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Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernà¡ndez (Chili)

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par Julien Vanhulst
Université Libre de Bruxelles - Master en sciences et gestion de l'environnement 2009
  

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2.1.2. Caractérisation des zones végétales (Cambornac, 2002)

Depuis le niveau de la mer jusqu'au point culminant (El Yunque - 915 m) on peut distinguer, en simplifiant, trois niveaux : une zone littorale, de 0 à 5-15 m (caractérisée par des plages de galets grossiers, des rochers littoraux, des îlets et des pieds de falaises verticales), une zone basse, de 5-15 à 450 m (qui comprend des falaises verticales, des pentes plus ou moins inclinées et des ravins parfois profonds) et une zone d'altitude, de 450 à 915 m (où l'on trouve des parois rocheuses plus ou moins abruptes, des crêtes et les sommets des collines).

1) La zone littorale

Sur l'île même, la végétation est principalement composée d'espèces adventices, quelques indigènes et peu d'endémiques. Par contre, sur les îlets épars aux abords des côtes, et surtout ceux difficiles d'accès, la flore originelle s'est maintenue. Ces rochers représentent de véritables témoins de ce qu'ont pu être les parties basses de ces îles avant l'arrivée des hommes, même si des adventices se sont aujourd'hui installées, là aussi. Cette végétation originale est composée de nombreuses espèces endémiques.

Globalement, la zone littorale, à l'exception de certains îlets (Juanango et Verdugo surtout) a été notablement modifiée dans sa composition floristique par l'arrivée massive de plantes adventices.

2) La zone basse

La végétation est plus variée et présente un mélange de nombreuses espèces adventices, indigènes et endémiques. Elle comporte aussi des forêts claires avec de nombreuses endémiques : des arbres (e.g. Myrceugenia Fernándeziana ou Drimys confertifolia), des arbustes (e.g. Sophora Fernándeziana) et une strate herbacée assez pauvre. Enfin, il existe des pentes plus ou moins érodées, anciennement boisées, où ne survivent que bien peu de plantes indigènes et où se sont installées des adventices dont certaines sont très envahissantes (e.g. Acaena argentea).

Cette zone est la plus modifiée depuis la découverte de l'archipel et c'est aussi celle qui abritait deux espèces endémiques aujourd'hui disparues (Santalum Fernandezianum et Podophorus bromoides). C'est aussi à ce niveau qu'un boisement exotique a été installé autour du village, sur un espace totalement dénudé, pour répondre aux besoins en bois de la population installée de façon permanente. Les espèces introduites (eucalyptus, pin et cyprès) commencent à coloniser les parties hautes en produisant de petits bosquets pionniers qui déplacent la végétation indigène.

3) La zone d'altitude

Dans la zone d'altitude, la végétation originelle s'est un peu mieux conservée mais aujourd'hui elle est soumise à la prolifération conquérante des 3 espèces introduites les plus agressives (Rubus ulmifolius, Aristotelia chilensis, Ugni Molinae) et se trouve envahie avec une rapidité

extrêmement préoccupante et dommageable à l'originalité irremplaçable de ces milieux.

C'est là que l'on trouve les forêts primaires de brume dont la majorité des espèces sont endémiques, qu'il s'agisse du seul palmier de l'archipel (Juania australis), des arbres (e.g. Myrceugenia Fernándeziana, Drimys confertifolia, Rhaphythamnus venustus...), des arbustes (e.g. Dendroseris berteroana, Robinsonia gracilis, Ugni selkirkii, Lactoris Fernándeziana, Yunquea tenzii, ...), des herbacées (Gunnera bracteata, Greigia berteroi, Chusquea Fernándeziana, ...) et des très nombreux ptéridophytes terrestres ou épiphytes (Dicksonia berteroana, Megalastrum inaequalifolium, Thyrsopteris elegans, Rumhora berteroana,...). Sur les crêtes, on trouve des espèces forestières existantes aux autres niveaux mais sous des formes tourmentées par les vents.

«Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernández (Chili)» 2.1.3. Caractérisation des espèces végétales35

L'archipel Juan Fernández abrite 716 espèces de plantes vasculaires, dont 60 ptéridophytes, 10 gymnospermes, 147 monocotylédones et 499 dicotylédones. Sont représentées 139 familles et 441 genres. Il existe sur l'archipel une famille endémique (Lactoridaceae représentée par une seule espèce : Lactoris Fernándeziana) probablement originaire de l'ancien continent austral qu'on appelle Gondwana ou Pangée (El Mercurio, 2005). Il existe 11 genres endémiques (Centaurodendron, Cuminia, Dendroseris, Juania, Lactoris, Megalachne, Podophorus, Robinsonia, Selkirki, Thyrsopteris et Yunquea), et 137 espèces endémiques. La flore vasculaire indigène présente plus de 60% d'endémisme au niveau de l'espèce. Parmi les espèces endémiques, 29 sont des ptéridophytes, 15 sont des monocotylédones, et 93 des dicotylédones.

Les angiospermes endémiques se trouvent dans toutes les zones écologiques identifiées mais dans un état fragile. « 75 % des espèces sont considérées éteintes, menacées, rares ou occasionnelles. Les espèces Santalum Fernandezianum et Podophorus bromoides sont présumées éteintes. » (CONAF, 2004)

Les premières expéditions de Philippe Danton, Michel Baffray et Emmanuel Breteau en 1998 et 1999 et les dernières expéditions de Philippe Danton et Christophe Perrier mettront en évidence l'existence d'espèces encore inconnues jusque-là, tant allochtones qu'autochtones. Récemment, et ce malgré les différents projets de sensibilisation, une étude botanique36 réalisée dans le périmètre du village de San Juan Bautista a mis en évidence l'introduction de 27 nouvelles espèces pour raison essentiellement ornementale (non comprises dans le tableau ci-dessous).

Le nombre de taxons dans l'archipel peut être analysé, en outre, dans les catégories de introduites, indigènes et endémiques (voir figure 14).

Figure 14 : Nombre d'espèces endémiques, indigènes et introduites sur l'archipel

Source : Vanhulst, 2009 d'après Danton et Perrier, 2006.

Depuis sa découverte en 1574, l'archipel Juan Fernández a accumulé une grande quantité d'espèces introduites, particulièrement dans les dicotylédones. Des 716 espèces au total, près de 70% (503) sont introduites. Le groupe de taxons introduits le plus important est celui des dicotylédones (76%).

Au-delà de cette évaluation quantitative, la flore de l'archipel Juan Fernández est exceptionnelle à plus d'un titre (Danton, 2004) :

? Parmi les espèces, plusieurs sont le résultat de processus de paléo-endémisme et sont donc devenues de véritables reliques de temps anciens (comme par exemple Lactoris Fernándeziana ou Thyrsopteris elegans).

35 Voir annexe 07

36 Stage de Cécile Georget encadré par l'association Robinsonia (juillet 2009)

<<Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernández (Chili)»

· D'autres espèces sont le résultat de processus de néo-endémisme (comme les genres Centaurodendron, Juania, Lactoris, Megalachne, Podophorus, Robinsonia,Yunquea).

· Certaines architectures de plantes sont typiques des milieux insulaires, en particulier le fait que de nombreuses espèces soient ligneuses alors qu'elles sont herbacées sur les continents.

· L'île Robinson Crusoe accueille un biome unique au monde: la `myrtisylve Fernándezienne' (P. Danton), forêt native dont 100% des espèces sont endémiques.

· Le développement de la différenciation sexuelle (plantes dioïques) chez les endémiques en réponse aux problèmes de consanguinité dus aux conditions insulaires.

· Cette flore, vu l'âge récent de l'archipel, est une source de compréhension des phénomènes complexes d'évolution et de spéciation

· Les potentialités chimiques, pharmaceutiques et génétiques sont peu explorées.

Ainsi, quel que soit le chiffre retenu pour qualifier l'importance biologique de l'archipel, il apparaît clairement que celui-ci présente des qualités inestimables. Mais l'environnement particulier et calme de l'archipel qui crée les conditions de vie de ces espèces a également créé les conditions de leur fragilité (Danton, 2004). En effet, étant donné leur situation d'isolement sans impératif d'évolution, les espèces indigènes n'ont pas développé de mécanismes pour lutter contre les animaux introduits et les plantes envahissantes. Leurs incursions provoquent une situation de déséquilibre dans laquelle structurellement, les espèces autochtones ne peuvent pas lutter.

<< Par exemple, elles n'ont pas développé de défense contre les herbivores (chèvres, vaches, chevaux), les rongeurs (rats, souris) ou les lagomorphes (lapins). Elles n'ont pas la plasticité architecturale nécessaire pour surmonter le surplombement par d'autres plantes. [...] Elles n'ont pas non plus la faculté d'occuper rapidement la totalité du terrain disponible avec une reproduction végétative très compétitive, comme c'est le cas de la Murtilla introduite (Ugni molinae). Aucune des plantes endémiques des îles ne dispose d'une stratégie de dissémination puissante comme celle du Trun introduit (Acaena argentea) dont les semences s'agrègent aux poils des animaux comme dans les cordons, les chaussettes et les pantalons des passants. Les écosystèmes sont aussi très facilement perturbés par le transit du bétail ou de l'homme. Il existe de nombreux autres exemples de cette vulnérabilité particulière de la nature insulaire. » (Danton, 2004)

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand