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La culture Vodoun dans la promotion du développement social, culturel et economique à  Abomey

( Télécharger le fichier original )
par Mitondé Jérémie ANATO
Université d'Abomey Calavi/ Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport (UAC / INJEPS) - Administrateur d'Action Sociale et Culturelle 2008
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU BENIN

UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI INSTITUT NATIONAL DE LA JEUNESSE DE

(UAC) L'EDUCATION PHYSIQUE ET DU SPORT

(INJEPS)

SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES

SOCIALES ET EDUCATIVES (STASE)

Option : Développement Communautaire

THEME

LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY

Présenté par :

Jérémie Mitondé ANATO

Email : afridivin@yahoo.fr cel : + 229 90 66 97 87

Sous la direction de :

Monsieur Bienvenu A. AKOHA Monsieur Pascal DAKPO

Professeur de linguistique (UAC) Docteur en STAPS

Maître de Conférences à la FLASH Socio-anthropologue

Maître-assistant des Universités

Enseignant-chercheur à l'INJEPS/UAC

Soutenu publiquement le Mardi 14 Octobre 2008 avec Mention Très bien

10ème Promotion

Octobre 2008

LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY

LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY

LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY

« Tant le capitalisme que le socialisme... se sont montrés impuissants à arracher la majorité de notre peuple de la misère... Et la question culturelle se pose en ces termes : existe-il une autre solution, une solution qui nous serait propre ? Ne possédons-nous pas la tradition, l'imagination, les ressources intellectuelles et organisationnelles pour élaborer nos propres modèles du développement, en accord avec la vérité de ce que nous avons été, de ce que sommes et de ce que nous voulons être, responsables devant les sociétés civiles qui se sont développées dans nos pays depuis la base et la périphérie ? »

Carlos Fuentes, La socialization de la politica desde abajo, Ventana (Nicaragua), 12 novembre 1990.

SOMMAIRE

Sommaire ii

Dédicaces iii

Remerciements iv

Abréviations, Sigles et Acronymes vi

Liste des tableaux vii

Introduction 8

PREMIERE PARTIE: PROBLEMATISATION DE LA RECHERCHE 1

1.1. Revue de littérature 11

1.2. Définition de concepts 15

1.3. Cadre théorique 19

1.4. Problématique 21

1.5. Hypothèse 22

1.6. Objectifs 22

DEUXIEME PARTIE : CONTEXTE GENERAL DE LA RECHERCHE 1

2.1.Cadre physique, géographique et administratif 24

2.2.Cadre humain, socioculturel et économique 25

2.3.Présentation institutionnelle 27

TROISIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 1

3.1. Population 30

3.2. Procédures de collectes de données 31

3.3. Choix des techniques d'enquête 32

3.4. Déroulement de l'enquête 33

3.5. Choix des localités des enquêtés 34

3.6. Traitement des données 34

3.7. Difficultés rencontrées 35

QUATRIEME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS ET ANALYSES 1

4.1. Présentation des résultats 37

4.2. Analyse des résultats 47

Conclusion 55

Références bibliographiques 56

Table des matières 58

DEDICACES

A

Mes chers parents

Rosaline YENOU-ZINHOUE, Emilienne OBINAYEDE et Albert Kpéougnon ANATO.

Ils ont pu réaliser très tôt que le seul moyen de faire de moi un homme libre et valable dans la société de demain est de m'envoyer à l'école. Cet engagement, ils l'ont respecté jusqu'à l'étape actuelle de ma vie.

Par ce travail, je voudrais leur rendre hommage. Ils voudront bien trouver dans cette réalisation, le fruit de leurs efforts.

Je vous dédie ce mémoire

REMERCIEMENTS

Nous tenons sincèrement à remercier et exprimer notre reconnaissance et notre profonde gratitude à toutes les personnes qui ont apporté leur contribution à la réalisation de cette oeuvre.

Nous pensons particulièrement à :

Monsieur Bienvenu AKOHA

Vous me connaissiez à peine mais malgré cela vous avez mis vos temps de repos au profit de nos dérangements. Vos multiples éclairages m'ont permis de vaincre mes difficultés. Soyez assuré de notre profonde reconnaissance.

Monsieur Pascal DAKPO

Malgré vos multiples occupations, vous avez dirigé jusqu'au bout mes travaux. Soyez cher professeur, assuré de ma profonde reconnaissance.

Monsieur Janvier HOUNLONON et son épouse

Recevez à travers ce travail l'expression de mon profond respect.

Mémé Anastasie BALADJA :

La réalisation de ce mémoire n'aurait été facile sans le soutien matériel que vous avez mis à ma disposition et l'assistance que vous m'avez apportée dans ma vie. Soyez assuré de ma profonde gratitude.

Nos remerciements vont également à l'endroit :

de Monsieur Pierre H. DANSOU, Directeur de l'INJEPS et à tout le personnel administratif de l'INJEPS, à Monsieur Adam KPENOUKOUDEHOU.

de tous les professeurs de l'INJEPS.

de tous mes camarades de la 10ème promotion de Jeunesse et Animation pour votre sympathie et votre soutien. Ce mémoire n'est que le début d'un périple de recherche scientifique.

de tous mes frères et soeurs, Nonkouhoué Estelle, Biowa Marcel Usher, Baï Sophie Mireille, Hodonou Ange-Yves, et Dodji Judith qui n'ont ménagé aucun effort pour m'apporter leurs soutiens sur tous les plans. Puisse cette oeuvre vous édifier et vous montrer que le travail est le début et la fin de toute chose. Recevez ici mes sincères considérations pour l'aboutissement du travail qu'ensemble nous avons abattu.

de mes oncles et mes tantes Hélène, Bertin, Dominique, Cyrille, Cécile, Marie-Claudine, Dossou Maurice et Janvier.

De mes grands-mères pour ce que vous avez été pour moi, recevez à travers ce travail toute ma gratitude et ma reconnaissance.

A mon Feu grand-père pour ce qu'il a été. Daigne ce mémoire témoigner de ce que tu m'avais dis quelques heures avant ton décès : « mon fils, seul le travail libère l'homme.»

A Timothée LOHOU et son épouse : votre sens de collaboration m'a rendu un grand service à travers lequel je ne pourrai jamais vous oublier. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi.

A mesdemoiselles Angèle BOKO-YAHA, Sandra YANDAH, Elodie TAFETI, Olive FAGNISSE, Carine HOUNTCHEME, Rose GNANCADJA, Kassirath LAWANI, Poliane TIKO, Espérance THON, Alida HOUNLONON, Martine MITOKPE.

A tous mes amis : Hugues, Mansourou, Ignace, Ange-Michel, Iboukoun, Théophile, Elisé, Valentin, Cyriaque, Rodrigue. Merci pour votre soutien inconditionnel.

A Adeline : puisse ce mémoire te montrer une infirme partie de ce que tu désires tant savoir et te prouver toute la richesse de la culture Béninoise.

A Bonaventure VISSOH : ton indéfectible soutien dans l'élaboration de ce mémoire m'a été hautement salutaire, reçois-en mes chaleureux hommages.

A tous les étudiants de l'INJEPS et toutes les personnes ayant participé a l'échantillonnage, merci pour votre contribution et collaboration.

A ma bien aimée Nicole ADANDE, les mots me manquent pour t'exprimer ma gratitude. Ta foi inébranlable en moi m'a été d'un apport sans égal. Aujourd'hui, m'y voici et mon voeu le plus cher est que le miséricordieux nous porte assistance afin qu'ensemble nous puissions braver les autres défis qui se dresseront sur notre chemin. Que ce travail soit pour toi un exemple et une joie à partager.

Nos remerciements vont enfin à l'endroit de tous ceux que nous n'avons pas pu citer nommément et qui, pourtant, ont été d'un précieux concours.

ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

DGAT : Direction Générale de l'Aménagement du Territoire

EPA : Ecole du Patrimoine Africain

FIDESPRA : Formation Internationale pour le Développement et l'Echange de Savoir et Savoir-faire au service d'une Promotion Rurale Autonome

Hab : Habitants

I.A.D. : International Association for Delivrance

INJEPS : Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport

INSAE : Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

JA : Jeunesse et Animation

MCAT : Ministère de la Culture de l'Artisanat et du Tourisme

MJSL : Ministère de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs

ONG : Organisme Non Gouvernemental

OT : Office du Tourisme d'Abomey et Région

PDC : Plan de Développement Communal

RGPH: Troisième Recensement Général de la population et de L'Habitat

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1:

Répartition des populations suivant les catégories....................

30

Tableau 2 :

Répartition des populations suivant l'âge..............................

30

Tableau 3 :

Répartition des populations suivant le sexe............................

31

Tableau 4 :

Répartition des populations suivant le niveau d'instruction.........

31

Tableau 5 :

Répartition des citoyens suivant la catégorie socioprofessionnelle.

32

Tableau 6 :

Répartition des citoyens suivant la situation matrimoniale.............

33

Tableau 7:

Définition du vodoun selon les adeptes et les dignitaires............

33

Tableau 8 :

Signification du vodoun selon les adeptes et les dignitaires.........

34

Tableau 9 :

But du vodoun selon les adeptes et les dignitaires...................

34

Tableau 10 :

Raisons de la pérennité du vodoun selon les adeptes et les dignitaires...................................................................

34

Tableau 11 :

Autres valeurs véhiculées par le vodoun................................

35

Tableau 12:

Régulation des actes et des désirs par le vodoun......................

35

Tableau 13 :

Méthodes de régulation des actes et des désirs........................

36

Tableau 14 :

Indication des voies à suivre et des interdits par le vodoun..........

36

Tableau 15 :

Rassemblement de foules par le Xwétanù..............................

36

Tableau 16:

Importance du Xwétanù...................................................

37

Tableau 17:

Raisons de l'importance du Xwétanù...................................

37

Tableau 18 :

Intérêts des populations à participer aux cérémonies.................

38

Tableau 19:

Satisfactions trouvées par les populations lors du Xwétanù .........

38

Tableau 20 :

vodoun comme source d'inspiration en matière de musique,

de chant et de danse........................................................

39

Tableau 21 :

Activités économiques lors de ces manifestations....................

39

Tableau 22:

Dépenses effectuées par les adeptes.....................................

40

Tableau 23:

Synthèse de l'étude.........................................................

48

INTRODUCTION

Ces dernières années ont vu s'animer de plus en plus le débat sur le rôle de la culture dans le développement social et économique. Une des raisons de ce nouvel intérêt, c'est que les moyens investis dans le développement tardent à donner les résultats que l'on attend. D'où l'élaboration progressive du concept de développement endogène, auto-centré grâce auquel chaque pays se prend en charge en comptant sur ses propres forces et sur l'initiative créatrice des larges masses comme cela avait été si bien formulé dans le Discours-Programme du 30 Novembre 1972 et dans le Discours de GOHO du 30 Novembre 1974.

Le concept de développement endogène s'emploie généralement pour caractériser la situation économique des peuples colonisés, devenus indépendants et tous sous développés manquant même de l'essentiel vital.

Dans cette perspective, René DUMONT en 1960 avait essayé de démontrer que la psychologie des peuples colonisés est celle de créatures tournées vers l'extérieur, vers celui qui ayant apporté un bienfait une fois, est tenu d'intervenir tout le temps pour aller au secours. Et, ajoute cet auteur, « mentalité d'étroite dépendance et d'infantilisme pitoyable est si profondément encrée chez les individu, enfouie au fond de leur subconscient qu'elle s'exprime dans leurs rêves. » Les territoires d'Afrique Noire libérés en 1960 étaient effectivement mal partis.

Le développement endogène est ainsi né d'une prise de conscience historique des populations colonisées de mettre fin à leur dépendance vis-à-vis de l'extérieur et de trouver dans leurs propres fonds, les ressources humains et matérielles pour résoudre leurs problèmes, pour se libérer et s'épanouir. D'où l'intérêt de la culture.

Pour appréhender le phénomène de la culture en Afrique, nous partirons de la définition qu'en donne KATOKE (1978) : « la culture, c'est la totalité des éléments constitutifs du mode de vie d'une société donnée, lesquels sont le produit des circonstances et du milieu à un moment et en un lieu donné...en d'autres termes, elle est une manière de vivre adoptée par les membre de la société face aux forces naturelles et surnaturelles qui ont une influence sur leur existence. » 1(*)

A cet égard, il est fait le constat que dans la société Béninoise, il y a d'une part, une société fortement hiérarchisée et ordonnée par les us et coutumes ; d'autre part, la société nouvelle où de nouvelles valeurs ont bousculée les anciennes : les femmes s'émancipent, les enfants sont plus instruits que les parents, le technicien est plus apprécié que l'agriculteur.

Mais si la nouvelle société est aujourd'hui la plus forte, l'ancienne n'est pas morte. Elle vit dans les campagnes, elle s'infiltre à la ville. Ce sont les religions traditionnelles ou `'vodoun''. Cette religion s'exprime dans le vécu quotidien par des symboles, des gestes, des objets, des rites, des cérémonies, des mythes, la langue, la musique, les danses et même dans la manière de s'habiller. Des temples sont disséminés partout : le Dan, le Sakpata, le Hêviosso etc. où chacun de ces dieux a son temple, son clergé et ses adeptes et ses symboles : le fer pour le Dieu Gou, l'iroko pour le Dieu dan, la jarre percée pour le Sakpata, la pierre de foudre et autres objets pour Hêviosso. Il n'est pas inhabituel de trouver dans une communauté, un chrétien converti menant une double vie : membre pratiquant de l'église à laquelle il appartient et fidèle aux croyances ancestrales. Le vodoun continue de manifester partout sa vitalité et des rituels sont chaque fois observés lors des différentes cérémonies organisées.

L'idée directrice de cette étude prend appui sur les questions suivantes :

Pourquoi le vodoun perdure t-il jusqu'à nos jours ?

Les connaissances et pratiques traditionnelles liées au vodoun peuvent-elles encore aujourd'hui servir le développement ?

L'objectif de ce travail consiste à explorer les rapports qui existent entre la religion vodoun et la société d'Abomey, particulièrement sous l'angle du développement social, culturel et économique. C'est dans la mouvance de la thèse développée par le sociologue allemand Max Weber (1990) à propos du rôle des protestants dans la croissance de l'économie américaine de la fin du XIXè siècle que veut se situer la présente étude.

Pour y parvenir, le présent travail s'est articulé autour de quatre points :

la première partie expose la revue de littérature, la clarification des concepts  le cadre théorique, et la problématique de la recherche;

Une deuxième partie est consacrée au contexte général de la recherche. Elle a permis de présenter le cadre de notre étude ;

Une troisième partie porte sur la méthodologie utilisée ;

Puis une quatrième partie présente les résultats de la recherche et leur analyse.

Première partie :

PROBLEMATISATION DE LA RECHERCHE

1.1. Revue de littérature

Notre travail n'est pas le premier à aborder un sujet relatif au vodoun. Après nos investigations, nous avons constaté que biens d'auteurs, haïtiens, béninois ainsi que brésiliens, et même l'Etat béninois se sont penchés sur la question du vodoun à travers colloques, séminaires et festivals.

Ainsi, du document final du festival Ouidah 92 « Retrouvailles Amérique-Afrique », on retient Histoire du Vodoun depuis la guerre d'indépendance jusqu'à nos jours où METRAUX (1993) montre que « le vodoun n'est pas seulement la religion populaire, mais toute la vie paysanne dont le développement échappe. Lorsqu'ils furent déportés en Amérique, les esclaves noirs étaient baptisés de force, obligés de pratiquer le christianisme. Ils avaient tout perdu sauf la connaissance et les souvenirs des cultes africains. Le vodoun leur servait d'abord de mémoire pour s'évader hors de l'aliénation du travail forcé dans les champs de canne à sucre, puis de communion spirituelle avec l'Afrique devenue paradis perdu. Enfuis des plantations, se cachant dans les montagnes, ils parviennent à se forger une identité commune dans le vodoun et à renforcer leur cohésion en tant que groupe. Avec le vodoun comme mode de résistance, les esclaves utilisent ses croyances pour sceller des pactes de sang en vue d'exterminer les Blancs par le poison. Le vodoun a été une force de mobilisation et aussi de terreur. »

Des travaux de SOUFFRANT (1993) intitulés Vaudou et développement chez Jean Price-Mars,on retient que : « le problème du vaudou, en Haïti, des religions traditionnelles dans les pays du Tiers-monde, est au coeur même du problème du développement défini comme passage d'une société traditionnelle à une société moderne ». Cet auteur faisait comprendre qu'une société se reflète dans le miroir de sa religion et que tout dépend de l'utilisation qu'on fait de la religion traditionnelle africaine comme moteur ou comme frein pour le développement socioéconomique. Au fur et à mesure que se hausse le niveau de développement culturel, les croyances religieuses, les manifestations, les expressions, les justifications de la religion, chez les individus comme chez les collectivités, changent, se transforment, se réinterprètent.

Selon MONTILUS (1993), « le vodoun fait vivre et aide à vivre. » Aussi, qu'avec ses danses, ses chants, ses crises de possession, il procure à ses adeptes, un moyen de s'évader. Il soude les cellules des communautés paysannes et fait un lien d'unité à l'intérieur des collectivités familiales. Pour lui, le vodoun reste le principal élément d'intégration communautaire dans les sociétés rurales à structures relâchées de nos jours. Cette religion se révèle surtout un système de sécurité efficace pour des masses populaires déshéritées. Partant de l'époque de l'esclavage en passant par la guerre de l'indépendance, les régimes d'après guerre, MONTILUS montre que le vodoun dans la société haïtienne a permis d'organiser la vie dans les campagnes et ceci, sous le modèle africain, c'est-à-dire autour d'un grand-père, faisant fonction de chef de famille et dans ce système, la terre était indivise, ils travaillent en commun. Ainsi, la religion était là pour conditionner les consciences.

L'histoire du Bénin est toujours marquée depuis l'époque de l'esclavage, avant l'indépendance et jusqu'à présent par le vodoun. Ainsi, cette institution religieuse vodoun a marqué de son empreinte un large pan de la population dans la société traditionnelle du Bénin.

ALAPINI (1993) dans son ouvrage intitulé « le culte de vodoun et de Oricha chez les fon et les nago du Dahomey » fait remarquer la grandeur de l'organisation animiste, l'esprit de discipline qui l'anime et la morale parfois élevée qui découle de la plupart de ses règlements. Pour lui, l'animisme défend le vol sous peine de sanctions sévères et interdit de « chercher la femme d'autrui. » La prostitution est proscrite pendant certaines cérémonies. Le culte des morts est très observé de même que le respect dû aux fétiches et aux personnes âgées.

SARTRE (1993) analyse quant à lui l'impact du culte du vodoun sur la vie quotidienne et la culture du Sud-Dahomey et plus précisément dans l'aire aja. Dans l'un de ses articles « les Vodun dans la vie culturelle, sociale et politique du Sud-Dahomey », cet auteur montre que le vodoun s'explique par une technique de domination de la nature. L'une des forces du vodoun est la pharmacopée et les plantes aux abords des couvents sont les témoins de la science d'herboriste dont les couvents gardent jalousement le secret. L'art et la technique sont des attributs du vodoun. Ainsi, pour SARTRE (1993), on ne peut valablement écrire l'histoire d'un peuple si l'on néglige les divers vodoun qu'ils servent. Il fait également une classification des vodoun et distingue des vodouns qui sont inter-ethniques et qui se manifestent soit par dans les phénomènes de la nature (Heviosso, Sakpata, Ayizan, Loko, Agè...) soit dans des êtres historico-mystiques (Lègba, gu) et les vodoun purement ethniques qui gravitent autour de l'ancêtre du clan (Nesuxué, Ajahuto, Agasu...).

Dans son article intitulé « Approche thématique de l'art béninois, de la période royale à nos jours», DAAVO (2003) fait un bref aperçu sur le lien de l'art béninois et la religion et fait remarquer qu'à défaut de perpétuer la diffusion de la culture guerrière qui a marqué l'histoire précoloniale de leur pays, les artistes béninois ont retenu de ce passé, les aspects sacrés et religieux. Pour lui, les spécialistes de la décoration s'inspirent des symboles des temples vodouns, symboles correspondant à chaque divinité, du modelage des bas-reliefs, des toiles peintes de personnages divins. Ils s'emploient donc à dessiner les portraits des vodouns, parfois en les combinant avec d'autres motifs. Cet auteur fait comprendre que rares sont ceux qui, dans leur travail, ont pu se passer des thèmes tels que le vodoun, le Fâ (croyance divinatoire), les êtres invisibles, à côté de l'évocation des faits de société et de l'actualité politique. D'autres fondent toute leur création sur la divinité Gou ou Ogoun qui, dans le panthéon fon, est la divinité qui gouverne toute utilisation de cette matière, le fer. Ils composent leurs sculptures avec le fer pour décrire surtout la vie sociale au Bénin. D'autres encore projettent de temps en temps le regard critique sur les réalités sociales et culturelles de leur environnement et en rendent compte à travers leurs oeuvres. Ainsi, on pourrait avec de telles approches techniques deviner aisément que leur sujet privilégié est le vodoun.

En définitive, le culte n'a jamais cessé de se développer. Au Brésil par exemple, pays catholique par excellence, des millions d'êtres humains reconnaissent ouvertement être adeptes du Candomblé. Ainsi, DOS SANTOS J. E. et DOS SANTOS D. M. (1993) ont souligné quelques points essentiels relatifs aux religions traditionnelles africaines qui permettent de mieux comprendre comment et pourquoi le culte se préserve, ce qu'a été et ce qu'est leur rôle comme source et véhicule transmission des valeurs culturelles africaines. Selon ces auteurs, tout est interaction et s'harmonise. Il n'existe pas non plus de séparation entre l'utile et le beau. Les objets sacrés en tant que manifestations esthétiques, véhiculent des forces mystiques, stimulants du processus liturgique actifs inducteurs d'actions. Ainsi pour eux, il n'existe pas de forces exclusivement au service du mal ou du bien.

ELLECK, K.M. (1986) quant à lui, souligne que c'est bien la religion, le seul domaine où les cultures africaines ont montré qu'elles étaient capables d'initiative, de souplesse, de discernement et d'adaptation dans leurs rapports avec les cultures étrangères. Mais il est surpris lorsqu'il songe à la manière qui a caractérisée l'offensive des missionnaires chrétiens, de constater que les croyances traditionnelles exercent encore une certaine influence en Afrique noire. Il soutient à cet égard que la religion ainsi que les traits culturels de l'Afrique noire ont évolué.

THOMAS, L.V. & LUNEAU R. (1975) se proposent d'administrer un démenti définitif à une monstruosité historique d'une part, et, d'autre part, de disséquer l'influence de l'Islam et du Christianisme sur la personnalité négro-africaine, sans négliger les mutations inévitables qui ont conduit au fait social que nous vivons aujourd'hui. A travers leur ouvrage, ces auteurs analysent la structure, le caractère, la formation de la personnalité africaine. Pour eux, ce qui importe, c'est que les religions africaines n'ont pas été anéanties mais que l'Afrique change, plus en surface qu'en profondeur, car son identité est restée intacte devant tous les assauts. A défaut de partir en guerre contre les religions révélées, venues se plaquer sur des croyances que nul ne saurait gommer, les peuples noirs répondent à l'appel des esprits, respectueux de l'évangélisation certes, mais qui ont pris le parti de sauvegarder l'essentiel : la Culture.

ELANGA P. E (1986) montre que malgré les formes d'organisation matérielle, sociale et culturelle souvent très différentes, les sociétés traditionnelles de toute l'Afrique noire ont encore des éléments spirituels communs qui font la spécificité de leur culture. Pour cet auteur, «  la vie est au commencement et à la fin de tout. Elle est partout et tout procède de la vie et tout s'arrête et s'achève dans la vie. Ainsi, la mort n'est pas la destruction de la personne mais un simple passage dans le monde des ancêtres, un retour à la source. » Et poursuit-il « cette foi et cette attitude fondamentale consistent dans la perception de la vie comme réalité première et dernière et, cet attachement à la vie semble être à la source de tout ce à quoi le l'Africain voue un culte réel. »

Ainsi, pour DIOP A. (1975) dans Religion et Civilisation, c'est la religion qui est à la base de la civilisation africaine, qui la fortifie et qui l'anime. La civilisation est la conscience que prend de son identité commune un ensemble de peuples, c'est la force de part leur volonté d'appréhender l'univers à travers la même grille intellectuelle et morale. Ainsi, là où il y a un africain, il y a une religion. Il l'amène dans les champs, elle est à ses côtés lorsqu'il assiste à une fête ou qu'il participe à une cérémonie funèbre. S'il est instruit, elle l'accompagne dans la salle d'examen, à l'école, au parlement et même à l'université.

Cependant, aucune de ces études ne s'est consacrée à l'impact de la culture vodoun sur la vie quotidienne dans la ville d'Abomey. C'est à cette tâche que la présente étude intitulée « la culture vodoun dans la promotion du développement social, culturel et économique à Abomey » s'est consacrée dans le cadre de ce mémoire.

Pour une parfaite compréhension de notre thème et pour éviter certaines confusions, nous allons procéder à la clarification des concepts : religion; vodoun; xwétanù; culture, développement. 

1.2. Définition de concepts

1.2.1. La religion

La définition de ce vocable a donné lieu à des controverses, voire des polémiques, à travers les siècles qui jalonnent l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui encore, aucune définition de la Religion ne fait l'unanimité.

Pour Cicéron (106-43 av. J.C.), homme politique et orateur latin, " la religion est le respect que ressent l'individu au profond de son être en face de tout être qui en est digne, du divin en particulier. Ce respect se manifeste par le soin que l'on met à participer aux rites et autres gestes traditionnels de la société ".

Pour Lucrèce (98-55 av. J.C.), " la religion est un système de menaces et de promesses qui cultive et développe le fond craintif de la nature humaine, qui écrase l'homme, contre lequel, s'il est noble et courageux, l'homme se révolte et il triomphe grâce à la connaissance scientifique et à la sagesse philosophique ".

Pour Emile Durkheim (1994), " une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent ".

L'Anthropologie a permis de voir, plus clair. Les anthropologues vont décrire les croyances et les pratiques religieuses telles qu'ils les observent dans des communautés qui les vivent. La religion contribue à faire l'unité d'un peuple dans le partage d'une expérience et d'une explication de la vie commune. Elle fournit un modèle de comportement, souvent une réponse aux vicissitudes de la vie. Donc, une religion est d'abord une conception du monde, de sa création et de son fonctionnement. Si on reste dans la même lignée que les anthropologues, que pourrait-on dire du vodoun ?

1.2.2. Le vodoun

L'ethnologue français Alfred Métraux (1958) en donne une définition tout en insistant sur l'aspect utilitaire de cette religion : " C'est un ensemble de croyances et de rites d'origine africaine qui, étroitement mêlés à des pratiques catholiques constituent la religion de la plus grande partie de la paysannerie et du prolétariat urbain de la République noire d'Haïti. Ses sectateurs lui demandent ce que les hommes ont toujours attendu de la religion : des remèdes à leurs maux, la satisfaction de leurs besoins et l'espoir de survivre ".

Le vodoun est une religion de la nature, non point dans le sens que la nature y serait adorée, mais parce que l'homme y est profondément inséré ; il est un microcosme où le monde se lit tout entier ; il a sa place précise dans une hiérarchie de forces et d'êtres où tout est inclus : les dieux, les animaux, les végétaux et les minéraux. Les adeptes de la religion vodoun croient à l'existence des êtres spirituels qui vivent quelque part dans l'Univers en étroite intimité avec les humains dont ils dominent l'activité.

Selon Claudine Michel (1995), " le vodoun repose sur une vision globale du monde, qu'il est un système compréhensif qui façonne l'expérience humaine de ses adeptes dans leur quête spirituelle et le désir de bien remplir leur mission terrestre ".

Pour le chansonnier national Sagbohan Danialou : « Vodun hun Kpannya Kpannya jo mi jo wa mon« c'est-à-dire «  le vodoun, c'est à notre naissance que nous avons constaté que nos pères avaient des vodouns ».2(*) Ainsi, il n'est pas aisé d'en donner une définition.

Nous retiendrons dans le cadre de cette étude, l'explication que donne Courlander (1973) du vodoun : " le vodoun est un système intégré de concepts concernant la conduite humaine, régissant les rapports de l'humanité avec ceux qui ont vécu jadis et avec les forces naturelles et surnaturelles de l'univers ". On peut comprendre le vodoun comme une complexe et mystique vision du monde dans laquelle l'homme, la nature et l'invisible sont intimement liés. De plus, poursuit-il " le vodou ne renferme pas seulement un ensemble de concepts spirituels, il prescrit un mode de vie, une philosophie et un code éthique qui régulent le comportement social ". A Abomey, il est organisé des cérémonies vodouns dites Xwétanù. Qu'est alors que le Xwétanù ?

1.2.3. Le Xwétanù

Il convient de constater qu'au Bénin, le contact entre vivants et morts est considéré comme possible. La présence des défunts est sans cesse rappelée par une multiplicité de rites. Ainsi, lors de cérémonies religieuses et commémoratives, les ancêtres sont régulièrement invoqués. Fréquemment encore, les premières gouttes d'une boisson sont versées par terre ou des aliments sont présentés comme offrandes aux ancêtres.

La violation de devoirs suscite toujours une réaction des ancêtres. Cette réaction peut revêtir des formes très diverses: intempéries, sécheresses, inondations, mort de bétail, maladies, décès... Pour une personne non initiée, elle n'est pas reconnaissable comme une manifestation de courroux. C'est par l'intermédiaire de médiums aptes à traduire le message des ancêtres que la cause de ces événements peut être connue. Mais leurs courroux peuvent être détournés par le biais de sacrifices et d'offrandes. Les cérémonies extraordinaires permettant de calmer les esprits offensés se déroulent. Des boissons et nourritures sont offertes, et, éventuellement, un animal est sacrifié.

Xwétanù est une composition d'expression fon : « xwé » qui veut dire « année », « ta » « tête » et «  » « chose ». xwétanù signifie de manière littérale « la chose de la tête de l'année». Le xwétanù est une cérémonie qui a lieu au cours du mois de décembre. Cette cérémonie vient pour laver des souillures de l'année en cours et d'ouvrir les esprits pour une année nouvelle féconde. Elle permet aux membres de la société de renouveler le sentiment de solidarité. Les rites produisent une excitation des esprits où disparaît tout sentiment individuel et où les gens prennent conscience qu'ils forment une collectivité unie par les choses sacrées. Mais quand les membres de la société se séparent, le sentiment de solidarité baisse peu à peu et il faut le ranimer de temps en temps par un nouveau rassemblement et par la répétition des cérémonies grâce auxquelles le groupe se réaffirme, raison pour laquelle le xwétanù se tient chaque année et à la même période.

L'aspect culturel n'est pas à négliger car le vodoun est à la fois cultuel et culturel. Le culte et le divertissement sont indissociables dans la danse. Les indicateurs du cachet culturel sont nombreux et se manifestent par les chants, la chorégraphie, l'humour, les proverbes, le panégyrique, la musique... Ainsi, l'aspect le plus connu est celui culturel. Qu'entend-on alors par culture ?

1.2.4. La culture : évolution du concept

Au XVIIIe siècle, la philosophie des lumières lui donne un sens voisin d'éducation, de transformation et d'épurement des moeurs. A cette même époque le mot est aussi employé comme synonyme de Civilisation et renvoie à des notions comme " progrès ", " éducation ", " évolution ".

Au XIXe siècle, le mot fait son entrée dans l'Anthropologie. Cette discipline va chercher à mettre en évidence une synthèse. La culture est saisie comme une totalité et le but ultime de la recherche est de dégager le sens fondamental qui fonde son unité et sa globalité.

E.B. Tylor (1871) définit la culture comme " un tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances religieuses, l'art, la morale, les coutumes et toutes les autres capacités et habitudes que l'homme acquiert en tant que membre de la société ". Cette approche ethnologique a influencé la sociologie.

Guy Rocher (1968) y voit " un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent d'une manière objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte ".

Mais la question de l'originalité de la culture et les problèmes soulevés par les mécanismes de son évolution divise les différents courants de l'Anthropologie. Les évolutionnistes supposent une diffusion à partir d'un foyer primitif unique, puis un développement progressif. Les structuralistes, de leur côté, soulignent la spécificité irréductible de chaque culture qui interdit du même coup tout ethnocentrisme. Désormais, la culture n'évoque plus un progrès, un devenir ou un idéal, elle se rapporte plutôt à une situation sociale, un état de société quel qu'en soit le niveau de développement. D'autre part, la culture ne s'applique plus à un individu, mais concerne une collectivité, une société.

Margaret Mead (1953), chef de file de l'Ecole d'Anthropologie Culturelle américaine, explique : " Par culture nous entendons l'ensemble des formes acquises de comportement qu'un groupe d'individus, unis par une tradition commune, transmettent à leurs enfants (...). Ce mot désigne donc non seulement les traditions artistiques, scientifiques, religieuses et philosophiques d'une société, mais encore ses techniques propres, ses coutumes politiques et les mille usages qui caractérisent sa vie quotidienne : modes de préparation et de consommation des aliments, manière d'endormir les petits enfants, etc. ".

Privilégiant l'approche de l'anthropologique culturelle américaine, nous nous bornerons à explorer les éléments constitutifs de cet héritage qu'est le vodoun pour permettre de comprendre comment le peuple d'Abomey pense le développement. Mais que pouvons-nous comprendre du concept développement ?

1.2.5. Le développement

« Le développement est un mécanisme complexe qui cherche à surmonter les conditions sociales, économiques et humaines difficiles que le colonialisme a créée dans les pays ou communautés qui les ont subis. »3(*) Le développement vise à donner à ces pays ou communautés les compétences, la technologie, l'accès à l'information, les moyens financiers et autres ressources qui leur permettront d'être relativement autonomes sur le plan économique, maintenant qu'ils sont autonomes sur le plan politique.

D'obédience économiste Walt Rostow le définit comme une série d'étapes (tradition, transition, décollage, maturité et consommation de masse) qui diffèrent soit par la forme d'organisation de la production et des échanges, soit par la nature du secteur prédominant, soit par le rythme de la croissance de l'investissement du capital. Le développement suppose donc le passage d'une économie rurale à une économie de forte productivité dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires. Mais ce concept n'est pas resté figé car les faits ont démontré que la croissance économique doit être suivie de l'épanouissement de l'homme.

 Ainsi, le développement est perçu comme un mouvement par lequel la société se change au-delà de l'aspect économique, embrasse le social et le culturel. Il implique la société elle-même avec l'homme comme centre et objectif ultime. D'où le développement auto-centré grâce auquel chaque pays doit se prendre en charge en comptant sur ses propres forces, et sur l'initiative créatrice des larges masses communautaires comme cela avait été si bien formulé dans le Discours-Programme du 30 Novembre 1972 et dans le Discours de Goho, du 30 Novembre 1974. Il s'agit donc pour chaque pays de trouver dans leurs propres fonds les ressources humaines et matérielles pour résoudre leurs problèmes, pour se libérer et s'épanouir.

En nous appuyant sur le cadre théorique de la sociologie, nous utiliserons la notion de fait social total de Marcel Mauss (1924) comme modèle théorique organisant cette étude.

1.3. Cadre théorique

Marcel Mauss (1924), dans l'Essai sur le don, a introduit la notion de Fait Social Total. Le fait social total donne pour Mauss une signification globale de la réalité. Il est défini dans l'espace, dans le temps, chez un individu d'une certaine société.

Cette notion procède du souci de définir la réalité sociale dans une expérience individuelle étudiée selon deux axes :

- Dans une histoire individuelle, qui permet le comportement d'êtres globaux et non divisés en aspects discontinus. C'est à dire prendre un individu comme un tout sans risquer de donner priorité à une caractéristique particulière (familiale, économique, religieuse,...).

- Dans une anthropologie, en tenant simultanément compte des aspects physiques, psychiques et sociologiques de toutes les conduites observées.

Le fait social total a un caractère tridimensionnel : il rend compte à la fois de :

- La dimension sociologique dans un aspect synchronique (à un moment donné).

- La dimension historique dans un aspect diachronique (au fil du temps).

- La dimension physio-psychologique.

C'est évidemment chez les individus que l'on peut faire coïncider ces trois dimensions.

Comme dans toute la théorie de Mauss, la notion de fait social total reflète le souci de relier le social et l'individuel d'une part, le physique et le psychique d'autre part. En effet, pour lui, le Social est projeté sur l'individuel par l'intermédiaire de l'éducation, des besoins et des activités corporelles. Une société exerce les enfants à sélectionner des mouvements, des arrêts, à dompter des réflexes, etc. Tout phénomène psychologique est un phénomène sociologique car il a été enseigné par la société.

Le fait social total comprend :

- Différentes modalités du social (système juridique, système économique,...).

- Différents moments d'une histoire individuelle (différents cycles de vie comme la naissance, l'enfance, le mariage, la mort,...).

- Différentes formes d'expression :

a) Physiologiques : Les réflexes, les sécrétions,...

b) Inconscientes

c) Conscientes, individuelles ou collectives.

Dans la pensée de Mauss, il existe une complémentarité dynamique entre le psychique et le social. Ce dynamisme provient du fait que le psychique est expliqué et explique le symbolisme social. Mauss, convaincu de la nécessité de la collaboration entre la Sociologie et la Psychologie, présente les caractères communs ou spécifiques des faits sociaux comme relevant de l'inconscient. L'inconscient serait pour lui le médiateur entre moi et autrui.

Par la psychanalyse, nous pouvons rencontrer notre moi le plus étranger grâce à la découverte de notre inconscient. Par l'étude ethnologique, nous pouvons rencontrer l'autrui le plus étranger toujours grâce à l'inconscient. Pour Mauss, l'inconscient est un système symbolique, inné.

Dans toute sa théorie, Mauss cherche à découvrir les zones obscures, les recoins les plus secrets de la pensée, persuadé qu'elles ne peuvent être observées que sur le plan social par le langage ou sur le plan physiologique.

C'est en considérant le tout ensemble, qu'il peut percevoir l'essentiel, le mouvement, l'aspect vivant où les hommes prennent conscience d'eux-mêmes et de leur situation vis à vis d'autrui. Ainsi, la méthode de l'observation du fait social total consiste en une observation concrète de la vie sociale. Elle a un double avantage :

- Un avantage de généralité car ces faits de fonctionnement général ont des chances d'être plus universels que les institutions locales ;

- Un avantage de réalité : on voit les choses sociales dans le concret, comme elles sont. L'important n'est plus de saisir des idées ou des règles mais bien de saisir des hommes, des groupes, et des comportements.

Cette approche semble être adaptée pour étudier l'importance qu'accordent les populations de la ville d'Abomey à la culture vodoun. Quelle problématique soutend cette étude ?

1.4. Problématique

Les Fon d'Abomey étaient l'une des plus puissantes civilisations de l'Afrique de l'Ouest. Ce sont les Fon qui ont fondé le royaume du Danhomå, qui a dominé une grande partie de l'histoire du Bénin d'aujourd'hui avant la colonisation Française. Une visite à Abomey l'ancienne capitale du royaume du Danxomå constitue la meilleure manière d'en apprendre davantage sur les Fon. Et elle nous apprend que la ville est très peu marquée par l'évolution des temps modernes. Ce qui frappe surtout, c'est la permanence de la tradition. Celle-ci est quotidiennement illustrée par des pratiques, des comportements et des modes d'existence, traduisant une identité culturelle dont les racines remontent à la création de la ville. On perçoit une société traditionnelle.

A l'entrée de chaque agglomération, on trouve des vodouns : le tolègba. Au milieu de la cour se dressent aussi des vodouns ou des cases représentant les ancêtres défunts. Et jusque sous le lit se cachent certains vodouns qu'il n'est pas permis à tout le monde de voir.

Sur la place du marché, c'est Aïzan qui trône et à qui les marchandes apportent leurs offrandes. Ça et là à travers la ville, se dressent des temples vodouns. Un peu plus loin, dominant le paysage, c'est la forêt sacrée où résident des vodouns de la cité.

Ces peuples, bien conscients que leur monde change de façon accélérée, croient en la tradition que leur a léguée leurs ancêtres et ils organisent leur vie suivant un modèle qui se trouve être dans le prolongement de ce qu'avaient coutume de faire les générations qui les ont précédés dans le temps.

En l'honneur des divinités, il se déroule des rituels mais également des cérémonies publiques. Aussi, organise t-on des cérémonies annuelles ou périodiques dites Xwétanù. Tous ces rituels et cérémonies donnent lieu à des chants, des danses, des battements de tambours et des spectacles qui sont souvent organisés sur la place publique et pour des larges publics de profanes.

Ces constats sur l'omniprésence du vodoun à Abomey à Abomey, nous conduisent à nous interroger sur le rôle de celui-ci dans la civilisation moderne.

Cette société traditionnelle n'est-elle pas devenue, devant les modes de vie et les moeurs actuels dans lesquels la civilisation moderne la plonge, une raison de vivre des populations ?

Les connaissances et pratiques traditionnelles liées au vodoun peuvent-elles encore aujourd'hui servir le développement ?

Offrent-elles des moyens complémentaires pour le développement ?

A ces interrogations, nous formulons l'hypothèse suivante :

1.5. Hypothèse

La prédominance de la religion vodoun joue un rôle important pour la vitalité économique, sociale et culturelle de la ville historique d'Abomey.

1.6. Objectifs

1.6.1. Objectif général

L'objectif de ce travail consiste à explorer les rapports qui existent entre la religion vodoun et la société d'Abomey.

1.6.2. Objectifs spécifiques

L'étude vise de façon spécifiquement à :

Identifier au sein des pratiquants du culte vodoun, la signification du vodoun ;

Cerner l'impact social, économique et culturel de la manifestation annuelle dite Xwétanù à Abomey ;

Appréhender l'impact de la pratique du culte vodoun sur leur mode de vie.

Avant de rechercher ces objectifs, nous procèderons à la présentation du cadre général de notre étude.

Deuxième partie :

CONTEXTE GENERAL

DE LA RECHERCHE

2.1. Cadre physique, géographique et administratif

La commune d'Abomey, capitale historique de la République du Bénin et chef lieu du Département du Zou, couvre une superficie de 142 km2 avec une population de 78.341 hab.4(*) (RGPH3). Elle est limitée au Nord par la commune de Djidja, au Sud par celle d'Agbangnizoun, à l'Est par celle de Bohicon et à l'Ouest par le Département du Couffo. Selon le découpage administratif, la Commune d'Abomey compte sept (7) arrondissements dont :

· trois (3) centraux à caractère urbain que sont Djègbé, Hounli et Vidolé ;

· et quatre (4) périphériques à caractère rural que sont Agbokpa, Détohou, Sèhoun et Zounzonmè.

Pendant que les arrondissements périphériques sont restés attachés à l'agriculture malgré les problèmes de baisse de fertilités et les difficultés d'accès à la terre, ceux urbains se sont spécialisés dans le commerce et l'artisanat.

Situé dans son ensemble sur un relief de plateau, la Commune d'Abomey dispose de deux unités géologiques servant de roches mères à des types de sols bien distincts (FIDESPRA, 2000). En effet, les parties méridionales et le centrale du terroir de la Commune d'Abomey se trouvent sur de la terre de barre issue des sédiments ferrallitisés du Continental Terminal pendant que la région septentrionale de cette commune dispose de sols ferrugineux tropicaux dérivant du socle cristallin à gneiss et granites (FIDESPRA, 2000). Les sols sablo argileux des terres de barres ayant été mis sous culture intensive depuis près de cinq siècles sont tous appauvris pendant que ceux ferrugineux très peu exploités gardent encore leur fertilité et font des arrondissements d'Agbokpa et Détohou (dans le nord de la Commune) les actuelles zones de colonisation agricole.

La commune d'Abomey, de part sa position géographique, jouit d'un climat de transition entre le climat Subéquatorial de la côte et le climat tropical humide de type Soudanoguinéen du Nord Bénin avec une pluviométrie moyenne et annuelle 1000 mm (FIDESPRA, 2000).

La commune d'Abomey, dispose d'un riche patrimoine culturel et cultuel à haute valeur touristique jusque-là mal valorisé. Outre les secteurs du tourisme et de l'agriculture, ceux du commerce (surtout avec le marché Houndjlo) et de l'industrie pour l'exploitation des ressources naturelles et minières constituent l'essentiel des secteurs potentiellement pourvoyeurs de richesses individuelles et collectives à une bonne planification des actions à y mener. Abomey partage avec la Commune de Bohicon, une position carrefour stratégique pour les échanges commerciaux. La Commune d'Abomey draine les flux en provenance et en direction du Plateau Adja, et du Togo, d'Agnagnizoun et de Djidja.

Le secteur de la santé bénéficie de la proximité de l'hôpital départemental. En matière d'éducation et de formation technique et professionnelle, la commune a des atouts grâce à la présence de 64 écoles primaires, 13 écoles secondaires et des centres de formation professionnelle (Centres diocésains, centres de promotion artisanale).

2.2. Cadre humain, socioculturel et économique

2.2.1. Aspect démographique

Abomey, capitale historique du royaume du Danhomå compterait en 2002 moins d'habitants qu'à la veille de la colonisation. La défaite du royaume a provoqué un départ massif des populations, en partie un reflux vers les zones agricoles limitrophes avec lesquelles les populations urbaines avaient gardé de fortes relations. La population augmente à nouveau mais lentement, le flux migratoire des campagnes vers la ville étant en partie contrebalancé par un flux d'émigration vers des villes plus lointaines.

De 1992 à 2002, la population est passée de 66.595 hab. à 78.341 hab. avec un taux d'accroissement estimé à 1,64% et une densité moyenne de 552 hab. au km2 (5(*)) (RGPH3).

La commune d'Abomey est loin d'être un milieu homogène. En dehors des autochtones (Fon) qui sont majoritaires (95,67%), cohabitent plusieurs autres groupes ethniques. Il s'agit notamment des Adja, des Goun, des Idaasha, des Maxi, des Mina, des Nagot, des Bariba, des Dendi et des Yoruba.

2.2.2. Aspect socioculturel

L'histoire a légué aux communes du Plateau d'Abomey (Abomey, Agbangnizoun, Bohicon, Djidja, Zakpota et Zogbodomey) un immense patrimoine historique constitué de sites, de places et de marchés. La majorité de ces sites et places « dits témoins de l'histoire » sont localisés sur le territoire administratif de la commune d'Abomey (capitale de l'ancien Royaume du Danxomå), ceci semble d'ailleurs justifier le titre de capitale historique de la République du Bénin que porte cette commune d'Abomey. Le répertoire de ce patrimoine culturel et cultuel de la commune d'Abomey présente une multitude de curiosités touristiques parmi lesquelles nous pouvons citer entre autres :

· Le site des Palais royaux publics qui couvre une superficie de 44 ha et qui abrite Musée Historique d'Abomey classé Patrimoine Culturel Mondial par l'UNESCO depuis 1985, les collections abritent des sièges royaux, bas-reliefs, statuettes et objets cultuels vaudous. L'authenticité du site est liée à sa fonction, à son histoire et à l'évolution culturelle, technique et sociale de la société aboméenne. Les palais sont à la fois lieux (temples, tombes, circuits vivants... etc.) mais aussi pratiques cultuelles et culturelles ;

· les sites des Palais royaux privés qui sont environ une dizaine dans Abomey et constituent des lieux où les princes héritiers apprennent l'exercice du pouvoir avant d'accéder au trône ;

· la place Goho qui abrite aujourd'hui la statue du Roi Béhanzin a été le lieu de rencontre entre ce souverain et le général Dodds lors de la déportation; c'est aussi le lieu de la proclamation du Marxisme Léninisme le 30 novembre 1974 par le gouvernement révolutionnaire du Bénin ;

· les marchés historiques : ils sont environ cinq dans la Commune avec chacun leur histoire et leur spécificité. Parmi ces marchés figurent celui Houndjlo qui est le plus grand et qui a été crée par le Roi Guézo entre 1830-1832 comme butin d'une guerre de conquête ;

· les temples vodoun et les lieux sacrés (sources et forêts) qui sont des lieux d'initiation, de cérémonies rituelles annuelles et de prières. Ces places sont chacune spécialisées.

A ces sites s'ajoutent des attractions culturelles que sont les réalisations des galeries artistiques, des musées privées et les rythmes musicaux de la Commune.

2.2.3. Aspect économique

Les activités économiques les plus pratiquées dans la ville d'Abomey sont l'agriculture, le commerce, l'artisanat, le tourisme.

L'agriculture de subsistance est pratiquée par quelques rares personnes. L'agriculture intensive sur plusieurs siècles autour de la ville d'Abomey a provoqué un appauvrissement très prononcé des terres périurbaines et le déclin d'une partie de ces marchés.

Le marché de référence et le plus fréquenté dans la commune d'Abomey est le marché `'Houndjlo''. Sis au centre de la ville, il est essentiellement devenu un marché de consommation drainant les produits des zones agricoles directement connectées et situées à moins de 50 Km (Djidja, plateau Adja, Agbangnizoun) et des zones périurbaines. Il s'anime tous les cinq (05) jours.

Même en ces temps de progrès technologiques et de modernisation, l'artisanat local continue de prospérer. Les artisans locaux fabriquent une grande gamme de produits artisanaux. Quoique le matériel utilisé varie grandement, chaque métier a une tradition et une histoire qui datent de plusieurs siècles.

2.3. Présentation institutionnelle

2.3.1. Institution traditionnelle

Ancienne capitale du royaume du Danxomå, Abomey est fondée selon la tradition en 1645. Aujourd'hui, Abomey « la Royale » vit des souvenirs d'un passé glorieux. Sa population constituée en majorité de Fon animistes dont une grande partie de princes et de princesses vivant autrefois de la largesse des rois, aujourd'hui contraints aux travaux champêtres et au fonctionnariat.

Le système politique traditionnel est encore très vivant à Abomey. Il existe en effet une structure traditionnelle dont la plus haute autorité est le Roi. Il est assisté d'une cour royale constituée par des représentants des différents membres des lignages de la communauté et des chefs religieux. Il a pour fonction de réguler les litiges entre différents membres de la communauté, de veiller au respect de la coutume et à l'entente de la communauté.

Egalement, la chefferie en milieu fon est vivace. L'autorité du chef s'étend sur les personnes et les biens. Le chef préside les conseils de famille et décide de la sanction à infliger à un membre dont la conduite entache l'honneur de la communauté. Le chef ou le `'Hinnou-gan'' est le dépositaire des reliques des ancêtres. A ce titre, il veille à l'observance stricte des rites qui régissent la vie familiale. Il a surtout un rôle d'éducation conformément à la tradition.

2.3.2. Institution religieuse

La notion d'un Dieu créateur

La notion d'un Dieu créateur est très répandue en milieu Fon d'Abomey mais est souvent voilé par le culte de nombreuses divinités secondaires.

En effet, que ce soit chez les fon ou chez les autres ethnies du Bénin ou d'Afrique, ce Dieu est avant tout, le créateur, la cause première. Ce Dieu est appelé en milieu « Mahu » «Aklounon'' ou `'gbedoto''. C'est un esprit transcendant, pur, juste et bon.

Au dessous de ce Dieu unique, se trouvent des dieux secondaires et proche de l'homme africain en général et du béninois en particulier. Ce sont en effet ces dieux qui régissent sa vie. Ils conditionnent l'existence, la régulent, l'orientent et la forment. Ces dieux en milieu fon sont répartis en plusieurs types de divinités.

Les dieux secondaires

Si la notion de dieu est assez uniforme et ne prête guère à de longs développements, la nature des dieux secondaires est beaucoup plus complexe. Ils sont des puissances qui, convenablement libérés par des rituels exactement suivi, se montrent très efficaces quelle que soit l'application que l'individu veut faire de cette force.

Dans les couvents de ces divinités, c'est une éducation traditionnelle véritablement et fortement fondée sur des tabous et interdits que l'on reçoit. L'individu y apprend la discipline, l'art de la discrétion et du silence, l'esprit de fraternité et de solidarité, le respect de la hiérarchie et de toute personne adulte, l'apprentissage de nouvelles langues.

Selon la conception générale, ces divinités peuvent revêtir divers aspects et ont presque toujours un caractère spécifique. Selon Robert SARTRE, on distingue des vodouns qui sont inter-ethniques et qui se manifestent soit par dans les phénomènes de la nature (Hèviosso, Sakpata, Ayizan, Loko, Agè...) soit dans des êtres historico-mystiques (Lègba, Gu) et les vodoun purement ethniques qui gravitent autour de l'ancêtre du clan (Ninsuxué, Ajahuto, Agasu...).6(*)

Quand bien même « le vodoun est si présent (67%), il s'y trouve également d'autres religions comme le christianisme (23%), l'islam (3%) et d'autres religions (7%). »7(*)

Quelle démarche méthodologique adoptée pour vérifier l'hypothèse ?

Troisième partie :

METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Notre étude fait appel à une méthodologie combinant des concepts et des techniques sociologiques (enquêtes par questionnaires, entretien). Elle prend en compte aussi bien les données issues des archives documentaires disponibles que celles de seconde main (littérature sur le sujet). Ce recueil de données concerne les caractéristiques géographiques, économiques, sociales ainsi que culturelles à Abomey.

Pour confronter nos hypothèses à la réalité des faits, nos investigations ont porté sur la population pratiquant le culte vodoun et celle ne la pratiquant pas. Nous cherchons à identifier au sein de la population pratiquant le culte vodoun, la signification du vodoun selon leur entendement et les influences que peuvent avoir les manifestations annuelles du vodoun sur l'économie, le social et le culturel. Quant aux profanes, nous recherchons l'impact que ces pratiques ont sur leur mode de vie.

Il nous faut à présent, définir et caractériser ceux que nous appelons profanes, prêtres et adeptes vodouns.

3.1. Population

3.1.1 Composante de la population cible

Notre population d'enquête est ciblée et se compose de :

- 15 (quinze) prêtres vodoun (Hounon)

- 25 (vingt-cinq) adeptes vodoun (Hounsi)

- 70 (soixante-dix) profanes (Ahè).

TABLEAU 1 : Récapitulatif de l'échantillon (population) d'enquête

Populations

Nombre de sujets

Prêtres vodoun (Hounon)

15

Adeptes vodoun (Hounsi)

25

Profanes (Ahè)

70

Total

110

3.1.2 Les prêtres ou dignitaires vodouns: qui sont-ils ?

Les cultes vodoun étaient comme des pôles de pouvoir locaux. Ainsi, les prêtres du vodoun sont les personnes qui dirigent les couvents et qui sont les gardiens de la tradition ancestrale. En fon, on les appelle « Hounon » ou « Vodounon ». Le rôle de ceux-ci réside dans le processus d'organisation au niveau du village. Ils donnent dans les couvents vodoun appelés « Hounkpamin », une éducation axée sur la probité morale, la discrétion, le silence, la discipline et l'intégrité.

3.1.3 Les adeptes du vodoun

Quant aux « Hounsi » ou « Vodounsi », ils sont les disciples d'un certain dieu qui est suppose «danser sur sa tête« c'est-à-dire que l'adepte est sous l'emprise dudit dieu. Ils servent de lien entre les profanes et les divinités. Ils exercent toutes les fonctions spirituelles liées aux rituels ou aux cérémonies qu'une personne doit subir pour une vie sociale plus équilibrée.

3.1.4 Les profanes

Pour les adeptes vodouns, ils sont à la base de l'échelle sociale. En fon, ils ont appelés « Ahè ». Cette couche est constituée de ceux qui ne pratiquent pas la religion vodoun et qui ne sont pas initiés.

3.2. PROCEDURES DE COLLECTES DES DONNEES

LES VARIABLES

- L'âge et le sexe ;

- Le niveau d'instruction ;

- La situation matrimoniale ;

- La place des sujets dans l'organisation sociale du vodoun ;

- La catégorie socioprofessionnelle des sujets faisant partie de notre échantillon ;

3.2.1 L'âge et le sexe

Ces deux paramètres ont permis d'établir la moyenne d'âge et le sexe des sujets qui assistent au Xwétanù.

3.2.2 Le niveau d'instruction 

Compte tenu du niveau d'étude, on procède à une certaine analyse des choses. Ainsi, ce paramètre a permis d'identifier l'appréhension de chaque niveau d'instruction sur la pratique du culte vodoun.

3.2.3 La situation matrimoniale

Cette variable a permis de cerner l'influence de cette culture sur la vie matrimoniale : le point de vue des célibataires, des mariés et des personnes monoparentales etc.

3.2.4 La place des sujets dans l'organisation sociale du vodoun 

Dans la culture vodoun, l'organisation sociale de type pyramidal comprend au sommet, les Hounon et les Hounsi et à la base, les Ahè c'est-à-dire les profanes. Ainsi, cette variable a été choisie afin d'identifier pour permettre d'identifier le point de vue de chaque catégorie de cette organisation.

3.2.5 La catégorie socio-professionnelle

L'identification de la catégorie socioprofessionnelle nous a permis de repérer la relation qui existe entre le Xwétanù et l'activité socioprofessionnelle des adeptes.

3.3. CHOIX DES TECHNIQUES D'ENQUETE

« Dans un univers caractérisé par sa complexité, son immatérialité et sa subjectivité, la difficulté est d'éviter la dérive »8(*). Pour baliser le champ social, deux techniques d'enquêtes adaptées à notre objet ont été retenues ; nous avons mené une enquête par questionnaire destinée à relever les faits sociaux puis celle se référant à l'entretien semi-directif pour révéler les impacts positifs de ces manifestations à partir de récits de ceux qui l'organisent.

Soulignons que l'entretien a été réalisé au niveau des Hounon. Pour parfaire la connaissance sur le vodoun, le Xwétanù et l'impact de celui-ci dans le sens de la promotion du développement économique, culturel et social, nous nous sommes attelé au canevas en annexes.

Quant aux questionnaires, nous en avons élaboré deux (02) :

- Un (01) pour les adeptes vodouns ;

- Un (01) pour les profanes.

3.4. DEROULEMENT DE L'ENQUETE

Une pré-enquête a été effectuée et a été utile pour une meilleure connaissance de la zone d'étude. En effet, elle nous a permis d'une part d'identifier les arrondissements susceptibles d'être parcouru, et d'autre part de prendre contact certaines personnes ressources.

Ensuite, un pré-test a été la mesure préalable qui a permis de relever les insuffisances éventuelles et imperfections liées aux questions. Cela nous a permis de porter des corrections et à les rendre ensuite simple, concise et compréhensible. Au cours de cette phase, nous avons vérifié la validité des questions et des thèmes de guides d'entretien.

Enfin, deux modes ont été adoptés pour l'enquête proprement dite: l'enquête par questionnaire et celle par entretien parce que nous estimions que l'une sans l'autre ne serait suffisante à elle seule pour pouvoir appréhender la profondeur des dimensions de nos questionnements.

La passation du questionnaire s'est effectuée selon la technique de face à face et a été assurée soit par nous-mêmes, soit par des amis que nous avons formés et qui nous ont apporté leur concours. Ces questionnaires ont été remplis immédiatement par les sujets dans la mesure de leur disponibilité ou à posteriori. Une fois remplis, les questionnaires ont été directement retournés, soit déposés auprès d'un collègue ou d'un ami choisi en fonction de sa disponibilité.

La seconde démarche a consisté en des entretiens individuels de type semi-directifs. Elle nous a servi à recueillir des opinions des prêtres vodoun (Hounon) sur la signification du vodoun, ce que s'est que le Xwétanù et sur l'impact de cette manifestation sur le mode de vie des populations. Indiquons qu'un entretien est semi-directif lorsqu'il est « ni entièrement ouvert, ni entièrement canalisé par un grand nombre de questions précises. Généralement, le chercheur dispose d'une série de questions guides, relativement ouvertes, à propos desquelles il est impératif qu'il reçoive une information de la part de l'interviewé. Mais il ne sera posé forcément toutes questions dans l'ordre où il les a notées et sous la formulation prévue » (DAKPO ; 2003).

Après avoir obtenu un rendez-vous par personne interposée auprès des différentes personnes concernées par l'enquête, nous nous présentons à leur couvent pour les entretiens qui durent selon le cas, environ trente à soixante minutes. Les entretiens ont été enregistrés puis retranscrits intégralement de manière à en analyser les contenus.

L'utilisation de l'enquête par questionnaire qui «consiste à poser des questions à un ensemble de répondants, le plus souvent représentatif d'une population, une série de questions relatives à leur situation sociale, professionnelle ou familiale, à leurs opinions, à leurs attentes, à leur niveau de connaissances ou de conscience d'un événement ou d'un problème, ou encore sur tout autre point qui intéresse les chercheurs » (DAKPO ; 2003), nous a permis d'appréhender l'importance qu'accordent les adeptes aux manifestations vodouns. Aussi bien dans l'élaboration du questionnaire définitif que des entretiens, nous avons choisi autant que faire se peut, des questions fermées pour l'analyse quantitative et ouverts pour l'analyse qualitative. Les collectes des données ont été effectuées en une phase et ont duré environ un mois entre juin et juillet 2008.

3.5. CHOIX DES LOCALITES DES ENQUETES

Ces enquêtes ont été conduites dans la ville historique Abomey. Ce choix est motivé par le fait que cette localité arbore essentiellement des signes extérieurs de la culture vodoun. Ces populations croient en la tradition que leur a léguée leurs ancêtres et ils organisent leur vie suivant un modèle qui se trouve être dans le prolongement de ce qu'avaient coutume de faire les générations qui les ont précédés dans le temps.

3.6. TRAITEMENT DES DONNEES

Le traitement des données s'est appuyé principalement sur l'analyse statistique et sur l'analyse de contenu des discours verbaux. Les données ont été saisies et traitées à la main et par le biais du logiciel Excel.

3.7. DIFFICULTES RENCONTREES

Tout au long de nos recherches, nous avons eu droit à la sympathie, au bon accueil et au soutien de certains acteurs. Cependant, certaines difficultés majeures ont atténué notre volonté de mener des investigations plus approfondies.

La difficulté majeure rencontrée concerne le caractère très secret du vodoun qui entraîne la réticence de certains acteurs face aux questionnements. Ainsi, il a fallu parfois l'intervention de certains influents dignitaires vodouns pour leur redonner confiance. Aussi, d'autres dignitaires avant de répondre aux questions nous demande de l'alcool et de l'argent car disent-ils « on ne parle pas ainsi facilement du vodoun. ». Le problème de communication a été aussi un handicap.

La période étant pluvieuse, elle n'a pas contribué au bon déroulement de nos enquêtes. Nous nous sommes retrouvés, à plusieurs reprises, mouillés par la pluie en nous rendant dans un village ou de retour de notre lieu d'enquête.

Un autre aspect est celui lié à la réticence des populations à remplir nos questionnaires. Elles prétendent parfois que ces études sont financées et accusent les enquêteurs d'avoir détourné les biens destinés à cette fin.

En dépit de ces difficultés, nous sommes tout de même parvenus à obtenir des résultats exploitables.

Quatrième partie :

PRESENTATION DES RESULTATS ET

ANALYSES

4.1. PRESENTATION DES RESULTATS

Les données recueillies auprès des différentes composantes de notre étude après dépouillement et transcription sont présentées comme suit :

4.1.1 Résultats relatifs à l'identification des populations enquêtées

Tableau 1: Répartition des populations suivant les catégories

Populations

Effectif prévu

%

Effectif enquêté

%

Dignitaires

15

13,64

10

9,09

Adeptes

25

22,73

24

21,82

Profanes

70

63,64

60

54,55

Total

110

100

94

85,45

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Ce tableau montre la répartition des sujets suivant l'organisation sociale que donnent les adeptes. Ainsi, 10 dignitaires vodouns sur 15 soit 9,09% des populations ont été questionnés, 24 adeptes sur 25 représentant ainsi les 21,82 % du nombre de sujets enquêtés et 60 profanes sur 70 constituant les 54,55 % des enquêtés.

Tableau 2 : Répartition des populations suivant l'âge

Age

Effectif

%

De 0 à 14 ans

0

0

De 15 à 59 ans

81

96,43

60 ans et plus

3

3,57

Total

84

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

A travers ce tableau, on constate que parmi les enquêtés, 96,43 % de sujets ont entre 15 et 59 ans, et seulement 3,57 % de 60 ans et plus enquêtés. Ainsi, la couche la plus représentée est celle des populations actives.

Tableau 3 : Répartition des populations suivant le sexe

Sexe

Effectifs

%

Masculin

54

57,45

Féminin

40

42,55

Total

94

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Ce tableau 3 révèle que les 57,45% des sujets sont de sexe masculin pour 42,55 % de sexe féminin soit 40 sujets.

Tableau 4 : Répartition des populations suivant le niveau d'instruction

Niveau d'instruction

Effectif

%

Primaire

23

27,38

Secondaire

29

34,52

Universitaire

1

1,19

Jamais à l'école

31

36,90

Total

84

100

Sources: Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Il ressort de ce tableau que seulement 1 des sujets a fait des études universitaires. Pour ceux ayant fait le primaire, ils représentent 27,38 % contre 34,52 % pour ceux ayant atteints le secondaire. 36, 90% des sujets n'ont jamais été à l'école.

Tableau 5 : Répartition des enquêtés suivant leur catégorie socioprofessionnelle

Profession

Effectif

%

Aucune

1

1,19

Agriculteur

8

9,52

Chanteur traditionnel

2

2,38

Commerce

13

15,48

Couture

6

7,14

Décorateur

2

2,38

Electricien

2

2,38

Elève

9

10,71

Forgeron

6

7,14

Gestion de cabine

5

5,95

Instituteur

4

4,76

Maçonnerie

3

3,57

Ménagère

3

3,57

Menuisier

2

2,38

Poterie

3

3,57

Secrétaire

1

1,19

Sculpture

6

7,14

Soudure

3

3,57

Tissage

2

2,38

Zémidjan

3

3,57

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Ce tableau présente les activités exercées par les populations enquêtées. Il montre les activités les plus pratiquées qui sont : le commerce avec 13 sujets soit (15,48%), l'agriculture avec 8 sujets (9,52%), la couture, la forgerie et la sculpture avec 6 sujets chacune (7,14%). Le nombre d'élèves enquêtés est de 9 soit 10,71 % et d'instituteurs est de 4 (4,76%). Les personnes chargées de la gestion des cabines téléphoniques sont au nombre de 5 (5,95%).

Le reste constitué de maçons, de ménagères, de potiers, de soudeurs, de zémidjans est de 3 (3,57%) sujets pour chaque activité alors que les chanteurs de musique traditionnelle, les décorateurs, les électriciens, les menuisiers et les tisseurs représentent chacun 2,38 %. Enfin ceux qui travaillent dans les bureaux et ceux qui n'ont aucune activité sont minoritaires avec 1 sujets (1,19%).

Tableau 6 : Répartition des enquêtés suivant la situation matrimoniale

Situation matrimoniale

Effectif

%

Marié (e)

43

51,19

Célibataire

24

28,57

Veuf (ve)

12

14,29

Je vis seul

5

5,95

Total

84

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Ce tableau nous renseigne sur la situation matrimoniale des sujets. Ainsi, 51,19 % sont mariés, 28,57 % célibataires, 14,29 % veufs et seulement 5,95 % vivent seuls.

4.1.2 Résultats relatifs à la signification que donne les adeptes du vodoun

Tableau 7: Signification du vodoun selon les adeptes et les dignitaires

Définition du vodoun

Effectif

%

Nous sommes venus constater à notre naissance

8

23,53

Ensemble de principes

14

41,18

Nous sommes venus constater mais c'est un ensemble de principes

2

5,88

Autres

10

29,41

Total

34

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

De ce tableau, 23,53 % des adeptes et dignitaires déclarent qu'ils sont venus constater à leur naissance le vodoun et qu'ils ne peuvent pas le définir. Les 41,18 % pensent que le vodoun est un ensemble de principes. Les 5,88% estiment être venu voir le vodoun mais à travers ses manifestations y voir un ensemble de principes. 29, 41% pensent que le vodoun est comme le vent, c'est-à-dire le respect de l'inconnu ou qu'il est dieu.

Tableau 8 : Signification du vodoun selon les adeptes et les dignitaires

le vodoun est donc

Effectif

%

l'intermédiaire entre Dieu et les hommes

29

85,29

Dieu

5

14,71

Total

34

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

De ce tableau, on note que 29 soit 85,29 % de l'effectif des adeptes et des dignitaires disent que le vodoun est l'intermédiaire entre Dieu et les hommes. 5 sujets soit 14, 71% pensent que le vodoun est Dieu lui-même.

Tableau 9 : But du vodoun selon les adeptes et les dignitaires

But ultime du vodoun

Effectif

%

- offrir les moyens de mener

une existence terrestre décente 

34

100

- s'acquitter de ses devoirs envers les personnes âgées 

0

0

Total

34

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

De ce tableau, on déduit que l'ensemble des adeptes et des dignitaires vodouns ayant pour effectif 34 sujets, s'accordent sur ce que le but ultime du vodoun est de fournir les moyens de mener une existence décente sur terre.

Tableau 10 : Raisons de la pérennité du vodoun selon les adeptes et les dignitaires

Raisons de sa pérennité

Effectif

%

les ménages lui font référence et se tournent vers lui

en cas de danger

8

23,53

Autres

26

76,47

Total

34

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

De ce tableau, il est à noter que 23,53 % des enquêtés trouvent que les raisons de la pérennité du vodoun résident dans le fait que les ménages s'en réfèrent en cas de danger alors que les raisons sont toutes autres pour les 76,47 %. Pour certains, le vodoun est venu avec le monde et ne disparaîtra pas même après la disparition de tous les hommes ; d'autres par contre se focalisent sur les différentes terminologies (noms, prénoms, désignation de jours etc.) issues du milieu vodoun pour expliquer sa pérennité. Aussi, ils disent que plus on en parle, plus le vodoun se développe.

Tableau 11 : Autres valeurs véhiculées par le vodoun

Autres valeurs du vodoun

Effectif

%

le respect, la discipline et la pérennité du groupe

15

44,12

le respect, la discipline, la pérennité du groupe et autres

19

55,88

Total

34

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Ce tableau montre d'autres valeurs que véhicule le vodoun. Ainsi, 44,12% pensent que le vodoun est source de respect, de discipline et de pérennité de groupe alors que les 55,88 % pensent qu'en plus de ces éléments, subsistent d'autres tels que le respect des personnes agées, la solidarité, l'entraide.

Tableau 12: Régulation des actes et des désirs par le vodoun

Le vodoun régularise

les désirs

Effectif

%

Oui

34

100

Non

0

0

Total

34

100

Sources: Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

L'ensemble des enquêtés constitué des adeptes et des prêtes vodouns est unanime sur le faite que le vodoun régule les désirs et les actes des individus.

Tableau 13 : Méthodes de régulation des actes et des désirs

Méthodes de régulation

du vodoun

Effectif

%

- Protection des actes bons et châtiment de ceux qui sont mauvais

34

100

- Autres

0

0

Total

34

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Ici, il est fait cas de ce que le vodoun, comme méthodes de régulation, protège ceux ayant une bonne conduite et châtie ceux ayant une mauvaise conduite. Le pourcentage de ceux qui pensent de la sorte est de 100 %.

Tableau 14 : Indication des voies à suivre et des interdits par le vodoun

Le vodoun indique les voies

à suivre et les interdits

Effectif

%

Oui

34

100

Non

0

0

Total

34

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

A travers ce tableau, on remarque que 100 % des populations de cette catégorie sont d'avis sur le faite que le vodoun indique les voies à suivre et les interdits à ne pas enfreindre.

4.1.3 Résultats relatifs aux influences de la célébration du Xwétanu sur la vie social

Tableau 15 : Rassemblement de foules par le Xwétanù

Rassemblement de

grandes foules

Effectif

%

Oui

92

97,87

Non

2

2,13

Total

94

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Il ressort de ce tableau que 97,87 % des sujets à qui nous avons posé la question affirment que le Xwétanù est une occasion de rassemblement de foules venant d'horizon divers. Seulement 2,13 % pensent le contraire.

Tableau 16: Importance du Xwétanù

Importance du Xwétanù

Effectif

%

Oui

88

93,62

Non

6

6,38

Total

94

100

Sources: Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

A travers ce tableau, on constate que 93,62 % des enquêtés affirment que le Xwétanù revêt encore une certaine importance. 6 % pensent qu'il n'est plus utile de nos jours.

Tableau 17: Raisons de l'importance du Xwétanù

Raisons de cette utilité

Effectif

%

elle redonne confiance et permet de discuter avec des personnes d'origine différente

36

38,30

elle permet de se retrouver et de réfléchir ensemble sur des problèmes de société

52

55,32

Autres

6

6,38

Total

94

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Ce tableau affiche les raisons de l'utilité du Xwétanù. Ainsi, 38, 30 % affirment qu'il redonne confiance aux populations et permet de discuter avec des personnes d'origines diverses. 55 sujets (55, 32 %) affirment se retrouver et réfléchir ensemble sur des problèmes de société. Le reste soit 6,38 % y trouvent que c'est l'occasion de rester en communion avec les êtres qui sont chers mais qui sont décédés.

4.1.4 Résultats relatifs aux influences de la célébration du Xwétanù sur la cohésion culturelle

Tableau 18 : Attraction des populations pour le Xwétanù

Attraction du Xwétanù

Effectif

%

- Chant, danse, musique

49

52,13

- Chant, danse

8

8,51

- Chant, musique

12

12,77

- Autres

25

26,60

Total

94

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Ce tableau indique que l'intérêt des 52, 13 % de la population se retrouve dans les chants, les danses et les musiques. 8,51 % de cette population trouvent leurs intérêts dans les chants et les danses alors que les chants et la musique intéressent 12,77 %. Les 26,60 % des sujets trouvent leur intérêt ailleurs que dans les chants, la danse et la musique.

Tableau 19: Satisfactions données par le Xwétanù

le Xwétanù donne

satisfaction

Effectif

%

- besoins de loisirs, de jeux

3

3,19

-besoins de loisir et de récréation

9

9,57

-besoins de loisir, de jeux et de récréation

57

60,64

- Autres

25

26,60

Total

94

100

Sources: Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Ce tableau révèle que 60,64 % des populations trouvent satisfactions aux besoins de loisir, de jeux et de récréation. 25 (26,60 %) trouvent satisfactions dans d'autres besoins autres que ceux du loisir, du jeu et de récréation.

Tableau 20 : vodoun comme source en matière de musique, de chant et de danse

Source et référence en

matière de musique,

chant et danse

Effectif

%

Oui

86

91,49

Non

8

8,51

Total

94

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

On remarque à travers ce tableau que 86 (91,49 %) des sujets affirment que le vodoun est source d'inspiration de musique.

4.1.5 Résultats relatifs aux influences de la célébration du Xwétanù sur l'économie

Tableau 21 : Activités économiques lors de ces manifestations

Activités économiques

pratiquées en ces occasions

Effectif

%

-Vente d'articles

66

70,21

-Accompagnement de touristes

21

22,34

-Hébergement de touristes contre récompense 

7

7,45

Total

94

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

Les résultats de ce tableau indiquent que 70,21 % des enquêtés vendent leurs articles, 22,34 % servent de guide aux touristes et 7, 45 % offrent leur maison moyennant une certaine somme.

Tableau 22: Dépenses effectuées par les adeptes et les dignitaires

les adeptes effectuent

des dépenses

Effectif

%

Oui

34

100

Non

0

0

Total

34

100

Sources : Résultat d'enquête, Abomey, juin-juillet 2008

A travers ce tableau, on remarque que l'ensemble constitué des adeptes et des dignitaires affirme que des dépenses sont effectuées. Ces manifestations constituent des moments pour ceux-ci de confectionner de nouvelles tenues et de s'acheter les colliers.

4.2. ANALYSE DES RESULTATS

Les résultats de nos enquêtes sur la ville historique d'Abomey font ressortir que la constitution de notre population est composée de 94 sujets. Les dignitaires vodouns représentent 10,41 de cet effectif; les adeptes 25,53 % et les profanes 63,83 % (tableau 1).

La répartition en fonction de l'âge que présente le tableau n°2 nous indique que les populations à charge ne sont pas représentés ; que les populations actives ayant entre 15 et 59 ans constituent 96,43 % des enquêtés et que les personnes à la retraite sont de 3,57%.

En fonction du sexe, le tableau 3 présente 57,45 % sujets de sexe masculin et 42,55 % de sexe féminin.

Les résultats montrent aussi que 36, 90 % des sujets n'ont jamais été à l'école ; 27, 38 % ont fais le primaire ; 34,57 % le secondaire et seulement 1,19 % a pu atteindre l'université (tableau 4). Les activités menées par cette population sont diverses et multiples. Comme l'indique le tableau 5, il y a Seulement 1,19 % de la population qui ne fait rien ; 9,52 % sont agriculteurs ; 3,57 % sont zémidjan. Les 10,71 % sont constitué des élèves et 3,57 % de ménagères. Sur l'ensemble du tableau 6, les renseignements sur la situation matrimoniale des sujets nous indiquent que 51,19 % sont mariés ; 28,57 % célibataires ; 14,29 % veufs et seulement 5,95 % vivent seul c'est-à-dire divorcés.

4.2.1 Signification du vodoun selon les adeptes et les prêtres vodouns

En consultant les tableaux 7 et 8, on peut comprendre le vodoun comme un ensemble de principes qui établissent la liaison entre l'homme, le reste du monde et Dieu. Ainsi, les initiés reconnaissent la suprématie de Dieu sur toutes les autres créatures. C'est le bon Dieu qui a inspiré le monde, chacun dans son milieu pour instituer une forme d'adoration. La motte de terre est représentative du support matériel qui permet aux gens de comprendre que l'endroit où nous nous situons est un lieu sacré et qu'en ce lieu, est dédié une forme d'adoration adressée à Dieu. Ce que PLIYA (2003) confirme : « Le vodoun vient de prise de conscience de l'auteur des forces cosmiques et de la force vitale, l'âme, qui anime tous les êtres et même les éléments matériels inertes ou vivants. »9(*). Le vodoun est simplement le respect de l'inconnu.

Lorsqu'on parle de certains initiés, on dit souvent « é yi vo do ». « vo » ou « vivo » qui signifie à l'aise, bonheur et « do » c'est-à-dire lieu. Ainsi, « vo do » est le lieu de félicité, le lieu où on est à l'aise, le lieu d'aisance. Et le vodoun est le responsable de ce lieu. Pour les initiés, les vodouns seraient des anges de Dieu. Ce qui amène à dire que le vodoun est non pas Dieu créateur, mais l'intermédiaire entre les hommes et lui. Pour les vodouisants, Dieu est le créateur du monde. Son oeuvre comprend le monde d'en haut et le monde d'en bas. Les deux mondes sont habités, même si l'un est le reflet renversé de l'autre. La terre, comme les êtres et les choses, a une âme.

Le vodoun puise l'essentiel de tout ce qu'il utilise dans la flore et la faune, ce qui imprime aux pratiquants et aux prêtres, une rigueur implacable dans le respect strict de la nature. Etant donné le fait qu'il doit son épanouissement permanent à l'utilisation des éléments de la faune et de la flore, nous assistons à beaucoup de sites protégés qui sont déclarés sacrés. Ceci juste pour protéger des essences animales et végétales dont les prêtes ont souvent besoin pour juguler des maladies qu'on retrouve dans ces environs et que les profanes qui ne comprennent pas, détruisent consciemment ou inconsciemment. Ainsi, tout le monde comprenait l'importance du culte tel que c'est vécu dans le vodoun, on n'aurait jamais ces problèmes d'environnement. A cela, on peut ajouter le fait que les populations, en cas de difficultés qu'ils ont du mal à résoudre ou en cas de danger, font recours au vodoun et à ces essences pour se soigner. Ainsi, comprenant l'importance de la médecine développée dans ces lieux, il devient un centre de guérison. Ils y font recours aussi pour se protéger d'éventuelles situations qui se présenteraient à eux.

Si on se base sur ces arguments et sur les opinions des prêtres selon lesquelles « le vodoun est venu avec le monde et ne disparaîtra jamais même après la disparition des hommes » ou que « le vodoun est comme le vent » c'est-à-dire insaisissable et insondable, on comprend aisément les raisons de la pérennité du vodoun. Aussi, beaucoup de terminologies sont parties du vodoun. De plus, l'irruption de la modernité ayant bouleversé toutes les structures des sociétés traditionnelles a eu pour conséquence l'exacerbation des incertitudes et des peurs, au point que le Béninois rural ou urbain, intellectuel ou non, ressent plus que jamais le besoin de protection. Le recours aux pratiques des religions traditionnelles, l'émergence des syncrétismes et des cultes néo-traditionnels résultent donc de ce besoin intense de protection chez le Béninois. Protection contre tout ce qui peut menacer la vie: la maladie, la sorcellerie, les accidents, la jalousie ; bref, protection, pour tout dire, contre tout ce qui symbolise et représente le mal.

Le but ultime de la religion vodoun n'est pas la recherche du salut individuel mais la pérennisation de la société ; c'est d'offrir les moyens de mener une existence terrestre descente (confère tableau 9). A cet effet, une prêtresse vodoun affirmait : « Exister, c'est renoncer à l'être individuel, particulier, compétitif, égoïste, agressif, conquérant, pour vivre avec les autres dans la paix et l'harmonie avec eux, les morts, l'environnement naturel et les esprits présents bien qu'invisibles. ». Le vodoun est alors source de cohésion et de communautarisme. Le vodoun veille au maintien des liens qui unissent les membres de la communauté. Ainsi, on n'est pas seulement comptable de ses actes individuels, mais nous sommes solidairement responsables de nos semblables au risque de perturber l'équilibre du monde extérieur.

Le vodoun enseigne un certain humanisme et est porteur de valeurs profondes comme le respect des personnes âgées, un engagement en ce qui concerne les relations avec les semblables, un souci de fraternité et de solidarité face à la maladie et au décès.

La morale vodoun estime que ne pas s'acquitter de ses devoirs envers les personnes âgées et des morts entraîne une rupture d'équilibre dans la vie de l'individu et peut avoir des conséquences néfastes sur la famille du fautif et de toute la communauté à laquelle il appartient. De plus, il faut toujours faire montre de générosité, de bienveillance et d'amour envers les plus faibles et les plus démunis.

La population aboméenne trouve dans le vodoun, un espace d'éducation et de jeu. C'est le vodoun qui assure l'éducation traditionnelle par l'intégration harmonieuse de l'individu dans le groupe social conformément au statut que lui assignent son sexe ou la fonction sociale de ses parents. Au cours de son éducation, l'enfant apprendra progressivement mais très précisément les différents rôles sociaux qu'il devra remplir pendant sa vie d'adulte. La connaissance de ce rôle lui permet de savoir comment se comporter dans la plupart des cas avec autrui. Les enseignements ne cherchent pas à développer des personnalités fortes et originales ; ils encouragent la conformité, non la compétition, source de tensions dans l'existence du groupe.

Le vodoun recherche l'équilibre. Toutes les forces de la nature sont liées. L'univers est un tout : chaque force de la nature a une signification et une connexion avec les autres entités. La plante, l'animal, le minéral et les personnes sont sacrés et doivent être traités en conséquence. Cette unité de toute chose explique la place de la sainteté de la vie.

Cette conception exige le respect de l'autre, de sa sécurité, de sa santé et de l'intégrité de sa personne. De la même manière, les animaux, les arbres, les sources, les rivières et la mer doivent être protégés. Aussi, ajoute AKOHA (2005) : « la caractéristique essentielle de cette culture vodoun consiste à s'en remettre aux vodouns pour assurer la cohésion sociale en même temps que leur sont reconnus la possibilité de générer chez leurs adeptes les inspirations novatrices qui font progresser la société ».

4.2.2 Signification du Xwétanù

Chez les fons d'Abomey, on croit à l'existence d'une âme (lindon ou sê) immortelle qui se retrouve au pays des morts avec des parents et des amis décédés au milieu de ses biens : vêtements, ustensiles... Ainsi, les populations adorent plusieurs divinités. La société est subdivisée en deux sphères: l'une visible et l'autre invisible.

La sphère visible qui héberge les minéraux, les végétaux, les animaux et les humains et la sphère invisible mais perceptible par les devins qui comporte deux niveaux : le niveau céleste qui est la demeure de l'être suprême et le niveau souterrain qui abrite le village des ancêtres qui survivent grâce aux rites et sacrifices des vivants. « La mort n'est pas la destruction de la personne, le refus de communication de la personne avec le reste de l'univers, mais un simple passage dans le monde des ancêtres, un retour à la source »10(*)

Ce qui nous amène a dire qu'en Afrique, les morts continuent donc d'exister parmi les vivants et, de plus, le contact avec eux est possible. A ce propos, Birago Diop dans l'un de ses plus célèbres textes, écrivait :

"Ceux qui sont morts ne sont jamais partis;

Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire,

Ils sont dans l'ombre qui s'épaissit...

Les morts ne sont pas morts;

Ils sont dans l'ombre qui frémit;

Ils sont dans le bois qui gémit;

Ils sont dans l'eau qui coule;

Ils sont dans l'eau qui dort;

Ils sont dans la case; ils sont dans la foule...

Les morts ne sont pas morts..."11(*)

Ces vers cités dans ce travail ne saura guère surprendre car l'on n'a jamais cessé de le répéter, les morts en Afrique subsaharienne, existent et leur présence est perçue comme réelle.

Pour rendre grâce aux dieux et aux ancêtres défunts, on observe des rituels. Ce sont des cérémonies annuelles ou périodiques : on parle de Xwétanù. On offre des libations en implorant la clémence et la protection dans tous les secteurs de la vie quotidienne. Ce ne sont pas des cérémonies organisées uniquement à l'occasion d'événement heureux tels les naissances, les initiations mais ils sont aussi exécutés lors d'événements tragiques : mort, pandémie et autres fléaux. Ces derniers étaient censés exprimer la colère des dieux et des ancêtres qu'il fallait apaiser aussitôt pour regagner leur faveur.

Avant chaque cérémonie ou manifestation, il est impératif de consulter l'oracle . Au cours de cette consultation, le révèle le nombre de jours que pourrait durer cette manifestation. Elle peut être de trois jours, de cinq, de sept et plus. Après les libations et autres rites aux vodouns, les adeptes et les officiants organisent des chants, des danses.

Aux yeux des profanes, les rites et cérémonies vodoun peuvent passer pour de la pure superstition. Mais pour le vodounsi (adepte du Vodoun), ces rituels constituent un moment important de la vie où les dieux et les esprits des ancêtres exercent une influence positive directe sur la vie des êtres humains.

Et comme le disait une Prêtresse du vodoun « la relation s'établit au cours des rituels et des cérémonies qui constituent le coeur spirituel de la religion vodoun. Elle permet d'instaurer une sorte de communication aussi bien avec les dieux implorés qu'avec l'esprit des défunts. Le sacrifice en est un élément essentiel, il exprime une relation entre l'homme et la divinité. En échange de la vénération et des offrandes, les dieux et les esprits invoqués assurent protection et assistance.»

Durkheim (1994) écrit : « Pour qu'une société prenne conscience d'elle-même et conserve ses sentiments au degré d'intensité nécessaire, il faut qu'elle se rassemble et se concentre périodiquement. Cette concentration provoque une exaltation de la vie mentale, qui prend la forme d'un groupe aux conceptions idéales. »

Ainsi, la réelle signification du xwétanù est d'abord de rassembler les membres de la société et deuxièmement, de renouveler chez ceux-ci un sentiment de solidarité. Les rites produisent une excitation des esprits où disparaît tout sentiment individuel et où les gens prennent conscience qu'ils forment une collectivité unie par les choses sacrées. Mais quand les membres de la société se séparent, le sentiment de solidarité baisse peu à peu et il faut le ranimer de temps en temps par un nouveau rassemblement et par la répétition des cérémonies grâce auxquelles le groupe se réaffirme. Les rites ont donc une influence sur les esprits.

4.2.3 Impact du Xwétanù

A travers les résultats, on retient que le souci majeur du vodoun à travers le Xwétanù est le bien-être des individus et du groupe. Le Xwétanù est une occasion pour rendre hommage aux divinités protectrices de la collectivité, aux ancêtres mais aussi de retrouvailles pour communier par les chants, les danses, la musique et par le partage de repas.  « le vodoun a deux branches : la branche culturelle et la branche culturelle. La branche culturelle c'est ce qui se fait au grand public. C'est ce que Sagbohan, le groupe H2O, Bizengor et les frères Guèdèguè montrent : les gestes, les paroles. Ils y tirent leur inspiration. Il y a certaines choses sacrées auxquelles ne peuvent y accéder que les initiés vodouns. C'est le cultuel». (Entretien du 02 juillet 2008 avec Monsieur Gabin DJIMASSE, Directeur de l'O.T).

De nos jours, certains rythmes et mélodies ayant servi à évoquer les vodouns sont en vogue et sont très appréciés par le public. Ce qui signifie que le vodoun sert de source musicale dans la ville. A travers la danse, les initiés évoquent et expriment avec le corps, ce que les autres arts n'ont pas pu faire. Elle vient donc compléter ou suppléer un vide, une certaine insuffisance.

Cette harmonie des danseurs avec la nature, la société, l'avenir et les dieux constitue une preuve évidente de la connaissance et de la maîtrise de l'art chorégraphique dans ces différentes sociétés et sa participation à l'épanouissement artistique des peuples.

« Elle correspond à un besoin de l'homme d'exprimer sa joie, sa tristesse, ses aspirations vers le beau, le bien, parce que ces sentiments sont parfois spiritualisés pour les traduire par des mots »12(*) écrivait TIEROU (1983).

Ainsi, les danses sont organisées dans le but d'apaiser les esprits des ancêtres et des défunts, de calmer la colère des divinités protectrices mécontentes qui font planer sur la ville et les campagnes le spectre d'une épidémie ou d'un malheur. A ce titre, elles constituent des rites expiatoires. Elles sont aussi organisées pour manifester la gratitude des vivants à l'égard des vodouns protecteurs, suite à une bonne récoltes ou à une saison prospère etc.

D'autres aspects dans le social sont à noter : le renforcement des liens familiaux, renforcement du tissu social, la convivialité, des échanges s'établissent, des amitiés sincères et profondes se tissent dans la confiance, la dignité et le respect, la sociabilité, des rencontres et une communication entre personnes venant de divers horizons et d'ethnies différentes. Ce qui favorise un échange inter-culturel.

En manque de distraction, les populations se rassemblent lors ces cérémonies pour satisfaire leur curiosité, leurs besoins de jeux, de loisir et de récréation ou pour vivre l'événement. Ainsi, le Xwétanù revêt pour eux une certaine utilité et prouve son importance dans cette société moderne. Et comme le disait AKOHA (2005), « à les comparer aux réjouissances populaires, les spectacles de danses vodouns sont les plus beaux ; ce sont des chefs d'oeuvre de chorégraphie et d'expression corporelle ». Ainsi, l'aspect connu de tous est l'aspect social et culturel. Et pour se référer à SARTRE, « aucune collectivité, soucieuse de sa santé mentale, ne saurait se passer de divertissements. Si chants et danses sont essentiellement des actes religieux, ils n'en procurent pas moins de joies toutes profanes »13(*). Les chants, les danses les rythmes constituent aux yeux des profanes, des actes de réjouissance, de spectacle, de rencontre et d'échange. Ainsi, les initiés sont de véritables « producteurs culturels » selon BOURDIEU (1987) : « les producteurs culturels détiennent un pouvoir spécifique, le pouvoir proprement symbolique de faire voir et de faire croire »14(*). Et précisément, ces créateurs « donne à voir » les représentations de leur vie sociale, de leur affectivité ; ils élaborent des formes donnant aussi « à croire », en relation avec la religion non écrite des ancêtres, avec des rituels liés aux esprits des défunts et des anciens rois.

Sur le plan économique le Xwétanù est l'occasion pour les adeptes de se donner les ressources nécessaires pour se confectionner les accoutrements, « pour habiller leur vodoun », en fon « é nan do awù ni vodun » ; en s'achetant les bijoux et les parures. Ils offrent ce qu'ils ont de plus précieux au vodoun. Elle est certes une source de dépense mais également une occasion très propice pour les ventes et surtout pour le tourisme, encore que la ville regorge d'énormes potentiels historiques et touristiques. Les artistes, les sculpteurs et mêmes les forgerons cèdent très facilement leurs produits. Parfois, ils trouvent des financements.

Moyen peu coûteux mais impressionnant dans ses capacités de mobilisation, les manifestations culturelles du vodoun pourraient être à l'avant-garde des moyens qui serviront de référence à toutes actions et activités de développement.

Tableau 23: SYNTHESE DE L'ETUDE

VODOUN

But : offrir les moyens de mener une existence terrestre descente

Valeurs

* enseigne un certain humanisme ;

* Cohésion et de communautarisme ;

* respect des personnes âgées ;

*engagement en ce qui concerne les relations avec les semblables ;

* fraternité et de solidarité ;

* respect de l'autre de sa sécurité, de sa santé et de l'intégrité de sa personne ;

* protection de la faune et de la flore.

MANIFESTATIONS XWETANÙ

Occasion pour rendre hommage aux divinités protectrices de la collectivité, aux ancêtres mais aussi de retrouvailles pour communier par les chants, les danses, la musique.

Sur le plan culturel

Chant, danse, musique ; ce qui correspond à un besoin de l'homme d'exprimer sa joie, sa tristesse, ses aspirations vers le beau, le bien. Ainsi, cela permet la satisfaction des besoins de jeux, de loisir et de récréation.

Sur le plan économique

Occasion pour les artistes, les sculpteurs et mêmes les forgerons cèdent très facilement leurs produits et financement de certaines activités par des étranger.

Occasion de dépense ; Occasion de visite touristique ;

Sur le plan social

renforcement des liens familiaux, renforcement du tissu social, la convivialité, des échanges s'établissent, des amitiés sincères et profondes se tissent dans la confiance, la dignité et le respect, la sociabilité, des rencontres et une communications

CONCLUSION

L'ignorance des phénomènes de la nature ou le désir de vouloir converser ou vivre en parfaite harmonie avec la nature fait que la pratique du vodoun reste encore profondément ancrée dans l'esprit de certaines couches sociales à Abomey : les vodounsi.

Longtemps laissés pour compte, les membres de ce groupe social croient en la tradition que leur ont légué leurs ancêtres et, ils organisent leur vie suivant un modèle qui se trouve être le prolongement de ce qu'avaient coutume de faire les générations qui les ont précédés dans le temps. En dépit de l'importance qu'il représente, ce groupe a toujours été négligé, passant même inaperçue aux instances gouvernementales, aux organismes internationaux et aux organismes non gouvernementaux (ONG).

Pourtant, cette population, trop souvent perçue comme totalement dépourvue d'infrastructure sociales cohérentes, s'articule harmonieusement autour du couvent vodoun, qui se trouve être pour elle non seulement un centre religieux mais aussi et surtout un centre culturel et social de première importance.

Par des manifestations, le vodoun contribue à éduquer les générations actuelles sur les traditions, les us et coutumes de la société passée. En faisant le lien entre le passé, il montre les sources d'où proviennent les hommes et met en évidence le caractère historique des faits sociaux.

Ainsi, il est possible à partir des manifestations dites Hwétanù afin de mieux comprendre le passé et de prévoir l'avenir ; le développement social étant assurément un trait d'union entre les différentes phases de l'histoire de la société à savoir le passé, le présent et le futur.

Ces manifestations en véhiculant les grandes valeurs morales comme la dignité, le travail, la sagesse, la paix, le dialogue, la solidarité, le courage, etc. contribuent à perpétrer des valeurs qui sont fondamentales pour la cohésion et le développement social et qui sont aujourd'hui mises en péril par la société capitaliste et la mondialisation.

Dans la mesure où il crée un sentiment d'harmonie, de communion, et de solidarité entre les membres de la société, on ne saurait trop insister sur la nécessité de lui redonner sa place dans les programmes de développement de notre pays, le Bénin. Moyen peu coûteux mais impressionnant dans ses capacités de mobilisation de la jeunesse, les manifestations culturelles vodouns doivent être à l'avant-garde des moyens employés pour favoriser l'insertion sociale des jeunes.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1- AKOHA, A.B. (mars 2005). Au berceau du vodoun, communication délivrée dans le cadre de la rédaction d'un guide touristique sur le Bénin, (texte inédit).

2- ALAPINI, M. (1993). Le culte de Vodoun et de Oricha chez les Fon et les Nago du Dahomey, in Vodoun- Ouidah 92, Présence africaine, Paris, pp 119-126.

3- BOURDIEU, P. (1987). Choses dites, Editions de Minuit, Paris.

4- RIDC (2002) ; Culture, développement et diversité culturelle: questions à l'intention du RIDC et leur signification pour la convention sur la diversité culturelle, conférence du cap du 11-13 octobre, consulté le 08 février 2008 sur http:// www.incd.net/docs/CultureDeveloppementF.htm.

5- COURLANDER, H. (1973). The Drum and the Hoe, Berkeley, Presses de l'Université de Californie.

6- DAAVO, C.Z (2003). Approche thématique de l'art béninois, de la période royale à nos jours, Revue négro-africaine de littérature, philosophie, art et conflits, Ethiopiques n°71, consulté le 08 février 2008 sur http://www.Refer.sn/ethiopiques/article.

7- DAKPO, P. (2003). Dynamique politique et sportive au Bénin : le mouvement associatif ou les enjeux du pouvoir (1960-2001). Thèse de doctorat unique des universités, option socio-anthropologie politique; Tome I et Tome II, Université de Nice Sophia Antipolis, Nice, 571 p.

8- DIOP, A. (1975). Religion et Civilisation, Présence africaine, Paris.

9- DIOP, B. (1948). Souffles, in Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache. p. 145.

10- DOS SANTOS, J. E. & DOS SANTOS, D. M. (1993). La religion Nàgo génératrice et réserve de valeurs culturelles au Brésil, in Vodoun- Ouidah 92, Présence africaine, Paris, pp 157-173.

11- DURKHEIM, E. (1994). les formes élémentaires de vie religieuse, 3e édition, PUF, Paris, 647 p.

12- ELANGA, P. E (1986). Quelques réflexions sur la spécificité des cultures négro-africaines, in Spécificité et dynamique des cultures négro-africaines, unesco, Paris ; pp 28-38.

13- ELLECK, K.M. (1986). Eléments fondamentaux des cultures négro-africaines, in Spécificité et dynamique des cultures négro-africaines, unesco, Paris ; pp 39-55.

14- INSAE (2002). Troisième Recensement Général de la Population et de l'Habitat. Bénin.

15- KATOKA, I. K. (1978). La culture d'hier et de demain dans l'Afrique contemporaine in l'affirmation de l'identité culturelle et la formation de la conscience nationale dans l'Afrique contemporaine, unesco : Paris ; pp 96-117.

16- MAUSS, M. (1924). Essai sur le don, in Sociologie et anthropologie, PUF, Paris.

17- MEAD, M. (1953). Sociétés, traditions et techniques, UNESCO, Paris.

18- METRAUX, A. (1958). Le vodoun haïtien, Gallimard, Paris, 290p.

19- METRAUX, A. (1993). Histoire du Vodou depuis la guerre d'indépendance jusqu'à nos jours, in Vodoun- Ouidah 92, Présence africaine, Paris, pp 237-255.

20- MICHEL, C. (1995). Les aspects éducatifs et moraux du vodou haïtien, Port-au-Prince, 112 p.

21- MISD (2001). Atlas monographique des communes du benin; Centre d'information et de documentation sur les collectivités locales, 211 p.

22- MONTILUS, G. (1993). Haïti : un cas témoin de la vivacité des religions africaines en Amérique et pourquoi ? in Vodoun- Ouidah 92, Présence africaine, Paris, pp 175-198.

23- PLIYA, J. (2003). L'influence du culte Voodoo (Vaudou), Ses pratiques et ses conséquences, Les Chemins de délivrance, in La Prière de Délivrance et d'Exorcisme -face aux défis actuels du démon - Actes du colloque de Hochaltingen - International Association for Delivrance (I. A. D.)" p.152-183.

24- ROCHER, G. (1968). Introduction à la Sociologie générale, 3 tomes, Points HMH, Paris.

25- SARTRE, R. (1993). Les Vodu dans la vie culturelle, sociale et politique du Sud-Dahomey, in Vodoun- Ouidah 92, Présence africaine, Paris, pp 199-212.

26- SOUFFRANT, C. (1993). Vaudou et développement chez Jean Price-Mars, in Vodoun- Ouidah 92, Présence africaine, Paris, pp 53-63.

27- TYLOR, E.B. (1871). Primitive Culture: Researches into the Development of Mythology, Philosophy, Religion, Art and Custom, H. Murray, London, 426 p.

28- THOMAS L.V. et LUNEAU R. (1992). La terre africaine et ses religions, L'Harmattan, Paris, 335 p.

29- TIEROU, A. (1983). La danse africaine, c'est la vie ; Maisonneuse et Larose, Paris.

30- UNESCO (1985). Culture Africaine : Les survivances des traditions religieuses africaines dans les Caraïbes et en Amérique latine ; San Luis de Maranhao (Brésil) 24 -28 juin 1985, Paris.

31- UNESCO (1986). Spécificités et dynamique des cultures négro-africaines, introduction à la culture africaine 6, Paris.

32- UNESCO (1990). Tradition et développement dans l'Afrique d'aujourd'hui, introduction à la culture africaine 8, Paris.

33- UNESCO (1986). L'affirmation de l'identité culturelle et la formation de la conscience nationale dans l'Afrique contemporaine, introduction à la culture africaine 5, Paris.

34- WEBER, M. (1990). L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Presse Pocket.

TABLE DES MATIERES

Sommaire ii

Dédicaces iii

Remerciements iv

Abréviations, Sigles et Acronymes vi

Liste des tableaux vii

Introduction 8

PREMIERE PARTIE: PROBLEMATISATION DE LA RECHERCHE 1

1.1. Revue de littérature 11

1.2. Définition de concepts 15

1.2.1 La religion 15

1.2.2 Le vodoun 15

1.2.3 Le Xwétanù 16

1.2.4 La culture : évolution du concept 17

1.2.5. Le développement 18

1.3. Cadre théorique 19

1.4. Problématique 21

1.5. Hypothèse 22

1.6. Objectifs 22

1.6.1.Objectif général 22

1.6.2.Objectifs spécifiques 22

DEUXIEME PARTIE : CONTEXTE GENERAL DE LA RECHERCHE 1

2.1. Cadre physique, géographique et administratif 24

2.2. Cadre humain, socioculturel et économique 25

2.2.1. Aspect démographique 25

2.2.2. Aspect socioculturel 25

2.2.3. Aspect économique 26

2.3. Présentation institutionnelle 27

2.3.1. Institution traditionnelle 27

2.3.2. Institution religieuse 27

TROISIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 1

3.1. Population 30

3.1.1 Composante de la population cible 30

3.1.2 Les prêtres ou dignitaires vodouns: qui sont-ils ? 31

3.1.3 Les adeptes du vodoun 31

3.1.4 Les profanes 31

3.2. Procédures de collectes de données 31

3.2.1 L'âge et le sexe 31

3.2.2 Le niveau d'instruction 32

3.2.3 La situation matrimoniale 32

3.2.4 La place des sujets dans l'organisation sociale du vodoun 32

3.2.5 La catégorie socio-professionnelle 32

3.3. Choix des techniques d'enquête 32

3.4. Déroulement de l'enquête 33

3.5. Choix des localités des enquêtés 34

3.6. Traitement des données 34

3.7. Difficultés rencontrées 35

QUATRIEME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS ET ANALYSES 1

4.1. Présentation des résultats 37

4.1.1 Résultats relatifs à l'identification des populations enquêtées 37

4.1.2 Résultats relatifs à la signification que donne les adeptes du vodoun 40

4.1.3 Résultats relatifs aux influences de la célébration du Xwétanu sur la vie social............. 43

4.1.4 Résultats relatifs aux influences de la célébration du Xwétanù sur la cohésion culturelle 44

4.1.5 Résultats relatifs aux influences de la célébration du Xwétanù sur l'économie.................. 45

4.2. Analyse des résultats 47

4.2.1 Signification du vodoun selon les adeptes et les prêtres vodouns 47

4.2.2 Signification du Xwétanù 50

4.2.3 Impact du Xwétanù 52

Conclusion 55

Références bibliographiques 56

Table des matières 58

Annexes 1

ANNEXES

République du Bénin

Université d'Abomey-Calavi (UAC)

Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport (INJEPS)

GUIDE D'ENTRETIEN A L'ENDROIT DES DIGNITAIRES VODOUNS

Ce questionnaire est élaboré dans le cadre d'un mémoire de fin de quatrième année «Jeunesse et Animation «, option «Développement Communautaire« à l'Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport.

Ce guide d'entretien vise comme objectif d'explorer les rapports qui existent entre cette culture vodoun et le développement économique, social, et culturel.

Thème du guide d'entretien

Questions de relance

Signification donnée au vodoun

a. Qu'est ce que le vodoun selon vous ?

b. Serait-il Dieu ?

c. Quelles sont leurs principales fonctions ?

d. Pourquoi perdure t-il jusqu'à aujourd'hui ?

Description du Xwétanù

a. Qu'est ce que le Xwétanù ?

b. Quel sens le Xwétanù a pour vous ?

c. Comment le préparez-vous ?

d. Comment s'organise t-il ?

e. Y a-t-il une périodicité pour l'organisation de cette fête ?

Les impacts économiques, sociaux et culturels du vodoun

a. Le mode de vie que prescrit le vodoun régule le comportement social ? si oui, comment ?

b. Ce mode de vie est-il approprié dans la société actuelle où la modernité et l'économie ont pris place dans les familles ?

c. Que trouvent les masses populaires lors des manifestations du vodoun ?

d. Y a-t-il des interdits à ses manifestations? si oui, lesquels ? pourquoi ?

e. Cela demande t-il de dépenses ?

f. Comment les gens vivent-ils lors de cette manifestation ?

g. Que pensez-vous des rythmes et des mélodies exécutées actuellement par les jeunes et qui semblent avoir servi à évoquer et à chanter les vodouns ?

Merci pour votre collaboration

République du Bénin

Université d'Abomey-Calavi (UAC)

Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport (INJEPS)

QUESTIONNAIRE A L'ENDROIT DES ADEPTES VODOUNS

Ce questionnaire est élaboré dans le cadre d'un mémoire de fin de quatrième année «Jeunesse et Animation «, option «Développement Communautaire« à l'Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport.

L'objectif de cette étude consiste à explorer les rapports qui existent entre la culture vodoun et le développement social, économique et culturel dans la ville d'Abomey.

Les données recueillies seront confidentielles et ne seront utilisées qu'à des fins de recherche.

Vous voudrez bien cocher les cases correspondant à vos choix.

I/ IDENTIFICATION

1 Lieu de résidence :

Arrondissement....................................

Village/Qtier de ville ..................................................

2 Age : ..........ans

3 Sexe : a- Masculin

b- Féminin

4 Profession...........................................................................................................

5 Quelle est votre situation matrimoniale ?

a - je suis marié (e)

b- je suis Célibataire

c- je suis veuf (ve)

d- je vis seul (e)

6 Niveau d'instruction :

a - Primaire

b - Secondaire

c - Universitaire

e- je n'ai jamais été à l'école

7 Combien d'enfants avez-vous ?

a- aucun

b- 1 enfant

c- 2 enfants

d- 3 enfants

e- Plus de 3 enfants (préciser le nombre) : ..............

8 entretenez-vous seul (e) votre (vos) enfant (s) ?

Oui Non

Si oui, pourquoi ? ..........................................................................................

9 vos enfants sont-ils des adeptes du vodoun ?

Oui Non

Si oui, pourquoi ? ..........................................................................................

Si non, donnez les raisons : ..............................................................................

II/ SIGNIFICATION DU VODOUN

10 Selon vous, qu'est-ce que le vodoun ?

a- c'est à notre naissance que nous avons constaté

que nos pères avaient des vodouns ;

b- c'est un ensemble de principes établissant la liaison

entre l'homme, le reste du monde et le créateur ;

c- Autres

(préciser) :.............................................................................................

11 Selon ses manifestations, que peut-on dire du vodoun ?

a- l'intermédiaire entre dieux et les hommes ;

b- Dieux, créateur de la vie

c- Autres

(préciser) :.............................................................................................

12 Quel est le but ultime du vodoun ?

a- offrir les moyens de mener une existence terrestre décente ;

b- s'acquitter de ses devoirs envers les personnes âgées ;

c- Autres

(préciser) :..............................................................................................

13 Pourquoi le vodoun perdure jusqu'à nos jours ?

a- parce que les ménages lui font référence pour orienter leurs décisions

b- parce que les ménages se tournent vers lui en cas de danger

c- Autres

(préciser) :...................................................................................

14 Régularise t-il les désirs?

Oui Non

Si oui, comment ?  

a- En protégeant ceux considérés comme bon

b- En châtiant ceux considérés comme mauvais

c- Autres (préciser) :...................................................................................

15 Quelles autres valeurs véhicule le vodoun ?

a- le respect

b- la discipline

c- la pérennité du groupe

d- Autres (préciser) :..............................................................................................

16 Le vodoun indique t-il la voie à suivre et les interdits à ne pas enfreindre ?

Oui Non

III/ IMPACTS DU VODOUN SUR LA VIE SOCIALE, ECONOMIQUE ET CULTURELLE

17 Pourquoi organise t-on selon vous des cérémonies annuelles dites Xwétanù ?

a- pour rendre grâce aux dieux de leurs bienfaits

b- pour apaiser la colère des dieux

c- pour purifier la cité ;

d- Commémorer la mémoire des défunts ;

e- Autres

(préciser) :...............................................................................................

18 Ces manifestations sont-elles réservées uniquement aux adeptes du vodoun?

Oui Non

19 Y assiste-il un grand nombre de personnes ?

Oui Non

20 Ces manifestations sont-elles porteuses de valeurs ?

Oui Non

Si oui, lesquelles ?

a- le respect des personnes âgées

b- un humanisme en ce qui concerne les

relations avec les semblables ;

c- un souci de fraternité et de solidarité

d- obligation de venir en aide aux personnes en nécessité

e- Encouragement du travail collectif ;

f- Autres (préciser) :.......................................................................................

21 Ces valeurs sont-elles importantes de nos jours ?

Oui Non

Si oui, pourquoi ?

a- Parce qu'elles donnent confiance

b- Parce qu'elles permettent de se retrouver

c- Parce qu'elles permettent de réfléchir

sur des problèmes de société

d- Autres

(préciser) :.............................................................................................

22 Qu'appréciez-vous d'autres lors de ces manifestations ?

a- danses

b- chants

c- musique

d- la grande foule que mobilisent ces manifestations

e- Autres (préciser) :........................................................................................

23 Trouvez vous en cela des satisfactions ?

Oui Non

Lesquelles

a- satisfaction à leur besoin de loisirs,

b- satisfaction à leur besoin de jeux

c- satisfaction à leur besoin de récréation

d- Autres (préciser) :.......................................................................................

24 Constitue t-il des références en matière de chants, musiques et danses ?

Oui Non

25 Y a t-il des rythmes vodouns qui soient exécutés actuellement par les artistes?

Oui Non

26 Faites-vous de bonnes recettes lors de ces manifestations ?

Oui Non

En quoi faisant ?

a- En vendant des articles

b- En accompagnant des touristes

c- Hébergement de touristes contre récompense ;

d- Autres

(préciser) :.......................................................................................

27 Effectuez-vous également des dépenses ?

Oui Non

28 Trouvez-vous des financements pour vos activités en ces occasions ?

Oui Non

III/ SUGGESTIONS

29 Que suggérez-vous pour la promotion du développement endogène basé sur la culture vodoun ? ..................................................................................

.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Merci pour votre collaboration !

République du Bénin

Université d'Abomey-Calavi (UAC)

Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport (INJEPS)

QUESTIONNAIRE A L'ENDROIT DES PROFANES

Ce questionnaire est élaboré dans le cadre d'un mémoire de fin de quatrième année «Jeunesse et Animation «, option «Développement Communautaire« à l'Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport.

L'objectif de cette étude consiste à explorer les rapports qui existent entre la culture vodoun et le développement social, économique et culturel dans la ville d'Abomey.

Les données recueillies seront confidentielles et ne seront utilisées qu'à des fins de recherche.

Vous voudrez bien cocher les cases correspondant à vos choix.

I/ IDENTIFICATION

1 Lieu de résidence :

Arrondissement....................................

Village/Qtier de ville ..................................................

2 Age : ..........ans

3 Sexe : a- Masculin

b- Féminin

4 Profession...........................................................................................................

5 Quelle est votre situation matrimoniale ?

a - je suis marié (e)

b- je suis Célibataire

c- je suis veuf (ve)

d- je vis seul (e)

6 Niveau d'instruction :

a - Primaire

b - Secondaire

c - Universitaire

e- je n'ai jamais été à l'école

7 Combien d'enfants avez-vous ?

a- aucun

b- 1 enfant

c- 2 enfants

d- 3 enfants

e- Plus de 3 enfants (préciser le nombre) : ..............

8 entretenez-vous seul (e) votre (vos) enfant (s) ?

Oui Non

Si oui, pourquoi ? ..........................................................................................

9 vos enfants sont-ils des adeptes du vodoun ?

Oui Non

Si oui, pourquoi ? ..........................................................................................

Si non, donnez les raisons : ..............................................................................

II/ IMPACTS DU VODOUN SUR LA VIE SOCIALE, ECONOMIQUE ET CULTURELLE

10 Pourquoi organise t-on selon vous des cérémonies annuelles dites Xwétanù ?

a- pour rendre grâce aux dieux de leurs bienfaits

b- pour apaiser la colère des dieux

c- pour purifier la cité

d- Autres

(préciser) :...............................................................................................

11- Y assistez-vous ?

Oui Non

12- Y assiste-il un grand nombre de personnes ?

Oui Non

13- Cela signifie t-il que le Xwétanù est facteur de cohésion autour d'un but commun ?

Oui Non

14- Constitue t-il donc un modèle de cohésion sociale ?

Oui Non

15- Ainsi, consolide t-il le tissu social et familial ?

Oui Non

16- Ces manifestations sont-elles porteuses d'autres valeurs ?

Oui Non

Si oui, lesquelles ?

a- le respect des personnes âgées

b- un humanisme en ce qui concerne les

relations avec les semblables

c- un souci de fraternité et de solidarité

d- obligation de venir en aide aux personnes en nécessité

e- Encouragement du travail collectif

f- Autres (préciser) :...................................................................................

17- Qu'appréciez-vous d'autres lors de ces manifestations ?

a- danses

b- chants

c- musique

d- la grande foule que mobilisent ces manifestations

e- Autres (préciser) :........................................................................................

18- Trouvez vous en cela des satisfactions ?

Oui Non

Lesquelles

a- satisfaction à leur besoin de loisirs,

b- satisfaction à leur besoin de jeux

c- satisfaction à leur besoin de récréation

d- Autres (préciser) :.......................................................................................

19- Constitue t-il des références en matière de chants, musiques et danses ?

Oui Non

20- Y a t-il des rythmes vodouns qui soient exécutés actuellement par les artistes?

Oui Non

21- Faites-vous de bonnes recettes lors de ces manifestations ?

Oui Non

En quoi faisant ?

a- En vendant des articles

b- En accompagnant des touristes

c- Autres

(préciser) :.......................................................................................

22- Trouvez-vous des financements pour vos activités en ces occasions ?

Oui Non

III/ SUGGESTIONS

23- Que suggérez-vous pour la promotion du développement endogène basé sur la culture vodoun ? ..............................................................................

.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Merci pour votre collaboration !

Résumé:

La religion vodoun revêt un caractère qui dépasse le simple cadre des croyances. Elle est pleinement enracinée dans la vie des populations de la ville historique d'Abomey, et l'organisation socio-politique de cette cité royale la reflète. Elle participe à l'expression quotidienne de la vie dans le cadre général des traditions et coutumes.

Par des manifestations annuelles, le vodoun contribue à éduquer les générations actuelles sur les traditions, les us et coutumes de la société passée. En faisant le lien entre le passé, il montre les sources d'où proviennent les hommes et met en évidence, le caractère historique des faits sociaux.

L'Etat, étant le seul organisme capable de concevoir la stratégie nationale de développement en se fondant sur l'équité et l'innovation, a un rôle décisif à jouer pour un développement endogène basé sur cette initiative des larges masses de population.

Mots clés: religion, culture, vodoun, développement endogène, social, culturel et économique.

Abstract:

The religion voodoo dons a character that passes the simple setting of the beliefs. It is fully rooted in the life of the populations of the historic city of Abomey, and the socio-politic organization of this royal city reflects it. It participates in the daily expression of life in the general setting of the traditions and customs.

By yearly demonstrations, the voodoo contributes to educate the present generations on the traditions, customs of the past society. As making the tie enters the past, he/it shows the sources from where come the men and puts in evidence, the historic social fact character.

The state, being the only organism able to conceive the national strategy of development while founding on the fairness and the innovation, has a decisive role to play for an endogenous development based on this initiative of the large masses of population.

Key words: religion, culture, voodoo, endogenous, social, cultural and economic development.

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* 14 BOURDIEU P. (1987). Choses dites, Editions de Minuit, Paris.






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