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Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernà¡ndez (Chili)

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par Julien Vanhulst
Université Libre de Bruxelles - Master en sciences et gestion de l'environnement 2009
  

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3.8. L'arrivée de la CONAF

L'administration du Parc National commence à s'installer à la fin des années 1960. Elle était assurée au départ par le SAG et en 1972, la CONAF prend le relais. A partir de cette date, les premières plantations à grande échelle d'arbres exotiques sont lancées comme alternative à l'usage des arbres et arbustes natifs. Ces plantations ont aussi pour objectif de maintenir les sols et protéger le village contre les effondrements de terrains. Pour ce faire, l'organisme utilise des essences à croissance rapide : Eucalyptus globulus, Cupressus div.sp., et Pinus radiata. Si quelques plantations d'Eucalyptus et de Cyprès ont été faites du temps de Alfred de Rodt, fondateur des bases de l'actuel village, ce sont réellement les premières plantations importantes d'espèces exotiques qu'a connues l'île.

Cette plantation exotique est accompagnée d'un plus grand contrôle des interdictions d'utiliser les différentes espèces du parc déjà formulées dans le décret de 193522. Petit à petit, la CONAF a instauré une série de réglementations normatives au travers de multiples obligations et interdictions au départ difficiles à faire appliquer.23

21 Victorio Bertullo (commentaire personnel)

22 Voir annexe 04

23 Voir partie 2 - Chapitre IV - point 2.4. Ambivalence du statut de protection de l'île

En 1974, 81% de la population dépend de la pêche, directement comme pêcheur (77%) ou comme employé de la Coopérative de pêche (4%). Le reste est partagé principalement parmi les employés de la CONAF (quasiment 4%) et les commerçants (restauration, logements) en relation avec le tourisme (4,5%). Il s'agit donc avant tout d'une population de pêcheurs (Orellana et al., 1974).

En 1976, la CONAF publie le premier plan d'administration du parc national chilien Juan Fernández qui décrit les problèmes majeurs et émet des objectifs de contrôle (jusqu'à aujourd'hui, ces objectifs ne sont toujours pas remplis).

En 1977, l'UNESCO déclare les îles de l'archipel Juan Fernández Réserve mondiale de Biosphère. 3.9. Germes d'autonomie politique et de continentalité

En 1979 , par le décret loi n° 2868 du 21 septembre, est créée la commune de Juan Fernández, partie de la Province de Valparaiso, Ve Région et en 1980, le décret loi n° 1 / 2868 du 5 juin, instaure l'Illustre Municipalité île Juan Fernández.

En 1992, suite au retour à la démocratie, est élu le premier Conseil Municipal, avec comme premier maire Don Leopoldo Gonzalez Charpentier.

C'est dans cette même période que le gouvernement chilien accorde une subvention pour que l'île Robinson Crusoe puisse avoir l'électricité 24h/24h. La source d'énergie pour l'électricité était un moteur diesel (comme c'est toujours le cas aujourd'hui). Etant donné le coût financier, avant 1993, l'électricité était disponible uniquement pendant trois heures le soir. A partir de 1993, l'Etat chilien subventionne, en partie, le coût énergétique pour l'accès à l'électricité. Depuis 2001, la Commission Nationale de l'Energie étudie la possibilité d'implanter un système hybride éolien-diesel pour que l'offre énergétique soit plus efficiente. Jusqu'à aujourd'hui, aucune installation concrète n'a été effectuée.

Dans le sillage de l'électricité, l'île s'est lentement "modernisée" au cours du XXe siècle. Nous avons vu que différents travaux d'urbanisation, de communication et de transport (quai, piste d'atterrissage,...) ont été réalisés. Les arrivées du téléphone et de la télévision ont profondément marqué la vie insulaire qui se rapproche de plus en plus du continent.

La télévision est arrivée au milieu des années 1980 et le téléphone en 1993. Le téléphone a surtout facilité les échanges individuels mais aussi commerciaux. La télévision par contre a considérablement transformé les coutumes et les moeurs. Avec l'irruption de la télévision dans les foyers, une série de traditions communes se sont perdues, comme la fête du printemps, le théâtre ou encore le festival de la langouste (Brinck, 2005 ; PLADECO, 2005). Toutes les fêtes n'ont pas disparu, mais les relations sociales ont changé.

<< La télé est arrivée et la vie a changé. La sociabilité s'est fortement dégradée. Avant, on se réunissait, et on faisait de grandes fêtes [...]. Tout cela s'est perdu avec la télévision. Aujourd'hui, si quelqu'un sort à 3 heures de l'après midi, il n'y a personne, ils sont tous devant les télé séries. » (R. Mena dans Brinck, 2005) << Ce qui me plaisait auparavant c'etait l'unité. Les gens coopéraient beaucoup plus et il n'y avait pas ce séparatisme qui existe aujourd'hui. Quand la télévision est arrivée, tout a changé. L'individualisme, sa propre personne et rien de plus. » (F. de Rodt dans Brinck, 2005)

Plus généralement, avec le décloisonnement de l'île se développe en contrebas de l'économie de pêche et, de façon plus périphérique, une activité touristique. Avec la modernisation progressive de l'archipel, le tourisme est devenu un axe privilégié de la politique municipale.24 Le 21 septembre 2006, la chambre du tourisme << Ile Robinson Crusoe » est constituée dans le but de promouvoir l'île comme destination touristique importante. Indubitablement, cette activité est surtout limitée par la difficulté d'accès à l'île (2 compagnies aériennes effectuent deux voyages par semaine avec des petits avions de 6 places, certains bateaux de croisière transitent par l'île et enfin le bateau de ravitaillement de l'armée passe une fois par mois) ne permettant pas, pour l'instant, un tourisme de masse.

24 Voir Partie 2 - Chapitre IV - point 2.5.2. L'option touristique

4. Stigmates historiques

<< Durant toutes ces étapes d'occupation humaine, les ressources physiques de l'archipel (végétation et ressources maritimes) ont connu de fortes pressions. Les mesures de protection et de contrôle ont été promulguées seulement à partir de 1935 avec la création du Parc National. Cependant, les actions de terrain ont été pratiquement nulles jusqu'en 1968, année durant laquelle commence une implantation modeste au départ mais qui arrive à mettre en place une bonne infrastructure administrative et technique vers la fin des années 1970. » (IREN, CORFO, 1982)

Les écosystèmes naturels des îles sont très sensibles aux changements.25 Sur l'archipel Juan Fernández, l'intervention humaine est relativement récente mais ces effets ont rapidement affecté la biodiversité de l'île.26 Ces stigmates historiques s'incarnent sous différentes formes qui recoupent assez fidèlement les facteurs de perte de biodiversité identifiés dans le chapitre II de la 1ère partie. Nous retrouvons donc, comme une évidence, la surexploitation des espèces, la modification des habitats, l'introduction de nouvelles espèces animales et végétales s'installant principalement dans les espaces perturbés et devenant pour certaines des espèces invasives.

Cette installation humaine a aussi balisé les structures culturelles de la population insulaire. En installant ses racines, la population s'est spécialisée dans une activité monospécifique centrée exclusivement sur l'extraction des langoustes. Elle a abandonné petit à petit toute autre forme d'activité, se construisant, en corollaire, une dépendance grandissante vis-à-vis du continent.27

CHAPITRE II - La BIODIVERSITÉ sur l'archipel Juan Fernández 1. La biodiversité au Chili

En 1991, la Comisión Nacional de Investigación Científica Y Tecnológica (CONICYT) crée le Comité national de la diversité biologique. Ce Comité réalisera un recensement de la biodiversité évaluant, pour la première fois, toute la richesse biologique du Chili. Il déterminera l'existence de quelques 30.000 espèces de la faune et de la flore sauvages, dont, environ 6 331 sont endémiques du Chili. Évidemment, ces chiffres restent des indications et, tant il est difficile d'évaluer la biodiversité à l'échelle planétaire, tant il est difficile de le faire à l'échelle d'un pays (même si les limites sont plus restreintes). Ils restent sous estimés car certains groupes n'ont pas été considérés, car il ya encore beaucoup de découvertes potentielles, etc.... De plus la biodiversité est une notion multidimensionnelle et ses caractéristiques ne se déterminent pas comme un cercle que l'on pourrait définir par sa surface, son diamètre, son rayon, etc. en connaissant une variable et en appliquant des règles mathématiques. Cependant, elle fait partie de la vie sur terre et participe à différents équilibres, comme évoqué dans la première partie du présent travail.

Au Chili, la diversité des habitats (terrestres, marins et d'eau douce) et de climat combinée à l'isolement géographique relatif du pays (dû aux barrières naturelles de la cordillère des Andes et de l'océan Pacifique) a favorisé le développement d'une biodiversité modérée en nombre d'espèces, mais avec des espèces et écosystèmes uniques au monde. << La biodiversité de la flore et de la faune du pays montre des hauts niveaux d'endémisme, raison pour laquelle il est particulièrement précieux et important de la conserver. » (Manzur, 2008)

25 Voir Partie 1 - Chapitre III - point 3. Fragilité

26 Voir Partie 2 - Chapitre III Perte de biodiversité sur l'archipel Juan Fernández

27 Voir Partie 2 - Chapitre IV - point 2.3. Relations avec le continent et identité et point 2.5. Economie

«Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernández (Chili)» 1.1. Biodiversité végétale

La flore chilienne représente une ressource génétique importante. Il existe 7.437 espèces de plantes (indigènes et introduites), avec un pourcentage élevé d'endémisme spécifique (42%) et générique. Comme c'est le cas généralement, les dicotylédones représentent le groupe d'organismes avec la plus grande quantité d'espèces et avec le plus haut taux d'endémisme (83,5% pour le Chili insulaire (Espinosa et Aqueros, 2000 ; CONAMA, 2008).

Figure 12 : Richesse et endémisme des espèces végétales au Chili

Source : Vanhulst, 2009 d'après Espinoza et Arqueros, 2000 ; Manzur, 2008. 1.2. Biodiversité animale

La faune chilienne présente aussi une grande richesse génétique par son niveau élevé d'endémisme. Le nombre total de vertébrés dans le pays atteint environ 1 790 espèces dont 15% sont endémiques. Le groupe des amphibiens et celui des reptiles présentent respectivement un taux d'endémisme de 76,70% et de 58,50% (CONAMA, 2008).

Figure 13 : Richesse et endémisme des espèces animales au Chili

Source : Vanhulst, 2009 d'après Espinoza et Arqueros, 2000 ; Manzur, 2008.

<<Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernández (Chili)» 1.3. Statut officiel de la biodiversité

Formellement, au niveau national, l'intérêt de la biodiversité est admis.28 Historiquement, le discours lié à la conservation de la nature s'est manifesté durant les années 1870 en désaccord avec la destruction des forêts et des espaces naturels du pays. C'est dans ce cadre qu'en 1872 a été promulguée la loi sur la <<Coupe des forêts » (Ley general sobre corta de bosques) et le 16 janvier 1879 le décret sur les << Réserves de forêts fiscales » (decreto sobre « Reservas de bosques fiscales ») qui vise à protéger une partie importante de forêt du centre sud du Chili afin de former une barrière verte pour la rétention d'eau et la protection de vallées agricoles qui en dépendent. Ce précédent juridique a permis de créer différentes réserves naturelles dont la réserve Malleco (créée en septembre 1907) qui fut la première zone de protection publique en Amérique du sud et la neuvième au niveau mondial (La Nación, 2007 ; www.memoriachilena.cl). Jusqu'en 1913, le fisc a constitué des réserves d'un total de 600.000 hectares réparties entre Concepción et Puerto Montt. Par la suite, le décret loi 4.363 de 1931 donnait la possibilité au Président de la République d'établir des réserves et parcs naturels nationaux. Jusqu'en 1965, 26 parcs nationaux ont été créés et à partir des années 1970, la direction de l'administration des bois et des forêts du Chili a été déléguée à la Corporación nacional forestal (CONAF)29. Poursuivant les orientations conservationnistes, la CONAF a développé le Sistema Nacional de Areas Silvestres Protegidas por el Estado (SNASPE) qui, à la fin des années 1980, comprenait 29 parcs nationaux, 36 réserves nationales et 9 monuments naturels ( www.memoriachilena.cl). Actuellement, il existe 32 parcs nationaux, 48 réserves naturelles et 15 monuments naturels au Chili couvrant approximativement 14 millions d'hectares (TERRAM, 2005 ; www.conaf.cl) (soit 18,50% de la superficie du Chili) et chacun ayant théoriquement des objectifs de conservation et de préservation de l'environnement. 30

En dehors de cette politique de préservation in situ31, la conservation ex situ32 (dans des banques de graines) se développe en tant que stratégie pour conserver la biodiversité du Chili. Depuis 2001, l'Instituto de Investigación Agropecuarias (INIA) et le jardin botanique royal du Royaume-Uni (Kew) ont démarré une collaboration dans le but de sauvegarder la diversité génétique ex situ et ainsi de diminuer la probabilité d'extinction d'espèces uniques du Chili.

Cette collaboration s'inscrit dans le projet mondial Millenium Seed Bank Project dont le but est de conserver 10% de la flore mondiale, et plus particulièrement la flore des zones arides. En dehors de l'INIA, environ 20 institutions sont actives dans la conservation, principalement via des banques de semences et des sites de pérennisation de la flore sauvage (jardins botaniques, pépinières,...) (Seguel, 2008). La plupart de ces institutions sont des universités (publiques et privées) dont l'Universidad Austral et l'Universidad de Magallanes qui possèdent leur propre banque génétique active.

Par ailleurs, le Chili a ratifié, entre autres, la Convention sur la diversité biologique, la Convention de Washington pour la protection de la faune et la flore, et des beautés panoramiques naturelles des pays de l'Amérique (1940), la Convention de Ramsar pour la protection des zones humides (1971), la Convention de Washington ou CITES sur le commerce des espèces menacées (1973) et la Convention de Bonn pour la protection des espèces migratrices (1979).

Ces différents engagements on été traduits dans des politiques et stratégies nationales.33

Le Chili n'est donc pas indifférent à l'importance de la biodiversité. Malheureusement, nous verrons avec le cas de l'archipel Juan Fernández que la réalité ne reflète pas toujours toutes les bonnes intentions et que, malgré son statut de haut lieu de la biodiversité reconnu, du niveau national au niveau international, les stratégies politiques et les planifications n'apportent pas de réponse

28 Voir Partie 2 - Chapitre V - point 1. Cadre juridique

29 Voir Partie 2 - Chapitre IV - point 1. Les acteurs

30 Voir Partie 2 - Chapitre V - point 1.1.7. Ley N° 18.362 que crea un sistema de Areas Silvestre Protegidas del Estado

31 "La conservation in situ" désigne la conservation des écosystèmes et des habitats naturels et le maintien ou la récupération des espèces dans leur milieu naturel et, ou, dans le cas d'espèces cultivées, dans l'environnement dans lequel elles ont développé leurs caractéristiques (Convention sur la diversité biologique, 1992)

32 "Conservation ex situ" signifie la conservation des composants de la diversité biologique hors de leurs habitats naturels. (Convention sur la diversité biologique, 1992)

33 Voir Partie 2 - Chapitre V - point 1.2.2. Accords et conventions internationales

satisfaisante aux problèmes écologiques dont souffre l'archipel. Vu de l'extérieur, les priorités sont ailleurs (dans l'économie certainement mais aussi dans la modernisation, dans le décloisonnement et dans le tourisme). Il faudrait élargir la réflexion sur le cadre politico-juridique esquissé dans le chapitre V pour renforcer la connaissance de cette partie du problème.

2. La biodiversité sur l'archipel Juan Fernández

Une des caractéristiques importantes de l'archipel Juan Fernández est sa flore unique au monde. Celle-ci s'est distinguée (ayant évolué dans un contexte singulier) et a donné vie à des formes d'adaptation particulières et peu fréquentes, présentant un haut degré d'endémisme au niveau des espèces. Comme pour le règne végétal, les espèces animales endogènes ont aussi évolué de manière insolite et beaucoup sont endémiques.

Ainsi, malgré une pauvreté quantitative d'espèces indigènes (lors de sa découverte par l'homme, il n'y avait aucune espèce d'amphibien, de reptile ou encore de mammifère terrestre, 15 espèces d'oiseaux et un peu plus de 200 espèces de plantes vasculaires indigènes), le caractère hautement endémique fait de l'archipel Juan Fernández un lieu de grande richesse qualitative (la perte d'espèces endémiques signifiant une perte définitive à la surface du globe et un appauvrissement du patrimoine mondial) exceptionnelle à plus d'un titre.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote