offre nette d'épargne domestique à la recherche de rentabilité.

Parallèlement, l'augmentation de la consommation et l'existence d'un potentiel de croissance (cas des pays émergents) ont pour conséquence l'accroissement des besoins en fonds pour faire face à l'augmentation induite de la production.

Les agents disposant d'une épargne et les agents en quête de fonds vont tous se tourner vers le système financier. Les uns pour y placer leur épargne et les autres pour y lever des fonds.

1.2. Les nouvelles options de politiques économiques.

Les nouvelles orientations économiques participent d'une logique : celle de l'adoption d'un système d'économie libérale. Il s'agit pour l'Etat de se désengager de l'activité économique, de mettre en place des mécanismes qui assurent le jeu de l'offre et de la demande, qui encouragent et facilitent l'initiative privée et qui garantissent les droits de propriété. Le désengagement de l'Etat du secteur économique pose d'une part, le problème de la transparence de la rétrocession de ses participations économiques et d'autre part entraîne une suppression de ses concours (capitaux de participation ou subventions) dans les unités (entreprises). Deux interrogations majeures naissent de cette nouvelle donne, à savoir : premièrement comment l'Etat peut vendre ses participations en y associant le maximum d'agents économiques, puisque la nouvelle option vise à encourager le développement de l'initiative privée (culture d'entreprise) ? deuxièmement comment pallier les suppressions des concours (capitaux de participation ou subventions) de l'Etat dans les unités économiques où il intervenait ? La réponse à ces interrogations trouve une réponse dans la structure du système financier. En effet pour vendre au plus grand nombre et permettre aux unités économiques anciennement financées d'avoir accès aux capitaux, seul le marché financier offre la solution la plus appropriée.

Le système financier existant permet-il aux Etats de mettre en oeuvre cette solution ? afin d'apporter quelques éléments de réponse à cette question, il nous apparaît nécessaire de présenter l'inadéquation du système financier.

1.3. L'inadéquation du système financier.

Le système financier dans lequel sont nés les MBE ces dernières années reposait sur les banques (banques de développement, banques commerciales, banques de dépôts). Les banques interviennent dans l'activité économique en collectant l'épargne des agents à capacité de financement (qui en retour reçoivent un intérêt) pour le placer sous forme de prêts auprès des agents à besoin de financement (qui supportent un intérêt qui est le coût du capital reçu).

La crise de la dette des années 1980 (qui a d'abord été une crise de liquidité avant d'être une crise de solvabilité) a eu pour conséquence une forte réduction du montant des prêts (concours bancaires) et surtout une remise en cause de la cohérence du système financier. Désormais les prêts bancaires ne se limitent qu'aux crédits commerciaux et aux prêts multilatéraux pour le financement des projets d'infrastructures (routes, retenues d'eau, écoles, dispensaires et hôpitaux etc.). Alors que dans le même temps les banques commerciales qui constituent l'ossature du système financier sont en sur-liquidité et baissent les taux d'intérêt sur l'épargne. Or la croissance économique a suscité l'émergence d'une offre nette d'épargne qui ne peut pas trouver dans un tel système financier une rémunération attrayante. De plus les besoins de fonds, qui résultent d'une part de la croissance économique et d'autre part de l'option libérale adoptée, accentuent le problème de financement de l'économie en général et celui des entreprises en particulier. Enfin un système financier bancaire ne peut soutenir durablement l'organisation des rétrocessions des participations étatiques en assurant une liquidité aux valeurs mobilières qui peuvent être émises pour toucher un large public.

Dans ce contexte d'inadéquation du système financier, la diversification des sources de financement et de placement d'épargne apparaît comme une nécessité. Cette nécessité est exécutable dans le cadre de Bourses de valeurs mobilières(BVM), d'autant plus que les privatisations qui drainent d'importantes sommes (plus de 23 milliards de dollars en 1992 [Plane, 1996]) assureront vraisemblablement un accroissement de la capitalisation et de la liquidité boursière.

La croissance économique, les nouvelles options de politique économique et l'inadéquation du système financier sont les faits qui ont généralement précédé la création des BVM sur la dernière du siècle passé [Tchemeni (1997), Grimbert, Mordacq et Tchemeni (1995)]. En plus des trois facteurs précédemment cités qui ont contribué à la création des marchés boursiers ces dernières années en Afrique au sud du Sahara, on note aussi les programmes d'ajustements structurels (PAS) sous l'impulsion de la Banque mondiale et du FMI. Ce sont des programmes qui visent à assainir le cadre macro-économique et à supprimer les obstacles causés par l'interférence des Etats dans les opérations de marché. Le but est de promouvoir une économie de marché régulée par le jeu de l'offre et de la demande9 ; il s'agit de la politique de taux de l'ajustement et les privatisations.

1.4. La politique de taux d'ajustement et les privatisations.

Dans cette sous-section, nous ne présentons pas de façon exhaustive les programmes d'ajustement structurel, mais nous mettons en évidence deux points qui catalysent la création d'une BVM. Ces points sont : la politique de taux et les privatisations.


· La politique de taux de l'ajustement.

La politique monétaire et financière de l'ajustement prône la levée du contrôle du taux de change et une monnaie flottante (la dévaluation du FCFA10 en 1994 s'inscrit dans ce souci), afin que les taux reflètent les conditions de l'offre et de la demande et permettent la liberté de mouvement des flux des investissements à l'intérieur et à l'extérieur des pays.

En rapport avec la politique financière du taux prôné par l'ajustement, le modèle de « répression financière » de Mc.Kinnon R.I [1988] postule que l'absence de marché boursier conduit à une prédominance du secteur bancaire. De ce fait l'intervention de l'Etat est suscitée si bien que l'on en arrive à des situations où les taux d'intérêts se forment en dessous de leur niveau d'équilibre. Une telle situation tend à décourager l'épargne, d'où réduit le montant de

9 Les questions de l'ajustement structurel sont traitées de manière exhaustive par Quarco [1990].

10 Franc CFA veut dire le Franc de la communauté Financière d'Afrique

capitaux destinés au financement. Il en résulte une situation de sous investissement qui est de nature à hypothéquer la croissance de long terme.


· Les privatisations.

Dans la logique de l'ajustement structurel, l'Etat doit se désengager de l'activité économique en rétrocédant par exemple ses participations au privé. En rappel, les privatisations :

Favorisent l'émergence d'un tissu financier local (développement des banques d'investissement et des services financiers).

Encouragent également l'investissement direct des non-résidents.

Accroissent la capitalisation et la liquidité boursière, par conséquent agissent directement sur le développement des marchés boursiers.

Initialement dominé par les entreprises industrielles, le mouvement de privatisation a gagné l'ensemble des infrastructures économiques de base [Plane, 1996]. La situation particulière des pays Africains n'échappe pas à cette logique et augure d'un potentiel important d'entreprises à privatiser. Par exemple, en fin 1996, le bilan des privatisations chiffrait le total des sociétés privatisées ou restructurées à 293 sur un total de 757 sociétés à privatiser dénombrées en 1995 [Fargeas, 1998].

D'une manière générale on note que le rythme de privatisations demeure faible compte tenu de plusieurs raisons dont la contestation liée aux bradages des entreprises ou leur rétrocession dans des conditions jugées peu transparentes. Une privatisation par le marché boursier serait en mesure de réduire la vague contestataire, car plus transparente.

Les Bourses Africaines sont très mal intégrées à l'échelle internationale et les indicateurs institutionnels et réglementaires du Zimbabwe et du Nigeria sont proches de 0.6 alors que la moyenne internationale se trouve à 1.1911. Les bourses n'inspirent donc pas confiance et les obstacles à leur développement, aussi bien du côté de l'offre, de la demande et des institutions, sont nombreux.

11 Dermirguc-Kunt A. et Levine R. (1996). Les indicateurs institutionnels et réglementaires sont calculés de telle façon qu'un niveau élevé indique une parfaite ouverture du marché des capitaux, une bonne comptabilité et transmission de l'information par les entreprises ainsi qu'une protection adéquate des investisseurs.

2. Les obstacles au développement des marchés boursiers en Afrique Sub-
saharienne.

Nous l'avons tout d'abord observé en Côte d'Ivoire avec la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières d'Afrique de l'Ouest (BRVM). Initialement prévu pour le 18 décembre 1997, le lancement effectif de la BRVM n'a pas eu lieu avant fin 1998.

Elle remplace la BVA (Bourse des valeurs d'Abidjan) de la Côte d'Ivoire et, sous la direction de la BCEAO12, elle est devenue une Bourse régionale.

La Bourse des Valeurs Mobilières de Douala (DSE) au Cameroun et la Bourse des Valeurs Mobilières de l'Afrique centrale (BVMAC) à Libreville au Gabon dont le démarrage, prévu respectivement en avril 2003 et mai 2003 n'est pas encore effectif.

La BRVM est destinée à être un marché de placement pour les opérateurs locaux et non un marché spéculatif. Pourtant, les retards successifs liés à la mise en place du système central mais aussi à l'installation des antennes nationales dans chaque pays laissent les opérateurs économiques sur leur faim et les questions sur la viabilité d'une Bourse Régionale de Valeurs Mobilières germent dans certains esprits. Ces obstacles se situent côté tant de l'offre et de la demande d'instruments financiers.

2.1. Les obstacles du côté de l'offre d'instruments financiers.

Les entreprises s'appuient sur l'autofinancement, le financement bancaire ou des emprunts divers comme ceux de la finance informelle. Les grands chefs d'entreprise ne sont pas habitués à diffuser l'information financière les concernant et préfèrent le plus souvent cultiver le secret. Les titres émis sont détenus par des individus ou des groupes fermés qui se connaissent entre eux.

D'autre part, les crédits sont souvent subventionnés ou alloués par le gouvernement et les avantages fiscaux incitent à l'endettement et non au financement des titres. De plus, la détermination arbitraire des prix auxquels un

12 BCEAO : banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

titre peut être offert sur le marché et l'omniprésence du gouvernement et qui émet des bons de trésor, constituent deux obstacles supplémentaires.

Finalement, les lourdes procédures de demande pour l'émission des titres et la mauvaise compréhension des techniques financières par les entreprises font que, le rôle du marché est très faible au niveau du financement local.

Au total, les grandes entreprises, qui sont les seules aptes à émettre des titres sur le marché financier, ne représentent qu'un très faible pourcentage de la valeur ajoutée brute des pays d'Afrique sub-saharienne puisque les petites et moyenne entreprises sont excessivement nombreuses. Par conséquent, l'offre de titres reste faible et a du mal à se développer. Il en est de même du côté de la demande.

2.2. La demande d'instruments financiers.

Le manque d'information et de transparence, l'absence de marchés secondaires assurant un degré de liquidité suffisant, les faibles performance du marché boursier sont autant d'obstacles à la demande de titres de la part des agents économiques. De plus la faiblesse du système juridique sur les contrats, la mauvaise protection des investisseurs et les contraintes de convertibilité des changes et de rapatriement des dividendes n'incitent pas les agents étrangers à placer leurs fonds en Afrique sub-saharienne.

Au total, le marché n'inspire pas confiance et souffre d'un manque de surveillance et de transparence. Leur développement paraît fortement compromis pour les années à venir étant donné les efforts institutionnels, juridiques, économiques et liés aux changements des mentalités à mettre en oeuvre.

Malgré tous ces obstacles, les pays d'Afrique sub-saharienne ne cessent de créer les bourses de valeurs mobilières nationales alors que ceux-ci gagneront en prenant des initiatives de mettre en place les BRVM.

3. Facteurs d'intégration des marchés boursiers Africains.

Dans cette sous-section, nous essayons de montrer la nécessité de mettre en place les bourses régionales au lieu de chercher à se doter d'un marché boursier pour chaque pays comme c'est le cas d'une création toute récente dans le même espace économique en Afrique centrale de deux Bourses de valeurs ( l'une au Cameroun : Douala Stock Exchange et l'autre à Libreville : BVMAC ).

En partant du principe qu'un environnement financier solide est la condition sine qua non d'un « épanouissement » du paysage boursier Africain, on peut considérer que les facteurs suivants devraient servir de leçons aux pays Africains : la régionalisation et la coopération supra régionale.

3.1. Régionalisation.

Compte tenu de l'exiguïté et de la faible liquidité des marchés nationaux de valeurs mobilières, une intégration sous forme de bourses régionales conduites de façon professionnelles apparaît inévitable. Tandis que l'Union monétaire ouest africaine a déjà fait de premiers pas concrets en ce sens avec la création de la bourse régionale d'Abidjan, une telle coopération est au moins envisagée dans la région de la SADC (communauté de développement d'Afrique Australe) ainsi que dans la nouvelle communauté Est Africaine en formation. Pour [Bittner, 1999] , une telle intégration de marchés partiels générera les expériences de succès dont on a grand besoin sur le continent et suscitera de confiance en une coopération régionale plus intensive dans d'autres domaines.

Les sous régions d'Afrique souffrent d'un manque important de ressources longues susceptibles d'aider au financement des activités économiques. On y note un décalage important entre les besoins et les capacités de financement sous-régionales. La création d'une bourse régionale des valeurs mobilières peut à travers les actions et les obligations qui seront émises, favoriser la mobilisation de l'épargne intérieure et extérieure nécessaires au financement des activités économiques. La bourse offre ainsi aux épargnants de nouvelles opportunités de placements et aux emprunteurs la possibilité de s'adresser directement aux épargnants pour financer des activités et leurs investissements. Dans les pays africains, les investisseurs étrangers se

plaignent souvent des lourdeurs administratives et d'une absence d'information sur les opportunités d'affaires. La création des marchés boursiers régionaux (ou Bourses Régionales de Valeurs Mobilières) peut favoriser cet accès à l'information via les renseignements qu'elle fournira aux créanciers et investisseurs étrangers sur les entreprises cotées ; elle peut ainsi les inciter à acquérir des actions négociées sur le marché sous-régional. Un tel système offre des possibilités de diversification des risques, des liquidités, un emprunt plus important et donc des investissements plus conséquents. Cela évitera les investissements modestes, faute d'un partenariat plus large. La création des bourses régionales peut permettre un rapprochement des économies de l'Afrique. Une sous région soudée pourrait mieux coopérer avec des marchés financiers extérieurs et bénéficier des innovations technologiques. La diversification de la structure financière peut faire jouer la concurrence. Les entrepreneurs seront désormais tenus de rendre compte aux actionnaires qui deviennent co-propriétaires et, ont par ce fait, un droit de regard sur la conduite de l'entreprise. On fait ainsi appel à l'excellence, ce qui peut faire jouer la concurrence.

Devant la faiblesse des tissus économiques nationaux et le nombre réduit des entreprises à coter en bourse, il y a lieu de se demander si une bourse nationale est une opération rentable du fait du faible volume des transactions par pays. De tels marchés financiers ne pourront engendrer des recettes suffisantes pour couvrir ne serait-ce que les investissements initiaux. On a vu le cas de la Bourse Tanzanienne où seules deux entreprises privatisées ont été cotées en deux années d'existence. Quelle force représentera un marché boursier national et indépendant en Afrique face aux grands marchés qui sont en construction dans le monde ?

Les Etats d'Afrique au sud du Sahara ainsi que tous les pays du continent ayant en coeur la création d'un marché boursier national et indépendant devraient tirer des leçons des échecs constatés sur les autres places boursières en Afrique. L'Afrique du sud représente à elle seule 80% de la capitalisation boursière. La tendance aujourd'hui est d'ailleurs au regroupement pour lutter contre ces faiblesses. Ces marchés boursiers africains sont caractérisés par leur petite taille, une faible diversification des branches d'activités, un volume

restreint des transactions, une concentration sur un petit nombre de titres (200 au Nigeria, 56 au Kenya, 21 au Ghana, 3 au Malawi et 2 en Tanzanie contre 3000 à New York), un manque de liquidité et des systèmes fiables de règlement et de compensation, un manque de technologie de pointe pour les transactions. Si les pays Africains ont le souci du développement de leurs marchés boursiers, ils doivent nouer des coopérations supra régionales.

3.2. Coopération supra régionale.

Comme l'a montré l'exemple de l'accord de coopération conclu entre la Bourse du Caire et celle de Madrid, il existe des marges considérables de coopération entre les continents. La Bourse de Tunis coopère, elle aussi plus étroitement avec des experts Parisiens des marchés de capitaux en vue d'augmenter sa liquidité et son attrait. En plus du « rattachement » à l'espace Européen, ces efforts pourraient également porter sur le développement d'une coopération plus étroite au niveau de la région méditerranéenne, qui est d'ailleurs souvent réclamée. Des modèles analogues seraient envisageables pour des pays anglophones (Ghana ou Nigeria) en liaison avec la Bourse de Londres. Le chapitre précédent a tenté de fournir quelques éléments de réponse aux questions posées par la problématique d'une floraison de marchés boursiers en Afrique d'une part et d'autre part le souci de chaque pays à vouloir se doter d'un marché boursier national et indépendant. Il s'agit maintenant de présenter les sources de financement des entreprises Africaines.

CHAPITRE 2 : LE RÔLE DES MARCHES BOURSIERS DANS LE
FINANCEMENT DES ENTREPRISES AFRICAINES.

. Au cours de ce chapitre, nous étudions les sources de financement des

entreprises Africaines. La section (1) examine l'accès au financement des entreprise Africaines à travers les modes de financement des PVD (1), les moyens de financement des entreprise Africaines (2), enfin les rôles de la Bourse par une nouvelle théorie des institutions (3).

Ce chapitre tente de répondre principalement à deux questions : quels sont les moyens de financement des entreprises Africaines ? la finance directe peut-elle se substituer à la fiance indirecte en raison d'un système bancaire imparfait ?

Nous tentons ainsi de fournir quelques éléments de réponse à ces questions et, pour ce faire, la section (1) essaie d'examiner la première question) par une analyse des différentes sources de financement des entreprises Africaines (2). . La section (2) tente de répondre à la dernière question : la finance directe peut-elle se substituer à la fiance indirecte en raison d'un système bancaire imparfait ? Cette question trouve des éléments de réponse à travers les intérêts des marchés financiers (1) et les liens de complémentarité entre la banque et le marché boursier (2).

Section 1. L'accès au financement des entreprises Africaines.

Dans cette section, nous étudions les modes de financement des PVD (1) à travers les fondements des deux modes de financement (1.2), la transition vers le système financier (1.2). Ensuite nous examinons les moyens de financement des entreprises Africaines (2) : le financement interne (2.1) et le financement externe (2.2).

1. Les modes de financement des P.V.D

Les concepts d'économie d'endettement et d'économie de marché financier connaissent, en réalité, une distinction purement conceptuelle, c'est-àdire qu'aucune économie réelle ne peut satisfaire pleinement aux conditions de l'un ou de l'autre. Il n'en demeure pas moins qu'il est généralement considéré

que les Etats-Unis et la Grande Bretagne se rapprochent du système de l'économie de marché financier qui se fonde sur les mécanismes de la finance directe. Par ailleurs, le mode de financement qui domine le tiers monde avant la crise de la dette se rapproche plutôt du système d'endettement, mais depuis c'est vers le système de régulation par le marché qu'ils se sont acheminés.

1.1. Les fondements des deux modes de financement.

Une économie d'endettement est une économie dans laquelle les agents économiques à excédent de financement, généralement les ménages, financent les déficits des agents à besoin de financement (les entreprises et l'Etat). La caractéristique de ce système réside dans la prédominance de la finance indirecte c'est-à-dire le recours massif des agents à besoin de financement13, « les entreprises », aux organismes de crédits plutôt qu'au financement par l'intermédiaire de l'émission boursière. Compte tenu des besoins en investissements de la sphère productive, c'est la banque centrale qui se trouve contrainte d'alimenter l'économie en moyens de financement. Dans un tel système, les taux d'intérêts sont des taux administrés et non des taux d'équilibre reflétant l'état du marché. Ils sont utilisés par la banque centrale pour accroître la quantité de crédit.

Quant aux caractéristiques du système d'économie de marché financier, la prédominance de la finance directe reste la base de tous ses mécanismes. Les entreprises s'approvisionnent prioritairement sur le marché financier lorsqu'elles ont un besoin de financement. Elles procèdent à l'émission de valeurs mobilières qu'achètent les ménages qui détiennent ainsi leur épargne sous forme de titres, et ne s'adressent aux institutions d'octroi de crédits que subsidiairement. L'Etat émet des obligations ou des bons de trésor pour satisfaire ses besoins de financement. Le marché monétaire est dans ce cas le lieu de rencontre de l'offre et de la demande de la liquidité de la part des banques, marchés sur lequel peut intervenir la banque centrale pour agir sur cette liquidité conformément aux besoins de l'économie. Les taux d'intérêts s'établissent en fonction de l'état du marché en reflétant la disponibilité ou la

13 Dans une économie d'endettement, les agents à capacité de financement, quant à eux préfèrent les placements dans les banques aux titres émis sur les marchés financiers.

pénurie de ressources que connaît l'économie concernée compte tenu de ses besoins d'investissements.

1.2. La transition vers le système de marché financier.

Dans de nombreux pays en développement, le mode de financement des économies a été essentiellement basé sur l'intermédiation bancaire. L'aggravation de la crise de la dette au début des années 1980 a entraîné la fermeture des marchés internationaux de capitaux envers les emprunteurs de la plupart des pays du tiers-monde. La pénurie qu'a engendré cette crise a entraîné de forts taux d'inflation.

Au moment où la nécessité de lutter contre l'inflation est apparue et que les programmes d'ajustements structurels14 ont commencé à prendre place, la politique monétaire devait chercher à maîtriser la masse monétaire. Or l'encadrement du crédit accompagné d'une politique du taux d'intérêt bas et à la sélectivité administrative a conduit à l'inefficacité de la politique monétaire sur les déséquilibres l'appareil productif.

Cette inefficacité a entraîné le passage à une politique monétaire et financière basée sur la révision progressive à la hausse des taux d'intérêts. Par ailleurs, cette tendance à la hausse du taux d'intérêts était devenue urgente compte tenu des opportunités de placement que proposaient les marchés financiers étrangers. C'est à ce moment là qu'un début d'innovation a commencé à apparaître de la part des trésors publics, des entreprises et des institutions financières. Il en est résulté un développement des innovations financières et l'établissement de marchés où peuvent se former des taux d'intérêts par la rencontre de l'offre et de la demande. Ces taux d'intérêts reflètent parfaitement la structure des carences en, ressources (en fonction des maturités) que connaît une économie nationale dans la globalité.

Le processus d'évolution vers un système d'économie de marché financier s'installe progressivement au fur et à mesure du développement du marché boursier. Ce dernier permet aux entreprises de trouver des fonds

14 A la suite des recommandations du Fonds Monétaire International, des programmes d'ajustements structurels ont été adoptés par la plupart des pays en développement afin de faire face aux problèmes d'endettement issus du recours excessif aux capitaux étrangers durant les années soixante-dix.

nécessaires pour financer leurs investissements à moindres coûts, de même que les ménages trouvent des produits de placements plus diversifiés et plus rentables.

2. Les moyens de financement des entreprises Africaines. 2.1. Le financement interne.

Le financement interne de l'entreprise trouve ses origines dans les ressources exceptionnelles résultant d'opérations sur le capital menées par l'entreprise : cessions d'immobilisations (notamment de constructions ou de terrains), cessions de participations dans des filiales qui n'entrent plus dans la stratégie définie par les dirigeants de la firme. Le financement interne peut tout de même être dégagé par l'activité courante de la firme après que celle-ci ait rémunéré l'ensemble de ses stakeholders (parties prenantes).


· L'autofinancement.

Le financement interne ou autofinancement a une composante normale et exceptionnelle. La composante normale est au sens strict de l'autofinancement ; elle est habituellement constituée par la dotation aux amortissements et le bénéfice net non distribué. Son niveau est fonction des charges qui viennent en réduction de dividendes adoptée par les propriétaires de l'entreprise. La seconde composante du financement interne provient des ressources exceptionnelles résultantes d'opérations affectant le patrimoine : cessions de biens meubles et immeubles ou de participations etc. Il s'agit en fait d'opérations de désinvestissement, par conséquent leurs flux ne peuvent qu'être conjoncturels.

L'autofinancement en général, est la source privilégiée de financement des entreprises [Myers et Majluf, 1984]. La raison généralement avancée est la disponibilité immédiate des ressources, leur usage sans aucune condition restrictive et, surtout pour le dirigeant d'entreprise ou l'obligation de révélation de l'information sur la situation financière de l'entreprise. Toutefois l'autofinancement est non seulement un frein à la mobilité de l'épargne d'un secteur à un autre, mais est rarement suffisant pour couvrir tous les besoins de financement des entreprises [Ginglinger, 1991 et 1997].

Le financement interne dégage d'énormes avantages pour les dirigeants de l'entreprise : disponibilité, flexibilité, absence de contrôle explicite par les pourvoyeurs de capitaux.

Le financement interne ne peut assurer de façon suffisante le financement de la croissance de l'entreprise. Finalement l'entreprise se trouve obligée de se tourner vers le financement externe.

2.2. Le financement externe.

A partir du moment où l'autofinancement n'a pas pu ou n'est pas suffisant pour répondre aux besoins de l'entreprise, le financement externe devient un passage obligé. On peut alors soit faire appel à l'endettement qui est une source dont la durée de vie est strictement limitée et qui ne confère pas aux pourvoyeurs de fonds le droit de regard sur la gestion de l'entreprise soit recourir aux capitaux propres.


· Les banques.

La banque intervient dans le financement des entreprises en offrant des dettes et des services financiers : c'est la fonction d'intermédiation de la banque. Celle-ci est importante pour les pays d'Afrique au Sud du Sahara car il n'existait pas, et cela jusqu'à un passé récent, un marché boursier dans bon nombre de ces pays15. Si bien que, en matière de couverture des besoins de financement de l'économie en général et particulièrement pour les entreprises, le monopole des banques est quasi-total. Pour les Etats il faut souligner les aides, les dettes et les financements spéciaux des projets émanant des banques centrales : la BEAC (banque des Etats de l'Afrique centrale), la BOAD (banque ouest africaine de développement), de la BAD (banque africaine de développement) ; on note aussi ceux émanant de l'étranger tels que la Banque mondiale, du Fonds Monétaire International, du Fonds Européen de développement, de l'Union Européenne etc.

Cependant le monopole des banques n'est pas synonyme de couverture adéquate des besoins de financement de l'économie et particulièrement de ceux des entreprises. En effet dans leur fonction d'intermédiation, les banques

15 A titre d'exemple on peut citer la zone UEMOA (union monétaire et économique ouest africaine) ou encore la zone CEMAC (communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale)

consentent deux types de prêts : à court terme (un an au plus) et à moyen ou long terme. Les particuliers sont éligibles aux prêts de court terme (découverts), et aux prêts de long terme (crédit de trésorerie et de fonctionnement) [Merchez, 1998]. Outre les banques centrales, d'autres institutions du secteur financier participent au financement des entreprises africaines :


· Les banques commerciales.

Les banques commerciales sont les principaux fournisseurs officiels des services financiers au monde des affaires. Elles servent d'intermédiaires financiers en mobilisant les dépôts et l'épargne pour les céder à titre de prêts personnels ou de prêts aux entreprises. Les grandes banques commerciales s'occupent de divers services financiers : non seulement l'épargne, les dépôts, les crédits, mais aussi les transferts de l'étranger et les opérations de change, ainsi que l'assurance, l'acquittement de factures etc.

Les banques commerciales privées, comme toutes les entreprises, sont mues par la recherche du profit. Cela revient en terme bancaire, à maximiser son produit net bancaire, c'est-à-dire le total des intérêts et commissions perçues sur les banques et la clientèle notamment au titre de la rémunération des dépôts. En agissant sur les produits des emplois et sur les coûts des ressources, les banques atteignent leur objectif. En effet agir sur les produits des emploi pour les banques consiste à jouer sur deux vecteurs : augmenter le volume des emplois sur la clientèle saine d'une part et, limiter les risques pour éviter d'avoir ultérieurement à constituer des provisions pour créances douteuses d'autre part. Pour être conforme à ce principe, les banques sélectionnent leur clientèle en tenant compte de leur capacité, de la structure du personnel de la direction du crédit de la banque et des opportunités du marché interbancaire. La capacité de la clientèle est évaluée par son autonomie financière et la capacité de la gestion [Merchez, 1998]. Tandis que l'autonomie financière s'évalue par l'importance des fonds propres par rapport au total du bilan, par rapport également aux immobilisations, mais aussi par l'importance du fonds de roulement16.

16 Le fonds de roulement est le solde qui représente la différence entre les ressources permanentes (capitaux propres et ressources assimilés + dettes et ressources assimilés) et les actifs immobilisés du bilan. La norme est un FR positif, dans ce cas il y a suffisamment de ressources de long terme pour couvrir des emplois de court terme ayant un caractère permanent.

En ce qui concerne le fonds de roulement (FR) requis, il est recommandé par celui du besoin de financement de l'exploitation ou besoin en fonds de roulement (BFR)17. Une insuffisance en FR amène la banque à exiger de l'entrepreneur ou des actionnaires ou associés des rapports complémentaires en fonds propres (augmentation de capital ou en comptes courants associés bloqués), étant entendu que la rentabilité de l'affaire ne fasse pas ressortir des faiblesses rendant l'avenir de l'entreprise préoccupant. Autrement l'entreprise doit présenter en plus une surface acceptable (l'endettement ne doit pas excéder les fonds propres) et, doit être d'une rentabilité jugée satisfaisante en comparaison avec d'autres entreprises concurrentes du même secteur. L'insuffisance du fonds de roulement et l'incapacité des entreprises à augmenter leurs capitaux propres sont les étapes majeures au cours desquelles le dossier de crédit est arrêté. En effet, l'augmentation des fonds propres indispensables pour la plupart des entreprises confrontées à l'absence d'un marché des actions.

Une fois la question du fonds de roulement dépassée, la banque examine la qualité de la gestion par la structure des charge (frais de personnel et frais financiers) et par la réalité du bénéfice (celui-ci doit être généré par l'exploitation courante et non par des facteurs exogènes ou temporaires, tels que les plus values de cessions, gains de changes ou les sous amortissements des immobilisations etc.). La non-satisfaction de ces conditions aboutit à l'exclusion de certains clients, mais paradoxalement la satisfaction des mêmes conditions n'engendre pas l'octroi systématiquement du crédit. En effet, les banques n'ont pas d'obligation de faire du crédit à leurs clients sains si la structure du personnel de leur direction de crédit ne permet pas de supporter une augmentation d'un éventuel volume des concours, surtout lorsque les clients sont de petites affaires ponctuelles. De même les banques refuseront d'octroyer du crédit lorsque les opportunités du marché interbancaire sont plus lucratives.

Cette brève présentation de l'action sur les emplois montre les difficultés qui se présentent aux entreprises désireuses d'obtenir un financement. Toutefois le fait que les banques soient des entreprises ne justifie pas toute la politique de

17 Le BFR est la différence entre les actifs circulants et le passif circulant. Lorsque ce solde est positif on parle de besoin de financement et lorsqu'il est négatif c'est un déficit de financement donc un pool de ressource. La norme est un BFE ou BFR positif.

crédit orientée sur le court terme. En effet l'impact des normes bancaires et des mesures de prudence auxquelles sont soumises les banques commerciales sont des aspects non négligeables de la politique bancaire de financement des entreprises. Par prudence et par souci de respect de la réglementation bancaire, les banques se limitent au crédit de court terme lorsqu'elles ne placent pas leur excédent de trésorerie sur le marché monétaire et rarement dans les participations. Les mesures de prudence tirent leurs raisons d'être dans le fait que l'octroi de crédit par les banques est créateur de monnaie.

En effet le phénomène création monétaire est indissociable du crédit Keynes, [1936]. Prêter de l'agent pour les banques entraînerait une création de monnaie (les dépôts en banque servent d'assise aux crédits qui engendrent la création de monnaie). Par conséquent l'octroi incontrôlé du crédit engendre une création anarchique de monnaie. Il en résulterait des distorsions des déséquilibres économiques, à commencer par l'inflation, qui engendreraient une baisse du pouvoir d'achat de la monnaie à l'intérieur du pays, mais aussi à l'extérieur avec une tendance à la dépréciation de la monnaie nationale par rapport à une monnaie de référence (l'Euro depuis janvier 200218). Afin d'éviter de telles conséquences, l'essor des crédits par les banques est limité par les autorités monétaires. Ainsi les banques Africaines définissent un certain nombre de règles dont : n'octroyer des crédits qu'aux clients jugés solvables ; lier le volume des demandes de crédits de la clientèle à l'évolution de la conjoncture par le biais du respect des seuils minima de ratios de gestion, de fixation de plafonds de progression d'encours (encadrement des crédits), la constitution des réserves obligatoires non rémunérées représentant une certaine proportion des dépôts à vue et à terme et, incitant les banques à arrêter la croissance de leurs ressources clientèle qui sont les assises de crédits nouveaux etc.

A la lumière de cette présentation, une conclusion se dégage : les banques Africaines en général et les banques en Afrique au sud du Sahara en particulier ne peuvent pas être une source de financement appropriée d'où la nécessité de recourir à d'autres sources de financement telles que le crédit interentreprises.

18 La parité est de 1 Euro = 655,956995 FCFA.


· Le crédit interentreprises.

Bien qu'il soit beaucoup plus développé dans les pays du nord, le crédit interentreprises existe aussi dans les entreprises des pays en développement en l'occurrence dans les entreprises Africaines et il serait assez risqué en l'absence de statistiques de faire une estimation de son importance. Néanmoins, on note que pour une entreprise quelconque le crédit interentreprises représente un apport net de ressources si le montant des crédits consentis à ses clients est inférieur à celui accordé par ses fournisseurs.

Dans la relation de crédit interentreprises il ne peut y avoir de crédit s'il n'existe pas de confiance entre les partenaires. Le plus souvent la confiance s'installe lorsqu'il existe une garantie (caution ou intermédiaire financier) capable de palier, à l'échéance, l'incapacité du débiteur. Autrement, comme la date d'échéance de la dette fournisseur est moins une variable aléatoire que celle des créances clients (problèmes de recouvrement), une tierce personne. Il s'agit en général d'un établissement financier ou d'une banque qui apporte ce concours ponctuel de court terme moyennant une rémunération.

Le crédit interentreprises reste alors lié aux concours ponctuels de court terme des établissements financiers ou bancaires qui dans la majorité des cas permettent la bonne fin du crédit.

· Les actionnaires d'origine.

Ils participent au financement de leurs entreprises en apportant des capitaux propres et, occasionnellement des dettes. Toutefois dans nombre de cas les actionnaires d'origine arrivent à couvrir difficilement les besoins de croissance de leurs entreprises. Ils ont soit des moyens extrêmes limités, soit par souci de diversification ils préfèrent ne pas tout investir dans une seule affaire.

· Les établissements de crédit-bail.

Le crédit- bail ou leasing permet de financer par dettes l'acquisition d'immobilisation sans aucune garantie préalable et en fonction des cash-flows générés par ladite immobilisation. La société de leasing reste propriétaire de l'immobilisation pendant l'exploitation jusqu'au remboursement de la dette.

Le crédit-bail est une source de financement qui offre des avantages certains pour les PME qui le plus souvent ont des difficultés à fournir des garanties aux banques pour la demande de crédit à des fins d'acquisition d'immobilisation ou d'investissements. Toutefois, les taux d'intérêts appliqués au crédit-bail restent supérieurs à ce que prélèvent les banques sur les avances de trésorerie et les prêts à court terme. La raison est que le marché des capitaux que doit utiliser les sociétés de crédit-bail pour financer leurs opérations est peu développé, ce qui renchérit par conséquent le coût de leurs ressources [Popiel, 1995]. Néanmoins le crédit-bail malgré son apparition récente et son coût élevé connaît une activité relative par rapport au capital risque.


· Le capital risque.

Le capital risque est un financement temporaire sous forme de capital action ou de prêts, dont la rentabilité est liée aux profits et qui assure un certain contrôle sur la gestion. Les entreprises africaines peuvent disposer de cette possibilité d'apport en capitaux offert par ce genre de sociétés. Le capital risque est encore embryonnaire et son développement est conditionné à un environnement qui favorise l'initiative privée, un régime fiscal qui facilite les opérations de capital risque, un mécanisme approprié pour absorber les pertes, et une « porte de sortie », par exemple une bourse de valeurs mobilières. Ces conditions expliquent en partie pourquoi ce mode de financement demeure non opérationnel. Toutefois, à ces conditions s'ajoutent des freins sociologiques d'une grande importance, tel la non prédisposition du chef d'entreprise à ouvrir le capital de sa société à des particuliers ou des entités qu'il ne connaît pas personnellement [Popiel, 1995].

Le capital social a sa place dans le financement des petites entreprises mais ne peut que combler un « vide » qu'on pourrait appeler déficit de capital social, en vue d'un équilibre adéquat entre la dette et ledit capital social. La plupart des investisseurs en capital-risque n'investiront pas essentiellement dans de petites entreprises pour lesquelles les possibilités de rendement élevé sont relativement limitées, les risques élevés et les possibilités de retrait très difficiles. Dans les pays occidentaux, les gros investissements sont réalisés dans de petites entreprises afin de financer la phase de démarrage, la mise au point de

produits ou l'expansion ou pour préparer une entreprise à une offre publique, généralement, dans les domaines novateurs ou de haute technologie.

Dans le contexte africain, il est difficile de trouver de tels cas, bien que les avantages comparatifs du continent liés à une faible intensité technologique et aux secteurs des services à vocation exportatrice puissent déboucher sur des possibilités de capital-risque. Les agro-industries constituent un domaine qui pourrait également offrir des possibilités.

Il existe une demande et un marché potentiels de capital-risque en afrique. Toutefois, les conditions de l'offre du capital-risque (forte valeur ajoutée et rendement élevés dans un délai relativement court, en échange d'un niveau de risque élevé) ainsi que l'acceptation d'une participation (nécessité de partager la propriété) sont susceptibles de limiter le nombre de bénéficiaires de ces projets dans un avenir proche.


· Les titres de créances négociables (TCN).

Le marché des capitaux offre deux types de financement aux entreprises : des dettes et des capitaux propres. Les dettes sont négociées sur deux différents marchés : le marché monétaire qui est le segment de court terme du marché des capitaux et le marché obligataire le segment de long terme. Ce dernier marché et le marché de capitaux existent bien en Afrique ; à titre d'exemple ces deux marchés sont connus en Afrique de l'ouest depuis 1998 sous l'appellation de Bourse Régionale de Valeurs Mobilières (BRVM). Les obligations sont des titres de créances émises par des collectivités du secteur privé ou public. Elles peuvent être des obligations classiques à taux fixes ou variables ou des obligations à taux révisables.

Le marché obligataire permet de mettre en relation des agents économiques ayant un besoin de financement par dettes à long terme, et des intervenants disposant de liquidités à placer à long terme avec un risque réduit. L'évolution récente du marché obligataire est caractérisée par une croissance des émissions et par une explosion des formes d'emprunts.

Le financement obligataire intervient dès lors que l'autofinancement se révèle insuffisant pour assurer le financement de l'entreprise et donc sa croissance (augmentation de production, rachat d'entreprises). Cette forme de

financement (financement obligataire) s'inscrit bien dans la politique à terme de l'entreprise. L'apport obligataire est loin d'être négligeable pour l'économie en général et particulièrement pour les entreprises. Néanmoins il faut noter la faiblesse du nombre d'émetteurs, toute chose qui permet de dire que le recours aux obligations ne touche qu'une infime minorité d'entreprises.

Le marché monétaire comporte deux compartiments : le marché interbancaire réservé aux professionnels bancaires et, le marché des titres de créances négociables qui propose aux entreprises industrielles et commerciales, des actifs standardisés. Ce compartiment est une alternative de financement pour les entreprises non bancaires. Pour se financer sur le marché monétaire, les entreprises émettent des actifs financiers de court terme qui sont des billets à échéance représentant un droit de créance portant intérêt. Les titres émis sont négociables sur un marché réglementé, d'où l'appellation de titres de créances négociables (TCN).

Les billets de trésorerie constituent un mode de financement nouveau dont l'utilisation s'inscrit dans la gestion de trésorerie des entreprises. Financement non bancaire mettant en relation directe les entreprises soucieuses de se procurer de fonds et celles qui disposent d'excédents à placer ; il s'agit d'un instrument réservé aux grandes sociétés car les tentatives d'ouvrir le marché aux petites entreprises ne semblent pas couronnées de succès. Les billets de trésoreries correspondent à un dépôt à terme négociable constitué par une entreprise au profit d'une autre ; ils ne sont ni des valeurs mobilières ni des effets de commerce.

L'analyse des modes de financement montre leur inadéquation dans la couverture des besoins de financement de long terme des entreprises. En effet, l'autofinancement est par essence limitée et ne saurait couvrir tous les besoins de financement des entreprises. De même les actionnaires ne peuvent pas continuellement couvrir l'ensemble des besoins de leurs entreprises. Du moins, s'ils le peuvent, la prudence les inciterait à se diversifier en investissant dans d'autres projets. La banque, qui constitue le principal mode de financement, n'est pas de nature à prêter facilement aux riches encore moins aux pauvres petites entreprises. Toutefois, lorsqu'elle accepte de prêter, le coût du crédit élevé et son échéance n'excède pas l'an. Le crédit inter entreprises, dont la mise

en oeuvre et la survie impliquent une banque pour la bonne fin des opérations, n'est pas non plus facilité par la nécessité des garanties et le coût élevé du service bancaire. Le financement des entreprises par les établissements financiers spécialisés constitue aussi une part marginale dans la couverture des besoins de long terme. Les établissements de crédit-bail parce qu'ils sont encore récents et l'absence d'un marché boursier a longtemps handicapé le recyclage de l'épargne en Afrique au sud du Sahara.

Enfin le capital risque parce qu'il est embryonnaire et cherche ses marques dans un milieu où les freins sociologiques ne sont pas de nature à faciliter l'admission des personnes à son initiative. Les titres de créances négociables sont également marginaux dans le financement et encore limités à un cercle spécifique d'agents économiques.

Les limites des moyens de financement des entreprises africaines dans la couverture des besoins de moyen et long terme sont évidentes. La finance directe est-elle une solution pour faire face à l'inadéquation de ces modes de financement et surtout de la finance indirecte en raison d'un système bancaire imparfait ?

3. Rôles de la bourse : une lecture par la nouvelle théorie des institutions.

Dans cette sous-section, nous utilisons les rôles de la bourse en général pour montrer comment elle participe à la réduction des coûts de transactions. Les rôles de la bourse que nous utilisons sont ceux du marché financier tel défini par Fabozzi, Modigliani et Ferri [1994]. Ces auteurs intègrent explicitement les notions de coûts de transactions utiles pour notre analyse. Ils définissent trois rôles pour le marché financier : la liquidité des valeurs mobilières et la réduction des coûts de transactions ; la rencontre des offreurs et des demandeurs de titres.

3.1. la liquidité des valeurs mobilières et la réduction des coûts de transactions : coût de recherches et coût de l'information. Ici, nous intégrons la réduction des coûts de transactions et d'information, liés à la mise en relation entre offreurs et demandeurs de titres en l'absence du marché boursier. Il s'agit

des frais liés à la rémunération des capitaux levés et des intermédiaires (coûts explicites) d'une part et, du temps passé à rédiger les contrats, rechercher une contrepartie et évaluer un projet ou l'adéquate utilisation des capitaux élevés, etc. (coûts implicites) d'autre part.

3.2. La rencontre des offreurs et des demandeurs de titres .

La rencontre de l'offre et de la demande renvoie aux fonctions de mobilisation et d'allocation de l'épargne. De ce point de vue, le marché financier favorise l'émission publique des valeurs mobilières pour le financement des investissements. En ce sens, le marché boursier définit un support institutionnel qui fixe les règles régissant l'émission et les transactions (achat/vente) des valeurs mobilières pour l'ensemble des acteurs. En l'absence d'un tel cadre institutionnel pour la rencontre entre l'offre et la demande de titres, il est difficile de mobiliser efficacement l'épargne et de l'allouer dans un investissement.

En effet les coûts de mobilisation et d'allocation de l'épargne sont plus élevés parce que l'activité sous-jacente implique, pour un agent à besoin de financement, d'énormes transactions : la recherche d'information sur les épargnants, les négociations particulières avec chaque épargnant et la rédaction d'autant de contrats qu'il y a de contreparties dans l'hypothèse d'un dénouement heureux pour l'agent à besoin de financement. Par conséquent la mobilisation de l'épargne et son allocation nécessitent la présence d'agents spécialisés comme les banques, les établissements d'épargne ou les bourses.

Car ces intermédiaires étant spécialisés dans cette tâche réalisent les économies d'échelle qui réduisent les coûts de la mobilisation et de l'allocation de l'épargne d'une part ; et les épargnants sont plus sécurisés en renonçant temporairement à leur épargne aux mains de tels intermédiaires, dont ils ne peuvent vérifier la crédibilité et surveiller efficacement l'utilisation de leur épargne.

Le gain des économies d'échelle réalisé par les intermédiaires dans la collecte de l'épargne et la réduction du coût de l'allocation de l'épargne est un important aspect sur lequel il convient de revenir. En effet ces intermédiaires n'ont pas la même politique de rétrocession de l'épargne collectée auprès des

agents à capacité de financement. Les banques et établissement assimilés font uniquement des prêts, tandis que les bourses permettent de lever des capitaux et quasi-capitaux propres et, d'émettre des emprunts. Les coûts des prêts bancaires et des emprunts obligataires, de même que le coût des capitaux propres, sont également différents. Lorsqu'il n'existe que les banques, les rapports de forces dans l'allocation de l'épargne sont en leur faveur. Celles-ci peuvent, dans ce cas, prendre en otage un agent à besoin de suppression de financement en le spoliant des gains de son activité, car la menace de suppression de financement l'incite à obtempérer aux désirs des banques[ Rajan, 1992]. Toutefois, en présence d'un système financier diversifié, la possibilité de diversification des sources de financement pour les agents à besoin de capitaux fait jouer la concurrence, ce qui a pour conséquence la baisse des coûts de financement bancaire [Pagano, Panetta et Zinagles 1998]. La nécessité d'une diversification des sources de financement se présente ainsi comme une nécessité dans la réduction des coûts du capital.

Il est également important de revenir sur la réduction des coûts de vérification pour les épargnants, d'un quelconque agent en quête de capitaux. Il est difficile et coûteux pour un épargnant de collecter et traiter l'information sur plusieurs agents à besoin de capitaux. Par conséquent, pour minimiser les risques, il est préférable pour un épargnant de ne pas investir (il en résulte une allocation sous optimale des ressources). Cependant il est plus aisé pour les intermédiaires spécialisés d'exercer cette fonction parce qu'ils disposent de plus d'expertise et de pouvoir qu'un petit épargnant. Les banques parce qu'elles sont très proches des agents à besoin de capitaux, peuvent facilement assurer ces tâches [Stiglitz, 1985]. Toutefois les banques peuvent abuser de cette position, si bien que des épargnants à besoin de capitaux, pour réaliser de nouveaux projets, vont préférer y renoncer. Il va en résulter un sous investissement et une allocation non optimale des ressources.

En présence d'un marché boursier, la possibilité de tirer profit de l'information privée incite à sa recherche, toute chose qui la rend rapidement publique et favorise une meilleure allocation de l'épargne [Kyle, 1984]. De plus les menaces de prise de contrôle hostile qui pèsent en permanence sur les entreprises cotées et la possibilité d'indexer la rémunération des gestionnaires

au cours de bourse des titres sont des aspects qui contraignent à une bonne gestion de l'entreprise et des capitaux levés [Stein (1988) et Jensen et Murphy (1990)].

Les rôles de la bourse, précédemment étudiées, ont mis en exergue la rencontre des offreurs et des demandeurs des titres, renvoyant aux fonctions de mobilisation et d'allocation de l'épargne. Mais pour savoir si elle a pleinement joué son rôle, il convient d'examiner si le financement par les titres peut se substituer à la finance indirecte en raison d'un système bancaire imparfait.

Section 2. La finance directe peut-elle se substituer à la finance indirecte ?

Comme cela a été vu à la section précédente, les banques n'ont pas pu répondre aux attentes des entreprises et donc à leur financement.

Dans cette section nous examinons si le marché boursier peut assurer ce rôle en répondant aux questions suivantes : quel est l'intérêt de la finance directe (1) ? de quelle façon peut-elle se substituer à la finance indirecte en raison d'un système bancaire imparfait ? Cette question est examinée à travers les liens de complémentarité entre la banque et le marché boursier (2) ; nous mettons un accent sur l'ultime stade de développement financier (2.1) et les imperfections sur les marchés financiers (2.2).

1. Intérêt des marchés boursiers émergents.

Tout d'abord, la vraie création de richesse ne se situe pas en Bourse, elle se situe dans les entreprises dans le sens où l'investissement productif est supérieur à l'investissement spéculatif en termes de croissance. Il semble donc important de rappeler que la raison d'être d'un marché boursier est de canaliser l'épargne vers les entreprises en permettant le développement des émissions nouvelles d'actions et d'obligations. Le marché boursier doit également, pour réussir sa mission, attirer l'épargne stable, celle à la recherche d'un placement à moyen et à long terme. Le rôle du marché apparaît très proche de celui des banques. Il s'agit de financer les éventuels investissements et permettre aux économies d'atteindre des niveaux de croissance plus importants.

L'intérêt principal des marchés émergents se situe au niveau de la diversification des portefeuilles mondiaux (ce qui présuppose une facilité d'accès sur le marché pour les investisseurs étrangers) et non au niveau des levées de capitaux pour les entreprises locales. Les placements sur ces marchés ne sont pas uniquement motivés par des considérations de rendement mais également par des objectifs de réduction de risque19. D'autre part, leur développement n'est pas une réponse évolutionnaire aux forces du marché mais plutôt le fait des gouvernements, qui ont joué un rôle actif dans les programmes de privatisations et de libéralisation des mouvements de capitaux.

Par ailleurs, au niveau macroéconomique, les marchés permettent d'attirer l'épargne étrangère et d'aider les pays à devenir indépendants des taux d'intérêts internationaux qui les exposent à une variation du montant du service de la dette quand ils sont élevés.

Dans l'analyse des deux modes de financement possibles - l'un direct et l'autre indirect - la question la plus souvent retenue est de savoir si l'un des systèmes est supérieur à l'autre. Le mode de financement est en effet susceptible d'affecter à la fois le volume et la nature des investissements ainsi que la croissance.

Tout d'abord, la finance par les titres a l'avantage de garantir des liquidités et de contrecarrer la pénurie de capital dans les pays où les prêts bancaires sont limités à certains secteurs où se font des taux d'intérêts élevés. De plus, on associe le marché à une meilleure discipline financière des entreprises, les actionnaires et les groupes financiers ayant un droit de regard et le marché faisant planer la menace de rachat ou de prises de participations.

Néanmoins, le marché décourage les investissements à long terme (souvent plus risqués) car les firmes découragent des rendements financiers à court terme pour satisfaire les actionnaires. En effet, les relations étroites et anciennes entre les entreprises industrielles et les banques sont découragées en présence du marché alors qu'elles permettent d'effectuer des investissements en recherche et développement à plus long terme. L'intermédiation financière a

19 Même en diversifiant considérablement un portefeuille national, il n'est pas possible d'éliminer le risque de marché. L'adjonction de valeurs étrangères, même à plus haut risque, à un portefeuille uniquement national réduit le risque total du portefeuille dès lors que la corrélation entre ces <valeurs et le marché national est faible.

l'avantage de réduire le risque concernant notamment le caractère révocable des engagements.

Si les désavantages de la banque existent, les avantages du marché n'ont pas été prouvés. Mais, il existe deux modes de financement étant souvent présents dans une même économie, la question essentielle est de savoir s'il existe des liens de complémentarité entre la banque et le marché ?

2. Existe- t-il des liens de complémentarité entre la banque et le marché ?

L'analyse des liens existant entre la banque et le marché montre qu'il existe une complémentarité entre la banque et le marché. Autrement dit, la finance directe a du mal à se substituer aux financements bancaires dans le sens où l'efficacité de ces deux types de finance est liée. Le marché boursier d'un pays n'a de chances de se développer que s'il existe des structures bancaires adéquates et propres à soutenir son évolution.

2.1. Ultime stade de développement financier.

Les tenants de la libéralisation financière n'opposent pas le développement bancaire et le développement des marchés financiers.

Les différents indicateurs de développement des marchés boursiers et des intermédiaires bancaires calculés par King et Lévine [1996] sont fortement corrélés. En général, une structure bancaire fragile va de pair avec un marché peu liquide, étroit, volatil et mal intégré à l'échelle internationale. Les auteurs concluent qu'il n'y a pas lieu d'opposer le développement des marchés boursiers à celui du secteur bancaire; les marchés financiers et les banques offrant des services financiers différents, ils stimulent tous deux et indépendamment, la croissance.

Par ailleurs, l'expérience prouve qu'un secteur bancaire raisonnablement efficace est nécessaire au développement des marchés des titres. Tout d'abord, le système bancaire contribue au développement du marché en fournissant du crédit aux participants et favorisant ainsi les échanges de titres et la liquidité du marché.

De plus, les banques ont des acteurs importants sur ces marchés auxquels on associe souvent une fonction régulatrice.

A l'inverse, un faible système bancaire nécessitant une restructuration, une recapitalisation contraint le développement économique et celui du marché. L'effort pour développer des marchés des titres face à une infrastructure bancaire, institutionnelle et réglementaire inadéquate peut entraîner des risques inutiles à la fois sur les échanges de titres et plus généralement sur le système financier tout entier à cause des effets d'entraînement.

Il faut donc en priorité réformer le système bancaire avant de libéraliser les mouvements de capitaux et ouvrir les marchés à la concurrence étrangère. Ce résultat s'oppose à l'analyse de Cho [1986] et de Mac Kinnon [1973] dans ses premiers écrits.

Partant du résultat de Stiglitz et de Weiss [1981]qui met en évidence les défaillances du marché du crédit en situation d'information imparfaite, Cho

[1986] montre que le développement d'un marché boursier est une condition sine qua non pour réduire les problèmes de sélection adverse et de hasard moral et pour assurer une meilleure affectation du capital.

Cependant, Gurley et Shaw [1960] affirment que le marché boursier ne peut se développer qu'au dernier stade de développement du système financier. En effet, il ne peut y avoir de Bourses que si le marché du crédit est totalement libéralisé de façon à ne plus offrir de crédits bancaires préférentiels aux grandes entreprises [Mac Kinnon, 1988]. Ainsi, et contrairement à Cho [1986], le marché boursier est tributaire des réformes financières et du développement du secteur bancaire. De plus, le financement par émission d'actions ne représente qu'une petite part des activités productives. Dans une étude effectuée dans huit pays industrialisés, Mayer (1990) conclut que la part du financement boursier par rapport au financement total des investissements est de moins 5%. Les choses ont certainement beaucoup évolué en une décennie mais il est d'une part très difficile de connaître l'emploi des fonds levés sur les marchés financiers et d'autre part, il semble qu'effectivement, les grandes entreprises cotées en bourse utilisent les fonds de leurs actionnaires à d'autres fins que

l'investissement productif. Pour ce dernier, elles préfèrent s'adresser traditionnellement au secteur bancaire.

En conséquence, il semble que les marchés boursiers ne puissent pas jouer de rôle significatif dans le développement des économies africaines notamment le financement des entreprises africaines.

2.2. Les imperfections sur les marchés financiers.

Cho [1986] fonde la nécessité de créer des marchés boursiers sur l'absence d'imperfections informationnelles. Mais, ce marché ne présente pas moins d'imperfections que le marché bancaire.

Tout d'abord, et nous l'avons dit précédemment, le marché financier favorise le court-termisme à l'instar du système financier anglo-saxon. Amable et Chatelain [1995] affirment que les investissements prêtent davantage d'attention aux profits et aux dividendes de court terme qu'aux rendements de long terme. Ce système financier anglo-saxon contraste avec les systèmes financiers japonais et allemand qui assurent une intermédiation bancaire privilégiant les relations de long terme. Par ailleurs, Stiglitz [1989] montre que l'offre d'actions peut faire l'objet de rationnement. En effet, les nouvelles émissions d'actions entraînent une baisse importante de la Valeur du marché de la firme, de telle manière que peu d'entreprises sont incitées à émettre de nouveaux titres pour augmenter leur stock de capital.

De plus, les dirigeants des entreprises favorisent les intérêts des actionnaires et renoncent à émettre de nouvelles actions. Ils préfèrent recourir à l'endettement lorsqu'ils ont besoin de nouveaux capitaux.

Au total, Stiglitz et Weiss [1981] prouvent que les imperfections sur le marché financier peuvent être plus accentuées que sur le marché du crédit. En effet, il semble que les dirigeants des entreprises financées par actions puissent détourner les profits vers des usages privés plus facilement que les dirigeants d'entreprises financées par dette. Ainsi, l'argument de Cho [1986] ne tient plus. Le marché boursier ne peut pas se substituer à un marché bancaire imparfait.

En fait, le développement du marché financier nécessite le développement du secteur bancaire et n'est pas pour autant exempt d'imperfections. Sa création n'est souhaitable qu'au dernier stade du développement financier, une fois que le secteur bancaire est bien structuré et fonctionne correctement.

Dans le cas de l'Afrique, il apparaît donc inutile pour le moment d'inciter à la création de tels marchés. Les entreprises exclues du financement bancaire seront également exclues du financement par titres. Il serait coûteux et inefficace de forcer les gouvernements à posséder leur propre marché boursier. Les efforts doivent en priorité se tourner vers la réhabilitation du système bancaire.

DEUXIEME PARTIE : MICROSTRUCTURE DES
MARCHES BOURSIERS EMERGENTS

 

CHAPITRE 1 : TYPOLOGIE DES MARCHES BOURSIERS

En comparant les modes de cotation sur le plan international, on constate qu'il existe deux grands types d'organisation de marché : les marchés dirigés par ordres (ou marchés d'agence), et les marchés dirigés par les prix (ou marchés de contrepartie). Les différences portent notamment sur le mode de transmission et d'exécution des ordres, le rôle des intermédiaires, le mode de cotation des prix et les informations dont disposent les agents pendant la séance des échanges.

L'objectif poursuivi dans ce chapitre est de montrer comment sont organisés les marchés boursiers émergents en Afrique.

Section 1. Principes d'organisation des marchés boursiers.

Au cours de cette section, nous présentons les deux grands principes d'organisation de marchés boursiers au monde : les marchés dirigés par les ordres (1.1), les marchés dirigés par les prix (1.2). Ensuite, nous étudions les modalités d'organisation et de fonctionnement des marchés boursiers émergents d'Afrique à l'aide de quelques exemples pris dans les pays Francophones20.

1. Organisation de marché.

1.1. Marchés dirigés par les ordres.

Dans un système dirigé par les ordres, ce sont les ordres introduits sur le marché par les participants qui déterminent les prix auxquels les actifs doivent être échangés. Ainsi, l'organisation des échanges résulte de la confrontation générale des ordres des clients par l'intermédiaire des sociétés de Bourses en un lieu unique. La concentration permet un traitement égalitaire des ordres, quel que soit leur volume.

20 En raison du manque d'information lié à la pauvreté des sites Internet de la plupart des Bourses Africaines, et surtout du temps qui nous était limité pour pouvoir collecter des données, nous n'avions pas procédé à une analyse exhaustive. Nous espérons tout de même revoir l'organisation de ces marchés pour les recherches à venir.

Dans un système dirigé par les ordres, les ordres d'achat et de vente sont stockés puisqu'il n'existe pas de teneurs de marché. Le rôle de l'intermédiaire (société de bourse) se limite à la transmission et à l'exécution éventuelle des ordres de la clientèle. Plusieurs types d'ordres peuvent être introduits dans ce types de marché : les ordres à cours limité, les ordres «au marché » (anciennement à « tout prix », puis « au mieux », les ordres à meilleur limite (anciennement au prix du marché) etc.

Un marché de fixing est par nature un marché dirigé par les ordres. Il existe également des marchés continus gouvernés par les ordres où la confrontation des ordres des investisseurs finaux peut s'opérer suivant différentes modalités.


· Marché de fixing/marché continu.

i Marché de fixing.

Dans un marché de fixing, la cotation et l'exécution des ordres ont lieu à intervalle de temps réguliers. Toutes les transactions se déroulent à un prix unique déterminé de façon à équilibrer les ordres de vente et d'achat transmis au marché jusqu'au moment du fixing. A ce prix sont exécutés tous les ordres d'achat au mieux ou assortis d'un prix limite supérieur au prix d'équilibre et tous les ordres de vente au mieux ou assortis d'un prix limite inférieur au prix d'équilibre. Le marché de fixing peut être organisé suivant trois modalités :

> Première modalité : le fixing « à la criée ». Ici, les participants sont

physiquement rassemblés au même endroit. Des prix sont

annoncés et pour chaque prix, les négociateurs annoncent leur

offre ou leur demande. Le processus se poursuit jusqu'à

découverte du prix d'équilibre.

> Deuxième modalité : elle consiste à laisser les participants soumettre leur offres d'achat et de vente, sans que ces offres soient révélées et à

déterminer ensuite le prix d'équilibre.

> Troisième modalité : elle diffère de la deuxième en ce que des transactions sont révélées au marché au fur et à mesure qu'elles elles s'accumulent. De plus un prix d'équilibre indicatif est calculé chaque fois qu'un nouvel ordre est entré et ce jusqu'au moment du fixing proprement dit.

La cotation à la criée a trouvé ses limites à cause de l'importance des transactions réalisées sur le marché et à la suite des mouvements d'innovations technologiques qu'ont connu la plupart des marchés financiers des pays développés et des pays émergents. Le système de cotation électronique est venu donc de plus en plus remplacer progressivement les méthodes traditionnelles de cotation à la criée.

i Marché continu.

Sur un marché continu, la cotation et les transactions s'effectuent en temps continu. Les agents peuvent transmettre des ordres à tout moment. Les transactions sont bilatérales contrairement à un marché de fixing où les transactions sont multilatérales. De plus sur un marché continu, un nouveau cours est associé à chaque transaction alors que sur un marché de fixing est établi un prix unique auquel s'effectuent toutes les transactions.

i Marché centralisé /fragmenté.

Un marché boursier est considéré comme « centralisé » lorsque tous les ordres pour un titre doivent être transmis à un même lieu (parquet ou un ordinateur). Par contre, un marché boursier est considéré comme « fragmenté » pour l'une des deux raisons suivantes : lorsqu'un titre peut-être coté sur différents lieux ou lorsqu'une partie des transactions est réalisé en dehors du marché central, notamment celles portant sur des blocs des titres. Dans les deux cas, ceci détourne une partie des transactions du marché central et entraîne une fragmentation (décentralisation du marché).

1.2. Marchés dirigés par les prix.

Dans un marché dirigé par les prix, les teneurs de marché21 (« market-maker ») spécialiste de la valeur sont en concurrence. Chaque teneur énonce une fourchette de prix et une double quantité représentant ses limites d'engagements. La fourchette comprend le prix auquel il est immédiatement prêt à acheter appelé « bid price » et celui auquel il est prêt à vendre « ask price ».

21 Les teneurs de marché sont des opérateurs qui se placent en contrepartie aux ordres introduits par les investisseurs, en proposant des prix et des quantités à l'achat et à la vente des produits financiers.

Le marché est dit « décentralisé » puisque chaque teneur de marché propose ses propres conditions de prix d'achat et de vente et se rémunère sur l'écart de prix qu'il propose (la « fourchette »). Dans ce système, ce sont donc les prix proposés par les teneurs de marché qui suscitent l'introduction des ordres de la clientèle et provoquent les échanges de titres. Ce type d'organisation est utilisé sur les bourses anglo-saxonnes ; à la bourse de Londres qui diffuse les cotations des différents teneurs de marché par le système SEAQ22.

L'organisation des procédures d'échange des actifs financiers dans les marchés boursiers a parfois une architecture complexe qui nécessite la combinaison de plusieurs éléments des deux systèmes de fonctionnement des marchés cités ci-dessus. Le cas du NYSE (New York Stock Exchange) illustre cette situation. Ce type d'organisation des marchés est basé sur la fonction des spécialistes. Ces derniers ont pour fonctions d'assurer la liquidité des titres dont ils sont responsables et de gérer le carnet des ordres émanant des investisseurs. Les cours affichés par le spécialiste ne sont pas toujours les siens, elles peuvent être notamment des ordres transmis par les investisseurs ou les courtiers opérant sur le marché pour leur propre compte.

1. Règles d'organisation des marchés boursiers émergents en Afrique. Dans cette sous-section, nous prenons les exemples de quelques Bourses en Afrique francophone et étudions leur fonctionnement.

Nous prenons les exemples des Bourses suivantes :

o Bourse de Casablanca ;

o Bourse de Tunis ;

o Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) ;

o Bourse des Valeurs Mobilières d'Afrique centrale (BVMAC) ;

o Bourse des Valeurs mobilières de Douala (DSE).

Fonctionnement des Bourses africaines. i Bourse de Casablanca.

- Sa structure.

22 SEAQ : Stock Exchange Automated Quotation.

Le marché boursier marocain est caractérisé par l'existence d'une fragmentation de son marché : le marché central et le marché de blocs.

- Les méthodes de cotation de la Bourse de Casablanca.

Les cotations de la Bourse de Casablanca se font au comptant, au fixing et en continu. Mais la Bourse de Casablanca dispose aussi la méthode de cotation à la criée. Ce système consiste à confronter oralement les ordres d'achat et de vente en criant « j'ai » qui signifie je vends, soit « je prends » qui signifie j'achète.

- Les ordres de bourse .

L'ordre de bourse est l'instruction donnée par une personne physique ou morale à l'intermédiaire financier qui les transmet aux sociétés de bourse, qui sont les seuls intermédiaires habilités à les exécuter. La Bourse de Casablanca utilise principalement deux types d'ordres : les ordres « au prix du marché » devenu ordres « à meilleure limite » et les ordres « à cours limité ».

L'ordre « à meilleure limite » ne comporte aucune indication de prix. Il peut être exécuté en totalité ou en partie, comme il peut ne pas être exécuté.

i Les Bourses de Tunis, BRVM, BVMAC, DSE, fonctionnent de la même manière que la Bourse de Casablanca.

Ces différents marchés sont des marchés centralisés et les cotations se font au comptant en continu et par fixing.

Les ordres de Bourse sont quasiment les mêmes : les ordres « à cours limité » et les ordres « à meilleure limite »

Les négociations en Bourse se font au comptant grâce au système de cotation aux standards internationaux. Par exemple, depuis deux ans la Bourse de Tunis s'appuie sur un système de négociation informatisé : le SUPERCAC UNIX développé par Euronext.

Les seules différences portent sur leur mode de transmission et d'exécution des ordres, le rôle des intermédiaires, les séances de cotation.

On peut aussi noter quelques différences ; les Bourses de Tunis, BRVM BVMAC et DSE, ne disposent pas de cotation à la criée comme cela est le cas pour la Bourse de Casablanca ni de marché fragmenté.

Nous résumons dans un tableau les principales modalités d'organisation de ces marchés. (Tableau 2.1)

Tableau 2.1 Modalités d'organisation des marchés boursiers en Afrique francophone.

Bourses

Princip es de
cotation

Marchés

Type d'intermédi ation

Rôle des

intermédiaires

Types d'ordres

Casablanca

Au fixing et en continu

Centralisé

et dirigé par les ordres

Société de Bourse

- Limitation a la transmission et a l'exécution des ordres

- Ab. de teneur de marché

-« a meilleure limite »

(anciennement « au prix du marché »

-« a cours limité »

Tunis

Au fixing et en continu

Centralisé

et dirigé par les ordres

Société de Bourse

-Limitation a la transmission et a l'exécution des ordres

-Absence de teneur de marché

-« a meilleure limite »

(anciennement « au prix du marché »

-« a cours limité »

BRVM

Au fixing et en continu

Centralisé

et dirigé par les ordres

Société de Bourse

-Limitation a la transmission et a l'exécution des ordres

-Absence de teneur de marché

-« a meilleure limite »

(anciennement « au prix du marché »

-« a cours limité »

BVMAC

Au fixing et en continu

Centralisé

et dirigé par les ordres

Société de Bourse

-Limitation a la transmission et a l'exécution des ordres

-Absence de teneur de marché

-« a meilleure limite »

(anciennement

« au prix du marché »

« a cours limité »

DES

Au fixing et en continu

Centralisé

et dirigé par les ordres

Société de

Bourse

-Limitation a la transmission et a l'exécution des ordres

-Absence de teneur de marché

-« a meilleure limite »

(anciennement « au prix du marché »

-« a cours limité »

 

Source : par nos soins a partir des sites suivants : http://www:casablancabourse.com; http://www:bvmt.com.tn; http://www.brvm.com.

L'analyse concernant BVMAC et DSE a été faite à partir des brochures des règles de fonctionnement.

En comparant les principes de cotation des différentes Bourses en Afrique francophone telles que citées dans le tableau 2.1, on constate qu'elles ont toutes la même méthode de cotation : la cotation au fixing et la cotation en continu. De même toutes ces Bourses sont des marchés centralisés et dirigés par les ordres. Elles ont toutes ont le même type d'intermédiation : les sociétés de bourse et, leurs rôles se limitent à la transmission et à l'exécution des ordres ; par conséquent il n'existe pas de teneur de marché. Toutes ces Bourses utilisent les mêmes types d'ordres : les ordres « à meilleur limite » (anciennement « au prix du marché ») et les ordres « à cours limité ».

En raison du manque d'informations concernant la plupart des marchés boursiers Africains, ceci ne nous a pas permis de dégager une typologie complète et cohérente de ces différents marchés boursiers. Mais nous avons procédé à deux hypothèses23 :

· Si on suppose que les marchés boursiers en Afrique francophone optent pour le modèle des marchés dirigés par les ordres et, en tenant compte des exemples cités ci-dessus on peut globalement déduire que toutes les Bourses en Afrique francophones sont des marchés dirigés par les ordres à l'instar d'Euronex Paris.

· On suppose que les marchés boursiers des pays anglophones d'Afrique optent pour le modèle de marché anglo-saxon et, partant de Bittner (1999) qui stipule qu'à l'instar de l'accord de coopération conclu entre la Bourse du Caire et celle de Madrid, la Bourse de Tunis coopère avec les experts Parisiens des marchés de capitaux et, par ailleurs des modèles analogues sont envisageables pour les pays anglophone (Ghana et Nigeria) qui coopèrent avec la Bourse de Londres. On peut conclure en disant que finalement les marchés boursiers des pays anglophones d'Afrique sont des marchés dirigés par les prix.

23 Toutes ces hypothèses restent à vérifier par une étude plus approfondie pour l'avenir.

Section 2. Autres qualités d'organisation des marchés boursiers.

Une bonne organisation du marché repose sur l'informatisation et l'automatisation des opérations, sur une bonne diffusion de l'information concernant les sociétés, sur les délais de compensation des transactions et de livraison des titres réduits et, enfin sur l'efficacité des procédures de contrôle.

Nous abordons ainsi l'automatisation (1.1) et examinons l'automatisation et avantages concurrentiels (1.2), nous étudions ensuite le risque opérationnel et le système de règlement/livraison (2.1) ; un autre critère aussi important dans le fonctionnement d'un marché est étudiée : l'information (2.2) ; enfin nous mettons en exergue l'équilibre adéquat entre la réglementation et déréglementation (2.3).

1. Critères d'organisation de marché.

1.1. L'automatisation.

Les marchés émergents présentent une grande diversité en ce qui concerne leur niveau d'automatisation. A titre d'exemples, les marchés boursiers émergents de Singapour, de Taiwan et de Thaïlande disposent des systèmes de compensation et de règlement comparables à ceux des marchés boursiers les plus développés dans le monde. A contrario d'autres marchés boursiers émergents dont l'Indonésie et plus particulièrement ceux des pays en Afrique Sub-Saharienne ont encore des progrès considérables à réaliser à ce niveau.

Si on considère que le volume des transactions est encore faible dans la plupart des marchés boursiers émergents, les coûts liés à ces transactions sont là quelques motivations qui doivent conduire à l'automatisation des échanges sur les marchés boursiers émergents en Afrique sub-saharienne. Par ailleurs plusieurs aspects du processus des échanges peuvent être automatisés :

o Le routage des ordres vers les marchés, dans ce domaine

l'automatisation s'est considérablement développé surtout dans les

marché boursiers les plus avancés.

o La diffusion de l'information, elle a également fait l'objet d'une automatisation croissante dans les Bourses développées et moins dans les Bourses émergentes d'Afrique.

o L'exécution des ordres, l'exécution électronique des ordres signifie que le déclenchement des ordres est géré automatiquement par un système

informatique et n'est pas soumis au contrôle d'un teneur de marché ou d'un courtier. Peu de systèmes offrent cette possibilité.

o Le suivi comptable des transactions (règlement et livraison) doit permettre aux marchés boursiers émergents une diminution des coûts associés aux activités de back-office et les délais entre le moment de la transaction et celui de son règlement.

L'automatisation permet une réduction des coûts associés aux différentes étapes du processus d'échange. Pour conserver leur position concurrentielle, les marchés ont donc dû automatiser tout ou partie du processus d'échange en l'occurrence les marché boursiers les plus développés même si tous n'ont pas fait le même choix. Cependant, les marchés boursiers émergents doivent fournir d'importants efforts à ce niveau.

En fait l'automatisation d'un marché boursier n'est pas une simple décision technique. Elle est susceptible de modifier les caractéristiques du marché déterminantes pour son efficacité : sa liquidité, sa transparence et les positions concurrentielles des différents participants.

1.2. Automatisation et avantages concurrentiels.

La position des courtiers est menacée par l'automatisation du processus d'échange. En effet, le développement de système de routage électronique et la disparition des parquets rendent moins nécessaire l'intervention des courtiers comme intermédiaire entre l'investisseur final et le marché. On peut en effet envisager que les investisseurs transmettent eux-mêmes leurs ordres à l'aide de terminaux informatiques. Lorsque les échanges continuent de se dérouler sur un parquet, les courtiers conservent un avantage informationnel sur les investisseurs finaux qui n'ont pas accès au parquet. La diffusion électronique de l'information tend également à diminuer cet avantage.

L'automatisation remet également en cause les avantages concurrentiels des teneurs de marché. Elle permet une meilleure diffusion de l'information sur les cotations et les transactions des teneurs de marché. Ceci peut obliger les teneurs de marché à réduire leur fourchette de prix pour rester concurrentiels. L'automatisation des marchés fait également apparaître de nouveaux

concurrents pour les teneurs de marché. Elle rend en effet possible la création de carnets d'ordres électroniques où les ordres à cours limité placés par les investisseurs finaux viennent concurrencer les prix affichés par les teneurs de marché.

L'automatisation diminue également la possibilité pour les intermédiaires (courtiers ou teneurs de marché) d'assurer leur position en se construisant des réputations.

L'automatisation exerce donc une pression concurrentielle sur les intermédiaires : courtiers et teneurs de marché. Cette pression concurrentielle permet de diminuer les coûts de transaction supportés par les investisseurs finaux. Mais elle risque de menacer la liquidité des marchés. En particulier, il n'est pas certain que les teneurs de marché puissent continuer à offrir profitablement leurs services dans un système totalement automatisé.

Le choix du degré d'automatisation du processus d'échange est donc un problème délicat qui ne pose pas de la même façon selon la structure de marché considéré.

Certains marchés boursiers choisissent un système mixte ; dans ce cas le processus d'échange est entièrement automatisé pour les ordres de petite taille. En revanche, le routage et l'exécution des ordres de taille importante ne sont pas automatisés et il demeure possible de traiter ces ordres par négociation bilatérale. Cette architecture permet d'éviter les risques associés au placement des ordres importants dans les marchés complètement automatisés (impact de marché, caractère opérationnel de l'ordre limité, révélation d'information), tout en diminuant les coûts de traitement qui sont particulièrement lourds pour les petits ordres.

2. Risque opérationnel, système de règlement/livraison et information.

3.1. Risque opérationnel et système de règlement/livraison.

Le risque opérationnel est un obstacle qui réduit l'intérêt des marchés émergents pour les investisseurs internationaux. En l'occurrence, peu nombreux sont les pays qui appliquent les recommandations du Groupe des trente [Grimbert, Mordacq, Tchemeni, 1995] en matière de compensation et de

conservation des titres telles que le développement des dépositaires centraux, la livraison contre paiement, un délai de règlement en J+324. Le respect de ces dispositions simplifierait la tâche des conservateurs de titres et attirerait davantage d'investisseurs. Le rôle du conservateur est dons crucial sur les marchés émergents car le système de compensation et de conservation est souvent inefficace.

i Système de règlement/livraison.

En matière de règlement et de livraison des titres, les normes internationales prévoient un dénouement en J+3 (jour de négociation plus 3 jours ouvrés). Or, certaines Bourses Africaines ne respectent pas encore ces normes.

Toutes les opérations d'achat et de vente de titres font l'objet d'un règlement de capitaux et d'une livraison de titres.

Lors du démarrage de la BRVM en 1998, elle a retenu un dénouement des transactions à J+5 (jour de négociation plus 5 jours ouvrés) et prévoyait une éventuelle évolution vers les préconisations internationales en la matière. Mais ce délai n'a pas encore évolué et demeure toujours en J+5.

Le délai de dénouement des transactions de la Bourse de Casablanca ainsi que celui de la Bourse de Tunis est de J+3. Mais jusqu'au 30/06/2000, le délai de dénouement de la Bourse de Casablanca était encore à J+3.

3.2. Information.

L'information est une caractéristique importante pour une organisation efficiente d'un marché boursier. Cette information doit être fiable et disponible pour tous les investisseurs. Or, dans les marchés boursiers émergents en Afrique au Sud du Sahara, ceci n'est pas toujours le cas. Finalement on arrive à des asymétries d'information qui remettent en cause le bon fonctionnement de ces marchés.

Les marchés boursiers liquides affectent les motivations des investisseurs à rechercher l'information parce qu'ils peuvent en tirer un profit avant que l'information obtenue devienne publique. En plus, elle permet d'améliorer les

24 J est le jour où l'ordre d'effectuer l'opération est donné.

connaissances sur les entreprises et leurs projets ; d'où une meilleure allocation des ressources et une accélération de la croissance économique [Kyle, 1984].

Toutefois, ce rôle n'est pas également admis de tous les auteurs. Ainsi Stiglitz [1985] soutient que l'émergence des marchés boursiers révèle rapidement l'information à travers le changement dans les cours. Cette révélation rapide de l'information réduit les motivations des investisseurs à consacrer des ressources à l'obtention de l'information sur les entreprises parce qu'ils peuvent les obtenir en observant le changement des prix.

3.3. L'équilibre adéquat entre la réglementation et déréglementation.

Le développement d'un marché boursier nécessite un équilibre entre, d'une part la liberté nécessaire pour stimuler la concurrence et la croissance et, d'autre part, le contrôle indispensable pour prévenir la fraude et l'instabilité. La réglementation concernant le fonctionnement du système financier, la conservation de titres, la garantie de marché, la fiabilité et la diffusion des informations ne sont pas au niveau des normes internationales dans les marchés boursiers émergents. La transparence n'est pas non plus totale.

Ce chapitre nous a permis de présenter une la typologie des marchés boursiers tout en mettant des spécificités au fonctionnement des marchés boursiers en Afrique. La question relative à l'efficience et à la liquidité des marchés financiers sera abordée dans le chapitre suivant.

CHAPITRE 2 : EFFICIENCE ET LIQUIDITE DES MARCHES FINANCIERS.

. Au cours de ce chapitre, nous étudions d'autres qualités de marché :

efficience et liquidité des marchés financiers. La section (1) est consacrée au concept de l'efficience des marchés financiers. Ainsi, nous examinons l'efficience informationnelle (1) et tentons d'étudier l'impact d'opérations d'initiés sur l'efficience informationnelle (2). Dans la section (2) nous abordons la liquidité des marchés boursiers ; nous définissons et donnons l'importance de la liquidité des marchés boursiers (1). Ensuite, nous étudions la qualité des marchés réglementés et, enfin nous tentons de définir les conséquences d'opération d'initiés sur la liquidité des marchés boursiers (3).

Section 1. Concept de l'efficience des marchés financiers.

La notion d'efficience des marchés financiers trouve ses origines dans la célèbre thèse de Bachelier en 190025 qui étudie le lien entre l'évolution des cours en bourse et la marche au hasard. Afin d'expliquer les raisons pour lesquelles les cours sur les marchés financiers sont impossibles, il a effectué une série de travaux empiriques. Bachelier était en avance sur son temps puisque les autres études sur le comportement du cours des actions n'apparaissent qu'au début des années 60 avec des auteurs comme Samuelson26 [1965].

Les principales références sur l'efficience des marchés financiers sont sans doute les articles de Fama27 [1965, 1970,1991]. Il a marqué le début de la littérature moderne sur le sujet en définissant un marché efficient comme un

25 Bachelier L. (1900) « Thèse de la spéculation» thèse de doctorat de sciences mathématiques, Annale de l'Ecole Normale Supérieure, 3e série, T. 27. En Anglais « theory of speculation », in cootner, P. (ed.), the Random Character of stock Market Prices, Massachusetts Institute of Technology Press, Cambridge, MA, A964.

26 Samuelson P.A. (1965) «The Proof that property Anticipated Prices Fluctuate Randomly», Industrial Management Review, n°6, PP.41-49.

27 Fama E. (1965) «The Behavior of Stock Market Prices», Journal of Business, 38, Janvier, PP. 34-105.

Fama E. (1970) «Efficient Capital Market : II», Journal of Finance, Décembre, 25, PP 338-417. Fama E. (1991) « Efficient Capital Market : II », Journal of Finance, Décembre, 46, PP. 1575- 1618.

marché sur lequel les cours reflètent intégralement l'information disponible. Par ailleurs, il a distingué trois formes de l'efficience informationnelle des marchés financiers correspondant à trois niveaux d'informations progressives : la forme faible, la forme semi-forte et la forme forte. Depuis plusieurs autres définitions de l'efficience informationnelle sont apparues. Parmi ces différentes définitions, les plus fondamentales sont celles de Jensen28 [1978] et de Beaver29[1981].

1. Efficience informationnelle des marchés boursiers.

Dans cette sous-section, nous tentons de fournir une définition complète de l'efficience informationnelle des marchés financiers en nous intéressant sur les différents degrés d'efficience tels qu'ils ont été définis par Fama. Nous abordons en suite la problématique posée par la présence d'initiés sur les marchés boursiers et l'impact de leurs opérations sur l'efficience informationnelle. La question relative sur les conséquences de telles opérations sur la liquidité des marchés boursiers sera abordée dans la deuxième section de ce chapitre.

1.1.Définitions.

Fama (1970) définit un marché efficient comme un marché sur lequel les cours reflètent instantanément l'ensemble des informations disponibles, c'est-àdire les conséquences des événements passés, présents et les anticipations sur les événements futurs. Il admet plusieurs hypothèses pour une efficience totale du marché financier.

· Les coûts de transaction (les commissions et les taxes doivent être nulles) ;

· La gratuité et la disponibilité des informations pour l'ensemble des investisseurs ;

· Les investisseurs doivent maximiser l'utilité espérée de leur richesse ;

· Les investisseurs doivent être dans une situation de concurrence.

28Jensen M. (1978) « Some Anomalous Evidence Regarding Market Efficiency », Journal of Political Economy, n° 6(2/3), PP. 95-101.

29 Beaver W.H. (1981) « Market Efficiency », The Accounting Review, Vol. 56 (1) PP. 233-7.

La théorie de l'efficience des marchés implique qu'il est possible de prévoir les variations des cours car l'ensemble des informations est intégré dans le cours affiché. En d'autres termes, le cours affiché pour chaque actif financier sur un marché efficient est à tout moment une estimation de sa valeur intrinsèque. La valeur intrinsèque d'un titre est déterminé par les qualités et les caractéristiques propres de l'entreprise et non par la manière telle qu'elle est estimée par les intervenants sur le marché.

La distinction de l'efficience donnée par Fama a été souvent critiquée30. On lui reproche principalement l'impossibilité dans la pratique de respecter les hypothèses ci-dessus. L'accès à l'information est généralement coûteux et, en plus, chaque transaction d'achat ou de vente nécessite le paiement de commissions et de taxes. Plusieurs auteurs ont donc tenté de donner une définition plus élaborée ou au moins complémentaire à celle de Fama.

Jensen [1978] décrit un marché efficient en terme d'absences de profit d'arbitrage, c'est-à-dire qu'il considère que dans un marché efficient, il est impossible de réaliser des profits positifs en échangeant des informations. Le terme « profits » désigne les rentabilités ajoutées pour le risque, nettes de l'ensemble des coûts. Dans un tel cas, les cours reflètent l'information jusqu'au point ou le bénéfice marginal lié à l'utilisation d'information n'excède pas les coûts marginaux d'information et de transaction. Cette définition utilise une notion que l'on appelle « l'efficience économique ».

Beaver [1981] définit le concept d'efficience par rapport à l'ensemble des signaux donnés par le marché. Il considère qu'un marché est efficient par rapport à un signal si la configuration des cours des titres est identique à celle qu'elle aurait été dans une économie où chaque agent reçoit à la fois le signal en question et des informations privilégiées. Quant à Latham31 [1986], il considère que les marchés sont efficients par rapport à une information bien précise si l fait de révéler cette information à tout le monde ne changerait ni les cours d'équilibre, ni la composition des portefeuilles.

30 Pour une synthèse des critiques, voir Patrick Roger (1988) « Théorie des marchés financiers efficients et asymétrie d'information : une revue de littérature », Finance, Janvier, PP 59-97.

31 Latham M. (1986) « Information Efficiency Market Subsets », Journal of Finance, 41, PP 39-52.

Plus récemment, Malkiel32 [1992] a synthétisé ces différentes définitions du concept d'efficience informationnelle de la manière suivante :

« Un marché financier est considéré efficient s'il reflète complètement et correctement l'ensemble de l'information pertinente à la détermination des cours. Formellement, le marché est efficient par rapport à une certaine catégorie d'information à tous les agents. L'efficience par rapport à cette information...implique qu'il n'est pas possible de réaliser des profits ».

Dans la première partie de cette définition, l'auteur reprend exactement la définition de Fama alors que dans la seconde partie, il suggère que si les cours ne sont pas modifiés quand l'information est révélée, le marché est considéré comme efficient à l'égard de cette information. Sa troisième suggestion pour définir l'efficience d'un marché financier est de prendre en compte les profits résultant de l'exploitation de cette information. La constatation de rentabilités excessives permet de conclure que le marché n'est pas efficient par rapport à cette information.

1.2. L'efficience et les coûts de l'information.

Grossman et Stiglitz (1980) ont pris en compte l'activité de recherche et de traitement de l'information dans la définition de l'efficience. Leur analyse repose sur l'hypothèse fondamentale que le coût ne peut être nul et par conséquent que les marchés ne peuvent être informationnellement efficients. Ainsi, ils énoncent : « dans la mesure où l'information est coûteuse, le cours ne peut refléter de façon

parfaite toute l'information disponible, puisque, s'il en était ainsi, ceux quidépensent des ressources pour obtenir l'information ne recevraient aucune

compensation ».

Selon la définition de Fama (1970), le système des cours est supposé révéler toute l'information relative à la valeur intrinsèque du titre. Ceci est vrai puisque l'une des principales hypothèses du cadre analytique de Fama est la nullité du coût d'information. Pour Grossman et Stiglitz, le coût engendré par l'activité de recherche et de traitement de l'information rend impossible la révélation de toute l'information disponible dans les systèmes de prix.

32 Malkiel B. (1992) « Efficient Market hypothesis », in Newman P., Milgate M. and Eatwel J.(eds), News Palgrave Dictionary of Money and Finance, Macmillan, London.

Ils supposent l'existence de deux groupes de spéculateurs sur le marché, à savoir ceux qui supportent des coûts pour obtenir l'information (les agents informés) et ceux qui ne veulent pas dépenser leurs ressources et qui n'observent que les cours des titres pour s'informer (les agents non informés). Si les cours des actifs reflètent la totalité de l'information disponible, nous nous retrouvons dans une situation où les agents non informés sont capables de déduire de ces prix l'information des agents informés, et par conséquent leur coût d'information est nul. Dans un tel cas, les informés se trouvent dans une situation où ils ne sont pas incités à collecter de l'information, et par conséquent le marché ne peut pas intégrer celle-ci et n'est donc pas efficient.

Dans la situation où les cours ne reflètent pas la totalité de l'information, les informés profitent de l'avantage procuré par la recherche d'information sans que les non informés y accèdent. L'explication est toute simple puisque les cours sont « bruités » et les non informés ne sont pas capables de savoir lors d'un changement de cours si celui-ci est la conséquence d'une nouvelle information ou simplement d'un « bruit ».

1.3. Les trois formes de l'efficience informationnelle et leurs conséquences. La parfaite efficience informationnelle n'existe pas en réalité. Nous avons pris l'habitude de la classer en trois degrés bien qui dépendent de l'information prise en compte depuis le célèbre article de Fama [1970].

Les décisions d'investissement sur les marchés financiers dépendent moins des informations pertinentes disponibles sur le marché, mais du degré d'efficience informationnelle de celui-ci. Plusieurs raisons expliquent l'importance de cette hypothèse sur les marchés financiers. La principale se trouve dans la définition du concept d'efficience informationnelle. Ce dernier suggère que le cours constitue la meilleure évaluation de la valeur d'un titre à un moment donné puisqu'il prend en compte l'ensemble de l'information disponible sur le passé, le présent et le future. Ce cours indique donc l'utilité d'un titre en intégrant l'opinion générale des agents.

Dans un tel marché, l'ensemble des événements prévisibles dont dépendent les cours des entreprises sont identifiés ainsi que leurs conséquences. De ce fait, aucun titre n'est sous-évalué ou surévalué. Les cours des actifs financiers qui sont déterminés sur un marché efficient permettent de

fournir des indicateurs d'une grande importance sur la santé des entreprises et permettent ainsi d'aider les investisseurs dans leurs choix d'investissements. Ainsi, ils assurent une bonne allocation des ressources en capital.

Fama (1970) propose trois versions de l'hypothèse de l'efficience des marchés financiers qui font une distinction entre les ensembles d'information que le prix d'un titre doit incorporer.

o D'abord, il y a l'information sur les prix passés des titres ; il s'agit là

de la version faible de l'hypothèse d'efficience : le prix d'une action reflète toute l'information contenu dans l'histoire passée du prix du titre, et la conséquence directe de l'hypothèse faible est l'analyse technique33 ( qui consiste à regarder essentiellement les prix passés ou des fonctions de ces prix passés).

o Ensuite, il y a toute l'information publiquement disponible

concernant le titre qui inclut entre autres les rapports annuels, les analyses techniques et fondamentales disponibles publiquement, l'information à caractère macro-économique et sectoriel : c'est la version semi-forte de l'hypothèse d'efficience car le prix d'une action reflète toute l'information disponibles et la conséquence d'une telle hypothèse est toute analyse basée sur l'information publique (analyse fondamentale34).

o Finalement il y a l'information publique y compris l'information privée ou

privilégiée ou celle provenant d'initiés de la compagnie qui a émis

le(« insider information ») ; il s'agit de la version forte de l'hypothèse

d'efficience ; le prix d'une action reflète alors toute l'information disponible qu'elle soit publique ou privée et la conséquence de l'hypothèse forte est que toute possibilité de gains inexploités sera éliminée.

33 L'analyse technique est fondée sur l'hypothèse que les mouvements antérieurs des cours ont tendance à se reproduire. Ce qui implique qu'il est possible de prévoir les retournements de tendance ou de les identifier en utilisant uniquement des données historiques.

34 Face à l'école chartiste ou technique, on trouve l'école dite d'analyse fondamentale ou fondamentaliste. Cette appellation est issue de leur manière de déterminer la valeur fondamentale des actifs financiers traités sur le marché. Cette technique consiste à déterminer pour chaque titre sa valeur intrinsèque. Si le cours du marché est inférieur (respectivement supérieur) à la valeur fondamentale, il est possible de réaliser des bénéfices en prenant une position haussière.

Dans son article de 1991, Fama redéfinit les trois formes de l'efficience en utilisant trois types de tests empiriques. Ainsi l'efficience de forme faible devient l'étude de la prévisibilité des rentabilités ; cette forme d'efficience est validée par des tests permettant de vérifier s'il est possible de prévoir les rentabilités futures des titres en se basant uniquement sur les séries historiques des cours et sur les dividendes. Par ailleurs, la forme semi-forte regroupe les études événementielles concernant l'information publique, c'est-à-dire les tests permettant de vérifier si l'ensemble de ce type d'information est déjà intégré dans les cours des titres. Quant à la forme forte, elle regroupe les tests portant sur l'information privilégiée détenue par certains investisseurs initiés.

L'étude de la forme forte d'efficience des marchés financiers a été développée essentiellement sur le marché boursier américain. Dans un tel marché, il est impossible de réaliser des profits grâce à des avantages informationnels privilégiés.

Si l'objectif attendu de cette forme d'efficience est de savoir si les initiés (ils sont représentés, soit par les investisseurs qui détiennent une part importante de titres existants d'une entreprise soit ils font partie des dirigeants de celle-ci), en réalisant leurs opérations sur la base des informations privilégiées dont ils disposent, tirent ou non profit supérieurs à ceux attendus pour le risque encouru, nous nous interrogeons plutôt sur l'impact de leurs opérations (d'initiés) sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers.

2. L'impact d'opérations d'initiés sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers.

Dans cette deuxième sous-section, le but est d'étudier l'impact des opérations d'initiés sur l'efficience informationnelle. A travers les différentes hypothèses émises par les auteurs sur la théorie financière, nous essayons d'en déduire si l'intervention des initiés peut contribuer ou pas à l'amélioration de l'efficience informationnelle des marchés boursiers.

2.1. Les opérations d'initiés peuvent-elles améliorer l'efficience informationnelle des marchés boursiers ?

Une très vaste littérature traite les conséquences des opérations d'initiés sur les principales caractéristiques des marchés boursiers (efficience, liquidité...).Manne [1966] peut être considéré comme le précurseur sur la problématique posée à la réalisation des opérations d'initiés dans les marchés boursiers. Il affirme que la réalisation de tells opérations contribue à l'amélioration de l'efficience. Cette affirmation se justifie par le fait que lorsque les opérations d'initiés sont permises, les cadres des entreprises exploitent au maximum leur information privée qui est ainsi incorporée dans les cours cotés.

Une étude empirique sera menée quelques années plus tard par Meulbroek [1992] afin de tester l'hypothèse selon laquelle la présence d'initiés sur un marché boursier augmente le contenu informationnel des cours. Pour ce faire, l'auteur utilise une liste des cas d'initiés détectés par la SEC35 ; il va ensuite montrer que la variation anormale des cours observée lors de l'intervention des informés représente 40 à 50% de la variation des cours constatée le jour de l'annonce. Finalement, Meulbroek en déduit que les initiés de par leurs transactions informées contribuent à la découverte des vrais prix.

Mais un certain nombre d'auteurs vont remettre en cause les hypothèses émises par Manne [1966] et Meulbroek [1992] selon lesquelles la réalisation des opérations délictueuses permet d'améliorer le contenu informationnel des cours cotés.

Pour Kyle [1985] , si les initiés sont conscients des conséquences de leurs transactions sur les cours, ils vont adopter une stratégie d'échange de manière à retarder leur information et finalement à ne pas la divulguer au reste du marché. Cette situation va entraîner une diminution de l'efficience informationnelle des marchés financiers. De façon identique, Biais et Foucault [1993] vont montrer que si les prix cotés reflètent une part de l'information privée, alors plusieurs facteurs limitent cette révélation d'information, notamment le bruit dû à des chocs de liquidité ainsi que le comportement stratégique des informés.

Cependant Manove [1989], ainsi que Fishman et Hagerty [1992] montrent que si les initiés suspectent simplement la présence des initiés sur le marché,

35 Securities and Exchange Commission

l'hypothèse selon laquelle les opérations d'initiés améliorent l'efficience informationnelle est remise en cause et ceci pour les raisons suivantes :

Tout d'abord, pour Manove [1989], lorsque les agents non informés sont conscients du risque de sélection adverse, ils vont exiger une prime de risque de compensation, et ceci va nécessairement engendrer des coûts supplémentaires de liquidité. Manove va donc conclure en disant que la réalisation d'opérations d'initiés ne peut contribuer à l'amélioration du contenu informationnel des cours seulement si les transactions portent sur d'importants volumes et que de toute évidence l'efficience est meilleure lorsqu'une information nouvelle est directement communiquée au public plutôt que par l'intermédiaire du marché.

Ensuite, selon Fishman et Hagerty [1992], la présence d'initiés sur les marchés peut décourager les non initiés dans leur recherche d'information ce qui conduit à la diminution de l'efficience des cours.

Dans une vision beaucoup plus large, Ausubel [1990], montre que si les initiés sont présents sur les marchés, il y aura nécessairement une dégradation de la confiance des non initiés vis-à-vis des marchés ; ceux-ci (non initiés) prenant en compte les préjudices que les informés (initiés) peuvent leur causer. Ainsi, lorsque les opérations d'initiés sont permises, les informés vont tirer profit de l'information privée qu'ils détiennent sans pour autant rendre celle-ci publique. Finalement, on arrive à une situation d'équilibre révélateur d'une manière partielle ; laquelle conduira les informés à réaliser des bénéfices aux dépens des autres investisseurs présents sur le marché. Pour cet auteur la réglementation de ce type d'opération va obliger les informés à rendre publique leur information avant de l'exploiter, ce qui va permettre une augmentation des profits non seulement des non informés mais aussi de ceux des initiés, l'équilibre devenant alors révélateur. Finalement, on va aboutir à une situation où grâce à la réglementation de ces types d'opérations, les effets bénéfiques seront d'autant plus importants que l'asymétrie d'information existant entre les informés et les non initiés est importante.

Restant dans la même logique que celle évoquée par Ausubel [1990], Bhattacharya et Spiegel [1991] vont plus loin en affirmant qu'il suffit que les non

informés pressentent la présence d'initiés sur le marché, pour qu'ils refusent d'effectuer des transactions compte tenu du risque de sélection adverse. Finalement l'intervention d'initiés conduit au blocage du marché où aucune transaction ne se réalise.

En définitive, l'impact des opérations des initiés sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers n'est pas défini de façon claire et précise par la littérature théorique, car deux hypothèses s'opposent.

Pour certains auteurs, l'intervention d'initiés conduit à la découverte de vrais prix et donc améliore l'efficience informationnelle des marchés boursiers, alors que pour les autres ces opérations délictueuses vont plutôt décourager les non initiés à effectuer leurs transactions car conscients du risque de sélection adverse et contribuer ainsi à la diminution du contenu informationnel des cours cotés.

L'analyse que nous avons menée concerne l'efficience informationnelle au sens fort car celle-ci est basée sur la prise en compte d'informations privilégiée dans les cours des actifs. Les seuls tests pertinents consistent à déterminer si des investisseurs initiés sont capables de battre le marché. Il existe plusieurs difficultés à la réalisation de ce type de tests compte tenu du manque de données relatives aux opérations d'initiés dans les pays émergents comme ceux de l'afrique.

Contrairement aux marchés boursiers des pays développés, il n'existe aucune source fiable permettant la réalisation d'étude concernant l'activité boursière d'investisseurs privilégiés. La seule alternative opérationnelle pour tester indirectement la forme forte de l'efficience est la mesure de la performance des gérants de portefeuilles qui sont susceptibles d'acquérir des informations avant leurs publications. Mais les marchés boursiers émergents d'Afrique sont encore jeunes pour effectuer ce genre de tests. Au terme de cette analyse portant sur l'impact des opérations d'initiés sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers, nous pensons tout de même que les pays africains doivent réglementer de telles opérations car celles-ci peuvent avoir des conséquences néfastes sur l'efficience informationnelle de leurs marchés boursiers même si jusqu'ici les tests n'y ont pas été réalisés.

Les marchés boursiers émergents d'Afrique d'une manière générale et particulièrement au sud du Sahara ne sont pas réglementés comme ceux des

pays développés. Il est de toute évidence que la présence d'initiés sur de tels marchés puisse influencer l'influence l'efficience informationnelle qui déjà souffre du manque de transparence de ces marchés boursiers.

Contrairement à l'hypothèse émise par Manne [1966] selon laquelle les opérations d'initiés contribueraient à l'amélioration de l'efficience informationnelle des cours cotés, ceci se justifiant par le fait que lorsque ces opérations sont permises, les cadres des entreprises exploitent au maximum leur information privée qui est ainsi incorporée dans les cours cotés, cela semble ne pas être vérifié en ce qui concerne les marchés boursiers émergents d'Afrique ; ceci pour des raisons suivante :

o Tout d'abord, il semblerait que les marchés boursiers émergents d'Afrique ne sont pas efficients compte tenu de leur manque de transparence d'une part ;

o D'autre part, la corruption qui sévit actuellement dans ces pays viendrait

simplement aggraver la situation si de telles opérations sont permises.

Partant de la théorie de l'agence, Brudney [1979] et Easterbrook [1981], estiment que le fait de pouvoir réaliser des transactions sur la base d'informations privilégiée, incite les cadres à retarder au maximum la publication de l'information ; dans le cadre des marchés boursiers d'Afrique, une telle hypothèse permettrait aux cadres africains de tirer profit de cette information privilégiée.

Pour Bagnoli et Khanna [1992], la non interdiction des opérations d'initiés peut même conduire les gérants à adopter des stratégies de gestion dont l'objectif n'est plus la maximisation de la valeur de l'entreprise mais la maximisation des profits que ces derniers espèrent réaliser sur les transactions qu'ils font pour leur propre compte sur les titres de leur entreprise.

Dans le cas des marchés boursiers émergents d' Afrique, nous pensons que les opérations d'initiés doivent être interdites car compte tenu de la corruption et du manque de crédibilité de certains dirigeants cadres d'entreprises africains, ceux-ci chercheraient plutôt à réaliser des profits de leur information privilégiée aux dépens des non informés, ce qui pourrait avoir des conséquences sur les caractéristiques de marché telles que l'efficience ou la liquidité et entraînerait même des asymétries d'informations et des risques de sélection adverse ; ce qui

augmenterait davantage l'impact de telles opérations sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers émergents d'afrique.

Pour mieux comprendre l'impact des délits d'initiés sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers, un nombre important de modèles de la microstructure des marchés financiers étudient la formation des prix dans un contexte d'asymétrie d'information.

2.2. Formation des cours cotés dans un contexte d'asymétrie d'information.

Comment peut-on résoudre le problème d'asymétrie d'information et améliorer le contenu informationnel des cours en présence d'initiés dans un marché boursier ?

Plusieurs courants de pensée ont essayé de résoudre ce problème. Grossman [1976] essaie de répondre à cette question en utilisant les concepts développés par la théorie des équilibres en anticipations rationnelles. En fait, Grossman s'attache à montrer que le prix d'équilibre d'un titre financier peut permettre de résoudre les asymétries d'information existant entre les initiés sur la valeur du titre et les agents non informés. Il part d'une intuition simple en supposant qu'un agent dispose une information lui indiquant qu'une action est sous-évaluée. Il peut réaliser un gain en plaçant des ordres d'achat. Mais cet accroissement de la demande va provoquer une augmentation du prix qui signale au marché que certains agents considèrent que l'action est sousévaluée.

Si les agents non informés anticipent correctement la relation qui existe entre le prix et l'information de l'initié, ils peuvent pour chaque niveau de prix inférer l'information privée de celui-ci. L'article de Grossman [1976] propose une modélisation rigoureuse de cette intuition. Il montre qu'il est possible d'obtenir des équilibres parfaitement révélateurs, c'est-à-dire tels que les prix reflètent toute l'information des agents informés36. Il donne ainsi un fondement

36.Grossman montre que le prix d'équilibre constitue une statistique suffisante de l'information des agents informés. Ceci signifie qu'un agent qui n'observe que le prix d'équilibre est en mesure de formuler les anticipations qu'un agent qui observerait les signaux reçus par chaque initié et qui disposerait ainsi de toute l'information privée disponible.

micro-économique à la notion d'efficience des marchés boursiers. Grossman et Stiglitz [1980] montrent que ce résultat pose un problème lorsque les coûts d'information supportés par les agents informés sont pris en compte. En effet, si les prix d'équilibre transmettent toute l'information privée, les agents informés ne peuvent pas réaliser des profits supérieurs à ceux obtenus par des agents non informés. Dans ces conditions aucun agent n'a intérêt à payer un coût pour s'informer et les prix d'équilibre ne peuvent donc transmettre aucune information privée.

L'efficience forte est donc incompatible avec l'équilibre du marché boursier. En fait, Grossman et Stiglitz [1980] montrent que pour obtenir des équilibres dans lesquels il existe une proportion non nulle d'agents informés, il est nécessaire que les prix d'équilibre ne soient pas parfaitement révélateurs. C'est le cas lorsque certaines variables (par exemple l'offre totale d'actif risqué) qui influence la réalisation du prix d'équilibre ne peuvent pas être observées par les agents non informés. Dans les modèles de Grossman [1976] et Grossman et Stiglitz [1980], les agents informés déterminent leur fonction de demande sans tenir compte de leur fonction de l'information qu'ils révèlent au marché. Ceci revient à supposer que ces agents ont un comportement concurrentiel puisqu'ils ne prennent pas en compte l'impact de leurs transactions sur les prix réalisés à l'équilibre. Deux travaux plus récents sur la transmission d'information par les prix [Kyle (1985), Kyle(1989), Gale et Hellewig (1989), Laffont et Maskin (1990)...] abandonnent l'hypothèse d'un comportement concurrentiel des agents informés.

Les articles de Kyle [(1985), (1989)] montrent que, conformément à l'intuition, lorsque les agents informés sont conscients de leur impact sur les prix, l'efficience informationnelle des prix est diminuée. Ils soulignent également que l'asymétrie d'information est un déterminant important de la liquidité d'un marché. Gale et Hellwig [1989] et de Laffont et Maskin [1990] reviennent sur le résultat de Kyle en matière d'efficience informationnelle en montrant que lorsque les agents informés ont un comportement non concurrentiel, plusieurs équilibres peuvent être obtenus et que le degré d'efficience informationnelle dépend dans ce cas de l'équilibre considéré. Laffont et Maskin [1990] par exemple obtiennent un équilibre dans lequel toute

l'information de l'agent informé est révélée et un autre équilibre dans lequel aucune information n'est révélée par le prix d'équilibre. D'autres articles Glosten [1989], Bhattacharya et Spiegel [1992], Bossaerts et Hughson [1991] mettent en évidence que l'existence d'asymétrie d'information peut conduire à des situations dans lequel le marché est particulièrement illiquide pouvant conduire même à une suspension des échanges.

Cette asymétrie d'information peut donc s'expliquer par le fait que dans un marché boursier certains investisseurs (agents) détiennent des informations sur les prix des actifs financiers et d'autres (les non informés) n'ont pas forcément les mêmes informations. Cette présence d'agents informés (initiés) peut entraîner des conséquences non seulement sur l'efficience informationnelle mais aussi sur la liquidité des marchés financiers.

Section 2. Liquidité des marchés financiers.

La section précédente a été consacrée au concept de l'efficience informationnelle ; elle a permis d'étudier l'impact d'opérations d'initiés sur l'efficience informationnelle. Au cours de cette section, nous étudions la liquidité des marchés boursiers . Nous proposons dans un premier temps des définitions (1.1) ensuite nous étudions l'importance de la liquidité sur les marchés boursiers (1.2). A travers la qualité des marché réglementés nous analysons l'offre de liquidité (2.1), le prix de l'immédiateté (2.2) et, enfin nous examinons l'interaction de l'offre de liquidité et du prix de l'immédiateté (2.3). Finalement, pour clore cette section, nous tentons de proposer un état de l'art sur les conséquences des opérations d'initiés sur la liquidité des marchés boursiers.

1. Définition et importance de la liquidité des marchés boursiers. 1.1. Définitions.

J.M. Keynes [1930] peut être considéré comme le précurseur du concept de liquidité. L'auteur définit pour la première fois ce concept selon lequel un actif est d'autant plus liquide qu'il est transformable en monnaie à court terme et sans perte. Cette définition a permis de mettre en évidence les deux aspects de la liquidité :

o Le facteur temporel exprimé par les termes « à court terme » ; o Le facteur prix traduit par les termes « sans perte »

Cette définition peut être adaptée aux marchés financiers. La liquidité peut se définir comme la caractéristique d'un marché où l'investisseur peut effectuer des opérations d'achat ou de vente d'une quantité importante de titres à un prix et dans un délai raisonnable sans provoquer de grandes variations de cours. Par ailleurs un titre est liquide s'il est possible de l'acheter et de le vendre rapidement en supportant des coûts de transaction modérés, et à un prix raisonnable.

Ces définitions soulignent deux dimensions de la liquidité : la dimension temps et la dimension coût ; mais seulement les deux dimensions évoluent en sens inverse : plus l'investisseur est pressé de réaliser sa transaction, plus le coût engendré par celle-ci est importante tandis que plus l'investisseur est patient plus son coût d'exécution est avantageux.

1.2. Importance de la liquidité des marchés boursiers.

L'importance de la liquidité est la thèse dominante dans la mise en évidence du rôle des marchés boursiers dans la croissance économique. Les marchés boursiers facilitent le financement d'investissements rentables en fournissant des liquidités. Beaucoup d'investissements rentables exigent des immobilisations de fonds sur le long terme alors que les épargnants /investisseurs sont souvent très disposés à consentir de tels sacrifices. La liquidité de la bourse permet de remédier à cette situation en offrant aux investisseurs des titres liquides, c'est-à-dire des titres qu'ils peuvent vendre à tout moment pour réaliser leur épargne. Parallèlement les entreprises peuvent lever des capitaux à travers l'émission de titres de long terme. De ce point de vue, la bourse contribue à une meilleure allocation des capitaux. Ainsi la liquidité des bourses améliore les perspectives de croissance économique de long terme.

De plus, en rendant les investissements moins risqués et en permettant aux projets les plus rentables d'être réalisés, la liquidité des marchés boursiers peut aussi conduire à plus d'épargne et d'investissements. Sous cet angle, la

liquidité des marchés boursiers favorise une accumulation rapide du capital et permet des gains de productivité élevée.

Plusieurs études ont abordé le rôle de la liquidité des bourses dans la croissance économique ; on peut citer par approches les auteurs suivants.

Pour les analyses historiques et qualitatives : Hick [1969], Habert [1991], Levine [1997] etc. Pour les études économétriques : Atje et Jovanovic [1993], Demirguc-Kunt et Levine [1996], Levine et Zervos [1996 et 1998] etc.

Si la liquidité est l'aspect le plus valorisé pour montrer le rôle des bourses dans la croissance économique, il faut aussi noter que c'est un facteur dont les effets pervers sont utilisés pour réfuter la thèse de l'importance de la liquidité dans la croissance économique. En effet, une plus grande liquidité accroît la rentabilité des investissements et réduirait l'incertitude. En retour, de fortes rentabilités affecteraient de manière ambiguë le taux de l'épargne due à la bonne connaissance des revenus et des effets de substitution. Une baisse de l'incertitude en plus affecte également de manière ambiguë le taux d'épargne. Ainsi, le taux d'épargne peut indifféremment croître lorsque la liquidité augmente [Levhari et Srinivasan, 1969]. Si le taux de l'épargne baisse considérablement et s'il y a des liens (externalités) avec l'accumulation du capital, la croissance économique peut baisser malgré une grande liquidité Japelli et Pagano, [1994].

2. Qualité des marchés réglementés. 2.1. Offre de liquidité.

La diffusion des informations est une variable clef de la transparence du
flux d'ordres. En effet, la transparence d'un marché peut être définie comme le
degré d'information contenu dans les échanges, à la fois avant la transaction à
travers les ordres (transparence pré-transactions) et après la transaction à
travers les caractéristiques des échanges réalisés (post-transactions). Alors
que la transparence pré-transactions dépend des mécanismes d'échange du
marché, la transparence post-transactions découle du degré d'automatisation.
D'une manière générale, les marchés automatisés offrent aux
investisseurs un degré de transparence post-transactions plus élevé que les

marchés non automatisés. La transparence repose sur plusieurs caractéristiques : le délai de diffusion de l'information, le degré d'accessibilité des investisseurs au détail des échanges et à l'identité des donneurs d'ordres, la quantité d'information publiée sur les caractéristiques de l'échange (prix et quantité) etc....la diffusion en temps réel influence de manière déterminante le processus d'inférence de l'information. En fonction du statut de l'investisseur, membre ou non du marché, le degré de transparence est donc différent puisque le contenu des écrans de cotation est différent.

L'efficience informationnelle, c'est-à-dire la rapidité avec laquelle l'information est intégrée dans les prix, est donc étroitement liée à la transparence du marché. En effet, si les interventions des agents sont justifiées par des divergences d'anticipations, le flux d'ordres (la transparence pré-transactions) est une variable clef dans le processus de découverte du prix d'équilibre en révélant la nature des informations détenues par les agents. La transparence du marché favorise ainsi la concurrence dans l'offre de liquidité en constituant une incitation à améliorer les prix présents en carnet pour gagner la priorité temps (undercutting trading process). Biais, Hillion et Spatt [1995] mettent en évidence un comportement concurrentiel des agents lorsque l'écart entre le meilleur prix acheteur et vendeur est normalement élevé par un placement d'ordres à l'intérieur de ces limites.

La difficulté de définir quantitativement la transparence ainsi que la difficulté de modéliser le comportement des investisseurs expliquent des résultats contradictoires. Les modèles de Madhavan [1995,1996] et de Pagano et Roell [1996] concluent à l'efficience supérieure des structures transparentes car les prix s'y trouvent déterminés conditionnellement à un ensemble d'information plus riche que celui disponible sur les structures opaques. Les investisseurs peuvent ainsi se protéger des informés. L'efficience et la transparence sont des facteurs d'amélioration de la liquidité et de réduction des coûts de transaction supportés par les non informés car l'incertitude se trouve réduite.

Une étude empirique de Bloomfield et O'Hara [2000] confirme qu'un marché transparent révèle plus rapidement et de manière plus complète l'information existante qu'un marché semi opaque ou opaque. La même étude

montre également que les investisseurs informés choisissent plus fréquemment de placer leurs ordres sur une structure moins transparente pour maximiser leur profit. Ces échanges sont en conséquence moins rentables pour les teneurs de marché.

2.2. Le prix de l'immédiateté.

La liquidité du marché boursier est assurée à chaque instant par le carnet et, plus précisément par les ordres à cours limité37 en attente d'exécution. En fonction de sa limite de prix, un ordre limite est soit offreur de liquidité ou consommateur de liquidité. Il est consommateur s'il provoque une transaction dès son entrée dans la feuille de marché, dans le cas contraire il est offreur de liquidité.

Kyle [1985] et Harris [1990] définissent un marché liquide comme un marché qui permet à un agent d'effectuer rapidement des transactions non négligeables sans provoquer de variations de prix importantes : Cette définition utilise trois concepts : le volume, le temps et le prix. Le manque de liquidité est mesuré par la différence entre le prix de transaction et la valeur fondamentale de l'actif.

· Instantanéité : il s'agit de la composante temporelle de la liquidité. L'investisseur désire une exécution immédiate ou dans un délai relativement court en fonction de l'agressivité et de la taille de son ordre.

· Profondeur : il s'agit du nombre de titres pouvant être échangés sur les différentes limites de prix à l'achat et à la vente. Il s'agit également d'une mesure de la capacité du marché à absorber un échange de taille importante sans décalage de cours. Si cette profondeur est insuffisante, le demandeur de liquidité risque de subir une variation importante de prix.

37 Ordre de bourse le plus classique. Il comporte un prix maximum à l'achat et un prix minimum à la vente. Ainsi, un ordre d'achat limité à 220 euros n'est pas exécuté tant que le cours de la valeur dépasse 22O euros. Un ordre de vente limité à 300 euros n'est pas exécuté tant que le cours de la valeur est inférieure à 300 euros. Cet ordre permet de se protéger contre les fluctuations du marché.


· Fourchette : elle mesure la différence entre le prix vendeur (ask price) et le prix acheteur (bid price) affichés par les ordres à cours limités sur un marché dirigé par les ordres ou par un teneur de marché. Celui-ci doit assurer l'équilibre entre l'offre et la demande par des achats et des ventes sur son propre stock de titres. Il se rémunère par conséquent par la fourchette qui est le prix à payer pour l'immédiateté de l'échange par les investisseurs non informés. Le coût effectivement payé par les investisseurs, c'est-à-dire la fourchette réalisée est estimée à partir des variations successives du prix de transaction.

i Mesure de liquidité.

La liquidité du marché est déterminée par la demande et l'offre d'immédiateté. La taille de la fourchette de prix est la mesure la plus utilisée pour quantifier la liquidité. La fourchette relative est une meilleure mesure des coûts de transaction car elle est indépendante de toute échelle. Elle est le rapport entre la fourchette et le milieu de la fourchette.

100× (Ask-Bid)

Soit Sr la fourchette relative Sr = (Ask+Bid) /2

Sur les marchés organisés où les cotations se font en continu, qu'il s'agisse de marché de contrepartie ou de marché d'agence, l'existence d'une fourchette cotée permet aux investisseurs pressés de trouver de façon immédiate une contrepartie (pour les échanges de taille normale). Le coût de l'immédiateté est une bonne mesure de la liquidité sur les marchés continus comme le confirment Ahmihud et Mendelson [1986]. Le coût de l'immédiateté peut être estimé par la fourchette cotée représentant le coût d'un aller et retour (ou d'un acheté vendu).

Sur les marchés d'agence, il n' y a pas de teneur de marché cotant une fourchette et assurant la liquidité, sauf pour les titres où une société de bourses assure une activité d'animation. Sur ce type de marché, la liquidité est fournie par des investisseurs plaçant des ordres à cours limités. Le niveau de liquidité d'un titre résulte de la confrontation de deux types d'ordres : les ordres

au « marché »38, sans limite de prix, émanant des investisseurs pressés et les ordres a cours limité, soumis par les investisseurs patients.

i Comparaison des deux types d'ordres : ordres a cours limité et ordres au « marché »

Les ordres a cours limité ont une fonction économique importante pour le marché car ils révèlent l'information disponible aux investisseurs [Amihud et Mendelson (1991)]. Ils permettent ainsi aux agents de mieux déterminer le prix auquel ils acceptent de prendre part aux échanges. Pour qu'un marché dirigé par les ordres soit viable, le prix payé par les demandeurs de liquidité pour une exécution immédiate de leurs ordres doit donc compenser les risques supportés par les offreurs de liquidité a cours limité. Les investisseurs qui placent les ordres au « marché » paient un coût implicite pour l'exécution immédiate. L'investisseur a cours limité lui fait face a deux coûts : le risque de non exécution (fonction du prix de l'ordre et de l'évolution du marché) et le risque de sélection adverse (dû a la présence d'investisseurs informés). Cependant, l'investisseur qui place un ordre a cours limité reçoit un meilleur prix d'exécution qu'un ordre au « marché » car il économise la différence entre le prix acheteur et vendeur.

L'exécution d'un ordre d'achat a cours limité ne sera effective qu'en présence d'un vendeur qui valorise le titre a un niveau équivalent ou inférieur a la limite de prix de l'acheteur. Le risque de non-exécution dépend donc de la distribution des agents entre les deux groupes. Ce risque correspond en fait a un coût d'opportunité car l'investisseur a cours limité non-exécuté perd une possibilité d'échange certaine s'il place un ordre au « marché »

L'asymétrie d'information entre les agents est effective si l'ordre d'achat (de vente) a cours limité est exécuté contre un vendeur (acheteur) informé qui échange après réception d'un signal négatif (positif) sur la valeur du titre. A l'équilibre, les ordres a cours limité sont évalués tels que l'utilité espérée soit

38 L'ordre au « marché » (anciennement « a tout prix », puis « au mieux ». Il permet une exécution totale, mais ne permet pas de maîtriser le prix de cette exécution. Il ne doit pas être utilisé pour des valeurs très volatiles (bons de souscription, warrants) mais pour des valeurs très liquides.

équivalente à celle d'un ordre au « marché » c'est-à-dire espérée d'un échange certain. Le risque d'échange par un ordre à cours limité est compensé par l'amélioration de prix qui résulte de l'exécution. Glosten [1994] analyse les échanges réalisés à cours limité en présence d'asymétrie d'information sur le marché. Il montre qu'un investisseur place un ordre à cours limité seulement si le gain attendu excède le coût de sélection adverse.

La rationalité et la rentabilité des échanges via un ordre à cours limité sont analysées par Handa et Schwartz [1996] ainsi que par Hasbrouck [1996]. Le prix payé par les demandeurs de liquidité pour une exécution immédiate doit compenser les risques supportés par les offreurs de liquidité. Le gain obtenu par un investisseur plaçant un ordre à cours limité près du marché est significativement supérieur à celui des ordres au « marché ». Les donneurs d'ordres à cours limité sont donc rémunérés pour les risques auxquels ils doivent faire face.

2.3. L'interaction de l'offre de liquidité et du prix de l'immédiateté.

La liquidité d'un titre est une caractéristique importante puisqu'elle permet aux investisseurs de réaliser des gains sur une allocation des risques en utilisant la dynamique des échanges. Un investisseur peut vouloir échanger immédiatement car il possède une information privée sur la valeur future du titre ou parce qu'il veut relancer son portefeuille. La présence d'agent(s) informé(s) expose les agents non informés au risque de sélection adverse. La conséquence directe est une modification des prix cotés.

Sandas [1998] analyse comment l'asymétrie d'information, le comportement stratégique des investisseurs et les frictions du marché affectent les coûts de transaction sur un marché d'ordres à cours limité. Il modélise le processus d'échange sur ces marchés de la même manière que Glosten [1994]. Le profit marginal obtenu des ordres à cours limité est donc nul. Les teneurs de marché offrent la liquidité aux investisseurs qui la consomment. Chaque investisseur peut être successivement offreur ou demandeur de liquidité. Rock [1996] et Seppi [1997] utilisent la même modélisation pour étudier l'interaction entre le spécialiste et le carnet d'ordres entre les marchés pour capter le flux d'ordres. Le coût de sélection adverse est modélisé en fonction de la taille de l'offre.

Les stratégies de placement d'ordres sont étudiées par Biais, Martimort et Rochet [2000]. Ils développent un modèle de concurrence entre les investisseurs sous l'hypothèse de sélection adverse. Les offreurs de liquidité affichent une grille de prix non linéaire auxquels ils sont prêts à échanger avec un agent adverse au risque qui possède une information privée sur la valeur fondamentale de l'actif et sur ses propres besoins de couverture. Ils montrent qu'il existe un équilibre unique où les offreurs de liquidité, en nombre fini, gagnent un profit strictement positif. En effet, les teneurs de marché pour prendre en compte le contenu informationnel des échanges ajustent leur prix à la taille de transaction. Cet ajustement de prix aux quantités entraîne une demande résiduelle qui n'est infiniment pas élastique. L'avantage monopolistique de cet arbitrage prix-quantité est donc maintenu dans un univers oligopolistique. De ce fait chaque offreur de liquidité affiche des prix pour lesquels son espérance de profit est strictement positive.

3. Conséquences des opérations d'initiés sur la liquidité.

Définir des conséquences des opérations d'initiés sur la liquidité des marchés boursiers n'est pas toujours chose facile ; tout comme l'impact de telles opérations sur l'efficience informationnelle. Les conséquences de telles opérations sur la liquidité des marchés boursiers ne sont pas clairement définies. Plusieurs auteurs tentent de définir les conséquences de ces opérations sur la liquidité des marchés bousiers.

Pour Leland [1992], l'intervention des initiés contribue à faire chuter la liquidité. A l'inverse, pour Cornell et Sirri [1992], la présence des initiés sur le marché permet plutôt d'améliorer la liquidité en faisant augmenter le nombre du passage d'ordres par les non informés. Or, en matière d'asymétrie d'information la littérature prévoie que la réalisation d'opérations d'initiés a pour conséquences l'augmentation du degré de sélection adverse sur les marchés boursiers qui devrait se traduire par un élargissement de la fourchette de prix39. Mais le problème qui se pose à ce niveau c'est que les deux auteurs

39 La fourchette de prix est l'écart séparant la limite supérieure de la limite inférieure cotée à un instant donné.

ont vérifié cette hypothèse théorique en étudiant l'évolution de la fourchette autour des dates des délits d'initiés et ne mettent en évidence aucun résultat signifIcatif. Cela se justifie par le fait qu'ils utilisent une fourchette relative mesurée par l'estimateur de Roll [1984] qui ignore la composante de sélection adverse de la fourchette.

Dans une autre vision, Glosten et Milgrom [1985] montrent que l'amplitude de la fourchette dépend notamment de l'arrivée d'initiés sur le marché. Plus les initiés sont nombreux et plus la qualité de leur information est grande, plus la fourchette a tendance à s'élargir.

Guivarc'h [1996] , contrairement à Cornell et Siri [1992] utilisent des fourchettes cotées et non estimées pour montrer que la fourchette s'élargit de façon significative les jours où les initiés réalisent leurs opérations délictueuses.

CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE

Au terme d'une telle réflexion, conclure revient à se prononcer sur l'efficience des marchés boursiers émergents d'Afrique.

En effet, l'on a vu que ces marchés boursiers connaissent de difficultés qui leur empêchent d'avoir le même fonctionnement que leurs homologues des pays développés. Ces difficultés vont de la simple lenteur administrative à la lourdeur des procédures de demande pour l'émission des titres, en passant par la mauvaise compréhension des techniques financières par les entreprise qui engendre la fragilité du rôle de ces marchés au niveau du financement local, le manque d'information et de transparence, les faibles performances de ces marchés etc.

Nonobstant ces difficultés, les marchés émergents d'Afrique, tant bien que mal participent au financement des entreprises et ont jusqu'à un passé récent atteint les objectifs escomptés. Mais depuis quelques années, avec la faillite des banques, ces marchés ont vu leurs responsabilités dans le financement des entreprises augmenter. Leurs responsabilités et leurs difficultés vont donc grandissante et posent le problème de leur efficience à court, à moyen et à long terme.

Ce qui est vrai est que, dans un système où les banques ne participent pas au financement des entreprises, il est difficile qu'il n' y ait pas de problème. Croire que les marchés boursiers émergents d'Afrique peuvent à eux seuls soutenir le financement des entreprises Africaines paraît illusoire.

Pis lorsque s'y mêlent les problèmes politiques si fréquents en Afrique tels les guerres civiles, les coups d'Etat etc, le capital de confiance des bailleurs de fonds s'effrite et rend vulnérable ces marchés.

Manne (1966) estime que la présence d'initiés sur un marché boursier améliore le contenu informationnel des cours cotés et donc de l'efficience informationnelle ; ceci se justifiant par le fait que lorsque ces opérations sont permises, les cadres des entreprises exploitent au maximum leur information privée qui est ainsi incorporée dans le cours coté. Cette hypothèse semble ne pas être vérifiée en ce qui concerne les marchés émergents d'Afrique ; ceci

pour des raisons suivantes : d'abord, il semblerait que les marchés boursiers émergents d'Afrique ne sont pas efficients compte tenu de leur manque de transparence. Ensuite, la corruption, un fléau qui leur est commun, viendrait aggraver la situation si de telles opérations étaient permises.

En somme, nous pensons que dans le cadre des marchés émergents d'Afrique, les opérations d'initiés doivent être interdites compte tenu du manque de crédibilité de certains dirigeants cadres d'entreprises africaines. Ceux-ci chercheraient plutôt à réaliser des profits de leur information privilégiée au dépens de non informés ; ce qui pourrait avoir des conséquences sur les caractéristiques de marché telles que l'efficience ou la liquidité et entraînerait même les asymétries d'information et des risques de sélection adverse.

Au regard de tout ce qui précède, il se dégage clairement que l'inefficience ou alors la faible efficience des marchés boursiers Africains sont inhérentes au contexte dans lequel ces derniers se trouvent. Si tel est le cas la question que l'on se trouve en droit de se poser est celle de savoir comment faire pour rendre efficients les marchés boursiers émergents en Afrique sub-saharienne.

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