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Les enjeux géostratégiques de l'initiative pays pauvres très endettés (PPTE): le cas du Cameroun

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par Bruno ATANGANA
Université de Yaoundé II - Soa - DEA 2009
  

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Paragraphe 2 : l'intérêt des autres puissances créancières.

Les créanciers du Cameroun dans le Cadre de l'Initiative PPTE sont multiples, cependant nous ne retiendrons que l'Union européenne et la Chine qui s'affichent comme des puissances concurrentes à la France et aux Etats-Unis en territoire camerounais. L'objectif ici est de montrer que ces deux puissances nourrissent des projets stratégiques par le biais de l'Initiative PPTE

A) L'Union Européenne

L'Union Européenne participe au programme d'allègement de la dette des pays pauvres à travers ses Etats membres réunis dans le cadre du Club de Paris. La proximité économique de l'Union Européenne avec le Cameroun tient au fait des accords ACP - UE avec une prééminence des questions commerciales et celles liées à l'aide au développement. Le cadre qui régit ces relations est la Zone d'Afrique subsaharienne intégrée dans l'Accord de Partenariat Economique, par opposition à la Zone d'Afrique Blanche insérée dans le Partenariat méditerranéen, et la Zone d' Afrique du Sud qui bénéficie d'un traitement distinct avec primauté des Accords de Libre échange. Cette segmentation permet à l'Union Européenne de déployer des moyens de coopération qui répondent aux spécificités de chaque sous partenariat (Nkundabagenzi, 2004).

Pour ce qui est des Relations avec les ACP, (Afrique Caraïbes Pacifiques), quatre axes existent et sont structurés autour de la paix et la sécurité, la gouvernance , l'intégration commerciale, le commerce et le développement. C'est sur les deux derniers points que les négociations sont conflictuelles entre les Etats ACP et l'Union Européenne. En effet la Convention de Cotonou a prévu des Accords de libre échange et la mise en place d'Accords de Partenariat Economique, pouvant se substituer au Système de Préférences Généralisées (SPG) ou aux préférences accordées aux PMA à travers le label «  Tous Sauf les Armes »52(*). Il est prévu la mise en place des APE entre l'Union Européenne et les pays ACP dans le cadre d'ensembles sous régionaux entre 2008 et 2020 ; mais la réticence des gouvernements ACP à l'instar de celui du Cameroun, a freiné la signature de ces accords. L'argument de l'Union Européenne est d'abolir ce système de dérogation contraire aux règles de l'OMC, mais en pratique il s'agit surtout de créer un contexte favorable à l'exportation des produits européens en destination des pays ACP. C'est sur ces réticences que l'Union Européenne va construire sa stratégie de persuasion.

L'arme économique ici porte essentiellement sur la menace de sanction du Cameroun au cas où elle ne se soumet pas aux règles de Cotonou ; raison pour laquelle le pays s'est engagé dans un Accord d'étape le 17 décembre 2007, lequel ouvre la voie selon François Colin Nkoa53(*) à la signature d'un Accord de Partenariat Economique. Pour le gouvernement camerounais par la voie du ministre du commerce, « en refusant de s'engager dans les Accords de Partenariat Economique, le Cameroun courait le risque de devenir un fournisseur ordinaire du marché européen et de voir ainsi ses produits agricoles déjà peu compétitifs, subir des droits de douanes, qui limiteraient leur compétitivité sur le marché. Or il est avéré que les produits comme la banane dont le Cameroun vend quelques 150.000 tonnes annuelles sur le marché européen, ne sont commercialisés que parce que les accords Union Européenne - ACP offrent des conditions préférentielles d'accès à la banane camerounaise ». Pour le ministre du Commerce, l'enjeu de la signature d'un accord d'étape est financier car il s'agit de préserver 250 milliards Fcfa que l'exportation de la banane rapporte chaque année au Cameroun et préserver les milliers d'emplois générés par l'activité fruitière dans le Moungo. Cet argument n'en dit pas long sur les conditions de la signature de l'accord d'étape. En effet le Cameroun attend beaucoup des retombées de l'annulation de la dette dans le cadre de l'Initiative PPTE, il ne peut donc pas se permettre de faire opposition à ses créanciers membres de l'Union Européenne dont il en attend l'allègement de dette. De ce point de vue, il apparaît que la remise de dette qui n'est pas automatique malgré l'atteinte du point d'achèvement, est un levier géopolitique pour les pays de l'Union Européenne destiné à faire fléchir les pays ACP bénéficiaire de l'Initiative PPTE dans le sens de la signature des Accords de Partenariat Economique.

B) La Chine

La chine est devenue au fil du temps un partenaire économique important du Cameroun, la volonté de l'Empire du milieu d'étendre son influence dans le monde et en Afrique en particulier, s'exprime à travers la concurrence qu'il livre aux autres puissances industrielles, notamment La France, les Etats-Unis et l'Union Européenne. Entre 1990 et 2000, les échanges commerciaux entre le Cameroun et la Chine se sont consolidés, cet état de fait s'exprime par la nature de la coopération que la Chine développe avec ses partenaires. Ce partenariat est en effet fondé sur le modèle gagnant - gagnant. Selon Pascal Boniface, ces relations sont politiques et témoignent d'une « Real Politik » ; la Chine impose seulement la non reconnaissance de Taiwan et est disposé au principe de coopération, de la non ingérence et de la souveraineté des Etats, sans prêter une attention particulière à l'exigence de bonne gouvernance et aux Droits de l'Homme. (Boniface, 2006).

Cependant à propos de l'Initiative d'allègement de la dette des Pays Pauvres Très Endettés, un double débat est apparu concernant les conditionnalités : selon Pascal Boniface, l'entrée en scène de la Chine comme contributeur au programme PPTE a permis à de nombreux Etats de contourner les conditionnalités des bailleurs de fonds ; à l'opposé des Etats-Unis qui veulent maintenir les conditionnalités politiques et aider les « bons élèves » ou les » bons amis ». La participation de la Chine dans le programme PPTE présente donc des enjeux à la fois politiques et économiques. En effet le manque d'intérêt de la Chine pour les questions de bonne gouvernance est de nature à encourager les Etats africains peu enclins à l'établissement d'un Etat de droit. De plus l'application de la real politik par la Chine dans ses relations avec les pays africains peut inciter les puissances étrangères concurrentes à divertir l'option de l'exigence démocratique pour privilégier la défense de leurs intérêts.

Sur le plan économique, la Chine se sert de l'aide sous forme de remise de dette pour obtenir en retour des avantages ; la perspective d'une coopération gagnant - gagnant trouve ainsi dans le cas du Cameroun toute sa pertinence. A ce titre, le Chine est engagée dans les secteurs divers de l'économie camerounaise. Ses investissements54(*) portent sur les domaines comme les travaux publics : à cet égard, la China Road and Bridge Corporation Cameroon après avoir réhabilité les deux axes routiers à Douala, est en passe de gagner les travaux de la construction de la route nationale N'1 qui relie Yaoundé à Bangui la capitale centrafricaine en passant par Bertoua. Dans le secteur des Télécommunications, la firme chinoise Huawei Technologies a pris pied au Cameroun grâce à sa collaboration avec Citiphone de Camtel. Dans le domaine agricole, les experts chinois de la société Iko Agriculture en culture de riz et de mais à Nnanga Eboko.

En somme, aussi bien la Chine, l'Union Européenne, les Etats Unis que la France ont profité de l'occasion de l'Initiative PPTE et surtout de la « main tendue » du Cameroun pour conquérir des parts de marchés. La remise de créances a servi d'arme économique à la défense de leurs intérêts au Cameroun et dans la sous région Afrique Centrale. Toutefois bien que marqué par le rapport de forces, le Cameroun a surtout fait ces concessions en raison de son déficit d'autonomie politique accentué par sa faible capacité de négociation. La perspective d'une sortie du cycle infernal de dépendance et de la transformation de son territoire en glacis géostratégique suggère donc une prise en compte de son intérêt national à l'horizon de l'après point d'achèvement, espace - temps à partir duquel sera évaluée la détermination du Cameroun à travers des obstacles gradués intentionnellement par les bailleurs de fonds.

L' APRES - POINT D'ACHEVEMENT ET LES INTERETS DU CAMEROUN.

* 52 Ce sont les régimes commerciaux préférentiels pour tous les produits, exception faite des armes.

* 53 Voir François Colin Nkoa, «Accord d'étape : entre le Cameroun et l'Union Européenne : la raison du plus fort est la meilleure » in Enjeux N 33, Octobre- décembre 2007. pp41 - 42.

* 54 Voir online E : / entreprises chinoises au Cameroun. htm «  les camerounais apprécient les entreprises chinoises exerçant au Cameroun » 03/12/2007.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo